<h1 style="text-align: center;">Enseigner les sciences en fran&ccedil;ais langue seconde&nbsp;: Examen d&rsquo;un programme d&rsquo;&eacute;tude au Canada</h1> <h2>1. Introduction</h2> <p>Depuis l&rsquo;automne 2016, la province anglophone de Colombie-Britannique, &agrave; l&rsquo;ouest du Canada, a mis en place de nouveaux programmes d&rsquo;&eacute;tudes, issus d&rsquo;une refonte majeure de son syst&egrave;me &eacute;ducatif. Au c&oelig;ur de cette transformation, la litt&eacute;ratie, et donc l&rsquo;enseignement-apprentissage de la langue et de la communication, est pos&eacute;e comme une des comp&eacute;tences essentielles &agrave; acqu&eacute;rir pour les &eacute;l&egrave;ves &agrave; la fin de leur scolarit&eacute;. D&eacute;finie comme habilet&eacute; du lire-&eacute;crire d&eacute;pendante des contextes et des genres discursifs auxquels elle s&rsquo;applique, mais aussi comme pratique sociale qui permet l&rsquo;insertion dans le monde du travail des &eacute;l&egrave;ves, la comp&eacute;tence litt&eacute;racique se traduit par le d&eacute;veloppement d&rsquo;une comp&eacute;tence de communication explicit&eacute;e comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;ensemble des aptitudes que les &eacute;l&egrave;ves utilisent pour transmettre et &eacute;changer de l&rsquo;information, des exp&eacute;riences et des id&eacute;es, pour explorer le monde qui les entoure et pour comprendre et utiliser de mani&egrave;re efficace les m&eacute;dias num&eacute;riques &raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation de Colombie-Britannique, 2019&nbsp;: n.p.).</p> <p>Dans le cadre du programme d&rsquo;enseignement immersif en fran&ccedil;ais langue seconde, offert par la province, le d&eacute;veloppement de cette comp&eacute;tence de communication en lien avec celui des savoirs disciplinaires constitue l&rsquo;argument majeur des promoteurs du programme (Lambert &amp; Tucker, 1972; Genesee, 1994; Brinton, Snow &amp; Wesche, 2003) et le fondement premier de l&rsquo;offre immersive en Colombie-Britannique<sup><a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc" title="Dans la politique éducative relative au programme d’immersion, il est en effet inscrit: “The major goal of French Immersion is to provide the opportunity for non-francophone students to become bilingual in English and French. Bilingualism is achieved by providing instruction of the basic curriculum entirely in French during the first years.” (BC Ministry of Education, 1996, n.p.; à consulter à https://www2.gov.bc.ca/gov/content/education-training/administration/legislation-policy/public-schools/french-immersion-program)">1</a></sup>. Mais, comment l&rsquo;int&eacute;gration du fran&ccedil;ais langue seconde et de contenus disciplinaires non linguistiques s&rsquo;effectue-t-elle alors que pr&eacute;cis&eacute;ment la question de l&rsquo;enseignement int&eacute;gr&eacute; des contenus disciplinaires non linguistiques et de la langue suscite inqui&eacute;tudes et interrogations ?</p> <p>Nous allons d&rsquo;abord esquisser quelques jalons th&eacute;oriques pour mieux penser l&rsquo;int&eacute;gration du langage dans les apprentissages disciplinaires, &agrave; la fois dans ses dimensions transversales et sp&eacute;cifiques. Puis, nous porterons attention &agrave; la mani&egrave;re dont l&rsquo;enseignement des disciplines non linguistiques en fran&ccedil;ais langue seconde se concr&eacute;tise dans le curriculum prescrit par le Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation de Colombie-Britannique. &Agrave; partir de l&rsquo;exemple du programme d&rsquo;&eacute;tude de Sciences (<a href="https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum/science">https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum/science</a>), nous&nbsp;d&eacute;gagerons les orientations didactiques op&eacute;r&eacute;es au regard de l&rsquo;int&eacute;gration de la langue et de la discipline non linguistique. Ce faisant, la place accord&eacute;e dans le travail enseignant au d&eacute;veloppement de la langue seconde face aux contenus disciplinaires sera mise en lumi&egrave;re par l&rsquo;entremise des repr&eacute;sentations sous-jacentes associ&eacute;es aux objets d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage que sont les sciences et la langue en immersion en fran&ccedil;ais en Colombie-Britannique (d&eacute;sormais C.B.).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>2. Int&eacute;gration de la langue seconde et des disciplines non linguistiques</h2> <p>La d&eacute;marche d&rsquo;int&eacute;gration explicite des habilet&eacute;s langagi&egrave;res aux savoirs disciplinaires occupe une place consid&eacute;rable dans les travaux de recherche portant sur les programmes d&rsquo;immersion (Cammarata, Cavanagh, Blain &amp; Sabatier, 2018; Early, Dagenais &amp; Carr, 2017), dans la mesure o&ugrave; cette int&eacute;gration est l&rsquo;essence m&ecirc;me de la fondation des programmes. Mais cette double focalisation n&rsquo;est pas sans difficult&eacute; &agrave; r&eacute;aliser (Swain, 1996) car &laquo;&nbsp;il est peu probable que les niveaux de ma&icirc;trise souhait&eacute;s en langue seconde ou &eacute;trang&egrave;re se d&eacute;gagent simplement de l&#39;enseignement du contenu via la langue seconde ou &eacute;trang&egrave;re. La sp&eacute;cification des objectifs d&#39;apprentissage des langues doit &ecirc;tre entreprise avec une planification et une coordination syst&eacute;matique et d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e des programmes de langue et de contenu<sup><a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc" title="“It is unlikely that desired levels of second or foreign language proficiency will emerge simply from the teaching of content through a second or foreign language. The specification of language-learning objectives must be undertaken with deliberate, systematic planning and coordination of the language and content curricula” (Snow, Met &amp; Genesee, 1989: 204). ">2</a></sup>&nbsp;&raquo; (Snow, Met &amp; Genesee, 1989&nbsp;: 204, notre traduction).</p> <p>Il en va de m&ecirc;me pour l&rsquo;enseignement des savoirs disciplinaires en langue seconde (L2). Dans l&rsquo;enseignement des math&eacute;matiques en L2 par exemple, Adler (2001), Sinclair &amp; Bruce (2015) ou encore Sabatier, Moore &amp; Sinclair (2016)<sup><a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc" title="Voir les travaux de Gajo &amp; Serra (2000) sur l’acquisition des langues et des disciplines dans l'enseignement bilingue, à partir de l'exemple des mathématiques.">3</a></sup> ont en effet soulign&eacute; l&rsquo;apparition de tensions chez les enseignants dans leurs tentatives d&rsquo;arrimer les savoirs langagiers aux savoirs disciplinaires ou dans leurs choix de privil&eacute;gier les uns aux autres. Ces tensions participent le plus souvent &agrave; ce que &laquo;&nbsp;ni la langue ni les savoirs math&eacute;matiques ne sont v&eacute;ritablement probl&eacute;matis&eacute;s comme deux objets d&rsquo;apprentissage &raquo; (Sabatier <em>et al.</em>, 2016&nbsp;: 15). Dans l&rsquo;enseignement des disciplines scientifiques plus largement, Cormier &amp; Turnbull (2009&nbsp;: 818) soulignent m&ecirc;me que, face &agrave; la complexification didactique et p&eacute;dagogique que pr&eacute;sente l&rsquo;int&eacute;gration des savoirs langagiers et disciplinaires, &laquo; il est fort probable que les enseignants choisissent de concentrer leurs efforts sur le contenu parce qu&rsquo;ils per&ccedil;oivent qu&rsquo;il est trop difficile et chronophage de miser &agrave; la fois sur un apprentissage langagier de qualit&eacute; et de tenter &eacute;galement d&rsquo;atteindre les r&eacute;sultats d&rsquo;apprentissage de la mati&egrave;re cible&nbsp;&raquo;.</p> <p>De tels constats conduisent &agrave; interroger ce que recouvre la notion d&rsquo;int&eacute;gration car, pour Gajo (2007a), ce concept central reste encore parfois peu explicit&eacute; alors qu&rsquo;il a &eacute;volu&eacute; depuis les premi&egrave;res recherches, tandis que pour Met (1999) ou Cenoz, Genesee &amp; Gorter (2014), il existe d&egrave;s son &eacute;mergence plusieurs approches pour concevoir l&rsquo;articulation des contenus langagiers et disciplinaires.</p> <h3>2.1. Bref retour sur la notion d&rsquo;int&eacute;gration</h3> <p>Lorsqu&rsquo;en 1989, Snow, Met &amp; Genesee th&eacute;matisent et conceptualisent la notion d&rsquo;int&eacute;gration des paradigmes langagiers et disciplinaires, ils avancent la n&eacute;cessit&eacute; de supprimer la distinction arbitraire entre l&rsquo;enseignement de la langue et celui des contenus non linguistiques&nbsp;(voir aussi Brinton et al., 1989/2003) et de coordonner explicitement les objectifs d&rsquo;apprentissage dans chacun des paradigmes pour parvenir &agrave; &laquo;&nbsp;une reconnaissance de l&#39;importance des structures linguistiques, des comp&eacute;tences ou des fonctions caract&eacute;ristiques de diff&eacute;rents domaines de contenu<sup><a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc" title="“A recognition of the importance of language structures, skills, or functions that are characteristic of different content areas” (Snow, Met &amp; Genesee, 1989: 203).">4</a></sup>&nbsp;&raquo; (p. 203, notre traduction). Dans le cadre de l&rsquo;enseignement des langues secondes, ils posent explicitement le concept d&rsquo;int&eacute;gration comme un puissant levier pour enseigner une mati&egrave;re par l&rsquo;interm&eacute;diaire de cet idiome tout en renfor&ccedil;ant conjointement l&rsquo;enseignement-apprentissage de ce dernier. En pensant la langue comme un v&eacute;ritable medium d&rsquo;apprentissage, Snow <em>et al</em>. font ainsi &eacute;cho aux travaux de Mohan (1976, 1986), pour qui il convient de travailler les apprentissages disciplinaires <em>par</em>, <em>pour</em> et <em>avec</em> leur dimension linguistique en t&ecirc;te, dans la mesure o&ugrave; tout contenu est ins&eacute;parable de cette derni&egrave;re<sup><a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc" title="Gajo reprend lui aussi cette idée en arguant que même les disciplines non linguistiques (comme les mathématiques ou les sciences, par exemple) possèdent un langage formel propre, et recourent à la langue pour la construction de leurs savoirs. Il conviendrait donc de remplacer l’appellation Discipline Non Linguistique (DNL) largement en vigueur par celle de Discipline dite Non Linguistique (DdNL) (Gajo, 2007b; 2009).">5</a></sup>.</p> <p>Les implications de cette conceptualisation conduisent &agrave; revisiter le r&ocirc;le et la place du langage<sup><a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc" title="Le terme « langage » renvoie à la capacité de communiquer en mobilisant des formes linguistiques appropriées ; le terme « langue » renvoie, lui, à l’idiome linguistique utilisé pour communiquer.">6</a></sup> en g&eacute;n&eacute;ral &agrave; la fois dans ses dimensions transversales &agrave; tous les apprentissages et celles plus sp&eacute;cifiques propres &agrave; chacune des disciplines non linguistiques, car le concept d&rsquo;int&eacute;gration contraint &agrave; porter attention aux &eacute;l&eacute;ments langagiers qui ne sont pas n&eacute;cessairement apparents dans l&rsquo;enseignement-apprentissage d&rsquo;un contenu non linguistique. Pour Beacco, Coste, van de Ven &amp; Vollmer (2010&nbsp;: 5), &laquo;&nbsp;toute construction de connaissances en contexte scolaire, quelles que soient les disciplines consid&eacute;r&eacute;es, passe par un travail langagier. (&hellip;) A la base d&rsquo;une telle d&eacute;marche, on pose donc que la construction des connaissances dans les diff&eacute;rentes mati&egrave;res d&eacute;pend largement d&rsquo;une meilleure ma&icirc;trise des discours scientifiques, artistiques et techniques produits dans la langue de scolarisation. Or, souvent, soit cette langue est r&eacute;put&eacute;e commune et suppos&eacute;e transparente, soit la sp&eacute;cificit&eacute; des discours scientifiques est ramen&eacute;e au seul lexique sp&eacute;cialis&eacute; &raquo;. Et d&rsquo;insister&nbsp;: &laquo;&nbsp;la ma&icirc;trise des connaissances ne se r&eacute;duit aucunement à celle du langage qui permet de les exprimer &raquo; (Beacco et al., 2010&nbsp;: 9).</p> <p>Dans le cadre d&rsquo;un enseignement-apprentissage en L2, la nature complexe des relations entre langue et savoirs disciplinaires, qui ne saurait &ecirc;tre donc r&eacute;duite &agrave; la terminologie utilis&eacute;e, appelle autrement dit &agrave; se d&eacute;marquer d&rsquo;un apprentissage langagier fond&eacute; sur la seule id&eacute;e de progression grammaticale pour utiliser la langue comme outil cognitif &agrave; m&ecirc;me d&rsquo;&eacute;tayer le cheminement conceptuel des apprenants. D&egrave;s lors, &laquo;&nbsp;au lieu d&rsquo;apprendre la langue par l&rsquo;entremise du contenu, on n&eacute;gocie le contenu en se servant de la langue comme outil cognitif et r&eacute;flexif &raquo; (Cormier &amp; Turnbull, 2009&nbsp;: 821; voir &eacute;galement Coyle, 2007).</p> <p>&nbsp;</p> <h3>2.2. Des modalit&eacute;s diverses d&rsquo;int&eacute;gration</h3> <p>Met (1998, 1999) souligne, cependant, l&rsquo;existence de multiples fa&ccedil;ons d&rsquo;appr&eacute;hender l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;int&eacute;grer l&rsquo;enseignement-apprentissage de la langue seconde aux contenus. Dans un rapport de recension des travaux, elle pr&eacute;cise en effet que pour certains chercheurs, la notion d&rsquo;int&eacute;gration recouvre un enseignement-apprentissage de la langue qui recourt &agrave; des sujets de discussion et/ou des t&acirc;ches qui rel&egrave;vent des disciplines non linguistiques; pour d&rsquo;autres chercheurs, il s&rsquo;agit d&rsquo;enseigner et faire apprendre des savoirs disciplinaires par le biais de la L2 ; pour d&rsquo;autres encore, il convient de distinguer entre une instruction orient&eacute;e sur la forme (<em>form-based instruction</em>), une instruction bas&eacute;e sur le contenu compris au sens large du terme (<em>content-based instruction</em>), et une instruction qui s&rsquo;ancre dans des contenus disciplinaires sp&eacute;cifiques (<em>discipline-based instruction</em>)<sup><a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc" title="La distinction opérée insiste sur l’idée que le contenu peut renvoyer de manière indifférenciée à la fois à une matière académique spécifique (une discipline) ou bien à une thématique qui permet d’engager cognitivement les apprenants dans leurs apprentissages. En ce qui nous concerne, le terme renvoie davantage à la première définition, mais cette dernière n’est cependant pas exclusive de la seconde.">7</a></sup>.</p> <p>Ces diff&eacute;rentes approches participent, d&egrave;s lors, &agrave; esquisser un continuum qui s&rsquo;articule autour de la primaut&eacute; accord&eacute;e soit au langage soit au contenu. &Agrave; l&rsquo;un des p&ocirc;les, se situent ainsi des programmes d&rsquo;enseignement ax&eacute;s sur le contenu (<em>content-driven programs</em>) tandis qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;autre extr&eacute;mit&eacute; se situent des programmes orient&eacute;s vers le langage (<em>language-driven programs</em>). Les premiers mettent en avant les objectifs d&rsquo;apprentissage disciplinaires et relaient le paradigme langagier au second plan; tandis que les seconds font du contenu un pr&eacute;texte pour enseigner la langue seconde. Mais, parce que &laquo; l&#39;id&eacute;e m&ecirc;me d&#39;int&eacute;gration exclut tout contraste clair entre les &eacute;l&eacute;ments linguistiques et les &eacute;l&eacute;ments non linguistiques<sup><a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc" title="“The very idea of integration excludes any clear-cut contrast between linguistic elements and non-linguistic elements” (Gajo, 2007a:578).">8</a></sup> &raquo; (Gajo, 2007a: 578), sur ce continuum doit n&eacute;cessairement prendre place un troisi&egrave;me axe qui prend en compte une r&eacute;elle int&eacute;gration des deux paradigmes d&rsquo;enseignement et non une int&eacute;gration de surface qui met simplement en contact des &eacute;l&eacute;ments langagiers et disciplinaires.</p> <p>Ce glissement se refl&egrave;te dans les terminologies utilis&eacute;es dans les recherches portant sur l&rsquo;articulation entre enseignement des langues secondes et enseignement des contenus, car on est pass&eacute; progressivement d&rsquo;un &laquo;&nbsp;enseignement &agrave; contenu int&eacute;gr&eacute;&nbsp;&raquo; (<em>content-based instruction</em> ou CBI) &agrave; un &laquo;&nbsp;apprentissage bas&eacute; sur le contenu&nbsp;&raquo; (<em>content-based learning</em> ou CBL) &agrave;, aujourd&rsquo;hui, un &laquo;&nbsp;apprentissage int&eacute;gr&eacute; des disciplines et des langues&nbsp;&raquo; (content and language integrated learning ou CLIL)<sup><a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc" title="Voir le texte de Cenoz, Genesee &amp; Gorter (2014) pour une analyse critique de l’évolution des dénominations et ce qu’elles recouvrent au point de vue théorique et épistémologique.">9</a></sup>. Le d&eacute;placement de perspectives de l&rsquo;enseignement vers l&rsquo;apprentissage ainsi que la conjonction des paradigmes langagiers et disciplinaires dans les d&eacute;nominations marquent par l&agrave;-m&ecirc;me &laquo;&nbsp;un mouvement de bascule&nbsp;&raquo; (Gajo, 2007a&nbsp;: 6) vers une centration sur l&rsquo;apprenant et son r&eacute;pertoire langagier et la centralit&eacute; de la dimension langagi&egrave;re, indissociable de l&rsquo;ensemble des apprentissages (Beacco <em>et al</em>., 2010).</p> <p>D&rsquo;ailleurs, en portant un regard r&eacute;trospectif sur l&rsquo;&eacute;volution de la conceptualisation de l&rsquo;int&eacute;gration de la L2 et des mati&egrave;res non linguistiques, Gajo (2007a) d&eacute;gage trois stades d&rsquo;&eacute;volution dans les modalit&eacute;s d&rsquo;int&eacute;gration. Le premier stade correspond ainsi &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence de l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me d&rsquo;int&eacute;gration dans des programmes scolaires, notamment ceux de type immersif. Ce mode d&rsquo;int&eacute;gration est orient&eacute; vers le contenu par la r&eacute;solution de t&acirc;ches communicatives. Directement associ&eacute; &agrave; l&rsquo;approche communicative en langue seconde, il met l&rsquo;emphase sur le d&eacute;veloppement des connaissances disciplinaires en L2, et, pour nombre de chercheurs, conduit &agrave; d&eacute;laisser les comp&eacute;tences langagi&egrave;res au profit de l&rsquo;appropriation des contenus&nbsp;(Genesee, 1994; Swain, 1996; Lyster, 2015). Cette limite entra&icirc;ne l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un deuxi&egrave;me mode d&rsquo;arrimage entre L2 et contenus disciplinaires. Ce sont les travaux de Lyster (2007, 2008, 2016, 2018) qui caract&eacute;risent certainement le plus ce dernier &agrave; partir du constat de l&rsquo;absence de progression continue des comp&eacute;tences des &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;immersion en fran&ccedil;ais langue seconde. Pour Lyster, en effet, un travail explicite sur la forme en prenant appui sur une &laquo;&nbsp;p&eacute;dagogie qui fait contrepoids&nbsp;&raquo; (counterbalanced approach) facilite l&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;ciproque (et non altern&eacute;e) de la forme et du contenu dans les inputs p&eacute;dagogiques (Lyster, Saito &amp; Sato, 2013; Lyster &amp; Ballinger, 2011) ainsi que dans les interactions didactiques. Ce travail participe ainsi &agrave; contrebalancer le d&eacute;veloppement d&rsquo;une interlangue, qualifi&eacute;e de &laquo;&nbsp;Fran&ccedil;ais de l&rsquo;immersion&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;Immersionese&nbsp;&raquo;, qui tend &agrave; se fossiliser (Bournot-Trites, 2015; Hammerley, 1989; Lyster, 1987).</p> <p>Le troisi&egrave;me mode d&rsquo;int&eacute;gration b&eacute;n&eacute;ficie du renouvellement actuel de la r&eacute;flexion sur la fa&ccedil;on de percevoir et prendre en compte, dans la construction des apprentissages &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, l&rsquo;ensemble des ressources langagi&egrave;res des apprenants. En lien avec les recherches portant sur les plurilinguismes, ce mode d&rsquo;int&eacute;gration met l&rsquo;emphase sur le tissage des &eacute;l&eacute;ments langagiers et disciplinaires en fonction des apprentissages &agrave; r&eacute;aliser par le biais &laquo;&nbsp;[d&rsquo;]une r&eacute;flexion pr&eacute;cise sur l&#39;aspect linguistique de la connaissance du sujet et sur le r&ocirc;le du discours dans le processus d&#39;apprentissage<sup><a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc" title="“precise reflection on the linguistic aspect of subject knowledge and on the role of discourse in the learning process” (Gajo, 2007a: 568).">10</a></sup>&nbsp;&raquo; (Gajo, 2007a&nbsp;: 568, notre traduction). Avec la notion de discours, appara&icirc;t le besoin de revenir sur la comp&eacute;tence de communication, en lien avec le d&eacute;veloppement de la litt&eacute;ratie comme comp&eacute;tence essentielle aux apprentissages, et sur les enjeux p&eacute;dagogiques qui en d&eacute;coulent.</p> <p align="justify" lang="fr-CA">&nbsp;</p> <h3>2.3. Enjeux p&eacute;dagogiques</h3> <p>Le d&eacute;placement vers une int&eacute;gration effective des &eacute;l&eacute;ments langagiers et disciplinaires par le biais de la litt&eacute;ratie conduit, en effet, &agrave; porter attention non seulement &agrave; la forme en langue seconde et &agrave; son articulation aux contenus dans la construction du sens mais &eacute;galement aux genres discursifs qui sont utilis&eacute;s pour &eacute;laborer et partager des connaissances. En ce sens, la comp&eacute;tence de communication<sup><a href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc" title="Pour un rappel des définitions de cette notion ainsi que ses évolutions, voir Netten &amp; Germain, 2002 (Chapitre III).">11</a></sup> qui permet de s&rsquo;exprimer et d&rsquo;exprimer son rapport au monde n&rsquo;appara&icirc;t plus comme la seule condition n&eacute;cessaire et suffisante pour interagir en L2 ; il faut d&eacute;sormais poss&eacute;der d&rsquo;autres capacit&eacute;s pour &ecirc;tre en mesure de produire des &eacute;nonc&eacute;s. Ces autres habilet&eacute;s renvoient &agrave; la comp&eacute;tence litt&eacute;racique, laquelle devient en cons&eacute;quence une pr&eacute;occupation majeure afin de d&eacute;velopper conjointement des savoirs linguistiques, sociolinguistiques et discursifs.</p> <p>L&rsquo;emphase port&eacute;e sur la construction d&rsquo;une telle comp&eacute;tence conduit &agrave; s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; la mani&egrave;re dont est envisag&eacute; le d&eacute;veloppement de cette derni&egrave;re dans les programmes d&rsquo;&eacute;tudes (et pas uniquement dans les curricula qui rel&egrave;vent de l&rsquo;enseignement des langues) mais aussi &agrave; la place qui lui est accord&eacute;e dans le travail enseignant pour la construction des savoirs disciplinaires. Or, selon Tedick, Christian &amp; Fortune (2011: 7, notre traduction), &laquo;&nbsp;les enseignants en immersion manquent d&#39;approches syst&eacute;matiques pour int&eacute;grer la forme linguistique dans leur contenu<sup><a href="#sdfootnote12sym" name="sdfootnote12anc" title=" “Immersion teachers lack systematic approaches for integrating language form into their content instruction” (Tedick, Christian &amp; Fortune, 2011, p. 7)">12</a></sup>&nbsp;&raquo; et pour Cammarata &amp; Haley (2018&nbsp;: 333, notre traduction), &laquo; une attention insuffisante est accord&eacute;e &agrave; l&#39;enseignement de la langue et des comp&eacute;tences en litt&eacute;ratie dans le contexte de l&#39;enseignement par la mati&egrave;re dans le cadre de tels programmes<sup><a href="#sdfootnote13sym" name="sdfootnote13anc" title="“Insufficient attention being paid to the teaching of language and literacy skills within the context of subject matter instruction within such programs” (Cammarata &amp; Haley, 2018: 333).">13</a></sup>&nbsp;&raquo;. Dans ses recherches men&eacute;es aupr&egrave;s d&rsquo;enseignants d&rsquo;immersion, Cammarata (2006, 2009, 2016) souligne encore que les enseignants de langues ne sont g&eacute;n&eacute;ralement pas form&eacute;s pour l&#39;enseignement d&#39;une mati&egrave;re et que, inversement, les enseignants de contenus ne sont pas, eux non plus, form&eacute;s pour enseigner une langue.</p> <p>Ces enjeux interrogent la formation et le d&eacute;veloppement professionnels des enseignants d&rsquo;immersion dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;int&eacute;gration des paradigmes langagiers et disciplinaires requiert une expertise p&eacute;dagogique apte &agrave; favoriser les d&eacute;veloppements conceptuels et langagiers des &eacute;l&egrave;ves dans l&rsquo;ensemble des apprentissages &agrave; r&eacute;aliser (Cammarata &amp; Tedick, 2012; Morton, 2016, 2018). Pour Cavanagh &amp; Cammarata (2015) ou encore Cammarata, Cavanagh, Blain &amp; Sabatier (2018), cependant, il existe peu d&rsquo;&eacute;tudes qui s&rsquo;attachent aux contextes sp&eacute;cifiques de formation ou de d&eacute;veloppement professionnels. D&egrave;s lors, l&rsquo;accompagnement effectu&eacute; aupr&egrave;s des enseignants par les instances de tutelle, comme les minist&egrave;res de l&rsquo;&eacute;ducation, par l&rsquo;entremise des instructions officielles, mais aussi de tous documents &agrave; disposition, pour les aider &agrave; faciliter l&rsquo;identification et l&rsquo;articulation des connaissances langagi&egrave;res, litt&eacute;raciques et disciplinaires, devient mati&egrave;re &agrave; investigation. Ceci est d&rsquo;autant plus vrai lorsque cet accompagnement s&rsquo;effectue dans le cadre d&rsquo;une refonte majeure des curricula, comme cela est le cas dans la province de Colombie-Britannique.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>3. Les Sciences en Fran&ccedil;ais Langue Seconde</h2> <p>Les nouvelles orientations curriculaires, qui ont pour finalit&eacute; &laquo;&nbsp;d&rsquo;axer les programmes sur l&rsquo;apprenant, de les rendre flexibles et, tout en maintenant l&rsquo;accent mis sur la litt&eacute;ratie et la num&eacute;ratie, d&rsquo;encourager un apprentissage plus en profondeur &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;approches bas&eacute;es sur les concepts et orient&eacute;es vers les comp&eacute;tences&nbsp;&raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation de Colombie-Britannique, 2019&nbsp;: n.p.), mettent d&eacute;sormais l&rsquo;accent sur&nbsp;:</p> <ul> <li> <p>1) l&rsquo;articulation explicite entre contenus (le domaine du <em>savoir</em>), concepts et habilet&eacute;s cl&eacute;s (le domaine du <em>faire</em>), et grandes id&eacute;es (le domaine du <em>comprendre</em>) qui favorisent la r&eacute;flexion de haut niveau exig&eacute;e par le monde actuel (BC&rsquo;s Education Plan, 2015),</p> </li> <li> <p>2) l&rsquo;int&eacute;gration de la dimension linguistique aux contenus d&rsquo;enseignement avec la reconnaissance de la comp&eacute;tence litt&eacute;racique comme un des fondements des apprentissages<sup><a href="#sdfootnote14sym" name="sdfootnote14anc" title="Le second fondement étant la numératie.">14</a></sup>,</p> </li> <li> <p>et 3) le focus sur diverses visions du monde (notamment autochtones) pour refl&eacute;ter la valorisation de la diversit&eacute; linguistique, culturelle, religieuse, sexuelle qui marque de son empreinte les classes de Colombie-Britannique.</p> </li> </ul> <p>&nbsp;</p> <p>Ce faisant, les orientations curriculaires d&eacute;gagent des comp&eacute;tences essentielles qui renvoient &agrave; des &laquo;&nbsp;ensembles de comp&eacute;tences intellectuelles, personnelles, sociales et affectives que tous les &eacute;l&egrave;ves doivent apprendre &agrave; ma&icirc;triser pour entamer un apprentissage approfondi et pour soutenir l&rsquo;acquisition continue du savoir&nbsp;&raquo; (<em>Ibid</em>., n.p.). Ces comp&eacute;tences sont regroup&eacute;es en trois axes&nbsp;: communication, r&eacute;flexion et responsabilit&eacute; personnelle et sociale. Elles participent &agrave; souligner le glissement (sinon le changement) qui doit s&rsquo;op&eacute;rer pour les enseignants dans la construction des apprentissages&nbsp;: le passage d&rsquo;une attention p&eacute;dagogique attach&eacute;e uniquement au contenu &agrave; un travail enseignant d&eacute;sormais davantage ax&eacute; sur les comp&eacute;tences.</p> <p>Pour faciliter cette transition, le Minist&egrave;re de l&rsquo;&eacute;ducation de C.-B. a d&eacute;velopp&eacute;, en collaboration avec des enseignants du terrain mais aussi des experts de l&rsquo;&eacute;ducation et des disciplines scolaires, un site web<sup><a href="#sdfootnote15sym" name="sdfootnote15anc" title="Voir la sitographie pour le renvoi aux différents documents mentionnés ici et leurs liens hypertextes.">15</a></sup> interactif qui met &agrave; disposition des professionnels et du public&nbsp;:</p> <ul> <li> <p>l&rsquo;argumentaire qui entoure les nouvelles orientations curriculaires,</p> </li> <li> <p>un guide d&rsquo;orientation synoptique pour comprendre et retenir les principaux points,</p> </li> <li> <p>les programmes d&rsquo;&eacute;tudes pour chacune des disciplines enseign&eacute;es,</p> </li> <li> <p>des r&eacute;f&eacute;rentiels qui explicitent ce qui est attendu dans le d&eacute;veloppement de chaque comp&eacute;tence essentielle,</p> </li> <li> <p>des glossaires de termes associ&eacute;s aux programmes d&rsquo;&eacute;tude,</p> </li> <li> <p>des exemples p&eacute;dagogiques de plans d&rsquo;unit&eacute; pour chaque discipline,</p> </li> <li> <p>une bo&icirc;te &agrave; outils qui renvoie tout &agrave; la fois &agrave; des webinaires qui expliquent les nouvelles orientations et des documents-ressources et autres liens externes,</p> </li> <li> <p>les modalit&eacute;s d&rsquo;&eacute;valuation pour indiquer les performances de &eacute;l&egrave;ves &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle provinciale.</p> </li> </ul> <p align="justify" lang="fr-CA">&nbsp;</p> <p>C&rsquo;est &agrave; partir de cet ensemble de documents que nous allons essayer de saisir la mani&egrave;re dont l&rsquo;int&eacute;gration du fran&ccedil;ais langue seconde et des disciplines est r&eacute;alis&eacute;e dans les programmes d&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;immersion fran&ccedil;aise en Colombie-Britannique. Nous allons nous appuyer plus sp&eacute;cifiquement sur le programme d&rsquo;&eacute;tude de Sciences, de la maternelle &agrave; la douzi&egrave;me ann&eacute;e (<a href="https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum/science">https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum/science</a>) et sur le seul exemple p&eacute;dagogique propos&eacute; en fran&ccedil;ais. Notre choix s&#39;explique parce que, peut-&ecirc;tre plus que les sciences sociales (histoire, g&eacute;ographie, notamment), &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;ducation scientifique vise non seulement la ma&icirc;trise de la structure fondamentale des sciences et de <em>connaissances scientifiques sp&eacute;cifiques</em>, mais aussi une <em>compr&eacute;hension scientifique g&eacute;n&eacute;rale</em> et une capacit&eacute; d&rsquo;appr&eacute;hender les questions et d&rsquo;interpr&eacute;ter les r&eacute;ponses &eacute;manant des sciences exactes et des disciplines connexes &raquo; (Vollmer, 2010&nbsp;: 6).</p> <p>Il s&rsquo;explique aussi parce que &laquo;&nbsp;l&rsquo;apprentissage des sciences suppose de comprendre de nouvelles notions et leurs explications, de suivre les d&eacute;bats, mais aussi de s&rsquo;ouvrir à de nouvelles interpr&eacute;tations et de communiquer avec d&rsquo;autres à ce sujet. L&rsquo;enseignement des sciences implique ainsi de nouveaux modes de perception, d&rsquo;analyse et de communication&nbsp;&raquo; (Vollmer, 2010&nbsp;: 5). Autrement dit, l&rsquo;enseignement-apprentissage des sciences en langue seconde &agrave; l&rsquo;&eacute;cole ouvre une fen&ecirc;tre sur la mani&egrave;re dont le rapport entre langue et contenus disciplinaires est appr&eacute;hend&eacute; par et dans les documents officiels, puis impl&eacute;ment&eacute; par et pour les enseignants dans la mesure o&ugrave; le d&eacute;veloppement d&rsquo;une d&eacute;marche d&rsquo;interrogation scientifique n&eacute;cessite la mobilisation des dimensions langagi&egrave;res, disciplinaires et litt&eacute;raciques. D&egrave;s lors, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t port&eacute; &agrave; l&rsquo;enseignement des sciences en fran&ccedil;ais langue seconde permet d&rsquo;interroger le r&ocirc;le du langage dans ces apprentissages disciplinaires et de d&eacute;gager les sp&eacute;cificit&eacute;s des comp&eacute;tences litt&eacute;raciques selon les disciplines non linguistiques. Il conduit ainsi &agrave; mettre en lumi&egrave;re les continuit&eacute;s et les ruptures qui s&rsquo;op&egrave;rent entre les paradigmes langagiers et disciplinaires, ainsi que les repr&eacute;sentations qui sont attach&eacute;es &agrave; ces derniers.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>3.1 Les Sciences. Quelles sciences ?</h3> <p>Les sciences qu&rsquo;on enseigne &agrave; l&rsquo;&eacute;cole sont, depuis le commencement de leur enseignement, de bons exemples d&rsquo;une discipline fractur&eacute;e par les d&eacute;saccords et des repr&eacute;sentations qui lui sont attach&eacute;es. En effet, alors que les programmes d&rsquo;&eacute;tude tendent &agrave; favoriser quatre sciences fondamentales que sont la biologie, la chimie, la physique et les sciences de la terre, des d&eacute;saccords sur la nature m&ecirc;me de ces sciences apparaissent. Qu&rsquo;en est-il en effet de la g&eacute;ologie, de la biochimie, de l&rsquo;astronomie, etc.; faut-il les enseigner en tant que disciplines &agrave; part ou bien sont-elles absorb&eacute;es dans les quatre cat&eacute;gories scientifiques pr&eacute;-&eacute;tablies? Des d&eacute;saccords sur les objectifs d&rsquo;une formation en/aux sciences apparaissent &eacute;galement. Par exemple, est-ce que les sciences doivent aider &agrave; la formation de petits scientifiques? Ou bien les sciences sont-elles essentielles pour &ecirc;tre une personne &eacute;duqu&eacute;e qui pourra s&rsquo;ins&eacute;rer plus facilement dans le monde? Ces dissensions internes aux champs scientifiques et aux champs &eacute;ducatifs portent sur la finalit&eacute; attribu&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation scientifique&nbsp;: une formation en science est-elle essentielle pour &ecirc;tre un bon citoyen, bien inform&eacute;? Dans le document &eacute;non&ccedil;ant la raison d&rsquo;&ecirc;tre du programme d&rsquo;&eacute;tude de sciences de C.-B., la r&eacute;ponse est tranch&eacute;e&nbsp;: &laquo;&nbsp;La science et la litt&eacute;ratie scientifique jouent un r&ocirc;le cl&eacute; dans la formation aujourd&rsquo;hui des citoyens de demain&nbsp;&raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation de Colombie-Britannique, 2019&nbsp;: n.p.).</p> <p>&Agrave; la lecture de l&rsquo;ensemble du curriculum de sciences de la maternelle &agrave; la douzi&egrave;me ann&eacute;e, il appara&icirc;t d&egrave;s lors que les &laquo;&nbsp;apprentissages essentiels&nbsp;&raquo; identifi&eacute;s sont orient&eacute;s vers et rel&egrave;vent d&rsquo;une compr&eacute;hension du monde naturel et physique afin de d&eacute;velopper une conscience critique quant au r&ocirc;le des sciences dans nos soci&eacute;t&eacute;s contemporaines. Il devient n&eacute;cessaire de d&eacute;velopper chez les &eacute;l&egrave;ves des &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences disciplinaires&nbsp;&raquo; qui vont permettre &agrave; ces derniers d&rsquo;&laquo; utiliser des preuves scientifiques, ainsi que leurs connaissances issues d&#39;autres domaines d&#39;apprentissage, pour d&eacute;velopper leurs propres points de vue, discuter et d&eacute;battre et prendre des d&eacute;cisions &eacute;clair&eacute;es dans leur vie quotidienne et sur des questions plus vastes, tout en maintenant leur curiosit&eacute; et leur questionnement face au monde naturel<sup><a href="#sdfootnote16sym" name="sdfootnote16anc" title="“Scientifically literate citizens are able to use scientific evidence, as well as their knowledge from other areas of learning, to develop their own views, discuss and debate, and make informed decisions in their daily lives and about broader issues, while maintaining their curiosity and wonder about the natural world”. (BC Ministry of Education, 2019, n.p.)">16</a></sup>&nbsp;&raquo; (<em>Ibid</em>, n.p., notre traduction).</p> <p>Ces &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences disciplinaires&nbsp;&raquo; sont&nbsp;respectivement : 1) poser des questions et faire des pr&eacute;dictions, 2) planifier et ex&eacute;cuter, 3) traiter et analyser des donn&eacute;es et de l&rsquo;information, 4) &eacute;valuer, 5) appliquer et innover, et 6) communiquer. Elles participent, dans leur rh&eacute;torique, &agrave; construire une d&eacute;marche scientifique qui prend appui sur des &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences d&rsquo;investigation&nbsp;&raquo; (Vollmer, 2010&nbsp;: 6) et la comp&eacute;tence de communication. Derri&egrave;re ces locutions, transpara&icirc;t un ensemble de capacit&eacute;s qui mobilisent intrins&egrave;quement le paradigme langagier et sa maitrise, dans la mesure o&ugrave; pour manipuler, observer, mesurer ou v&eacute;rifier, les &eacute;l&egrave;ves se doivent de faire appel &agrave; leurs connaissances verbales ant&eacute;rieures pour interagir et r&eacute;aliser les activit&eacute;s et autres t&acirc;ches demand&eacute;es. Ces habilet&eacute;s rel&egrave;vent &eacute;galement plus sp&eacute;cifiquement d&rsquo;une comp&eacute;tence litt&eacute;racique scientifique qu&rsquo;il convient donc de construire et d&eacute;velopper tout au long des ann&eacute;es de scolarit&eacute;.</p> <p>Or, la notion de &laquo;&nbsp;litt&eacute;ratie scientifique&nbsp;&raquo; telle qu&rsquo;elle est comprise dans les documents minist&eacute;riels n&rsquo;est pas explicit&eacute;e; aucun renvoi n&rsquo;est effectu&eacute; dans le glossaire<sup><a href="#sdfootnote17sym" name="sdfootnote17anc" title="En revanche, figure une entrée pour la littératie visuelle.">17</a></sup> ; il semble que la notion repose sur une compr&eacute;hension suppos&eacute;e mutuelle des enseignants. Or, il convient de rappeler qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;origine de la cr&eacute;ation de l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me de &laquo;&nbsp;litt&eacute;ratie scientifique&nbsp;&raquo; se trouve un d&eacute;tail peu connu&nbsp;: l&rsquo;&eacute;mergence de ce qui est aujourd&rsquo;hui une notion cl&eacute; des enseignements-apprentissages scientifiques est en lien avec le d&eacute;but de la guerre froide. Apparue dans les pages d&rsquo;un journal de l&rsquo;administration de l&rsquo;&eacute;ducation aux Etats-Unis, apr&egrave;s le lancement du satellite <em>Sputnik</em> (Hurd, 1959), l&rsquo;id&eacute;e de d&eacute;velopper une formation en sciences se fait pressante afin de mieux armer les citoyens am&eacute;ricains face &agrave; la puissance sovi&eacute;tique. La notion est donc avant tout un concept politique. Quelque deux d&eacute;cennies plus tard, sa signification n&rsquo;est toujours pas clairement &eacute;tablie, comme le souligne Roberts (1983), pour qui &laquo;&nbsp;la litt&eacute;ratie scientifique a tellement d&#39;interpr&eacute;tations que cela signifie maintenant quasiment tout ce qui a trait &agrave; l&#39;enseignement des sciences<sup><a href="#sdfootnote18sym" name="sdfootnote18anc" title=" “Scientific literacy has had so many interpretations that it now means virtually everything to do with science education.” (Roberts, 1983: 22)">18</a></sup> &raquo; (p. 22, notre traduction). Pour Laugksch (2000), &agrave; l&rsquo;aube des ann&eacute;es 2000, il n&rsquo;existe toujours pas de r&eacute;el consensus sur ce que recouvre ce terme de par &laquo;&nbsp;le nombre de groupes d&#39;int&eacute;r&ecirc;ts diff&eacute;rents concern&eacute;s par la culture scientifique, diff&eacute;rentes d&eacute;finitions conceptuelles du terme, le caract&egrave;re relatif ou absolu de la culture scientifique en tant que concept, diff&eacute;rents objectifs de la d&eacute;fense de la culture scientifique et diff&eacute;rentes mani&egrave;res de la mesurer<sup><a are="" concerned="" different="" groups="" href="#sdfootnote19sym" interest="" literacy="" name="sdfootnote19anc" number="" of="" scientific="" that="" the="" title="" with="">19</a></sup>&nbsp;&raquo; (p. 74, notre traduction).</p> <p>Ici se pose alors la question des repr&eacute;sentations de ce que doit &ecirc;tre une d&eacute;marche scientifique qui prend appui sur le d&eacute;veloppement d&rsquo;une comp&eacute;tence litt&eacute;racique, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit pour les enseignants d&rsquo;en outiller leurs &eacute;l&egrave;ves. Et ce que l&rsquo;on remarque est que le contenu appara&icirc;t presque secondaire. Est privil&eacute;gi&eacute; le d&eacute;veloppement de comp&eacute;tences disciplinaires sp&eacute;cifiques/litt&eacute;raciques qui sont en lien direct avec la repr&eacute;sentation de ce que sont et font les scientifiques. L&rsquo;analyse de l&rsquo;exemple p&eacute;dagogique propos&eacute; aux enseignants nous conduit &agrave; aller plus avant dans les d&eacute;tails pour mettre &agrave; jour les continuit&eacute;s ou les ruptures autour de ces comp&eacute;tences cl&eacute;s.</p> <p align="justify" lang="fr-CA">&nbsp;</p> <h3>3.2 L&rsquo;exemple</h3> <p>L&rsquo;unit&eacute; d&rsquo;enseignement propos&eacute;e &agrave; l&rsquo;analyse est intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Pas &agrave; pas vers l&rsquo;enqu&ecirc;te&nbsp;- Neige instantan&eacute;e&nbsp;&raquo;<sup><a href="#sdfootnote20sym" name="sdfootnote20anc" title="Voir https://curriculum.gov.bc.ca/sites/curriculum.gov.bc.ca/files/contributed-resources/tout_sur_la_neige.pdf">20</a></sup> ; elle se pr&eacute;sente sous la forme d&rsquo;un plan de le&ccedil;ons qui peuvent &ecirc;tre adapt&eacute;es de la troisi&egrave;me &agrave; la sixi&egrave;me ann&eacute;e. Chacune des adaptations reprend transversalement les &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences disciplinaires&nbsp;&raquo; du programme d&rsquo;&eacute;tude. L&rsquo;adaptabilit&eacute; du contenu d&rsquo;enseignement souligne &agrave; nouveau que c&rsquo;est davantage le processus d&rsquo;investigation scientifique qui va primer que le r&eacute;el d&eacute;veloppement de savoirs disciplinaires.</p> <p>La priorit&eacute; (annonc&eacute;e dans le pr&eacute;ambule de la le&ccedil;on) est ainsi accord&eacute;e d&rsquo;abord au d&eacute;veloppement de savoir-faire disciplinaires puis, de mani&egrave;re secondaire, aux savoirs scientifiques. Mais aucun renvoi vers des contenus sp&eacute;cifiques en &eacute;cho au curriculum de la troisi&egrave;me &agrave; la sixi&egrave;me ann&eacute;e n&rsquo;est effectu&eacute;. &Eacute;galement, alors que l&rsquo;une des comp&eacute;tences disciplinaires essentielles rel&egrave;ve explicitement de la comp&eacute;tence de communication, l&rsquo;int&eacute;gration de et le recours &agrave; la langue n&rsquo;interviennent que ponctuellement dans des rappels sous forme d&rsquo;encadr&eacute;s intitul&eacute;s &laquo;&nbsp;soutien aux &eacute;l&egrave;ves en apprentissage du fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;. Aucun renvoi formel n&rsquo;est effectu&eacute; vers le programme d&rsquo;&eacute;tude de fran&ccedil;ais langue seconde.&nbsp;Les encadr&eacute;s portent uniquement sur des &eacute;l&eacute;ments lexicaux ou grammaticaux g&eacute;n&eacute;riques, laissant &agrave; penser que la construction et la n&eacute;gociation du sens qui a trait au domaine scientifique ne s&rsquo;effectue qu&rsquo;&agrave; la p&eacute;riph&eacute;rie de la dimension langagi&egrave;re et que l&rsquo;int&eacute;gration de cette derni&egrave;re rel&egrave;ve du bon vouloir de l&rsquo;enseignant (ou de sa capacit&eacute; &agrave; int&eacute;grer celle-ci). Ainsi, par exemple au cours de la premi&egrave;re s&eacute;ance, il est recommand&eacute; aux enseignants d&rsquo;&laquo;[introduire] les mots descriptifs dont les &eacute;l&egrave;ves auront besoin pour formuler leurs observations&nbsp;&raquo;, mais aucune aide dans l&rsquo;outil interactif voulu par le Minist&egrave;re ne liste les mots g&eacute;n&eacute;riques de la description et encore moins ceux qui rel&egrave;vent d&rsquo;une description scientifique.</p> <p>Il en va de m&ecirc;me pour la comp&eacute;tence litt&eacute;racique qui recouvre les op&eacute;rations de formulation de questions, de planification et de rendu des r&eacute;sultats. Celle-ci est sous-jacente aux formes de discours que les &eacute;l&egrave;ves sont amen&eacute;s &agrave; produire. Mais l&agrave; encore, le travail sur ces genres discursifs n&rsquo;est pas exploit&eacute; dans son plein potentiel, ce qui met &agrave; mal l&rsquo;id&eacute;e de d&eacute;velopper une litt&eacute;ratie scientifique sp&eacute;cifique. Le plan de le&ccedil;ons sollicite bien les formes du discours scientifique (ou en tout cas sa repr&eacute;sentation &agrave; l&rsquo;&eacute;cole), mais l&rsquo;absence d&rsquo;un travail explicite sur la formulation d&rsquo;hypoth&egrave;ses et le compte rendu d&rsquo;exp&eacute;rience &agrave; partir d&rsquo;exemples de ces genres et types de discours sp&eacute;cifiques &agrave; la discipline emp&ecirc;che une v&eacute;ritable approche int&eacute;gr&eacute;e de la dimension litt&eacute;racique. On peut en conclure que nous sommes sur une approche didactique qui se fonde sur une conception de la litt&eacute;ratie et de la langue d&rsquo;enseignement qui se transf&egrave;rent vers la discipline non linguistique, et non une dimension qui se construit pour d&eacute;velopper une litt&eacute;ratie et un langage scientifiques sp&eacute;cifiques au champ d&rsquo;&eacute;tude. Autrement dit, les comp&eacute;tences de base en lien avec les habilet&eacute;s litt&eacute;raciques d&eacute;velopp&eacute;es dans les apprentissages du fran&ccedil;ais langue seconde de la troisi&egrave;me &agrave; la sixi&egrave;me ann&eacute;e se transf&eacute;reraient dans les apprentissages disciplinaires, sans que les didactiques des langues et des disciplines (ici celle des sciences) ne soient sollicit&eacute;es conjointement et sans que les genres discursifs propres &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des sciences ne soient convoqu&eacute;s. Le langage appara&icirc;t l&agrave; encore &agrave; la p&eacute;riph&eacute;rie des objectifs d&rsquo;apprentissage. Il est certes compatible avec le contenu &agrave; enseigner-apprendre, mais il n&rsquo;est pas indispensable &agrave; l&rsquo;accomplissement des t&acirc;ches en question.</p> <p>On rejoint alors ici les r&eacute;sultats des travaux pr&eacute;c&eacute;demment cit&eacute;s sur la question des enjeux p&eacute;dagogiques qu&rsquo;une r&eacute;elle int&eacute;gration des paradigmes langagier et disciplinaire engendre dans l&rsquo;enseignement des sciences, et notamment ceux de Laplante (2000, 2007) pour qui les t&acirc;ches langagi&egrave;res imbriqu&eacute;es dans ce dernier restent encore trop implicites. Comme l&rsquo;a soulign&eacute; Gajo (2010a), l&rsquo;opacit&eacute; des discours convoqu&eacute;s dans la construction et la n&eacute;gociation du sens dans les disciplines dites non linguistiques comme les sciences n&eacute;cessite plus que jamais que soit mobilis&eacute; explicitement l&rsquo;ensemble du paradigme langagier. Pour Norris &amp; Phillips (2003&nbsp;: 226, notre traduction), il est m&ecirc;me crucial de d&eacute;velopper syst&eacute;matiquement la comp&eacute;tence de litt&eacute;ratie &agrave; la fois dans son acception commune et dans son acception sp&eacute;cifique discursive, car si la lecture et l&#39;&eacute;criture sont les m&eacute;canismes centraux pour accomplir des t&acirc;ches scientifiques, &laquo;&nbsp;[elles] ne se situent pas seulement dans une relation fonctionnelle vis-&agrave;-vis de la science, elles ne sont pas que de simples outils de stockage et de transmission de la science. La relation est plut&ocirc;t constitutive, la lecture et l&rsquo;&eacute;criture &eacute;tant des &eacute;l&eacute;ments constitutifs de la science. Les relations constitutives d&eacute;finissent les n&eacute;cessit&eacute;s car les constituants sont des &eacute;l&eacute;ments essentiels de l&#39;ensemble. Enlevez un constituant, et le tout va avec. Jetez la couverture et gardez le contenu, et vous avez toujours un livre; jetez le contenu et gardez la couverture, et vous n&#39;avez plus de livre<sup><a href="#sdfootnote21sym" name="sdfootnote21anc" title=" “Reading and writing do not stand only in a functional relationship with respect to science, as simply tools for the storage and transmission of science. Rather, the relationship is a constitutive one, wherein reading and writing are constitutive parts of science. Constitutive relationships define necessities because the constituents are essential elements of the whole. Remove a constituent, and the whole goes with it. Throw away the cover and keep the contents, and you still have a book; throw away the contents and keep the cover, and you no longer have a book” (Norris &amp; Phillips, 2003: 226).">21</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Le plan de le&ccedil;ons souligne, n&eacute;anmoins, le passage de l&rsquo;approche communicative &agrave; l&rsquo;approche actionnelle dans l&rsquo;enseignement-apprentissage du fran&ccedil;ais langue seconde en Colombie-Britannique. Au regard des t&acirc;ches et autres activit&eacute;s qui sont mises en avant (on peut citer&nbsp;: observer une r&eacute;action chimique, noter les observations, puis les trier selon diff&eacute;rents crit&egrave;res pr&eacute;alablement &eacute;tablis), les &eacute;l&egrave;ves sont en effet mis en situation de pratique sociale avec la notion d&rsquo;enqu&ecirc;te scientifique. La langue est alors le vecteur du contenu et le moyen de leurs interactions. Il s&rsquo;agit pour eux de mobiliser la langue pour faire <em>par et avec</em> la dimension langagi&egrave;re. La dimension <em>pour</em> la langue reste en retrait. Aucun &eacute;tayage linguistique n&rsquo;est sugg&eacute;r&eacute; ou propos&eacute; aux enseignants. L&agrave; encore, on suppose que l&rsquo;enseignant saura fournir cet &eacute;tayage linguistique.</p> <p>Ce dernier point soul&egrave;ve la question de la place de la langue premi&egrave;re des &eacute;l&egrave;ves (le plus souvent l&rsquo;anglais) dans une telle d&eacute;marche et du r&ocirc;le de celle-l&agrave; dans la construction du sens en langue seconde. Sans entrer ici dans une discussion arguant que la langue premi&egrave;re a sa place dans les classes de langue seconde (Mady &amp; Garbati, 2014; Moore, 2001; Coste, 2001), il appara&icirc;t n&eacute;anmoins que le traitement implicite de la dimension langagi&egrave;re &eacute;vacue la possibilit&eacute; d&rsquo;une construction des connaissances qui fait appel v&eacute;ritablement &agrave; l&rsquo;ensemble des ressources verbales des &eacute;l&egrave;ves et qui utilise ces derni&egrave;res comme des tremplins vers les apprentissages disciplinaires.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>3.3 Une fronti&egrave;re &eacute;pist&eacute;mologique</h3> <p>&Agrave; la lecture de l&rsquo;ensemble du programme d&rsquo;&eacute;tudes de la maternelle &agrave; la douzi&egrave;me ann&eacute;e et au vu de l&rsquo;exemple propos&eacute;, il ressort qu&rsquo;au regard de l&rsquo;int&eacute;gration des paradigmes langagier (lequel inclut la dimension litt&eacute;racique) et disciplinaire, des tensions subsistent quant &agrave; la mani&egrave;re de r&eacute;aliser cette derni&egrave;re. Un d&eacute;calage est apparent entre l&rsquo;intention int&eacute;grative initiale d&eacute;clar&eacute;e et son impl&eacute;mentation dans un plan de le&ccedil;ons propos&eacute; en exemple. L&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;enseigner un contenu par la langue et vice-versa semble encore devoir faire l&rsquo;objet d&rsquo;une travers&eacute;e de fronti&egrave;res &eacute;pist&eacute;mologiques que les enseignants ont du mal &agrave; saisir et donc &agrave; mettre en &oelig;uvre dans la planification didactique.</p> <p>Ce concept de &laquo;&nbsp;fronti&egrave;re &eacute;pist&eacute;mologique&nbsp;&raquo; est emprunt&eacute; &agrave; Lising &amp; Elby (2003&nbsp;: 382, notre traduction), pour qui il existe &laquo;&nbsp;une barri&egrave;re &eacute;pist&eacute;mologique entre connaissances quotidiennes / intuitives et formelles&nbsp;&raquo;. &Agrave; partir de recherches men&eacute;es aupr&egrave;s de leurs &eacute;l&egrave;ves sur les id&eacute;es pr&eacute;con&ccedil;ues que ces derniers d&eacute;veloppent par rapport &agrave; la physique et sur les fa&ccedil;ons dont leurs id&eacute;es ont un impact sur leurs apprentissages, ils ont cherch&eacute; &agrave; saisir pourquoi leurs &eacute;tudiants &eacute;taient en mesure de mobiliser leur connaissance des math&eacute;matiques pendant une classe de math&eacute;matiques, mais ne savaient pas quoi faire avec ces m&ecirc;mes savoirs math&eacute;matiques dans une classe de science. Il leur est apparu que les &eacute;tudiants avaient de la difficult&eacute; &agrave; concilier ces deux types de connaissances, y compris lorsqu&rsquo;ils font l&rsquo;objet d&rsquo;un &eacute;tayage soutenu de la part des enseignants.</p> <p>La question sous-jacente &agrave; ces recherches est de savoir ce qu&rsquo;il en est de cette fronti&egrave;re chez les enseignants, qui plus est lorsqu&rsquo;ils doivent enseigner un contenu disciplinaire en langue seconde. Peut-on supposer l&rsquo;existence d&rsquo;une telle fronti&egrave;re &eacute;pist&eacute;mologique chez ces derniers dans la mesure o&ugrave;, comme l&rsquo;a soulign&eacute; Cammarata (2016&nbsp;: 89, notre traduction),&nbsp;&laquo;&nbsp;les enseignants luttent principalement avec l&#39;id&eacute;e d&#39;enseigner une langue par le contenu, un concept qu&#39;ils ont du mal &agrave; saisir ou m&ecirc;me &agrave; accepter comme une possibilit&eacute;. <sup><a href="#sdfootnote22sym" name="sdfootnote22anc" title=" “Teachers struggle mainly with the idea of teaching language through content, a concept that they have difficulty grasping or even accepting as a possibility.” (Cammarata, 2016: 89)">22</a></sup>&nbsp;&raquo;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>4. Conclusion</h2> <p>Dans le cadre de l&rsquo;&eacute;ducation en sciences en langue seconde en C.-B., la dialectique dynamique entre les savoirs langagiers transversaux, les savoirs linguistiques sp&eacute;cifiques &agrave; la L2 et les savoirs disciplinaires particuliers (englobant les savoirs linguistiques propres au langage de sp&eacute;cialit&eacute; de la discipline) est d&eacute;sormais au centre des objectifs d&rsquo;apprentissage.</p> <p>L&rsquo;articulation conjointe de ces savoirs a pour vis&eacute;e ultime le d&eacute;veloppement et l&rsquo;expression d&rsquo;un esprit scientifique critique. Pour y parvenir, les nouvelles orientations p&eacute;dagogiques ax&eacute;es sur le d&eacute;veloppement des comp&eacute;tences font appara&icirc;tre une volont&eacute; affirm&eacute;e d&rsquo;int&eacute;grer les apprentissages disciplinaires et langagiers.</p> <p>Au regard des instructions officielles et de l&rsquo;exemple analys&eacute; pour les sciences, il appara&icirc;t ainsi qu&rsquo;une tentative d&rsquo;arrimage des t&acirc;ches scientifiques aux fonctions langagi&egrave;res prend place dans une perspective actionnelle et par le biais du d&eacute;veloppement de la comp&eacute;tence litt&eacute;racique. Mais cet arrimage r&eacute;v&egrave;le la persistance de tensions entre l&rsquo;enseignement de la langue et l&rsquo;enseignement en langue dans les programmes d&rsquo;immersion en fran&ccedil;ais langue seconde dans la province. Il r&eacute;v&egrave;le aussi les repr&eacute;sentations qui sont attach&eacute;es &agrave; la d&eacute;marche scientifique, aux sciences, au r&ocirc;le que le langage joue dans ces derni&egrave;res et &agrave; la place du fran&ccedil;ais langue seconde dans une telle d&eacute;marche.</p> <p>Le d&eacute;calage entre les intentions minist&eacute;rielles et leurs impl&eacute;mentations dans les salles de classe conduit &agrave; poser la formation et le d&eacute;veloppement professionnels des enseignants comme condition n&eacute;cessaire pour engager les enseignants sur la voie d&rsquo;une int&eacute;gration effective entre &eacute;l&eacute;ments langagiers et disciplinaires.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p align="justify" class="western" lang="en-US">&nbsp;</p> <p>ADLER, J. (2001). <em>Teaching mathematics in multilingual classrooms</em>. Dordrecth, Netherlands: Kluwer Academic Publishing.</p> <p>BOURNOT-TRITES, M. (2015). L&eacute;gitimation des enseignants de fran&ccedil;ais langue seconde &agrave; travers les s&eacute;jours &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger. <em>Crisolenguas</em>, 3(1), 44&ndash;57.</p> <p>BRINTON, D. M., SNOW, M. Ann &amp; WESCHE, M. (2003). <em>Content-based second language instruction </em>(2nd ed.). Ann Arbor, MI: The University of Michigan Press.</p> <p>CAMMARATA, L., CAVANAGH, M., BLAIN, S. &amp; SABATIER, C. (2018). Enseigner en immersion fran&ccedil;aise au Canada: synth&egrave;se des connaissances sur les d&eacute;fis et leurs implications pour la formation des enseignants. <em>La Revue canadienne des langues vivantes</em>, 74 (1), 101-127.</p> <p>CAMMARATA, L. (2006). <em>Understanding and implementing integrated language and content instruction: An exploration of foreign language teachers&#39; lived experience</em>. Unpublished Doctoral Dissertation, Minneapolis, MN: University of Minnesota.</p> <p>CAMMARATA, L. (2009). Negotiating curricular transitions: Foreign language teachers&rsquo; learning experience with content-based instruction. La <em>Revue canadienne des langues vivantes</em>, 65(4), 559-585.</p> <p>CAMMARATA, L. (2016). Foreign Language Education and the Development of Inquiry-driven Language Programs: Key Challenges and Curricular Planning Strategies. In L. Cammarata (Ed.), <em>Content-based Foreign Language Teaching: Curriculum and Pedagogy for Developing Advanced Thinking and Literacy Skills</em> (p. 123&ndash;143), New York: Routledge/Taylor Francis,.</p> <p>CAMMARATA, L. &amp; TEDICK, D. J. (2012). Balancing Content and Language in Instruction: The Experience of Immersion Teachers. <em>The Modern Language Journal</em>, 96(2), 251&ndash;269.</p> <p>CAVANAGH, M. &amp; CAMMARATA, L. (2015). <em>Enseigner en immersion fran&ccedil;aise et en milieu francophone minoritaire canadien: synth&egrave;se des connaissances sur les d&eacute;fis et leurs implications pour la formation des enseignants</em>. Rapport soumis au Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), Canada&nbsp;: Ottawa.</p> <p>CENOZ, J., GENESEE, F. &amp; GORTER, D. (2014). Critical Analysis of CLIL: Taking Stock and Looking Forward. <em>Applied Linguistics</em>, 35(3), 243&ndash;262.</p> <p>CORMIER, M. &amp; TURNBULL, M. (2009). Une approche litt&eacute;rati&eacute;e : apprendre les sciences et la langue en immersion tardive, <em>La Revue canadienne des langues vivantes</em>, 65(5), 817&ndash;840.</p> <p>COSTE, D. (2001). De plus d&rsquo;une langue à d&rsquo;autres encore. Penser les compétences plurilingues. In V. Castellotti (Ed.),<em> D&rsquo;une langue à d&rsquo;autres &ndash; pratiques et représentations </em>(p. 191-202), Rouen&nbsp;: Publication de l&rsquo;Université de Rouen.</p> <p>COYLE, D. (2007). Content and Language Integrated Learning: Towards a Connected Research Agenda for CLIL Pedagogies, <em>International Journal of Bilingual Education and Bilingualism</em>, 10(5), 543-562.</p> <p>GAJO, L. (2009). De la DNL à la DdNL : principes de classe et formation des enseignants. <em>Les langues modernes</em>, 4, 15-24.</p> <p>GAJO, L. (2007a). Linguistic knowledge and subject knowledge: How does bilingualism contribute to subject development?, <em>International Journal on Bilingual Education and Bilingualism</em>, 10(5), 563-581.</p> <p>GAJO, L. (2007b). Enseignement d&rsquo;une DNL en langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;: de la clarification &agrave; la conceptualisation&nbsp;&raquo;.&nbsp;<em>Tr&eacute;ma</em>, 28.&nbsp;Disponible en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://trema.revues.org/448">http://trema.revues.org/448</a></p> <p>GAJO, L. &amp; SERRA, C. (2000). Acquisition des langues et des disciplines dans l&rsquo;enseignement bilingue&nbsp;: l&rsquo;exemple des math&eacute;matiques&nbsp;&raquo;.&nbsp;<em>&Eacute;tudes de Linguistique Appliqu&eacute;e</em>, 120, 497-508.</p> <p>GENESEE, F. (1994) . <em>Integrating language and content: Lessons from immersion</em> (Educational Practice Reports. No. 11. National Center for Research on Cultural Diversity and Second Language Learning). Washington, D.C: Center for Applied Linguistics. Disponible en ligne&nbsp;:&nbsp;http://www .ncbe.gwu.edu/miscpubs/ncrcdsll/epr11.htm</p> <p>HAMMERLY, H. (1989). <em>French immersion: myths and reality: a better classroom road to bilingualism</em>. Calgary: Detselig Enterprises.</p> <p>HURD, P. D. (1958). Science Literacy: Its Meaning for American Schools. <em>Educational Leadership</em>, 16(1), 13&ndash;52.</p> <p>LAMBERT, W. E. &amp; TUCKER, G. R. (1972). <em>The bilingual education of children: The St</em>. Lambert experiment. Rowley, MA: Newbury House.</p> <p>LAPLANTE, B. (2000). Apprendre en sciences, c&rsquo;est apprendre &agrave; parler sciences : Des &eacute;l&egrave;ves de sixi&egrave;me ann&eacute;e de l&rsquo;immersion parlent des r&eacute;actions chimiques. <em>La Revue canadienne des langues vivantes</em>, 57(2), 245-271.</p> <p>LAPLANTE, B. (2007). Enseigner les sciences en montrant aux &eacute;l&egrave;ves &agrave; &laquo; parler sciences &raquo;. In P. Potvin, M. Riopel, &amp; S. Masson (Eds.), <em>Regards multiples sur l&rsquo;enseignement des sciences</em> (p. 254-265), Qu&eacute;bec : Editions multimondes.</p> <p>LAUGKSCH, R. C. (2000). Scientific literacy: A conceptual overview. <em>Science Education</em>, 84(1), 71&ndash;94. Disponible en ligne: <a href="http://www.kcvs.ca/martin/EdCI/literature/literacy/Laugksch_Scientific_Literacy.pdf">http://www.kcvs.ca/martin/EdCI/literature/literacy/Laugksch_Scientific_Literacy.pdf</a></p> <p>LISING, L. &amp; ELBY, A. (2005). The impact of epistemology on learning: A case study from introductory physics. <em>American Journal of Physics</em>, 73(4), 372-382. Disponible en ligne: <a href="https://arxiv.org/pdf/physics/0411007.pdf">https://arxiv.org/pdf/physics/0411007.pdf</a></p> <p>LYSTER, R. (2018). <em>Content-based Language Teaching</em>. New York : Routledge.</p> <p>LYSTER, R. (2016). <em>Vers une approche int&eacute;gr&eacute;e en immersion</em>. Anjou, QC.&nbsp;: Les Editions CEC.</p> <p>LYSTER, R. (2015). Using Form-Focused tasks to integrate language across the immersion curriculum, <em>System</em>, 54, 4-13.</p> <p>LYSTER, R. (2007).<em> Learning and teaching languages through content: A counterbalanced approach</em>. Amsterdam / Philadelphia: John Benjamins.</p> <p>LYSTER, R. (1987). Speaking Immersion, <em>La Revue canadienne des langues vivantes</em>,&nbsp; 43(4), 701&ndash;717.</p> <p>LYSTER, R., SAITO, K. &amp; SATO, M. (2013). Oral corrective feedback in second language classrooms, <em>Language Teaching</em>, 46(1), 1-40.</p> <p>LYSTER, R. &amp; MORI, H. (2008). Instructional counterbalance in Immersion Pedagogy. In T. Williams Fortune &amp; D. J. Tedick (Eds.), <em>Pathways to Multilingualism: Evolving Perspectives on Immersion Education</em> (p. 133-151), Clevedon, UK, Multilingual Matters.</p> <p>LYSTER, R &amp; BALLINGER, S.(2011). Content-based language teaching: Convergent concerns across divergent contexts. <em>Language Teaching Research</em>, 15, 279-288.</p> <p>MADY, C. &amp; GARBATI, J. (2014). Faire appel à d&rsquo;autres comp&eacute;tences langagi&egrave;res pour favoriser l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue seconde, <em>Faire la diff&eacute;rence&hellip; de la recherche &agrave; la pratique</em>, Monographie 51, Canada&nbsp;: Ottawa. Disponible en ligne : <a href="http://www.edu.gov.on.ca/fre/literacynumeracy/inspire/research/WW_otherLanguagesFr.pdf">http://www.edu.gov.on.ca/fre/literacynumeracy/inspire/research/WW_otherLanguagesFr.pdf</a></p> <p>MET, M. (1998). Curriculum Decision-making in Content-based Language Teaching. In J. Cenoz, &amp; F. Genesee (Eds.), <em>Beyond Bilingualism: Multilingualism and Multilingual Education</em> (p. 35-63), Clevedon: Multilingual Matters.</p> <p>MET, M. (1999). <em>Content-based Instruction. Defining terms, Making decisions</em>. NFLC Reports, Washington DC, The National Foreign Language Center. Disponible en ligne : <a href="http://carla.umn.edu/cobaltt/modules/principles/decisions.html">http://carla.umn.edu/cobaltt/modules/principles/decisions.html</a></p> <p>MOHAN, B. (1986). <em>Language and content</em>, Reading, MA: Addison Wesley.</p> <p>MOORE, D. (2001). Une didactique de l&rsquo;alternance pour mieux apprendre? <em>&Eacute;tudes de Linguistique Appliqu&eacute;e</em>, 121(1), 71-78.</p> <p>MORTON, T. (2018). Reconceptualizing and describing teachers&rsquo; knowledge of language for content and language integrated learning (CLIL). <em>International Journal of Bilingual Education and Bilingualism</em>, 21(3), 275-286.</p> <p>MORTON, T. (2016). (Conceptualizing and investigating teachers&rsquo; knowledge for integrating content and language in content- based instruction. <em>Journal of Immersion and Content-Based Language Education</em>, 4, 144&ndash;167.</p> <p>NETTEN, J. &amp; GERMAIN, C. (2002). <em>L&rsquo;apprentissage intensif du fran&ccedil;ais</em>. Rapport de recherche &agrave; Patrimoine Canada. Canada&nbsp;: Ottawa.</p> <p>NORRIS, S. &amp; Phillips, L. (2003). How Literacy in Its Fundamental Sense Is Central to Scientific Literacy. <em>Science Education</em>, 87(2), 224-240. Disponible en ligne: <a href="https://doi.org/10.1002/sce.10066">https://doi.org/10.1002/sce.10066</a></p> <p>ROBERTS, D. (1983). A. <em>Scientific literacy: Towards balance in setting goals for school science programs: A discussion paper</em>. Ottawa, Ontario: Science Council of Canada.</p> <p>SABATIER, C., MOORE, D. &amp; SINCLAIR, N. (2016). Interactions et films de classe pour r&eacute;fl&eacute;chir la formation &agrave; l&rsquo;enseignement des Math&eacute;matiques en Fran&ccedil;ais langue seconde. D&eacute;crire pour mieux former&nbsp;? <em>Recherches en Didactique des Langues et des cultures- Les Cahiers de l&rsquo;ACEDLE</em>, 13(1), 1-23. Disponible en ligne&nbsp;: <a href="https://journals.openedition.org/rdlc/498">https://journals.openedition.org/rdlc/498</a></p> <p>SINCLAIR, N. &amp; BRUCE, C. (2015). New opportunities in geometry education at the primary school.&nbsp;<em>ZDM: The International Journal on Mathematics Education</em>,&nbsp; 51(3),&nbsp;319-329. Disponible en ligne: <a href="http://dx.doi.org/10.1007/s11858-015-0693-4">10.1007/s11858-015-0693-4</a></p> <p>SNOW, M. A. &amp; BRINTON, D. M. (Eds.) (1997).&nbsp;<em>The Content-Based Classroom: Perspectives on Integrating Language and Content</em>. White Plains, NY: Addison-Wesley Longman.</p> <p>SWAIN, M. (1996). Integrating language and content in immersion classrooms: Research perspectives. <em>La Revue canadienne des langues vivantes</em>, 52(4), 529-548.</p> <p>VOLLMER, H. (2010). <em>&Eacute;l&eacute;ments pour une description des comp&eacute;tences linguistiques en langue de scolarisation n&eacute;cessaires à l&rsquo;enseignement/apprentissage des sciences (fin de la scolarit&eacute; obligatoire) &ndash; D&eacute;marche et Points de r&eacute;f&eacute;rence</em>. Strasbourg, France&nbsp;: Conseil de l&rsquo;Europe. Disponible en ligne&nbsp;: <a href="https://rm.coe.int/168059e6b6">https://rm.coe.int/168059e6b6</a></p> <p>TEDICK, D. J., CHRISTIAN, D. &amp; WILLIAMS FORTUNE, T. (2011). The future of immersion education: An invitation to &ldquo;dwell in possibility&rdquo;. In D. J. Tedick, D. Christian &amp; T. Williams Fortune (Eds.), <em>Immersion education: Practices, policies, possibilities</em> (p. 1-10). Bristol, UK: Multilingual Matters.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Sitographie</h2> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. <em>Profils &ndash; Comp&eacute;tence de communication</em>. Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;: <a href="https://curriculum.gov.bc.ca/sites/curriculum.gov.bc.ca/files/pdf/competence_de_communication.pdf">https://curriculum.gov.bc.ca/sites/curriculum.gov.bc.ca/files/pdf/competence_de_communication.pdf</a></p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. <em>Nouveau Programme d&rsquo;&eacute;tude</em>.<em> Page d&rsquo;Accueil</em>. Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;: <a href="https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum-info">https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum-info</a></p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. <em>Nouveau Programme d&rsquo;&eacute;tude &ndash; Information d&eacute;taill&eacute;e.</em> Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;: <a href="https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum/overview">https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum/overview</a></p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. <em>Programmes d&rsquo;&eacute;tude &ndash; l&rsquo;ensemble des programmes d&rsquo;&eacute;tude.</em> Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;: <a href="https://curriculum.gov.bc.ca/fr/assessment-reporting/new-foundation-skills-assessment">https://curriculum.gov.bc.ca/fr/assessment-reporting/new-foundation-skills-assessment</a></p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. <em>Programme d&rsquo;&eacute;tude &ndash; Sciences.</em> Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;:<a href="https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum/science">https://curriculum.gov.bc.ca/fr/curriculum/science</a></p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. <em>BC&rsquo;s Education Plan</em>. Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;: <a href="http://buildingpublicunderstanding.org/assets/files/pubstory/bc_edu_plan.pdf">http://buildingpublicunderstanding.org/assets/files/pubstory/bc_edu_plan.pdf</a></p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. <em>Comp&eacute;tences essentielles</em>. Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;: <a href="https://curriculum.gov.bc.ca/fr/competencies">https://curriculum.gov.bc.ca/fr/competencies</a></p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. <em>Guide d&rsquo;orientation Nouveaux programmes.</em> Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;: <a href="https://curriculum.gov.bc.ca/sites/curriculum.gov.bc.ca/files/pdf/Curriculum_Redesign_Brochure_FR.pdf">https://curriculum.gov.bc.ca/sites/curriculum.gov.bc.ca/files/pdf/Curriculum_Redesign_Brochure_FR.pdf</a></p> <p>Minist&egrave;re de l&rsquo;Education de Colombie-Britannique. Boite &agrave; outils. Victoria, Colombie-Britannique, Canada. Consult&eacute; le 11 janvier 2019. Disponible &agrave; l&rsquo;adresse&nbsp;: <a href="https://curriculum.gov.bc.ca/fr/tools">https://curriculum.gov.bc.ca/fr/tools</a></p> <p class="western">&nbsp;</p> <div id="sdfootnote1"> <p><small><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> Dans la politique &eacute;ducative relative au programme d&rsquo;immersion, il est en effet inscrit: &ldquo;The major goal of French Immersion is to provide the opportunity for non-francophone students to become bilingual in English and French.&nbsp; Bilingualism is achieved by providing instruction of the basic curriculum entirely in French during the first years.&rdquo;&nbsp;(BC Ministry of Education, 1996, n.p.; &agrave; consulter &agrave; <a href="https://www2.gov.bc.ca/gov/content/education-training/administration/legislation-policy/public-schools/french-immersion-program">https://www2.gov.bc.ca/gov/content/education-training/administration/legislation-policy/public-schools/french-immersion-program</a>)</small></p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p><small><a href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> &ldquo;It is unlikely that desired levels of second or foreign language proficiency will emerge simply from the teaching of content through a second or foreign language. The specification of language-learning objectives must be undertaken with deliberate, systematic planning and coordination of the language and content curricula&rdquo; (Snow, Met &amp; Genesee, 1989: 204).&nbsp;</small></p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p><small><a href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> Voir les travaux de Gajo &amp; Serra (2000) sur l&rsquo;acquisition des langues et des disciplines dans l&#39;enseignement bilingue, &agrave; partir de l&#39;exemple des math&eacute;matiques.</small></p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p><small><a href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> &ldquo;A recognition of the importance of language structures, skills, or functions that are characteristic of different content areas&rdquo; (Snow, Met &amp; Genesee, 1989: 203). </small></p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p><small><a href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a> Gajo reprend lui aussi cette id&eacute;e en arguant que m&ecirc;me les disciplines non linguistiques (comme les math&eacute;matiques ou les sciences, par exemple) poss&egrave;dent un langage formel propre, et recourent à la langue pour la construction de leurs savoirs. Il conviendrait donc de remplacer l&rsquo;appellation Discipline Non Linguistique (DNL) largement en vigueur par celle de Discipline dite Non Linguistique (DdNL) (Gajo, 2007b; 2009).</small></p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p><small><a href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a> Le terme &laquo;&nbsp;langage&nbsp;&raquo; renvoie &agrave; la capacit&eacute; de communiquer en mobilisant des formes linguistiques appropri&eacute;es ; le terme &laquo;&nbsp;langue&nbsp;&raquo; renvoie, lui, &agrave; l&rsquo;idiome linguistique utilis&eacute; pour communiquer. </small></p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p><small><a href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a> La distinction op&eacute;r&eacute;e insiste sur l&rsquo;id&eacute;e que le contenu peut renvoyer de mani&egrave;re indiff&eacute;renci&eacute;e &agrave; la fois &agrave; une mati&egrave;re acad&eacute;mique sp&eacute;cifique (une discipline) ou bien &agrave; une th&eacute;matique qui permet d&rsquo;engager cognitivement les apprenants dans leurs apprentissages. En ce qui nous concerne, le terme renvoie davantage &agrave; la premi&egrave;re d&eacute;finition, mais cette derni&egrave;re n&rsquo;est cependant pas exclusive de la seconde. </small></p> </div> <div id="sdfootnote8"> <p><small><a href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a> &ldquo;The very idea of integration excludes any clear-cut contrast between linguistic elements and non-linguistic elements&rdquo; (Gajo, 2007a:578).</small></p> </div> <div id="sdfootnote9"> <p><small><a href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a> Voir le texte de Cenoz, Genesee &amp; Gorter (2014) pour une analyse critique de l&rsquo;&eacute;volution des d&eacute;nominations et ce qu&rsquo;elles recouvrent au point de vue th&eacute;orique et &eacute;pist&eacute;mologique.</small></p> </div> <div id="sdfootnote10"> <p><small><a href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a> &ldquo;precise reflection on the linguistic aspect of subject knowledge and on the role of discourse in the learning process&rdquo; (Gajo, 2007a: 568).</small></p> </div> <div id="sdfootnote11"> <p><small><a href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a> Pour un rappel des d&eacute;finitions de cette notion ainsi que ses &eacute;volutions, voir Netten &amp; Germain, 2002 (Chapitre III).</small></p> </div> <div id="sdfootnote12"> <p><small><a href="#sdfootnote12anc" name="sdfootnote12sym">12</a> &ldquo;Immersion teachers lack systematic approaches for integrating language form into their content instruction&rdquo; (Tedick, Christian &amp; Fortune, 2011, p. 7)</small></p> </div> <div id="sdfootnote13"> <p><small><a href="#sdfootnote13anc" name="sdfootnote13sym">13</a> &ldquo;Insufficient attention being paid to the teaching of language and literacy skills within the context of subject matter instruction within such programs&rdquo; (Cammarata &amp; Haley, 2018: 333).</small></p> </div> <div id="sdfootnote14"> <p><small><a href="#sdfootnote14anc" name="sdfootnote14sym">14</a> Le second fondement &eacute;tant la num&eacute;ratie.</small></p> </div> <div id="sdfootnote15"> <p><small><a href="#sdfootnote15anc" name="sdfootnote15sym">15</a> Voir la sitographie pour le renvoi aux diff&eacute;rents documents mentionn&eacute;s ici et leurs liens hypertextes.</small></p> </div> <div id="sdfootnote16"> <p><small><a href="#sdfootnote16anc" name="sdfootnote16sym">16</a> &ldquo;Scientifically literate citizens are able to use scientific evidence, as well as their knowledge from other areas of learning, to develop their own views, discuss and debate, and make informed decisions in their daily lives and about broader issues, while maintaining their curiosity and wonder about the natural world&rdquo;. (BC Ministry of Education, 2019, n.p.)</small></p> </div> <div id="sdfootnote17"> <p><small><a href="#sdfootnote17anc" name="sdfootnote17sym">17</a> En revanche, figure une entr&eacute;e pour la litt&eacute;ratie visuelle. </small></p> </div> <div id="sdfootnote18"> <p><small><a href="#sdfootnote18anc" name="sdfootnote18sym">18</a> &ldquo;Scientific literacy has had so many&nbsp;interpretations that it now means virtually everything to do with science education.&rdquo; (Roberts, 1983: 22)</small></p> </div> <div id="sdfootnote19"> <p><small><a href="#sdfootnote19anc" name="sdfootnote19sym">19</a> &quot; The number of different interest groups that are concerned with scientific literacy, different&nbsp;conceptual definitions of the term, the relative or absolute nature of scientific literacy as a&nbsp;concept, different purposes for advocating scientific literacy, and different ways of measuring&nbsp;it.&rdquo;&nbsp;(Laugksch, 2000: 74)</small></p> </div> <div id="sdfootnote20"> <p><small><a href="#sdfootnote20anc" name="sdfootnote20sym">20</a> Voir <a href="https://curriculum.gov.bc.ca/sites/curriculum.gov.bc.ca/files/contributed-resources/tout_sur_la_neige.pdf">https://curriculum.gov.bc.ca/sites/curriculum.gov.bc.ca/files/contributed-resources/tout_sur_la_neige.pdf</a> </small></p> </div> <div id="sdfootnote21"> <p><small><a href="#sdfootnote21anc" name="sdfootnote21sym">21</a> &ldquo;Reading and writing do not stand only in a functional relationship with respect to science, as simply tools for the storage and transmission of science. Rather, the relationship is a constitutive one, wherein reading and writing are constitutive parts of science. Constitutive relationships define necessities because the constituents are essential elements of the whole. Remove a constituent, and the whole goes with it. Throw away the cover and keep the contents, and you still have a book; throw away the contents and keep the cover, and you no longer have a book&rdquo; (Norris &amp; Phillips, 2003: 226).</small></p> </div> <div id="sdfootnote22"> <p><small><a href="#sdfootnote22anc" name="sdfootnote22sym">22</a> &ldquo;Teachers struggle mainly with the idea of teaching language through content, a concept that they have difficulty grasping or even accepting as a possibility.&rdquo; (Cammarata, 2016: 89)</small></p> </div>