<h2 align="justify"><span style="line-height:100%"><span style="font-style:normal">Introduction</span></span></h2> <p class="western"><span style="line-height:100%">Dans le champ de la didactique du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re et seconde, la grammaire est l&rsquo;activit&eacute; d&rsquo;enseignement qui a accapar&eacute; la majorit&eacute; des r&eacute;flexions, et ce depuis les premiers travaux de la linguistique appliqu&eacute;e. N&eacute;anmoins, la didactique sp&eacute;cifique de la grammaire n&rsquo;a pas encore livr&eacute; tous ses secrets, dans la mesure o&ugrave; beaucoup de questions se rapportant &agrave; cette activit&eacute; de la classe de fran&ccedil;ais restent aussi essentielles qu&rsquo;irr&eacute;solues. L&rsquo;approche communicative a cautionn&eacute; le principe d&rsquo;une grammaire qui ne devait pas faire l&rsquo;objet d&rsquo;un apprentissage syst&eacute;matique et a pr&eacute;conis&eacute; le bannissement de cette activit&eacute;. Conform&eacute;ment &agrave; l&rsquo;esprit de tout mouvement de r&eacute;novation, le changement affectant les programmes d&rsquo;enseignement dans le second cycle de l&rsquo;&eacute;cole de base en Tunisie (programmes correspondant &agrave; ceux du coll&egrave;ge en France) est motiv&eacute; par le souci de profiter d&rsquo;apports th&eacute;oriques novateurs et par le d&eacute;sir de modification dans le domaine didactique. Dans les coll&egrave;ges tunisiens, la grammaire a &eacute;t&eacute;, depuis toujours, l&rsquo;activit&eacute; la plus importante sur laquelle on s&rsquo;appuyait pour pourvoir les &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;une comp&eacute;tence de production aussi bien &agrave; l&rsquo;oral qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;crit, les autres activit&eacute;s (lecture, expression &eacute;crite) &eacute;taient trop marginalis&eacute;es. Bien entendu, la place de la grammaire dans l&rsquo;&eacute;conomie g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais est une question capitale, qui a &eacute;t&eacute; touch&eacute;e par cette r&eacute;forme&nbsp;; celle-ci cherche &agrave; s&rsquo;&eacute;loigner d&rsquo;un enseignement de la grammaire trop formel, qui, privil&eacute;giant les activit&eacute;s d&rsquo;analyse au d&eacute;triment de l&rsquo;expression, se trouve en rupture avec la pratique de la langue. Mais le mod&egrave;le de r&eacute;f&eacute;rence reste toujours la grammaire. Les nouveaux programmes de grammaire, centr&eacute;s sur les aspects morphosyntaxiques de la langue, con&ccedil;oivent une r&eacute;partition et une exposition des contenus assez diff&eacute;rentes de celles de l&rsquo;ancienne conjoncture (r&eacute;forme de 1993), et ce dans l&rsquo;intention d&rsquo;int&eacute;grer ces savoirs aux autres enseignements de la classe de fran&ccedil;ais et de faciliter leur transfert dans les productions &eacute;crites des &eacute;l&egrave;ves.</span></p> <p class="western"><span style="line-height:100%">Tout au long de ce travail, nous nous r&eacute;f&eacute;rons essentiellement aux textes officiels relatifs &agrave; l&rsquo;&eacute;tat actuel de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais (r&eacute;forme de 2006) dans les coll&egrave;ges tunisiens, tout en proc&eacute;dant &agrave; une comparaison avec les programmes pr&eacute;c&eacute;dents (ceux de la r&eacute;forme de 1993), pour pouvoir en d&eacute;duire les modifications survenues dans l&rsquo;enseignement grammatical. Cette &eacute;volution sera mieux appr&eacute;ci&eacute;e &agrave; partir de la confrontation de deux approches apparemment diff&eacute;rentes&nbsp;: celle de l&rsquo;ancien syst&egrave;me, dont les principes et les conduites p&eacute;dagogiques misent beaucoup sur la capacit&eacute; de l&rsquo;enseignement grammatical, et celle adopt&eacute;e aujourd&rsquo;hui inspir&eacute;e des m&eacute;thodes r&eacute;nov&eacute;es plus r&eacute;centes o&ugrave; la grammaire n&rsquo;est plus v&eacute;n&eacute;r&eacute;e telle qu&rsquo;elle l&rsquo;&eacute;tait auparavant. Nous mettrons l&rsquo;accent &eacute;galement sur les pr&eacute;suppos&eacute;s didactiques sous-jacents aux choix pris par les programmes correspondant &agrave; une r&eacute;forme ou &agrave; l&rsquo;autre. A travers ce parcours succinct, nous nous assignons comme objectif d&rsquo;expliciter quelques principes fondamentaux qui constituent la didactique actuelle de la grammaire au second cycle de l&rsquo;&eacute;cole de base.</span></p> <h2><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Le statut de la grammaire&nbsp;: Remise en cause d&rsquo;un enseignement syst&eacute;matique</font></span></h2> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Il est important de remarquer, au premier abord, que l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais dans la r&eacute;forme de 1993 (programmes publi&eacute;s en 1997) s&rsquo;articulait autour de trois activit&eacute;s&nbsp;: la grammaire, la lecture et l&rsquo;expression &eacute;crite. Dans cette conjoncture, l&rsquo;importance cruciale attribu&eacute;e &agrave; la grammaire est clairement manifeste dans l&rsquo;article 3 des programmes officiels, o&ugrave; l&rsquo;on affirmait que l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais reposait, entre autres, sur &laquo;&nbsp;l&rsquo;enseignement explicite de la grammaire&nbsp;&raquo;. (Programmes officiels du second cycle de l&rsquo;enseignement de base 1997).</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">En tant que discipline poss&eacute;dant un corps de savoirs riche et vari&eacute;, la grammaire constituait un p&ocirc;le de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais, un privil&egrave;ge qu&rsquo;elle partageait avec la lecture et l&rsquo;expression &eacute;crite. On estimait &eacute;galement que la ma&icirc;trise de la syntaxe, du code orthographique ou des tableaux de conjugaison contribuait directement &agrave; la pratique de l&rsquo;&eacute;criture et &agrave; l&rsquo;explication des textes, comme le stipulait l&rsquo;article 8 relatif &agrave; l&rsquo;enseignement de la grammaire&nbsp;:</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><q>L&rsquo;enseignement de la grammaire donnera lieu &agrave; un cours autonome, dot&eacute; d&rsquo;un contenu sp&eacute;cifique et r&eacute;gi par une progression qui lui est propre. Cependant, on veillera autant que possible, &agrave; tirer parti des acquis des &eacute;l&egrave;ves en grammaire dans les activit&eacute;s de lecture et d&rsquo;expression &eacute;crite</q>. (</font><font color="#000000"><i>Ibid</i></font><font color="#000000">. p. 11.)</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">En subordonnant l&rsquo;activit&eacute; de lecture et d&rsquo;&eacute;criture &agrave; celle de grammaire, l&rsquo;ancien syst&egrave;me visait le d&eacute;veloppement des capacit&eacute;s de production &agrave; partir du r&eacute;investissement des acquis grammaticaux en mettant en exergue l&rsquo;id&eacute;e classique consid&eacute;rant que les savoirs grammaticaux ont un impact sur les savoir-faire. Diverses critiques ont &eacute;t&eacute; oppos&eacute;es &agrave; cette th&egrave;se. On pourrait par exemple invoquer le fait que tous les savoirs sollicit&eacute;s ne sont pas ad&eacute;quats au savoir-faire vis&eacute;. D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, la correspondance entre les formes grammaticales et les t&acirc;ches d&rsquo;&eacute;criture n&rsquo;est pas garantie, et la r&eacute;utilisation de ces formes dans une situation de production soul&egrave;ve la question de la validit&eacute; scientifique des savoirs convoqu&eacute;s et de leur plausibilit&eacute; psychologique&nbsp;: il s&rsquo;agit de v&eacute;rifier si une quelconque explication linguistique contribue ou non &agrave; la progression cognitive de l&rsquo;apprenant.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">M&ecirc;me si les anciens programmes pensaient l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en termes de solidarit&eacute; didactique, les expressions &laquo;&nbsp;un cours autonome&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;un contenu sp&eacute;cifique&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;une progression propre&nbsp;&raquo; plaidaient en faveur d&rsquo;un cloisonnement des activit&eacute;s. En outre, dans l&rsquo;ancienne conjoncture, la grammaire occupait la place d&rsquo;une discipline &agrave; part enti&egrave;re o&ugrave; les programmes se pr&eacute;occupaient essentiellement de doter l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve d&rsquo;une connaissance grammaticale compl&egrave;te sans que l&rsquo;int&eacute;gration des activit&eacute;s ne soit prioritaire ou obligatoire. Cela traduit une vieille croyance selon laquelle l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde doit passer par une bonne pratique de l&rsquo;analyse grammaticale et une connaissance approfondie des faits de syntaxe et de morphologie. D&rsquo;embl&eacute;e, dans les textes officiels relatifs &agrave; la conjoncture pr&eacute;c&eacute;dente, on pr&eacute;sentait la grammaire comme une r&eacute;f&eacute;rence indispensable dans l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais. Cette position se trouve amplement justifi&eacute;e par les propri&eacute;t&eacute;s intrins&egrave;ques &agrave; la langue fran&ccedil;aise&nbsp;: le fran&ccedil;ais est r&eacute;put&eacute; pour &ecirc;tre une langue &agrave; morphologie lourde. Cette langue est aussi caract&eacute;ris&eacute;e par une syntaxe structur&eacute;e selon des r&egrave;gles dont l&rsquo;ensemble constitue un syst&egrave;me complexe. Mais ce qui complique davantage les choses, c&rsquo;est que le respect de la norme est plus important, en fran&ccedil;ais, que pour d&rsquo;autres langues&nbsp;; un tel respect se manifeste dans l&rsquo;usage de certains agencements syntaxiques.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">La pr&eacute;somption en faveur du recours &agrave; un enseignement syst&eacute;matique et autonome de la grammaire trouve aussi sa l&eacute;gitimation dans le fait que les &eacute;l&egrave;ves tunisiens ont l&rsquo;habitude de c&ocirc;toyer un appareil grammatical d&eacute;velopp&eacute; dans leur langue maternelle, et ce depuis leur scolarit&eacute; primaire. Ces &eacute;l&egrave;ves &eacute;duqu&eacute;s dans une culture d&eacute;positaire d&rsquo;une longue tradition grammaticalisante &eacute;prouvent un penchant naturel vers les approches mettant en place un outillage grammatical formalis&eacute; et explicit&eacute; en langue &eacute;trang&egrave;re. Les d&eacute;fenseurs d&rsquo;une telle position invoquent un argument d&rsquo;ordre psychologique se rapportant au style d&rsquo;apprentissage des apprenants&nbsp;: nombreuses sont les personnes ayant un style analytique d&rsquo;apprentissage et manifestant, par cons&eacute;quent, une attirance pour les explications grammaticales et les exercices d&rsquo;analyse syntaxique, et chez qui un enseignement centr&eacute; sur la grammaire augmente la motivation et r&eacute;duit l&rsquo;inqui&eacute;tude.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Actuellement, l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au coll&egrave;ge s&rsquo;int&eacute;resse au d&eacute;veloppement de trois comp&eacute;tences principales&nbsp;: l&rsquo;oral, la lecture et l&rsquo;&eacute;criture. Si la grammaire n&rsquo;est pas d&eacute;finitivement &eacute;vinc&eacute;e, elle est une activit&eacute; subalterne </font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">et rel&eacute;gu&eacute;e dans un second plan. C&rsquo;est pourquoi, l&rsquo;on ne trouve plus, dans les programmes officiels actuels, de r&eacute;flexions sp&eacute;cifiques sur la grammaire comme c&rsquo;&eacute;tait le cas auparavant. La seule remarque concernant l&rsquo;enseignement linguistique ou grammatical figure dans la derni&egrave;re page des programmes officiels de 2008-2009&nbsp;: </font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><q>Tous les contenus linguistiques inscrits au programme doivent &ecirc;tre trait&eacute;s. Ils seront &eacute;tudi&eacute;s en relation &eacute;troite avec la lecture, l&rsquo;&eacute;criture et la pratique de l&rsquo;oral. Ils constituent pour l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve des ressources &agrave; mobiliser pour parler, lire et &eacute;crire. Il appartiendra alors &agrave; l&rsquo;enseignant de les traiter en fonction des capacit&eacute;s &agrave; d&eacute;velopper et des besoins des &eacute;l&egrave;ves. Mais certains faits de langue (syntaxe, orthographe, conjugaison, vocabulaire) feront l&rsquo;objet, en cas de besoin, d&rsquo;un apprentissage syst&eacute;matique</q>. (Programmes officiels du second cycle de l&rsquo;enseignement de base, 2008-2009.)</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Dans le cadre de la pr&eacute;dominance des performances langagi&egrave;res et du passage de l&rsquo;analyse des phrases bien form&eacute;es &agrave; l&rsquo;emploi effectif de la langue, la grammaire se contente du r&ocirc;le d&rsquo;un instrument au service de l&rsquo;expression. M&ecirc;me si l&rsquo;on n&rsquo;a pas d&eacute;pass&eacute; les limites de la phrase, la r&eacute;forme actuelle cherche &agrave; int&eacute;grer les aspects morphosyntaxiques de la langue aux trois comp&eacute;tences vis&eacute;es par les programmes officiels. Derri&egrave;re cette tendance, il y a une volont&eacute; de suppl&eacute;er une lacune que l&rsquo;on a remarqu&eacute;e, il y a longtemps, chez les &eacute;l&egrave;ves tunisiens et qui consiste en l&rsquo;incapacit&eacute; &agrave; r&eacute;investir leurs acquis grammaticaux dans leurs productions &eacute;crites. Dans cette perspective, les programmes actuels renoncent &agrave; viser l&rsquo;acquisition des comp&eacute;tences proprement grammaticales comme c&rsquo;&eacute;tait le cas dans les anciens programmes qui formulaient les finalit&eacute;s de l&rsquo;enseignement grammatical comme suit&nbsp;: </font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">&laquo;&nbsp;Au terme de la 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve devra ma&icirc;triser les m&eacute;canismes de base de la langue fran&ccedil;aise&nbsp;:</font></span></p> <ul> <li> <p><span style="line-height:100%"><font color="#000000">En syntaxe, il devra &ecirc;tre capable&nbsp;: </font></span></p> </li> </ul> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">_ De produire des &eacute;nonc&eacute;s corrects prouvant une ma&icirc;trise satisfaisante de la structure de la phrase simple.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">_ De reconna&icirc;tre les types et les formes de phrases et de s&rsquo;approprier les m&eacute;canismes qui permettent de passer d&rsquo;un type &agrave; l&rsquo;autre.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">_ De reconna&icirc;tre les constituants imm&eacute;diats de la phrase et les constituants de syntagmes.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">_ De produire des phrases complexes et d&rsquo;en d&eacute;crire globalement le fonctionnement.&nbsp;&raquo; (Programmes officiels du second cycle de l&rsquo;enseignement de base, 1997, p. 23.)</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">La didactique actuelle du fran&ccedil;ais souhaite &eacute;viter l&rsquo;enseignement d&rsquo;une &laquo;&nbsp;grammaire de d&eacute;cryptage&nbsp;&raquo; fond&eacute;e sur l&rsquo;identification et la reconnaissance des formes ainsi que sur les m&eacute;canismes de leur combinaison. Ainsi, la ma&icirc;trise des sous-syst&egrave;mes de la langue n&rsquo;est pas aujourd&rsquo;hui la bienvenue si elle n&rsquo;est pas en ad&eacute;quation avec le savoir-faire vis&eacute;. Autrement dit, la didactique de la grammaire obstin&eacute;e &agrave; se limiter &agrave; la phrase se trouve confront&eacute;e au d&eacute;fi d&rsquo;effacer l&rsquo;opposition g&ecirc;nante entre les aspects morphosyntaxiques et la production des textes et des discours. La probl&eacute;matique de l&rsquo;enseignement des formes morphosyntaxiques et de leurs r&eacute;percussions sur l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde fait objet de controverses parmi les sp&eacute;cialistes de la didactique des langues.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Parmi les &eacute;tudes men&eacute;es pour la d&eacute;termination de la relation entre l&rsquo;apprentissage et l&rsquo;enseignement formel de la grammaire en classes de langues &eacute;trang&egrave;res ou secondes celle de Krashen (1987) semble la plus retentissante. Celui-ci recommande d&rsquo;exposer l&rsquo;apprenant &agrave; de multiples situations de compr&eacute;hension signifiantes. Il avance l&rsquo;hypoth&egrave;se que l&rsquo;impr&eacute;gnation ou la fr&eacute;quentation d&rsquo;un milieu linguistique o&ugrave; l&rsquo;on se contente d&rsquo;activit&eacute;s d&rsquo;&eacute;coute ou de lecture est une condition n&eacute;cessaire et suffisante &agrave; la construction d&rsquo;une comp&eacute;tence communicative et &agrave; la ma&icirc;trise d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde. Cette id&eacute;e implique que l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une L</font><font color="#000000"><sub>2</sub></font><font color="#000000"> ne doit pas forc&eacute;ment passer par l&rsquo;activit&eacute; de production (&eacute;crire ou parler)&nbsp;; ce qui signifie que la compr&eacute;hension prime sur toute autre comp&eacute;tence. Krashen sugg&egrave;re &eacute;galement de laisser la libert&eacute; &agrave; l&rsquo;apprenant de s&rsquo;exprimer au moment o&ugrave; il le veut. Le corollaire imm&eacute;diat de cette hypoth&egrave;se est que la grammaire n&rsquo;est pas un facteur indispensable ou un &eacute;l&eacute;ment directement impliqu&eacute; dans le processus d&rsquo;apprentissage. Selon ce chercheur, les exercices de grammaire diminuent les capacit&eacute;s de l&rsquo;apprenant &agrave; s&rsquo;exprimer ais&eacute;ment dans des situations de communication authentiques, dans la mesure o&ugrave; tout enseignement centr&eacute; sur les aspects formels de la langue rel&egrave;gue au second plan la signification du message v&eacute;hicul&eacute; et entrave, par cons&eacute;quent, le d&eacute;veloppement des m&eacute;canismes de communication. L&rsquo;hypoth&egrave;se krashenienne r&eacute;cuse le fait de corriger les erreurs des &eacute;l&egrave;ves de peur d&rsquo;inhiber le m&eacute;canisme d&rsquo;apprentissage. Loin d&rsquo;&ecirc;tre admise, l&rsquo;approche de Krashen comme toute proposition sur l&rsquo;apprentissage est sujette &agrave; confirmation empirique.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Des &eacute;tudes de terrain men&eacute;es sur les &eacute;l&egrave;ves canadiens anglophones dans des classes d&rsquo;immersion en fran&ccedil;ais r&eacute;v&egrave;lent que&nbsp;: </font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><q>&hellip;, dans les groupes d&rsquo;immersion o&ugrave; la forme grammaticale est n&eacute;glig&eacute;e au seul profit du contenu enseign&eacute; (les mati&egrave;res scolaires), les risques de fossilisation paraissent plus &eacute;lev&eacute;s. Un des facteurs susceptibles d&rsquo;expliquer la fossilisation des erreurs des &eacute;l&egrave;ves de la classe d&rsquo;immersion serait la tr&egrave;s grande production de formes linguistiques erron&eacute;es de la part des autres &eacute;l&egrave;ves de la m&ecirc;me classe. Mais, fait &agrave; noter, ce &laquo;&nbsp;classolecte&nbsp;&raquo; r&eacute;sulterait, &agrave; son tour, des exc&egrave;s d&rsquo;un enseignement centr&eacute; sur le contenu seulement, au d&eacute;triment de la correction formelle.</q> (Germain, C. et Seguin, H., 1998).</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;immersion a montr&eacute; que si les apprenants qui s&rsquo;exposent &agrave; ce genre d&rsquo;enseignement d&eacute;veloppent une comp&eacute;tence de compr&eacute;hension tr&egrave;s satisfaisante et acqui&egrave;rent une confiance facilitant la communication en L</font><font color="#000000"><sub>2</sub></font><font color="#000000">, ils manifestent, toutefois, une connaissance insuffisante des aspects grammaticaux de la langue, ce qui favorise l&rsquo;accumulation des erreurs et leur fossilisation. Au plan p&eacute;dagogique, ces cons&eacute;quences f&acirc;cheuses ont encourag&eacute; le retour en force de la grammaire dans les classes de L</font><font color="#000000"><sub>2</sub></font><font color="#000000">. D&rsquo;autres chercheurs, comme Pienemann (1984), soutiennent l&rsquo;id&eacute;e que certaines formes grammaticales ne sont pas &laquo;&nbsp; apprenables&nbsp;&raquo; et par cons&eacute;quent leur enseignement lui semble gratuit&nbsp;: cette conclusion a &eacute;t&eacute; formul&eacute;e suite &agrave; la v&eacute;rification &agrave; travers des &eacute;tudes acad&eacute;miques d&rsquo;un ph&eacute;nom&egrave;ne qui a longtemps taraud&eacute; l&rsquo;esprit des enseignants de L</font><font color="#000000"><sub>2</sub></font><font color="#000000"> sans qu&rsquo;ils trouvent une justification plausible&nbsp;: il y a des formes grammaticales faciles &agrave; acqu&eacute;rir par les apprenants, mais d&rsquo;autres, malgr&eacute; le travail intense des acteurs de classe et l&rsquo;existence des outils didactiques de qualit&eacute;, restent difficiles voire inaccessibles &agrave; l&rsquo;appropriation. Dans la lign&eacute;e des travaux de Pienemann, les recherches aboutissent &agrave; une constatation qui explique ce ph&eacute;nom&egrave;ne&nbsp;: certaines formes grammaticales ne s&rsquo;acqui&egrave;rent qu&rsquo;en respectant leur ordre pr&eacute;d&eacute;termin&eacute; de d&eacute;veloppement, ce qui signifie que l&rsquo;enseignement des structures linguistiques dont le d&eacute;veloppement est ult&eacute;rieur est inutile si les stades pr&eacute;c&eacute;dents n&rsquo;ont pas d&rsquo;abord &eacute;t&eacute; acquis par l&rsquo;apprenant. D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, les concepteurs des programmes actuels des coll&egrave;ges basculent du c&ocirc;t&eacute; de la r&eacute;duction de l&rsquo;importance de la grammaire dans l&rsquo;&eacute;conomie g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais. Cependant, malgr&eacute; le r&ocirc;le r&eacute;duit de la grammaire dans les textes officiels, cette mati&egrave;re reste un objet privil&eacute;gi&eacute; d&rsquo;&eacute;valuation. En effet, cette activit&eacute; a toujours une pr&eacute;sence importante, aussi bien dans le devoir de contr&ocirc;le d&rsquo;&eacute;tude de texte (10 points sur 20) que dans le devoir de synth&egrave;se (7 points sur 20). </font></span></p> <h2><span style="line-height:100%"><font color="#000000">La restructuration du contenu grammatical</font></span></h2> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Dans toute situation d&rsquo;apprentissage guid&eacute;, le parcours d&rsquo;enseignement part d&rsquo;une comp&eacute;tence acquise vis&eacute;e pour en atteindre une autre, ce qui exige l&rsquo;organisation du savoir &agrave; enseigner selon une progression t&eacute;moignant d&rsquo;une approche structur&eacute;e de la langue. Le changement qui a affect&eacute; la place de la grammaire dans l&rsquo;&eacute;conomie g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au second cycle de l&rsquo;&eacute;cole de base a, sans doute, modifi&eacute; la structuration du contenu grammatical, quoique toujours cantonn&eacute; dans le cadre &eacute;troit de la phrase. La r&eacute;partition des objets d&rsquo;enseignement sur les modules du programme est tributaire des choix didactiques de l&rsquo;institution et surtout des finalit&eacute;s de l&rsquo;enseignement linguistique.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Dans l&rsquo;ancien syst&egrave;me, le programme de grammaire imposait d&rsquo;embl&eacute;e un cadre de travail qui organisait le traitement du mat&eacute;riau grammatical telle que la notion de progression avec la phrase simple comme point de d&eacute;part et la phrase complexe comme point d&rsquo;arriv&eacute;e conduit &agrave; envisager l&rsquo;apprentissage des formes grammaticales comme le passage des &eacute;l&eacute;ments les plus simples aux &eacute;l&eacute;ments les plus complexes en mettant l&rsquo;accent sur les constituants de la phrase, leur cat&eacute;gorisation et leur fonction. Le choix des objets d&rsquo;enseignement &eacute;tait r&eacute;gi par cette progression mettant en place une distribution des contenus o&ugrave; beaucoup de notions abord&eacute;es dans un niveau apparaissent d&eacute;j&agrave; dans le niveau suivant, ce qui signifie que les m&ecirc;mes objets d&rsquo;enseignement &eacute;taient repris &agrave; diff&eacute;rents moments du curriculum, &agrave; des degr&eacute;s d&rsquo;approfondissement diff&eacute;rents. Par exemple, les types et les formes de phrases &eacute;taient &eacute;tudi&eacute;s en 7</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> et 8</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;es, alors qu&rsquo;en 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e, on se limitait &agrave; l&rsquo;analyse exhaustive de la phrase passive en insistant sur les m&eacute;canismes de passivation. De m&ecirc;me, la phrase complexe &eacute;tait &agrave; peine trait&eacute;e en 8</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e, mais suffisamment analys&eacute;e en 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e. Ce type de progression, dit &laquo;&nbsp;cyclique ou en spirales&nbsp;&raquo;, postule que les contenus de savoir doivent &ecirc;tre expos&eacute;s dans un ordre croissant de complexit&eacute;. Pr&eacute;sum&eacute;e efficace &agrave; travers la m&eacute;morisation progressive des faits grammaticaux, elle a &eacute;t&eacute; con&ccedil;ue en r&eacute;action aux m&eacute;faits de la progression lin&eacute;aire de type sp&eacute;cifiquement linguistique. D&rsquo;ailleurs, l&rsquo;article 10 des programmes officiels exprimait ainsi ce principe&nbsp;: </font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><q>La progression en syntaxe repose sur un d&eacute;coupage qui permet de saisir, dans une premi&egrave;re &eacute;tape, la phrase dans sa globalit&eacute; et, ult&eacute;rieurement, les &eacute;l&eacute;ments syntaxiques (syntagmes, mots) qui la constituent.</q> (Programmes officiels du second cycle de l&rsquo;enseignement de base, 1997, p.23.)</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Cette progression para&icirc;t quelque peu caricaturale&nbsp;: rien ne justifie l&rsquo;ordre d&rsquo;acquisition pr&eacute;d&eacute;termin&eacute; de certains ph&eacute;nom&egrave;nes morphosyntaxiques, puisqu&rsquo; aucune &eacute;tude empirique n&rsquo;a &eacute;t&eacute; faite pour justifier, par exemple, que la phrase complexe est facile &agrave; assimiler par un &eacute;l&egrave;ve de 8</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e ou de 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e et ne l&rsquo;est pas par un &eacute;l&egrave;ve de 7</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e. D&rsquo;autre part, tout au long de ce cycle, les &eacute;l&egrave;ves &eacute;tudiaient les formes de phrases, mais ils n&rsquo;en voyaient que deux couples (la forme affirmative/la forme n&eacute;gative, la forme active/la forme passive), ils achevaient la 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e sans apprendre qu&rsquo;il y a une troisi&egrave;me forme repr&eacute;sent&eacute;e par le couple emphatique/neutre. Quant &agrave; la phrase complexe, on se contentait d&rsquo;informer les &eacute;l&egrave;ves sur les cat&eacute;gories des verbes qui appellent l&rsquo;indicatif ou le subjonctif dans la subordonn&eacute;e, tout en n&eacute;gligeant les probl&egrave;mes de concordance des temps li&eacute;s au changement des temps des verbes de la principale. A cette &eacute;poque, les &eacute;l&egrave;ves rencontraient des difficult&eacute;s &eacute;normes devant les exercices o&ugrave; on leur proposait de mettre le verbe de la subordonn&eacute;e au mode et au temps qui conviennent&nbsp;: le plus souvent, ils identifiaient correctement le mode appropri&eacute;, quant au temps, les r&eacute;ponses fournies &eacute;taient g&eacute;n&eacute;ralement erron&eacute;es. Des erreurs de type&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai contempl&eacute; la beaut&eacute; du paysage qui m&rsquo;entoure.&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;Hier, j&rsquo;ai appris que tu es &agrave; Tunis.&nbsp;&raquo; jalonnaient les productions &eacute;crites des &eacute;l&egrave;ves.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Le d&eacute;coupage du savoir est le principe fondateur de la &laquo;&nbsp;progression cyclique&nbsp;&raquo;&nbsp;: </font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000"><q>La premi&egrave;re pr&eacute;sentation d&rsquo;un &eacute;l&eacute;ment grammatical n&rsquo;a pas besoin d&rsquo;&ecirc;tre exhaustive. Dans un premier temps, seuls les &eacute;l&eacute;ments jug&eacute;s les plus pertinents peuvent &ecirc;tre choisis&nbsp;; ce n&rsquo;est que dans un second ou dans un troisi&egrave;me temps que peuvent &ecirc;tre propos&eacute;s les autres aspects compl&eacute;mentaires de l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment grammatical en question, tout en r&eacute;visant les premiers aspects d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sent&eacute;s.</q> (Germain, C et Seguin, H., 1998).</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">De m&ecirc;me, puisque les notions grammaticales les plus complexes ne saurait &ecirc;tre enseign&eacute;es d&rsquo;un seul coup, les anciens programmes recouraient &agrave; ce que C. Germain appelle &laquo;&nbsp;les pr&eacute;alables grammaticaux&nbsp;&raquo;. Ce concept pr&eacute;conise l&rsquo;apprentissage des &eacute;l&eacute;ments grammaticaux simples avant de traiter les questions les plus difficiles &agrave; acqu&eacute;rir. A titre d&rsquo;exemple, avant d&rsquo;attaquer les subordonn&eacute;es circonstancielles (temps, cause, cons&eacute;quence), les &eacute;l&egrave;ves auraient d&eacute;j&agrave; vu les compl&eacute;ments circonstanciels dans la phrase simple.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">A partir du moment o&ugrave; la grammaire n&rsquo;est plus &laquo;&nbsp;r&eacute;gie par une progression qui lui est propre&nbsp;&raquo;, les objets d&rsquo;enseignement ne suivent plus une hi&eacute;rarchie de la langue allant de l&rsquo;analyse de la phrase (types et formes de phrases, analyse en constituants imm&eacute;diats) &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de la structure interne des groupes. Dans le cadre de l&rsquo;approche int&eacute;gr&eacute;e, certaines le&ccedil;ons sont construites, d&eacute;sormais, autour des notions comme le temps, la cause et la cons&eacute;quence, l&rsquo;opinion.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Malgr&eacute; la volont&eacute; d&rsquo;int&eacute;gration de la grammaire, on propose toujours des questions grammaticales classiques (le passif, les d&eacute;terminants). Si le crit&egrave;re de s&eacute;lection des &eacute;l&eacute;ments grammaticaux est en ad&eacute;quation avec l&rsquo;objectif discursif, la r&eacute;partition actuelle impose un certain nombre de remarques critiques. En effet, en passant d&rsquo;un niveau &agrave; un autre, pour un m&ecirc;me objectif discursif, on pr&eacute;voit des contenus grammaticaux diff&eacute;rents. A titre d&rsquo;exemple, le module d&rsquo;apprentissage n</font><font color="#000000"><sup>o</sup></font><font color="#000000"> 1 en 8</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> et 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave; </sup></font><font color="#000000">ann&eacute;es vise l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une m&ecirc;me comp&eacute;tence discursive qui est la production d&rsquo;un texte narratif&nbsp;; paradoxalement, dans le premier niveau, on programma trois le&ccedil;ons de grammaire (les pr&eacute;sentatifs, les mots de reprise, les pronoms personnels COD et COI), dans le second, on en envisage une seule (l&rsquo;expression du temps). On aurait pu pr&eacute;voir les m&ecirc;mes contenus grammaticaux avec un degr&eacute; d&rsquo;approfondissement plus important en 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e tout en respectant, bien entendu, le principe d&rsquo;ad&eacute;quation avec la comp&eacute;tence discursive du module. Aussi, concernant les types et les formes, nous remarquons qu&rsquo;en classe terminale (9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e), par exemple, on consacre un chapitre tout entier &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de la forme passive, alors que l&rsquo;on fait abstraction de l&rsquo;interrogation qui est un type de phrase majeur auquel l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve recourt souvent pour poser des questions, surtout que l&rsquo;on aborde en expression &eacute;crite le r&eacute;cit int&eacute;grant un dialogue. D&rsquo;autre part, la r&eacute;partition actuelle des contenus grammaticaux risque d&rsquo;influer n&eacute;gativement sur la comp&eacute;tence grammaticale des apprenants.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">En effet, avant la pr&eacute;sente r&eacute;forme, on r&eacute;servait &agrave; tous les niveaux du cycle une le&ccedil;on pour la phrase complexe qui s&rsquo;occupait essentiellement du m&eacute;canisme de subordination. Les &eacute;l&egrave;ves avaient donc l&rsquo;occasion de conna&icirc;tre voire de s&rsquo;entra&icirc;ner aux moyens linguistiques facilitant la ma&icirc;trise de la phrase complexe puisqu&rsquo;ils jouissaient surtout d&rsquo;une explication d&eacute;taill&eacute;e de la subordination suivie d&rsquo;un bon nombre d&rsquo;exercices. Aujourd&rsquo;hui, cette question est &agrave; peine effleur&eacute;e dans des le&ccedil;ons comme &laquo;&nbsp;L&rsquo;expression du temps&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;L&rsquo;expression de la cause et de la cons&eacute;quence&nbsp;&raquo;. Dans ce cas, l&rsquo;apprenant se trouve d&eacute;muni de toute connaissance structur&eacute;e sur la phrase complexe. Les programmes actuels dispensent des connaissances &eacute;parses sur la phrase complexe, ce qui complique leur apprentissage par l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve. De telles connaissances ne permettent pas &agrave; l&rsquo;apprenant de distinguer entre relatives, conjonctives et circonstancielles. Nous constatons &eacute;galement que l&rsquo;on enseigne des structures grammaticales qui sollicitent des op&eacute;rations mentales complexes comme les pronoms personnels COD et COI, alors qu&rsquo;on n&rsquo;a pas suffisamment initi&eacute; les &eacute;l&egrave;ves &agrave; la question de la transitivit&eacute; des verbes et &agrave; l&rsquo;identification des compl&eacute;ments essentiels. D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, la structure actuelle des contenus grammaticaux ne semble pas favoriser l&rsquo;apprentissage des &eacute;l&eacute;ments syntaxiques propos&eacute;s, puisque beaucoup de questions importantes ne sont pas reprises ni d&eacute;ploy&eacute;es sur l&rsquo;ensemble du cycle pour contribuer &agrave; une m&eacute;morisation efficace par les &eacute;l&egrave;ves.</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Dans le m&ecirc;me ordre d&rsquo;id&eacute;e, le manuel de 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e (Pratique du fran&ccedil;ais) a radicalement modifi&eacute; l&rsquo;approche des circonstanciels. On constate que ce manuel, contrairement aux anciens, propose de construire une le&ccedil;on autour de chaque circonstance comme le temps, la cause et la cons&eacute;quence ou le but. La notion du temps est programm&eacute;e au module n</font><font color="#000000"><sup>o</sup></font><font color="#000000"> 1 dont l&rsquo;objectif g&eacute;n&eacute;ral est d&rsquo;amener l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; la ma&icirc;trise du r&eacute;cit ou du texte narratif, alors que la notion de cause et de cons&eacute;quence est r&eacute;serv&eacute;e au module d&rsquo;apprentissage n</font><font color="#000000"><sup>o</sup></font><font color="#000000"> 4 (l&rsquo;avant-dernier) qui vise l&rsquo;acquisition du texte argumentatif. Il est clair que le principe d&rsquo;int&eacute;gration est &agrave; la base de cette diss&eacute;mination de l&rsquo;information sur les circonstanciels, mais cela n&rsquo;emp&ecirc;che pas que l&rsquo;on assure le minimum de coh&eacute;rence dans le contenu grammatical pr&eacute;sent&eacute; aux &eacute;l&egrave;ves. Or, cette le&ccedil;on sur les relations logiques n&rsquo;encha&icirc;ne pas avec celle de &laquo;&nbsp;L&rsquo;expression du temps&nbsp;&raquo; en sens que l&rsquo;on n&rsquo;utilise pas le terme &laquo;&nbsp;compl&eacute;ment circonstanciel&nbsp;&raquo;, quand on parle de la cause ou de la cons&eacute;quence. Sans doute, l&rsquo;apprenant qui n&rsquo;est pas renseign&eacute; sur le statut syntaxique des relations logiques (cause, cons&eacute;quence) ne pourra-t-il pas d&eacute;couvrir tout seul que ces constituants ont des propri&eacute;t&eacute;s formelles communes avec les circonstants de temps, m&ecirc;me s&rsquo;ils ne d&eacute;finissent pas s&eacute;mantiquement une circonstance de l&rsquo;action ou de l&rsquo;&eacute;tat d&eacute;crit. A cet &eacute;gard, nous pensons qu&rsquo;l n&rsquo;y a pas de raison de n&eacute;gliger une information d&rsquo;une ampleur pareille, surtout que ces diff&eacute;rentes circonstances sont enseign&eacute;es &agrave; des moments &eacute;loign&eacute;s de l&rsquo;ann&eacute;e.</font></span></p> <h2><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Grammaire de l&rsquo;&eacute;crit et &eacute;mergence d&rsquo;une didactique de l&rsquo;oral</font></span></h2> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Dans le contexte scolaire tunisien, on semble avoir durablement, sinon d&eacute;finitivement opt&eacute; pour l&rsquo;enseignement et le d&eacute;veloppement des comp&eacute;tences de l&rsquo;&eacute;crit. Jusqu&rsquo;&agrave; la r&eacute;forme de 1993, pr&eacute;c&eacute;dant les programmes actuels, l&rsquo;oral ne constituait pas un objet d&rsquo;enseignement ou d&rsquo;apprentissage, et se sa pratique se limitait &agrave; l&rsquo;interaction entre l&rsquo;enseignant et les &eacute;l&egrave;ves pendant les s&eacute;ances de lecture, de grammaire ou d&rsquo;expression &eacute;crite, m&ecirc;me si, dans ce cas, l&rsquo;on stimulait la parole des &eacute;l&egrave;ves en les encourageant &agrave; parler et &agrave; s&rsquo;initier &agrave; l&rsquo;exercice de cette activit&eacute;. Les &eacute;changes oraux ne sont qu&rsquo;une phase de pr&eacute;paration ou de passage vers l&rsquo;&eacute;crit et les discussions souvent dirig&eacute;es ne repr&eacute;sentent qu&rsquo;un moment de la d&eacute;marche d&rsquo;enseignement d&rsquo;une activit&eacute; &eacute;crite. Les explications orales du professeur, les r&eacute;ponses et les remarques des &eacute;l&egrave;ves favorisent la constitution d&rsquo;un savoir sur la grammaire, l&rsquo;explication de texte ou la production &eacute;crite. Par exemple, telle explication oralement pr&eacute;sent&eacute;e &agrave; propos d&rsquo;un ph&eacute;nom&egrave;ne linguistique conduira &agrave; une synth&egrave;se &eacute;crite, &agrave; la fin de la s&eacute;ance de grammaire. En Tunisie comme ailleurs, l&rsquo;oral a longtemps &eacute;t&eacute; &eacute;cart&eacute; des pr&eacute;occupations des concepteurs des programmes de fran&ccedil;ais Cet &eacute;tat de choses s&rsquo;explique par la fa&ccedil;on dont l&rsquo;oral est per&ccedil;u en milieu tunisien et plus largement au Maghreb. En effet, l&rsquo;oral a toujours &eacute;t&eacute; confondu avec l&rsquo;id&eacute;e de la langue parl&eacute;e qui est une notion li&eacute;e &agrave; un ensemble de repr&eacute;sentations p&eacute;joratives de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re. Cette langue parl&eacute;e est g&eacute;n&eacute;ralement per&ccedil;ue comme la langue des immigr&eacute;s en &eacute;chec scolaire en France. Ainsi, dans l&rsquo;esprit des enseignants et des parents, cette vari&eacute;t&eacute; est incorrecte et alt&eacute;r&eacute;e. Un peu partout, la sacralisation de l&rsquo;&eacute;crit comme mod&egrave;le transcendant traduisant la norme litt&eacute;raire a entrain&eacute; une telle stigmatisation du code oral. La sacralisation de l&rsquo;&eacute;crit et la d&eacute;valorisation de l&rsquo;oral ont particip&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une fausse id&eacute;e encore imposante, qui postule que la ma&icirc;trise de l&rsquo;&eacute;crit implique une pratique facile et ais&eacute;e de l&rsquo;oral, c&rsquo;est-&agrave;-dire que ce dernier n&rsquo;est rien d&rsquo;autre qu&rsquo;une transcription d&eacute;natur&eacute;e voire une contrefa&ccedil;on du code prestigieux. Cependant, le d&eacute;veloppement des &eacute;tudes sur les situations de communication et la mont&eacute;e en puissance de la sociolinguistique ont fait de l&rsquo;oral une priorit&eacute; de la recherche en linguistique, ce qui favoris&eacute;, par la suite, son entr&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;cole pour devenir une mati&egrave;re de base de la classe de langue et constituer, en cons&eacute;quence, une didactique &agrave; part enti&egrave;re. De ce fait, une nouvelle vision inspir&eacute;e de la recherche scientifique prend le dessus sur la conception normative&nbsp;: le code oral et le code &eacute;crit sont d&eacute;sormais consid&eacute;r&eacute;s comme deux supports diff&eacute;rents d&rsquo;un langage naturel donn&eacute;. Chacun de ces deux ordres de la communication linguistique rec&egrave;le une hi&eacute;rarchie compos&eacute;e de vari&eacute;t&eacute;s ou de niveaux. Dans la pratique scolaire, les enseignants ont remarqu&eacute;, depuis longtemps, l&rsquo;incapacit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves &agrave; entretenir des conversations entre eux ou avec des natifs&nbsp;: leur capacit&eacute; se limite &agrave; r&eacute;pondre aux questions pos&eacute;es en classe, qui ne demandent forc&eacute;ment pas une comp&eacute;tence communicative tr&egrave;s d&eacute;velopp&eacute;e, dans la mesure o&ugrave; ces r&eacute;ponses peuvent &ecirc;tre, parfois, r&eacute;sum&eacute;es en un seul mot. L&rsquo;ensemble de ces donn&eacute;es explique l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une didactique de l&rsquo;oral au coll&egrave;ge dont l&rsquo;objectif majeur est exprim&eacute; dans les textes officiels comme suit&nbsp;: </font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">&laquo;&nbsp;Au terme de la 9</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e de l&rsquo;enseignement de base, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve doit &ecirc;tre capable de comprendre des &eacute;nonc&eacute;s oraux vari&eacute;s et d&rsquo;en produire pour pr&eacute;senter/se pr&eacute;senter, informer/s&rsquo;informer, expliquer/justifier et discuter. Il mobilise, &agrave; cet effet, ses acquis linguistiques, culturels et m&eacute;thodologiques dans des situations de communication li&eacute;es aux contextes scolaire et social.&nbsp;&raquo; (Programmes officiels du second cycle de l&rsquo;enseignement de base, 2008-2009).</font></span></p> <p style="margin-left:24px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Les textes officiels affirment que le d&eacute;veloppement d&rsquo;une comp&eacute;tence communicative &agrave; l&rsquo;oral n&eacute;cessite la mobilisation d&rsquo;un certain nombre d&rsquo;acquis, entre autres, les connaissances linguistiques. Mais la question qui m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre pos&eacute;e est celle qui s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; l&rsquo;ad&eacute;quation entre le contenu des activit&eacute;s orales et la nature de la grammaire enseign&eacute;e au coll&egrave;ge. Autrement dit, les programmes d&rsquo;enseignement doivent, en principe, fournir au coll&eacute;gien les &laquo;&nbsp;ressources linguistiques&nbsp;&raquo; n&eacute;cessaires &agrave; la construction d&rsquo;une comp&eacute;tence communicative &agrave; l&rsquo;oral. D&rsquo;abord, le d&eacute;veloppement d&rsquo;une telle comp&eacute;tence passe par l&rsquo;initiation &agrave; l&rsquo;&eacute;cart entre le code &eacute;crit et le code oral. En effet, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve fran&ccedil;ais qui manipule sa langue maternelle quotidiennement dans sa r&eacute;alit&eacute; orale, lorsqu&rsquo;il entre &agrave; l&rsquo;&eacute;cole et d&eacute;couvre un deuxi&egrave;me code &agrave; caract&egrave;re graphique, per&ccedil;oit asses facilement l&rsquo;&eacute;cart consid&eacute;rable entre les deux codes. Dans le contexte de langue seconde, l&rsquo;apprenant ne peut pas percevoir tout seul cette r&eacute;alit&eacute; puisqu&rsquo;elle est dissimul&eacute;e derri&egrave;re le fran&ccedil;ais &eacute;crit auquel il a &eacute;t&eacute; familiaris&eacute;. La conception de l&rsquo;activit&eacute; orale dans les trois manuels du coll&egrave;ge fait abstraction de la non similitude entre les deux codes, malgr&eacute; les difficult&eacute;s de prononciation que rencontrent les nouvelles g&eacute;n&eacute;rations d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves &agrave; leur entr&eacute;e en 7</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e de base. A titre d&rsquo;exemple, beaucoup de nouveaux coll&eacute;giens prononcent le graph&egrave;me ou le morphogramme &laquo;&nbsp;ent&nbsp;&raquo; du verbe &agrave; la troisi&egrave;me personne du pluriel. Ensuite, une didactique de l&rsquo;oral qui se veut efficace et significative ne se contente pas d&rsquo;une simple initiation aux sp&eacute;cificit&eacute;s de la communication orale, mais n&eacute;cessite la mise en place d&rsquo;une grammaire de l&rsquo;oral. Une telle mesure est obligatoire parce qu&rsquo;il y a une diff&eacute;rence au niveau des structures syntaxiques des deux codes, et cette diff&eacute;rence risque d&rsquo;emp&ecirc;cher la compr&eacute;hension du message. D&rsquo;ailleurs, les &eacute;l&egrave;ves tunisiens d&rsquo;aujourd&rsquo;hui ayant presque tous acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;internet remarquent cette diff&eacute;rence et recourent souvent &agrave; l&rsquo;aide de personnes plus &acirc;g&eacute;es et plus comp&eacute;tentes comme les professeurs pour pouvoir poursuivre leurs conversations avec les natifs. Il suffit de rappeler quelques divergences syntaxiques pertinentes pour se rendre compte des difficult&eacute;s qui pourront fausser la communication. Nous pouvons citer le cas du passif&nbsp;: dans les manuels tunisiens, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve rencontre une seule variante morphosyntaxique, celle caract&eacute;ristique de l&rsquo;&eacute;crit que l&rsquo;on appelle &laquo;&nbsp;passif traditionnel&nbsp;&raquo;, et qui repr&eacute;sent&eacute;e par le sch&eacute;ma suivant&nbsp;: SN2+aux+p.pass&eacute;+pr&eacute;p+SN1. Or, dans la vie de tous les jours, les Fran&ccedil;ais, et plus largement les francophones, utilisent une autre forme du passif construite avec le factitif &laquo;&nbsp;se faire&nbsp;&raquo; et sans r&eacute;alisation de l&rsquo;agent de l&rsquo;action. L&rsquo;exemple suivant explicite la diff&eacute;rence entre les deux variantes&nbsp;:</font></span></p> <ol> <li> <p><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Un pi&eacute;ton a &eacute;t&eacute; renvers&eacute;e par la voiture rouge.</font></span></p> </li> <li> <p><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Un pi&eacute;ton s&rsquo;est fait renverser.</font></span></p> </li> </ol> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Par ailleurs, beaucoup d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves ne reconnaissent le passif que par la construction que leur pr&eacute;sente l&rsquo;&eacute;cole et ne se rendent compte du sujet passif que lorsqu&rsquo;il est suivi de la forme verbale auxiliaire &ecirc;tre + participe pass&eacute; et du compl&eacute;ment d&rsquo;agent introduit par la pr&eacute;position&nbsp;&laquo;&nbsp;par&nbsp;&raquo;. Par cons&eacute;quent, il sera difficile &agrave; l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve de comprendre le contenu s&eacute;mantique de la phrase n</font><font color="#000000"><sup>o </sup></font><font color="#000000">2 et de r&eacute;aliser que &laquo;&nbsp;un pi&eacute;ton&nbsp;&raquo; est un sujet passif. Dans ce cas, il comprendra souvent le contraire du message v&eacute;hicul&eacute;, dans le sens o&ugrave; il ignore la construction avec &laquo;&nbsp;se faire&nbsp;&raquo; et m&eacute;connait le sens de ce verbe pronominal.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">En revanche, la grammaire enseign&eacute;e au coll&egrave;ge est essentiellement une grammaire de l&rsquo;&eacute;crit, si l&rsquo;on excepte la premi&egrave;re le&ccedil;on du programme de 8</font><font color="#000000"><sup>&egrave;</sup></font><font color="#000000"> ann&eacute;e, intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Les pr&eacute;sentatifs&nbsp;&raquo;, qui est en ad&eacute;quation avec l&rsquo;objectif de l&rsquo;activit&eacute; orale &laquo;&nbsp;se pr&eacute;senter, pr&eacute;senter quelqu&rsquo;un, s&rsquo;adresser &agrave; quelqu&rsquo;un en utilisant les formes appropri&eacute;es&nbsp;&raquo;.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">D&rsquo;ailleurs, les pr&eacute;sentatifs introduisent une phrase dite &agrave; dislocation gauche&nbsp;: une construction bien qu&rsquo;attest&eacute;e par la grammaire descriptive, fait l&rsquo;objet d&rsquo;une critique acerbe par la grammaire prescriptive qui la qualifie de &laquo;&nbsp;famili&egrave;re&nbsp;&raquo; et la classe parmi les &laquo;&nbsp;gallicismes&nbsp;&raquo;. Paradoxalement, des questions sur les pr&eacute;sentatifs figurent dans les devoirs de contr&ocirc;le et de synth&egrave;se qui sont cens&eacute;s contr&ocirc;ler les comp&eacute;tences de l&rsquo;&eacute;crit. La nouvelle r&eacute;forme fait de l&rsquo;oral une activit&eacute; de base de la classe de fran&ccedil;ais sans la prendre en m&ecirc;me temps comme un objet privil&eacute;gi&eacute; d&rsquo;&eacute;valuation&nbsp;: aujourd&rsquo;hui comme auparavant, la note d&rsquo;oral est octroy&eacute;e sur la base de la participation des &eacute;l&egrave;ves en classe. Enfin, l&rsquo;instauration d&rsquo;une didactique de l&rsquo;oral exige la formation des enseignants concernant la fa&ccedil;on de diriger les discussions, qui diff&egrave;re de celle qu&rsquo;ils ont l&rsquo;habitude de pratiquer, qui consiste &agrave; poser des questions pour recevoir des r&eacute;ponses et les corriger. De m&ecirc;me, une telle formation doit traiter le probl&egrave;me de la conception que se fait l&rsquo;enseignant de l&rsquo;activit&eacute; orale&nbsp;: majoritairement, les enseignants ne sont pas convaincus de l&rsquo;utilit&eacute; de l&rsquo;oral dans la construction des comp&eacute;tences langagi&egrave;res des &eacute;l&egrave;ves. Le plus souvent, ils se passent de cette activit&eacute; au profit d&rsquo;une s&eacute;ance de grammaire ou d&rsquo;expression &eacute;crite.</font></span></p> <h2 style="margin-left: 48px;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Conclusion</font></span></h2> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">La recherche didactique abordant la question de la grammaire dans l&rsquo;enseignement de L</font><font color="#000000"><sub>2</sub></font><font color="#000000"> a permis la r&eacute;actualisation voire le perfectionnement des pratiques p&eacute;dagogiques en situation d&rsquo;apprentissage. N&eacute;anmoins, en contexte de classe, l&rsquo;enseignant est confront&eacute; au dilemme pos&eacute; par l&rsquo;obligation de concr&eacute;tiser les finalit&eacute;s didactiques figurant dans le curriculum prescrit et par la contrainte de suivre &agrave; la lettre le mod&egrave;le th&eacute;orique de r&eacute;f&eacute;rence et la m&eacute;thode d&rsquo;enseignement propos&eacute;s par le manuel scolaire. Toutefois, il semble difficile d&rsquo;harmoniser la r&eacute;alit&eacute; de la classe de langue, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment la particularit&eacute; de la pratique effective de la grammaire avec les propositions et les exigences des textes officiels. En effet, l&rsquo;h&eacute;ritage acad&eacute;mique de l&rsquo;enseignant, et surtout, les id&eacute;es qu&rsquo;il se fait de la grammaire influencent directement ses pratiques p&eacute;dagogiques. D&rsquo;autre part, la didactisation des pr&eacute;suppos&eacute;s th&eacute;oriques en situation de classe et la conversion d&rsquo;un cours de grammaire en activit&eacute; d&rsquo;enseignement-apprentissage sollicitent un haut niveau d&rsquo;adaptation aux caract&eacute;ristiques de la situation d&rsquo;enseignement. On peut, d&egrave;s lors, s&rsquo;interroger sur la faisabilit&eacute; d&rsquo;un programme de grammaire et sur l&rsquo;efficacit&eacute; du mat&eacute;riel didactique mis &agrave; la disposition des enseignants. Depuis l&rsquo;installation du projet didactique relatif &agrave; la r&eacute;forme de 2006 dans les coll&egrave;ges tunisiens, on insiste sur l&rsquo;int&eacute;gration de la grammaire aux autres volets du fran&ccedil;ais afin que cet enseignement se fasse en contexte et que la grammaire devienne signifiante aux yeux des &eacute;l&egrave;ves.</font></span></p> <h2 style="margin-left: 48px;"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Bibliographie</font></span></h2> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Besse H., Porquier R. (1984), </font><font color="#000000"><i>Grammaire et didactique des langues</i></font><font color="#000000">, Hatier, coll. LAL.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Besse H. (1980), &laquo;&nbsp;Le discours m&eacute;talinguistique de la classe&nbsp;&raquo;, </font><font color="#000000"><i>Encrages</i></font><font color="#000000">, </font><font color="#000000"><i>Acquisition d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re</i></font><font color="#000000">.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Besse H. (1991), &laquo;&nbsp;(Pr&eacute;) Conception et finalit&eacute;s des techniques d&rsquo;enseignement de la grammaire d&rsquo;une langue seconde ou &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo;, </font><font color="#000000"><i>Triangle</i></font><font color="#000000">, 8.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Besse H. (2000), &laquo;&nbsp;Enseigner la grammaire d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo;, in doctorat, Universit&eacute; de Paris VIII, mult.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Cuq J. &ndash; P. (1996), </font><font color="#000000"><i>Une introduction &agrave; la didactique de la grammaire en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re</i></font><font color="#000000">, Didier/Hatier.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Germain C., Seguin H. (1998), </font><font color="#000000"><i>Le point sur la grammaire</i></font><font color="#000000">, CLE International.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Krashen S. (1985), </font><font color="#000000"><i>The Input hypothesis&nbsp;: Issues and Implications</i></font><font color="#000000">, London, Longman.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Pienemann M. (1984), &laquo;&nbsp;Psychological contraints on the teachability of languages&nbsp;&raquo;, </font><font color="#000000"><i>Studies in second language acquisition</i></font><font color="#000000">, 6.2.</font></span></p> <p style="margin-left:48px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Vigner G. (2004), </font><font color="#000000"><i>La grammaire en FLE</i></font><font color="#000000">, Hacette, F.</font></span></p> <p>&nbsp;</p>