<p style="text-align: right;">&nbsp;&quot;Or, comment produit-on la langue ? On ne reproduit rien&quot;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Benveniste, 1972&nbsp;: 19.</span></span></span></p> </div> </div> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">Emile Benveniste (1902-1976) est un linguiste, sp&eacute;cialis&eacute; dans l&rsquo;&eacute;tude des langues et cultures indo-europ&eacute;ennes anciennes (particuli&egrave;rement indo-iraniennes), mais aussi &eacute;crivain d&rsquo;une linguistique g&eacute;n&eacute;rale. Pour lui, &laquo;&nbsp;c&rsquo;est des langues que s&rsquo;occupe le linguiste, et la linguistique est d&#39;abord la th&eacute;orie des langues&nbsp;&raquo; (Benveniste, 1966&nbsp;: 19), <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">mais ce travail exploratoire et descriptif des langues particuli&egrave;res conduit en m&ecirc;me temps &agrave; une r&eacute;flexion g&eacute;n&eacute;ralisante sur le langage. Il peut para&icirc;tre &eacute;vident que la linguistique est d&rsquo;abord l&rsquo;&eacute;tude des langues, mais ce rappel permet de donner sa place &agrave; la th&eacute;orie du langage, qui n&rsquo;a pas de l&eacute;gitimit&eacute; &agrave; s&rsquo;&eacute;noncer seule, ni &agrave; pr&eacute;c&eacute;der l&rsquo;&eacute;tude des langues. Pour Benveniste, on pourrait dire que les langues sont avant tout des <i>sujets</i>. Certaines linguistiques, d&egrave;s les ann&eacute;es 1940, ont tent&eacute; d&rsquo;approcher les langues soit en les traitant d&rsquo;un point de vue purement psychologique, comportemental (behaviorisme), soit en les formalisant de plus en plus (distributionalisme, linguistique g&eacute;n&eacute;rative) pour en &eacute;tablir la structure, laissant de c&ocirc;t&eacute; un aspect essentiel&nbsp;: la <i>signification</i>. &laquo;&nbsp;Bien avant de servir &agrave; communiquer, le langage sert &agrave; <i>vivre </i>&raquo; (Benveniste, 1972&nbsp;:&nbsp;217), </span></span></span></span></span>&eacute;crit Benveniste, critiquant la r&eacute;duction du langage en un instrument, et d&eacute;finissant tout autrement un vivre-langage.<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Le langage sert &agrave; vivre parce qu&rsquo;il est, pour lui, l&rsquo;<i>interpr&eacute;tant </i>de la soci&eacute;t&eacute;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;: les sujets n&rsquo;ont pas un rapport imm&eacute;diat au r&eacute;el, mais un rapport m&eacute;diat, construit par le biais des langues&nbsp;; c&rsquo;est pourquoi la langue produit et interpr&egrave;te la soci&eacute;t&eacute;. Dans une note manuscrite, il &eacute;crit&nbsp;encore : &laquo;&nbsp;<i>Vivre le langage</i>&nbsp;/ Tout est l&agrave;&nbsp;: </span></span></span></span></span>dans le langage assum&eacute; et v&eacute;cu comme exp&eacute;rience humaine, rien n&#39;a plus le m&ecirc;me sens que dans la langue prise comme syst&egrave;me formel et d&eacute;crite d<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">u dehors<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Dans ses diff&eacute;rents textes, Benveniste m&egrave;ne ainsi un travail qu&rsquo;on pourrait qualifier d&rsquo;ethno-linguistique &ndash; il emploie lui-m&ecirc;me la notion de <i>culturologie</i> &ndash; en explorant dans leur vocabulaire ou leur grammaire les <i>institutions</i> qui organisent la vie des soci&eacute;t&eacute;s. Il m&egrave;ne ce travail particuli&egrave;rement &agrave; propos des soci&eacute;t&eacute;s indo-europ&eacute;ennes, mais il s&rsquo;int&eacute;resse encore aux soci&eacute;t&eacute;s de la c&ocirc;te nord-ouest am&eacute;ricaine, menant des enqu&ecirc;tes linguistiques en 1952 et 1953 en Alaska et au Canada. En 1967, </span></span></span></span></span>Benveniste engage une recherche (rest&eacute;e manuscrite) <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">concernant ce qu&rsquo;il appelle &laquo;&nbsp;la langue de Baudelaire&nbsp;&raquo;, cherchant &agrave; &laquo;&nbsp;atteindre la structure profonde de son univers po&eacute;tique&nbsp;&raquo;, &agrave; caract&eacute;riser cette langue, et en m&ecirc;me temps &agrave; distinguer la nature du &laquo;&nbsp;langage po&eacute;tique&nbsp;&raquo; par rapport au &laquo;&nbsp;langage ordinaire&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si &laquo;&nbsp;bien avant de servir &agrave; communiquer, le langage sert &agrave; <i>vivre&nbsp;</i>&raquo;, c&rsquo;est aussi, et d&rsquo;abord, parce qu&rsquo;il permet au <i>sujet</i> de se constituer lui-m&ecirc;me en tant que <i>je</i> &ndash; &laquo;&nbsp;c&rsquo;est dans et par le langage que l&rsquo;homme se constitue comme <i>sujet</i> &raquo; (Benveniste, 1966&nbsp;: 259) &ndash;&nbsp;, cette constitution de soi impliquant&nbsp; n&eacute;cessairement une relation de <i>dialogue</i> (pas de<i> je</i> sans <i>tu</i>). Dans un article critique de 1952 &laquo;&nbsp;Communication animale et langage humain&nbsp;&raquo;, Benveniste s&rsquo;appuie sur les observations du zoologue allemand Karl von Frisch sur le comportement des abeilles pour &eacute;tablir, par contraste, la propri&eacute;t&eacute; du langage humain. Les observations de K. von Frisch mettent en effet en lumi&egrave;re un mode de communication cod&eacute;e (<i>wagging-dance</i>) entre les abeilles pour permettre l&rsquo;indication entre elles de sources de nourriture (position par rapport au soleil, distance). Mais pour Benveniste, il est important de bien faire la diff&eacute;rence entre ce qui rel&egrave;ve de la <i>communication</i> et ce qui rel&egrave;ve proprement du <i>langage</i>. Dans le cas des abeilles, un message entra&icirc;ne un certain comportement (l&rsquo;abeille se dirige vers la source de nourriture indiqu&eacute;e par sa cong&eacute;n&egrave;re), ce comportement ne constituant pas une <i>r&eacute;ponse</i>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le message des abeilles n&rsquo;appelle aucune r&eacute;ponse de l&rsquo;entourage, sinon une certaine conduite, qui n&rsquo;est pas une r&eacute;ponse. Cela signifie que les abeilles ne connaissent pas le dialogue, qui est la condition du langage humain. Nous parlons &agrave; d&rsquo;autres qui parlent, telle est la r&eacute;alit&eacute; humaine&nbsp;&raquo; (Benveniste 1966&nbsp;: 60). D&rsquo;autre part le &laquo;&nbsp;message&nbsp;&raquo; produit par les abeilles n&rsquo;est pas d&eacute;composable en &eacute;l&eacute;ments signifiants (tels que le sont les morph&egrave;mes dans les langues) eux-m&ecirc;mes r&eacute;-agen&ccedil;ables, et d&eacute;composables en &eacute;l&eacute;ments distinctifs (les phon&egrave;mes). En m&ecirc;me temps, ce n&rsquo;est pas seulement la capacit&eacute; &agrave; r&eacute;-organiser des &eacute;l&eacute;ments signifiants de mani&egrave;re diff&eacute;rente dans de nouveaux &eacute;nonc&eacute;s qui fait la possibilit&eacute; de cr&eacute;ativit&eacute; dans le langage. La grammaire g&eacute;n&eacute;rative d&eacute;velopp&eacute;e par Noam Chomsky soutient une telle position. Pour Benveniste, au-del&agrave; de cette possibilit&eacute; de produire des &eacute;nonc&eacute;s nouveaux en respectant n&eacute;anmoins les r&egrave;gles de structure d&rsquo;une langue donn&eacute;e, la nouveaut&eacute; ne consiste pas dans l&rsquo;<i>&eacute;nonc&eacute;</i> mais dans l&rsquo;<i>&eacute;nonciation</i>&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Or, comment produit-on la langue ? On ne reproduit rien. On a apparemment un certain nombre de mod&egrave;les. Or tout homme invente sa langue et l&rsquo;invente toute sa vie. Et tous les hommes inventent leur propre langue sur l&rsquo;instant et chacun d&rsquo;une fa&ccedil;on distinctive, et chaque fois d&rsquo;une fa&ccedil;on nouvelle. Dire bonjour tous les jours de sa vie &agrave; quelqu&rsquo;un, c&rsquo;est chaque fois une r&eacute;invention. (Benveniste, 1972&nbsp;: 19)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Alors que la grammaire g&eacute;n&eacute;rative situe l&rsquo;invention dans les infinies variations et agencements possibles dans un <i>&eacute;nonc&eacute;</i>, Benveniste en fait une qualit&eacute; constitutive de toute <i>&eacute;nonciation</i>. Le choix de &laquo;&nbsp;bonjour&nbsp;&raquo; comme exemple d&rsquo;invention n&rsquo;est pas innocent. Il s&rsquo;agit en premier d&rsquo;un mot-phrase, amen&eacute; &agrave; &ecirc;tre r&eacute;p&eacute;t&eacute; tous les jours plusieurs fois par jour&nbsp;(du point de vue de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; il s&rsquo;agit donc d&rsquo;une m&ecirc;me forme, mais du point de vue de l&rsquo;&eacute;nonciation c&rsquo;est une phrase nouvelle, ce qui permet de faire la diff&eacute;rence entre la r&eacute;p&eacute;tition d&rsquo;une m&ecirc;me forme et l&rsquo;historicit&eacute; d&rsquo;un <i>discours</i>) ; d&rsquo;autre part, elle appartient au registre de la langue ordinaire (l&rsquo;invention est un ordinaire du langage et n&rsquo;appartient pas en propre au registre du langage po&eacute;tique)&nbsp;; enfin, elle ne d&eacute;signe rien, ne communique pas d&rsquo;information, elle constitue un acte d&rsquo;interlocution.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un concept-cl&eacute; de la th&eacute;orie du langage de Benveniste est celui de <i>subjectivit&eacute;</i>. Cette subjectivit&eacute; ne s&rsquo;oppose pas &agrave; une objectivit&eacute;, elle n&rsquo;est pas l&rsquo;expression d&rsquo;une vision ou d&rsquo;un sentiment personnels (partiaux) par rapport &agrave; un fait r&eacute;el, objectif. Benveniste la d&eacute;finit comme &laquo;&nbsp;la capacit&eacute; du locuteur &agrave; se poser comme &ldquo;sujet&rdquo;&nbsp;&raquo; (Benveniste 1966&nbsp;: 259), et ajoute &laquo;&nbsp;est &ldquo;ego&rdquo; qui <i>dit</i> &ldquo;ego&rdquo;&raquo; (260). Il s&rsquo;agit donc non d&rsquo;un sujet psychologique, mais d&rsquo;un sujet constitu&eacute; dans l&rsquo;exercice de la langue. Cet exercice de la subjectivit&eacute; est mis en &eacute;vidence par le fonctionnement du syst&egrave;me des personnes intersubjectives <i>je</i>-<i>tu</i>. <i>Je</i> et <i>tu</i> ne sont en effet pas des pronoms, au m&ecirc;me titre que <i>il</i>, mais plut&ocirc;t des personnes. Benveniste souligne en effet la particularit&eacute; de ces formes&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Ces pronoms sont l&agrave;, consign&eacute;s en enseign&eacute;s dans les grammaires, offerts comme les autres signes et &eacute;galement disponibles. Que l&rsquo;un des hommes les prononce, il les assume, et le pronom je, d&rsquo;&eacute;l&eacute;ment d&rsquo;un paradigme, est transmu&eacute; en une d&eacute;signation unique et produit, chaque fois, une personne nouvelle. (Benveniste, 1972&nbsp;: 68)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De nouveau, on aper&ccedil;oit que des points de vue diff&eacute;rents sur la langue peuvent amener &agrave; des analyses tr&egrave;s diff&eacute;rentes d&rsquo;une m&ecirc;me &laquo;&nbsp;forme&nbsp;&raquo;&nbsp;: une analyse structurale pourra, dans une s&eacute;quence,<i> </i>isoler <i>je</i> comme le pronom de la premi&egrave;re personne&nbsp;; une analyse du discours y verra une forme unique, indice d&rsquo;un acte de langage &ndash; &laquo;&nbsp;A quoi donc <i>je</i> se r&eacute;f&egrave;re-t-il&nbsp;? A quelque chose de tr&egrave;s singulier, qui est exclusivement linguistique&nbsp;: <i>je</i> se r&eacute;f&egrave;re &agrave; l&rsquo;acte de discours individuel o&ugrave; il est prononc&eacute;, et il en d&eacute;signe le locuteur&nbsp;&raquo; (Benveniste, 1966&nbsp;: 259). Comme on l&rsquo;a dit plus t&ocirc;t, les sujets n&rsquo;ont pas un rapport imm&eacute;diat au r&eacute;el, mais un rapport m&eacute;diatis&eacute;, produit, par les langues. Ferdinand de Saussure, avant Benveniste, posait que &laquo;&nbsp;le point de vue cr&eacute;e l&rsquo;objet &raquo; (Saussure, 1972&nbsp;: 23), ce qui avait surtout une port&eacute;e critique par rapport &agrave; l&rsquo;absence de distance et de th&eacute;orie du point de vue chez les &laquo;&nbsp;linguistes&nbsp;&raquo; de son &eacute;poque. Chez Benveniste, le langage n&rsquo;est pas un miroir du r&eacute;el, mais &agrave; chaque fois une r&eacute;-invention, &laquo;&nbsp;le langage <i>re-produit</i> la r&eacute;alit&eacute;. [&hellip;] la r&eacute;alit&eacute; est produite &agrave; nouveau par le truchement du langage &raquo; (Benveniste 1966&nbsp;: 25). Et ainsi, &agrave; propos du r&eacute;cit, qui est proprement amen&eacute; &agrave; &ecirc;tre r&eacute;p&eacute;t&eacute; par la lecture ou l&rsquo;oraison, il propose de penser que ce n&rsquo;est pas une r&eacute;p&eacute;tition mais &agrave; chaque fois une re-cr&eacute;ation : &laquo;&nbsp;le r&eacute;cit, suite de petits bruits vocaux qui s&rsquo;&eacute;vanouissent sit&ocirc;t &eacute;mis, sit&ocirc;t per&ccedil;us, mais toute l&rsquo;&acirc;me s&rsquo;en exalte, et les g&eacute;n&eacute;rations les r&eacute;p&egrave;tent, et chaque fois que la parole d&eacute;ploie l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement, chaque fois le monde recommence &raquo; (Benveniste, 1966&nbsp;: 29). C&rsquo;est ce qu&rsquo;Henri Meschonnic et G&eacute;rard Dessons appellent dans <i>Le trait&eacute; du rythme</i>, l&rsquo;<i>historicit&eacute;</i><a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;; on parlera de l&rsquo;historicit&eacute; d&rsquo;un texte pour montrer sa capacit&eacute; &agrave; &ecirc;tre pr&eacute;sent &agrave; des pr&eacute;sents nouveaux et &agrave; s&rsquo;extraire de ses conditions historiques. En ce sens, chaque lecture sera une lecture/&eacute;nonciation/subjectivation nouvelle. Cette possibilit&eacute; d&rsquo;historicit&eacute; qui fait que nous continuons &agrave; lire des textes, que nous continuons &agrave; en donner des interpr&eacute;tations nouvelles, est la cons&eacute;quence d&rsquo;une sp&eacute;cificit&eacute; du langage, que Benveniste appelle <i>facult&eacute; m&eacute;talinguistique</i>. Il explique ainsi&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Le privil&egrave;ge de la langue est de comporter &agrave; la fois la signifiance des signes et la signifiance de l&rsquo;&eacute;nonciation. De l&agrave; provient son pouvoir majeur, celui de cr&eacute;er un deuxi&egrave;me niveau d&rsquo;&eacute;nonciation o&ugrave; il est possible de tenir des propos signifiants sur la signifiance. C&rsquo;est dans cette facult&eacute; m&eacute;talinguistique que nous trouvons l&rsquo;origine de la relation d&rsquo;interpr&eacute;tance par laquelle la langue englobe les autres syst&egrave;mes. (Benveniste, 1972&nbsp;: 65)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette facult&eacute; m&eacute;talinguistique est une facult&eacute; de r&eacute;-interpr&eacute;tation, elle se manifeste de mani&egrave;re constante dans la vie sociale par la transformation des diff&eacute;rentes <i>institutions</i>, la r&eacute;-invention des <i>valeurs</i> et du point de vue qui fonde la valeur. Benveniste a donn&eacute; un entretien au journal <i>Le Nouvel Observateur</i> en 1968 qui porte le titre &laquo;&nbsp;Ce langage qui fait l&rsquo;histoire&nbsp;&raquo;, titre qui synth&eacute;tise ce propos&nbsp;: &laquo;&nbsp;ce n&rsquo;est pas l&rsquo;histoire qui fait vivre le langage, c&rsquo;est plut&ocirc;t l&rsquo;inverse. C&rsquo;est le langage qui, par sa n&eacute;cessit&eacute;, sa permanence, constitue l&rsquo;histoire&nbsp;&raquo; (Benveniste 1972&nbsp;: 32). N&eacute;anmoins, dans cette th&eacute;orie du langage comme interpr&eacute;tant de la soci&eacute;t&eacute;, l&rsquo;art en g&eacute;n&eacute;ral et le langage po&eacute;tique en particulier, occupent une place &agrave; part. </span></span></span></span></span>Le principe d&rsquo;une convention, qui est essentiel pour les institutions sociales et donc pour la langue elle-m&ecirc;me, n&rsquo;a selon lui plus cours avec l&rsquo;art, l&rsquo;artiste inventant des valeurs qui lui sont propres, et qui sont &agrave; d&eacute;couvrir &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une &oelig;u<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">vre particuli&egrave;re<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></span></span></span></a> &ndash; &laquo;&nbsp;&ldquo;Les parfums, les couleurs et les sons se r&eacute;pondent&rdquo;.&nbsp; Ces &ldquo;correspondances&rdquo; ne sont qu&rsquo;&agrave; Baudelaire, elles organisent son univers po&eacute;tique et l&rsquo;imagerie qui le refl&egrave;te&nbsp;&raquo; (Benveniste, 1972&nbsp;: 61). Dans des notes manuscrites qu&rsquo;il a r&eacute;dig&eacute;es en 1967 sur &laquo;&nbsp;la langue de Baudelaire&nbsp;&raquo;, il soutient cette m&ecirc;me conception de l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;art comme &laquo;&nbsp;monde clos&nbsp;&raquo; (Benveniste, 1972&nbsp;: 59), parlant par exemple de &laquo;&nbsp;cosmos nouveau et sp&eacute;cifique&nbsp;&raquo; (Benveniste,<i> </i>2011 : 130-131), mais voit dans la langue du po&egrave;te la production d&rsquo;un <i>univers second</i>, d&rsquo;un <i>ultra-monde</i>, d&rsquo;un <i>contre-monde</i>, ou encore d&rsquo;une <i>s&eacute;miologie nouvelle</i> (voir Laplantine, 2011)<i>&nbsp;</i>:</span></span></span></span></span></p> <blockquote> <p><le po=""> <s>On</s> recr&eacute;e donc une s&eacute;miologie nouvelle, par des assemblages nouveaux et libres de mots. A son tour le lecteur-auditeur se trouve en pr&eacute;sence d&rsquo;un langage qui &eacute;chappe &agrave; la convention essentielle du discours. Il doit s&rsquo;y ajuster, et recr&eacute;e pour son compte les normes et le &laquo;&nbsp;sens&nbsp;&raquo;. (Benveniste, 2011&nbsp;: 644-645)</le></p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On voit ici que ce monde (cette langue) n&rsquo;est pas si clos que &ccedil;a, puisqu&rsquo;il force le lecteur-auditeur &agrave; s&rsquo;y ajuster. La notion de &laquo;&nbsp;contre-monde&nbsp;&raquo; (Benveniste, 2011 : 564-565), porte visiblement une id&eacute;e contestataire ou du moins critique par rapport au&nbsp;<i>monde</i>. L&rsquo;auteur d&rsquo;un <i>contre-monde</i>, ou d&rsquo;un <i>univers second</i>, a une v&eacute;rit&eacute; &agrave; &eacute;noncer sur le monde. Ce contre-monde est aussi, ins&eacute;parablement, une <i>contre-langue</i>, ou un <i>contre-langage</i>. Toujours dans les manuscrits sur &laquo;&nbsp;la langue de Baudelaire&nbsp;&raquo;, on lit cette proposition qui concerne particuli&egrave;rement la po&eacute;tique de Baudelaire, mais, au-del&agrave;, le langage po&eacute;tique :</span></span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Le po&egrave;te nous apprend la<u> v&eacute;rit&eacute;</u> et nous <s>r&eacute;v&egrave;le</s> d&eacute;voile la <s>v&eacute;rit&eacute;</s> <u>r&eacute;alit&eacute;</u>. La v&eacute;rit&eacute; sur lui et de telle mani&egrave;re qu&rsquo;elle nous apparaisse la v&eacute;rit&eacute; sur nous&nbsp;; la r&eacute;alit&eacute; masqu&eacute;e par la convention ou l&rsquo;habitude et qui brille comme &agrave; la cr&eacute;ation. (Benveniste, 2011 : 58-59)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans l&rsquo;entretien &laquo;&nbsp;Ce langage qui fait l&rsquo;histoire&nbsp;&raquo; (1968), Benveniste, dans la continuit&eacute; sans doute de ses recherches sur &laquo;&nbsp;la langue de Baudelaire&nbsp;&raquo;, r&eacute;pond d&rsquo;une mani&egrave;re pr&eacute;cise et visiblement m&eacute;dit&eacute;e lorsque le journaliste, Guy Dumur, lui demande &laquo;&nbsp;Est-ce que le langage po&eacute;tique est int&eacute;ressant pour la linguistique&nbsp;?&nbsp;&raquo; (Benveniste, 1972&nbsp;: 37). Sa r&eacute;ponse, &laquo;&nbsp;Immens&eacute;ment&nbsp;&raquo;, indique un horizon vital pour la linguistique. Puis, il explique d&rsquo;une part que le &laquo;&nbsp;langage po&eacute;tique&nbsp;&raquo; reste un impens&eacute; du langage, parce qu&rsquo;on l&rsquo;aborde avec des cat&eacute;gories qui ne lui sont pas propres&nbsp;(&laquo;&nbsp;Il y a des tentatives int&eacute;ressantes, mais qui montrent la difficult&eacute; de sortir des cat&eacute;gories utilis&eacute;es pour l&rsquo;analyse du langage ordinaire &raquo;). D&rsquo;autre part, il rend compte des exp&eacute;rimentations contemporaines (celles des ann&eacute;es 1950-1960) qui travaillent &agrave; remettre en question la signification, ou encore la lisibilit&eacute; (&laquo;&nbsp;Tout ce qui s&rsquo;imprime n&rsquo;est pas fait pour &ecirc;tre lu, au sens traditionnel&nbsp;; il y a de nouveaux modes de lecture, appropri&eacute;s aux nouveaux modes d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo;). Le langage po&eacute;tique est con&ccedil;u comme un travail critique sur le langage ordinaire en tant qu&rsquo;il est responsable d&rsquo;un mode de repr&eacute;sentation du monde. Le langage ordinaire ne se s&eacute;pare pas des repr&eacute;sentations ou id&eacute;ologies qui l&#39;accompagnent et le fondent&nbsp;: les repr&eacute;sentations v&eacute;hicul&eacute;es par exemple par les grammaires et les dictionnaires (la distinction que cette s&eacute;paration m&ecirc;me op&egrave;re entre les formes et les mati&egrave;res), ou encore les repr&eacute;sentations d&#39;un langage instrument de communication, ou d&#39;action, etc. Le langage po&eacute;tique remet en question un monde et ses fondations linguistiques. Ainsi Benveniste dit-il &agrave; propos des exp&eacute;rimentations litt&eacute;raires, toujours dans le m&ecirc;me entretien&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <blockquote> <p>C&rsquo;est une remise en question de tout le pouvoir signifiant traditionnel du langage. Il s&rsquo;agit de savoir si le langage est vou&eacute; &agrave; toujours d&eacute;crire un monde identique par des moyens identiques, en variant seulement le choix des &eacute;pith&egrave;tes ou des verbes. Ou bien si on peut envisager d&rsquo;autres moyens d&rsquo;expression non descriptifs et s&rsquo;il y a une autre qualit&eacute; de signification qui na&icirc;trait de cette rupture. C&rsquo;est un probl&egrave;me. (Benveniste, 1972&nbsp;: 37)</p> </blockquote> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans ses recherches sur les langues-cultures autant que dans sa r&eacute;flexion sur le langage po&eacute;tique, Benveniste travaille &agrave; penser un &laquo;&nbsp;homme dans la langue<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, et un r&eacute;el ind&eacute;finiment <i>re-produit</i> dans le discours, t&acirc;chant dans ses analyses de mettre en lumi&egrave;re la mani&egrave;re dont s&#39;organise la signification. Dans sa recherche sur la langue de Baudelaire il cherche &agrave; atteindre une &laquo;&nbsp;structure profonde<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, &agrave; rendre compte de la sp&eacute;cificit&eacute; de cette langue (ce que Baudelaire fait &agrave; la langue, l&#39;univers qu&#39;il produit). Mais ce qui l&#39;int&eacute;resse en m&ecirc;me temps c&#39;est l&#39;activit&eacute; de cette langue sur celui qui la lit ou l&#39;entend. C&#39;est une langue <i>po&eacute;tique</i> au sens propre d&#39;une <i>cr&eacute;ation </i>&ndash; &laquo;&nbsp;le &ldquo;faiseur, poi&egrave;t&egrave;s&rdquo;&nbsp;&raquo; (Benveniste, 2011 : 400-401). Un langage qui cr&eacute;e et qui d&eacute;place son lecteur&nbsp;: &laquo;&nbsp;La <s>po&eacute;sie</s> la langue po&eacute;tique et plus pr&eacute;cis&eacute;ment la po&eacute;tique ne consiste pas à <i>dire</i>, mais à <i>faire</i>&nbsp;&raquo;. En cela, du point de vue de Benveniste, le po&egrave;me s&rsquo;il correspond &agrave; un travail maximal dans la mati&egrave;re m&ecirc;me de la langue, dans son principe n&rsquo;est pas diff&eacute;rent du langage ordinaire tel qu&rsquo;il le th&eacute;orise lorsqu&rsquo;il &eacute;crit que &laquo;&nbsp;le langage <i>re-produit </i>la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo;, ou que &laquo;&nbsp;tout homme invente sa langue et l&rsquo;invente toute sa vie&nbsp;&raquo;. Pour Benveniste, le langage est donc, dans son principe, po&eacute;tique.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><br /> <span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Bibliographie.</b></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Benveniste, Emile, <i>Probl&egrave;mes de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</i>. Paris, Gallimard, 1966.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Benveniste, Emile, <i>Probl&egrave;mes de linguistique g&eacute;n&eacute;rale 2</i>. Paris, Gallimard, 1972.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Benveniste, Emile, <i>Baudelaire</i>. Pr&eacute;sentation, transcriptions et notes par Chlo&eacute; Laplantine. Limoges, Lambert-Lucas, 2011.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dessons, G&eacute;rard, Meschonnic, Henri, &nbsp;<i>Trait&eacute; du rythme, Des vers et des proses</i>. Paris, Dunod, 1998.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Laplantine, Chlo&eacute;<i>, Emile Benveniste, l&rsquo;inconscient et le po&egrave;me</i>. Limoges, Lambert-Lucas, 2011.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Saussure (de), Ferdinand, C<i>ours de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</i>. Paris, Payot, (1972 [1916]).</span></span></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="Standard" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;Les signes de la soci&eacute;t&eacute; peuvent &ecirc;tre int&eacute;gralement interpr&eacute;t&eacute;s par ceux de la langue, non l&rsquo;inverse. La langue sera donc l&rsquo;interpr&eacute;tant de la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; (Benveniste,1972&nbsp;: 54).</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="Standard" style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Note manuscrite d&rsquo;Emile Benveniste conserv&eacute;e &agrave; la Biblioth&egrave;que nationale de France (PAP. OR. 30, enveloppe 2, f&deg;241).</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une d&eacute;finition est donn&eacute;e dans le glossaire de cet ouvrage&nbsp;: Historicit&eacute;&nbsp;&ndash; Sur le plan de la th&eacute;orie du langage et de la litt&eacute;rature, le statut contradictoire entre une situation historique donn&eacute;e, qui est toujours la circonstance d&rsquo;une activit&eacute;, et la capacit&eacute; de cette activit&eacute; &agrave; sortir ind&eacute;finiment des conditions de sa production en continuant d&rsquo;avoir une action, et d&rsquo;&ecirc;tre continuellement pr&eacute;sente &agrave; des pr&eacute;sents nouveaux. [&hellip;]</span></span> <span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;historicit&eacute; est un &eacute;l&eacute;ment impr&eacute;dictible. Elle est la sp&eacute;cificit&eacute; m&ecirc;me d&rsquo;une &oelig;uvre litt&eacute;raire, et ce qui seul rend compte qu&rsquo;elle continue &agrave; &ecirc;tre lue. [&hellip;].&nbsp;&raquo; (Dessons et Meschonnic,1998&nbsp;: 234).</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;La signifiance de l&rsquo;art ne renvoie donc jamais &agrave; une convention identiquement re&ccedil;ue entre partenaires. Il faut en d&eacute;couvrir chaque fois les termes, qui sont illimit&eacute;s en nombres, impr&eacute;visibles en nature, donc &agrave; r&eacute;inventer pour chaque &oelig;uvre, bref inaptes &agrave; se fixer en une institution&nbsp;&raquo;, (Benveniste,&nbsp;1972&nbsp;: 59-60).</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;L&rsquo;homme dans la langue&nbsp;&raquo; est le titre d&rsquo;un des chapitres des volumes <i>des Probl&egrave;mes de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</i> (Benveniste, 1966 et 1972).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;On s&rsquo;efforcera d&rsquo;atteindre la structure profonde de son univers po&eacute;tique dans le choix r&eacute;v&eacute;lateur des images et dans leur articulation&nbsp;&raquo; (Benveniste,<i> </i>2011&nbsp;: 186-187).</span></span></span></p> </div> </div> <div> <div id="ftn6"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px">&nbsp;</p> </div> </div>