<h1>&nbsp;</h1> <p>Wilhelm von Humboldt est n&eacute; &agrave; Potsdam en 1767 et mort dans la maison familiale &agrave; Tegel dans la p&eacute;riph&eacute;rie de Berlin en 1835. Homme d&rsquo;Etat et repr&eacute;sentant de l&rsquo;autorit&eacute; prussienne successivement dans plusieurs capitales europ&eacute;ennes (acteur de la paix apr&egrave;s la d&eacute;faite de Napol&eacute;on), Humboldt maniait avec aisance l&rsquo;anglais, le russe et l&rsquo;italien, auxquels s&rsquo;ajoutaient de riches connaissances dans grand nombre de langues du monde (dont le basque, les langues am&eacute;rindiennes, le chinois et le malais). Humboldt poss&eacute;dait en outre une solide formation de philologue&nbsp;; ses premi&egrave;res publications portent ainsi sur la traduction du grec.</p> <p>Homme de lettres et homme d&rsquo;Etat &agrave; la fois, Humboldt<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a> &eacute;tait avant tout philosophe de l&rsquo;&eacute;ducation, et, &agrave; ce titre, linguiste. C&rsquo;est bien s&ucirc;r un anachronisme (assum&eacute; volontairement ici) de qualifier Humboldt de linguiste&nbsp;; il est toutefois l&rsquo;un des artisans majeurs de la r&eacute;novation de la philologie de son &eacute;poque et au moins co-auteur avec August Schlegel de la classification linguistique &agrave; l&rsquo;origine de la grammaire compar&eacute;e, courant ultra-dominant du 19e si&egrave;cle. Humboldt pr&eacute;serve un point de vue original par rapport &agrave; ses cong&eacute;n&egrave;res en insistant sur l&rsquo;originalit&eacute; de chaque langue, et donc sur le fait qu&rsquo;aucune langue ne correspond enti&egrave;rement &agrave; l&#39;un des types morphologiques identifi&eacute;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;in keiner Sprache ist Alles Beugung, in keiner Alles Anf&uuml;gung&nbsp;&raquo;.</p> <p>Son utilisation des concepts grecs d&rsquo;&epsilon;&nu;&epsilon;&rho;&gamma;&epsilon;&iota;&alpha;/&epsilon;&rho;&gamma;&omicron;&nu; parall&egrave;lement &agrave; Th&auml;tigkeit/Werk<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a> est interpr&eacute;t&eacute;e par certains (Coseriu 1988) comme inscription dans la tradition aristot&eacute;licienne (Peri hermeneias)&nbsp;; d&eacute;fenseur d&rsquo;une science interpr&eacute;tative (mais non sp&eacute;culative) du langage, il peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme postkantien&nbsp;; on sait qu&rsquo;il s&rsquo;est inspir&eacute; de la Critique pour b&acirc;tir une anthropologie compar&eacute;e, dans laquelle le langage figure comme potentiel infini de l&rsquo;homme. Contemporain de Goethe et tr&egrave;s ami avec Schiller, Humboldt fut form&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;poque du Sturm und Drang, qui avait amorc&eacute; la r&eacute;flexion autour de la sensibilit&eacute; (Empfindsamkeit)&nbsp;; il fut tr&egrave;s inspir&eacute; de l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;Etienne Bonnot de Condillac, qui probl&eacute;matise l&rsquo;(in-)ad&eacute;quation des signes &agrave; exprimer la pens&eacute;e et par Herder, penseur d&rsquo;un futur relativisme linguistique.&nbsp;Il &eacute;volua ensuite dans le classicisme de Weimar, attach&eacute; &agrave; mettre en harmonie la sensibilit&eacute; avec la clart&eacute; de la pens&eacute;e. Humboldt influen&ccedil;a, &agrave; son tour, des &laquo;&nbsp;linguistes&nbsp;&raquo; majeurs du 19e si&egrave;cle, dont Schuchardt (pour la dynamicit&eacute; du langage et son int&eacute;r&ecirc;t pour le basque)&nbsp;; Steinthal et Potebnja&nbsp;(pour la notion de cr&eacute;ation et la forme interne)&nbsp;; ses th&eacute;ories sont reprises et d&eacute;velopp&eacute;es en outre dans le cadre de la pens&eacute;e herm&eacute;neutique et ph&eacute;nom&eacute;nologique (par B&uuml;hler, Cassirer, Heidegger, Habermas, Vygotskij, entre autres).</p> <p>Durant toute sa vie, Humboldt a entretenu une relation intense avec son fr&egrave;re cadet, Alexander (*1769&dagger;1859), g&eacute;ographe, voyageur et, surtout, pionnier de la cartographie, qui &eacute;tait son pourvoyeur principal de donn&eacute;es linguistiques les plus vari&eacute;es. C&rsquo;est Humboldt qui a consacr&eacute; le statut scientifique de l&rsquo;explorateur : le chercheur doit se rendre attentif &agrave; la singularit&eacute; de chaque langue et il ne peut en faire la th&eacute;orie sans s&rsquo;immerger dans la complexit&eacute; et l&rsquo;enchev&ecirc;trement de ses &laquo;&nbsp;plis&nbsp;&raquo;.</p> <p>La lecture de Humboldt reste une lecture difficile, m&ecirc;me pour une germanophone. La langue allemande dans laquelle sont &eacute;crits les textes sonne fort &eacute;trange en effet &agrave; nos oreilles actuelles. Ceci peut &ecirc;tre imput&eacute; &agrave; une l&eacute;g&egrave;re &eacute;volution de la langue elle-m&ecirc;me, un peu aussi aux particularit&eacute;s du style acad&eacute;mique de l&rsquo;&eacute;poque &mdash; et, pour beaucoup, &agrave; la singularit&eacute; de l&rsquo;expression de l&rsquo;auteur. Je commence donc mon expos&eacute; avec une remarque de lectrice&nbsp;: malgr&eacute; sa grande &eacute;rudition et un langage fort soign&eacute;, la relation de Humboldt avec l&rsquo;&eacute;criture devait &ecirc;tre conflictuelle&nbsp;; son &oelig;uvre est rest&eacute; fragmentaire et en grande partie non publi&eacute;e de son vivant&nbsp;; l&rsquo;&eacute;criture est redondante, comme s&rsquo;il avait tenu de prouver, par son travail, que la pens&eacute;e s&rsquo;&eacute;labore avec chaque reformulation&nbsp;: &laquo;&nbsp;j&rsquo;&eacute;cris ce qui me vient spontan&eacute;ment&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;ich schreibe hin, was mir gerade einkommt&nbsp;&raquo;&nbsp;: [Briefwechsel Schiller, 208]). L&rsquo;on peut noter par ailleurs qu&rsquo;il a consacr&eacute; les vingt-cinq derni&egrave;res ann&eacute;es de sa vie, dont sa retraite (plut&ocirc;t anticip&eacute;e, &agrave; 52 ans) toute enti&egrave;re &agrave; r&eacute;diger ses id&eacute;es, sur le langage en particulier.</p> <p>A d&eacute;faut de pouvoir cartographier le foisonnement notionnel de la pens&eacute;e humboldtienne, je propose un parcours de lecture dont le fil conducteur est la notion de Bildung, centrale dans le classicisme allemand et chez Humboldt, comme cela a &eacute;t&eacute; point&eacute; par Thouard (2000). Je montrerai comment cette notion &eacute;claire et met en coh&eacute;rence les deux dimensions majeures de la personnalit&eacute; de Humboldt, l&rsquo;homme d&rsquo;Etat et le linguiste. A l&rsquo;heure o&ugrave; les cours de linguistique passent de la confidentialit&eacute; &agrave; la clandestinit&eacute; dans bien des universit&eacute;s publiques, j&rsquo;argumenterai l&rsquo;id&eacute;e que la comp&eacute;tence linguistique peut donner corps &agrave; une politique &eacute;ducative ambitieuse. Dans le contexte de ce volume qui propose une r&eacute;flexion sur la cr&eacute;ativit&eacute;, je commencerai par une illustration du fonctionnement de la langue allemande &agrave; partir du mot Bildung lui-m&ecirc;me, qui en est une manifestation significative.</p> <h2>1. Petite le&ccedil;on de morphologie allemande</h2> <blockquote> <p>S&rsquo;il est &eacute;vident que le langage se pr&ecirc;te &agrave; la pr&eacute;sentation subjective (en &eacute;pousant le style de notre comportement) de l&rsquo;ensemble de notre activit&eacute; spirituelle, il produit en m&ecirc;me temps les objets de notre pens&eacute;e. Car les &eacute;l&eacute;ments qui la constituent scandent notre repr&eacute;sentation, qui, sans eux, serait entra&icirc;n&eacute;e dans une confusion sans fin. <strong>Ils sont les signes sensibles qui conditionnent le d&eacute;coupage des objets en diff&eacute;rentes sph&egrave;res et au moyen desquels (...) nous concentrons certains domaines de notre pens&eacute;e en groupes unifi&eacute;s qui se pr&ecirc;tent &agrave; d&#39;autres combinaisons et op&eacute;rations</strong>. [Humboldt, Briefwechsel Schiller, 207]</p> </blockquote> <p>D&rsquo;apr&egrave;s le dictionnaire allemand de Grimm (Deutsches W&ouml;rterbuch, 2&nbsp;;23), Bildung signifie &agrave; l&rsquo;origine image, synonyme de Bild et Bildnis&nbsp;; son interpr&eacute;tation comme forme, figure et m&ecirc;me repr&eacute;sentation semble s&rsquo;&ecirc;tre impos&eacute;e ensuite. Au sens le plus large, Bildung d&eacute;signe le d&eacute;veloppement des capacit&eacute;s symboliques &mdash; morales et intellectuelles &mdash; chez l&rsquo;homme. Particuli&egrave;rement pr&eacute;sente chez Goethe et H&ouml;lderlin, la pens&eacute;e philosophique emprunte cette notion &agrave; la philosophie de la nature en sous-tendant &agrave; l&rsquo;homme un instinct de d&eacute;veloppement cr&eacute;atif, qui vise au-del&agrave; de l&rsquo;acquisition de connaissances la constitution de la personne enti&egrave;re. De nombreuses traductions existent, dont culture (Thouard, 2000&nbsp;: 168), imagination (Trabant, 1992), projet cr&eacute;ateur (Caussat, 1974&nbsp;:135). Car Bildung r&eacute;sonne avec d&rsquo;autres concepts qui peuvent lui &ecirc;tre associ&eacute;s formellement, et, selon le contexte, s&eacute;mantiquement&nbsp;:</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">1) d</span></span></span></span>ans le champ artistique&nbsp;: <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bild (</span></span><i><span style="font-size:12.0pt">image</span></i><span style="font-size:12.0pt">)</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">, bilden </span></span></span></span></span>(former)<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">, Bildhaftigkeit </span></span></span></span></span>(caract&egrave;re figur&eacute;)&nbsp;;</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">2) </span></span></span></span>en psychologie<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp;: </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Abbild</span></span><span style="font-size:12.0pt">, </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Abbildung, abbilden </span></span></span></span></span>(repr&eacute;sentation, repr&eacute;senter)<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp;; </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Einbildung, einbilden, Einbildungskraft</span></span> </span></span></span>(imagination, imaginer, force imaginative)&nbsp;;</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">3) </span></span></span></span>dans le champ de l&rsquo;&eacute;ducation&nbsp;:<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"> <span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Ausbildung </span></span></span></span></span>(formation)<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">, </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Vorbildung, Schulbildung </span></span></span></span></span>(&eacute;ducation)<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">, </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Allgemeinbildung </span></span></span></span></span>(culture g&eacute;n&eacute;rale),<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"> <span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Gebildeter</span></span> </span></span></span>(le savant)<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">4) </span></span></span></span>en linguistique&nbsp;<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">: </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Ausbildung</span></span> </span></span></span>(&eacute;laboration)<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">, </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Wortbildung </span></span></span></span></span>(morphologie).</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cet inventaire est aussi peu exhaustif qu&rsquo;il est banal par ailleurs, tant la polys&eacute;mie est repr&eacute;sentative du fonctionnement habituel du langage humain&nbsp;: pr&eacute;diquer &agrave; propos d&rsquo;entit&eacute;s concr&egrave;tes et abstraites, la pens&eacute;e &eacute;pouse la cat&eacute;gorisation du r&eacute;el offerte par le mot et le soumet &agrave; la r&eacute;-cr&eacute;ation. Le radical <span style="font-variant:small-caps">bild</span> subit ici des d&eacute;rivations vari&eacute;es, par l&rsquo;adjonction de pr&eacute;fixes (d&rsquo;ordre s&eacute;mantico-aspectuels et li&eacute;s pour la plupart &eacute;tymologiquement aux pr&eacute;positions), de suffixes (permettant le plus souvent de changer la cat&eacute;gorie grammaticale) ou encore par la composition nominale, particuli&egrave;rement productive en allemand (dont <span style="font-variant:small-caps">Einbildungskraft, Schulbildung, Allgemeinbildung, Wortbildung</span>).</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le suffixe -<span style="font-variant:small-caps">ung</span> lorsqu&rsquo;il n&rsquo;est pas employ&eacute; dans un contexte d&eacute;verbal<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>, ajoute une interpr&eacute;tation processuelle au nom substantif (f&eacute;minin) et d&eacute;signe autant le devenir (<span style="font-variant:small-caps">bilden</span>) que le r&eacute;sultat (<span style="font-variant:small-caps">Bild</span>). En l&rsquo;occurrence, &laquo;&nbsp;la chose en devenir&nbsp;&raquo; est tant&ocirc;t l&rsquo;id&eacute;e ou le savoir, tant&ocirc;t le discours ou la langue, tant&ocirc;t la nation, le peuple. Reste la forme interne, essence historique de toute figure langagi&egrave;re pr&eacute;sente dans tous les items de la famille&nbsp;: l&rsquo;ensemble de ce champ lexical esquisse une vision congruente chez Humdoldt entre l&rsquo;am&eacute;nagement et la description linguistiques.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>Comme dans la d&eacute;rivation du nom <span style="font-variant:small-caps">Vorstellung</span> &agrave; partir du verbe <span style="font-variant:small-caps">vorstellen.</span></span></span></p> </div> </div> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2>2. Le proc&eacute;d&eacute; du langage&nbsp;: Sprache bildet Gedanken</h2> <blockquote> <p>Entretenant, jusque dans l&rsquo;&eacute;criture, le sommeil de la pens&eacute;e dans l&rsquo;attente de l&rsquo;esprit, elle se constitue une existence singuli&egrave;re qui, sans doute, ne prend pas dans chaque cas toute sa valeur que dans la pens&eacute;e en acte, mais qui, dans sa totalit&eacute;, en reste ind&eacute;pendante. [&hellip;] Car nulle part, pas m&ecirc;me dans l&rsquo;&eacute;criture, elle ne pr&eacute;sente de situation stabilis&eacute;e&nbsp;; ce qui en elle parait mort, doit y &ecirc;tre sans cesse reproduit par la pens&eacute;e, r&eacute;anim&eacute; par la parole et la compr&eacute;hension, r&eacute;assum&eacute;, en un mot, par la subjectivit&eacute;. (Humboldt, Kavi [VII: 63] : 202)</p> </blockquote> <h3>2.1 Langage et pens&eacute;e</h3> <p>La pens&eacute;e se constitue dans l&rsquo;acte de la parole.</p> <p>Dans la perspective de Humboldt, la fonction cognitive du langage &mdash; la formation de la pens&eacute;e &mdash; l&rsquo;emporte sur la fonction communicative&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Toute activit&eacute; sup&eacute;rieure de parole est une lutte avec la pens&eacute;e, dans laquelle on &eacute;prouve tant&ocirc;t plut&ocirc;t la force, tant&ocirc;t l&#39;inqui&egrave;te nostalgie. (Humboldt, Nationalcharakter: 157)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">En termes de<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"> <span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung</span></span><span style="font-size:12.0pt">, </span></span></span></span>le langage porte la pens&eacute;e en cr&eacute;ant le sens. Pens&eacute;e et langage sont donc indissolubles. Mais, s&rsquo;il est commun&eacute;ment admis que le langage repr&eacute;sente la pens&eacute;e authentique, concevoir la dynamique inverse est&nbsp;plus original, totalement novateur au d&eacute;but du 18e si&egrave;cle&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Le langage est ainsi le moyen, sinon absolu, du moins sensible, par lequel l&#39;homme donne forme en m&ecirc;me temps &agrave; lui-m&ecirc;me et au monde ou plut&ocirc;t devient conscient de lui-m&ecirc;me en projetant un monde hors de lui. (Humboldt, Briefwechsel Schiller, in Caussat, 1974&nbsp;: 17)</p> </blockquote> <p>Toute activit&eacute; de r&eacute;flexion implique donc aussi le langage. Le processus de synth&egrave;se de la pens&eacute;e est la formation originale, unique et &eacute;ph&eacute;m&egrave;re d&rsquo;une image par le langage. Li&eacute; &agrave; l&rsquo;acte, la langue est ancr&eacute;e dans le sujet&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Seul l&#39;individu ach&egrave;ve la d&eacute;termination de la langue. Nul ne donne au mot exactement la m&ecirc;me valeur qu&#39;autrui ; toute diff&eacute;rence, si faible soit-elle, provoque, comme les cercles que fait une pierre dans l&#39;eau, des remous qui se r&eacute;percutent &agrave; travers toute la surface de la langue. C&#39;est pourquoi toute compr&eacute;hension, est en m&ecirc;me temps une non-compr&eacute;hension, tout convergence entre les pens&eacute;es et les sentiments en m&ecirc;me temps une divergence (13). C&#39;est dans la mani&egrave;re dont la langue est modul&eacute;e au sein de l&#39;individu que se r&eacute;v&egrave;le l&#39;emprise que l&#39;homme exerce sur elle et qui tranche sur la force massive qu&#39;on lui a reconnu plus haut. Celle-ci peut &ecirc;tre qualifi&eacute;e, si l&#39;on se permet d&#39;appliquer une telle expression, au domaine spirituel, de pouvoir physiologique, tandis que l&#39;emprise exerc&eacute;e par l&#39;homme est un pouvoir purement dynamique (14).</p> <p>(note 13) Ainsi se trouve fond&eacute;e l&#39;historicit&eacute; de la langue, ce qui r&eacute;voque d&eacute;finitivement l&#39;hypoth&egrave;se mythologique d&#39;une &quot;archi-langue&quot; et l&#39;hypoth&egrave;se biologique d&#39;une filiation des langues.</p> <p>(note 14) Il n&#39;y a pas de place en tout cas pour l&#39;anatomique. (Humboldt, Kavi [VII:65], 203)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">La r&eacute;flexivit&eacute; dans et par l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re est induite par la pr&eacute;sence d&rsquo;un Autre, saisie entre le subjectif et l&rsquo;objectif. Le caract&egrave;re &eacute;mergent de ce processus de conceptualisation n&rsquo;en est que la cons&eacute;quence&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&rsquo;activit&eacute; subjective forme un objet dans la pens&eacute;e. Car il n&rsquo;est pas une seule esp&egrave;ce de repr&eacute;sentation qui puisse &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme pure contemplation r&eacute;ceptive d&rsquo;un objet d&eacute;j&agrave; donn&eacute;. L&rsquo;activit&eacute; de sens doit se lier synth&eacute;tiquement &agrave; l&rsquo;action int&eacute;rieure de l&rsquo;esprit et de cette liaison s&rsquo;arrache la repr&eacute;sentation. La repr&eacute;sentation devient objet face &agrave; la force subjective et retourne, per&ccedil;ue de nouveau comme objet, dans la force subjective. Pour cela cependant, le langage est indispensable. Car comme en lui l&rsquo;effort mental se fraye un chemin par les l&egrave;vres, le produit de cet effort mental retourne &agrave; l&rsquo;oreille. La repr&eacute;sentation est transform&eacute;e en objectivit&eacute; r&eacute;elle sans pour autant &ecirc;tre soustraite &agrave; la subjectivit&eacute;. Ceci n&rsquo;est possible que gr&acirc;ce au langage&nbsp;; et sans cette transposition incessante qui, op&eacute;r&eacute;e constamment &agrave; l&rsquo;aide du langage m&ecirc;me silencieusement, effectue le passage de la subjectivit&eacute; &agrave; l&rsquo;objectivit&eacute; avec retour au sujet, il est impossible de rendre compte de la formation du concept et, en g&eacute;n&eacute;ral, de toute pens&eacute;e v&eacute;ritable. Ind&eacute;pendamment m&ecirc;me de la communication qui s&rsquo;&eacute;tablit d&rsquo;homme &agrave; homme, la parole est une condition n&eacute;cessaire pour la pens&eacute;e de l&rsquo;individu au niveau de son existence la plus solitaire. (Humboldt, Kavi [VII&nbsp;:55s.], 194)</p> </blockquote> <p>L&agrave; encore, la subordination du langage mental au langage ext&eacute;rieur constitue un changement de paradigme par rapport au canon ant&eacute;rieur. Cette notion d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; constitue un fondement majeur de la philosophie humboldtienne, c&rsquo;est elle qui fonde la relation dynamique entre le sujet et la communaut&eacute; par une cr&eacute;ativit&eacute; permanente.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h3>2.2 Le proc&eacute;d&eacute; de langage comme ph&eacute;nom&egrave;ne</h3> <p>En appui sur la philosophie de Kant, qui consid&egrave;re la synth&egrave;se du sensible (la perception du monde ext&eacute;rieur) et de l&rsquo;intelligible (&laquo;&nbsp;l&rsquo;entendement&nbsp;&raquo;) comme source de la connaissance, Humboldt d&eacute;fend que cette connaissance &eacute;merge dans l&rsquo;activit&eacute; situ&eacute;e, historique, du langage.</p> <p>L&rsquo;activit&eacute; qui t&eacute;moigne du travail de l&rsquo;esprit est la parole&nbsp;: je deviens ce que je fais, je pense ce que je dis. La repr&eacute;sentation est donc ancr&eacute;e dans l&rsquo;exp&eacute;rience. Cette pens&eacute;e vise &agrave; la mise en harmonie de la sensibilit&eacute; et de la clart&eacute; de la pens&eacute;e, pilier du classicisme&nbsp;de Weimar et inspir&eacute; par les &eacute;crits de Condillac (Essai sur l&rsquo;origine des connaissances humaines, 1746&nbsp;; Trait&eacute; des sensations, 1754) sur l&rsquo;imagination&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&#39;imagination n&#39;est gu&egrave;re qu&#39;une m&eacute;moire plus forte qui se re-pr&eacute;sente les objets. L&#39;extension la plus large de l&#39;imagination a lieu quand &agrave; cette re-pr&eacute;sentation des impressions se joint la r&eacute;flexion qui combine les id&eacute;es et quand, par cons&eacute;quent, elle devient une facult&eacute; qui combine les qualit&eacute;s des objets pour en faire des ensembles, dont la nature n&#39;offre point les mod&egrave;les. Par-l&agrave; elle prouve des jouissances qui, &agrave; certains &eacute;gards, l&#39;emportent sur la r&eacute;alit&eacute; m&ecirc;me. II semble que c&#39;est tout ce que les Fran&ccedil;ais savent de l&#39;imagination productive&nbsp;: elle n&#39;est donc pas la cr&eacute;ation du non-r&eacute;el, mais seulement la liaison, par la pens&eacute;e, de ce qui dans la r&eacute;alit&eacute; ne se trouve pas de la m&ecirc;me mani&egrave;re assembl&eacute; simultan&eacute;ment &raquo; (Humboldt, Gesammelte Werke XIV: 504 [citations fran&ccedil;aises dans l&rsquo;original en italiques], in Trabant, 1992 : 23).</p> </blockquote> <p>La pens&eacute;e se manifeste dans le langage, mais le langage n&rsquo;a d&rsquo;existence manifeste que dans le discours, qui est son r&eacute;el observable. M&ecirc;me si on projette l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re de fa&ccedil;on totalisante, absolue, dans une <strong>langue</strong>, la nature (l&rsquo;essence) de la langue est l&rsquo;<strong>activit&eacute; de discours</strong> en instance.</p> <blockquote> <p>Assum&eacute;e dans sa r&eacute;alit&eacute; essentielle, la langue est une <strong>instance continuellement et &agrave; chaque instant en cours de transition anticipatrice</strong> (<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>). L&#39;&eacute;criture elle-m&ecirc;me ne lui assure qu&#39;une conservation incompl&egrave;te et momifi&eacute;e, qui sollicite de toute urgence l&#39;effort n&eacute;cessaire pour retrouver le texte vivant. En elle-m&ecirc;me, la langue est non pas un ouvrage fait [Ergon], mais <strong>une activit&eacute; en train de se faire</strong> [Energeia]. Aussi sa vraie d&eacute;finition ne peut-elle &ecirc;tre que g&eacute;n&eacute;tique. Il faut y voir la r&eacute;it&eacute;ration &eacute;ternellement recommenc&eacute;e du <strong>travail qu&#39;accomplit l&#39;esprit afin de ployer le son articul&eacute; &agrave; l&#39;expression de la pens&eacute;e</strong>. En toute rigueur, une telle d&eacute;finition ne concerne que l&#39;acte singulier de la parole actuellement prof&eacute;r&eacute;e ; mais, au sens fort et plein du terme, <strong>la langue n&#39;est</strong>, tout bien consid&eacute;r&eacute;, <strong>que la projection totalisante de cette parole en acte</strong>. (Humboldt, Kavi [VII : 46], 183)</p> </blockquote> <p>Chaque &eacute;nonciation est une combinaison d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments, qui projette des objets &eacute;ph&eacute;m&egrave;res. La cr&eacute;ativit&eacute; n&rsquo;atteint donc jamais le r&eacute;el mais en construit des repr&eacute;sentations singuli&egrave;res. Plus que de cr&eacute;ations au sens fort, il s&rsquo;agit d&rsquo;interpr&eacute;tations du r&eacute;el. L&rsquo;approche de Humboldt peut donc &ecirc;tre qualifi&eacute;e de ph&eacute;nom&eacute;nologique&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Il faut que d&rsquo;une mani&egrave;re ou d&rsquo;une autre, le mot et la parole cessent d&rsquo;&ecirc;tre une mani&egrave;re de d&eacute;signer l&rsquo;objet ou la pens&eacute;e, pour devenir la pr&eacute;sence de cette pens&eacute;e dans le monde sensible, et, non pas son v&ecirc;tement, mais son embl&egrave;me ou son corps. (Merleau-Ponty, 1945&nbsp;: 212)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung</span></span><span style="font-size:12.0pt">,</span></span></span></span> en terme de proc&eacute;d&eacute; de langage, d&eacute;signe &agrave; ce titre la formation conjointe de figures discursives et mentales.</p> <h2>3. La forme interne&nbsp;: Rede bildet Sprache</h2> <h3>3.1 La langue est &eacute;mergente</h3> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Rappelons que la distinction des concepts de<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"> <span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">langue</span></span> </span></span></span>et de<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"> <span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">langage</span></span> </span></span></span>est un acquis du structuralisme qui succ&egrave;de Humboldt de pr&egrave;s d&rsquo;un si&egrave;cle&nbsp;; les deux termes se confondent en outre dans l&rsquo;allemand<span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-variant:small-caps"> Sprache</span></span></span>, pour lequel le contexte ne parvient pas toujours &agrave; lever l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute;. Si l&rsquo;on veut parler de <em>langue/s</em>, celles-ci ne sont que la projection collective par une communaut&eacute;. Humboldt note (&agrave; son regret&nbsp;?) que l&rsquo;observation des structures des langues se coupe du proc&eacute;d&eacute; de cr&eacute;ation&nbsp;:</p> <blockquote> <p>D&eacute;finir les langues comme travail de l&rsquo;esprit est une expression tout &agrave; fait juste et ad&eacute;quate en ce que la pr&eacute;sence de la pens&eacute;e ne peut &ecirc;tre pens&eacute;e autrement qu&rsquo;en terme d&rsquo;activit&eacute;. <strong>La segmentation de ses structures, indispensable &agrave; leur &eacute;tude</strong>, nous impose m&ecirc;me de les consid&eacute;rer comme proc&eacute;d&eacute;, qui se d&eacute;roule par des moyens et &agrave; des fins particuli&egrave;res, et de les appr&eacute;hender comme <strong>cr&eacute;ations des nations</strong>. (Humboldt, Sprachbau &amp; geistige Entwicklung, chap.8, 41s.)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung</span></span><span style="font-size:12.0pt">, </span></span></span></span>dans cette perspective, d&eacute;crit la relation entre les deux temporalit&eacute;s&nbsp;: le discours &eacute;labore la langue. La notion d&rsquo;&eacute;laboration implique donc un proc&eacute;d&eacute; langagier de formation de figures et un acte discursif, intersubjectif, qui, transpos&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de la nation, repr&eacute;sente un fragment du processus de cr&eacute;ation culturel (le cas &eacute;ch&eacute;ant ent&eacute;rin&eacute; par des actes m&eacute;talinguistiques et m&eacute;talangagiers de r&eacute;ification linguistique).</p> <h3>3.2 La formation des mots</h3> <p>La notion d&rsquo;&eacute;laboration d&eacute;velopp&eacute;e ci-dessus fait &eacute;cho &agrave; la notion de forme interne. D&eacute;velopp&eacute;e en premier par Kant, ce concept vise d&rsquo;abord &agrave; opposer, dans la repr&eacute;sentation des objets de pens&eacute;e, une dimension spatiale (externe) et une dimension temporelle (interne). Dans la lign&eacute;e de Kant, en focalisant la parole, ce n&#39;est pas la forme acoustique du mot qui constitue l&#39;objet d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de Humboldt. En effet, la formation des mots en terme de Bildung n&rsquo;est pas r&eacute;v&eacute;l&eacute;e par la forme phon&eacute;tique, qui n&rsquo;est que &laquo;&nbsp;l&rsquo;expression que la langue procr&eacute;e pour l&rsquo;expression de la pens&eacute;e&nbsp;&raquo; (Humboldt, Kavi [VII:81], 221). C&rsquo;est davantage l&rsquo;effet psychologique produit par son instanciation, en ce que l&rsquo;instanciation re-construit la repr&eacute;sentation d&rsquo;un existant.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Connexion entre le concept abstrait et la figure discursive, la forme <em>interne</em> est une sorte de principe fondateur de la langue, un mod&egrave;le &agrave; la fois abstrait et historiquement fond&eacute; des structures linguistiques du discours social. Chez Humboldt, la notion s&rsquo;applique tant&ocirc;t &agrave; la langue enti&egrave;re, tant&ocirc;t au mot<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a>&nbsp;; plus que le signe, la <em>forme interne</em> d&eacute;signe le processus de s&eacute;miotisation qui consiste &agrave; relayer l&rsquo;instanciation individuelle par une objectivation des unit&eacute;s linguistiques dans le corps social. C&rsquo;est la<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"> <em>forme interne</em><i> </i></span></span></span></span>qui lie le sujet locuteur &agrave; l&rsquo;esprit du peuple/de la <em>nation </em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">(</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Volksgeist</span></span><span style="font-size:12.0pt">) </span></span></span></span>dans lequel il s&rsquo;inscrit. L&rsquo;esprit du peuple est caract&eacute;ris&eacute; en effet par une <em>vision du monde </em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">(</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Weltansicht</span></span><span style="font-size:12.0pt">) </span></span></span></span>qui se r&eacute;alise &agrave; travers et dans la langue. La notion de <em>forme interne</em> contredit donc l&rsquo;&eacute;quation entre les cat&eacute;gories linguistiques (sp&eacute;cifiques) et les cat&eacute;gories logiques (universelles).</p> <h3>3.3 Emergence et &eacute;volution</h3> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">S&rsquo;il est bien souvent permis de traduire Bildung par le terme cr&eacute;ation, celui-ci poss&egrave;de en allemand un autre &eacute;quivalent, <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Zeugung</span></span><span style="font-size:12.0pt">,</span></span></span></span> terme que Humboldt refuse, peut-&ecirc;tre trop &eacute;troitement li&eacute; &agrave; la Gen&egrave;se. La cr&eacute;ation-<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Zeugung</span></span></i><i> </i></span></span></span>serait donc limit&eacute;e &agrave; l&rsquo;apparition initiale du langage&nbsp;; dans cette perspective, le changement linguistique est assimil&eacute; &agrave; une corruption de la perfection initiale. <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung </span></span></span></span></span>d&eacute;signe alors un processus moins absolu, &agrave; la fois plus relatif et plus fluide.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Rien n&rsquo;est dit de la forme qui serait alors associ&eacute;e &agrave; cette perfection initiale, mais par ailleurs Humboldt fait l&rsquo;hypoth&egrave;se que la structure d&rsquo;une langue se d&eacute;veloppe par la mise en relation dans le discours <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">(</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Rede</span></span><span style="font-size:12.0pt">) </span></span></span></span>de mots-concepts. L&rsquo;on retrouve cette id&eacute;e dans les th&eacute;ories modernes de la grammaticisation/grammaticalisation, en particulier la linguistique &eacute;volutionniste de Giv&oacute;n (Giv&oacute;n, Talmy, 2002).</p> <p>Humboldt en d&eacute;duit une &eacute;volution des langues qui proc&egrave;derait par l&rsquo;absence de formes relationnelles (avec des &eacute;nonc&eacute;s fortement sous-d&eacute;termin&eacute;s) par la g&eacute;n&eacute;ralisation des formes-relations aux c&ocirc;t&eacute;s des formes-concepts jusqu&rsquo;&agrave; une int&eacute;gration accentuelle des formes-relations dans des constructions grammaticalement plus contraignantes. Dans la premi&egrave;re phase, l&rsquo;absence de formes relationnelles (&laquo;&nbsp;redeverkn&uuml;pfende Formen&nbsp;&raquo;) est suppl&eacute;&eacute;e par l&rsquo;esprit&nbsp;; la grammaire de ces langues est limit&eacute;e &agrave; des r&egrave;gles d&rsquo;ordonnancement des formes-concepts et l&rsquo;utilisation ad hoc des formes-concepts pour exprimer certaines relations. Lors de la deuxi&egrave;me phase, les proc&eacute;d&eacute;s d&rsquo;ordonnancement sont r&eacute;gularis&eacute;s, les concepts-relations g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;s et perdent progressivement leur capacit&eacute; &agrave; &ecirc;tre utilis&eacute;s comme formes-concepts. La troisi&egrave;me phase consiste &agrave; synth&eacute;tiser les formes associ&eacute;es en une seule, oblit&eacute;r&eacute;e par l&rsquo;int&eacute;gration accentuelle et les formes-relation ne poss&egrave;dent plus la valeur conceptuelle &laquo;&nbsp;g&ecirc;nante&nbsp;&raquo; d&rsquo;avant, leur seule fonction est le marquage relationnel. Cette th&eacute;orie s&rsquo;inspire de la typologie morphologique propos&eacute;e par les fr&egrave;res Schlegel en langues isolantes &ndash; agglutinantes &ndash; flexionnelles, en apportant une dimension hi&eacute;rarchique au classement des langues.</p> <h2>4. Visions du monde et r&eacute;flexivit&eacute;</h2> <h3 class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">4.1 Relativisme linguistique&nbsp;: <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:14.0pt"><span style="font-variant:small-caps"><span style="color:black">Sprachsinn</span></span></span> </span></span></span>et&nbsp;<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:14.0pt"> <span style="font-variant:small-caps"><span style="color:black">Weltansichten</span></span></span></span></span></span></h3> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">La langue donne corps &agrave; la pens&eacute;e de la communaut&eacute;. De fa&ccedil;on stricte, cette id&eacute;e a &eacute;t&eacute; interpr&eacute;t&eacute;e comme d&eacute;terminisme culturel par la langue. L&rsquo;id&eacute;e de l&rsquo;ext&eacute;riorisation de la pens&eacute;e par la langue remonte &agrave; Herder (les langues posent &laquo;&nbsp;des barri&egrave;res et des contours&nbsp;&raquo; &agrave; la pens&eacute;e). De fa&ccedil;on plus souple, elle a &eacute;t&eacute; &agrave; la base du structuralisme am&eacute;ricain et de l&rsquo;hypoth&egrave;se dite Sapir-Whorf (Sapir, 1921&nbsp;; Whorf, 1956), o&ugrave; la relation est tant&ocirc;t invers&eacute;e, en mettant l&rsquo;accent sur la langue m&ecirc;me comme formation culturelle, o&ugrave; en supposant une interaction continuelle entre les deux&nbsp;: &laquo;&nbsp;la langue d&eacute;finit comment nous pensons mais non ce que nous pensons&nbsp;&raquo; (Sapir, 1921&nbsp;: 218), position caract&eacute;ristique de ce que Sapir lui-m&ecirc;me qualifia de <em>relativisme linguistique.</em> Ce relativisme semble en plus &eacute;troite correspondance avec le <em>sens de la langue</em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"> (</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Sprachsinn</span></span><span style="font-size:12.0pt">),</span></span></span></span> orient&eacute; sur la <em>forme interne</em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">, </span></span></span></span>qu&rsquo;avec la <em>vision du monde</em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"> (</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Weltansicht</span></span><span style="font-size:12.0pt">) </span></span></span></span>dans la th&eacute;orie de Humboldt&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Du fait de la d&eacute;pendance r&eacute;ciproque de la pens&eacute;e et du mot, il est clair que les langues ne sont pas &agrave; proprement parler des moyens pour pr&eacute;senter une v&eacute;rit&eacute; d&eacute;j&agrave; connue, mais, au contraire, pour <strong>d&eacute;couvrir une v&eacute;rit&eacute; auparavant inconnue</strong>. Leur diversit&eacute; n&rsquo;est pas due aux sons et aux signes : elle est une diversit&eacute; des visions du monde elles-m&ecirc;mes. (Humboldt, Vergleichendes Sprachstudium &amp; Sprachentwicklung [IV&nbsp;:27], 101)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Humboldt insiste dans ce passage sur le caract&egrave;re singulier de toute langue par les &laquo;&nbsp;v&eacute;rit&eacute;s&nbsp;&raquo; qu&rsquo;elle instancie&nbsp;: si la forme interne est le propre d&rsquo;une langue prise isol&eacute;ment, dans sa sp&eacute;cificit&eacute;, elle rend explicite l&#39;esprit de la nation<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"> (</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Volksgeist&nbsp;; Sprachgeist</span></span><i><span style="font-size:12.0pt">)</span></i><span style="font-size:12.0pt">.</span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Or la langue, pour bien s&#39;approprier aux besoins de la pens&eacute;e, doit, autant que possible, en reproduire l&#39;organisme dans sa propre structure. Autrement, elle, qui doit &ecirc;tre symbole en tout, sera justement un symbole infid&egrave;le et imparfait de ce &agrave; quoi elle se trouve le plus imm&eacute;diatement unie. Tandis que d&#39;une part la masse des mots qu&#39;elle poss&egrave;de donne la mesure de l&#39;&eacute;tendue du monde qu&#39;elle embrasse, de l&#39;autre sa structure grammaticale repr&eacute;sente pour ainsi dire l&#39;id&eacute;e qu&#39;elle se fait de l&#39;organisme de la pens&eacute;e. (Humboldt, Grammatische Formen &amp; Ideenentwicklung [IV:307-8], 48s.)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Le terme &laquo;&nbsp;organisme&nbsp;&raquo; doit &ecirc;tre compris dans le sens de l&rsquo;<em>organe</em> kantien, composante d&rsquo;un corps&nbsp;; Humboldt suppose donc une congruence entre une vision du monde et la langue qui la porte &mdash; le vocabulaire repr&eacute;sentant le monde, les structures la mani&egrave;re de penser. Pour d&eacute;couvrir cet esprit, il faut &laquo;&nbsp;segmenter&nbsp;&raquo; les structures pour les d&eacute;crire (cf. citation ci-dessus en 3.1&nbsp;: <em>Sprachbau &amp; geistige Entwicklung</em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">, </span></span></span></span>chap.8, 41s.), la <em>casser</em> (&laquo;&nbsp;zerschlagen&nbsp;&raquo;) en mots et en r&egrave;gles pour en comprendre la<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"> <em>singularit&eacute;</em><i> </i>(</span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Eigenth&uuml;mlichkeit</span></span><span style="font-size:12.0pt">).</span></span></span></span></p> <p>La d&eacute;marche d&rsquo;analyse doit s&rsquo;effectuer de l&rsquo;int&eacute;rieur, avec les cat&eacute;gories propres d&rsquo;une langue, sa logique propre&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Les privil&egrave;ges et les carences d&rsquo;une langue ne se mesurent pas &agrave; ce qu&rsquo;elle est capable d&rsquo;exprimer mais &agrave; ce qu&rsquo;elle enflamme par sa force interne. Sa mesure est la clart&eacute;, la d&eacute;termination et la vivacit&eacute; des id&eacute;es qu&rsquo;elle &eacute;veille dans la nation &agrave; laquelle elle appartient, par l&rsquo;esprit de laquelle elle a &eacute;t&eacute; form&eacute;e et sur lequel elle agit en retour. [&hellip;] <strong>Une langue doit &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;e par le sens dans lequel elle a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e par la nation</strong>, et non par un autre, &eacute;tranger. (W.v.Humboldt, Grammatische Formen &amp; Ideenentwicklung [IV:289], trad. KP)</p> </blockquote> <p>Quelque peu incoh&eacute;rent par rapport &agrave; ce postulat d&rsquo;une d&eacute;marche &eacute;mique, surprenant pour un si grand penseur &mdash; mais coh&eacute;rent avec sa th&eacute;orie de l&rsquo;&eacute;volution des langues, l&rsquo;id&eacute;e suivante nous rappelle que Humboldt est un homme du d&eacute;but du 19e si&egrave;cle et que lui aussi pense le monde dans les cat&eacute;gories de son temps (de sa nation)&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Que les langues qui poss&egrave;dent des formes grammaticales soient seules parfaitement appropri&eacute;es au d&eacute;veloppement des id&eacute;es, c&#39;est un fait qu&#39;on ne saurait nier. (W.v.Humboldt, Grammatische Formen &amp; Ideenentwicklung [IV:311] in Tonnel&eacute; 1859&nbsp;: 53)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">&mdash; </span></span></span></span>C&rsquo;est &agrave; dire, les langues <em>flexionnelles</em>, dont, bien s&ucirc;r, le grec, le latin et les langues europ&eacute;ennes modernes&nbsp;!</p> <h3 class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">4.2 La vision du monde au pluriel&nbsp;:<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><b> </b><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="font-variant:small-caps"><span style="color:black">Ausbildung</span></span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Dans le <em>Caract&egrave;re national des langues</em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">, </span></span></span></span>Humboldt d&eacute;veloppe comment la pens&eacute;e est &laquo;&nbsp;prise&nbsp;&raquo; dans une langue. Le questionnement et la recherche de compr&eacute;hension d&rsquo;une langue-pens&eacute;e &eacute;trang&egrave;re est cr&eacute;ativit&eacute; en ce qu&rsquo;elle conduit au d&eacute;passement de soi.</p> <p>S&rsquo;int&eacute;resser &agrave; une langue autre que la sienne, c&rsquo;est d&eacute;couvrir de nouvelles v&eacute;rit&eacute;s. Par sa vision diff&eacute;rente, le sujet r&eacute;interpr&egrave;te la langue autre de mani&egrave;re originale&nbsp;:</p> <blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">Si donc celui qui devra &agrave; d&#39;autres langues le degr&eacute; de culture o&ugrave; il est parvenu, en &eacute;tudie ensuite une moins parfaite, et s&#39;en rend ma&icirc;tre, il peut arriver &agrave; produire avec elle des effets &eacute;trangers &agrave; la nature propre de cette langue; de fa&ccedil;on qu&#39;il y fait passer un sens, un esprit tout diff&eacute;rent de celui qu&#39;est habitu&eacute;e &agrave; y mettre la nation qui vit soumise &agrave; son unique influence. D&#39;une part, la langue se trouve entra&icirc;n&eacute;e hors du cercle o&ugrave; sa nature l&#39;enferme et de l&#39;autre, comme toute compr&eacute;hension suppose le concours de l&#39;objet et du sujet, elle re&ccedil;oit dans son sein un &eacute;l&eacute;ment nouveau. Et ainsi l&#39;on voit &agrave; peine ce qu&#39;il serait impossible d&#39;exprimer en elle et par elle. (Humboldt, <i>Grammatische Formen &amp; Ideenentwicklung </i>[IV:287], 15-16)</span></span></span></span></p> </blockquote> <p>L&rsquo;on n&rsquo;apprend pas une langue, mais on apprend &agrave; la cr&eacute;er (ou&nbsp;: on comprend le sens de la langue en la recr&eacute;ant). La d&eacute;marche &eacute;mique pr&eacute;conis&eacute;e pour comprendre une langue autre que la langue maternelle, correspond donc &agrave; un processus dialogique qui conduit &agrave; l&rsquo;enrichissement et du sujet et de la langue&nbsp;:</p> <blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">[&hellip;] en m&ecirc;me temps que s&rsquo;&eacute;largit le sens de la langue, s&rsquo;&eacute;largit aussi le sens de la nation. (W.v.Humboldt, <i>Agamemnon</i>, in Thouard 37)</span></span></span></span></p> </blockquote> <p>C&rsquo;est ainsi au niveau du sujet et du discours que les langues se nourrissent, se d&eacute;veloppent par le contact avec d&rsquo;autres.</p> <p>Si l&rsquo;on conna&icirc;t par ailleurs l&rsquo;interpr&eacute;tation hi&eacute;rarchique des types linguistiques (cf. ci-dessus 4.1 et 3.2), il est int&eacute;ressant de noter &agrave; quelles langues s&rsquo;int&eacute;resse le linguiste Humboldt pour les &eacute;tudier en profondeur&nbsp;: le <strong>basque</strong>, &agrave; port&eacute;e de main, avec une grammaire tr&egrave;s synth&eacute;tique&nbsp;; <strong>les langues am&eacute;rindiennes</strong>, avec des syst&egrave;mes bas&eacute;s sur des cat&eacute;gories et oppositions tr&egrave;s diff&eacute;rentes des grammaires europ&eacute;ennes&nbsp;; <strong>le chinois</strong>, ind&eacute;niablement non flexionnelle mais dot&eacute; d&rsquo;une production culturelle consid&eacute;rable (dont d&rsquo;aucunes affirment que la litt&eacute;rature &mdash; genre-phare du d&eacute;veloppement des id&eacute;es &mdash; est quelque peu sous-d&eacute;termin&eacute;e).</p> <p>Cette diversit&eacute; typologique (loin des langues flexionnelles r&eacute;put&eacute;es plus abouties) r&eacute;v&egrave;le que le programme de Humboldt est un programme anthropologique au sens o&ugrave; on l&rsquo;entendait &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, comme l&rsquo;&eacute;tude historique de l&rsquo;homme, par ses actes et activit&eacute;s, langagi&egrave;res en l&rsquo;occurrence, en vue de la d&eacute;couverte de toute sa diversit&eacute; &laquo;&nbsp;spirituelle&nbsp;&raquo;.</p> <h3>4.3 L&rsquo;activit&eacute; de l&rsquo;&eacute;rudit&nbsp;:<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><b> </b><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="font-variant:small-caps"><span style="color:black">der Gebildete</span></span></span></b></span></span></span></h3> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Dans la perspective de l&rsquo;&eacute;poque, &eacute;tudier les langues, c&rsquo;est &eacute;tudier les discours/textes, en particulier par la traduction. La traduction est une d&eacute;marche de r&eacute;flexivit&eacute; particuli&egrave;rement fertile pour d&eacute;gager la <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">vision du monde<i> </i></span></span></span></span>singuli&egrave;re d&rsquo;une langue, et pour enrichir sa propre<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><em> vision du monde</em>.</span></span></span></span></p> <p>Depuis la traduction de la bible par Luther, la tradition humaniste allemande (et europ&eacute;enne) avait d&eacute;velopp&eacute; une v&eacute;ritable culture de la traduction. Dans le contexte litt&eacute;raire et philosophique&nbsp;&agrave; la fin des Lumi&egrave;res, la traduction est l&rsquo;un des instruments de la constitution de l&rsquo;universalit&eacute;&nbsp;; l&rsquo;approche des Romantiques allemands y place la recherche (m&eacute;taphysique) du &laquo;&nbsp;pur langage&nbsp;&raquo; que chaque langue porte en elle&nbsp;; dans le classicisme de Weimar dont WvH &eacute;tait un acteur central, la traduction &eacute;tait surtout r&eacute;put&eacute;e enrichir la culture. Notons en passant que par le refus de l&rsquo;&eacute;vidence rassurante de la langue maternelle, la d&eacute;marche de traduction met la langue du sujet-traducteur en position inf&eacute;rieure vis-&agrave;-vis de la langue autre, ce qui semble s&rsquo;&eacute;loigner de l&rsquo;id&eacute;al humaniste, mais ce qui est certainement de nature &agrave; ouvrir la pens&eacute;e.</p> <p>Il s&rsquo;agissait en outre de la pratique intellectuelle centrale dans la formation des jeunes (&eacute;lites). Comme tous les savants de l&rsquo;&eacute;poque, Humboldt a &eacute;t&eacute; form&eacute; en philologie classique, dont la pratique consistait principalement &agrave; traduire et &agrave; commenter des textes anciens. Mais son int&eacute;r&ecirc;t pour la traduction sugg&egrave;re aussi qu&rsquo;il conceptualise la linguistique (historique) et la philosophie du langage comme de simples variations d&rsquo;&eacute;chelle. L&rsquo;enrichissement de la comp&eacute;tence individuelle par l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; propre au discours est relay&eacute;, au niveau collectif, par l&rsquo;enrichissement d&rsquo;une pratique artistique (litt&eacute;raire) par une autre. C&rsquo;est ainsi que Humboldt argumente que la traduction doit &laquo;&nbsp;amplifier&nbsp;&raquo; l&rsquo;allemand&nbsp;; l&rsquo;on retrouve ici l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;August Schlegel selon laquelle la polytraduction permet d&rsquo;enrichir la langue allemande, gauche, pour l&rsquo;assouplir.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Parmi les publications de Humboldt, l&rsquo;on trouve ainsi des traductions du grec, <em>Agamemnon,</em> qui date des d&eacute;buts de sa carri&egrave;re. L&rsquo;introduction &agrave; cette traduction souligne deux aspects majeurs de l&rsquo;appropriation d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re telle qu&rsquo;elle se manifeste par l&rsquo;acte de la traduction (po&eacute;tique, dans le cas pr&eacute;sent, ce qui pose bien entendu des contraintes formelles particuli&egrave;res)&nbsp;: la singularit&eacute; de chaque langue, et la cr&eacute;ativit&eacute; propre au langage. L&rsquo;originalit&eacute; de chaque langue le conduit &agrave; souligner l&rsquo;existence d&rsquo;une distance interlinguistique, variable mais toujours existante, qui doit &ecirc;tre surmont&eacute;e lors de la traduction&nbsp;: l&rsquo;interd&eacute;pendance entre mot et concept varie d&rsquo;une langue &agrave; l&rsquo;autre, aussi toute traduction est-elle imparfaite et partiale. Humboldt d&eacute;nonce comme source d&rsquo;erreur majeure dans les traductions un souci abusif de la fid&eacute;lit&eacute;.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">On peut m&ecirc;me affirmer qu&rsquo;une traduction s&#39;&eacute;carte d&#39;autant plus qu&rsquo;elle aspire p&eacute;niblement &agrave; la fid&eacute;lit&eacute;. Car elle cherche alors &agrave; imiter jusqu&rsquo;aux plus fines particularit&eacute;s, &eacute;vite ce qui est simplement g&eacute;n&eacute;ral, et ne peut qu&#39;opposer &agrave; chaque propri&eacute;t&eacute; une propri&eacute;t&eacute; diff&eacute;rente. (W.v.Humboldt, <em>Agamemnon</em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">, </span></span></span></span>in Thouard, 35)</p> <p>D&rsquo;apr&egrave;s Humboldt, une traduction fid&egrave;le n&rsquo;est pas celle qui cherche la correspondance la plus &eacute;troite, mais celle qui restitue ce qu&rsquo;il y a d&rsquo;&eacute;tranger en d&eacute;passant l&rsquo;&eacute;tranget&eacute;. Car la traduction ne peut r&eacute;duire la distance entre les deux langues, mais elle peut soutenir l&rsquo;&eacute;quilibre de la compr&eacute;hension. Humboldt sugg&egrave;re donc une autre d&eacute;marche de traduction plus ad&eacute;quate, celle qui pose l&rsquo;&eacute;quivalence par la permanence des r&eacute;f&eacute;rents, extralinguistiques. Cette d&eacute;marche suppose un double mouvement&nbsp;: d&rsquo;abord s&eacute;masiologique, pour d&eacute;couvrir les signifi&eacute;s d&rsquo;un signifiant, puis onomasiologique pour attribuer un nouveau signifiant au signifi&eacute; instanci&eacute;.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">C&rsquo;est la cr&eacute;ativit&eacute; du langage (ou, la dynamicit&eacute; des langues) qui permet au traducteur de repousser les limites de la langue de traduction, qui est, tout comme la compr&eacute;hension, un travail actif de construction seconde du texte initial, une reconstitution plus qu&rsquo;une restitution du discours. Et c&rsquo;est dans la r&eacute;-cr&eacute;ation du concept par l&rsquo;interm&eacute;diaire de la <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Verschiedenheit </span></span></span></span></span>(divergence, diversit&eacute;) que l&rsquo;acte de traduction a un effet sur les langues. Elle vaut ainsi comme acte politique fort.</p> <h2>5. Bilan&nbsp;: langage et langues dans l&rsquo;&eacute;ducation humaniste</h2> <p>Humboldt propose une saisie qui permet de mettre en coh&eacute;rence langage, langues et discours&nbsp;; si les dichotomies caract&eacute;ristiques de l&rsquo;&eacute;poque fondatrice de la linguistique sont absentes ici, le mod&egrave;le envisage le langage dans sa fluidit&eacute;. Vouloir comprendre l&rsquo;esprit humain par un questionnement sur la variabilit&eacute; et l&rsquo;invariance des langues du monde, rapproche Humboldt de la linguistique actuelle, qui explore, avec de nouveaux outils, certes, la diversit&eacute; des langues du monde pour sonder l&rsquo;unicit&eacute; de l&rsquo;esp&egrave;ce humaine.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Le champ lexical de <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung</span></span> </span></span></span>illustre la coh&eacute;rence de la th&eacute;orie linguistique de Humboldt. La forme interne du mot <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung</span></span><span style="font-size:12.0pt"> &mdash;</span></span></span></span> sa polys&eacute;mie particuli&egrave;re et ses variantes morphologiques &mdash; rendent manifeste le proc&eacute;d&eacute; de r&eacute;-cr&eacute;ation du concept par ces usages, qui v&eacute;hiculent toujours, de fa&ccedil;on plus ou moins cach&eacute;e, une part d&rsquo;histoire de la nation <em>(la forme interne).</em></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">La <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung</span></span> </span></span></span>telle que con&ccedil;ue par Humboldt est l&rsquo;<em>activit&eacute;</em> ontologique de l&rsquo;humain, &agrave; distinguer de la <em>cr&eacute;ation</em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">, </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Zeugung</span></span><span style="font-size:12.0pt">. </span></span></span></span>La <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung</span></span> </span></span></span>humaniste est une activit&eacute; ancr&eacute;e dans l&rsquo;existant, technique qui consiste &agrave; en reconduire les coordonn&eacute;s, mais qui permet aussi son propre d&eacute;passement. C&rsquo;est une activit&eacute;<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">-</span></span></span></span><em>processus </em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><em><span style="font-size:12.0pt">ensuite, </span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Th&auml;tigkeit</span></span><span style="font-size:12.0pt">, </span></span></span></span>bien plus qu&rsquo;un produit, et constitue un concept qui propose une saisie dynamique de l&rsquo;univers de l&rsquo;humain. Cette activit&eacute; constitue enfin un v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;travail&nbsp;&raquo; d&rsquo;ajustement de la pens&eacute;e par le langage (Humboldt, Kavi [VII : 46]).</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">E</span></span></span></span>nfin, le mod&egrave;le du langage de Humboldt nourrit la vision d&rsquo;un projet politique (national) de formation -<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"> <span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Bildung </span></span></span></span></span>au sens d&rsquo;&eacute;ducation - qui donne une place de choix aux langues vivantes et, par l&agrave; m&ecirc;me, aux Belles Lettres. Le fondement de la nouvelle universit&eacute; de Berlin par le ministre WvH n&rsquo;en est que la cons&eacute;quence administrative. En pr&eacute;f&eacute;rant la Bildung individuelle &agrave; la R&eacute;volution (dont il est le contemporain), Humboldt int&eacute;riorise la libert&eacute; individuelle en refusant &agrave; l&#39;individualisme l&rsquo;espace de l&rsquo;expression politique directe - et en laissant l&#39;&Eacute;tat &agrave; lui-m&ecirc;me.</p> <p>Le cas de Wilhelm von Humboldt reste exemplaire pour la plus-value apport&eacute;e &agrave; la politique par un solide ancrage en sciences humaines. Mais apr&egrave;s le processus de Bologna, l&rsquo;on ne peut plus que r&ecirc;ver d&rsquo;une &eacute;rudition telle que la poss&eacute;dait Humboldt&nbsp;; r&ecirc;ver des moyens dont il disposait pour explorer les terrains qui nourrissaient sa pens&eacute;e (sa mobilit&eacute;, en somme)&nbsp;; r&ecirc;ver des &eacute;changes soutenus avec les autres &eacute;rudits de son temps, qui ont fait la richesse de sa pens&eacute;e.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h3 class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="color:black">Bibliographie</span></span></b></span></span></span></h3> <h4 class="Standard" style="text-align:justify; text-indent:-13.6pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">T&nbsp; Textes d&rsquo;&eacute;tude</span></span></b></span></span></span></h4> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">[<b>Agamemnon</b>] Humboldt, Wilhelm von, 1816, <i>Einleitung zu Agamemnon</i>. Version bilingue allemand/fran&ccedil;ais cit&eacute;e&nbsp;: Thouard, Denis, 2000, <i>Sur le caract&egrave;re national des langues et autres &eacute;crits sur le langage</i>, Points essais, 33-47.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">[<b>Grammatische Formen &amp; Ideenentwicklung</b>] Humboldt, Wilhelm von, 1822, <i>&Uuml;ber das Entstehen der grammatischen Formen und ihren Einfluss auf die Ideenentwicklung</i>. Reproduit in:&nbsp; A.Flitner &amp; K.Giel (eds.), <i>Wilhelm von Humboldt, Werke in f&uuml;nf B&auml;nden. </i></span><i><span style="font-size:12.0pt">III. Schriften zur Sprachphilosophie&nbsp; (chap.3)</span></i><span style="font-size:12.0pt">. Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft. </span><span style="font-size:12.0pt">Version fran&ccedil;aise cit&eacute;e&nbsp;: </span><i><span style="font-size:12.0pt">De l&#39;origine des formes grammaticales et de leur influence sur le d&eacute;veloppement des id&eacute;es</span></i><span style="font-size:12.0pt">, suivi de Lettre &agrave; M.Abel Remusat (Traduction d&#39;Alfred Tonnel&eacute;, 1859) Bordeaux : Ducros.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">[<b>Kavi</b>] </span><span style="font-size:12.0pt">Humboldt</span><span style="font-size:12.0pt">, Wilhelm von, 1836-1839, &Uuml;ber die Kawi-Sprache auf der Insel Java / &Uuml;ber die Verschiedenheit des menschlichen Sprachbaues und ihren Einfluss auf die geistige Entwicklung des Menschengeschlechts. </span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">Reproduit in&nbsp;: A.Flitner &amp; K.Giel (eds.), <i>Wilhelm von Humboldt, Werke in f&uuml;nf B&auml;nden. </i></span><i><span style="font-size:12.0pt">III. Schriften zur Sprachphilosophie (chap.8)</span></i><span style="font-size:12.0pt">. Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft. Version fran&ccedil;aise cit&eacute;e&nbsp;: Caussat, Pierre (ed.), 1974, <i>Introduction &agrave; l&#39;&oelig;uvre sur le kavi et autres essais</i>. Paris, &Eacute;ditions du Seuil.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">[<b>Nationalcharakter</b>] </span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">Humboldt</span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">, Wilhelm von, 1823/1824, <i>&Uuml;ber den Nationalcharakter der Sprachen</i>. Reproduit in:&nbsp; A.Flitner &amp; K.Giel (eds.), <i>Wilhelm von Humboldt, Werke in f&uuml;nf B&auml;nden. </i></span><i><span style="font-size:12.0pt">III. Schriften zur Sprachphilosophie (chap.4)</span></i><span style="font-size:12.0pt">. Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft. </span><span style="font-size:12.0pt">Version bilingue allemand/fran&ccedil;ais cit&eacute;e&nbsp;:</span><span style="font-size:12.0pt"> Thouard, Denis, 2000, Sur le caract&egrave;re national des langues (et autres &eacute;crits sur le langage), pr&eacute;sent&eacute;s, traduits et comment&eacute;s par D.Thouard, Paris : Editions du Seuil (points / essais).</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt">[<b>Sprachbau &amp; geistige Entwicklung</b></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">]</span></span> <span style="font-size:12.0pt">Humboldt</span><span style="font-size:12.0pt">, Willhelm von, 1827-1829, </span><i><span style="font-size:12.0pt">&Uuml;ber die Verschiedenheit des menschlichen Sprachbaues. </span></i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">Reproduit in:&nbsp; A.Flitner &amp; K.Giel (eds.), <i>Wilhelm von Humboldt, Werke in f&uuml;nf B&auml;nden. III. Schriften zur Sprachphilosophie (chap.7)</i>. Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">&nbsp;[</span><b><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">Vergleichendes Sprachstudium &amp; Sprachentwicklung</span></b><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">] Humboldt, Wilhelm von, 1820, <i>&Uuml;ber das vergleichende Sprachstudium in Beziehung auf die verschiedenen Epochen der Sprachentwicklung</i>. Reproduit in:&nbsp; A.Flitner &amp; K.Giel (eds.), <i>Wilhelm von Humboldt, Werke in f&uuml;nf B&auml;nden. </i></span><i><span style="font-size:12.0pt">III. Schriften zur Sprachphilosophie (chap.1)</span></i><span style="font-size:12.0pt">. Darmstadt : Wissenschaftliche Buchgesellschaft. Version bilingue allemand/fran&ccedil;ais cit&eacute;e&nbsp;: </span><span style="font-size:12.0pt">Thouard, Denis (ed.), 2000, <i>Sur le caract&egrave;re national des langues et autres &eacute;crits sur le langage</i>, Paris&nbsp;: Ed.Points essais, 64-111.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt">[<b>Briefwechsel Schiller</b>] Humboldt, Willhelm von &amp; Friedrich SCHILLER, 1962, <i>Der Briefwechsel zwischen Friedrich Schiller und Wilhelm von Humboldt</i>. </span><span style="font-size:12.0pt">Berlin : Aufbau Verlag, 2 tomes.</span></span></span></span></p> <h4 class="Standard" style="text-align:justify; text-indent:-13.6pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">R R&eacute;f&eacute;rences</span></span></b></span></span></span></h4> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Berman, Antoine, </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">L&#39;&eacute;preuve de l&#39;&eacute;tranger : culture et traduction dans l&#39;Allemagne romantique</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">, <span style="color:black">Paris, Gallimard, 1984.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Bossong, Georg, &ldquo;&Uuml;ber die zweifache Unendlichkeit der Sprache. Descartes, Humboldt, Chomsky und das Problem der sprachlichen Kreativit&auml;t&rdquo;, Zeitschrift f&uuml;r romanische Philologie 95, 1-20, 1979.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Caussat, Pierre (ed.), </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Introduction &agrave; l&#39;&oelig;uvre sur le kavi et autres essais, </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1974.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Chabrolle-Cerretini, </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">La vision du monde de Wilhelm von Humboldt. Histoire d&#39;un concept linguistique</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">, Paris&nbsp;: </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">ENS-Editions, 2007.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Coseriu, Eugenio, &laquo;&nbsp;</span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Humboldt und die moderne Sprachwissenschaft&nbsp;&raquo;, in&nbsp;: </span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Albrecht, J&ouml;rn (ed.), <i>Energeia und Ergon, Band 1: Schriften von Eugenio Coseriu (1965-1987)</i>, 3-11, 1988 [</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">1979].</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Givon, Talmy, <i>Bio-Linguistics; the Santa Barbara Lectures</i>. Amsterdam and Philadelphia: Benjamins, 2002.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Grimm, Jakob &amp; Grimm, Wilhelm, <i>Deutsches W&ouml;rterbuch</i> (URL&nbsp;: http://dwb.uni-trier.de/de/ , consult&eacute; le 3/1/18).</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Ducrot, Oswald, &laquo;&nbsp;Humboldt et l&rsquo;arbitraire linguistique&nbsp;&raquo;, <i>Logique, structure, &eacute;nonciation&nbsp;: lectures sur le langage</i>, Paris, Minuit, 1989.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Dumont, Louis, &laquo; Wilhelm von Humboldt ou la Bildung v&eacute;cue &raquo;, <i>Homo aequalis II : L&rsquo;id&eacute;ologie allemande. France-Allemagne et retour</i>, Paris, Gallimard, 1989, p. 108-184. </span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Fitch, Brian T., </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Le langage de la pens&eacute;e et l&#39;&eacute;criture, </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Montr&eacute;al, XYZ &eacute;diteur, 2003.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Herder, Johann Gottfried, Abhandlung über den Ursprung der Sprache. Stuttgart, Reclam, 1966 [1772].</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Humboldt</span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">, Wilhelm von, &laquo;&nbsp;&AElig;schylos Agamemnon metrisch &uuml;bersetzt&nbsp;&raquo;, in <i>Gesammelte Schriften</i> VIII, &nbsp;1816, p.117-230.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Humboldt, Wilhelm von, </span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Gesammelte Schriften, </span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">&eacute;dit&eacute; par Albert Leitzmann, Berlin : Behr (17 volumes), 1903-1936.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Humboldt, Wilhelm von, </span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Werke in f&uuml;nf B&auml;nden. III. Schriften zur Sprachphilosophie, </span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">&eacute;dit&eacute; par A.Flitner &amp; K.Giel, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1963.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Leroux, Jean, &laquo;&nbsp;Langage et pens&eacute;e chez W. von Humboldt&nbsp;&raquo;, Soci&eacute;t&eacute; de philosophie du Qu&eacute;bec, Philosophiques 33/2, 2006, p. 379-390.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Kokochkina, Elena, &laquo;&nbsp;De Humboldt &agrave; Potebnja: &eacute;volution de la notion d&rsquo;&lsquo;innere Sprachform&rsquo; dans la linguistique russe&raquo;,&nbsp;Gen&egrave;ve<i>, Cahiers Ferdinand de Saussure</i> 53, 2000, p. 101-122.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Merleau-Ponty, Maurice, &laquo;&nbsp;Le corps comme expression et le langage&nbsp;&raquo;, <i>Ph&eacute;nom&eacute;nologie de la perception</i>, Paris, Gallimard, 1945.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Meschonnic, Henri (dir.), </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">La pens&eacute;e dans la langue. Humboldt et apr&egrave;s, </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Vincennes, PUV, 1995.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Nicola&iuml;, Robert, &laquo;&nbsp;Du contact entre les langues au clivage dans la langue. Vers une anthropologie renouvel&eacute;e&nbsp;&raquo;, <i>Journal of Langage Contact 5</i>.2, 2012, p.279-317.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Philonenko, Alexis, </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Humboldt &agrave; l&#39;aube de la linguistique, </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Paris, Les Belles Lettres, 2006.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Sapir, Edward, <i>Language</i>, 1921.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Seriot, Patrick, </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Humboldt en Russie, </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Lausanne, PUL, 2012.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Thouard, Denis, <i>Sur le caract&egrave;re national des langues et autres &eacute;crits sur le langage, </i>Ed. du Seuil (Points essais), 2000.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Trabant, J&uuml;rgen, </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Humboldt ou le sens du langage, </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Paris : Mardaga (coll. Philosophie et langage), 1992.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">Trabant, J&uuml;rgen, </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Traditions de Humboldt, </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="color:black">[1990 pour la version allemande] Paris : Editions de la MSH, 1999.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white">Whorf, Benjamin Lee, <i>Language, Thought, and Reality, </i>New York, MIT Press / Wiley, 1956.</span></span></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>Pour la fluidit&eacute; de la r&eacute;daction, j&rsquo;&eacute;voquerai Wilhelm von Humboldt dans la suite de mon expos&eacute; par le seul patronyme. La r&eacute;f&eacute;rence &agrave; son fr&egrave;re Alexander sera explicit&eacute;e.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>Le code graphique adopt&eacute; dans mon expos&eacute; distingue&nbsp;: 1) par des petites majuscules, les concepts qui me paraissent significatifs chez Humboldt tels qu&rsquo;ils ont &eacute;t&eacute; rencontr&eacute;s dans leur version allemande&nbsp;; 2) par des caract&egrave;res italiques, l&rsquo;essence notionnelle en langue fran&ccedil;aise correspondant &agrave; un concept donn&eacute;&nbsp;; 3) entre guillemets, les citations extraites au textes de Humboldt et int&eacute;gr&eacute;es, en allemand ou dans leur traduction fran&ccedil;aise, lorsqu&rsquo;elles sont int&eacute;gr&eacute;es dans le fil de mon propos&nbsp;; 4) sauf indication contraire, les mise en exergue en caract&egrave;re gras dans les citations en paragraphe d&eacute;tach&eacute; sont de mon initiative.</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>Comme dans la d&eacute;rivation du nom <span style="font-variant:small-caps">Vorstellung</span> &agrave; partir du verbe <span style="font-variant:small-caps">vorstellen.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>La note figurant &agrave; cet endroit de l&rsquo;original n&rsquo;est pas reproduite ici.</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>Steinthal (1850), disciple de Humboldt, d&eacute;veloppe le concept en l&rsquo;appliquant au seul mot&nbsp;; il d&eacute;crit plus pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;&eacute;mergence du mot ou du ph&eacute;nom&egrave;ne grammatical isol&eacute; en trois &eacute;tapes&nbsp;: l&rsquo;&eacute;tape <i>pathognomique</i>, o&ugrave; l&rsquo;emporte l&rsquo;expression des sentiments&nbsp;; l&rsquo;&eacute;tape <i>caract&eacute;risante</i>, o&ugrave; la forme interne est rapport&eacute;e &agrave; un etymon encore transparent&nbsp;; l&rsquo;&eacute;tape de transformation, o&ugrave; la forme interne&nbsp;est devenue insaisissable par le fait d&#39;un lien direct entre son et signification. En corollaire, les marques historiques s&rsquo;obscurcissent au fur et &agrave; mesure pour pr&eacute;server &agrave; la langue son efficacit&eacute;.</span></span></p> </div> </div>