<h1>VARIA</h1> <h1>Penser autrement l&rsquo;enseignement des comp&eacute;tences linguistiques&nbsp;en FLE&nbsp;: articuler trois niveaux, langagier et linguistiques (dans une d&eacute;marche exp&eacute;rimentale d&rsquo;apprentissage)</h1> <p>&nbsp;</p> <h2>Introduction</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">La fin de la m&eacute;thodologie structuro-globale-audio-visuelle (SGAV) a sonn&eacute; le glas de la linguistique appliqu&eacute;e et facilit&eacute; l&rsquo;autonomisation de la didactique des langues &eacute;trang&egrave;res par rapport &agrave; ce qui &eacute;tait consid&eacute;r&eacute; comme la discipline de r&eacute;f&eacute;rence. Un autre tournant a &eacute;t&eacute; pris &agrave; cette occasio<span style="color:black">n, </span>celui de la minoration de la comp&eacute;tence linguistique, autrefois entr&eacute;e structurante des progressions, au profit des comp&eacute;tences communicatives. D&egrave;s lors, la suspicion a &eacute;t&eacute; jet&eacute;e sur un travail sur le code qui serait d&eacute;contextualis&eacute; des situations de communication, une approche stigmatis&eacute;e sous l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;faire de la grammaire pour la grammaire&nbsp;&raquo;, avec des enseignements relativement d&eacute;connect&eacute;s des usages et &agrave; forte composante m&eacute;talinguistique&nbsp;; le nouveau paradigme, dominant depuis le milieu des ann&eacute;es 1980, envisage l&rsquo;&eacute;tude de la langue &agrave; travers des situations de production orale ou &eacute;crite pour lesquelles on doit disposer de moyens d&rsquo;expression ou &agrave; travers l&rsquo;&eacute;tude de textes que les fonctionnements linguistiques permettent de mieux comprendre. Dans cette optique, qui est celle de l&rsquo;approche communicative de l&rsquo;enseignement de la langue, les apprenants sont expos&eacute;s &agrave; des fonctionnements grammaticaux plus ou moins explicit&eacute;s, envisag&eacute;s comme des outils et qui sont alors plus l&rsquo;objet d&rsquo;une acquisition par r&eacute;p&eacute;tition de situations d&rsquo;usage et par exposition &agrave; des formes (cf. la m&eacute;taphore de la classe comme bain de langue) que d&rsquo;un apprentissage structur&eacute; r&eacute;pondant &agrave; des logiques linguistiques et non subordonn&eacute; &agrave; des besoins communicatifs (suppos&eacute;s). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;expos&eacute; de la conception et de l&rsquo;animation d&rsquo;un cours de langue va nous permettre d&rsquo;esquisser ce qui, selon nous, pourrait &ecirc;tre une alternative, une troisi&egrave;me voie&nbsp;: il s&rsquo;agit de proposer dans le cadre d&rsquo;un cours l&rsquo;&eacute;tude syst&eacute;matique de diff&eacute;rents points linguistiques en apparence sans relation mais en fait concourant tous &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;une activit&eacute; langagi&egrave;re, ici l&rsquo;expression de la subjectivit&eacute;&nbsp;: on voit en quoi la formulation de cet objectif pourrait faire h&acirc;tivement rapprocher cette m&eacute;thodologie de l&rsquo;option &laquo;&nbsp;grammaire pour la grammaire&nbsp;&raquo;. Mais en r&eacute;alit&eacute;, nous allons le montrer, c&rsquo;est bien au profit de l&rsquo;am&eacute;lioration des comp&eacute;tences de communication que cet enseignement se donne, et cela se fait au travers de textes lus et produits, et m&ecirc;me de textes &laquo;&nbsp;litt&eacute;raires&nbsp;&raquo;&nbsp;: on retrouve l&agrave; des caract&eacute;ristiques du versant communicatif. Une mani&egrave;re de concilier les deux aspirations en une m&ecirc;me approche&nbsp;? C&rsquo;est le pari que nous faisons. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le cours que nous allons d&eacute;crire &agrave; titre d&rsquo;exemple s&rsquo;adresse &agrave; trois publics diff&eacute;rents, tous allophones et de niveau suppos&eacute; B1&nbsp;: des &eacute;tudiants inscrits &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re (EFLE) de l&rsquo;Universit&eacute; de Lausanne et qui sont soit en Bachelor (&eacute;quivalent d&rsquo;une licence) pour d&eacute;couvrir la discipline FLE, soit en Dipl&ocirc;me premi&egrave;re ann&eacute;e pour am&eacute;liorer leur niveau de fran&ccedil;ais&nbsp;; puis des &eacute;tudiants inscrits dans d&rsquo;autres sections de l&rsquo;UNIL et qui viennent dans ces cours pour am&eacute;liorer un peu leur fran&ccedil;ais, sans forc&eacute;ment toujours rechercher de cr&eacute;dits (pr&eacute;sence possible de masterants, de doctorants, en psychologie, HEC, etc.).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Enseigner le FLE &agrave; des publics de niveau B1, c&rsquo;est accompagner des apprenants qui ont atteint un niveau d&rsquo;autonomie sociolangagi&egrave;re assez important, ce qui se manifeste par une relative aisance dans une grande partie des situations sociales qui sont celles de leur quotidien, &agrave; l&rsquo;universit&eacute; ou ailleurs. Pour autant, ces personnes ont encore une marge importante de progression dans leur compr&eacute;hension et connaissance du syst&egrave;me de la langue. Progresser aussi sur ce plan peut avoir une grande importance, que ce soit pour obtenir des niveaux de certification vis&eacute;s dans une strat&eacute;gie personnelle ou pour se sentir dans une plus grande s&eacute;curit&eacute; linguistique. Pour le dire autrement, les publics de ce type de cours de FLE, avanc&eacute;s, se d&eacute;brouillent relativement bien en fran&ccedil;ais mais doivent encore selon leurs propres termes &laquo;&nbsp;progresser en grammaire &raquo; et ils en font souvent la demande explicite, une demande &agrave; laquelle l&rsquo;institution ne sait pas r&eacute;pondre. &laquo;&nbsp;Progresser en grammaire&nbsp;&raquo; oui, mais comment&nbsp;? &laquo;&nbsp;On ne va quand m&ecirc;me pas leur faire des cours de grammaire&nbsp;!&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Tout d&eacute;pend de ce que l&rsquo;on entend &agrave; la fois par &laquo;&nbsp;grammaire&nbsp;&raquo; (l&rsquo;objectif) et par &laquo;&nbsp;cours&nbsp;&raquo; (le mode d&rsquo;animation, qui conditionne la nature et le processus d&rsquo;apprentissage). Sur le premier point, nous reviendrons dans la premi&egrave;re partie&nbsp;; sur le second, nous pouvons d&eacute;j&agrave; dire que le mode de construction des savoirs et des savoir-faire qui a &eacute;t&eacute; propos&eacute; aux diff&eacute;rents publics r&eacute;unis par ce cours&nbsp;rel&egrave;ve d&rsquo;une d&eacute;marche de linguistique exp&eacute;rimentale</span><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">, qui va &ecirc;tre ici abondamment explicit&eacute;e et illustr&eacute;e. Objectif linguistique et langagier et mode d&rsquo;animation du cours rel&egrave;vent toutefois deux dimensions diff&eacute;rentes, qui peuvent faire l&rsquo;objet de d&eacute;clinaisons diff&eacute;rentes de celles que nous avons choisies.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le parcours de lecture auquel nous invitons nos lecteurs et nos lectrices passe par un expos&eacute; du cadrage g&eacute;n&eacute;ral du cours, suivi de celui des principaux concepts et fonctionnements linguistiques qui sont abord&eacute;s, avant d&rsquo;illustrer la d&eacute;marche &agrave; l&rsquo;aide de divers documents. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>1. Le cadre g&eacute;n&eacute;ral&nbsp;de la construction des savoirs m&eacute;talinguistiques et des savoir-faire langagiers</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Un des principaux d&eacute;fis du travail sur la langue consiste &agrave; faire construire chez les apprenants des comp&eacute;tences qui puissent faire syst&egrave;me plut&ocirc;t que des savoirs parcellaires, forc&eacute;ment toujours partiels. Un autre est de les doter des m&eacute;canismes d&rsquo;analyse qui vont leur faire appr&eacute;hender la langue autrement que comme un syst&egrave;me de r&egrave;gles inexplicables par rapport auxquelles il n&rsquo;y aurait d&rsquo;autre solution qu&rsquo;un apprentissage par c&oelig;ur, &laquo;&nbsp;exceptions&nbsp;&raquo; comprises. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">La voie emprunt&eacute;e dans cet enseignement consiste &agrave; leur faire d&eacute;couvrir tout un ensemble de fonctionnements linguistiques complexes regroupables autour de la notion d&rsquo;<i>expression de la subjectivit&eacute; en fran&ccedil;ais</i> (ici langue &eacute;trang&egrave;re), qui constitue un premier niveau, langagier, que nous appelons celui des <i>dimensions de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re</i>. L&rsquo;expression de la subjectivit&eacute; est donc une <i>dimension de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re</i>. Le choix par l&rsquo;enseignant de cette entr&eacute;e s&rsquo;explique par </span><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">les enjeux tr&egrave;s forts, au plan de la vie quotidienne comme au plan de la socialisation acad&eacute;mique, de la possibilit&eacute; ou non de s&rsquo;inscrire dans sa parole et dans ses &eacute;crits. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Produire des assertions est important, mais savoir exprimer de la mani&egrave;re la plus pr&eacute;cise possible son propre rapport &agrave; son dire, ou au dire des autres, l&rsquo;est encore plus&nbsp;: face &agrave; une id&eacute;e que l&rsquo;on pr&eacute;sente, est-on en plein accord, en accord partiel, en d&eacute;saccord&nbsp;? Trouve-t-on cette id&eacute;e bonne, mauvaise pour soi&nbsp;? Quels jugements porte-t-on sur les r&eacute;alit&eacute;s que l&rsquo;on &eacute;voque, les personnes dont on parle et en quoi nous am&egrave;nent-elles &agrave; parler en m&ecirc;me temps de nous, de ce que nous sommes&nbsp;? Pour des publics allophones, les enjeux sont importants. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le support d&rsquo;&eacute;tude&nbsp;choisi pour cet enseignement est <i>Le Schpountz</i> de Marcel Pagnol, un &laquo;&nbsp;texte&nbsp;&raquo; choisi parce qu&rsquo;il est &agrave; la fois un texte oral, celui de dialogues &eacute;crits pour le cin&eacute;ma par un auteur connu pour ses pi&egrave;ces de th&eacute;&acirc;tre (<i>Topaze</i> a &eacute;t&eacute; son premier grand succ&egrave;s en 1928, suivi de <i>Marius</i> en 1929 et de <i>Fanny</i> en 1931 &ndash; il faut attendre 1946 pour <i>C&eacute;sar</i>, qui cl&ocirc;t la trilogie), un texte publi&eacute; apr&egrave;s la diffusion du film (en 1954 seulement, par son auteur). Ces &laquo;&nbsp;oraux&nbsp;&raquo; pr&eacute;sentent l&rsquo;avantage d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la fois tr&egrave;s &laquo;&nbsp;&eacute;crits&nbsp;&raquo;, avec des effets stylistiques analysables en termes litt&eacute;raires (rythmes, ternaires, gradations, m&eacute;taphores, anaphores) et extr&ecirc;mement accessibles pour des apprenants car relevant d&rsquo;une langue famili&egrave;re qui est celle des oraux du quotidien. Une sorte de support &eacute;crit &laquo;&nbsp;authentique&nbsp;&raquo; donc, si l&rsquo;on veut reprendre avec toutes ses ambigu&iuml;t&eacute;s cette revendication des approches communicatives. Pendant quelques semaines encore apr&egrave;s le d&eacute;but du cours, la vid&eacute;o a &eacute;t&eacute; disponible sur Daily Motion pour &eacute;couter/voir la version originale (celle r&eacute;alis&eacute; par M. Pagnol lui-m&ecirc;me, avec Fernandel dans le r&ocirc;le-titre). Cette version pr&eacute;sente un avantage suppl&eacute;mentaire&nbsp;: celle d&rsquo;offrir un bel exemple de variation r&eacute;gionale en fran&ccedil;ais, avec un accent m&eacute;ridional spectacularis&eacute; par l&rsquo;opposition Provence/Paris qui structure pour partie le film. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">La d&eacute;marche choisie pour l&rsquo;enseignement rel&egrave;ve d&rsquo;une d&eacute;marche exp&eacute;rimentale, au cours de laquelle <span style="color:black">les publics sont plac&eacute;s dans des situations de t&acirc;tonnement face &agrave; des corpus qui leur sont pr&eacute;sent&eacute;s ou qu&rsquo;ils construisent eux-m&ecirc;mes (extraits du <i>Schpountz</i>) pour d&eacute;couvrir &agrave; la fois des <i>op&eacute;rations linguistiques</i> (notre deuxi&egrave;me niveau d&rsquo;&eacute;tude, apr&egrave;s le premier niveau des <i>dimensions de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re</i>) et des <i>outils</i> <i>linguistiques</i> (notre troisi&egrave;me niveau) avec leurs <i>fonctionnements</i>&nbsp;: ces d&eacute;couvertes s&rsquo;op&egrave;rent au travers d&rsquo;observations guid&eacute;es, d&rsquo;interrogations, de production d&rsquo;hypoth&egrave;ses, de manipulations, de v&eacute;rifications, pour aboutir &agrave; la construction progressive de r&egrave;gles de fonctionnement assez complexes. Nous illustrerons ici abondamment cette d&eacute;marche<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">[2]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin, le mode de construction des savoir et des savoir-faire fait &eacute;galement appel &agrave; une d&eacute;marche comparative avec d&rsquo;autres langues du r&eacute;pertoire des apprenant.es, qui s&rsquo;appuient dans leurs analyses linguistiques sur le &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave;-l&agrave;&nbsp;&raquo; ou le &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave;-construit&nbsp;&raquo; (Maurer et Puren, 2019), &agrave; savoir le capital linguistique et &eacute;ventuellement m&eacute;talinguistique constitu&eacute; en L1, L2, L3 au moment de l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais. Il est pris en compte &agrave; l&rsquo;aide de questions r&eacute;flexives pos&eacute;es par l&rsquo;enseignant et appara&icirc;t dans les &eacute;changes horizontaux et verticaux qui s&rsquo;ensuivent.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour conclure cette pr&eacute;sentation, dans la mesure o&ugrave; cet enseignement rel&egrave;ve d&rsquo;un </span><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">cours de linguistique exp&eacute;rimentale, il rev&ecirc;t clairement une dimension disciplinaire&nbsp;visant &agrave; permettre aux publics de continuer &agrave; construire une attitude et des savoirs m&eacute;talinguistiques&nbsp;; mais il s&rsquo;agit &eacute;galement et pleinement d&rsquo;un &laquo;&nbsp;cours de langue&nbsp;&raquo; dont une partie des objectifs vise &agrave; permettre aux &eacute;tudiants d&rsquo;accroitre leurs ressources linguistiques et communicatives.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>2. Objectifs langagiers et objectifs linguistiques&nbsp;de l&rsquo;enseignement</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;expression de la subjectivit&eacute;</span><a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times=""> est pour nous une <i>dimension de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re</i></span><a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times=""> qui se r&eacute;alise en fran&ccedil;ais &agrave; travers trois <i>op&eacute;rations</i> <i>linguistiques</i> compl&eacute;mentaires diff&eacute;rentes, qui ne sont certes pas r&eacute;unies dans tous les &eacute;nonc&eacute;s mais qui offrent une palette de ressources pour la communication, ces op&eacute;rations &eacute;tant rep&eacute;rables par l&rsquo;usage d&rsquo;<i>outils et de</i> <i>fonctionnements linguistiques</i>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Les trois op&eacute;rations dont traite le cours sont la <b>modalisation</b>, la <b>caract&eacute;risation</b> et la <b>nomination</b>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour aborder la premi&egrave;re op&eacute;ration, la modalisation, le cours a mobilis&eacute; pendant l&rsquo;apprentissage, au moment opportun, les concepts de <i>modus</i> et <i>dictum</i> (C. Bally, <i>Linguistique g&eacute;n&eacute;rale et linguistique fran&ccedil;aise</i>, 1932 puis 1944), permettant de distinguer entre &eacute;nonc&eacute;s modalis&eacute;s et non modalis&eacute;s&nbsp;; il a aussi convoqu&eacute; les concepts d&rsquo;id&eacute;e regardante/id&eacute;e regard&eacute;e (G. Guillaume, <i>Temps et verbe, </i>1929). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour la caract&eacute;risation, le cours a fait appel &agrave; la <i>Grammaire syst&eacute;matique de la langue fran&ccedil;aise </i>de C. Baylon et P. Fabre (1973).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin, en ce qui concerne la nomination, la th&eacute;orie de r&eacute;f&eacute;rence sous-jacente, qui n&rsquo;a toutefois pas &eacute;t&eacute; explicit&eacute;e pendant les enseignements, &eacute;tait la linguistique prax&eacute;matique et particuli&egrave;rement les travaux du s&eacute;manticien et analyste de discours Paul Siblot (1995, 2009).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Autour de ces trois op&eacute;rations que la section suivante d&eacute;finira, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;il sera rendu compte de leur construction par les &eacute;tudiants, et qui montrera en quoi la compr&eacute;hension de leur r&ocirc;le a un pouvoir heuristique pour l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais, c&rsquo;est en r&eacute;alit&eacute; &agrave; toute une s&eacute;rie de <i>fonctionnements linguistiques </i>qu&rsquo;il est possible de s&rsquo;int&eacute;resser, sous l&rsquo;angle de leur contribution &agrave; l&rsquo;expression de la subjectivit&eacute;. Les voici, dans l&rsquo;ordre de d&eacute;couverte progressive d&rsquo;un cours de treize semaines&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">la subordination compl&eacute;tive&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">les verbes de modalisation&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">les auxiliaires modaux&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">le subjonctif en proposition compl&eacute;tive&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">l&rsquo;indicatif en proposition compl&eacute;tive&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">la construction infinitive&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">la n&eacute;gation&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">les adverbes et les adverbes modalisateurs&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">les diff&eacute;rents types d&rsquo;adjectifs qualificatifs&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">l&rsquo;anaphore nominale&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">la m&eacute;taphore et autres figures de nomination&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">la phrase exclamative.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">La simple lecture de cette liste nous semble d&eacute;montrer la f&eacute;condit&eacute; d&rsquo;une d&eacute;marche qui va traiter d&rsquo;<i>outils linguistiques</i> dont les fonctionnements sont d&rsquo;ordinaire abord&eacute;s de mani&egrave;re s&eacute;par&eacute;e, cloisonn&eacute;e, dans des cours qui sont absolument sans rapport. La r&eacute;ponse des approches communicatives en langues &eacute;trang&egrave;res (ainsi que des pratiques didactiques en fran&ccedil;ais L1, de m&ecirc;me nature), a &eacute;t&eacute; de d&eacute;cloisonner, pour reprendre un des termes propos&eacute;s en r&eacute;action &agrave; la conception dite de la &laquo;&nbsp;grammaire pour la grammaire&nbsp;&raquo; (Daunay</span><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">, 2005), en allant des textes, des discours ou des actes de parole vers les outils linguistiques n&eacute;cessaires &agrave; leur production/compr&eacute;hension. Or dans le cas que nous pr&eacute;sentons, le d&eacute;cloisonnement est d&rsquo;une autre nature&nbsp;: il s&rsquo;op&egrave;re en saisissant la mani&egrave;re dont diff&eacute;rents outils concourent diversement &agrave; r&eacute;aliser une <i>op&eacute;ration</i>, elle-m&ecirc;me au service d&rsquo;une <i>dimension de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re</i>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>3. D&eacute;fense et illustration de la d&eacute;marche linguistique exp&eacute;rimentale</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">La d&eacute;marche andragogique adopt&eacute;e rel&egrave;ve d&rsquo;une forme de linguistique exp&eacute;rimentale (Gillioz et Zufferey, 2020) qui propose aux apprenants &agrave; la fois de d&eacute;couvrir des fonctionnements complexes, d&rsquo;acqu&eacute;rir un m&eacute;talangage r&eacute;ellement en situation, c&rsquo;est-&agrave;-dire qui va leur permettre de nommer des r&eacute;alit&eacute;s dont ils sont en train d&rsquo;analyser les composantes, et de s&rsquo;approprier de nouveaux moyens d&rsquo;expression. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Si on devait faire un parall&egrave;le avec des mod&egrave;les p&eacute;dagogiques, et en sciences, il faudrait aller chercher du c&ocirc;t&eacute; des ateliers dits &laquo;&nbsp;la main &agrave; la p&acirc;te&nbsp;&raquo;, suscit&eacute;s par le physicien Georges Charpak &agrave; partir de 1995. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une linguistique dans laquelle ce ne sont pas les chercheurs qui font des &laquo;&nbsp;exp&eacute;riences&nbsp;&raquo; pour v&eacute;rifier des hypoth&egrave;ses de recherche et faire avancer les connaissances, mais d&rsquo;une d&eacute;marche linguistique que sont amen&eacute;s &agrave; adopter des apprenants allophones pour d&eacute;couvrir par eux-m&ecirc;mes des fonctionnements d&eacute;j&agrave; d&eacute;crits par des chercheurs. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Pr&eacute;senter un cas r&eacute;el va permettre d&rsquo;illustrer la mani&egrave;re dont, dans ce cadre, avancent les apprentissages. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h3>3.1. Apprentissage de la modalisation&nbsp;: &eacute;nonc&eacute;s modalis&eacute;s</h3> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Les extraits ci-dessous repr&eacute;sentent un r&eacute;sum&eacute; des &eacute;changes de la toute premi&egrave;re s&eacute;ance du cours, afin d&rsquo;approcher l&rsquo;<i>op&eacute;ration</i> de modalisation et les <i>outils </i>que sont &eacute;nonc&eacute; modalis&eacute; vs non modalis&eacute;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><img height="330" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231101073946-1.png" width="938" /></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le point de d&eacute;part est une phrase tir&eacute;e du <i>Schpountz</i>. Elle se divise en deux parties, id&eacute;e regardante (&laquo;&nbsp;c&rsquo;est vrai que&nbsp;&raquo;) et id&eacute;e regard&eacute;e (&laquo;&nbsp;vous &ecirc;tes idiot&nbsp;&raquo;). Le questionnement de l&rsquo;enseignant accompagne, guide la d&eacute;marche de d&eacute;couverte progressive. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le tableau doit se lire par la colonne verte du milieu, qui pose les questions successives, qui met les &eacute;tudiants en situation de faire des hypoth&egrave;ses. Les r&eacute;ponses figurent en jaune (le jaune mat&eacute;rialise la dimension m&eacute;talinguistique de l&rsquo;activit&eacute; apprenante), les encadr&eacute;s verts &agrave; gauche reprennent les &eacute;tayages de l&rsquo;enseignant qui lui permettent de valider en partie les r&eacute;ponses, tout en poursuivant le questionnaire vers la dimension recherch&eacute;e. Le fait qu&rsquo;elle arrive &agrave; la fin atteste que la notion est &agrave; construire. A droite en bleu, sont indiqu&eacute;es les activit&eacute;s interm&eacute;diaires, avec des phrases que produit le public&nbsp;: des activit&eacute;s de production (dimension cours de langue), parfois &eacute;crites dans un document collaboratif (Framapad) projet&eacute;, parfois orales, qui servent de support &agrave; la poursuite des analyses et &agrave; la confirmation des hypoth&egrave;ses. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Au terme de la s&eacute;ance, qui dure 1h30, les &eacute;tudiants ont construit la notion d&rsquo;&eacute;nonc&eacute; modalis&eacute; vs non modalis&eacute; (&laquo;&nbsp;vous &ecirc;tes idiot&nbsp;&raquo;). L&rsquo;enseignant fournit simplement le m&eacute;talangage et dit de quel univers th&eacute;orique il vient. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h4>3.1.1. Type de modalisation et choix du mode dans les propositions subordonn&eacute;es</h4> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans l&rsquo;&eacute;tape suivante de construction des savoirs de cette d&eacute;marche exp&eacute;rimentale, l&rsquo;enseignant poursuit l&rsquo;objectif que les publics puissent utiliser de mani&egrave;re raisonn&eacute;e les modes subjonctif et indicatif dans les propositions subordonn&eacute;es des &eacute;nonc&eacute;s modalis&eacute;s. Pour ce faire, les &eacute;tudiants doivent construire le fait qu&rsquo;il existe deux axes de modalisation (d&rsquo;existence&nbsp;: faux vs vrai&nbsp;; d&rsquo;opportunit&eacute;&nbsp;: mal vs&nbsp; bien, mauvais vs&nbsp; bon) et que c&rsquo;est de cela que d&eacute;pend le choix du mode du verbe.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Comme pour la premi&egrave;re &eacute;tape, le point de d&eacute;part est la constitution par les &eacute;tudiant.e.s d&rsquo;un corpus d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s modalis&eacute;s relev&eacute; dans le texte d&rsquo;&eacute;tude et la production d&rsquo;hypoth&egrave;ses sur les raisons du choix du mode. Ces hypoth&egrave;ses sont faites par comparaison des &eacute;nonc&eacute;s, transformations, remplacements de verbes modalisateurs en jouant avec l&rsquo;axe paradigmatique. Au terme de deux s&eacute;ances suppl&eacute;mentaires, &agrave; partir des corpus rassembl&eacute;s et produits (en bleu sur le sch&eacute;ma suivant), en d&eacute;veloppant une r&eacute;flexion m&eacute;talinguistique (cadres qui vont de bleu &agrave; jaune), les publics ont pu construire les r&egrave;gles de fonctionnement illustr&eacute;es dans les deux cercles jaunes.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><img height="398" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231101073946-2.png" width="940" /></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h4>3.1.2. Influence d&rsquo;autres fonctionnements linguistiques sur le choix du mode</h4> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><img height="375" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231101073946-3.png" width="933" /></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;application de la m&ecirc;me d&eacute;marche (constitution de corpus, manipulation, hypoth&egrave;ses) a permis, dans les cinq cours suivants du semestre, de travailler les trois <i>outils</i> suivants dont les <i>fonctionnements linguistiques</i> ont un impact sur le choix du mode&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Verbes auxiliaires dits &laquo;&nbsp;modaux&nbsp;&raquo;&nbsp;: ils ont &eacute;t&eacute; distingu&eacute;s des auxiliaires de temps, et class&eacute;s sur les deux axes de modalisation (falloir, vouloir, devoir&nbsp;: opportunit&eacute;&nbsp;; une partie des emplois de savoir et de pouvoir&nbsp;: existence)&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Construction infinitive&nbsp;: en lien avec les auxiliaires modaux, les &eacute;tudiants ont pu observer, manipuler, comprendre les cas d&rsquo;emploi de l&rsquo;infinitif (co-r&eacute;f&eacute;rence avec le sujet du semi- auxiliaire&nbsp;: Je veux que tu viennes vs je veux venir (= *je veux que je vienne) ;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Influence de la n&eacute;gation sur le choix du mode&nbsp;: je crois que +indicatif / je ne crois pas que + subjonctif.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Ils ont ensuite &eacute;t&eacute; amen&eacute;s &agrave; voir le r&ocirc;le que joue dans la distance qu&rsquo;un &eacute;nonciateur met par rapport &agrave; son dire trois autres <i>outils</i> linguistiques&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le mode conditionnel appliqu&eacute; au verbe de l&rsquo;id&eacute;e regardante&nbsp;: Il semble que / il semblerait que (axe existence)&nbsp;; il faut que / il faudrait que (axe opportunit&eacute;)&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le r&ocirc;le du pronom personnel sujet du verbe de l&rsquo;id&eacute;e regardante dans l&rsquo;expression de la subjectivit&eacute;, en comparant des &eacute;nonc&eacute;s construits avec le m&ecirc;me verbe&nbsp;: je pense que &hellip; (adh&eacute;sion au propos)&nbsp;; il/elle pense que&hellip; (possible distance au propos)&nbsp;;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:">- <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">R&ocirc;le des adverbes modalisateurs&nbsp;: peut-&ecirc;tre, sans doute (axe de l&rsquo;existence), heureusement, h&eacute;las (axe de l&rsquo;opportunit&eacute;).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px">&nbsp;</p> <h3>3.2. Apprentissages autour de la caract&eacute;risation</h3> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Si la modalisation permet de comprendre une grande partie des fonctionnements linguistiques li&eacute;s &agrave; l&rsquo;expression de la subjectivit&eacute;, elle n&rsquo;est pas la seule <i>op&eacute;ration linguistique</i> en jeu. La caract&eacute;risation, entendue comme utilisation de l&rsquo;adjectif qualificatif associ&eacute; au substantif pour former une nouvelle unit&eacute; s&eacute;mantique telle que le contenu s&eacute;mantique du substantif (terme caract&eacute;ris&eacute;) est modifi&eacute; par celui de l&rsquo;adjectif (terme caract&eacute;risant), prend &eacute;galement une part importante.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le point de d&eacute;part de cette r&eacute;flexion a &eacute;t&eacute; fourni par l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; &laquo;&nbsp;il est un peu bourgeois &eacute;videmment, mais il est brave&nbsp;&raquo;, dans lequel deux mots en position attributive s&rsquo;opposent visiblement de mani&egrave;re axiologique. Les &eacute;tudiant.es ont pu d&eacute;duire de l&rsquo;opposition avec &laquo;&nbsp;mais&nbsp;&raquo; la valeur s&eacute;mantique n&eacute;gative du premier terme (bourgeois) par rapport au second, visiblement positif (brave). Il n&rsquo;&eacute;tait pas besoin de d&eacute;finir plus le sens de &laquo;&nbsp;bourgeois&nbsp;&raquo;, le fait qu&rsquo;il soit un adjectif de jugement suffisait ici&nbsp;; il a permis en premi&egrave;re intention de montrer l&rsquo;aptitude de l&rsquo;adjectif &agrave; exprimer le point de vue du sujet.</span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><img height="388" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231101073946-4.png" width="932" /></p> <p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Apr&egrave;s cette entr&eacute;e en mati&egrave;re, qui a dur&eacute; environ trente minutes, il s&rsquo;est agi de faire relever dans le corpus d&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;autres adjectifs et de r&eacute;pondre &agrave; la question mat&eacute;rialis&eacute;e dans l&rsquo;encadr&eacute; vert ci-dessus&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tous les adjectifs expriment-ils la subjectivit&eacute;&nbsp;?&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le tableau montre comment, &agrave; travers l&rsquo;&eacute;tude du corpus, les &eacute;tudiants ont distingu&eacute; trois cat&eacute;gories diff&eacute;rentes d&rsquo;adjectifs porteurs, en allant de la gauche vers la droite, d&rsquo;une part de subjectivit&eacute; croissante. Ils d&eacute;couvraient l&agrave; des distinctions nouvelles pour eux, en m&ecirc;me temps que des fonctionnements diff&eacute;rents (les adjectifs de relation ne prennent pas les marques du degr&eacute;, contrairement aux autres&nbsp;: une cage thoracique, *une cage tr&egrave;s thoracique, ou alors dans certains contextes et emplois&nbsp;: &laquo;&nbsp;une &eacute;nergie tr&egrave;s &eacute;lectrique&nbsp;&raquo; n&rsquo;est compr&eacute;hensible que si l&rsquo;on pense &agrave; la part de l&rsquo;&eacute;lectrique dans un ensemble de sources d&rsquo;&eacute;nergie, mais ce n&rsquo;est pas l&rsquo;intensit&eacute; de l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute; qui est alors exprim&eacute;e). En d&eacute;couvrant le r&ocirc;le de l&rsquo;adjectif qualificatif, <i>outil linguistique</i> au service de l&rsquo;<i>op&eacute;ration</i> de caract&eacute;risation, une des composantes de la <i>dimension de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re</i> &laquo;&nbsp;expression de la subjectivit&eacute;&nbsp;&raquo;, celui-ci cessait d&rsquo;&ecirc;tre une cat&eacute;gorie dont tous les exemplaires avaient le m&ecirc;me comportement et la m&ecirc;me valeur dans la communication.</span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <h3>3.3. Apprentissages autour de la nomination</h3> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">La derni&egrave;re <i>op&eacute;ration</i> &eacute;tudi&eacute;e dans cet enseignement, par laquelle le sujet inscrit sa subjectivit&eacute; dans sa parole, est le processus de nomination, abondamment &eacute;tudi&eacute; par la linguistique prax&eacute;matique (R. Lafont, <em>Le Travail et la Langue </em>(1978), <em>Concepts de la prax&eacute;matique </em>(1989), <em>Le Dire et le Faire </em>(1990), <em>Il y a quelqu&rsquo;un : la Parole et le Corps </em>(1994)) comme un processus mat&eacute;riel &agrave; travers lequel ce ne sont pas tant les qualit&eacute;s intrins&egrave;ques de la r&eacute;alit&eacute; objet de discours qui sont nomm&eacute;es que les rapports de praxis que le sujet entretient avec cette r&eacute;alit&eacute; et qui se mat&eacute;rialisent dans le choix d&rsquo;un signe linguistique, le prax&egrave;me. L&agrave; o&ugrave; la linguistique saussurienne pose un signe ind&eacute;pendamment du sujet qui produit le discours, la prax&eacute;matique r&eacute;introduit le sujet dans son rapport de praxis &agrave; l&rsquo;objet (de discours), ce qui permet au linguiste de consid&eacute;rer l&rsquo;op&eacute;ration de nomination comme expression de la subjectivit&eacute;. P. Siblot a explor&eacute; cette dimension dans <i>Comme son nom l&rsquo;indique </i>(1995), et on peut en lire l&rsquo;essentiel dans un article&nbsp;(Siblot, 2009)&nbsp;: la d&eacute;nomination est </span><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">l&rsquo;effet d&rsquo;une dialectique du langage et du r&eacute;el &raquo;</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">(Lafont, 1978) qui n&rsquo;est pas de l&rsquo;ordre d&rsquo;une relation abstraite mais des</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">rapports praxiques du sujet parlant avec son environnement. En</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">t&eacute;moigne l&rsquo;acte de nomination.</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; d&eacute;faut de pouvoir nommer l&rsquo;objet &laquo; en lui-m&ecirc;me et pour lui-m&ecirc;me &raquo;, je le nomme tel qu&rsquo;il m&rsquo;appara&icirc;t et me concerne, tel que je le</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">per&ccedil;ois, que je l&rsquo;utilise et qu&rsquo;&agrave; partir de l&agrave; je peux le concevoir. Aussi</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">quand je crois nommer l&rsquo;objet lui-m&ecirc;me, c&rsquo;est mon rapport &agrave; lui qu&rsquo;en</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">r&eacute;alit&eacute; je nomme. Et comment ferais-je autrement, sauf &agrave; pr&eacute;tendre &agrave; la</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">transcendance ? Cette dialectique du locuteur au r&eacute;el qu&rsquo;il nomme, faite</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">d&rsquo;une multitude d&rsquo;interactions, &agrave; travers lesquelles cat&eacute;gorisation,</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">repr&eacute;sentation et sens sont sans cesse r&eacute;ajust&eacute;s, conf&egrave;re une relativit&eacute;</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">fonci&egrave;re au &laquo; lien d&eacute;signationnel &raquo; &agrave; travers lequel la relation du langage au r&eacute;el est rejou&eacute;e en chaque actualisation discursive. Toute nomination exprime une vision de la chose nomm&eacute;e, vue &laquo; sous un certain angle &raquo;, &agrave; partir du &laquo; point de vue &raquo; auquel se place le locuteur. Elle est</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">par l&agrave; une prise de position &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la chose nomm&eacute;e qui d&eacute;signe,</span> <span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">en m&ecirc;me temps que l&rsquo;objet nomm&eacute;, la position prise pour le nommer. Aussi un locuteur ne peut-il d&eacute;signer sans se d&eacute;signer lui-m&ecirc;me : &laquo; Dis-moi comment tu nommes, je te dirai qui tu es &raquo;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour cette &eacute;tape, la d&eacute;marche exp&eacute;rimentale prend cette fois pour point de d&eacute;part un nouvel &eacute;nonc&eacute;, celui de l&rsquo;oncle d&rsquo;Ir&eacute;n&eacute;e, qui r&eacute;pond dialogiquement &agrave; une appr&eacute;ciation de ce dernier, relative &agrave; l&rsquo;&eacute;picerie familiale&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;Ce n&rsquo;est pas une boutique, c&rsquo;est un magasin&nbsp;!&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Les &eacute;tudiants commentent ce qui est en jeu en termes de repr&eacute;sentations respectives d&rsquo;Ir&eacute;n&eacute;e et de son oncle, dont les points de vue sont oppos&eacute;s, puis l&rsquo;enseignant fournit en conclusion la fin de l&rsquo;extrait de P. Siblot cit&eacute; ci-dessus&nbsp;:</span><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times=""> &laquo; Dis-moi comment tu nommes, je te dirai qui tu es &raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Les &eacute;tudiants sont ensuite invit&eacute;s en groupes &agrave; produire des groupes nominaux autour d&rsquo;un personnage, d&rsquo;un lieu de leur choix. On voit dans le cercle &agrave; droite du sch&eacute;ma ci-dessous les propositions autour d&rsquo;un c&eacute;l&egrave;bre joueur de tennis suisse, chaque d&eacute;nomination r&eacute;sultant d&rsquo;un acte de nomination qui traduit un point de vue de l&rsquo;&eacute;nonciateur.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><img height="346" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231101073946-5.png" width="914" /></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le fait que la nomination soit la concr&eacute;tisation d&rsquo;un point de vue parfois<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-CH" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></a> subjectif est, au fond, ce qui rend possible, en sciences du langage, l&rsquo;analyse de discours et, en litt&eacute;rature, une partie des commentaires de texte.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>4. Journaux et traces d&rsquo;exp&eacute;riences</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Les travaux des &eacute;tudiants sont consign&eacute;s dans un document collaboratif projet&eacute; sur le mur de la classe, Framapad, qui constitue une trace du travail collectif et dans lequel l&rsquo;enseignant verse, quand la r&eacute;flexion collective est arriv&eacute;e &agrave; des conclusions m&eacute;talinguistiques, des &eacute;l&eacute;ments &laquo;&nbsp;th&eacute;oriques&nbsp;&raquo; de type &eacute;tiquette m&eacute;talinguistique (&laquo;&nbsp;modalisation&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;auxiliaire modal&nbsp;&raquo;, etc.), des extraits d&rsquo;articles ou des r&eacute;f&eacute;rences bibliographiques.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><img height="809" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231101073946-6.png" width="907" /></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">On voit ici un exercice collectif de classement s&eacute;mantique des verbes modalisateurs sur l&rsquo;axe de l&rsquo;existence.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le tableau est &eacute;galement un outil de travail collectif qui sert d&rsquo;espace commun de conceptualisation ainsi que de r&eacute;capitulation des points &eacute;tablis. Ci-dessous une photo de tableau &agrave; l&rsquo;issue d&rsquo;une s&eacute;ance sur les auxiliaires modaux.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><img height="670" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231101073947-7.png" width="901" /></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">La capture suivante est celle d&rsquo;un des derniers cours, avec le rappel des trois op&eacute;rations de la subjectivit&eacute; dans le discours, une au niveau de la phrase enti&egrave;re (modalisation), les deux autres dans un groupe nominal (nomination, caract&eacute;risation).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><img height="367" src="https://www.numerev.com/img/ck_135_6_image-20231101073947-8.png" width="919" /></p> <h2>&nbsp;</h2> <h2>Conclusion</h2> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous avons pu au cours de cet article parler de &laquo;&nbsp;linguistique exp&eacute;rimentale&nbsp;&raquo;. Il ne s&rsquo;agit pourtant ici ni de d&eacute;ployer une instrumentation technique pour traiter d&rsquo;un corpus, ni de soumettre des t&eacute;moins &agrave; des <i>inputs</i> et de v&eacute;rifier leur comportement. Il s&rsquo;agit de placer des apprenants de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re dans la posture d&rsquo;un linguiste et, &agrave; sa mani&egrave;re, de leur faire produire des hypoth&egrave;ses de fonctionnement sur des op&eacute;rations relativement complexes, de s&rsquo;apprendre la langue fran&ccedil;aise en construisant ses connaissances par des proc&eacute;d&eacute;s d&rsquo;hypoth&egrave;ses - v&eacute;rification d&rsquo;hypoth&egrave;ses - conclusions. La classe de langue &eacute;trang&egrave;re reproduit ainsi pour l&rsquo;apprentissage les conditions de travail d&rsquo;un linguiste. C&rsquo;est un mode d&rsquo;enseignement qui rompt avec les pratiques habituelles d&rsquo;enseignement des langues, celles qui tendent &agrave; se rapprocher de l&rsquo;agir social vis&eacute; et pour lesquelles Puren parle d&rsquo;&laquo;&nbsp;homologie fonctionnelle&nbsp;&raquo; entre les situations propos&eacute;es pour apprendre les langues et celles que l&rsquo;on devra ensuite vivre dans la langue &eacute;trang&egrave;re. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Il n&rsquo;est pas question ici de dire que ce type d&rsquo;enseignement est une alternative aux m&eacute;thodologies d&rsquo;enseignement-apprentissage actuellement dominantes, approche communicative ou perspective actionnelle&nbsp;: il ne poursuit pas les m&ecirc;mes objectifs en termes de communication sociale, &eacute;tant plus centr&eacute; sur les savoirs et les savoir-faire linguistiques que sur les comp&eacute;tences langagi&egrave;res ou communicatives. Mais il peut repr&eacute;senter, dans un apprentissage de langue &eacute;trang&egrave;re &laquo;&nbsp;complet&nbsp;&raquo; - entendre par l&agrave; qui d&eacute;veloppe des comp&eacute;tences orales et &eacute;crites de communication, un mode original d&rsquo;approche de la composante linguistique, souvent trait&eacute;e de mani&egrave;re ancillaire par rapport aux savoir-faire communicatifs. Cette composante linguistique est trop peu souvent l&rsquo;objet d&rsquo;une attention syst&eacute;mique, comme si les faits linguistiques &eacute;taient soit de peu d&rsquo;importance, soit trop morcel&eacute;s, trop ind&eacute;pendants pour &ecirc;tre l&rsquo;objet d&rsquo;un regard sp&eacute;cifique&nbsp;; comme s&rsquo;ils ne r&eacute;pondaient pas &agrave; des logiques internes, descriptibles et intelligibles, et n&rsquo;&eacute;taient que des s&eacute;ries de faits ponctuels, simplement destin&eacute;s &agrave; &ecirc;tre &eacute;tudi&eacute;s comme des outils ponctuels &laquo;&nbsp;au service de&nbsp;&raquo; projets communicatifs ou actionnels. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Redonner ainsi une place au plan linguistique, ce n&rsquo;est pas faire de la linguistique appliqu&eacute;e, avec l&rsquo;id&eacute;e sous-jacente que la didactique des langues serait d&eacute;pendante des descriptions linguistiques, c&rsquo;est donner aux apprenant.e.s de langue la possibilit&eacute; de d&eacute;velopper, compl&eacute;mentairement aux quatre grandes comp&eacute;tences communicatives, une r&eacute;elle comp&eacute;tence linguistique avec le recul m&eacute;talinguistique n&eacute;cessaire pour &laquo;&nbsp;donner du sens&nbsp;&raquo; aux apprentissages linguistiques. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le mode d&rsquo;enseignement propos&eacute; s&rsquo;appuie certes sur des textes, mais la grammaire ainsi analys&eacute;e n&rsquo;est pas mise au service des textes, de leur compr&eacute;hension ou de leur production. Les points de grammaire (les <i>outils</i> <i>linguistiques</i> et leurs <i>fonctionnements</i>) abord&eacute;s ne sont pas non plus &eacute;tudi&eacute;s pour eux-m&ecirc;mes (&laquo;&nbsp;la grammaire, pour la grammaire&nbsp;&raquo;, conception que l&rsquo;on oppose souvent &agrave; la pr&eacute;c&eacute;dente), mais en tant qu&rsquo;ils sont les concr&eacute;tisations d&rsquo;une <i>dimension de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re</i>. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; des fins didactiques, nous concevons donc la langue comme &eacute;tudiable dans un syst&egrave;me &agrave; trois niveaux&nbsp;: d&rsquo;abord le plus g&eacute;n&eacute;ral est celui que nous avons appel&eacute; ici <i>dimension de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re</i> (ici, l&rsquo;expression de la subjectivit&eacute;)&nbsp;; puis viennent ce que nous nommons <i>op&eacute;rations linguistiques</i>, qui sont celles par lesquelles se r&eacute;alise cette <i>dimension</i> (ici, modalisation, caract&eacute;risation et nomination)&nbsp;; enfin, viennent les <i>outils</i> <i>linguistiques</i> (temps, modes, adverbes, adjectifs) avec des <i>fonctionnements linguistiques</i> (r&ocirc;le des temps, des modes, des n&eacute;gations, des pronoms, etc.) propres &agrave; chaque <i>op&eacute;ration linguistique</i>. &nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">Il nous semble que poser ainsi les faits grammaticaux pourrait &ecirc;tre d&rsquo;un grand int&eacute;r&ecirc;t pour penser autrement la didactique des langues &agrave; l&rsquo;avenir, en prenant en compte de nouvelles dimensions de l&rsquo;activit&eacute; langagi&egrave;re et en r&eacute;fl&eacute;chissant &agrave; la possibilit&eacute; d&rsquo;une place croissante des apprentissages m&eacute;talinguistiques en fonction du niveau des apprenants, en vue de leur donner une plus grande autonomie et un sentiment plus grand de &laquo;&nbsp;s&eacute;curit&eacute; linguistique&nbsp;&raquo;. &Agrave; suivre&nbsp;!</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">BALLY, Charles, <em>Linguistique g&eacute;n&eacute;rale et linguistique fran&ccedil;aise</em>, Paris, Francke Berne, 1932.</p> <p>BAYLON, Christian, FABRE, Paul, <em>Grammaire syst&eacute;matique de la langue fran&ccedil;aise</em>, Paris, Nathan, 1973.</p> <p>BENVENISTE, &Eacute;mile, <em>Probl&egrave;mes de linguistique g&eacute;n&eacute;rale</em>, t. 1. Paris, Gallimard, 1966.</p> <p>DAUNAY, Bertrand, &laquo;&nbsp;Le d&eacute;cloisonnement, un enjeu de la discipline&nbsp;&raquo;&nbsp;? in <em>Recherches n&deg; 43, Enjeux de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais</em>, 2005.</p> <p>GILLIOZ, C., ZUFFEREY, S. (2020), <em>Introduction &agrave; la linguistique exp&eacute;rimentale</em>, Londres, Iste Group.</p> <p>GUILLAUME, Gustave, <em>Temps et verbe</em>, Paris, Champion, 1929.</p> <p>KERBRAT-ORECCHIONI, Catherine, <em>L&rsquo;&eacute;nonciation&nbsp;: de la subjectivit&eacute; dans le langage</em>, Paris, A. Colin, 1980.</p> <p>LAFONT, Robert, <em>Le travail et la langue</em>, Paris, Flammarion, 1978.</p> <p>LAFONT, Robert, <em>Le dire et le faire</em>. Montpellier, Praxiling, Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry, 1990.</p> <p>LAFONT, Robert, <em>Il y a quelqu&rsquo;un. La parole et le corps</em>. Montpellier, Praxiling, Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry, 1994. R&eacute;&eacute;dition Lambert-Lucas (2008).</p> <p>MAURER, Bruno, PUREN, Christian, <em>CECR&nbsp;: par ici la sortie</em>, Paris, &Eacute;dition des archives contemporaines, 2019.</p> <p>POTTIER, Bernard, <em>Repr&eacute;sentations mentales et cat&eacute;gorisations linguistiques</em>. Louvain-Paris, &Eacute;ditions Peeters, 2001.</p> <p>SIBLOT, Paul, <em>Comme son nom l&rsquo;indique, Nomination et production de sens</em>, Th&egrave;se de doctorat, Montpellier 3, 1995.</p> <p>SIBLOT, Paul, &laquo;&nbsp;De la d&eacute;nomination &agrave; la nomination&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Cahiers de prax&eacute;matique</em> [En ligne], 36&nbsp;|&nbsp;2001, document 8, mis en ligne le 01 janvier 2009, consult&eacute; le 29 avril 2023. URL&nbsp;: http://journals.openedition.org/praxematique/368.</p> <p>DOI&nbsp;: https://doi.org/10.4000/praxematique.368.</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p><small><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> Le pr&eacute;sent texte reprend sous un angle plus didactologique une conf&eacute;rence donn&eacute;e dans le cadre d&rsquo;une Journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tude organis&eacute;e le 31 mars 2023 &agrave; l&rsquo;EFLE sur le th&egrave;me &laquo;&nbsp;Exp&eacute;riences en FLE&nbsp;&raquo; et qui &eacute;tait plus centr&eacute;e sur la d&eacute;marche du cours (exp&eacute;rimentale) que sur ses objectifs. Nous renversons dans cette publication l&rsquo;ordre des priorit&eacute;s de la communication orale, en mettant au premier plan les conceptions langagi&egrave;res et linguistiques sous-jacentes &agrave; cet enseignement.</small></p> </div> <div id="ftn2"> <p><small><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> Bernard Combettes avait propos&eacute; en 1978 un manuel de grammaire (pour le fran&ccedil;ais langue premi&egrave;re) utilisant ce type d&rsquo;approche (B. Combettes et R. Tomassone-Fresson, B&acirc;tir une grammaire, classe de 5&egrave;me, Delagrave, 1978), par observations successives et production d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s.</small></p> </div> <div id="ftn3"> <p><small><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a> Pour cet article, nous utilisons C. Bally dont les travaux remontent &agrave; la premi&egrave;re moiti&eacute; du vingti&egrave;me si&egrave;cle, sans mobiliser explicitement les auteurs qui ont th&eacute;oris&eacute; l&rsquo;&eacute;nonciation (Benveniste, 1966&nbsp;; Kerbrat-Orecchioni, 1980, pour ne citer que ces deux auteurs), mais ils constituent l&rsquo;arri&egrave;re-plan de notre r&eacute;flexion, avec B. Pottier, A. Culioli.</small></p> </div> <div id="ftn4"> <p><small><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a> Nous ne proposons pas ici de r&eacute;f&eacute;rence th&eacute;orique dans la mesure o&ugrave; cet article est la premi&egrave;re publication &agrave; propos d&rsquo;une th&eacute;orie en construction, articulant trois niveaux autour d&rsquo;une conception anthropologique du langage. L&rsquo;ouvrage futur, &agrave; para&icirc;tre, servira de r&eacute;f&eacute;rence th&eacute;orique pour les termes que nous utilisons ici en italiques et qui vont constituer des &eacute;l&eacute;ments-cl&eacute;s de notre m&eacute;talangage en cours d&rsquo;&eacute;laboration.</small></p> </div> <div id="ftn5"> <p><small><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title="">[5]</a> Daunay fait remarquer que le d&eacute;cloisonnement est en fait un topos des instructions officielles de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais L1. Il trouve dans les IO de 1938, d&eacute;j&agrave;, l&rsquo;id&eacute;e que les diff&eacute;rents enseignements du fran&ccedil;ais ne doivent pas &ecirc;tre s&eacute;par&eacute;s. Il trouve le mot &laquo;&nbsp;enseignement d&eacute;cloisonn&eacute;&nbsp;&raquo; dans les programmes de 1977, ainsi que dans ceux de 1987 et a beau jeu de se demander contre quel discours didactique iraient les IO de 1997 quand elles pr&eacute;tendent faire passer &laquo;&nbsp;d&rsquo;un enseignement cloisonn&eacute; &agrave; un enseignement d&eacute;cloisonn&eacute;&nbsp;&raquo;.</small></p> </div> <div id="ftn6"> <p><small><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title="">[6]</a> Je me r&eacute;f&egrave;re, pour l&rsquo;emploi de ce &laquo;&nbsp;parfois&nbsp;&raquo;, au concept d&rsquo;orthonymie propos&eacute; par Pottier (2001), pour lequel il existe une d&eacute;nomination &laquo;&nbsp;habituelle&nbsp;&raquo;, l&rsquo;orthonyme, attendue pour d&eacute;signer un r&eacute;f&eacute;rent. Quand une autre lui est pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e, on parlera de processus subjectif de d&eacute;nomination.</small></p> </div> </div>