<p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i>&laquo;Nous vivons en un temps particuli&egrave;rement curieux. Nous d&eacute;couvrons avec surprise que le progr&egrave;s a conclu un pacte avec la barbarie<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span calibri="" class="FootnoteCharacters" style="font-family:"><span style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" class="FootnoteCharacters" style="font-family:"><span style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></b></span></span></span></span></span></span></span></span></span></a>.&raquo;</i></span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans les nombreuses publications qui constituent la doxa de la Didactique des langues &eacute;trang&egrave;res, on r&eacute;p&egrave;te &agrave; longueur de temps qu&rsquo;il faut dans l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re de l&rsquo;acte, du faire, il est n&eacute;cessaire que ceux qui apprennent accomplissent des t&acirc;ches, il faut de l&rsquo;agitation verbale, puisque comme l&rsquo;indique le CECR d&eacute;placer son armoire pr&ecirc;te &agrave; verbalisation (CECR, 2001). Il faut du faire faire qui se d&eacute;cline dans les in&eacute;narrables savoir-faire, savoir dire, et savoir &ecirc;tre, afin d&rsquo;&ecirc;tre capable de&hellip; Comme si tout se devait d&rsquo;&ecirc;tre calibr&eacute; comme les petits pois bien conditionn&eacute;s dans leur bo&icirc;te. Dans cette configuration o&ugrave; les langues sont r&eacute;duites &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre plus que des codes, les langues sont devenues langues de service (Judet de la Combe et Wismann, 2004&nbsp;: 48) et le langage selon l&rsquo;expression de Cassin (Cassin, 2014&nbsp;:14) &laquo;&nbsp;fait grillage, elle emp&ecirc;che de penser du fait que la pens&eacute;e se trouve d&eacute;substantialis&eacute;e&nbsp;&raquo;. A ce titre dans le champ de la DLE, on se trouve confront&eacute; &agrave; des &eacute;l&eacute;ments pr&eacute;format&eacute;s. On parle d&rsquo;apprenant, d&rsquo;animateur, de conseiller, de motivation, de besoins, d&rsquo;attitudes, de normes et de comp&eacute;tences pour ne citer que quelques-uns des termes dominants. La fa&ccedil;on de nommer masque et cr&eacute;e une autre r&eacute;alit&eacute;. Le conseiller, l&rsquo;animateur, n&rsquo;enseignent plus, c&rsquo;est-&agrave;-dire ne sont plus l&agrave; pour mettre en signes (Augustin)<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>, mais sont accompagnateurs. La relation enseignante qui se fondait sur l&rsquo;autorit&eacute; de la diff&eacute;rence de place a sombr&eacute; dans la promotion du r&eacute;seau. Lebrun dans l&rsquo;ouvrage&nbsp;intitul&eacute;&nbsp;: Les risques d&rsquo;une &eacute;ducation sans peine montrent le passage de la verticalit&eacute; &agrave; l&rsquo;horizontalit&eacute; dans la mesure o&ugrave; dans le monde d&rsquo;hier perdurait un mod&egrave;le de la transmission du savoir alors que progressivement nous sommes pass&eacute;s dans un monde dans lequel les enseignants sont devenus des accompagnateurs de savoirs (Lebrun, 2016&nbsp;: 40). Les termes sont insidieusement vid&eacute;s de leur sens afin de prendre une autre consistance. De m&ecirc;me que l&rsquo;outil scripteur a remplac&eacute; le stylo ou que le mal entendant a remplac&eacute; le sourd nous avons rejoint Orwell (Orwell, 1949) et Klemperer (Klemperer, 1975) et ceci nous offre la caract&eacute;ristique de provoquer l&rsquo;inaptitude &agrave; penser la nature de ce que l&rsquo;on pense (Fleury, 2015&nbsp;: 105). Maurin-Feltin remarquait qu&rsquo;il &eacute;tait particuli&egrave;rement souhaitable dans les tendances en vogue &laquo;&nbsp;que le professeur surtout s&rsquo;efface le plus possible derri&egrave;re l&rsquo;outillage&nbsp;&raquo; et elle ajoutait&nbsp;: &laquo;&nbsp;entre l&rsquo;enseignant et l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, s&rsquo;est install&eacute;e non plus la mati&egrave;re &agrave; enseigner mais &laquo;&nbsp;une caisse &agrave; outils&nbsp;&raquo; (Maurin-Feltin, 2009&nbsp;: 33). Marchioni-Eppe, dans une formulation encore plus radicale, pr&eacute;cisait&nbsp;: &laquo;&nbsp;On est pass&eacute; de l&rsquo;enseignement &agrave; la communication et de la transmission &agrave; la n&eacute;gociation.&nbsp;&raquo; (Marchioni-Eppe, 2001&nbsp;: 262). Il y aurait une ma&icirc;trise efficiente du processus que l&rsquo;on nomme communiquer, parler ce serait bien communiquer avec bien s&ucirc;r la comp&eacute;tence appropri&eacute;e, bien dire comme s&rsquo;il y avait &agrave; chaque fois une forme ad&eacute;quate et une seule forme. Parler ce serait un savoir-faire au m&ecirc;me titre que changer une roue, avec l&rsquo;id&eacute;e que l&rsquo;autre est une cible qu&rsquo;il s&rsquo;agirait &agrave; chaque fois d&rsquo;atteindre. Parler reviendrait &agrave; bien &eacute;tiqueter pour &ecirc;tre capable de dire la m&ecirc;me chose pour faire la m&ecirc;me chose dans les diff&eacute;rentes langues, puisque les langues dans cette approche sont superposables. Dans cette configuration, il n&rsquo;est pas besoin d&rsquo;&ecirc;tre grand clair pour s&rsquo;apercevoir qu&rsquo;on a cr&eacute;&eacute; une r&eacute;alit&eacute; qui &eacute;radique l&rsquo;inconnu en tant que valeur &agrave; la base des connaissances. Nietzche dans le Gai savoir faisait remarquer qu&rsquo;&laquo;&nbsp;Il y a quelque chose de presque contradictoire et d&rsquo;absurde &agrave; vouloir prendre pour objet ce qui n&rsquo;est pas &eacute;tranger.&nbsp;&raquo; (Nietzche, 1882&nbsp;: 359).</p> <p>Il serait trop long et fastidieux d&rsquo;inventorier comment de nos jours on ignore l&rsquo;&eacute;trange et oublie en quelque sorte la propri&eacute;t&eacute; qui fait qu&rsquo;avec le langage nous vivons dans un monde hallucin&eacute;, monde que les Grecs appelaient phantasiai qui donne le pouvoir de repr&eacute;senter par des signes linguistiques des choses absentes, mais qui donne &eacute;galement la possibilit&eacute; des r&eacute;cits et par cons&eacute;quent du savoir mythos. (Amorim, 2011&nbsp;: 55-61).</p> <h2><strong>Parole&hellip;</strong></h2> <p>&laquo;&nbsp;Parler, c&rsquo;est transmettre des r&eacute;cits, des croyances, des noms propres, des g&eacute;n&eacute;alogies, des rites, des obligations, des savoirs, des rapports sociaux, etc., mais avant tout la parole elle-m&ecirc;me.&nbsp;&raquo; nous dit Dany-Robert Dufour (Dufour, 2003&nbsp;:154) mais c&rsquo;est aussi, dans la parole, cette capacit&eacute; essentielle de pouvoir acc&eacute;der &agrave; la fonction symbolique. Celle de pouvoir parler en se d&eacute;signant soi-m&ecirc;me comme sujet parlant en s&rsquo;adressant &agrave; l&rsquo;autre. Apprendre une langue &eacute;trang&egrave;re vient troubler le rapport que nous entretenons avec notre langue par le simple fait que cela nous plonge dans un enracinement tr&egrave;s archa&iuml;que. La langue est un peu comme un canard couv&eacute; par une poule, nous a dit Saussure et nous retiendrons de cette assertion, l&rsquo;&eacute;tranget&eacute;. La langue d&rsquo;autrui, il faut que quelque chose fasse qu&rsquo;elle soit possiblement mienne. Ce devenir soi-m&ecirc;me en &eacute;tant multiple suppose de mettre de c&ocirc;t&eacute; le fait de consid&eacute;rer l&rsquo;apprentissage comme un microph&eacute;nom&egrave;ne qui se limiterait &agrave; vouloir ne faire apprendre que des rudiments, des fragments, des morceaux dispers&eacute;s en totale s&eacute;paration avec l&rsquo;expression singuli&egrave;re d&rsquo;un sujet.</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Subsiste la question redoutable lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue. Comment faire &eacute;merger la parole&nbsp;? Puisque m&ecirc;me si l&rsquo;horizon est rarement atteint, il s&rsquo;agit dans l&rsquo;acte d&rsquo;apprendre une langue de se forger sa propre parole, c&rsquo;est-&agrave;-dire une autre &eacute;nonciation dans une autre langue. Comment faire &eacute;merger quelque chose qui ne soit pas r&eacute;duit &agrave; de l&rsquo;utilitaire ou de l&rsquo;utilitarisme. Il est bien &eacute;vident que l&rsquo;on peut avoir besoin de pouvoir demander&nbsp;: o&ugrave; est la gare&nbsp;? Ou pouvoir dire&nbsp;: passe-moi le sel&nbsp;! Mais comme le faisait remarquer une &eacute;tudiante&nbsp;: &laquo;&nbsp;je n&rsquo;apprends pas le fran&ccedil;ais pour &ecirc;tre capable de demander &agrave; quelle heure part le prochain train&nbsp;?&nbsp;&raquo;.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Winnicott dans <i>Conversations ordinaires</i> nous rappelle que l&rsquo;individu pour &ecirc;tre cr&eacute;ateur doit exister et sentir qu&rsquo;il existe, c&rsquo;est la base &agrave; partir de laquelle il agit et il ajoute c&rsquo;est un faire qui d&eacute;rive de l&rsquo;&ecirc;tre mais le faire qu&rsquo;il mentionne c&rsquo;est un faire par impulsion et non un faire par r&eacute;action (Winnicott, 1986&nbsp;: 54-55). Cr&eacute;er, pour Winnicott, c&rsquo;est donner vie et il pr&eacute;cise &laquo;&nbsp;j&rsquo;entends le fait de porter sur les choses un regard toujours neuf&nbsp;&raquo; (Winnicott, 1986&nbsp;: 57). Ce qu&rsquo;il nomme faire par r&eacute;action, nous l&rsquo;avons dans la doxa de la DLE, a surgi l&rsquo;illusion de croire que l&rsquo;on avait trouv&eacute; les moyens du faire parler et ceci a pris les habits d&rsquo;une certaine pragmatique. La pragmatique s&rsquo;est forg&eacute; le projet de contr&ocirc;ler scientifiquement le monde verbal pour contr&ocirc;ler le monde social et le monde psychique &agrave; partir de la ma&icirc;trise de l&rsquo;usage cognitif des signes comme le d&eacute;sirait Wittgenstein. Ma&icirc;triser le langage &agrave; l&rsquo;aide de la connaissance des lois de la communication et contr&ocirc;ler l&rsquo;incontr&ocirc;lable&nbsp;: les affects. <span style="color:black">La r&eacute;duction de la langue se forge sur la conception de la communication puisque la langue est essentiellement appr&eacute;hend&eacute;e en tant qu&rsquo;instrument, en tant qu&rsquo;outil et ce qui permet cette r&eacute;duction r&eacute;side dans la conception m&ecirc;me d&rsquo;une comp&eacute;tence particuli&egrave;re nomm&eacute;e comp&eacute;tence de communication (Bronckart &amp; al., 2005&nbsp;:&nbsp;28-29).</span></span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La volont&eacute; du faire parler </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">n&rsquo;est pas quelque chose de nouveau, elle se trouve simplement consolid&eacute;e par le fait du d&eacute;placement qui fait de l&rsquo;agir communicationnel le pivot des enseignements. Dans une classe et c&rsquo;est un truisme, il n&rsquo;y a pas d&rsquo;enjeu de la parole ou alors un enjeu forc&eacute; qui fait se souvenir de la Cantatrice chauve.</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Arendt &nbsp;en r&eacute;fl&eacute;chissant sur la nature du &laquo;&nbsp;faire&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;acte &eacute;ducatif reprend la distinction introduite par Aristote entre <i>praxis</i> et <i>po&iuml;esis</i>. L&rsquo;&oelig;uvre ou <i>po&iuml;esis</i> est une activit&eacute; de fabrication en vue de produire un <i>ergon</i>, une &oelig;uvre particuli&egrave;re. Le faire repr&eacute;sente un moyen en vue d&rsquo;une fin qui lui demeure ext&eacute;rieure &agrave; l&rsquo;agent qui la produit et la mani&egrave;re correspondant au comportement de fabrication ou de production est la <i>techn&eacute;</i>, le savoir faire. Le faire po&iuml;&eacute;tique est atteint lorsque l&rsquo;&oelig;uvre est finie. L&rsquo;activit&eacute; po&iuml;&eacute;tique est incapable de prendre en compte le monde qu&rsquo;elle constitue. L&rsquo;action au contraire est pour Arendt &laquo;&nbsp;la seule activit&eacute; qui mette directement en rapport les hommes sans l&rsquo;interm&eacute;diaire des objets ni de la mati&egrave;re, elle correspond &agrave; la condition humaine de pluralit&eacute;, au fait que ce sont les hommes et non pas l&rsquo;homme, qui vivent sur terre et habitent le monde.&nbsp;&raquo; (Arendt,1958&nbsp;:123-186). Ce domaine, c&rsquo;est la <i>praxis</i>, c&rsquo;est celui de l&rsquo;action&nbsp;; la <i>praxis</i> n&rsquo;a pas d&rsquo;autre fin qu&rsquo;elle-m&ecirc;me, elle est l&rsquo;usage et l&rsquo;exercice de l&rsquo;action mais demeure tout enti&egrave;re dans le sujet et demeure aussi longtemps que lui. Il en r&eacute;sulte un fonctionnement de l&rsquo;agent et non un <i>ergon</i>. La mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre de la <i>praxis </i>r&eacute;side dans la <i>phronesis</i>, sagesse pratique, mani&egrave;re de vivre. Le langage permet &agrave; chacun de se laisser interpeller par les autres et leur dire qui il est. La<i> praxis</i> n&eacute;cessite la pluralit&eacute;, elle relie l&rsquo;individu &agrave; d&rsquo;autres individus&nbsp;: elle est libre. Pour Aristote, exister n&rsquo;est pas produire mais agir. La <i>praxis</i>, c&rsquo;est &agrave; la fois le domaine de l&rsquo;activit&eacute; de travail, celui de la vie biologique alors que le domaine de la <i>po&iuml;esis</i> est le domaine de l&rsquo;instrumentalit&eacute;. La <i>praxis</i> est interaction entre partenaires, entre sujets singuliers qui s&rsquo;engagent dans l&rsquo;impr&eacute;visibilit&eacute; d&rsquo;une rencontre et non pas dans une ma&icirc;trise du sens ou une totalisation des savoirs.</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On aura compris que, dans le cadre dominant, &eacute;merge le &laquo;&nbsp;faire&nbsp;&raquo; <i>po&iuml;etique</i> donn&eacute; comme le garant ultime de la p&eacute;dagogie de notre post-post modernit&eacute; qui s&rsquo;illustre par la place accord&eacute;e aux t&acirc;ches &agrave; accomplir.</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour la parole, la t&acirc;che est multiple, elle est d&rsquo;une part li&eacute;e &agrave; l&rsquo;exercice de la classe, mais elle est d&rsquo;autre part li&eacute;e &agrave; l&rsquo;acte d&rsquo;apprendre et elle est aussi li&eacute;e au fonctionnement de la langue. Le fait de dire que pour parler il suffit de r&eacute;unir les conditions n&eacute;cessaires &agrave; un exercice de la parole est en soi un paradoxe. En posant le probl&egrave;me en ces termes la question de l&rsquo;acte lui-m&ecirc;me est abandonn&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Afin d&rsquo;introduire un peu de fantaisie dans ce propos, nous aborderons la question sous les aspects de la voix, du corps pour nous diriger vers la parole.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On entendra parole<b> </b>dans une autre dimension que celle qui pr&eacute;vaut dans la communication, mais dans la dimension de l&rsquo;&eacute;vocation. Lacan souligne&nbsp;: &laquo;&nbsp;La fonction du langage n&rsquo;est pas d&rsquo;informer mais d&rsquo;&eacute;voquer, ce que je cherche dans la parole, c&rsquo;est la parole de l&rsquo;autre, ce qui me constitue comme sujet, c&rsquo;est ma question.&nbsp;&raquo; (Lacan 1966, 299). Pour Lacan, en effet il n&rsquo;y a de langage que pour autant que l&rsquo;&eacute;metteur d&rsquo;un son, le locuteur, le destine &agrave; un allocutaire. C&rsquo;est dire que la parole suppose une adresse, mais elle suppose &eacute;galement non une adresse au semblable, mais &agrave; l&rsquo;Autre, avec un A majuscule, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&agrave; o&ugrave; il se constitue. C&rsquo;est dans ce sens qu&rsquo;il est possible de replacer le sujet, c&rsquo;est-&agrave;-dire de l&rsquo;entendre comme sujet d&eacute;sirant, ouvrir en quelque sorte &agrave; la singularit&eacute; de ce qui appara&icirc;t du sujet en discours. Le sujet est effet du langage issu &agrave; la fois de l&rsquo;inconscient et du d&eacute;sir orient&eacute; par celui-ci. Replacer le sujet c&rsquo;est l&rsquo;inscrire dans le champ de la parole, l&rsquo;entendre comme sujet d&eacute;sirant. La parole sera donc entendue comme un acte qui est production de d&eacute;sir. Prendre en compte cette dimension, c&rsquo;est tenir compte du sensible.</span></span></span></span></span></p> <h2>Voix, Vive Voix&hellip;</h2> <p>Nous donnerons &agrave; la voix la configuration que lui donne Fonagy lorsqu&rsquo;il parle de la &laquo;&nbsp;vive voix&nbsp;&raquo; (Fonagy, 1984&nbsp;: 303). La voix est bruit avant d&rsquo;&ecirc;tre discours&nbsp;: cela touche le rapport qui s&rsquo;&eacute;tablit entre un sujet et une langue qu&rsquo;il ne conna&icirc;t pas. L&rsquo;&eacute;coute, l&rsquo;entendre et l&rsquo;&eacute;mission des phon&egrave;mes sont fondamentalement inscrits dans le rapport &agrave; la voix de l&rsquo;Autre parce qu&rsquo;ils sont constitutifs &agrave; la fois du sujet et de l&rsquo;adresse. La voix repr&eacute;sente la relation &agrave; autrui et elle engage le sujet dans le discours, c&rsquo;est en ce sens qu&rsquo;on dit que la voix est appel. Elle n&rsquo;est pas la parole mais elle habite le langage, elle le hante, dit Lacan. Le cri, expression du signal que l&rsquo;on trouve dans le r&egrave;gne animal subsiste dans une forme que nous pouvons envisager comme sous-jacente. Par exemple, quelqu&rsquo;un qui est mort de peur peut tr&egrave;s bien dans son dire nier ne pas avoir peur alors que la peur r&eacute;side dans sa voix. Deux traits de l&rsquo;inscription primitive qui nous rattache aux mammif&egrave;res sont marquants&nbsp;: le cri et le chant. Nous avons donc ce qui passe par la vocalisation et ce qui passe par le dit. Castar&egrave;de le mentionne en disant que la voix est ce par quoi &laquo;&nbsp;le corps franchit la limite pour devenir langage&nbsp;&raquo; (Castar&egrave;de, 1987&nbsp;:136-137). C&rsquo;est l&rsquo;enveloppe sensorielle qui fait que la langue que je ne connais pas m&rsquo;attire ou me repousse du fait de sa musicalit&eacute;.</p> <p class="Standard" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On peut constater par ailleurs que la d&eacute;limitation de la langue au sens de langue maternelle</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">pose probl&egrave;me pour les sciences du langage, alors que pour la psychanalyse la langue maternelle est d&eacute;limit&eacute;e comme l&rsquo;ensemble des traits diff&eacute;rentiels produits par la voix de la personne qui prend soin de l&rsquo;enfant (Jank&eacute;l&eacute;vitch,1994). Freud dans l&rsquo;&eacute;laboration qu&rsquo;il donne de la repr&eacute;sentation de mot partira de l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment acoustique uni aux &eacute;l&eacute;ments visuels dans et avec un processus associatif. Saussure de m&ecirc;me&nbsp;&eacute;tablit et pose une relation son &ndash; sens. La voix r&eacute;sonne au niveau de l&rsquo;Autre parce que le <i>parl&ecirc;tre </i>lorsqu&rsquo;il parle n&rsquo;entend pas sa voix comme l&rsquo;autre (le semblable) l&rsquo;entend. C&rsquo;est ce que Lacan configure en d&eacute;finissant la voix en tant qu&rsquo;objet a, cause du d&eacute;sir (Lacan, 1958-1959). La voix n&rsquo;est pas la parole. On peut entendre qu&rsquo;il y a un impossible. Impossible qu&rsquo;on peut traduire en disant que la voix est au-del&agrave; de la parole et au-del&agrave; du cri, mais elle engage le sujet, elle provoque le discours. Les Grecs d&eacute;limitaient trois r&eacute;alisations de la voix&nbsp;: la voix en tant que cri, dans la dimension de son pur, la voix en tant que parole ouvrant &agrave; la dimension de l&rsquo;imaginaire et &agrave; la s&eacute;duction et la voix dans sa dimension de transmission symbolique (Anderson, 2015&nbsp;:108). Dire cela, c&rsquo;est insister sur le fait que le rapport &agrave; l&rsquo;autre langue est d&rsquo;abord un rapport sensoriel. Ce rapport sensoriel va impliquer un travail li&eacute; &agrave; la bouche dans l&rsquo;oralisation et va imm&eacute;diatement poser la question d&rsquo;oser&nbsp;: oser prononcer, oser le jeu des sonorit&eacute;s. Importance de la voix ind&eacute;pendamment du s&eacute;mantique. Les Qu&eacute;b&eacute;cois font la distinction entre peindre (peindre un tableau) et peinturer (peinturer une pi&egrave;ce), de m&ecirc;me ils distinguent la parlure de la parole. La parlure serait la parole sans la signification. On l&rsquo;exprime &eacute;galement par la m&eacute;taphore&nbsp;: &eacute;corce de la langue. C&rsquo;est ce rapport, avant tout li&eacute; aux perceptions, aux impressions, qui concerne l&rsquo;activit&eacute; de mise en bouche. Ceci s&rsquo;exprime diff&eacute;remment puisque ce peut &ecirc;tre les mouvements amplifi&eacute;s que font les d&eacute;butants pour articuler. N&rsquo;oublions pas que notre parole nous revient dans la forme que lui a donn&eacute;e l&rsquo;adresse. Dans la classe de langue, il y a conjointement, la voix de l&rsquo;enseignant qui transmet quelque chose de son propre rapport &agrave; la langue qu&rsquo;il enseigne et celle de ceux qui apprennent, qui construisent en quelque sorte, leur autre voix dans une autre langue. Cette voix-l&agrave; qui va advenir n&rsquo;est pas celle qui nous a constitu&eacute;, elle est ce qui permet d&rsquo;acc&eacute;der au statut de sujet. Un point soulign&eacute; par Nietzche est certainement l&rsquo;oreille (Nietzche, 1975). Pour Nietzche, en effet, celui qui apprend est reli&eacute; par l&rsquo;oreille, il &eacute;coute pr&eacute;cise-t-il dans la Ve conf&eacute;rence des <i>&Eacute;crits posthumes.</i> &laquo;&nbsp;Entendre sa voix (et) &eacute;couter, nous dit Castar&egrave;de, c&rsquo;est laisser r&eacute;sonner en soi, dans le silence, la parole de l&rsquo;autre. Cela signifie que l&rsquo;on est aussi sensible &agrave; la voix qu&rsquo;au contenu du message, car c&rsquo;est par elle que se livre le non-dit, le sens profond, le cach&eacute;, l&rsquo;indicible, l&rsquo;inconscient.&nbsp;&raquo; (Castar&egrave;de, 1987&nbsp;: 136-137). La voix comme le dit Vasse articule le sujet au langage&nbsp;: &laquo;&nbsp;Elle se situe dans l&rsquo;entre-deux de l&rsquo;organique et de l&rsquo;organisation, dans l&rsquo;entre-deux du corps biologique et du corps de la langue ou, si l&rsquo;on veut du corps social.&nbsp;&raquo; (Vasse, 1974&nbsp;: 20-21). Dans l&rsquo;ouvrage d&rsquo;Akira Mizubayashi, il y a l&rsquo;accroche d&rsquo;une part et l&rsquo;inscription par l&rsquo;oreille et non par l&rsquo;&oelig;il gr&acirc;ce aux textes de Rousseau (Mizubayashi, 2011). De nombreux &eacute;crivains (Anderson, 1999, Doll&eacute;, 2002) ont relat&eacute; le passage d&rsquo;une langue &agrave; une autre. Ce peut &ecirc;tre de l&rsquo;ordre du refus de sa langue d&rsquo;origine comme chez Beckett ou Kafka, ce peut &ecirc;tre la recherche d&rsquo;un dire autre comme chez Celan ou Cioran, ou encore une recherche de l&rsquo;origine comme chez Alexakis ou Canetti. Ces &eacute;crivains - et il y en a bien d&rsquo;autres - ont en commun d&rsquo;avoir quitt&eacute; leur langue d&rsquo;origine. Mizubayashi nous parle d&rsquo;une question peu abord&eacute;e&nbsp;: l&rsquo;entr&eacute;e dans une autre langue. L&rsquo;accroche s&rsquo;op&egrave;re par la musicalit&eacute; de la langue gr&acirc;ce &agrave; la s&eacute;duction du personnage de Suzanne dans les <i>Noces de Figaro</i> de Mozart. L&rsquo;entr&eacute;e dans le fran&ccedil;ais s&rsquo;effectue par la voix et l&rsquo;&eacute;trange r&eacute;side dans le passage vers une autre langue qui lui sert de support pour &eacute;tablir une relation avec le fran&ccedil;ais. Il n&rsquo;y a pas de rapport direct avec la langue fran&ccedil;aise mais cela passe par le biais de la musique et de l&rsquo;&eacute;coute de l&rsquo;op&eacute;ra. On voit que l&rsquo;empreinte sonore ne peut se concevoir totalement d&eacute;sincarn&eacute;e, &eacute;l&eacute;ment de nos jours laiss&eacute; de c&ocirc;t&eacute; dans la didactique du FLE&nbsp;! Chez l&rsquo;auteur japonais quelque chose d&rsquo;&eacute;loign&eacute; du fran&ccedil;ais sert de truchement et va litt&eacute;ralement le capturer. L&rsquo;inscription des paroles des textes de Rousseau passe par la r&eacute;sonance des sonorit&eacute;s de la langue dans son oreille. Il fait vibrer dans son corps le dit du texte par le son et non par la vue. Dans l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue une direction de travail possible, comporte deux &eacute;l&eacute;ments qui vont constituer un pr&eacute;alable, d&rsquo;une part permettre la concentration et partir du corps pour aller vers la voix. Lorsqu&rsquo;on demande &agrave; de jeunes adultes de se lever dans une classe de langue, de bouger, de se d&eacute;placer et ne plus rester prot&eacute;g&eacute; derri&egrave;re une table, on assiste &agrave; toutes sortes de r&eacute;actions parce que la demande brise le cadre convenu de l&rsquo;&eacute;cole et de la repr&eacute;sentation conventionnelle du savoir. L&rsquo;une des formes prend l&rsquo;aspect du repli sur soi (&eacute;l&eacute;ment trop souvent rep&eacute;r&eacute; chez les enseignants en formation&nbsp;!)&nbsp;: je regarde les autres, je ne m&rsquo;engage pas et se traduit&nbsp;&eacute;galement par des ph&eacute;nom&egrave;nes de fou rire. Amener &agrave; se concentrer signifie amener progressivement &agrave; &ecirc;tre dans l&rsquo;&eacute;coute des autres. L&rsquo;&eacute;coute est certainement un ph&eacute;nom&egrave;ne des plus importants, la pratique des jeux de r&ocirc;le montre trop souvent que les protagonistes ne s&rsquo;&eacute;coutent pas, tant ils sont focalis&eacute;s sur les phrases &agrave; construire&nbsp;! Il va de soi pour de nombreuses activit&eacute;s qu&rsquo;avant de se lancer dans un exercice, un temps de pr&eacute;paration est n&eacute;cessaire. Les danseurs s&rsquo;&eacute;chauffent, les sportifs se mettent en condition,&nbsp;etc. Peu importe la technique, il s&rsquo;agit d&rsquo;aider &agrave; se concentrer. Les techniques ont en commun de montrer qu&rsquo;en fonction d&rsquo;un travail de ventilation et de respiration, il sera possible de d&eacute;couvrir ses diff&eacute;rentes voix. Ces exercices se doublent d&rsquo;articulation de phon&egrave;mes avec des phrases &agrave; r&eacute;p&eacute;ter dans des hauteurs de voix diff&eacute;rentes&nbsp;: voix projet&eacute;e (suppliante, humble, timide, ferme, chaude, &eacute;mouvante,&nbsp;etc.), voix non projet&eacute;e (faire part de ses impressions, &eacute;voquer un souvenir, parler tout seul). Jeu verbal, (<i>Ah&nbsp;! Pourquoi P&eacute;pita sans r&eacute;pit m&rsquo;&eacute;pies-tu&nbsp;? Pourquoi dans les bois, P&eacute;pita, te tapis-tu&nbsp;? Tu m&rsquo;&eacute;pies sans piti&eacute;, c&rsquo;est piteux de m&rsquo;&eacute;pier, de m&rsquo;&eacute;pier, P&eacute;pita, ne peux-tu te passer&nbsp;</i>?) r&eacute;p&eacute;tition, hauteur de voix, &eacute;cho, (<i>Silence,</i> <i>ceci est un secret&nbsp;!)</i> production en miroir,&nbsp;etc&hellip; mais qui supposent que l&rsquo;enseignant s&rsquo;y soit familiaris&eacute; et qu&rsquo;ils les aient pratiqu&eacute;es.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;objectif de ces pratiques est double&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Faire en sorte que ceux qui apprennent d&eacute;veloppent des activit&eacute;s r&eacute;flexes sur la langue,</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Faire en sorte qu&rsquo;un temps particulier porte sur la respiration, la voix, le dire,</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Faire en sorte que se constitue une m&eacute;moire qui parte du corps pour aller vers la langue.</span></span></span></span></span></p> <h2>Corps&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</h2> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le deuxi&egrave;me &eacute;l&eacute;ment va mobiliser le corps&nbsp;<b>;</b> si l&rsquo;on regarde des activit&eacute;s pour lesquelles on peut &ecirc;tre amen&eacute; &agrave; devenir autre, un exemple nous est donn&eacute; par le th&eacute;&acirc;tre. Au th&eacute;&acirc;tre, la convention exige d&rsquo;entrer dans un univers fictionnel donn&eacute; comme tel, mais les acteurs ne simulent pas ou plus exactement ne jouent pas, ils sont, ils donnent &agrave; voir le personnage et cette construction dont parle Stanislavski oblige &agrave; un travail sur soi (Stanislavski 1949). Le corps va intervenir par le mouvement et va permettre l&rsquo;accrochage int&eacute;rieur. L&rsquo;accrochage int&eacute;rieur touche &agrave; l&rsquo;essence m&ecirc;me de l&rsquo;acte de repr&eacute;sentation (on peut se reporter sur ce point aux &eacute;crits des metteurs en sc&egrave;ne de th&eacute;&acirc;tre&nbsp;: Jouvet, Vitez, Chereau). Il va s&rsquo;agir de chercher une d&eacute;marche, de chercher une attitude, un &eacute;tat sans recourir &agrave; la parole. &Agrave; l&rsquo;oppos&eacute; de l&rsquo;instantan&eacute;it&eacute; d&rsquo;une prise de parole est demand&eacute; un travail d&rsquo;&eacute;laboration par le geste et le mouvement qui sera int&eacute;gr&eacute; ensuite dans l&rsquo;&eacute;nonciation.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; l&rsquo;encontre des jeux de r&ocirc;le qui pour faire acc&eacute;der &agrave; la dimension communicative du langage demandent une simulation du r&eacute;el, il est demand&eacute; de cr&eacute;er une fiction pour aller vers le r&eacute;el. Dans les pratiques propos&eacute;es ordinairement, l&rsquo;hypoth&egrave;se forte est de consid&eacute;rer que l&rsquo;entra&icirc;nement sera transf&eacute;r&eacute; par la suite sur d&rsquo;autres situations proches ou diff&eacute;rentes en milieu naturel ou en milieu captif. On laisse ainsi supposer que dans les &eacute;changes langagiers, il n&rsquo;y aurait pas d&rsquo;impond&eacute;rable. Or en suivant cette conception que l&rsquo;on trouve dans les simulations <i>&laquo;&nbsp;faire semblant de faire quelque chose&nbsp;&raquo; et dans les jeux</i> <i>de r&ocirc;les, &laquo;&nbsp;faire semblant d&rsquo;&ecirc;tre quelqu&rsquo;un d&rsquo;autre&nbsp;&raquo;,<b> </b></i>on oublie l&rsquo;impr&eacute;vu inh&eacute;rent &agrave; une situation de dialogue. Or la question n&rsquo;est pas de reconna&icirc;tre ce qui se fait par tel ou tel acte de parole, mais comment ce qui se fait en disant devient possible. Dans les mat&eacute;riaux propos&eacute;s rien n&rsquo;appara&icirc;t qui permettrait de r&eacute;pondre si peu que ce soit au probl&egrave;me que pose le fait de prendre la parole et de placer son discours. L&rsquo;impr&eacute;vu semble une fa&ccedil;on de d&eacute;tourner la difficult&eacute; qui r&eacute;side dans l&rsquo;absence d&rsquo;enjeu de communication et c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment cet impr&eacute;vu qui va permettre de faire en sorte que la langue &eacute;trang&egrave;re devienne objet transitionnel. Winnicott&nbsp; le formule en ces termes&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&hellip; dans la vie de tout &ecirc;tre humain, il existe une troisi&egrave;me partie que nous pouvons ignorer, cette aire interm&eacute;diaire d&rsquo;exp&eacute;rience &agrave; laquelle contribuent simultan&eacute;ment la r&eacute;alit&eacute; int&eacute;rieure et la vie ext&eacute;rieure. Cette aire n&rsquo;est pas contest&eacute;e, car on, ne lui demande rien d&rsquo;autre sinon d&rsquo;exister en tant que lieu de repos pour l&rsquo;individu engag&eacute; dans cette t&acirc;che humaine interminable qui consiste &agrave; maintenir, &agrave; la fois s&eacute;par&eacute;es et reli&eacute;es l&rsquo;une &agrave; l&rsquo;autre, r&eacute;alit&eacute; int&eacute;rieure et r&eacute;alit&eacute; ext&eacute;rieure.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On a coutume de se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;preuve de r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo; et d&rsquo;&eacute;tablir une nette distinction entre l&rsquo;aperception et la perception. Je voudrais introduire ici la notion d&rsquo;un &eacute;tat interm&eacute;diaire entre l&rsquo;incapacit&eacute; du petit enfant &agrave; reconna&icirc;tre et &agrave; accepter la r&eacute;alit&eacute; et la capacit&eacute; qu&rsquo;il acquerra progressivement de le faire. C&rsquo;est pourquoi j&rsquo;&eacute;tudie l&rsquo;essence de l&rsquo;illusion, celle qui existe chez le petit enfant et qui, chez l&rsquo;adulte est inh&eacute;rente &agrave; l&rsquo;art et &agrave; la religion.&nbsp;(Winnicott, 1975&nbsp;: 7-39)</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est facile de comprendre en observant des enfants jouer, que l&rsquo;enfant dans le jeu, p&eacute;n&egrave;tre dans cette aire transitionnelle d&rsquo;exp&eacute;rience, par exemple, avec l&rsquo;ours en peluche, la poup&eacute;e ou n&rsquo;importe quel support. Il faut se dire que quelque chose n&rsquo;est ni dans la r&eacute;alit&eacute; ni dans l&rsquo;imaginaire, mais bien dans un entre-deux. On observe facilement l&rsquo;enfant puni qui &agrave; son tour punit son ours. La langue peut devenir objet transitionnel.</span></span></span></span></span></p> <h2>Contrainte(s)&hellip;</h2> <p class="Standard" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il s&rsquo;agit non pas d&rsquo;entr&eacute;e directement dans une situation langagi&egrave;re mais de partir d&rsquo;une contrainte. &Agrave; l&rsquo;oppos&eacute; d&rsquo;une prise de parole dans l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute;, c&rsquo;est l&rsquo;artificialit&eacute; d&rsquo;un travail d&rsquo;&eacute;laboration qui permettra un d&eacute;placement de ce qui aura &eacute;t&eacute; int&eacute;gr&eacute; dans le r&eacute;el une fois que certains &eacute;l&eacute;ments seront devenus constitutifs de l&rsquo;&eacute;nonciation de celui ou de celle qui apprend. Contraint au d&eacute;part, le sujet aura &agrave; exercer ces contraintes pour pouvoir s&rsquo;en affranchir. Il s&rsquo;agit en ce sens d&rsquo;une mise en &oelig;uvre de la n&eacute;gativit&eacute; d&rsquo;o&ugrave; s&rsquo;origine l&rsquo;acte d&rsquo;apprendre. C&rsquo;est une autre fa&ccedil;on d&rsquo;appr&eacute;hender l&rsquo;&eacute;trange&nbsp;: s&rsquo;approprier l&rsquo;&eacute;trang&eacute;it&eacute; de l&rsquo;autre langue de fa&ccedil;on &agrave; ce que le travail sur la langue d&eacute;passe le niveau instrumental. L&rsquo;appropriation, c&rsquo;est la relation construite entre la langue &agrave; apprendre et le sujet. On entend appropriation dans l&rsquo;acception que lui donne <i>Le Robert </i>( Le Robert, 1985&nbsp;: 484)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Action de s&rsquo;approprier quelque chose, de faire quelque chose sa propri&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;. L&rsquo;appropriation en appelle &agrave; une certaine gratuit&eacute;, de fa&ccedil;on &agrave; ce que l&rsquo;acte de produire des sons devienne plaisir. Il y a gratuit&eacute; dans le sens d&rsquo;un jeu sur le mat&eacute;riau sonore propos&eacute;. L&rsquo;appropriation oblige &agrave; un retour &agrave; sa propre langue. Du c&ocirc;t&eacute; de ceux qui apprennent, il y a l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;incompl&eacute;tude de la langue autre&nbsp;; elle appara&icirc;t &agrave; la fois &eacute;trange, h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne et homog&egrave;ne. L&rsquo;homog&egrave;ne renvoyant au code, l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne renvoyant &agrave; l&rsquo;&eacute;nonciation. La langue de l&rsquo;autre a ceci de particulier qu&rsquo;elle se d&eacute;robe, que les mots sont d&eacute;saccoupl&eacute;s de leur charge affective. Ceci parce que notre rapport &agrave; notre langue d&rsquo;acc&egrave;s au langage est totalement contamin&eacute; par des rapports d&rsquo;amour et de haine. La gratuit&eacute; est facilement visible chez les petits enfants qui osent jouer avec les sonorit&eacute;s ou les mots qui r&eacute;sonnent comme interdit&nbsp;! D&eacute;couverte d&rsquo;un autre espace qui vient troubler la qui&eacute;tude du chez soi dans sa langue. Les formes de contraintes peuvent &ecirc;tre multiples elles vont faire convoquer l&rsquo;imaginaire, un bruit, un objet, un d&eacute;but de phrase d&rsquo;un po&egrave;me comme ce d&eacute;but d&rsquo;un po&egrave;me de Michaux (Michaux, 1929) &laquo;&nbsp;Le ciel &eacute;tait sombre, &agrave; midi j&rsquo;allais sur la jet&eacute;e pr&egrave;s du phare de Honfleur&hellip;.&raquo; ou une photo (Boubat, 2008, Parr, 2008), un citron, un &oelig;uf&hellip;. Peu importe mais il faut un d&eacute;clencheur. L&rsquo;&eacute;nigmatique, l&rsquo;impr&eacute;vu, l&rsquo;incongru peut d&eacute;clencher la parole.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La d&eacute;marche propos&eacute;e &eacute;vacue une relation &agrave; l&rsquo;&eacute;crit de fa&ccedil;on &agrave; ce que le rapport s&rsquo;inscrive dans le son et dans le jeu verbal. Il ne s&rsquo;agit pas de partir d&rsquo;un texte (prose, vers,&nbsp;etc.) mais de partir du corps. Prendre conscience qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas d&rsquo;urgence et d&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute; &agrave; rechercher dans un accomplissement, mais que le d&eacute;roulement d&rsquo;une pratique s&rsquo;inscrit dans une certaine dur&eacute;e &ndash; dur&eacute;e imp&eacute;rative de la constitution d&rsquo;un groupe et afin que puisse se mettre en place une m&eacute;moire corporelle. Partir donc d&rsquo;un travail qui conduira &agrave; la mise en bouche d&rsquo;un po&egrave;me sans passer par sa version &eacute;crite et sans passer par sa lecture. Pour avoir une id&eacute;e de ce qu&rsquo;est la mise en bouche, on peut penser &agrave; Flaubert qui s&rsquo;enfermait dans ce qu&rsquo;il appelait son gueuloir et faisait r&eacute;sonner son texte pour essayer de l&rsquo;entendre par la musique du dit et non par le sens. Ceci constituera un ancrage dans la langue &eacute;trang&egrave;re, ancrage qui peut permettre de constituer une sorte de m&eacute;moire. L&rsquo;ensemble de la d&eacute;marche &eacute;voqu&eacute;e rejoint la distinction que propose Benveniste entre mode s&eacute;miotique et mode s&eacute;mantique.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le s&eacute;miotique d&eacute;signe le mode de signifiance qui est propre au SIGNE linguistique et qui le constitue comme unit&eacute;. [&hellip;] Il existe quand il est reconnu comme signifiant par l&rsquo;ensemble de la communaut&eacute; linguistique [&hellip;]. Avec le s&eacute;mantique, nous entrons dans le mode sp&eacute;cifique de signifiance qui est engendr&eacute; par le DISCOURS. Les probl&egrave;mes qui se posent ici sont fonction de la langue comme productrice de messages. Or le message ne se r&eacute;duit pas &agrave; une succession d&rsquo;unit&eacute;s &agrave; identifier s&eacute;par&eacute;ment&nbsp;; ce n&rsquo;est pas une addition de signes qui produit le sens, c&rsquo;est au contraire le sens (l&rsquo;intent&eacute;), con&ccedil;u globalement, qui se r&eacute;alise et se divise en &quot;signes&quot; particuliers, qui sont les MOTS [&hellip;]. L&rsquo;ordre s&eacute;mantique s&rsquo;identifie au monde de l&rsquo;&eacute;nonciation et &agrave; l&rsquo;univers du discours. Le s&eacute;miotique (le signe) doit &ecirc;tre reconnu&nbsp;; le s&eacute;mantique (le discours) doit &ecirc;tre compris.&nbsp;(Benveniste1966, 64-65)</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Et c&rsquo;est dans cet espace que nous entendons cr&eacute;ativit&eacute; &agrave; partir des mots de <span style="color:black">Winnicott :</span><span style="color:black"> &laquo;&nbsp;j&rsquo;entends&nbsp;le&nbsp;fait de porter sur les choses un regard toujours neuf.&raquo; (Winnicott,1988&nbsp;: 57)&nbsp;</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Amorim, Marilia, <i>Le T&eacute;l&eacute;maque</i> n&deg;40, Caen, P.U. de Caen, 2011.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Anderson, Patrick, <i>Une langue &agrave; venir</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2015.</span></span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Anderson, Patrick</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, &laquo;&nbsp;Ce qui ne va pas de soi&hellip;&nbsp;&raquo; in <i>Langage &amp; inconscient </i>n&deg;3, Limoges, Lambert Lucas, 2007</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Anderson, Patrick, <i>La didactique des langues &eacute;trang&egrave;res &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du sujet</i>, Besan&ccedil;on, PUFC, 1999.</span></span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Augustin, d&rsquo;Hippone,&nbsp; (Saint Augustin), <i>De Magistro, (Le Ma&icirc;tre), </i>ed. de B. Jolivet,<i> </i>Paris, Klincksieck, 2002 [389]<i>.</i></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Benveniste Emile, <i>Probl&egrave;mes de linguistique g&eacute;n&eacute;rale II</i>, &laquo;&nbsp;s&eacute;miologie de la langue&nbsp;&raquo; Paris, Nrf Gallimard, 1966.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Boubat, Edouard, <i>Edouard Boubat,</i> Paris, Centre Nationale de la photographie, 2008.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bronckart, Jean-Paul, Bulea, Ecaterina, Pouliot, Mich&egrave;le, &laquo;&nbsp;Pourquoi et comment repenser l&rsquo;enseignement des langues&nbsp;?&nbsp;&raquo; in <i>Repenser l&rsquo;enseignement des langues&nbsp;: comment identifier et exploiter les comp&eacute;tences&nbsp;?</i>, Villeneuve d&rsquo;Ascq, P.U. du Septentrion, 2005.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cadre europ&eacute;en de r&eacute;f&eacute;rences pour les langues-Apprendre Enseigner Evaluer</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, Conseil de la coop&eacute;ration culturelle, Conseil de l&rsquo;Europe, Strasbourg, Didier, 2001.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cassin, Barbara, <i>Derri&egrave;re les grilles Sortons du tout-&eacute;valuation</i>, Paris, Mille et une nuits, 2014.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Castar&egrave;de, Marie-France, <i>La voix et ses sortil&egrave;ges</i>, Paris, Les Belles Lettres, 1987.</span></span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chemama, Roland, Vandermersch, Bernard, <i>Dictionnaire de la psychanalyse</i>, Paris, Larousse.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Doll&eacute;, Marie, <i>L&rsquo;imaginaire des langues</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2002.</span></span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dufour, Dany-Robert, <i>L&rsquo;individu qui vient&hellip;.Apr&egrave;s le lib&eacute;ralisme</i>, Paris, Deno&euml;l, 2011.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fleury, Cynthia, <i>Les irrempla&ccedil;ables</i>, Paris, Gallimard, 2015.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fonagy, Ivan, &laquo;&nbsp;Les langages dans le langage&nbsp;&raquo; in <i>Le langage dans la</i> <i>psychanalyse</i>, Green A, &amp; al.,, Paris, Les Belles Lettres, 1984.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Freud, Sigmund, <i>L&rsquo;Homme Mo&iuml;se et la religion monoth&eacute;iste</i>, tr.fr., Paris, Gallimard, 1986 [1939].</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Klemperer Victor, <i>LTI, la langue du IIIe Reich</i>, Paris, Albin Michel, tr, fr, 1996 <i>et Mes soldats de papier</i>, <i>journal 1933-1941</i>, (1995), tr.fr., Paris, Seuil, 2000, <i>Je veux t&eacute;moigner jusqu&rsquo;au bout, journal 1942-1945</i>, (1996), tr.fr., Paris, Seuil, 2000.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Judet de la Combe Pierre, Wismann Heinz, <i>L&rsquo;avenir des langues</i>, Paris, Cerf, 2004.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lacan, Jacques, Le s&eacute;minaire VI, <i>Le d&eacute;sir et son interpr&eacute;tation</i>, Paris, Seuil, 1958-1959.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lacan, Jacques, <i>Ecrits,</i> Paris, Seuil, 1966.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lebrun, Jean-Pierre, <i><span style="color:black">Les risques d&rsquo;une &eacute;ducation sans peine</span></i><span style="color:black">, Bruxelles, F&eacute;d&eacute;ration Wallonie-Bruxelles de Belgique, 2016.</span></span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lebrun, Jean-Pierre, <i>Les d&eacute;sarrois nouveaux du sujet</i>, Paris, Eres, 2001. </span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le Grand Robert de la langue fran&ccedil;aise, Paris, <i>Dictionnaires Le Robert,</i>1985.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Maurin-Feltin, Annie, &laquo;&nbsp;Et maintenant apprendre avec qui&nbsp;?&nbsp;&raquo; <i>Journal Fran&ccedil;ais de Psychiatrie</i>, Ramonville Saint Agne, Eres, 2009.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Michaux, Henri, &laquo;&nbsp;Projection&nbsp;&raquo; Ecuador in <i>Mes propri&eacute;t&eacute;s</i>, Paris, 1929.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Marchionni-Eppe, Janine, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;cole&nbsp;: toujours entre enseignement et &eacute;ducation&nbsp;?&nbsp;&raquo; in Lebrun J.P., <i>Les d&eacute;sarrois nouveaux du sujet</i>, Paris, Eres, 2001, p. 262.</span></span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mizubayashi, Akira, <i>Une langue venue d&rsquo;ailleurs</i>, Paris, Gallimard, 2011.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nietzche,</span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Friedrich, <i>Le Gai savoir</i>, tr.fr. P. Klossoski, Paris, C. Bourgeois, 1957 [1882].</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nietzche, Friedrich<i>, Ecrits Posthumes</i>, Ve conf&eacute;rence, tr.fr., NRF Gallimard, 1975 [1870-1873].</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Orwell, George, <i>1984,</i> tr. fr., Paris, Gallimard, 1950.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Parr, Martin, <i>Petite Plan&egrave;te</i>, Paris, H&oelig;beke, 2008.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Stanislavski, Constantin, <i>La construction du personnage</i>, tr.fr., Paris, Editions Pygmalion/G&eacute;rard Watelet, 1984 [1949]</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:105%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Vasse, Denis, <i>L&rsquo;Ombilic et la voix</i>, Paris, Seuil, 1974.</span></span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Winnicott, Donald, <i>Conversations ordinaires, Paris, </i>Gallimard Folio Essais, tr.fr., </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">1988.</span></span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Winnicott, Donald</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, <i>&nbsp;Jeu et r&eacute;alit&eacute;-L&rsquo;Espace potentiel</i>, tr.fr., Paris, Nrf. 1975.</span></span></span></span></p> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Yankelevich, Hector, &laquo;&nbsp;La langue maternelle&nbsp;&raquo; in <i>Esquisses psychanalytiques</i> n&deg;21, sept, 1994.</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></a><span garamond="" style="font-family:">Freud S., (1939<i>), L&rsquo;Homme Mo&iuml;se et la religion monoth&eacute;iste</i>, Paris, Gallimard, 1986, p.131.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="Footnote" style="text-align:justify; margin-top:4px"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></span></span></span></a><span garamond="" style="font-family:"> Augustin d&rsquo;Hippone,&nbsp; (Saint Augustin), (389), <i>De Magistro, (Le Ma&icirc;tre), </i>Paris, Klincksieck, 2002<i>. </i>&nbsp;</span></span></span></p> </div> </div>