<p><strong>Abstract</strong> :&nbsp;This article introduces an original material and approach for the determiners &ldquo;un, du, ce, le&rdquo; and the compound past / imperfect contrast at the initial exolingual level. The basic idea is to request a &ldquo;replay&rdquo; (Lapaire, 2013) of short video fragments, extracted from the CLAPI database, so that learners have examples of determiners and tenses in real use. The designing of the material and the approach is the first phase of a project that will later include experimentation with first-year university students in Japan. To this extent, the presentation of the four determiners and the two tenses taken from a grammar textbook published in Japan is analyzed. The typical overreliance on first language nevertheless subverts the situated meaning of grammar. Then, a complementary material drawing on Bottineau (2014) is meant to emphasize the dialogical dimension of grammar. In the second part of the article, an embodied perspective on discourse is introduced, the first video excerpt of the material analyzed, then a pedagogical model of the excerpt designed to help with its memorization and replay is presented: a materialization based on the pitch contour, displaying how word segments, gestures and gaze align together in speech. Finally, the other five excerpts of the material are presented.</p> <p>&nbsp;</p> <p>Les exemples dans les manuels de grammaire exolingues sont souvent impersonnels et d&eacute;contextualis&eacute;s, mais l&rsquo;absence d&rsquo;ancrage ne semble pas pr&eacute;judiciable <em>a priori</em> puisque les exemples sont traduits et expliqu&eacute;s dans la langue d&rsquo;apprentissage. Les notions grammaticales ne sont pas expliqu&eacute;es en tant qu&rsquo;elles sont fondamentalement dialogiques, c&rsquo;est-&agrave;-dire dans un &eacute;nonc&eacute; oral ou &eacute;crit destin&eacute; &agrave; un autre locuteur, mais sont au contraire en suspens dans le vide de la page, sans circonstances ni incarnation. Cette approche est s&eacute;curisante : elle a l&rsquo;avantage de contr&ocirc;ler l&rsquo;intrusion du nouvel idiome, litt&eacute;ralement en l&rsquo;englobant entre la description m&eacute;talinguistique et la traduction de l&rsquo;exemple. Ce faisant, la langue d&rsquo;apprentissage dissimule aussi l&rsquo;exp&eacute;rience de la mati&egrave;re &agrave; apprendre. Dans ce cas, comment faire pour que la langue &agrave; apprendre soit v&eacute;cue dans les circonstances de son apparition, pour fournir aux apprenants la possibilit&eacute; d&rsquo;exp&eacute;riences spontan&eacute;es de cette langue&nbsp;? Comment favoriser ensuite une r&eacute;flexion allant du particulier de ces exemples v&eacute;cus &agrave; la g&eacute;n&eacute;ralit&eacute; de la r&egrave;gle du manuel de grammaire&nbsp;?</p> <p>On rend compte dans cet article de la conception d&rsquo;un mat&eacute;riel et d&rsquo;une d&eacute;marche n&eacute;s de ces questions. L&rsquo;id&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;approche est d&rsquo;utiliser de courts extraits vid&eacute;o d&rsquo;interactions orales spontan&eacute;es (tir&eacute;s de la base CLAPI<a href="#_edn1" name="_ednref1" title="">[1]</a>) et d&rsquo;en demander un &laquo;&nbsp;rejeu&nbsp;&raquo; &ndash; l&rsquo;imitation, ou plut&ocirc;t la r&eacute;interpr&eacute;tation &laquo;&nbsp;conscient[e] d&rsquo;un &ldquo;jeu&rdquo; corporel inconscient&nbsp;&raquo; (Lapaire, 2013&nbsp;: 60) &ndash;&nbsp; pour constituer le mat&eacute;riau de ces exemples v&eacute;cus, f&ucirc;ssent-ils des imitations. Ce travail est l&rsquo;&eacute;tape initiale d&rsquo;un projet de recherche avant une mise en &oelig;uvre exp&eacute;rimentale au niveau initial. L&rsquo;objectif du projet est d&rsquo;&eacute;tudier l&rsquo;influence de cette approche sur la compr&eacute;hension d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments grammaticaux importants &agrave; ce niveau, l&rsquo;actualisation du nom avec &laquo;&nbsp;un / du / ce / le&nbsp;&raquo; et l&rsquo;emploi du pass&eacute; compos&eacute; et de l&rsquo;imparfait. La mise en &oelig;uvre est le niveau de premi&egrave;re ann&eacute;e en fran&ccedil;ais deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re &agrave; l&rsquo;universit&eacute; au Japon, et prend la forme d&rsquo;un travail individuel en autonomie guid&eacute;e &agrave; la maison sur deux mois. Il est pr&eacute;vu que les volontaires r&eacute;alisent des vid&eacute;os de leurs rejeux et soient ensuite interrog&eacute;s sur leur pr&eacute;paration mais aussi sur la compr&eacute;hension des temps et d&eacute;terminants cibl&eacute;s. Enfin, ils renseigneront un questionnaire r&eacute;trospectif sur leur ressenti d&rsquo;ensemble.</p> <p>Dans la section suivante, la pr&eacute;sentation de ces &eacute;l&eacute;ments dans un manuel de grammaire japonais est analys&eacute;e, et un mat&eacute;riel compl&eacute;mentaire original cens&eacute; souligner leur dimension dialogique (ce que le manuel ne fait pas) est pr&eacute;sent&eacute;. La section 3 introduit la perspective suivant laquelle on exploite les extraits vid&eacute;os, qui sera une perspective incarn&eacute;e, c&rsquo;est-&agrave;-dire o&ugrave; la parole et les gestes r&eacute;alisent la pens&eacute;e. Dans la section 4, une mat&eacute;rialisation bas&eacute;e sur le contour intonatif pour guider le rejeu est pr&eacute;sent&eacute;e, ainsi que la liste des cinq autres extraits vid&eacute;o. Une section conclusive aborde les limites intrins&egrave;ques de cette premi&egrave;re phase du projet et revient sur les enjeux d&rsquo;ensemble.</p> <h2>1. &Eacute;l&eacute;ments de grammaire</h2> <p>&nbsp;</p> <h3>1.1 Les manuels FLE &eacute;dit&eacute;s en Japon</h3> <p>Les manuels FLE (fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re) &eacute;dit&eacute;s au Japon sont relativement homog&egrave;nes dans leur conception. D&rsquo;apr&egrave;s Chevalier (2011), l&rsquo;influence commune est la m&eacute;thode traditionnelle du <em>yakudoku</em> (litt. lecture traductionnelle). Dans cette m&eacute;thode, con&ccedil;ue pour lire le texte en langue &eacute;trang&egrave;re &ndash; &agrave; l&rsquo;origine en chinois &ndash;, chaque mot est traduit, puis la phrase est r&eacute;align&eacute;e dans la syntaxe du japonais. Par ailleurs, en FLE, les manuels de grammaire utilisent le m&eacute;talangage du fran&ccedil;ais langue premi&egrave;re, ainsi que pour la temporalit&eacute; des temps dits du pass&eacute; des termes venant de l&rsquo;anglais, &eacute;tudi&eacute; d&egrave;s le coll&egrave;ge, traduisant l&rsquo;opposition d&rsquo;aspect accompli / inaccompli notamment (Delbarre, 2014). Ces manuels, en g&eacute;n&eacute;ral appr&eacute;ci&eacute;s des enseignants et apprenants, comportent invariablement la pr&eacute;sentation grammaticale de l&rsquo;item suivie d&rsquo;exercices sur la morphologie (Suzuki, 2001). Un de ceux-ci, <em>Le fran&ccedil;ais</em><a href="#_edn2" name="_ednref2" title="">[2]</a>, largement utilis&eacute;, servira d&rsquo;illustration pour les &eacute;l&eacute;ments grammaticaux cibl&eacute;s.</p> <h3>2. 2. &laquo;&nbsp;un, du, ce, le&nbsp;&raquo; dans <em>Le fran&ccedil;ais</em><a href="#_edn3" name="_ednref3" title="">[3]</a></h3> <p>L&rsquo;ind&eacute;fini et le partitif sont pr&eacute;sent&eacute;s sous le rapport de leur opposition comptable / massif. L&rsquo;article ind&eacute;fini :</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>koko no kazu o kazoeru koto ga dekiru mono o arawasu meishi no mae ni tsukete,</em></p> <p style="margin-left: 80px;">se met devant un nom exprimant une chose que l&rsquo;on peut compter individuellement,</p> <p style="margin-left: 80px;">&rarr; <em>tansu de wa &lsquo;hitotsu no&hellip;&rsquo;, fukusu de wa &lsquo;ikutsuka no&rsquo;</em> (p. 10)</p> <p style="margin-left: 80px;">&rarr; au singulier &lsquo;un (exemplaire de)&hellip;&rsquo;, au pluriel &lsquo;un certain nombre de&hellip;&rsquo;</p> <p>Ces d&eacute;finitions sont assorties d&rsquo;exemples traduits, qui d&eacute;clinent les paradigmes du singulier et du pluriel avec les compteurs par formes et cat&eacute;gories utilis&eacute;s en japonais :</p> <p style="margin-left: 80px;">un crayon&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <em>ippon no empitsu</em> (compteur &laquo;&nbsp;hon&nbsp;&raquo; pour les objets cylindriques)</p> <p style="margin-left: 80px;">des arbres&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <em>nanponka no kigi</em> (idem)</p> <p style="margin-left: 80px;">une &eacute;toile&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <em>hitotsu no hoshi</em> (compteur cardinal universel)</p> <p style="margin-left: 80px;">des maisons&nbsp; <em>nankenka no ieie</em> (compteur &laquo;&nbsp;ken&nbsp;&raquo; pour les b&acirc;timents)</p> <p>M&ecirc;me page, l&rsquo;article partitif sera donc pour &laquo;&nbsp;les choses que l&rsquo;on ne peut pas compter individuellement, etc.&nbsp;&raquo; En revanche, les exemples pour le d&eacute;fini s&rsquo;appuient sur le contexte d&rsquo;&eacute;nonciation : &laquo;&nbsp;qui est l&agrave;, qui est le sujet dont on parle&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>tokutei no mono o arawasu meishi no mae ni tukeru.</em></p> <p style="margin-left: 80px;">(Le d&eacute;fini) se met devant le nom qui exprime une chose d&eacute;finie.</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>le stylo&nbsp;</em>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<em> sono mannenhitsu</em></p> <p style="margin-left: 80px;">le stylo&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; ce stylo</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>la table&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; (soko ni aru) sono tēburu</em></p> <p style="margin-left: 80px;">la table&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; cette table (qui est l&agrave;)</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>le livre&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; (ima, wadai ni shita) sono hon</em></p> <p style="margin-left: 80px;">le livre&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; ce livre (dont on parle maintenant) (litt.&nbsp;: (que l&rsquo;on a) fait th&egrave;me maintenant)</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>la maison de Paul&nbsp;&nbsp;&nbsp; pōru no ie</em></p> <p style="margin-left: 80px;">la maison de Paul&nbsp;&nbsp;&nbsp; la maison de Paul</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>tada hitotsu shika nai mono (le soleil taiyō, la lune tsuki) mo tokutei dakara, teikanshi o tsukau. </em>(p. 12)</p> <p style="margin-left: 80px;">Cependant, les choses uniques (le soleil, la lune) sont aussi d&eacute;finies, et prennent donc le d&eacute;fini.</p> <p>Enfin, le d&eacute;terminant d&eacute;monstratif (p. 16) est simplement donn&eacute; en correspondance avec les adjectifs d&eacute;monstratifs proximal, m&eacute;dial et distal <em>kono, sono</em> et <em>ano</em>. Cependant, ceux-ci peuvent correspondre &agrave; l&rsquo;article d&eacute;fini (Imoto, 2011&nbsp;: 15). Dans le manuel en effet, <em>sono</em> traduisait le d&eacute;fini, d&rsquo;o&ugrave; ces &eacute;quivalences probl&eacute;matiques&nbsp;(nous soulignons) :</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>le stylo</em>&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<em><strong> sono</strong> mannenhitsu</em> (p. 12)</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>ce train</em>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;<em><strong> sono</strong> ressha</em> (p. 16)</p> <p>La pr&eacute;sentation du d&eacute;fini comporte bien des &eacute;l&eacute;ments de l&rsquo;&eacute;nonciation, mentionnant en particulier le th&egrave;me (<em>wadai</em>) du discours, mais cette orientation &eacute;nonciative semble abandonn&eacute;e dans la rectification &laquo;&nbsp;Cependant, les choses uniques, etc.&nbsp;&raquo;&nbsp;: le concepteur craint-il une confusion avec le crit&egrave;re de comptabilit&eacute; &eacute;tabli pour l&rsquo;ind&eacute;fini&nbsp;?</p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px">Quelles sont, bri&egrave;vement, les correspondances sur lesquelles s&rsquo;appuie le concepteur du manuel&nbsp;? Tout d&rsquo;abord, le japonais, langue sans articles, utilise<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>wa</em>, une marque de topique, i.e. au niveau du discours, accol&eacute;e au syntagme nominal, lequel se trouve simultan&eacute;ment d&eacute;tach&eacute; de mais aussi li&eacute; &agrave; ce qui suit (Klingler, 2003).<em> wa</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>correspondra donc par d&eacute;faut au syntagme d&eacute;fini quand celui-ci est sujet (Imoto, 2011&nbsp;: 19). L&rsquo;ind&eacute;finitude des articles ind&eacute;fini et partitif pourra &ecirc;tre rendue en japonais par l&rsquo;adjectif ind&eacute;fini<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>aru</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>&ndash; ce qui se voit dans certains manuels mais pas dans<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>Le fran&ccedil;ais</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">, </span></span></span></span>o&ugrave; c&rsquo;est l&rsquo;opposition comptable/massif qui &eacute;tait choisie &ndash; ou par un quantificateur (voir l&rsquo;exemple ci-dessus&nbsp;:<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>un crayon &rarr; ippon no empitsu</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">). </span></span></span></span>Les quantificateurs sont en effet &laquo;&nbsp;repositionnables&nbsp;&raquo; (facultativement) comme introducteur d&rsquo;une information nouvelle dans le r&eacute;cit (voir Imoto, 2011&nbsp;: 20). Les objets &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan sont rendus en syntagmes d&eacute;finis en fran&ccedil;ais &ndash; r&eacute;f&eacute;rence dite faible en s&eacute;mantique r&eacute;f&eacute;rentielle &ndash;, trait pris par d&eacute;faut en japonais mais non marqu&eacute;, dans le m&ecirc;me &laquo;&nbsp;effet d&rsquo;accommodation&nbsp;&raquo;, o&ugrave; l&rsquo;ordre des mots contribue aussi &agrave; la dichotomie discursive information donn&eacute;e / nouvelle :</p> <p style="margin-left: 80px;"><img height="91" src="https://www.numerev.com/img/ck_137_6_image-20230214094222-1.png" width="419" /></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px">Ici, le nominatif <em>ga</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>fonctionne (toujours) dans le syntagme, contrairement &agrave;<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>wa</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>(marque de topique). La particule <em>ga</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>peut &eacute;ventuellement introduire le topique, mais si l&rsquo;information n&rsquo;est pas r&eacute;cup&eacute;rable, elle est interpr&eacute;t&eacute;e imm&eacute;diatement comme nouvelle (Imoto, 2011&nbsp;: 21).</p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px">En r&eacute;sum&eacute;, l&rsquo;ind&eacute;fini est marqu&eacute;&nbsp;en japonais&nbsp;; pour une information nouvelle, l&rsquo;ind&eacute;fini sera rendu par<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>ga</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>dans les constructions existentielles tandis que le syntagme d&eacute;fini sera d&eacute;tach&eacute; avec <em>wa</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">. </span></span></span></span>Enfin, la d&eacute;finitude &laquo;&nbsp;faible&nbsp;&raquo; de l&rsquo;arri&egrave;re-plan n&rsquo;aura pas de marque.</p> <p>Ainsi, le manuel <em>Le fran&ccedil;ais</em>, repr&eacute;sentatif d&rsquo;une tendance g&eacute;n&eacute;rale, fait usage syst&eacute;matique de la langue d&rsquo;apprentissage pour aborder les d&eacute;terminants &laquo;&nbsp;un&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;du&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;ce&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;le&nbsp;&raquo; alors qu&rsquo;elle-m&ecirc;me en est d&eacute;pourvue.</p> <h3>2.3. Le pass&eacute; compos&eacute; et l&rsquo;imparfait dans <em>Le fran&ccedil;ais</em></h3> <p>Le pass&eacute; compos&eacute; est d&eacute;fini abruptement par ses deux valeurs d&rsquo;ant&eacute;rieur au pr&eacute;sent et d&rsquo;accompli du pr&eacute;sent, avec un exemple traduit pour chacune des valeurs.</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>kako no kōi &ndash; jijitsu, mata wa sono kekka de aru genzai no jōtai o arawasu</em></p> <p style="margin-left: 80px;">Ce temps exprime une action ou un fait du pass&eacute;, ou bien encore la situation qui en r&eacute;sulte dans le pr&eacute;sent.</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>J&rsquo;ai chant&eacute;.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; watashi wa utta.</em></p> <p style="margin-left: 80px;">(litt. : moi avoir chant&eacute;)</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>Il est sorti.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; kare wa gaishutsu shita (= genzai, gaishutsuch&ucirc; de aru)</em></p> <p style="margin-left: 80px;">(litt. : lui sortie avoir fait (= pr&eacute;sent, sortie en cours &ecirc;tre)) (p. 26)</p> <p>L&rsquo;imparfait est d&eacute;fini quelques le&ccedil;ons plus tard, dans sa fonction d&rsquo;arri&egrave;re-plan dans l&rsquo;organisation temporelle du r&eacute;cit et dans l&rsquo;expression de l&rsquo;habitude r&eacute;volue. L&rsquo;imparfait</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>kako ni keizoku ch&ucirc; no kōi &ndash; jōtai o arawasu</em></p> <p style="margin-left: 80px;">exprime une action ou une situation qui continue dans le pass&eacute;</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>Quand le t&eacute;l&eacute;phone a sonn&eacute;, je dormais. </em></p> <p style="margin-left: 80px;"><em>denwa ga natta toki, watashi wa nette ita.</em></p> <p style="margin-left: 80px;"><em>(litt. : t&eacute;l&eacute;phone avoir sonn&eacute; moment, moi avoir &eacute;t&eacute; dormant)</em></p> <p style="margin-left: 80px;"><em>kako ni kurikae sareta kōi &ndash; shūkanteki kōi o arawasu</em></p> <p style="margin-left: 80px;">exprime une action r&eacute;p&eacute;t&eacute;e ou habituelle dans le pass&eacute;</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>J&rsquo;allais chez lui tous les dimanches.</em></p> <p style="margin-left: 80px;"><em>watashi wa mai nichiyō, kare no ie ni itta mono da. (p. 38)</em></p> <p style="margin-left: 80px;">(litt.&nbsp;: moi tous les dimanches, lui de maison &agrave; avoir &eacute;t&eacute; chose &ecirc;tre)</p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px">Le japonais grammaticalise la marque d&rsquo;aspect <em>-ta</em> pour l&rsquo;ant&eacute;rieur au pr&eacute;sent, qui, avec des verbes dynamiques peut aussi marquer l&rsquo;accompli du pr&eacute;sent (ci-dessus&nbsp;: <span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><em>gaishutsu shita</em> &laquo;</span></span></span></span>&nbsp;&ecirc;tre sorti&nbsp;&raquo;). Cependant, les interactions avec les autres composantes et caract&eacute;ristiques du pr&eacute;dicat verbal sont nombreuses, en particulier l&rsquo;aspect lexical, la n&eacute;gation ou encore les circonstants temporels (Hirashima, 1999&nbsp;; Katano, 2012). Ainsi, <em>-ta</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>seul ne rend pas de distinction d&rsquo;aspect sur la zone statique du lexique verbal. Un exemple est la construction existentielle<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>N-ga aru</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><i>&nbsp;</i>:</span></span></span></span></p> <p style="margin-left: 80px;">&nbsp;<img height="91" src="https://www.numerev.com/img/ck_137_6_image-20230214094303-2.png" width="430" />&nbsp;</p> <p>Il est vrai cependant que l&rsquo;acquisition de l&rsquo;accompli sur le lexique verbal statique est tardive pour tous les apprenants (Bergstr&ouml;m, 1997).</p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px">Les verbes d&rsquo;activit&eacute; au pass&eacute;, par exemple ci-dessus <em>nette ita</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>&laquo;&nbsp;(je) dormais&nbsp;&raquo; (<em>neru</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">&nbsp;&laquo;&nbsp;dormir&nbsp;&raquo;),</span></span></span></span> rendent l&rsquo;arri&egrave;re plan mais<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>nette ita</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>est aussi compatible avec un circonstant de dur&eacute;e, qui demande le pass&eacute; compos&eacute;. Dans ce cas, <span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><em>netta</em> </span></span></span></span>est possible mais<em> -te<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><i> </i></span></span></span></span>ita</em> &laquo;&nbsp;dilate&nbsp;&raquo; la dur&eacute;e (Hirashima, 1999&nbsp;: 204). Avec les verbes d&rsquo;ach&egrave;vement, <em>-te ita</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>peut &ecirc;tre rendu par le plus-que-parfait si le moment de r&eacute;f&eacute;rence est manifestement apr&egrave;s l&rsquo;accomplissement&nbsp;:<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span><em>sudeni dette ita</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>&laquo;&nbsp;j&rsquo;&eacute;tais d&eacute;j&agrave; sorti(e)&nbsp;&raquo; (<em>deru</em> &laquo;&nbsp;sortir&nbsp;&raquo;).<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span></span></span></span>Enfin, sur le lexique verbal dynamique, l&rsquo;accompli du pr&eacute;sent est rendu, dans sa forme n&eacute;gative, par <em>te inai</em>. Les apprenants diront &laquo;&nbsp;je ne d&eacute;cide pas&nbsp;&raquo; en pensant <em>kimete inai</em> &laquo;&nbsp;(je) n&rsquo;ai pas d&eacute;cid&eacute;&nbsp;&raquo; (<em>kimeru</em> &laquo;&nbsp;d&eacute;cider&nbsp;&raquo;) car <em>-te iru</em> est aussi la forme progressive, mise en &eacute;quivalence avec le <em>present continuous</em> durant leur scolarit&eacute;.</p> <p>L&rsquo;imparfait repr&eacute;sente ainsi une grande difficult&eacute; d&rsquo;apprentissage car il n&rsquo;y a pas de &laquo;&nbsp;tiroir&nbsp;&raquo; parall&egrave;le au pr&eacute;sent en japonais (Hirashima, 1999), mais aussi parce que <em>-te ita</em>, la forme g&eacute;n&eacute;ralement mise en correspondance dans le cas des verbes dynamiques, entre dans des combinaisons vari&eacute;es avec l&rsquo;aspect lexical, la n&eacute;gation et les circonstants temporels, rendant des valeurs aspectuelles contradictoires en l&rsquo;absence de contexte.</p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px">Sans doute pour contourner ces risques et circonscrire cet emploi de l&rsquo;imparfait &agrave; celui de l&rsquo;habitude dans le pass&eacute;, l&rsquo;auteur du manuel recourt plut&ocirc;t aux ressources de la premi&egrave;re langue en rapportant l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; aux conditions psychologiques possibles de sa production. D&rsquo;apr&egrave;s Shimamori (2001&nbsp;: 251 et sq.), <em>mono da</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">, </span></span></span></span>o&ugrave; <em>mono</em> signifie &laquo;&nbsp;chose&nbsp;&raquo; et <em>da</em> est la copule, marque un engagement subjectif du locuteur vis-&agrave;-vis du propos, en particulier, dans le cas o&ugrave; le pr&eacute;dicat pr&eacute;c&eacute;dent est une forme du pass&eacute; comme ici, en traduisant un attachement affectif, &laquo;&nbsp;une &eacute;motion [&hellip;] suscit&eacute;e par un souvenir du pass&eacute;&nbsp;&raquo; (p. 254). Cependant, impliquer <em>-ta</em> dans la pr&eacute;sentation de l&rsquo;imparfait est une solution experte, que l&rsquo;apprenant d&eacute;butant peut voir comme une contradiction&nbsp;(nous soulignons) :</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>J&rsquo;ai chant&eacute;.</em>&nbsp;&nbsp;</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>watashi wa ut<strong>ta</strong>. (p. 26)</em></p> <p style="margin-left: 80px;"><em>J&rsquo;allais chez lui tous les dimanches.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</em>&nbsp;&nbsp;</p> <p style="margin-left: 80px;"><em>watashi wa mai nichiy&ocirc;, kare no ie ni it<strong>ta</strong> mono da. (p. 38)</em></p> <h3>2.4. Mat&eacute;riel compl&eacute;mentaire</h3> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px">L&rsquo;exp&eacute;rimentation se fera en autonomie, hors du temps de classe. Les &eacute;tudiants consulteront leur manuel de grammaire &ndash; qui sera <em>Le fran&ccedil;ais</em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> o</span></span></span></span>u un autre manuel comparable &ndash;, mais aussi, en guise de compl&eacute;ment, et dans l&rsquo;id&eacute;e de partir plut&ocirc;t de la langue &agrave; apprendre, un mat&eacute;riel compl&eacute;mentaire pour &laquo;&nbsp;un, du, ce, le&nbsp;&raquo; et le contraste pass&eacute; compos&eacute; / imparfait bas&eacute; sur des visuels cens&eacute;s souligner la dimension dialogique. On s&rsquo;inspire en partie de Bottineau (2014), qui envisage l&rsquo;enseignement grammatical comme l&rsquo;entra&icirc;nement &agrave; l&rsquo;emploi conventionnel de formes vocales pour susciter chez les locuteurs des &laquo;&nbsp;gestes cognitifs&nbsp;&raquo; &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire des dispositions d&rsquo;esprit sp&eacute;cifiques prises &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des choses ou situations &eacute;voqu&eacute;es &ndash; d&eacute;pendant des connaissances qu&rsquo;ils se pr&ecirc;tent.</p> <h4>2.4.1. &laquo;&nbsp;un, du, ce, le&nbsp;&raquo;</h4> <p><em>Figure 1: Sch&eacute;ma pour &laquo; un, ce, le &raquo;.</em></p> <p align="center" style="text-align:justify"><img height="292" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-32.jpeg" width="567" /></p> <p>Les sch&eacute;mas de la Figure 1 pour l&rsquo;ind&eacute;fini, le d&eacute;monstratif et le d&eacute;fini &ndash; le partitif est trait&eacute; &agrave; part ci-dessous &ndash; sont suppos&eacute;s faire &eacute;cho &agrave; l&rsquo;&laquo;&nbsp;effet d&rsquo;amor&ccedil;age&nbsp;&raquo; que les d&eacute;terminants produisent chez l&rsquo;interlocuteur (Bottineau, 2014&nbsp;: 189-193)&nbsp;: ils font attendre l&rsquo;&eacute;vocation de l&rsquo;objet en instaurant une certaine disposition d&rsquo;esprit. On retient les traits suivants&nbsp;: le d&eacute;terminant suscite l&rsquo;apparition de l&rsquo;objet, en faisant d&rsquo;abord inf&eacute;rer son absence dans le pr&eacute;sent v&eacute;cu de l&rsquo;interlocuteur dans le cas de &laquo;&nbsp;un&nbsp;&raquo; ou en partant de son existence pour &laquo;&nbsp;le&nbsp;&raquo;. Le sch&eacute;ma pour &laquo;&nbsp;ce&nbsp;&raquo; est cens&eacute; repr&eacute;senter le fait que l&rsquo;&eacute;vocation de l&rsquo;objet op&egrave;re dans le pr&eacute;sent v&eacute;cu du locuteur.</p> <p>Le sens spatial du partitif &ndash; extraction d&rsquo;une quantit&eacute; ind&eacute;termin&eacute;e d&rsquo;un objet sp&eacute;cifi&eacute; &ndash; est &eacute;teint dans les emplois g&eacute;n&eacute;raux souvent entendus en classe au niveau d&eacute;butant&nbsp;: &laquo;&nbsp;j&rsquo;ai des amis en France, je fais du tir &agrave; l&rsquo;arc, etc.&nbsp;&raquo; Or l&rsquo;ind&eacute;termination de la quantit&eacute; extraite est &agrave; la base de la grammaticalisation des traits ind&eacute;fini contre &laquo;&nbsp;le&nbsp;&raquo; et massif contre &laquo;&nbsp;un&nbsp;&raquo; (Carlier, 2007). Dans les sch&eacute;mas Figure 2, l&rsquo;exemple &ndash; un liquide &ndash; est exploit&eacute; pour rendre cette ind&eacute;termination implicite, puis sont indiqu&eacute;s les emplois abstraits du patron syntaxique en construction directe qui a (historiquement) &eacute;merg&eacute;.</p> <p><em>Figure 2: Sch&eacute;ma pour &laquo; du &raquo;.</em></p> <p align="center" class="TDFLE-titre3" style="text-align:center; text-indent:0cm"><img height="347" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-33.jpeg" width="567" /></p> <h4>2.4.2. Pass&eacute; compos&eacute; / imparfait</h4> <p>Suivant Bottineau (2014&nbsp;: 195-196), le geste que le pass&eacute; compos&eacute; invite &agrave; r&eacute;aliser dans sa valeur d&rsquo;ant&eacute;rieur au pr&eacute;sent est celui d&rsquo;un bilan r&eacute;trospectif r&eacute;alis&eacute; dans le pr&eacute;sent v&eacute;cu des locuteurs (Figure 3, &agrave; gauche ; comme pr&eacute;c&eacute;demment le moment de l&rsquo;&eacute;change est repr&eacute;sent&eacute; par le phylact&egrave;re)&nbsp;:</p> <p><em>Figure 3: Sch&eacute;mas pour le pass&eacute; compos&eacute;, &agrave; gauche, et l&#39;imparfait, &agrave; droite.</em></p> <p align="center" style="text-align:justify"><img height="228" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-34.jpeg" width="567" /></p> <p>En revanche, l&rsquo;imparfait &ndash; &agrave; droite &ndash; est un &laquo;&nbsp;acte d&rsquo;imagination&nbsp;&raquo; par lequel la situation &eacute;voqu&eacute;e est superpos&eacute;e au pr&eacute;sent, empruntant la m&ecirc;me dynamique perceptuelle (Bottineau, 2014&nbsp;: 195)&nbsp;: c&rsquo;est ce tiroir parall&egrave;le au pr&eacute;sent absent du japonais (Hirashima, 1999). Le sch&eacute;ma reprend l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un voyage dans le temps ou plut&ocirc;t d&rsquo;un d&eacute;doublement des locuteurs en leur &laquo;&nbsp;avatar implicite&nbsp;&raquo; dans le pass&eacute; simul&eacute; (Bottineau, correspondance scientifique ; en pr&eacute;paration).</p> <h2>3. Incarner la grammaire</h2> <p>&nbsp;</p> <p>Le mat&eacute;riel ci-dessus est suppos&eacute; montrer la grammaire au moment de la parole dans les effets qu&rsquo;elle suscite, &agrave; savoir les dispositions d&rsquo;esprit prises sur les choses et les situations. En cela, il doit &ecirc;tre une passerelle entre les riches traductions du manuel de grammaire et les vid&eacute;os d&rsquo;interactions orales spontan&eacute;es qui donneront, elles, corps et voix aux d&eacute;terminants et aux temps. Cette seconde moiti&eacute; de l&rsquo;article sera consacr&eacute;e &agrave; pr&eacute;senter les ressources vid&eacute;o et le mat&eacute;riel con&ccedil;u pour aider au rejeu des extraits. En pr&eacute;alable, on introduit la perspective adopt&eacute;e, o&ugrave; l&rsquo;incarnation de la grammaire est mise en &eacute;vidence.</p> <h3>3.1. Une perspective incarn&eacute;e</h3> <p>Le pr&eacute;sent travail exploitera des extraits vid&eacute;os de la base CLAPI (voir note 1) disponibles et modifiables sous licence Creative Common 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0). CLAPI-FLE est une plateforme outill&eacute;e (avec recherche par rubrique) adjointe ult&eacute;rieurement &agrave; CLAPI et comportant une quarantaine d&rsquo;extraits courts avec transcription, lexique, ph&eacute;nom&egrave;nes oraux notables, indications et pistes d&#39;exploitation p&eacute;dagogique pour l&rsquo;enseignant et l&rsquo;apprenant avanc&eacute; (voir Alberdi et al., 2018 ; Ravazzolo et al., 2015). Fondamentalement, les exploitations p&eacute;dagogiques des ressources de CLAPI-FLE se pr&eacute;sentent comme des adaptations de l&rsquo;analyse des interactions &ndash; h&eacute;rit&eacute;e de l&rsquo;ethnom&eacute;thodologie &ndash; comme &laquo; pratiques sociales situ&eacute;es &raquo; (Ravazzolo &amp; &Eacute;tienne, 2019 : para. 5).</p> <p>Dans ce paradigme, rien n&rsquo;est dit, cependant, du r&ocirc;le de l&rsquo;activit&eacute; mentale du locuteur. Ici, on envisagera au contraire que le discours, les gestes, les mimiques, le regard incarnent la pens&eacute;e. Pour Arievitch (2017&nbsp;: p. 86 et sq.), la pens&eacute;e est constitu&eacute;e de portions d&rsquo;activit&eacute;s externes sur le monde. En effet, imaginer ou faire imaginer une action, c&#39;est encore selon les &laquo;&nbsp;lois&nbsp;&raquo; du monde ext&eacute;rieur, qu&rsquo;&eacute;voquent davantage des notions telles que surface, acc&egrave;s, entit&eacute;, contact, pr&eacute;hension, d&eacute;placement, projection, resserrement, disparition, etc. Et la parole ? Tout comme les gestes concr&eacute;tisent l&rsquo;abstrait en repr&eacute;sentant la forme, la localisation, le mouvement (Calbris, 2010), la parole mime ces fragments d&rsquo;activit&eacute;. Apprendre &agrave; parler, c&rsquo;est apprendre par r&eacute;p&eacute;titions et inf&eacute;rences incessantes la performance de tel ou tel fragment d&#39;activit&eacute; dans l&rsquo;ex&eacute;cution de tel ou tel segment de parole et de geste. Les inf&eacute;rences op&egrave;rent dans le rapport diff&eacute;renci&eacute; &agrave; l&#39;&eacute;tat imm&eacute;diat de mon monde (si je suis interlocuteur) dans des &laquo;&nbsp;protocoles&nbsp;&raquo; (Bottineau, 2014) de faire-penser qui varient de langue &agrave; langue. C&#39;est le cas en particulier pour la grammaire des articles et des temps verbaux en fran&ccedil;ais, avec comme enjeu en FLE l&rsquo;habituation &agrave; ce jeu d&rsquo;esprit (Bottineau, 2014).</p> <p>Cependant, en situation concr&egrave;te de parole spontan&eacute;e, c&#39;est la dimension temporelle qui vient au premier plan&nbsp;: &laquo; <em>[c]e qui existe simultan&eacute;ment dans la pens&eacute;e se d&eacute;veloppe successivement dans le langage </em>&raquo; (Vygotski, 1997 [1934]&nbsp;: 492, italique dans l&rsquo;original). Dans le d&eacute;roul&eacute; de la parole, l&rsquo;id&eacute;e simultan&eacute;e se fractionne sous la pression de l&rsquo;environnement&nbsp;(vouloir-dire, cadre social, connaissances partag&eacute;es, etc.) en fragments de pens&eacute;e rythm&eacute;s et mim&eacute;s en sons et gestes. Dans ce cadre &ndash; juste esquiss&eacute; &ndash;, la valeur devient la forme (la d&eacute;finitude le d&eacute;fini, le bilan r&eacute;somptif dans le pr&eacute;sent le pass&eacute; compos&eacute;, etc.). Ce sera un enjeu futur de montrer que cette approche incarn&eacute;e s&#39;int&egrave;gre dans le paradigme interactionniste. Pour l&rsquo;heure, le premier extrait vid&eacute;o du mat&eacute;riel (qui en compte six au total) est analys&eacute; dans cette approche.</p> <h4>3.3. Extrait 1 - Pr&eacute;diquer l&rsquo;existence, mimer une action<a href="#_edn4" name="_ednref4" title="">[4]</a></h4> <p>La locutrice, &Eacute;lodie, est une &eacute;tudiante d&rsquo;une vingtaine d&rsquo;ann&eacute;es. C&rsquo;est la rentr&eacute;e, et elle a invit&eacute; deux amies, Marion et B&eacute;atrice, pour un verre dans l&rsquo;appartement o&ugrave; elle s&rsquo;est r&eacute;cemment install&eacute;e. La cam&eacute;ra est orient&eacute;e &agrave; hauteur de la table o&ugrave; les trois jeunes femmes vont discuter quelque trente minutes de divers sujets. &Eacute;lodie parle notamment de l&rsquo;emm&eacute;nagement d&rsquo;Alex, son petit ami, dans un nouvel appartement, et de l&rsquo;indiff&eacute;rence de celui-ci &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des questions de mobilier et de d&eacute;coration. Elle explique qu&rsquo;elle a r&eacute;cup&eacute;r&eacute; des c&eacute;ramiques aupr&egrave;s de son p&egrave;re, qui fait les magasins d&rsquo;antiquit&eacute;s. Dans l&rsquo;extrait, &Eacute;lodie d&eacute;crit un de ces pots en mimant la pr&eacute;hension des anses et encha&icirc;ne sur l&rsquo;usage qu&rsquo;elle et Alex ont fait du pot une fois qu&rsquo;ils l&rsquo;ont eu install&eacute; dans l&rsquo;appartement&nbsp;: &laquo;&nbsp;apr&egrave;s ` y avait un pot vert j&rsquo;ai mis on a mis toutes les piles dedans&nbsp;&raquo; (Figure 4).</p> <p><em>Figure 4: Extrait 1. &Eacute;lodie, B&eacute;atrice, Marion. L&rsquo;hashtag # indique le moment de la capture.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="220" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-35.jpeg" width="752" /></p> <p>Typiquement dans l&rsquo;organisation d&rsquo;un r&eacute;cit, l&rsquo;ind&eacute;fini &laquo;&nbsp;un&nbsp;&raquo; suscitera l&rsquo;apparition d&rsquo;une entit&eacute; nouvelle, c&rsquo;est-&agrave;-dire en en faisant d&rsquo;abord inf&eacute;rer l&rsquo;absence (voir Figure 2). Aussi, les photos de la s&eacute;quence Figure 4 montrent qu&rsquo;&Eacute;lodie mime la pr&eacute;hension des anses avant m&ecirc;me que le mot &laquo;&nbsp;anses&nbsp;&raquo; soit prononc&eacute; dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute;, un fait de pr&eacute;c&eacute;dence du geste sur la parole largement document&eacute; dans Calbris (2010). Le mime de la pr&eacute;hension est un &laquo;&nbsp;sch&eacute;ma d&rsquo;action&nbsp;&raquo; pouvant renvoyer au sujet, &agrave; l&rsquo;action ou &agrave; l&rsquo;objet (Calbris, 2010&nbsp;: 10), possibilit&eacute;s tout de suite d&eacute;sambigu&iuml;s&eacute;es d&egrave;s &laquo;&nbsp;pot&nbsp;&raquo; et surtout&nbsp;&laquo;&nbsp;anses&nbsp;&raquo;&nbsp;: le geste sugg&egrave;re l&rsquo;existence du pot en la simulant. L&rsquo;emploi de l&rsquo;imparfait (&laquo;&nbsp;` y avait&nbsp;&raquo;) est cet &laquo;&nbsp;acte d&rsquo;imagination&nbsp;&raquo; qui d&eacute;double le pr&eacute;sent (voir Figure 3) en un ailleurs &eacute;galement imperfectif (Bottineau, 2014).</p> <p>Un autre fait marquant s&rsquo;observe &agrave; partir du contour intonatif&nbsp;(Figure 5)&nbsp;:</p> <p><em>Figure 5: Contour intonatif de l&rsquo;extrait 1 avec Praat (Boersma &amp; Weenink, 2005).</em></p> <p align="center" style="text-align:justify"><img height="189" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-36.png" width="752" /></p> <p>Le groupe &laquo; avec des anses &raquo; est produit apr&egrave;s un silence notable de 0,4 seconde et s&rsquo;accole &agrave; la proposition suivante. Tant qu&rsquo;&Eacute;lodie mime le fait de tenir le pot, son regard est dirig&eacute; sur l&rsquo;objet imaginaire, mais &agrave; la proposition suivante (&laquo;&nbsp;j&rsquo;ai mis&hellip; &raquo;), elle l&egrave;ve les yeux sur Marion, et le geste de pr&eacute;hension laisse la place &agrave; d&rsquo;autres mouvements. Sur &laquo;&nbsp;toutes les piles&nbsp;&raquo;, un balayage rapide de la main gauche, de faible amplitude, peut sugg&eacute;rer la pluralisation (Lapaire, 2014&nbsp;: 172), et l&rsquo;ouverture des doigts des deux mains sur &laquo;&nbsp;dedans&nbsp;&raquo; la projection sur un espace (int&eacute;riorit&eacute; du pot) :</p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><img height="192" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-37.png" width="752" /></p> <p>(conventions de transcription&nbsp;: cf. Mondada, 2016)</p> <p>Il est remarquable que les deux propositions, aussi curieusement li&eacute;es sur le plan prosodique, r&eacute;f&egrave;rent &agrave; deux situations pass&eacute;es diff&eacute;rentes : d&rsquo;une part, le moment en pr&eacute;sence du pot rep&eacute;r&eacute; parmi les autres rapport&eacute;s par le p&egrave;re d&rsquo;&Eacute;lodie, et d&rsquo;autre part l&rsquo;appartement d&rsquo;Alex. La pr&eacute;dication d&rsquo;existence &ndash; &laquo;&nbsp;il y a&nbsp;&raquo; &ndash; est mim&eacute;e dans le geste de pr&eacute;hension mais, on l&rsquo;a vu, virtualis&eacute;e avec l&rsquo;imparfait. C&rsquo;est comme si la repr&eacute;sentation du pot &ndash; sur le segment &laquo;&nbsp;apr&egrave;s [&hellip;] vert&nbsp;&raquo;, B&eacute;atrice et Marion semblent aussi regarder l&rsquo;objet &ndash; paraissait susciter, pour &Eacute;lise, le souvenir le plus r&eacute;cent qui y est associ&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire dans l&rsquo;appartement, et dans sa nouvelle fonction. On peut penser qu&rsquo;&Eacute;lise s&rsquo;aper&ccedil;oit qu&rsquo;&laquo; avec des anses &raquo; restait &agrave; dire, et l&rsquo;exp&eacute;die accoll&eacute; en t&ecirc;te du segment suivant, &laquo;&nbsp;avec des anses j&rsquo;ai mi on a mis toutes les piles dedans&nbsp;&raquo;. Ici, la d&eacute;finitude dans &laquo;&nbsp;les piles&nbsp;&raquo;, qui ressort de &laquo;&nbsp;l&rsquo;effet d&rsquo;ajustement&nbsp;&raquo; pour les objets de l&rsquo;arri&egrave;re-plan, doit s&rsquo;apprendre&nbsp;: les locuteurs de japonais premi&egrave;re langue le rendent sans marque (Imoto, 2011&nbsp;; ci-dessus 2.2.).</p> <p>Dans la perspective d&rsquo;un rejeu de cet extrait, il nous parait essentiel de faire jouer ce &laquo;&nbsp;spectacle grammatical&nbsp;&raquo; (Lapaire, 2013&nbsp;: 60), en donnant, en plus de la vid&eacute;o, des outils qui mettent ces gestes en &eacute;vidence dans le d&eacute;roul&eacute; temporel de la s&eacute;quence. Cet outil sera nomm&eacute; ci-dessous &laquo;&nbsp;mat&eacute;rialisation&nbsp;&raquo;&nbsp;: une visualisation du contour intonatif comportant aussi l&rsquo;indication des changements d&rsquo;orientation du regard et des segments sur lesquels les gestes sont effectu&eacute;s.</p> <h2>4. Ensemble du mat&eacute;riel et son utilisation, et liste des extraits</h2> <p>&nbsp;</p> <h3>4.1. Ensemble du mat&eacute;riel et son utilisation</h3> <p>L&rsquo;utilisateur aura d&rsquo;abord &agrave; lire les traductions de la pr&eacute;sentation de l&rsquo;extrait et de la s&eacute;quence plus large dont l&rsquo;extrait est tir&eacute;. Il aura aussi les renvois &agrave; son manuel de grammaire pour les quatre d&eacute;terminants et le pass&eacute; compos&eacute; et l&rsquo;imparfait &ndash; ce manuel sera <em>Le fran&ccedil;ais</em> ou un manuel comparable &ndash; ainsi que le mat&eacute;riel grammatical compl&eacute;mentaire (voir section 2). La mat&eacute;rialisation est repr&eacute;sent&eacute;e Figure 6. Le travail &agrave; r&eacute;aliser consiste en 1) la r&eacute;p&eacute;tition et 2) l&rsquo;internalisation.</p> <p>1) Pour contrecarrer l&rsquo;effet de r&eacute;cence, c&rsquo;est-&agrave;-dire le fait pour le pr&eacute;sent per&ccedil;u de n&rsquo;&ecirc;tre maintenu qu&rsquo;un bref laps de temps en m&eacute;moire &agrave; court terme, on suivra Billi&egrave;res (2002&nbsp;: para. 62) qui sugg&egrave;re de pratiquer un &laquo;&nbsp;d&eacute;coupage r&eacute;gressif&nbsp;&raquo;. Dans le cas pr&eacute;sent, les lignes d&rsquo;exercice seront &agrave; faire en r&eacute;alisant l&rsquo;orientation du regard sur le pot (↘) ou vers Marion (&rarr;) et les gestes correspondants au fragment de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute;&nbsp;:</p> <p>dedans (&rarr;, projection)</p> <p>toutes les piles (&rarr;, geste de pluralisation) dedans (&rarr;, projection)</p> <p>j&rsquo;ai mis on a mis (&rarr;, transition) toutes les piles (&rarr;, geste de pluralisation) dedans (&rarr;, projection)</p> <p>Etc.</p> <p><em>Figure 6: Mat&eacute;rialisation p&eacute;dagogique de l&#39;extrait 1.</em></p> <p align="center" style="text-align:justify"><img height="492" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-38.jpeg" width="766" /></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p>Les apprenants auront aussi pour consigne de se constituer des images visuelles (du pot, des piles, d&rsquo;un arri&egrave;re plan, du lieu d&rsquo;&eacute;nonciation) mobilisables au moment de la pratique.</p> <p>2) Pour l&rsquo;internalisation, on demandera de se r&eacute;p&eacute;ter le fragment en discours priv&eacute; en r&eacute;alisant une ex&eacute;cution r&eacute;duite des gestes tout en conservant l&rsquo;alignement temporel avec l&rsquo;&eacute;nonc&eacute;, ensuite en discours int&eacute;rieur (ou simulation int&eacute;rieure) en suivant des yeux le contour de la mat&eacute;rialisation, puis de m&eacute;moire, en ex&eacute;cutant le fragment en pens&eacute;e.</p> <p>Ce second point, qui int&eacute;resse particuli&egrave;rement la suite du projet, s&rsquo;inspire directement de la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;&laquo;&nbsp;approche par &eacute;tapes&nbsp;&raquo; (<em>stepwise procedure</em>) (Arievitch, 2017; Arievitch et Haenen, 2005; Galperin, 1989, 1992), connue en didactique de langue &eacute;trang&egrave;re sous l&rsquo;appellation d&rsquo;&laquo;&nbsp;approche par concepts&nbsp;&raquo;. Dans cette approche, il est pr&eacute;sent&eacute; aux apprenants une carte d&eacute;taillant l&rsquo;action compl&egrave;te que le concept cible permet d&rsquo;accomplir (&eacute;tape de mat&eacute;rialisation)<a href="#_edn5" name="_ednref5" title="">[5]</a>. Dans une seconde &eacute;tape, les apprenants en bin&ocirc;mes ont &agrave; r&eacute;soudre des situations-probl&egrave;mes cette carte en main. Ils doivent &ecirc;tre capables de se d&eacute;crire l&rsquo;un l&rsquo;autre les actions successives qu&rsquo;ils ex&eacute;cutent (&eacute;tape de verbalisation). Enfin, ils sont en mesure de r&eacute;aliser cette action sur le plan mental (&eacute;tape d&rsquo;internalisation), dans une forme abr&eacute;g&eacute;e en &laquo;&nbsp;pure pens&eacute;e&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est la transition vers cette derni&egrave;re &eacute;tape, d&eacute;crite comme suit, que l&rsquo;on retient&nbsp;:</p> <p><q>La fondation verbale de l&rsquo;action commence &agrave; se r&eacute;duire (de plus en plus, car le caract&egrave;re articul&eacute; de la parole entrave le d&eacute;roulement du processus) ; et au fur et &agrave; mesure que cette r&eacute;duction se produit, les significations verbales commencent &agrave; se succ&eacute;der automatiquement sans plus &ecirc;tre s&eacute;par&eacute;es par leurs supports symboliques et moteurs. Un flux rapide et non articul&eacute; de significations fusionne en un flux continu, qui se r&eacute;v&egrave;le &agrave; l&#39;auto-observation sans les supports symboliques et moteurs de la parole, constitu&eacute; ainsi en &laquo;&nbsp;pure pens&eacute;e&nbsp;&raquo;. (Galperin, 1992&nbsp;: 63, notre traduction)<a href="#_edn6" name="_ednref6" title="">[6]</a></q></p> <p>Une fois le travail en discours int&eacute;rieur accompli, les apprenants auront &agrave; r&eacute;aliser une vid&eacute;o d&rsquo;un rejeu similaire de m&eacute;moire, o&ugrave; la coordination de l&rsquo;intonation, du regard, des gestes et de l&rsquo;imagerie visuelle est conserv&eacute;e mais sans chercher l&rsquo;exactitude dans l&rsquo;imitation. On fait l&rsquo;hypoth&egrave;se qu&rsquo;en r&eacute;ponse aux questions sur l&rsquo;emploi des d&eacute;terminants et des temps lors de l&rsquo;entretien, l&rsquo;apprenant devra mettre en perspective son rejeu en contexte. Dans le cas de l&rsquo;extrait 1, ce fond contextuel inclut 1) le pass&eacute; et 2) le pr&eacute;sent d&rsquo;&Eacute;lise appropri&eacute;s en m&eacute;moire&nbsp;: 1) les moments pass&eacute;s o&ugrave; &Eacute;lise r&eacute;cup&egrave;re le pot &ndash; dont la pr&eacute;sence est simul&eacute;e dans le geste de pr&eacute;hension, simulation d&rsquo;un ailleurs &agrave; laquelle invite aussi conventionnellement l&rsquo;imparfait &ndash; et o&ugrave; elle en fait un accessoire de rangement; 2) le moment pr&eacute;sent de la planification et de l&rsquo;ex&eacute;cution en face des deux interlocutrices (de la cam&eacute;ra lors du rejeu), qui, elles, d&eacute;couvrent les choses et actions repr&eacute;sent&eacute;es.</p> <h3>4.2. Les extraits</h3> <p>Cette section se cl&ocirc;t sur les cinq autres extraits (sans leur mat&eacute;rialisation). Laissant de c&ocirc;t&eacute; l&rsquo;essentiel des ph&eacute;nom&egrave;nes de l&rsquo;oralit&eacute;, on caract&eacute;rise bri&egrave;vement, pour illustration, l&rsquo;emploi des &eacute;l&eacute;ments de grammaire. Est-ce que ce sont les extraits qui vont &eacute;clairer la compr&eacute;hension du mat&eacute;riel grammatical&nbsp;? Ou l&rsquo;inverse&nbsp;? Quels liens les apprenants vont-ils constituer entre les informations contextuelles, leur gestualit&eacute;, les explications du manuel et les sch&eacute;mas du mat&eacute;riel&nbsp;? Ces liens t&eacute;moigneront-ils d&rsquo;une capacit&eacute; &agrave; la g&eacute;n&eacute;ralisation&nbsp;?</p> <h4>4.2.1. Extrait 2 - Donner un ordre (pour rire)</h4> <p>Corpus: Ap&eacute;ritif entre ami(e)s - chat, G. Icor, S. Schwarz (00:16:22)</p> <p>Laurent et Julie accueillent un autre couple d&rsquo;amis pour un verre avant de sortir. Le chat fait irruption, et Laurent lui ordonne de partir, en feignant, par plaisanterie, de croire que le chat comprend&nbsp;(Figure 7):</p> <p><em>Figure 7: Extrait 2. Claire, Laurent et Julie.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="227" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-39.jpeg" width="752" /></p> <p>Ici, le d&eacute;fini &laquo;&nbsp;le&nbsp;&raquo; ne participe pas de la distinction entre informations ancienne et nouvelle, et ne serait pas du tout exprim&eacute; en japonais (Imoto,&nbsp;2011: 25). L&rsquo;extrait 2 vise la familiarisation avec cette version &laquo;&nbsp;&eacute;teinte&nbsp;&raquo; de la d&eacute;finitude.</p> <h4>4.2.2. Extrait 3 - Reprendre les mots de l&rsquo;interlocuteur</h4> <p>Corpus&nbsp;: Ap&eacute;ritif entre ami(e)s - rupture, G. Icor, J. Duchanois (00:03:52)</p> <p>L&#39;extrait 3 met en sc&egrave;ne Justine, accueillant chez elle pour une verre un couple d&#39;amis, Albine et Arnaud. &Agrave; la table basse du salon, et ils s&#39;&eacute;changent des nouvelles. Albine explique que son p&egrave;re a lu son &laquo;&nbsp;rapport d&rsquo;&eacute;tonnement&nbsp;&raquo; &ndash; sorte de rapport de stage. Justine demande pourquoi un tel nom est donn&eacute; &agrave; ce rapport. Voil&agrave; la question de Justine et la r&eacute;ponse d&rsquo;Albine (Figure 8):</p> <p><em>Figure 8: Contours intonatifs de l&rsquo;extrait 3.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="189" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-40.png" width="756" /></p> <p style="text-align:justify"><img height="189" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-41.png" width="756" /></p> <p><em>Figure 9: Extrait 3. Arnaud, Albine et Justine.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="204" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-42.jpeg" width="752" /></p> <p>D&rsquo;abord, l&rsquo;imparfait superpose au pr&eacute;sent per&ccedil;u le pr&eacute;sent simul&eacute; du stage, puis l&rsquo;accent d&rsquo;emphase (Billi&egrave;res, 2002&nbsp;: para. 43) sur /dle/ (Figure 8) r&eacute;investit m&eacute;lodiquement le mot &laquo;&nbsp;&eacute;tonnement&nbsp;&raquo; de la question o&ugrave; il &eacute;tait &agrave; plat. Accompagn&eacute; d&rsquo;un geste d&rsquo;ext&eacute;riorisation (photo 3 Figure 9, notre marquage), la m&eacute;lodie met en exergue la r&eacute;ponse&nbsp;: l&rsquo;exp&eacute;rience enti&egrave;re du stage entre dans un rapport d&rsquo;identit&eacute; (copule &laquo;&nbsp;&ecirc;tre&nbsp;&raquo;) avec le concept abstrait d&rsquo;&eacute;tonnement (introduit par le partitif, voir Figure 3).</p> <h4>4.2.3. Extrait 4 - Donner un exemple et le commenter</h4> <p>Corpus: Ap&eacute;ritif entre ami(e)s - chat, G. Icor, S. Schwarz (00:13:12)</p> <p>Apr&egrave;s un voyage en Su&egrave;de avec Julie, Laurent explique le comportement collectif des jeunes Su&eacute;dois (Figure 10).</p> <p>Les deux ind&eacute;finis du th&egrave;me requi&egrave;rent d&rsquo;inf&eacute;rer l&rsquo;absence des entit&eacute;s &eacute;voqu&eacute;es et d&rsquo;assister &agrave; leur introduction improvis&eacute;e (ou pas&nbsp;?)&nbsp;: d&rsquo;abord le qui, &laquo;&nbsp;un groupe de jeunes&nbsp;&raquo;, puis le quoi, &laquo;&nbsp;prendre un ap&eacute;ro&nbsp;&raquo;,&nbsp;apr&egrave;s captation de l&rsquo;attention par le tr&egrave;s haut &laquo;&nbsp;heu j` sais pas moi&nbsp;&raquo; accompagn&eacute; d&rsquo;un geste de la main &eacute;galement vers le haut (Figure 11).</p> <p><em>Figure 10: Contours intonatifs de l&rsquo;extrait 4.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="189" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-43.png" width="752" /></p> <p style="text-align:justify"><img height="189" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-44.png" width="752" /></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p><em>Figure 11: Extrait 4.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="204" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-45.jpeg" width="752" /></p> <p>Apr&egrave;s l&rsquo;intonation montante sur &laquo;&nbsp;maint`nant&nbsp;&raquo; pour conserver la parole, une nouvelle transition absence-pr&eacute;sence avec un autre ind&eacute;fini permet de clore sur la d&eacute;couverte du commentaire&nbsp;: &laquo;&nbsp;un&nbsp;truc heu super heu particulier quoi&raquo; (Figure 10).</p> <h4>4.2.4. Extrait 5 - Se r&eacute;engager dans l&rsquo;&eacute;change</h4> <p>Corpus: Ap&eacute;ritif entre ami(e)s - chat, G. Icor, S. Schwarz (00:24:33)</p> <p>Dans cet extrait, les m&ecirc;mes parlent de leur projet professionnel. Que va bien pouvoir faire Julie, &eacute;tudiante en sciences du langage ? L&rsquo;&eacute;change pr&eacute;c&eacute;dent &eacute;tait&nbsp;:</p> <p>Jean&nbsp;: &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; et tu te destines &agrave; quoi apr&egrave;s, en fait tu vas faire quoi avec &ccedil;a&nbsp;?</p> <p>Laurent&nbsp;: &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; mais elle fait rien</p> <p>(rires)</p> <p>Claudine&nbsp;: &nbsp;&nbsp;&nbsp; j&#39;ai jamais compris ce qu&#39;elle voulait faire avec mais bon (rires)</p> <p>Jean&nbsp;: &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; ouais# apr&egrave;s cinq ann&eacute;es# de [inaudible]</p> <p>Julie: &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; je pense# je pense la question&hellip;</p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La Figure 12 montre Julie le sourire pinc&eacute; photo 1 se redressant ensuite vers le centre de l&rsquo;&eacute;change&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p><em>Figure 12: Extrait 5.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="181" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-46.jpeg" width="752" /></p> <p>L&rsquo;&eacute;nonc&eacute; op&egrave;re aussi ce repositionnement du th&egrave;me &ndash; &laquo;&nbsp;la question&nbsp;&raquo; aurait <em>wa</em> en japonais ici (Imoto, 2011&nbsp;: 19) &ndash; dans une dislocation &agrave; droite, &laquo;&nbsp;toute la question c&rsquo;est&nbsp;&raquo;, fusionn&eacute;e dans plusieurs ligateurs. L&rsquo;&eacute;nonc&eacute; se stabilise &ndash; quand Julie s&rsquo;est redress&eacute;e &ndash; sur un autre th&egrave;me, &laquo;&nbsp;moi&nbsp;&raquo;, et le fait crucial qui &eacute;tait absent, &laquo;&nbsp;une autre approche&nbsp;&raquo; (voir Figure 13)&nbsp;: &laquo;&nbsp;j` pense j` pense `te la question t` sais c&rsquo;est `fin en fait pour moi j&rsquo;ai une autre approche moi j` me suis toujours int&eacute;ress&eacute;e aux langues&nbsp;&raquo;, avec emphase sur &laquo;&nbsp;toujours&nbsp;&raquo;. Comme &laquo;&nbsp;t`as pas le droit&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;extrait 2, le d&eacute;fini dans &laquo;&nbsp;aux&nbsp;&raquo; ne participe pas de la partition ancien / nouveau dans la progression du discours.&nbsp;</p> <p><em>Figure 13: Contour intonatif de l&rsquo;extrait 5.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="189" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-47.png" width="751" /></p> <h4>4.4.5. Extrait 6&nbsp;- Distinguer deux objets</h4> <p>Corpus : R&eacute;union de conception en architecture - mosaic, Bruxelles, S. et al., 2002 (00:27:48)</p> <p>Ce dernier extrait est diff&eacute;rent des pr&eacute;c&eacute;dents en ce qu&rsquo;il provient d&rsquo;une r&eacute;union de travail. Charles, chef de projet, Louis et Marie, architectes, &eacute;changent &agrave; propos de la r&eacute;habilitation d&rsquo;un ch&acirc;teau en centre de s&eacute;minaires. Louis et Charles d&eacute;briefent Marie sur les souhaits du gestionnaire&nbsp;: vers l&rsquo;accueil, r&eacute;duire le nombre d&rsquo;ascenseurs de deux &agrave; un seul, qui soit &agrave; la fois pour les clients et pour le personnel. Louis rapporte la proposition &agrave; deux ascenseurs soumise initialement, en distinguant &laquo;&nbsp;ici&nbsp;&raquo; pour l&rsquo;ascenseur client et &laquo;&nbsp;l&agrave;&nbsp;&raquo; pour le monte-charge (Figures 14 et 15)&nbsp;:</p> <p><em>Figure 14: Contour intonatif de l&rsquo;extrait 6.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="189" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-48.png" width="752" /></p> <p style="text-align:justify"><img height="189" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-49.png" width="752" /></p> <p><em>Figure 15: Extrait 6.</em></p> <p style="text-align:justify"><img height="228" src="https://www.numerev.com/img/ck_2741_6_image-20221213203608-50.jpeg" width="752" /></p> <p>L&rsquo;imparfait a une double fonction, faisant de la proposition un sujet d&eacute;j&agrave; r&eacute;volu (le cabinet d&rsquo;architecture doit se conformer &agrave; la demande du gestionnaire) mais permettant aussi une projection imaginaire des entit&eacute;s dans une m&ecirc;me dynamique que le pr&eacute;sent (Bottineau, 2014&nbsp;; voir aussi Figure 3), ce que montrent les d&eacute;ictiques &laquo;&nbsp;ici&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&agrave;&nbsp;&raquo; (Figure 15). Enfin, l&rsquo;emploi des articles illustre typiquement le diff&eacute;rentiel des connaissances attribu&eacute;es &agrave; l&rsquo;interlocuteur, notamment la reprise anaphorique par le d&eacute;fini&nbsp;&ndash; le monte-charge a juste &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute; &ndash; mais au contraire, avec &laquo;&nbsp;un&nbsp;&raquo;, le faire-apparaitre ex-nihilo de l&rsquo;accueil dans cette configuration montr&eacute;e strat&eacute;giquement &agrave; l&rsquo;interlocutrice comme nouvelle.</p> <h2>5. Pour conclure</h2> <p>&nbsp;</p> <p>Cet article a pr&eacute;sent&eacute; un mat&eacute;riel et une d&eacute;marche in&eacute;dits pour l&rsquo;apprentissage initial de l&rsquo;emploi des d&eacute;terminants &laquo;&nbsp;un, du, ce, le&nbsp;&raquo; et du pass&eacute; compos&eacute; et de l&#39;imparfait. Il s&rsquo;agit de la premi&egrave;re phase d&rsquo;un projet de recherche, qui doit &ecirc;tre suivie de l&rsquo;exp&eacute;rimentation aupr&egrave;s d&rsquo;&eacute;tudiants en premi&egrave;re ann&eacute;e de FLE &agrave; l&#39;universit&eacute; au Japon. Le mat&eacute;riel doit compl&eacute;ter le manuel de grammaire, o&ugrave;, on l&rsquo;a vu, les &eacute;l&eacute;ments &agrave; apprendre sont pr&eacute;sent&eacute;s par le truchement du japonais, court-circuitant l&rsquo;exp&eacute;rience situ&eacute;e de la grammaire &agrave; apprendre. C&#39;est cette exp&eacute;rience ressentie que le mat&eacute;riel pr&eacute;sent&eacute; ici vise &agrave; susciter, par le moyen d&rsquo;une part des sch&eacute;mas dialogiques et d&rsquo;autre part de l&rsquo;engagement en premi&egrave;re personne de l&rsquo;apprenant rejouant les extraits vid&eacute;os. La mat&eacute;rialisation doit guider l&rsquo;apprenant dans ce travail de compr&eacute;hension, d&rsquo;imitation, d&rsquo;appropriation et de restitution.</p> <p>Cependant, le mat&eacute;riel et la d&eacute;marche comportent des limites intrins&egrave;ques, &agrave; commencer par la complexit&eacute; du mat&eacute;riel (sch&eacute;mas, pr&eacute;sentations de l&rsquo;extrait, transcriptions, extraits, mat&eacute;rialisations) et de la d&eacute;marche, en particulier l&rsquo;internalisation puis le rejeu, m&ecirc;me simplifi&eacute;. Une autre limite importante, dans la mesure o&ugrave; ce travail se fait &agrave; la maison, est l&rsquo;absence de correction phon&eacute;tique. Un apport &ndash; non pas une solution &ndash; est de fournir en suppl&eacute;ment des extraits l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; prononc&eacute; en synth&egrave;se vocale sans les assimilations.</p> <p>Enfin, les enjeux en l&rsquo;&eacute;tat actuel du projet et pour la suite sont tant pratiques que th&eacute;oriques. Il s&rsquo;agit de&nbsp;:</p> <p>- prendre en compte l&rsquo;engagement de l&rsquo;apprenant dans l&rsquo;activit&eacute; d&egrave;s le stade de la conception du mat&eacute;riel p&eacute;dagogique&nbsp;;</p> <p>- donner la capacit&eacute; aux apprenants de comprendre pourquoi les traductions du manuel de grammaire sont correctes&nbsp;plut&ocirc;t que d&rsquo;en faire un point de d&eacute;part&nbsp;;</p> <p>- interroger le r&ocirc;le du mat&eacute;riel &ndash; du mat&eacute;riel p&eacute;dagogique &agrave; la voix et aux gestes &ndash; comme m&eacute;diation de la cognition&nbsp;;</p> <p>- interroger la possibilit&eacute; d&rsquo;int&eacute;grer les perspectives interactionniste et incarn&eacute;e.</p> <p>&nbsp;</p> <p>* Ce projet de recherche a re&ccedil;u le soutien financier de la Soci&eacute;t&eacute; Japonaise pour la Promotion de la Science (JSPS KAKENHI JP22K13162).</p> <p class="TDFLE-Corpsdetexte" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: left;">Alberdi, C., &Eacute;tienne, C., Jouin-Chardon, &Eacute;. (2008). Les Apports des corpus d&rsquo;interactions naturelles en situation de classe : enjeux et pratiques. <em>Action didactique</em>, n&deg;1, 55-70.</p> <p style="text-align: left;">Arievitch, I. M. (2017). <em>Beyond the Brain. An Agentive Activity Perspective on Mind, Development and Learning</em>. Sense Publishers.</p> <p style="text-align: left;">Arievitch, I. M., Haenen, J. P. P. (2005).&nbsp; Connecting sociocultural theory and educational practice: Galperin&rsquo;s approach. <em>Educational Psychologist</em>, vol. 40, n&deg; 3, 155-165. https://doi.org10.1207/s15326985ep4003_2.</p> <p style="text-align: left;">Bergstr&ouml;m, A. (1997). L&rsquo;influence des distinctions aspectuelles sur l&rsquo;acquisition des temps en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re. <em>Acquisition et interaction en langue &eacute;trang&egrave;re</em>, n&deg;9, 51-82. https://doi.org10.4000/aile.1315.</p> <p style="text-align: left;">Billi&egrave;res, M. (2002). Chapitre 1. 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De fa&ccedil;on ponctuelle, on recourt &agrave; la traduction litt&eacute;rale plut&ocirc;t qu&rsquo;&agrave; une glose interlin&eacute;aire.</p> </div> <div id="edn4"> <p><a href="#_ednref4" name="_edn4" title="">[4]</a> Corpus Repas Kiwi, E. Thevenon, I. Tommasini (00:18:22)</p> </div> <div id="edn5"> <p><a href="#_ednref5" name="_edn5" title="">[5]</a> Carte appel&eacute;e d&rsquo;&laquo;&nbsp;orientation&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;An orienting card is a systematic aid in the correct performance of a new action&nbsp;&raquo; (Galperin, 1989: 68).</p> </div> <div id="edn6"> <p><a href="#_ednref6" name="_edn6" title="">[6]</a> &laquo;&nbsp;The verbal foundation of the action begins to be reduced (the further it goes, the more this occurs, since its articulated nature impedes the flow of the process); and as this reduction takes place, verbal significations begin to succeed one another automatically without their being separated by symbolic and speech motor supports. A rapid and unarticulated flow of significations fuses into a continuous flux, which is revealed to self-observation without its symbolic and speech-motor supports, and thus represents &ldquo;pure thought&rdquo;.&nbsp;&raquo;</p> </div> </div> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p>