<h1>Lucien Tesni&egrave;re &agrave; Strasbourg (1924-1937). Pr&eacute;misses d&rsquo;un enseignement r&eacute;nov&eacute; de la grammaire<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a></h1> <p>&nbsp;</p> <h2>Introduction</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lucien Tesni&egrave;re a enseign&eacute; &agrave; la Facult&eacute; des Lettres de Strasbourg de 1924 &agrave; 1937. Il &eacute;tait ma&icirc;tre de conf&eacute;rences, directeur de l&rsquo;Institut de langue et litt&eacute;ratures slaves, o&ugrave; il enseignait principalement le russe et le slov&egrave;ne. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En lien avec ses enseignements et ses s&eacute;minaires, Tesni&egrave;re publie ses premiers articles, qui traitent de questions linguistiques vari&eacute;es et parlent des grands chercheurs de son temps (Bally, Benveniste, Damourette &amp; Pichon, Meillet, etc.). Son travail pionnier sur les langues slaves l&rsquo;oriente vers la linguistique g&eacute;n&eacute;rale qu&rsquo;il associe, comme Bally, &agrave; la linguistique fran&ccedil;aise, notamment dans ses &eacute;tudes des temps du verbe o&ugrave; il recherche des lois g&eacute;n&eacute;rales compl&eacute;t&eacute;es par des lois sp&eacute;cifiques pour les langues particuli&egrave;res. En permanence, ses recherches linguistiques se nourrissent de ses enseignements, notamment de langues slaves, et c&rsquo;est &agrave; la fois en grammairien et en didacticien qu&rsquo;il publie, en 1934, sa <i>Petite grammaire russe</i>. Le cheminement syntaxique de Tesni&egrave;re commence avec son article &quot;Comment construire une syntaxe&quot; (1933). La lecture compar&eacute;e de ses travaux, dont certains sont tr&egrave;s peu connus, permet ainsi de remonter aux sources des <i>&Eacute;l&eacute;ments de syntaxe structurale</i> (1959).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans cette perspective, notre article se propose de retracer le cheminement de Tesni&egrave;re, et de d&eacute;crire, &agrave; l&rsquo;appui de sources issues du <i>Bulletin de la Facult&eacute; des Lettres de Strasbourg</i><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></a>, comment s&rsquo;est forg&eacute;e la vision tesni&eacute;rienne de la grammaire et de son enseignement. Pour cela, nous &eacute;tudions la p&eacute;riode strasbourgeoise en trois temps&nbsp;: une approche historique, montrant les activit&eacute;s de Tesni&egrave;re, enseignant et chercheur&nbsp;; un focus sur les temps du verbe, qui occupent une place majeure dans plusieurs articles&nbsp;; une approche linguistique et didactique, qui d&eacute;crit l&rsquo;articulation progressive des concepts du chercheur et s&rsquo;int&eacute;resse <span style="letter-spacing:-.1pt">aux outils et aux m&eacute;thodes &eacute;labor&eacute;es par le grammairien pour l&rsquo;enseignement/apprentissage des langues.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Notre &eacute;tude a ainsi pour ambition, en faisant mieux connaitre les premi&egrave;res ann&eacute;es de Tesni&egrave;re enseignant et chercheur, d&rsquo;apporter un &eacute;clairage nouveau sur la g&eacute;n&eacute;alogie de son &oelig;uvre<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>1. Lucien Tesni&egrave;re &agrave; Strasbourg&nbsp;: enseignement et recherche</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nomm&eacute; &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Strasbourg de 1924 &agrave; 1937, universit&eacute; qu&rsquo;il quitte le 1<sup>er</sup> avril 1937 pour Montpellier (Verdelhan Bourgade 2022), Lucien Tesni&egrave;re (d&eacute;sormais LT) a une intense activit&eacute; dans plusieurs domaines, ce que r&eacute;v&egrave;lent les <i>Bulletins de la Facult&eacute; des Lettres de Strasbourg </i>(d&eacute;sormais <i>BFLS</i>). Ce <i>Bulletin</i>, qui para&icirc;t r&eacute;guli&egrave;rement depuis 1922, montre que Tesni&egrave;re est tr&egrave;s actif d&egrave;s son installation &agrave; Strasbourg. Il participe r&eacute;guli&egrave;rement aux s&eacute;minaires de recherche de la facult&eacute;, o&ugrave; sont accueillis des sp&eacute;cialistes de renom tels qu&rsquo;&Eacute;mile Benveniste&nbsp;; il donne des conf&eacute;rences, notamment aux &eacute;tudiants &eacute;trangers inscrits aux cours d&rsquo;&eacute;t&eacute; de l&rsquo;Institut d&rsquo;&eacute;tudes fran&ccedil;aises modernes.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tesni&egrave;re s&rsquo;y r&eacute;v&egrave;le un t&eacute;moin des d&eacute;bats linguistiques du d&eacute;but du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle. &Agrave; travers la lecture de ces <i>Bulletins</i>, on peut percevoir comment progressivement le comparatiste, le slavisant, s&rsquo;est ouvert &agrave; de nouveaux outils, comme la statistique, pour en souligner l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t dans une perspective didactique, et comment il s&rsquo;est tourn&eacute; progressivement vers la linguistique g&eacute;n&eacute;rale en d&eacute;fendant la prise en compte des faits syntaxiques, pour d&eacute;passer les approches phon&eacute;tiques et morphologiques caract&eacute;ristiques de la grammaire compar&eacute;e. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; son arriv&eacute;e &agrave; Strasbourg, LT commence par pr&eacute;senter dans le <i>Bulletin</i> &laquo;&nbsp;L&rsquo;institut de langues et litt&eacute;ratures slaves&nbsp;&raquo; au sein de la Facult&eacute; des Lettres (<i>BFLS</i>, IV, 1925, p. 39-42). En effet Strasbourg, vitrine de la France apr&egrave;s la Grande Guerre, comme elle l&rsquo;avait &eacute;t&eacute; pour la Prusse apr&egrave;s 1871, est une des rares universit&eacute;s fran&ccedil;aises &agrave; poss&eacute;der une chaire de slavistique. Strasbourg offre un premier poste de ma&icirc;tre de conf&eacute;rences &agrave; Lucien Tesni&egrave;re apr&egrave;s quatre ann&eacute;es de lectorat pass&eacute;es &agrave; Ljubljana (1920-1924) (Vaupot 2020). Il y a non seulement cr&eacute;&eacute; et dirig&eacute; le centre culturel fran&ccedil;ais (Pognan 2022, p. 155), mais aussi nou&eacute; des liens d&eacute;cisifs avec les linguistes du Cercle de Prague, en particulier Trubetzkoy et Jakobson (Chevalier &amp; Encrev&eacute; 2006, p. 31) et il contribuera &agrave; la promotion du structuralisme pragois dans les ann&eacute;es 1930 (Chevalier 2001, p. 138-139), en particulier aupr&egrave;s d&rsquo;un jeune coll&egrave;gue philologue lui aussi nomm&eacute; &agrave; Strasbourg, Georges Gougenheim<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></a>. Il exposera &eacute;galement dans le <i>Bulletin</i> les r&eacute;sultats de ses travaux de recherche, &agrave; savoir ses deux th&egrave;ses consacr&eacute;es au duel en slov&egrave;ne (<i>BFLS</i>, IV, 1925, p. 78) et il publiera deux articles dans la revue du Cercle de Prague (Tesni&egrave;re 1932 et 1939b). Il permettra l&rsquo;enrichissement de la biblioth&egrave;que de l&rsquo;Institut par un important don de livres &agrave; l&rsquo;issue du voyage qu&rsquo;il effectue en Russie (1600 ouvrages pour une valeur de 75 000 francs) (cf. <i>BFLS</i>, V, 1926, p. 103-107). Le slavisant aborde aussi bien les faits culturels (<i>BFLS</i>, V, 1926, p. 101-102&nbsp;: La vie religieuse en URSS) que litt&eacute;raires en &eacute;valuant des traductions de la litt&eacute;rature russe (mauvaise traduction de H.J. Sikorski de Tolsto&iuml; <i>Comment l&rsquo;amour est mort</i>, bonne traduction de <i>Un Joueur</i> de Dostoievski par Mongault et Laval&nbsp;: <i>BFL1S</i>, VII, 1928-1929, p. 257-262) et les publications des <i>BFLS</i> accueilleront son ouvrage consacr&eacute; &agrave; un po&egrave;te slov&egrave;ne, Oton Joupantchitch (<i>BFLS</i>, X, 1931-1932, p. 89&nbsp;: annonce de parution).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Son activit&eacute; dans le domaine de la didactique des langues se r&eacute;v&egrave;le intense. Certaines publications font suite &agrave; des conf&eacute;rences donn&eacute;es dans le cadre des cours d&rsquo;&eacute;t&eacute; de la Facult&eacute; des Lettres de Strasbourg et sont d&eacute;di&eacute;es &agrave; ses &eacute;tudiants &eacute;trangers (Cours de vacances 1927)&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;emploi des temps en fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; (<i>BFLS</i>, Hors-s&eacute;rie, 1927, p. 39-60) et &laquo;&nbsp;Pronoms et indices personnels&nbsp;&raquo; (<i>BFLS,</i> Hors-s&eacute;rie, 1927, p. 61-65). Pour Tesni&egrave;re, </span></span></span></span><q>L&rsquo;enseignement aux &eacute;trangers est, par l&lsquo;incessante comparaison qu&rsquo;il impose entre le fran&ccedil;ais et des idiomes de structure diff&eacute;rente, une pr&eacute;cieuse &eacute;cole de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (Marie-H&eacute;l&egrave;ne Tesni&egrave;re 1996, p. 8). On note &eacute;galement le souci du professeur de contribuer au progr&egrave;s de ses &eacute;tudiants dans son compte rendu du livre de F. Moss&eacute;, <i>Tableaux phon&eacute;tiques pour l&rsquo;enseignement des langues vivantes</i>, ouvrage qui permettrait aux Alsaciens de </span></span></span></span><q>se d&eacute;barrasser de l&rsquo;accent local en fran&ccedil;ais ou en allemand</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (<i>BFLS,</i> XI, 1932, p. 45-46). Mais c&rsquo;est surtout dans le domaine de la statistique lexicale que LT se r&eacute;v&egrave;le un accompagnateur de l&rsquo;&eacute;volution de la didactique des langues. On sait qu&rsquo;il avait particip&eacute; &agrave; l&rsquo;ouvrage de Meillet, <i>Les langues dans l&rsquo;Europe nouvelle </i>(1928), dont il avait fourni un <i>Appendice</i> de 200 pages pr&eacute;sentant une description comparative de l&rsquo;&eacute;tat linguistique des langues en Europe (statistique comparative des langues du monde). Son int&eacute;r&ecirc;t pour la statistique dans l&rsquo;enseignement des langues vivantes se confirme en 1936, &agrave; travers le compte rendu du manuel d&rsquo;anglais, fond&eacute; sur l&rsquo;apprentissage du vocabulaire selon la fr&eacute;quence, de G. Roger et St. Normal, <i>England Calling</i> (<i>BFLS</i>, XIV, p. 148-150), et en 1937 (<i>BFLS</i>, XV, p. 25), &agrave; travers la recension du manuel d&rsquo;allemand de E. Handrich et G. Roger (avec la collaboration de Lebegott) <i>Schalten wir um&nbsp;!</i> (Classe de 6<sup>e</sup> premi&egrave;re langue et 4<sup>e</sup> deuxi&egrave;me langue. Enseignement Primaire sup&eacute;rieur (premi&egrave;re ann&eacute;e). Paris, Hatier, 1936, 263 p.), dont il dit&nbsp;: </span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Mieux vaut rompre l&#39;&eacute;l&egrave;ve &agrave; l&#39;emploi du m&eacute;canisme grammatical d&#39;une langue sur un vocabulaire restreint de mots fr&eacute;quents judicieusement choisis, que d&#39;entasser de longues files de mots rares dans des phrases incorrectes et mal venues. V&eacute;rit&eacute;s &eacute;videntes, mais qui ne triomphent que lentement de la vieille routine.</p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans ces articles, LT marque son int&eacute;r&ecirc;t pour un enseignement efficace des langues vivantes &agrave; travers l&rsquo;exploitation de la statistique lexicale. Or n&rsquo;oublions pas que LT anime &agrave; Strasbourg des cours destin&eacute;s aux &eacute;tudiants &eacute;trangers. On a vu quel r&ocirc;le il avait pu jouer sur Gougenheim dans le projet de r&eacute;daction d&rsquo;une &eacute;tude de phonologie du fran&ccedil;ais<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></a> dans la lign&eacute;e des travaux du Cercle de Prague. Il n&rsquo;est s&ucirc;rement pas &eacute;tranger au projet ult&eacute;rieur de Gougenheim qui aboutira &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration du <em>Fran&ccedil;ais fondamental.</em> Comme le rappelle J.C. Chevalier (2001, p. 139), </span></span></span></span><q>C&rsquo;est comme un fil rouge qui de Ljubljana, Prague, et Strasbourg nous conduit au Fran&ccedil;ais fondamental, auquel Tesni&egrave;re, malade apr&egrave;s 1945 et isol&eacute; &agrave; Montpellier, n&rsquo;a gu&egrave;re pu participer</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>2. Les temps du verbe</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le verbe occupe une place centrale dans la syntaxe de Tesni&egrave;re&nbsp;:</span></span></span></span></p> <blockquote> <p>C&rsquo;est, de mani&egrave;re ind&eacute;niable, sa connaissance intime du russe et du slov&egrave;ne qui lui a permis de percevoir la nature centrale et dominante du verbe, ce qui l&rsquo;am&egrave;ne &agrave; la d&eacute;finition de la valence d&rsquo;une part et &agrave; la pr&eacute;paration de ce qui deviendra les structures de d&eacute;pendances d&rsquo;autre part (P. Pognan 2022, p. 156).</p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les temps du verbe sont au c&oelig;ur de la r&eacute;flexion du professeur Tesni&egrave;re &agrave; Strasbourg, qui leur a consacr&eacute; plusieurs articles&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;L&rsquo;emploi des temps en fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; (<i>BFLS</i>, 1927, Hors-s&eacute;rie, p. 39-60).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;&Agrave; propos des temps surcompos&eacute;s&nbsp;&raquo; (<i>BFLS</i>, XIV, 1935, p. 56-59).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;Th&eacute;orie structurale des temps compos&eacute;s&nbsp;&raquo; (<i>M&eacute;langes de linguistique offerts &agrave; Charles Bally</i>. Gen&egrave;ve, Georg, 1939a, p. 153-183).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sa <i>Petite grammaire russe</i> (Tesni&egrave;re, 1934) constitue une r&eacute;f&eacute;rence majeure, car l&rsquo;expression de l&rsquo;aspect en russe a jou&eacute; un r&ocirc;le moteur dans le d&eacute;veloppement des &eacute;tudes de cette dimension des temps verbaux en France. On pense notamment aux </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&eacute;tudes de Gustave Guillaume (<i>Temps et verbe</i>, 1929), que, bizarrement, LT ne semble pas conna&icirc;tre.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Emile Benveniste a publi&eacute; plus tard son article de r&eacute;f&eacute;rence &laquo;&nbsp;Les relations de temps dans le verbe fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; (<i>Bulletin de la Soci&eacute;t&eacute; de Linguistique</i>, fasc. I, 1959), que Tesni&egrave;re n&rsquo;aurait pas d&eacute;savou&eacute;. Celui-ci participe &agrave; la discussion avec Benveniste, dans une des &laquo;&nbsp;r&eacute;unions du samedi&nbsp;&raquo; (12 d&eacute;cembre 1936&nbsp;: <i>BFLS</i>, XV, p. 177 sv), &agrave; propos de son livre <i>Origines de la formation des noms en indo-europ&eacute;en</i>. Cela montre l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de LT pour la linguistique g&eacute;n&eacute;rale et compar&eacute;e. Dans cette discussion pointue, LT manifeste, par ses interventions, &agrave; propos d&rsquo;une distinction morphologique, son souci d&rsquo;aller au-del&agrave; d&rsquo;une </span></span></span></span><q>distinction de fait et de pure constatation</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, vers une </span></span></span></span><q>distinction th&eacute;orique de nature profonde</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (<i>BFLS</i>, XV, 1937, p. 181).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h3>2.1. La m&eacute;thode Tesni&egrave;re</h3> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans ses articles sur les temps du verbe, Tesni&egrave;re recherche des vues g&eacute;n&eacute;rales sur les langues, en distinguant des r&egrave;gles universelles et des r&egrave;gles sp&eacute;cifiques. Ces articles annoncent les conceptions et aussi la m&eacute;thode de LT dans la description de la langue fran&ccedil;aise, sans s&rsquo;y limiter. Il y fait des essais de repr&eacute;sentations graphiques qui annoncent ses stemmas &agrave; venir (voir ses <i>Tableaux des Temps du verbe fran&ccedil;ais</i>, 1927, p. 40-41). Et, comme un bon professeur, il fait preuve d&rsquo;un r&eacute;el souci p&eacute;dagogique pour pr&eacute;senter clairement les temps &agrave; ses &eacute;tudiants. Il commence son article sur &laquo;&nbsp;L&rsquo;emploi des temps verbaux en fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; par une critique des grammaires scolaires&nbsp;:</span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Le syst&egrave;me des temps en fran&ccedil;ais est en g&eacute;n&eacute;ral fort mal expos&eacute; dans les grammaires, surtout dans les grammaires &eacute;l&eacute;mentaires.</p> <p>Le plus souvent, elles se bornent &agrave; passer successivement en revue les diff&eacute;rents temps, en mentionnant les principaux emplois de chacun. Cette m&eacute;thode d&rsquo;exposition a le d&eacute;faut d&rsquo;&ecirc;tre fragmentaire et de ne pas faire sentir qu&rsquo;on se trouve en r&eacute;alit&eacute; en pr&eacute;sence d&rsquo;un tout syntaxique coh&eacute;rent. (1927, p. 39).</p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Au-del&agrave; de la diversit&eacute; des faits observ&eacute;s, Tesni&egrave;re recherche des r&eacute;gularit&eacute;s syst&eacute;miques&nbsp;: comme l&rsquo;a &eacute;crit F. de Saussure, la langue est un syst&egrave;me&nbsp;; les temps du verbe ne peuvent pas &ecirc;tre analys&eacute;s de mani&egrave;re isol&eacute;e, car ils font syst&egrave;me. Par ailleurs, il reproche aux grammaires scolaires de m&ecirc;ler dans les tableaux de conjugaison la morphologie et la syntaxe. Alors que la premi&egrave;re </span></span></span></span><q>doit se borner &agrave; faire &eacute;tat des formes simples</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> en rapprochant, dans leur pr&eacute;sentation typographique, celles </span></span></span></span><q>qui se ressemblent le plus</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, </span></span></span></span><q>l&rsquo;expos&eacute; syntaxique du syst&egrave;me des temps du verbe, c&rsquo;est-&agrave;-dire du m&eacute;canisme de leur emploi, doit au contraire s&rsquo;inspirer de consid&eacute;rations de sens</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (<i>ibid</i>.). Il manifeste d&eacute;j&agrave; son souci de relier la syntaxe et la s&eacute;mantique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h3>2.2. Temps simples, temps compos&eacute;s, temps surcompos&eacute;s</h3> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;L&rsquo;emploi des temps verbaux en fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; (1927) d&eacute;veloppe une premi&egrave;re &eacute;bauche de son analyse temporelle. Son analyse distingue clairement le syst&egrave;me du pr&eacute;sent de celui du pass&eacute;. On ne retiendra pas la distinction artificielle qu&rsquo;il d&eacute;veloppe entre &laquo;&nbsp;temps relatifs&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;temps absolus&nbsp;&raquo;, abandonn&eacute;e d&egrave;s les ann&eacute;es 1950 par les linguistes, ni la r&eacute;duction du conditionnel &agrave; sa seule valeur temporelle. Et pourtant, dans ses changements de terminologie (1927, p. 40), il appelle l&rsquo;imparfait &laquo;&nbsp;le pass&eacute; pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, car c&rsquo;est </span></span></span></span><q>un pr&eacute;sent dans le pass&eacute;</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (1927, p. 46), point de vue que ne renierait pas G. Guillaume (1929), pour qui la valeur aspectuelle de l&rsquo;imparfait est la m&ecirc;me que celle du pr&eacute;sent<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></a>. Et dans son analyse de l&rsquo;imparfait exprimant une </span></span></span></span><q>action projective sous-entendue</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (1927, p. 47) au d&eacute;but d&rsquo;un r&eacute;cit, Tesni&egrave;re a la prescience de la valeur anaphorique de l&rsquo;imparfait, soutenue plus tard par Berthonneau et Kleiber (1993).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour am&eacute;liorer la d&eacute;finition de Lucien Foulet, il emprunte explicitement &agrave; Damourette et Pichon, r&eacute;f&eacute;rence majeure de la grammaire du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle, le terme <i>auxili&eacute;</i>, d&eacute;finissant </span></span></span></span><q>un temps compos&eacute; comme le groupement de deux &eacute;l&eacute;ments, l&rsquo;auxiliaire et l&rsquo;auxili&eacute;&nbsp;: j&rsquo;ai (auxiliaire), parl&eacute; (auxili&eacute;)</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (<i>ibid</i>.).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans son souci p&eacute;dagogique de pr&eacute;sentation des formes verbales, LT utilise des <b>repr&eacute;sentations visuelles&nbsp;</b>: des tableaux (p. 155, 159, ...) et surtout des sch&eacute;mas arborescents qui pr&eacute;figurent &agrave; leur mani&egrave;re les stemmas.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p align="center" style="text-align:center; text-indent:35.4pt"><img height="339" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231031112542-3.png" width="487" /></p> <p align="center" style="text-align:center; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(Tesni&egrave;re 1939, p. 157).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Apr&egrave;s cette premi&egrave;re approche des temps simples et compos&eacute;s, Tesni&egrave;re consacre un article aux temps surcompos&eacute;s (1935). Il d&eacute;finit le </span></span></span></span><q>temps surcompos&eacute; comme un temps compos&eacute; dont le premier &eacute;l&eacute;ment est lui-m&ecirc;me compos&eacute;</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (p. 56), ou, plus pr&eacute;cis&eacute;ment, un peu plus loin, </span></span></span></span><q>un temps surcompos&eacute; comme un temps compos&eacute; dont l&rsquo;auxiliaire est lui-m&ecirc;me compos&eacute;</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (<i>ibid</i>.), autrement dit issu du </span></span></span></span><q>d&eacute;doublement de l&rsquo;auxiliaire</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (p. 57), quel que soit le nombre et la nature de l&rsquo;auxiliaire (de temps, de voix ou de mode). Tesni&egrave;re discute ensuite les exemples donn&eacute;s par Antonin &Scaron;est&aacute;k, professeur de fran&ccedil;ais &agrave; Brno (Tch&eacute;coslovaquie), dont certains lui semblent &eacute;tranges ou peu naturels. Cela le conduit, par une int&eacute;ressante observation de l&rsquo;usage, &agrave; distinguer &laquo;&nbsp;deux vari&eacute;t&eacute;s&nbsp;&raquo; du pass&eacute; surcompos&eacute;, qu&rsquo;il explique historiquement&nbsp;: </span></span></span></span></p> <blockquote> <p>1&deg; le pass&eacute; surcompos&eacute; parisien (...) qui n&rsquo;est que la cons&eacute;quence de la disparition du pass&eacute; simple dans tout le nord de la France. L&agrave; o&ugrave; l&rsquo;on remplace j&rsquo;eus par j&rsquo;ai eu, on est bien oblig&eacute; de remplacer j&rsquo;eus fini par j&rsquo;ai eu fini. C&rsquo;est une simple modification de forme, laquelle ne change rien au sens, qui reste celui d&#39;un pass&eacute; ant&eacute;rieur &agrave; un autre pass&eacute;.</p> <p>2&deg; le pass&eacute; surcompos&eacute; m&eacute;ridional, et plus particuli&egrave;rement du Sud-Est, qui n&#39;est probablement (...) que le prolongement &agrave; travers le fran&ccedil;ais d&#39;un ph&eacute;nom&egrave;ne de substrat qui a son origine dans les patois proven&ccedil;aux. Or c&#39;est pr&eacute;cis&eacute;ment dans cette r&eacute;gion que le pass&eacute; simple est rest&eacute; vivant. On continue &agrave; y dire j&#39;eus et par cons&eacute;quent j&#39;eus fini. Il en r&eacute;sulte que j&#39;ai eu fini coexiste avec j&rsquo;eus fini, et a donc &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; pour exprimer une nuance s&eacute;mantique nouvelle, qui est pr&eacute;cis&eacute;ment celle (...) d&#39;une certaine dur&eacute;e dans un pass&eacute; recul&eacute;. (p. 59).</p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Benveniste expliquera dans son article (cit&eacute; <i>supra, </i>1.) que le pass&eacute; surcompos&eacute; correspond &agrave; la restructuration des temps du pass&eacute; avec la disparition du pass&eacute; simple de l&rsquo;usage parl&eacute;&nbsp;: ce pass&eacute; surcompos&eacute; exprime l&rsquo;ant&eacute;riorit&eacute; par rapport au pass&eacute; compos&eacute; qui a pris la place du pass&eacute; simple &agrave; l&rsquo;oral (<i>Apr&egrave;s qu&rsquo;il a eu parl&eacute;, il a quitt&eacute; la salle</i>.), ce qui correspond &agrave; la premi&egrave;re explication de Tesni&egrave;re. Cependant, sa seconde observation correspond bien &agrave; l&rsquo;usage actuel du Sud-Est de la France, o&ugrave; l&rsquo;on constate que le pass&eacute; simple reste vivant &agrave; l&rsquo;oral et que le pass&eacute; surcompos&eacute; est aussi r&eacute;guli&egrave;rement employ&eacute;. Ajoutons que le pass&eacute; surcompos&eacute; est apparu tr&egrave;s t&ocirc;t, d&egrave;s le XIII<sup>e</sup> si&egrave;cle, quand le pass&eacute; simple &eacute;tait alors vivant &agrave; l&rsquo;oral, ce qui donnerait un avantage historique &agrave; la seconde explication de Tesni&egrave;re, qui observe sa &laquo;&nbsp;coexistence&nbsp;&raquo; avec le pass&eacute; ant&eacute;rieur.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h3>2.3. Th&eacute;orie des temps du verbe</h3> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans sa &laquo;&nbsp;Th&eacute;orie structurale des temps compos&eacute;s&nbsp;&raquo; (<span style="color:black">1939a)</span>, Tesni&egrave;re construit un syst&egrave;me coh&eacute;rent des temps du verbe<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></a>. D&egrave;s le d&eacute;but, il annonce clairement l&rsquo;objet de la (sa) grammaire&nbsp;: </span></span></span></span><q>d&eacute;gager, par-del&agrave; la multiplicit&eacute; des faits particuliers, l&rsquo;unit&eacute; de la loi g&eacute;n&eacute;rale qui les commande et les explique</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (<span style="color:black">1939a</span>, p. 153). En l&rsquo;occurrence, il veut </span></span></span></span><q>&eacute;tablir la loi g&eacute;n&eacute;rale qui pr&eacute;side &agrave; la formation des temps compos&eacute;s</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (p. 154) et en tirer des cons&eacute;quences p&eacute;dagogiques&nbsp;: LT critique en termes fleuris l&rsquo;abus des tableaux de conjugaison scolaire qui </span></span></span></span><q>fournissent, pour les temps compos&eacute;s comme pour les temps simples, des s&eacute;ries exhaustives de paradigmes</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (153) qui sont inutiles pour les temps compos&eacute;s, en raison de la </span></span></span></span><q>r&eacute;gularit&eacute; absolue de leur structure</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (<i>ibid</i>.).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LT commence par une d&eacute;finition solide des temps compos&eacute;s, form&eacute;s d&rsquo;un auxiliaire et du </span></span></span></span><q>participe du verbe conjugu&eacute;</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, comme dans son article de 1935 (<i>supra</i>, 2.2.). Puis il construit le </span></span></span></span><q>syst&egrave;me coh&eacute;rent</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> des temps compos&eacute;s, dans leur </span></span></span></span><q>parall&eacute;lisme</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> avec les temps simples (p. 1 55), &eacute;vitant l&rsquo;atomisation des analyses scolaires. Il analyse principalement des faits du fran&ccedil;ais, mais fait n&eacute;anmoins une bonne place aux autres langues, une quinzaine, surtout l&rsquo;allemand et l&rsquo;anglais, mais aussi les langues slaves (on trouve un long d&eacute;veloppement sur l&rsquo;aspect en russe&nbsp;: note 3, p. 160). Bref il fait une &eacute;tude de <i>linguistique g&eacute;n&eacute;rale et linguistique fran&ccedil;aise</i>, comme dans <span style="color:black">le livre de Charles Bally (1932). C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs &agrave; Bally que sont d&eacute;di&eacute;s les <i>M&eacute;langes</i> dont fait partie l&rsquo;article de Tesni&egrave;re (1939a) dont nous venons de parler.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">LT essaie de d&eacute;gager une loi g&eacute;n&eacute;rale, r&eacute;guli&egrave;re et universelle<b> </b>(p. 161), pour expliquer le d&eacute;doublement auxiliaire-auxili&eacute; par rapport aux temps simples&nbsp;: </span></span></span></span><q>les caract&eacute;ristiques grammaticales passent dans l&rsquo;auxiliaire, la racine verbale dans l&rsquo;auxili&eacute;</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (p. 160). Cette loi g&eacute;n&eacute;rale &eacute;clate en lois sp&eacute;cifiques pour les langues particuli&egrave;res. Il construit une description structur&eacute;e des temps compos&eacute;s, avec une vision tr&egrave;s large de l&rsquo;auxiliaire, illustr&eacute;e par de nombreuses langues (p. 163-167). Tesni&egrave;re distingue des auxiliaires de voix (passif, factitif), d&rsquo;aspect, de temps, de mode et de n&eacute;gation (anglais <i>do not</i>). Cette large extension des auxiliaires part d&rsquo;un point de vue de s&eacute;mantique g&eacute;n&eacute;rale (mode = trois modalit&eacute;s). Elle est plus coh&eacute;rente que la vue tr&egrave;s restreinte de la grammaire scolaire de l&rsquo;&eacute;poque, qui avait du mal &agrave; admettre comme auxiliaires d&rsquo;autres verbes qu&rsquo;<i>avoi</i>r et <i>&ecirc;tre</i>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Apr&egrave;s les temps compos&eacute;s, LT analyse les temps surcompos&eacute;s (p. 167-177), reprenant et approfondissant son article de 1935 (<i>supra</i>, 2.2.).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour finir, Tesni&egrave;re ouvre une perspective diachronique &eacute;tonnante sur </span></span></span></span><q>l&rsquo;&eacute;volution g&eacute;n&eacute;rale des formes des temps</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (p. 178-183). Il part de l&rsquo;observation que les temps simples sont </span></span></span></span><q>d&rsquo;anciens temps compos&eacute;s</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (<i>ibid</i>.), en s&rsquo;appuyant sur les futurs simples fran&ccedil;ais et serbo-croate, sur l&rsquo;imparfait et le futur latins (terminaisons -<i>bam</i> et -<i>bo</i>) et sur </span></span></span></span><q>les pr&eacute;t&eacute;rits faibles du germanique</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. LT formule une </span></span></span></span><q>hypoth&egrave;se de travail</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, &agrave; v&eacute;rifier&nbsp;: </span></span></span></span><q>tout temps simple (...) remonte (...) &agrave; un temps compos&eacute; plus ancien</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (p. 179). Il s&rsquo;appuie sur l&rsquo;analyse de </span></span></span></span><q>l&rsquo;aoriste sigmatique grec</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, bien expliqu&eacute; par Benveniste<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></a> en 1935, qui a corrig&eacute; le jugement </span></span></span></span><q>p&eacute;remptoire</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> de Meillet en 1908 (p. 179-180).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; partir de cette hypoth&egrave;se &eacute;tiologique, LT propose une extrapolation en voyant dans </span></span></span></span><q>l&rsquo;histoire g&eacute;n&eacute;rale des temps du verbe</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> deux phases successives&nbsp;: </span></span></span></span><q>tout temps commence par &ecirc;tre compos&eacute;</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (p. 180), puis il devient simple&nbsp;; ensuite, la </span></span></span></span><q>forme nouvelle na&icirc;t par d&eacute;doublement</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (p. 181), avec un nouvel auxiliaire. Ces deux phases constituent une d&eacute;gradation, suivie d&rsquo;une r&eacute;fection (p. 181)&nbsp;: le temps compos&eacute; </span></span></span></span><q>proc&egrave;de structuralement</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> du temps simple (p. 182).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>3. Pr&eacute;misses syntaxiques</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&egrave;s les ann&eacute;es 1930, Tesni&egrave;re affirme l&rsquo;importance de la syntaxe. En 1933 (<i>BFLS</i>, XII, p. 120-122. &laquo;&nbsp;R&eacute;unions du samedi. Samedi 9 nov 1933. Ling, arch&eacute;ol, et orientalisme&nbsp;&raquo;), LT commente le livre de Bally, <i>Linguistique g&eacute;n&eacute;rale et linguistique fran&ccedil;aise</i> (p. 120), </span></span></span></span><q>un des trop rares linguistes de langue fran&ccedil;aise qui voient dans la syntaxe une science en soi et non un simple appendice de la morphologie</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Il appr&eacute;cie le fait qu&rsquo;</span></span></span></span><q>il cherche &agrave; &eacute;tudier les faits de langue en eux-m&ecirc;mes, et ind&eacute;pendamment de toute consid&eacute;ration historique</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Son plaidoyer pour la syntaxe se poursuit l&rsquo;ann&eacute;e suivante dans le bulletin qui relate la r&eacute;union du samedi 3 mars 1934 (<i>BFLS</i>, XII, p. 195)&nbsp;: il y mentionne l&rsquo;article de V. Brondal revendiquant l&rsquo;autonomie de la syntaxe et soutient la n&eacute;cessit&eacute; de donner une d&eacute;finition syntaxique et non pas morphologique aux notions de r&eacute;gime direct et indirect en commentant le compte rendu fait par C. de Boer de l&rsquo;ouvrage de Gougenheim <i>Introduction &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de la syntaxe fran&ccedil;aise</i>. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ses recherches et ses &eacute;crits des ann&eacute;es 1930 constituent les pr&eacute;misses de sa conception structurale de la syntaxe&nbsp;: les stemmas et les translations sont d&eacute;j&agrave; utilis&eacute;s dans sa grammaire russe, et la distinction entre l&rsquo;ordre lin&eacute;aire et l&rsquo;ordre structural est pos&eacute;e dans ses articles sur les temps du verbe. C&rsquo;est bien &eacute;videmment en pla&ccedil;ant la syntaxe au c&oelig;ur de sa r&eacute;flexion que LT op&egrave;re d&eacute;finitivement son tournant vers la linguistique g&eacute;n&eacute;rale. Le point de d&eacute;part de cette r&eacute;volution se situe dans son article de 1933 (<i>BFLS</i>, XII, p. 219-229, &laquo;&nbsp;Comment construire une syntaxe&nbsp;&raquo;) o&ugrave;, en &agrave; peine 10 pages, LT jette les bases de toute sa th&eacute;orie syntaxique. Il critique (p. 220) les crit&egrave;res h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes qui pr&eacute;sident &agrave; la d&eacute;finition des </span></span></span></span><q>esp&egrave;ces de mots</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (nature pour le verbe, fonction pour pronom, place pour pr&eacute;position). Il exprime (<i>ibid</i>.) la n&eacute;cessit&eacute; de d&eacute;gager la syntaxe de la morphologie <i>(le livre de Pierre</i> et <i>liber Petri</i> expriment la m&ecirc;me relation). Il d&eacute;finit (p. 221) le r&ocirc;le de la syntaxe (&laquo;&nbsp;La syntaxe est l&rsquo;&eacute;tude de la phrase&nbsp;&raquo;), et de ses deux dimensions (p. 222)&nbsp;: la syntaxe statique (&eacute;tude des cat&eacute;gories) et la syntaxe dynamique (&eacute;tude des fonctions). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans ses articles sur les temps du verbe (<i>supra</i>, 2.), LT fait appel &agrave; la distinction capitale <b>entre l&rsquo;ordre lin&eacute;aire</b> et <b>l&rsquo;ordre structural </b>(p. 157, 172, 175), qui sera appliqu&eacute;e dans l&rsquo;analyse de la phrase des <i>El&eacute;ments de syntaxe structurale</i>. La contradiction apparente entre les deux ordres est illustr&eacute;e, pour la forme verbale, par le latin et l&rsquo;allemand, o&ugrave; l&rsquo;ordre lin&eacute;aire est diff&eacute;rent (l&rsquo;auxili&eacute; pr&eacute;c&egrave;de l&rsquo;auxiliaire&nbsp;: <i>gesprochen haben, amatus est</i>), alors que l&rsquo;ordre lin&eacute;aire est identique &agrave; l&rsquo;ordre structural en fran&ccedil;ais (auxiliaire + auxili&eacute;<i>&nbsp;: a parl&eacute;</i>) (p. 157). Dans une synth&egrave;se audacieuse, LT pose </span></span></span></span><q>l&rsquo;ordre structural universel des auxiliaires</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> : &laquo;&nbsp;1&deg; Voix, 2&deg; Aspect, 3&deg; Temps (de la voix), 4&deg; Mode, 5&deg; Temps (du mode)&nbsp;&raquo; (p. 177). Cette distinction pourrait faire penser &agrave; celle que fera N. Chomsky (<i>Structures syntaxiques</i>, 1957) entre la structure profonde (abstraite) et la structure de surface. Chomsky fait passer de l&rsquo;une &agrave; l&rsquo;autre par des op&eacute;rations de transformation, alors que d&rsquo;un autre point de vue, Tesni&egrave;re invente les translations (<i>infra</i>).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans sa description syntaxique, LT invente (p. 221) la notion de <i>mot-phrase</i>. Il utilise (p.223) la m&eacute;taphore du syst&egrave;me solaire pour introduire la repr&eacute;sentation sous forme de <i>stemma</i> (</span></span></span></span><q>Une phrase se pr&eacute;sente comme un syst&egrave;me solaire. Au centre, un verbe qui commande tout l&rsquo;organisme, de m&ecirc;me que le soleil est au centre du syst&egrave;me solaire. &nbsp;(&hellip;) toute phrase peut &ecirc;tre repr&eacute;sent&eacute;e par un stemma qui indique la hi&eacute;rarchie de ses connexions.</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">). Il introduit (p.226) la notion de n&oelig;ud syntaxique&nbsp;:</span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Chacun des quatre &eacute;l&eacute;ments [Vb Subst Adj Adv] est susceptible d&rsquo;&ecirc;tre le noyau, ou, pour reprendre notre image de tout &agrave; l&rsquo;heure, le soleil d&rsquo;un petit syst&egrave;me organique. Nous donnerons &agrave; ces noyaux le nom de n&oelig;uds, et nous distinguerons le n&oelig;ud verbal, le n&oelig;ud substantivai, le n&oelig;ud adjectival et le n&oelig;ud adverbial. Toute phrase est l&rsquo;agencement d&rsquo;un ou de plusieurs n&oelig;uds.</p> <p>Le n&oelig;ud verbal, que l&rsquo;on trouve au centre de la plupart des phrases, exprime tout un petit drame. Comme tel, il comporte une action (verbe), des acteurs (substantifs) et des circonstances (adverbes).</p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il explique (BFLS, XIV, p. 11), la diff&eacute;rence entre son <i>n&oelig;ud verbal</i> et celui de Damourette et Pichon (1911-1940), qui ont invent&eacute; cette </span></span></span></span><q>notion essentielle</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> : pour eux, le n&oelig;ud verbal est </span></span></span></span><q>l&rsquo;ensemble constitu&eacute; par le verbe et tous les &eacute;l&eacute;ments, pronominaux ou autres, qui lui sont plus ou moins agglutin&eacute;s</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, ensemble que LT appelle </span></span></span></span><q>le complexe verbal</q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Pour LT et Jespersen, le <i>n&oelig;ud verbal</i> d&eacute;signe </span></span></span></span><q>l&rsquo;ensemble syntaxique constitu&eacute; par le verbe (y compris ses agglutin&eacute;s) et tous les &eacute;l&eacute;ments qui en d&eacute;pendent, c. &agrave; d. les actants (sujet, objet) et les circonstants (compl&eacute;ments de temps, de lieu, etc.)<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a></q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><img height="393" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231031112542-4.png" width="766" /></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Stemma de la phrase de Voltaire&nbsp;: <i>L&rsquo;autre jour au fond d&rsquo;un vallon un serpent piqua Jean Fr&eacute;ron</i>. (Tesni&egrave;re 1959, p. 635).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ensuite, LT red&eacute;finit (p. 227) radicalement des fonctions, en particulier celles de sujet et d&rsquo;attribut&nbsp;:</span></span></span></span></p> <blockquote> <p>Il en r&eacute;sulte que le sujet est un compl&eacute;ment comme les autres. Il est &agrave; peine besoin de souligner que cette derni&egrave;re th&egrave;se s&rsquo;oppose &agrave; la conception traditionnelle, laquelle, s&rsquo;appuyant d&rsquo;ailleurs sur des consid&eacute;rations philosophiques et logiques beaucoup plus que sur des faits de langue, oppose le sujet au pr&eacute;dicat (qui comporte le verbe et tous ses compl&eacute;ments directs, indirects et circonstanciels).</p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De m&ecirc;me, il distingue les fonctions de l&rsquo;adjectif (<i>ibid</i>.)&nbsp;:</span></span></span></span></p> <blockquote> <p>L&rsquo;adjectif subordonn&eacute; au substantif est l&rsquo;adjectif &eacute;pith&egrave;te (Un grand fleuve), tandis que l&rsquo;adjectif attribut est subordonn&eacute; directement au verbe et rel&egrave;ve du n&oelig;ud verbal (Ce fleuve est grand).</p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce faisant, LT pose les fondations de la <b>grammaire de d&eacute;pendance</b>, qui sera pris&eacute;e en Europe centrale, en Allemagne et ailleurs, alors que la France se laissera s&eacute;duire par la grammaire syntagmatique (l&rsquo;analyse en constituants imm&eacute;diats d&eacute;compose la phrase en deux constituants, SN et SV), d&eacute;velopp&eacute;e par la linguistique am&eacute;ricaine (Wells 1947, Harris 1951), qui se fonde sur l&rsquo;analyse logique de la phrase en sujet-pr&eacute;dicat (Chomsky 1966).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin, LT introduit (p.228) la notion de <b>translation<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></b></span></span></a>&nbsp;</b>:</span></span></span></span></p> <blockquote> <p>La translation est un ph&eacute;nom&egrave;ne extr&ecirc;mement r&eacute;pandu et qui fournit la cl&eacute; de bien des questions. Ainsi l&rsquo;infinitif n&rsquo;est autre chose que le verbe transf&eacute;r&eacute; en substantif. De m&ecirc;me le participe est le verbe transf&eacute;r&eacute; en adjectif et le g&eacute;rondif le verbe transf&eacute;r&eacute; en adverbe.</p> <p>A c&ocirc;t&eacute; de ces translations simples, que nous appellerons du 1er degr&eacute;, il existe un autre type de translation, que nous appellerons translation du 2e degr&eacute;. La translation du 2e degr&eacute; consiste &agrave; transf&eacute;rer une proposition enti&egrave;re (c&rsquo;est-&agrave;-dire un n&oelig;ud verbal) et &agrave; lui attribuer une fonction subordonn&eacute;e dans un autre n&oelig;ud (verbal ou autre). La translation du 2e degr&eacute; a &eacute;t&eacute; reconnue par la grammaire traditionnelle sous le nom de subordination et le nom classique de propositions subordonn&eacute;es trouve tout naturellement sa place dans notre syst&egrave;me. Les grammairiens d&rsquo;avant-garde ont d&rsquo;ailleurs d&eacute;j&agrave; reconnu depuis un certain nombre d&rsquo;ann&eacute;es qu&rsquo;une proposition pouvait jouer le r&ocirc;le d&rsquo;un adjectif (Comparez Le livre que vous voyez et Le livre blanc), de substantif objet (J&rsquo;admets que vous soyez fatigu&eacute; et J&rsquo;admets vos excuses).</p> </blockquote> <h2>&nbsp;</h2> <h2>Conclusion</h2> <p>&nbsp;</p> <p>La pr&eacute;sente &eacute;tude avait pour ambition, en faisant mieux connaitre les premi&egrave;res ann&eacute;es de Tesni&egrave;re, enseignant et chercheur &agrave; Strasbourg, d&rsquo;apporter un &eacute;clairage nouveau sur la g&eacute;n&eacute;alogie de son &oelig;uvre. Sa carri&egrave;re dans cette ville illustre parfaitement la diversit&eacute; de ses centres d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts aussi bien que l&rsquo;&eacute;laboration progressive d&rsquo;une pens&eacute;e tout enti&egrave;re tourn&eacute;e vers la syntaxe. En une douzaine d&rsquo;ann&eacute;es, LT a accompli une v&eacute;ritable r&eacute;volution personnelle, le philologue slavisant se faisant petit &agrave; petit linguiste g&eacute;n&eacute;ral et th&eacute;oricien, et cela du fait m&ecirc;me de ses pr&eacute;occupations p&eacute;dagogiques. Les r&eacute;flexions de LT sur la syntaxe sont ins&eacute;parables de la recherche de la plus grande efficacit&eacute; de l&rsquo;enseignement de la langue, comme l&rsquo;illustrent visuellement ses repr&eacute;sentations des phrases, stemmas qui marqueront la premi&egrave;re &eacute;tape de la marche de l&rsquo;analyse syntaxique vers les repr&eacute;sentations arborescentes de l&rsquo;&eacute;poque moderne.</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="DE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">BALLY, Charles, </span></span><i><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Linguistique g&eacute;n&eacute;rale et linguistique fran&ccedil;aise</span></span></i><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. </span></span><span lang="DE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Berne&nbsp;: A. Francke [1<sup>e</sup> &eacute;d. 1932]. 1965.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="DE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">BERTHONNEAU, Anne-Marie, KLEIBER, Georges, &laquo;&nbsp;Pour une nouvelle de l&rsquo;imparfait&nbsp;: l&rsquo;imparfait, un temps anaphorique m&eacute;ronomique&nbsp;&raquo;, <i>Langages</i>, 112, p. 55-73. 1993.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CHEVALIER, Jean-Claude, Diffusion du fran&ccedil;ais en Europe de l&rsquo;Est 1920-1939. Dans Kok-Escalle, M.-C. &amp; Melka, F. (dir), <i><span style="background:white">Changements politiques et statut des langues. Histoire et &eacute;pist&eacute;mologie 1780-1945</span></i>. Amsterdam&nbsp;: Rodopi: 129-144. 2001.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CHEVALIER, Jean-Claude, ENCREV&Eacute;, Pierre, <i>Combats pour la linguistique, de Martinet &agrave; Kristeva. Essai de dramaturgie &eacute;pist&eacute;mologique.</i> Lyon&nbsp;: ENS &Eacute;ditions. 2006.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CHISS Jean-Louis, Le &lsquo;&rsquo;Structuralisme&rsquo;&rsquo; de Georges Gougenheim&nbsp;: la linguistique fran&ccedil;aise entre la philologie et le mod&egrave;le phonologique, <i>Linx</i> n&deg; 6&nbsp;: 95-120. 1982.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">CHOMSKY, Noam, <i>La linguistique cart&eacute;sienne</i>. Paris&nbsp;: Seuil [1966]. 1969.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">D<span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AMOURETTE, Jacques, PICHON, Edouard, <i>Des mots &agrave; la pens&eacute;e. Essai de grammaire de la langue fran&ccedil;aise</i>. Paris&nbsp;: d&rsquo;Artrey, 7 vol. 1911-1940.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DAVIET-TAYLOR, Fran&ccedil;oise, La syntaxe du temps chez Lucien Tesni&egrave;re et ses prolongements chez Jean-Marie Zemb. Dans Gr&eacute;ciano, G. &amp; Schumacher, H. (dir.), <i>Lucien Tesni&egrave;re &ndash; Syntaxe structurale et op&eacute;rations mentales</i>. T&uuml;bingen&nbsp;: Niemeyer&nbsp;: 161-168. 1996.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; DELHAY, Corinne, MEYER, Jean-Paul, PELLAT, Jean-Christophe, Les avatars du mod&egrave;le actanciel de Tesni&egrave;re&nbsp;: retour sur une ambi-valence. Dans Neveu, F. &amp; Roig, A. (dir). <i>L&rsquo;&oelig;uvre de Lucien Tesni&egrave;re. Lectures contemporaines</i>. Berlin/Boston&nbsp;: De Gruyter&nbsp;: 445-466. 2022.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FEUILLET Jack, &laquo;&nbsp;Actants et circonstants. Quelques probl&egrave;mes de d&eacute;finition&nbsp;&raquo;. Dans F. <span style="background:white">Madray-Lesigne &amp; J. Richard-Zappella (dir.), <i>Lucien Tesni&egrave;re aujourd&rsquo;hui</i>, Louvain/Paris, Peeters&nbsp;: 175-181.</span> 1995.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; GUILLAUME, Gustave, <i>Temps et verbe</i>. Paris, Champion [1<sup>re</sup> &eacute;d. 1929]. 1965.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; HARRIS, Zellig. </span><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">S., <i>Methods in Structural Linguistics</i>. Chicago&nbsp;: The University of Chicago Press. </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1951.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="IT" style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MADRAY-LESIGNE Fran&ccedil;oise, RICHARD-ZAPPELLA Jeannine, &nbsp;(dir.), </span></span><i><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lucien Tesni&egrave;re aujourd&rsquo;hui</span></span></i><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, Louvain/Paris&nbsp;: Peeters</span></span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.</span><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> 1995.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp; MULLER, Charles, Lucien Tesni&egrave;re et la Facult&eacute; des Lettres de Strasbourg (1924-1937). Dans Gr&eacute;ciano, G. &amp; Schumacher, H. (dir), <i>Lucien Tesni&egrave;re &ndash; Syntaxe structurale et op&eacute;rations mentales</i>. T&uuml;bingen&nbsp;: Niemeyer&nbsp;: 15-25. 1996.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">NEVEU, Frank, ROIG, Audrey, (dir), <i>L&rsquo;&oelig;uvre de Lucien Tesni&egrave;re. Lectures contemporaines</i>. Berlin/Boston&nbsp;: De Gruyter. 2022.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">POGNAN, Patrice, Lucien Tesni&egrave;re et l&rsquo;Ecole de Prague. Dans Neveu, F. &amp; Roig, A. (dir). <i>L&rsquo;&oelig;uvre de Lucien Tesni&egrave;re. Lectures contemporaines</i>. Berlin/Boston&nbsp;: De Gruyter&nbsp;: 153-173. 2022.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE, Lucien, L&rsquo;emploi des temps en fran&ccedil;ais. <i>Bulletin de la Facult&eacute; des Lettres de Strasbourg</i>, Hors-s&eacute;rie&nbsp;: 39-60. 1927. &nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE, Lucien, Synth&eacute;tisme et analytisme. Dans <i>Charisteria Guilelmo Mathesio quinquagenario a discipulis et circuli linguistici Pragensis sodalibus oblata.</i> Sumptibus &laquo;&nbsp;Pražskŷ linguististickŷ kroužek, Cercle linguistique de Prague, &laquo;&nbsp;M&eacute;langes Mathesius&nbsp;&raquo;&nbsp;: 62-64. 1932.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE, Lucien, Comment construire une syntaxe.<i> Bulletin de la Facult&eacute; des Lettres de Strasbourg</i>, XII&nbsp;: 219-229. 1933.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE, Lucien, <i>Petite grammaire russe</i>. Paris&nbsp;: Didier. 1934.&nbsp;&nbsp; &nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE Lucien, &Agrave; propos des temps surcompos&eacute;s.<i> Bulletin de la Facult&eacute; des Lettres de Strasbourg</i>, XIV&nbsp;: 56-59. 1935.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE, Lucien, Th&eacute;orie structurale des temps compos&eacute;s. <i>M&eacute;langes de linguistique offerts &agrave; Charles Bally</i>. Gen&egrave;ve&nbsp;: Georg&nbsp;: 153-183. 1939a.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE, Lucien, Phonologie et m&eacute;langes de langues, <i>Travaux du cercle linguistique de Prague</i>, 8&nbsp;: 83-93. 1939b.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE, Lucien, <i>Esquisse d&rsquo;une syntaxe structurale</i>, Paris&nbsp;: Klincksieck. 1953&nbsp;&nbsp; .</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; TESNI&Egrave;RE, Lucien, <i>&Eacute;l&eacute;ments de syntaxe structurale</i>. Paris&nbsp;: Klincksieck. 1959&nbsp; .</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">TESNI&Egrave;RE, Marie-H&eacute;!&egrave;ne, Le fonds Lucien Tesni&egrave;re &agrave; la Biblioth&egrave;que Nationale de France. Dans Gr&eacute;ciano, G. &amp; Schumacher, H. (dir), <i>Lucien Tesni&egrave;re &ndash; Syntaxe structurale et op&eacute;rations mentales</i>. T&uuml;bingen&nbsp;: Niemeyer&nbsp;: 7-13. 1996.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">VAUPOT, Sonia, La pr&eacute;sence fran&ccedil;aise en Slov&eacute;nie&nbsp;: aspects historiques et philologiques, <i>Synergies Europe</i>, 15&nbsp;: 59-70. 2020.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; VERDELHAN BOURGADE, Mich&egrave;le, Lucien Tesni&egrave;re et l&rsquo;enseignement de la grammaire, d&rsquo;apr&egrave;s les exp&eacute;rimentations de Montpellier. Dans Neveu, F. &amp; Roig, A. (dir). <i>L&rsquo;&oelig;uvre de Lucien Tesni&egrave;re. Lectures contemporaines</i>. Berlin/Boston&nbsp;: De Gruyter&nbsp;: 369-382. 2022.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; WAGNER, Robert - L&eacute;on, PINCHON, Jacqueline, <i>Grammaire du fran&ccedil;ais classique et moderne</i>, Paris&nbsp;: Hachette. 1962.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-14.2pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp; WELLS, Rulon S., Immediate constituents. </span><i><span lang="DE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Language</span></i><span lang="DE" new="" roman="" style="font-family:" times="">, XXIII&nbsp;: 186-207. </span><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">1947.</span></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></a> Nous tenons &agrave; remercier Jean-Paul Meyer pour la documentation qu&rsquo;il a rassembl&eacute;e sur Tesni&egrave;re &agrave; Strasbourg et pour sa participation active pour d&eacute;finir nos pistes d&rsquo;investigation. Nous regrettons que ses responsabilit&eacute;s ne lui aient pas permis de participer jusqu&rsquo;au bout &agrave; la r&eacute;daction de cet article.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></a> Pour les d&eacute;tails des activit&eacute;s et publications de Tesni&egrave;re &agrave; Strasbourg, voir Charles Muller 1996.</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></a> Pour des &eacute;tudes g&eacute;n&eacute;rales de l&rsquo;&oelig;uvre de L. Tesni&egrave;re, voir F. <span style="background:white">Madray-Lesigne&nbsp; &amp; J. Richard-Zappella (dir.), 1995, et F. </span>Neveu. &amp; A. Roig (dir), 2022.</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></a> Selon Chevalier (2001, p.139), &laquo;&nbsp;il va endoctriner, comme il le raconte, un jeune normalien nomm&eacute; &agrave; Strasbourg, auteur d&rsquo;une th&egrave;se [1929] sur les P&eacute;riphrases verbales en moyen fran&ccedil;ais (...)&nbsp;; il l&rsquo;initiera au structuralisme de Prague et le persuadera d&rsquo;&eacute;crire une phonologie fran&ccedil;aise qui paraitra effectivement en 1935&nbsp;&raquo;. Cette remarque conduit &agrave; relativiser l&rsquo;affirmation de Chiss (1982, p. 103) qui voit plut&ocirc;t dans le titre de cet ouvrage l&rsquo;influence de Martinet sur Gougenheim.</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></a> Voir <i>supra</i>, note 4.</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[6]</span></span></span></span></a> Wagner &amp; Pinchon consid&egrave;rent l&rsquo;imparfait &laquo;&nbsp;comme un v&eacute;ritable <b>pr&eacute;sent du pass&eacute;</b>&nbsp;&raquo; (1962, p. 353).</span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[7]</span></span></span></span></a> Voir F. Daviet-Taylor,1996.</span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[8]</span></span></span></span></a> Tesni&egrave;re se r&eacute;f&egrave;re au livre de Benveniste examin&eacute; avec l&rsquo;auteur &agrave; la r&eacute;union du samedi (1936) cit&eacute;e plus haut.</span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></a> Voir J. Feuillet 1995 et C. Delhay, J.-P. Meyer, J.-C. Pellat 2022.</span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[10]</span></span></span></span></a> LT reconnait la proximit&eacute; qui existe entre sa notion de translation et celle de transposition chez Bally dans le compte rendu qu&rsquo;il fait de son ouvrage de 1933 (<i>BFLS</i>, XII, p. 120-122).</span></span></p> </div> </div> <div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> </div>