<h1>Lucien Tesni&egrave;re, de la slavistique &agrave; la didactique - en guise d&rsquo;introduction</h1> <p>&nbsp;</p> <p>La revue TDFLE publie depuis son origine en 1979 des &eacute;tudes li&eacute;es &agrave; l&rsquo;apprentissage et &agrave; l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais comme langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde. Un num&eacute;ro consacr&eacute; au linguiste Lucien Tesni&egrave;re peut donc para&icirc;tre surprenant.</p> <p>Bien que consid&eacute;r&eacute; ind&eacute;niablement comme une figure majeure de la linguistique du XX&egrave;me si&egrave;cle, Lucien Tesni&egrave;re, comme tous les grands penseurs, est davantage connu pour quelques artefacts saillants de son &oelig;uvre, comme le stemma, la m&eacute;taphore de l&rsquo;actance comme micro-sc&eacute;nographie de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; en action et en contexte, les notions de connexion et de translation et leur caract&egrave;re heuristique dans l&rsquo;&eacute;laboration de taxinomies des parties du discours. Certes, de multiples travaux ont r&eacute;ussi avec brio &agrave; diversifier la connaissance de son h&eacute;ritage conceptuel, th&eacute;orique et pratique, comme le colloque de Rouen en 1992, ou l&rsquo;important colloque qui s&rsquo;est tenu en 1994 &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Ljubljana, qui r&eacute;unissait des contributions de chercheurs francophones, germanophones et slavophones, qui &eacute;largissaient la r&eacute;flexion, de la linguistique g&eacute;n&eacute;rale &agrave; la stylistique litt&eacute;raire de la traduction, en passant par la didactique de la grammaire orthographique dans l&rsquo;enseignement de la langue maternelle<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>. Il faut aussi compter avec le colloque organis&eacute; par Franck Neveu et Audrey Roig r&eacute;alis&eacute; en septembre 2019 en Sorbonne c&eacute;l&eacute;brant le soixantenaire du Magnum Opus de Lucien Tesni&egrave;re &Eacute;l&eacute;ments de syntaxe structurale (1959), qui constitue une pierre de touche dans l&rsquo;histoire de la linguistique moderne, dont les actes, parus d&eacute;but 2022, proposent quatre axes de relectures contemporaines<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>.</p> <p>C&rsquo;est sur l&rsquo;un de ces axes que va se concentrer ce volume. &Agrave; l&rsquo;occasion du 70&egrave;me anniversaire du d&eacute;c&egrave;s de Tesni&egrave;re en 1954, &agrave; Montpellier, un num&eacute;ro qui lui soit consacr&eacute; s&rsquo;imposait pour diverses raisons.</p> <p>L&rsquo;&oelig;uvre foisonnante de Lucien Tesni&egrave;re m&ecirc;lant intimement recherche linguistique th&eacute;orique pouss&eacute;e d&rsquo;une part et souci d&rsquo;enseignement d&rsquo;autre part, tout au long d&rsquo;un spectre &eacute;pist&eacute;mologique et m&eacute;thodologique, les textes qui lui sont consacr&eacute;s ici seront pr&eacute;sent&eacute;s selon leurs diverses facettes. Ce caract&egrave;re kal&eacute;idoscopique de l&rsquo;&oelig;uvre et de la pens&eacute;e de Tesni&egrave;re nous a donc pouss&eacute; &agrave; r&eacute;partir &agrave; plusieurs endroits du pr&eacute;sent &laquo;&nbsp;article en guise d&rsquo;introduction&nbsp;&raquo; des consid&eacute;rations sur l&rsquo;apport des diff&eacute;rents auteurs, plut&ocirc;t que d&rsquo;adopter le mode op&eacute;ratoire canonique des introductions, qui r&eacute;sume l&rsquo;apport de chaque contribution les unes apr&egrave;s les autres. Nous pensons qu&rsquo;une telle disposition, r&eacute;solument non lin&eacute;aire, des aper&ccedil;us de synth&egrave;se des articles de ce num&eacute;ro de TDFLE est non seulement plus fid&egrave;le &agrave; la pens&eacute;e de Tesni&egrave;re qu&rsquo;une progression au pas cadenc&eacute;, mais a des vertus stimulantes pour se pr&eacute;parer &agrave; changer de perspective sur cet auteur, dont les dimensions &eacute;voqu&eacute;es sont souvent, on le verra, inattendues.</p> <p>Lucien Tesni&egrave;re est une figure scientifique majeure de l&rsquo;universit&eacute; de Montpellier. Arriv&eacute; &agrave; la Facult&eacute; des Lettres en 1936, il y a offici&eacute; jusqu&rsquo;en 1954 comme enseignant, linguiste reconnu, succ&eacute;dant au phon&eacute;ticien Maurice Grammont qui occupait la chaire de linguistique et grammaire compar&eacute;e depuis sa cr&eacute;ation en 1895.</p> <p>D&egrave;s son arriv&eacute;e, il prend, toujours en succession de Grammont, la direction de l&rsquo;Institut des &Eacute;tudiants &Eacute;trangers cr&eacute;&eacute; au tout d&eacute;but du XX&egrave;me si&egrave;cle, en 1908, dont une exposition a r&eacute;cemment rappel&eacute; en 2023 la riche histoire. Ce type de t&acirc;che n&rsquo;&eacute;tait pas une nouveaut&eacute; pour Tesni&egrave;re et participait d&rsquo;ailleurs &agrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;il portait au poste de Montpellier. Il &eacute;tait d&eacute;j&agrave; fortement impliqu&eacute; dans l&rsquo;enseignement du FLE depuis ses d&eacute;buts dans la carri&egrave;re universitaire, en Slov&eacute;nie o&ugrave; il avait cr&eacute;&eacute; et dirig&eacute; l&rsquo;Institut fran&ccedil;ais &agrave; Ljubljana, puis &agrave; Strasbourg o&ugrave; il avait donn&eacute; des cours d&rsquo;&eacute;t&eacute; de fran&ccedil;ais aux &eacute;tudiants &eacute;trangers.</p> <p>C&rsquo;&eacute;tait d&rsquo;ailleurs, plus largement, un passionn&eacute; de langues, lui-m&ecirc;me polyglotte, et capable d&rsquo;utiliser un nombre consid&eacute;rable de langues dans ses travaux.</p> <p>De cette histoire d&eacute;coulent les deux orientations choisies dans ce num&eacute;ro, qui se compl&egrave;tent et s&rsquo;entrelacent avec deux th&egrave;mes chers aux didacticiens montpelli&eacute;rains&nbsp;:</p> <p>- La passion des langues, dont Tesni&egrave;re est lui-m&ecirc;me une remarquable illustration, en parlant couramment dix, en ayant &eacute;tudi&eacute; une vingtaine et capable d&rsquo;&eacute;mailler sa syntaxe d&rsquo;exemples pris dans une centaine d&rsquo;idiomes. Un tableau joint en annexe de la pr&eacute;sente introduction r&eacute;capitule les langues utilis&eacute;es ou cit&eacute;es dans l&rsquo;ouvrage <i>&Eacute;l&eacute;ments de syntaxe structurale</i>, publi&eacute; de fa&ccedil;on posthume, mais fruit d&rsquo;au moins deux d&eacute;cennies de travail, et dont on ne mesurera jamais assez ce que cet ouvrage th&eacute;orique doit &agrave; l&rsquo;auto-apprentissage et &agrave; l&rsquo;enseignement de multiples langues par son auteur, au-del&agrave; de la seule base empirique mise en &oelig;uvre au service d&rsquo;une m&eacute;thode.</p> <p>- La didactique des langues, d&eacute;finie en 1989 par Henri Besse comme &laquo;&nbsp;un ensemble de discours plus ou moins raisonn&eacute;s portant sur ce qui se passe dans une classe quand on y enseigne/apprend une langue&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>. Ce th&egrave;me n&rsquo;allait pas de soi, les commentateurs de Tesni&egrave;re s&rsquo;&eacute;tant surtout attach&eacute;s &agrave; ses th&eacute;ories linguistiques, et son souci didactique n&rsquo;occupant qu&rsquo;une place tr&egrave;s secondaire dans les travaux qui lui ont &eacute;t&eacute; consacr&eacute;s. On t&acirc;chera ici, en renversant les priorit&eacute;s, d&rsquo;analyser la pertinence et la f&eacute;condit&eacute; de cette pr&eacute;occupation. On pratiquera ainsi une sorte de r&eacute;orientation ou de redimensionnement riche en perspectives, tout en contribuant &agrave; d&eacute;velopper la dimension &eacute;pist&eacute;mologique en didactique de la revue TDFLE. Chemin faisant, on pourra ainsi combattre peut-&ecirc;tre quelques id&eacute;es re&ccedil;ues, telles que 1. Tesni&egrave;re comme chercheur isol&eacute;&nbsp;; 2. Tesni&egrave;re comme archa&iuml;que ou penseur obsol&egrave;te&nbsp;; 3. Tesni&egrave;re comme th&eacute;oricien abscons, hors sol ou d&eacute;cal&eacute;.</p> <p>Du premier point de vue &ndash; l&rsquo;<i>isolement </i>de Tesni&egrave;re &ndash;, les textes r&eacute;unis ici montrent tout au contraire combien la pens&eacute;e de Tesni&egrave;re s&rsquo;est aliment&eacute;e d&rsquo;une intense activit&eacute; relationnelle avec les milieux de la didactique et de la linguistique de son temps. La contribution de Mojca Schlamberger Brezar montre que d&egrave;s son s&eacute;jour de jeunesse &agrave; Ljubljana entre 1920 et 1924 Lucien Tesni&egrave;re &eacute;tait en interaction directe avec des coll&egrave;gues slov&egrave;nes et des &eacute;tudiants slov&egrave;nes (Tone Smolej mentionne des &eacute;tudiants tels que Jakob &Scaron;olar, Mirko Rupel, Stanko Leben, Mirko Hribar). Il correspondait avec ses coll&egrave;gues slov&egrave;nes Ivan Prijatelj, Anton Debeljak, Joža Glonar, et le po&egrave;te Oton Župančič. Il a ensuite donn&eacute; des conf&eacute;rences sur la langue et la litt&eacute;rature slov&egrave;nes &agrave; Strasbourg. Il n&rsquo;a cess&eacute; de fonder des cercles de discussion et de r&eacute;flexion, de contribuer activement &agrave; des centres de diffusion culturelle, des instituts de fran&ccedil;ais pour &eacute;trangers. Son activit&eacute; de traducteur et de recension d&rsquo;ouvrages en slov&egrave;ne et dans d&rsquo;autres langues europ&eacute;ennes atteste &eacute;galement de son implication. La contribution de Corinne Delhay et Jean-Christophe Pellat, concernant son enseignement &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Strasbourg, de 1924 &agrave; 1937, confirme ce dynamisme&nbsp;: outre sa participation active aux s&eacute;minaires de recherche de la Facult&eacute; de lettres et ses cours d&rsquo;&eacute;t&eacute; &agrave; l&rsquo;Institut d&#39;&eacute;tudes fran&ccedil;aises modernes, il publie ses deux th&egrave;ses sur le duel en slov&egrave;ne, et il contribue &agrave; la promotion du structuralisme pragois, en particulier aupr&egrave;s de Georges Gougenheim. Il s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la statistique lexicale dans le cadre de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais, et influence le champ &eacute;mergent de l&rsquo;exploration du fran&ccedil;ais fondamental. Sa g&eacute;n&eacute;rosit&eacute; transpara&icirc;t dans ses multiples initiatives&nbsp;: dons de fonds documentaires en langues slaves et de collections d&rsquo;ouvrages, conf&eacute;rences &agrave; divers publics &eacute;tudiants et savants, insatiable curiosit&eacute; envers les langues et les champs de connaissance, etc.</p> <p>Du second point de vue &ndash; l&rsquo;obsolescence de la construction th&eacute;orique de Tesni&egrave;re &ndash;, les contributions de Teddy Arnavielle, dont on reparlera plus loin, et d&rsquo;Ivana Franić montrent chacune le caract&egrave;re pionnier, voire aventureux (chez le premier des deux contributeurs), mais ind&eacute;niablement avantgardiste (chez le second auteur) des constructions th&eacute;oriques de Tesni&egrave;re. Les dictionnaires valenciels sont aujourd&rsquo;hui devenus incontournables, notamment dans le domaine des langues slaves, avec une perspective r&eacute;solument multilingue et contrastive. On ne compte plus les projets de recherche internationaux faisant usage de techniques d&rsquo;extraction de corpus fond&eacute;s sur les m&eacute;thodes relevant des grammaires de d&eacute;pendance, dont il est l&rsquo;un des principaux inspirateurs. Quoiqu&rsquo;on puisse penser du caract&egrave;re intuitif, voire flou, de la notion de translation, elle est aujourd&rsquo;hui au centre des recherches sur la <em>transcat&eacute;gorialit&eacute; </em>dans les langues du monde<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>. Il faut &eacute;galement compter avec l&rsquo;impact qu&rsquo;a pu avoir la th&eacute;orie de l&rsquo;actance dans la construction de la s&eacute;miotique greimassienne &ndash; m&ecirc;me si l&rsquo;usage de la notion qu&rsquo;en fait Greimas est avant tout ancr&eacute; dans la th&eacute;orie du r&eacute;cit de Vladimir Propp. On retiendra notamment de cette r&eacute;sonance profonde de la m&eacute;thode tesn&eacute;rienne avec la s&eacute;miotique structurale cette remarque de Greimas, qui d&rsquo;ailleurs &eacute;voque le tropisme didactique de Tesni&egrave;re&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Nous avons &eacute;t&eacute; frapp&eacute; par une remarque de Tesni&egrave;re &ndash; qu&rsquo;il ne voulait, probablement, que didactique &ndash; comparant l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; &eacute;l&eacute;mentaire &agrave; un spectacle. Si l&rsquo;on se rappelle que les fonctions, selon la syntaxe traditionnelle, ne sont que des r&ocirc;les jou&eacute;s par les mots &ndash; le sujet y est &laquo;&nbsp;quelqu&rsquo;un qui fait l&rsquo;action&nbsp;&raquo;&nbsp;; l&rsquo;objet, &laquo;&nbsp;quelqu&rsquo;un qui subit l&rsquo;action&nbsp;&raquo;, etc., la proposition, dans une telle conception, n&rsquo;est en effet qu&rsquo;un spectacle que se donne &agrave; lui-m&ecirc;me l&rsquo;homo loquens. Le spectacle a cependant ceci de particulier, c&rsquo;est qu&rsquo;il est permanent&nbsp;: le contenu des actions change tout le temps, les acteurs varient, mais l&rsquo;&eacute;nonc&eacute;-spectacle reste toujours le m&ecirc;me, car sa permanence est garantie par la distribution unique des r&ocirc;les. (&hellip;) [Ainsi,] le micro-univers s&eacute;mantique ne peut &ecirc;tre d&eacute;fini comme univers, c&rsquo;est-&agrave;-dire comme un tout de signification, que dans la mesure o&ugrave; il peut surgir &agrave; tout moment devant nous comme un spectacle simple, comme une structure actantielle.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a></p> </blockquote> <p>On retrouve dans cet extrait &agrave; la fois un hommage &agrave; l&rsquo;intuition didactique dans la praxis de linguistique th&eacute;orique de Tesni&egrave;re, et &agrave; sa capacit&eacute; de cr&eacute;er et saisir des mondes, de port&eacute;e universelle.</p> <p>Enfin, le troisi&egrave;me point de vue &ndash; l&rsquo;<em>herm&eacute;tisme</em> ou la <em>position hors-sol</em> de Tesni&egrave;re &ndash;, tant la contribution de Daria Zalesskaya que celle de Dominique Klingler montrent combien, tout au contraire, sa th&eacute;orie na&icirc;t dans et par la didactique, et qu&rsquo;elle s&rsquo;av&egrave;re limpide et facile &agrave; appliquer dans n&rsquo;importe quel contexte didactique. La premi&egrave;re fait appara&icirc;tre que c&rsquo;est dans la <em>Petite grammaire russe</em>, parue en 1934, dans le contexte d&rsquo;une tradition grammaticale quelque peu engonc&eacute;e, qu&rsquo;il faut chercher, contre toute attente, les pr&eacute;misses de la m&eacute;thode des <em>El&eacute;ments de syntaxe structurale</em>, paru &agrave; titre posthume en 1956. Or, d&egrave;s cette &eacute;poque, malgr&eacute; les fluctuations orthographiques dues &agrave; une r&eacute;forme de l&rsquo;orthographe russe rendue difficile par les &eacute;v&eacute;nements g&eacute;opolitiques et socioculturels survenus depuis le d&eacute;but du si&egrave;cle pass&eacute;, ce petit manuel de russe manifeste un r&eacute;el souci non seulement didactique, mais d&rsquo;explicitation des structures fondamentales de toute langue &agrave; d&eacute;crire et transmettre. Non seulement l&rsquo;ouvrage d&eacute;tonne par rapport aux croyances et pr&eacute;jug&eacute;s de l&rsquo;&eacute;poque (sur le caract&egrave;re plus ou moins &laquo;&nbsp;archa&iuml;que&nbsp;&raquo; de langues r&eacute;put&eacute;es &laquo;&nbsp;difficiles&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;complexes&nbsp;&raquo;, comme le russe), caract&eacute;ristiques de &laquo;&nbsp;l&rsquo;air du temps&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;l&rsquo;air du lieu&nbsp;&raquo;, par sa relative neutralit&eacute; &eacute;pist&eacute;mologique, mais on y trouve le ferment d&rsquo;une grande th&eacute;orie &agrave; venir sur les fondements de la syntaxe.</p> <p>Daria Zalesskaya conclut sa mise en abyme de cette humble grammaire &eacute;l&eacute;mentaire du russe : &laquo;&nbsp;On voit donc que Tesni&egrave;re a appliqu&eacute; ses id&eacute;es bien avant la publication posthume des <em>&Eacute;l&eacute;ments de syntaxe structurale</em>. Toutes les id&eacute;es de base &eacute;taient d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sentes dans la <em>Petite grammaire russe</em> et ont &eacute;t&eacute; utilis&eacute;es par l&rsquo;auteur &agrave; des fins didactiques, autrement dit, ce manuel est, en quelque sorte, un trait&eacute; de syntaxe structurale pour les apprenants de la langue russe, o&ugrave; le russe sert d&rsquo;exemple. Il est important d&rsquo;ajouter que la <em>Petite grammaire russe</em>, gr&acirc;ce &agrave; sa nouvelle m&eacute;thode, bas&eacute;e sur les id&eacute;es de Tesni&egrave;re, repr&eacute;sente une originalit&eacute; et une modernit&eacute; dans l&rsquo;apprentissage des langues vivantes de l&rsquo;&eacute;poque.&nbsp;&raquo; C&rsquo;est donc &agrave; une r&eacute;duction ph&eacute;nom&eacute;nologique tout aussi importante que celle que proposait en son temps le structuralisme pragois que, quelques d&eacute;cennies plus tard, le g&eacute;n&eacute;rativisme, qu&rsquo;a abouti Tesni&egrave;re &agrave; travers un opuscule &agrave; finalit&eacute; didactique.</p> <p><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span lang="FR-CH" new="" roman="" style="font-family:" times="">D</span></span></span>ans sa contribution, Dominique Klingler met en avant, &agrave; travers son exp&eacute;rience de l&rsquo;enseignement du japonais L2 en contexte francophone avec des &eacute;tudiants de master, le caract&egrave;re non seulement heuristique, mais aussi &eacute;mancipateur et formateur, pour des apprenants, des principes de la m&eacute;thode de Tesni&egrave;re. Car son approche conscientise l&rsquo;apprenant sur l&rsquo;ind&eacute;pendance entre syntaxe, s&eacute;mantique et morphologie&nbsp;: elle permet un d&eacute;placement du point de vue (l&agrave; encore, une <em>&eacute;poch&egrave;</em>, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du sujet apprenant), afin que l&rsquo;apprenant se d&eacute;tache de ses cat&eacute;gories pr&eacute;gnantes induites par sa langue maternelle. Il apprend ainsi qu&rsquo;il ne suffit pas de traduire ni de proc&eacute;der par calques, mais qu&rsquo;il faut dissocier et r&eacute;assembler les &eacute;l&eacute;ments de discours et de grammaire, et les supports lexicaux, en ciblant une langue aussi diff&eacute;rente que le japonais en contexte francophone. La m&eacute;thode tesn&eacute;rienne lui permet &eacute;galement de visualiser, comme un sch&eacute;ma et une <em>sayn&egrave;te </em>(un &laquo;&nbsp;micro-univers&nbsp;&raquo; selon les termes de Greimas, cit&eacute; plus haut) les positions syntaxiques et les liens de d&eacute;pendance entre les unit&eacute;s ainsi red&eacute;finies, recompos&eacute;es. En mettant le verbe et les actants au centre de l&rsquo;attention, cette approche permet de mieux comprendre le r&ocirc;le de constituants a priori &laquo;&nbsp;exotiques&nbsp;&raquo; par leur fonction et leur position dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute;, comme les particules postpos&eacute;es, &agrave; teneur pr&eacute;dicative et actancielle. Il s&rsquo;habitue &eacute;galement &agrave; faire abstraction des sch&egrave;mes attendus dans sa langue, &agrave; accepter des distributions diff&eacute;rentes d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments-cl&eacute;s, comme le verbe &laquo;&nbsp;&ecirc;tre&nbsp;&raquo; et ses diverses variantes distributionnelles en japonais (<em>da/desu</em> vs <em>aru/iru</em>). Enfin, cette m&eacute;thode incite &agrave; exercer non seulement une distanciation m&eacute;talinguistique, mais aussi une r&eacute;flexion, une introspection et une discussion sur ces questions de contrastes &agrave; premi&egrave;re vue irr&eacute;ductibles. En somme, la m&eacute;thode de Tesni&egrave;re contribue &agrave; d&eacute;velopper chez l&rsquo;apprenant le go&ucirc;t et la mani&egrave;re d&rsquo;apprendre &agrave; apprendre une langue, au lieu de se contenter d&rsquo;automatismes, de correspondances terme &agrave; terme qui, on le sait, n&rsquo;offrent que des solutions provisoires et fig&eacute;es. Ainsi, on retrouve, plac&eacute; &agrave; un tout autre niveau que dans le g&eacute;n&eacute;rativisme, la question de la facult&eacute; de langage et des conditions d&rsquo;acquisition des structures linguistiques &ndash; situ&eacute;es moins chez &laquo;&nbsp;l&rsquo;enfant-grammairien&nbsp;&raquo;, dans ce cas pr&eacute;cis, que dans l&rsquo;apprenant adulte, en parfaite logique avec ce fondement didactique de la conception tesn&eacute;rienne de la grammaire des langues du monde.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Talent m&eacute;thodologique et &eacute;pist&eacute;mologique de Lucien Tesni&egrave;re</h2> <p>&nbsp;</p> <p>Le sous-titre de la pr&eacute;sente synth&egrave;se, qui sert d&rsquo;introduction &agrave; ce num&eacute;ro de TDFLE, est Lucien Tesni&egrave;re, de la slavistique &agrave; la didactique. Ce parcours a &eacute;merg&eacute; au fur et &agrave; mesure de la r&eacute;union des contributions du pr&eacute;sent num&eacute;ro de TDFLE. Nous tenions &agrave; am&eacute;nager le plus de place possible aux analyses et t&eacute;moignages de nos coll&egrave;gues slavisants, tant les langues slaves ont, aux c&ocirc;t&eacute;s de l&rsquo;allemand et des langues germaniques, ont constitu&eacute; le socle empirique de la pens&eacute;e de Tesni&egrave;re, &agrave; partir duquel il a explor&eacute; d&rsquo;autres langues et construit sa propre &eacute;pist&eacute;mologie, &agrave; la fois unique et convergente avec les courants de son temps, aussi bien en linguistique qu&rsquo;en didactique des langues. Mais il fallait partir de l&rsquo;exp&eacute;rience slave, entre le slov&egrave;ne et le russe, afin de pouvoir &agrave; la fois entrer dans la pens&eacute;e et le savoir-faire de Tesni&egrave;re pour en sortir et explorer les multiples perspectives qui ont &eacute;merg&eacute; de sa formation en slavistique. L&rsquo;un des apports de la r&eacute;flexion qui se d&eacute;roule dans ce num&eacute;ro tient pr&eacute;cis&eacute;ment au caract&egrave;re fondamental de l&rsquo;incidence de la slavistique dans la phase formative de la constitution des th&eacute;ories de Tesni&egrave;re en didactique des langues et en linguistique g&eacute;n&eacute;rale.</p> <p>De ce point de vue &ndash; celui de la recherche des fondements de la pens&eacute;e tesn&eacute;rienne &ndash;, la lecture de l&rsquo;ouvrage <em>Les formes du duel en slov&egrave;ne</em> qu&rsquo;il publiera &agrave; son retour en France, en poste &agrave; Strasbourg, en 1925, impressionne encore aujourd&rsquo;hui par la rigueur du plan &eacute;chafaud&eacute; et recompos&eacute; par l&rsquo;auteur, pour aborder la cat&eacute;gorie du duel en slov&egrave;ne, dans les paradigmes de flexion nominale (au nominatif-accusatif duel des substantifs masculins&nbsp;: th&egrave;mes en *-e/o, *-u/ov, *-i, th&egrave;mes consonantiques ou radicaux ath&eacute;matiques&nbsp;; au nom-acc. duel des substantifs f&eacute;minins, les th&egrave;mes en *-ā, en -i, en *ū, en -er vs formes fig&eacute;es&nbsp;; au nom-acc. duel des substantifs neutres, th&egrave;mes en *-e/o et consonantiques, formes fig&eacute;es&nbsp;; formes du g&eacute;nitif-locatif, du datif-instrumental&nbsp;; formes des pronoms personnels&nbsp;; dans les d&eacute;monstratifs, les noms de nombre&nbsp;; le duel dans les verbes et selon la flexion genr&eacute;e). Or dans ce plan somme toute tr&egrave;s classique, quasiment n&eacute;ogrammairien, mais abondamment nourri de donn&eacute;es dialectales et philologiques (cf. la table des sources, p. 427-445), avec des documents remontant jusqu&rsquo;au X&egrave;me si&egrave;cle, Tesni&egrave;re intercale des sc&eacute;narios de d&eacute;veloppement des variantes du marquage duel dans les dialectes, selon l&rsquo;incidence de ph&eacute;nom&egrave;nes comme la r&eacute;duction du type dur au type mou, la r&eacute;action du type dur en čakavien, le recul du duel devant le pluriel, ou les progr&egrave;s du type dur en čakavien de Krasica et de Vbrnik (p. 105), aussi bien que des stratigraphies sous forme de simulation de coupes g&eacute;ologiques (p. 120), rendant compte de ph&eacute;nom&egrave;nes de convexion diasyst&eacute;mique, en quelque sorte, sous l&rsquo;effet de l&rsquo;analogie des th&egrave;mes en *-ā. Son style d&rsquo;exposition tient &agrave; la fois de celui d&rsquo;Antoine Meillet, par la richesse et la finesse de grain des donn&eacute;es ainsi que la constante rigueur le conduisant &agrave; discerner les paradigmes, identifier les processus de changement et traquer les faits dialectaux et philologiques, et la clart&eacute; d&rsquo;exposition d&rsquo;un Ferdinand de Saussure dans son M&eacute;moire sur les voyelles, qui &eacute;tait &agrave; l&rsquo;&eacute;poque un mod&egrave;le du genre (cf. le tableau &agrave; quatre sous-classes flexionnelles/phonolexicales p. 171, qui compare douze vari&eacute;t&eacute;s dialectales &agrave; la langue litt&eacute;raire, en tra&ccedil;ant une ligne de partage en escalier au c&oelig;ur de cette taxinomie comparative). En somme, c&rsquo;est au contact des ma&icirc;tres de la linguistique slave, en Slov&eacute;nie, que Tesni&egrave;re s&rsquo;est form&eacute; &agrave; la fois comme (post)n&eacute;ogrammairien et comme philologue accompli. Mais l&agrave; encore, la dimension didactique est pr&eacute;sente partout, quoiqu&rsquo;en filigrane, afin de ne pas d&eacute;roger de mani&egrave;re trop visible aux canons acad&eacute;miques de l&rsquo;&eacute;poque&nbsp;: Tesni&egrave;re, dans son argumentaire, ne cesse de faire dialoguer entre eux les donn&eacute;es ainsi que les descripteurs&nbsp;: nombre de pages de son aust&egrave;re essai se lisent comme un roman policier, sur les traces du duel perdu, retrouv&eacute;, r&eacute;silient ou victorieux dans le diasyst&egrave;me slov&egrave;ne, entre &eacute;volutions phon&eacute;tiques crois&eacute;es, pouss&eacute;es analogiques, simplification et complexification du syst&egrave;me, toujours envisag&eacute; aussi bien dans le d&eacute;tail de ses parties constitutives que de mani&egrave;re syst&eacute;mique &ndash; en cela, Tesni&egrave;re est d&eacute;j&agrave; structuraliste, tout autant que Saussure a pu l&rsquo;&ecirc;tre, &agrave; travers sa formation initiale de n&eacute;ogrammairien. Ainsi, Tesni&egrave;re et Saussure partagent un parcours intellectuel analogue, &agrave; la fa&ccedil;on des &eacute;volutions parall&egrave;les en histoire des id&eacute;es linguistiques.</p> <p>La contribution de Patrice Pognan est l&rsquo;une des plus riches en donn&eacute;es linguistiques issues de langues slaves diverses. On y retrouve, l&agrave; encore, l&rsquo;ancrage dans la m&eacute;thode diachronique chez Tesni&egrave;re, dans son approche des langues slaves, cette fois en extension &ndash; m&ecirc;me si le fait d&rsquo;avoir explor&eacute; le diasyst&egrave;me slov&egrave;ne &eacute;tait d&eacute;j&agrave; en soi une d&eacute;marche exploratoire en extension. L&rsquo;auteur, fin connaisseur de l&rsquo;&oelig;uvre de Lucien Tesni&egrave;re de longue date<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a>, est aussi l&rsquo;un des pionniers de l&rsquo;analyse automatique des langues slaves, pour lesquelles il a d&eacute;velopp&eacute; une th&eacute;orie de la calculabilit&eacute; des langues au sein de domaines partageant des racines lexicales et grammaticales h&eacute;rit&eacute;es (langues indo-europ&eacute;ennes, kartv&eacute;liennes et afro-asiatiques, notamment, en ce qui concerne quelques-uns des nombreux champs empiriques explor&eacute;s par Pognan). Il d&eacute;c&egrave;le dans la table &eacute;tymologique de Tesni&egrave;re &laquo;&nbsp;un ensemble convergent, auquel il serait aujourd&rsquo;hui facile d&rsquo;ajouter un concordancier pour observer l&rsquo;usage des mots en situation, est certainement optimal pour l&rsquo;apprentissage du vocabulaire&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est ainsi l&rsquo;occasion pour l&rsquo;auteur d&rsquo;exposer les principaux paradigmes d&rsquo;alternances de radicaux, de r&eacute;duction syllabique et de traitement des <em>yats </em>et des <em>yers </em>dans les langues slaves, renfor&ccedil;ant la dimension slavisante de cette livraison de TDFLE.</p> <p>L&rsquo;article de Mojca Schlamberger Brezar fournit de pr&eacute;cieuses informations sur le don et l&rsquo;amour des langues de Lucien Tesni&egrave;re, sur son protagonisme tant dans le domaine de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en Slov&eacute;nie que sur ses m&eacute;thodes d&rsquo;enqu&ecirc;tes en dialectologie slov&egrave;ne, dans ses recherches sur le duel. L&rsquo;auteure montre comment Tesni&egrave;re a su rebondir, par s&eacute;rendipit&eacute;, &agrave; partir d&rsquo;une &laquo;&nbsp;commande&nbsp;&raquo; initiale qui avait &eacute;t&eacute; pass&eacute;e pour &eacute;tudier un tout autre probl&egrave;me de grammaire slave, objet d&rsquo;une <em>disputatio </em>entre deux &eacute;minents linguistes fran&ccedil;ais. Le jeune linguiste (et didacticien) se rend ainsi sur place, officie de son mieux et au-del&agrave; pour l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en Slov&eacute;nie, mais finit par se piquer au jeu de la grammaire slov&egrave;ne, indiff&eacute;rent aux &laquo;&nbsp;cr&eacute;neaux porteurs&nbsp;&raquo; du monde universitaire de l&rsquo;&eacute;poque&nbsp;: &laquo;&nbsp;Selon A. Bernard (2002), Tesni&egrave;re aurait &eacute;t&eacute; envoy&eacute; en Slov&eacute;nie depuis la Carinthie par le Minist&egrave;re des affaires &eacute;trang&egrave;res pour entreprendre une &eacute;tude historique des langues slaves concernant l&rsquo;attribut &agrave; l&rsquo;instrumental, qui &eacute;tait l&rsquo;objet d&rsquo;un diff&eacute;rend entre Meillet et Boyard (&hellip;). Selon F. Madray-Lesigne (1994), les connaissances et l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour le slov&egrave;ne l&rsquo;emp&ecirc;cheraient d&rsquo;obtenir plus tard le poste &agrave; Paris&nbsp;&raquo;.</p> <p>Il fait feu de tous bois, et recrute m&ecirc;me des informateurs de dialectes slov&egrave;nes parmi ses propres &eacute;tudiants de fran&ccedil;ais&nbsp;; il reprend, remanie, puis remplace le questionnaire de l&rsquo;ALF (Atlas linguistique de France) de Jules Gilli&eacute;ron, qui constituait le mod&egrave;le canonique du protocole d&rsquo;enqu&ecirc;te dialectale, pour finalement ancrer son questionnement de la morphologie flexionnelle slov&egrave;ne dans la tradition de recherche slavistique. C&rsquo;est &agrave; la trame de cette aventure intellectuelle en Slov&eacute;nie ancr&eacute;e sur le terrain dialectologique autant que sur le terrain institutionnel &ndash; y compris en tenant compte des malentendus avec les tenants de la tradition acad&eacute;mique en slavistique dans son pays d&rsquo;accueil &ndash; que nous invite la contribution de Mojca Schlamberger Brezar.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>La linguistique au service de l&rsquo;enseignement&nbsp;: le pari de Tesni&egrave;re</h2> <p>&nbsp;</p> <h3>A. Petit rappel historique</h3> <p>&nbsp;</p> <p>L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour la mani&egrave;re d&rsquo;enseigner les langues ne date pas de Tesni&egrave;re et se d&eacute;veloppe en Europe au XVII&egrave;me si&egrave;cle, notamment gr&acirc;ce &agrave; la Didactica Magna de Jan Comenius. L&rsquo;&laquo;&nbsp;art d&rsquo;enseigner&nbsp;&raquo; fera l&rsquo;objet au XVII&egrave;me si&egrave;cle d&rsquo;un article de l&rsquo;Encyclop&eacute;die &eacute;crit par Du Marsais, comme art &laquo;&nbsp;de d&eacute;m&ecirc;ler la subordination des connaissances&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a>. Les r&eacute;ticences de Rousseau vis-&agrave;-vis de l&rsquo;apprentissage des langues n&rsquo;encouragent pas les travaux sur leur enseignement. C&rsquo;est au milieu du XX&egrave;me si&egrave;cle qu&rsquo;appara&icirc;t explicitement le domaine dit de la &laquo;&nbsp;linguistique appliqu&eacute;e&nbsp;&raquo;, avec sa branche orient&eacute;e sur cet enseignement.</p> <p>On fait commun&eacute;ment remonter l&rsquo;essor de la linguistique appliqu&eacute;e &agrave; l&rsquo;enseignement des langues &agrave; l&rsquo;ouvrage du linguiste canadien William F. Mackey, <em>Language Teaching Analysis</em>, &eacute;crit en 1961, traduit en fran&ccedil;ais en 1971. La linguistique structurale a remis en cause la description grammaticale traditionnelle, et Mackey montre que l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;on se fait de la langue (liste de mots&nbsp;? syst&egrave;me&nbsp;?) et de sa description influe sur son enseignement. Jouent &eacute;galement la conception de l&rsquo;apprentissage et de la m&eacute;moire, et le choix d&rsquo;une m&eacute;thode. La d&eacute;monstration rigoureuse de Mackey va &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;un mouvement foisonnant&nbsp;: cr&eacute;ation de revues, d&rsquo;associations professionnelles, de centres de recherches, modification de la formation des enseignants, publications etc. Tout cela &agrave; l&rsquo;ombre des th&eacute;ories linguistiques dominantes des ann&eacute;es 1960-1970&nbsp;: le structuralisme suivi de la grammaire g&eacute;n&eacute;rative.</p> <p>Aucune r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Lucien Tesni&egrave;re dans tout cela, du moins en ce qui concerne l&rsquo;enseignement des langues. Car une autre branche de la linguistique appliqu&eacute;e, celle de la traduction automatique des langues, s&rsquo;est empar&eacute;e, elle, au d&eacute;but des ann&eacute;es 1950, aux USA et en France, de ses travaux qui lui ont donn&eacute; le socle linguistique qui lui manquait jusque-l&agrave;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a></p> <p>Et pourtant la question du lien entre la description linguistique et l&rsquo;enseignement de la langue, Tesni&egrave;re se l&rsquo;est pos&eacute;e tout au long de sa carri&egrave;re, depuis ses tout d&eacute;buts, et elle a sous-tendu ses recherches, comme lui-m&ecirc;me l&rsquo;&eacute;crit &agrave; maintes reprises dans les <em>&Eacute;l&eacute;ments</em>. D&egrave;s 1921-1924, &agrave; son premier poste, Lucien Tesni&egrave;re affronte en Slov&eacute;nie l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais aux &eacute;trangers, et prend conscience des difficult&eacute;s de la description grammaticale traditionnelle&nbsp;: non seulement la contradiction entre r&egrave;gle et multiples exceptions, ou le quasi-monopole de la morphologie, mais &eacute;galement les incoh&eacute;rences des crit&egrave;res retenus pour la description&nbsp;: tant&ocirc;t d&rsquo;ordre psychologique, tant&ocirc;t logique, tant&ocirc;t historique, tant&ocirc;t situationnel (place de l&rsquo;adjectif par exemple) ou s&eacute;mantique&hellip; &Agrave; Strasbourg ensuite de 1924 &agrave; 1936 sur un poste de slavistique il devra enseigner des langues slaves, le russe notamment, &agrave; des &eacute;tudiants fran&ccedil;ais ou non, chez lesquels il percevra aussi des difficult&eacute;s li&eacute;es &agrave; la description grammaticale. Ce qui le conduira &agrave; &eacute;laborer les grandes lignes de sa th&eacute;orie et &agrave; les mettre en &oelig;uvre dans un premier manuel en 1934. Dans ce num&eacute;ro, Corinne Delhay et Jean-Christophe Pellat montrent l&rsquo;importance de la p&eacute;riode strasbourgeoise (treize ans de bouillonnement intellectuel) dans la construction de la syntaxe tesni&eacute;rienne&nbsp;: les travaux et enseignements sur les langues et cultures slaves, les rencontres et publications aupr&egrave;s du cercle de Prague, se combinent avec les activit&eacute;s p&eacute;dagogiques des cours d&rsquo;&eacute;t&eacute; aux &eacute;trangers pour aboutir aux premiers &eacute;l&eacute;ments et aux lignes directrices de la future syntaxe. De 1936 &agrave; 1954, &agrave; Montpellier, il ne cessera de perfectionner sa th&eacute;orie et de saisir toutes les occasions de la mettre en application, avec grand succ&egrave;s.&nbsp;&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h3>B. Quelles sont donc les grandes lignes de cette &laquo;&nbsp;linguistique appliqu&eacute;e avant l&rsquo;heure&nbsp;&raquo;&nbsp;?</h3> <p>&nbsp;</p> <p>Le premier grand m&eacute;rite de Tesni&egrave;re a &eacute;t&eacute; de mettre la syntaxe au c&oelig;ur de la r&eacute;flexion grammaticale pour l&rsquo;enseignement, comme le signale Teddy Arnavielle dans ce volume. Les grammaires scolaires de l&rsquo;&eacute;poque, en effet, pr&eacute;sentaient une table des mati&egrave;res principalement morphologique (accords, conjugaison, formes des pronoms&hellip;). Selon Andr&eacute; Chervel<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a> ce choix visait l&rsquo;objectif majeur de l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;orthographe. Et la m&ecirc;me description grammaticale s&rsquo;utilisait pour les apprenants de langue maternelle ou &eacute;trang&egrave;re. L&rsquo;&eacute;tude portait sur des &eacute;l&eacute;ments s&eacute;par&eacute;s, nom, pronom, adjectif, verbe, celle de la phrase n&rsquo;intervenant que tardivement dans le cursus. Il faudra attendre les ann&eacute;es 1945-1950 pour que les Instructions officielles en France prennent la syntaxe en consid&eacute;ration d&egrave;s l&rsquo;enseignement primaire.</p> <p>Tesni&egrave;re consid&egrave;re, lui, d&egrave;s le d&eacute;but des ann&eacute;es 1930, que l&rsquo;expression de la pens&eacute;e, pour &ecirc;tre coh&eacute;rente, se fait par l&rsquo;interm&eacute;diaire du moyen syntaxique de la connexion. Un apprentissage efficace de la langue s&rsquo;appuie sur cette connaissance des relations entre &eacute;l&eacute;ments, dont le grammairien doit rendre compte. Tesni&egrave;re le fera d&rsquo;abord pour le russe, puis l&rsquo;allemand (dans un manuel non publi&eacute;), &eacute;galement le fran&ccedil;ais pour &eacute;trangers. Dans ses archives figure le projet d&rsquo;une grammaire fran&ccedil;aise pour &eacute;tudiants &eacute;trangers, jamais publi&eacute;e, mais ouvrage &eacute;norme, comportant un millier de pages de brouillons&hellip; De cet ensemble ne subsiste &agrave; l&rsquo;&eacute;tat de publication que la <em>Petite grammaire du russe</em>, de 1934, dont Daria Zalesskaya analyse dans ce num&eacute;ro les principes fondateurs, et ce qu&rsquo;ils doivent d&rsquo;une part &agrave; l&rsquo;&laquo;&nbsp;air du temps&nbsp;&raquo; et &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;air du lieu&nbsp;&raquo;, d&rsquo;autre part aux id&eacute;es directrices th&eacute;oriques de leur auteur, d&eacute;j&agrave; en place &agrave; cette &eacute;poque.</p> <p>Un deuxi&egrave;me grand m&eacute;rite de Tesni&egrave;re est d&rsquo;avoir infatigablement recherch&eacute; la coh&eacute;rence, sur deux plans. &Agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de la description de la langue d&rsquo;une part, afin d&rsquo;&eacute;liminer ce qui g&ecirc;ne tellement tous les apprenants du fran&ccedil;ais, cette multitude d&rsquo;exceptions qui accompagnent pratiquement chaque &laquo;&nbsp;r&egrave;gle&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est le regard des &eacute;tudiants &eacute;trangers qui a attir&eacute; l&rsquo;attention de Tesni&egrave;re sur cette difficult&eacute;, et le souci didactique d&rsquo;y rem&eacute;dier l&rsquo;a conduit &agrave; &eacute;tablir un syst&egrave;me qui se veut parfaitement homog&egrave;ne. Tesni&egrave;re recherche de plus la coh&eacute;rence entre les descriptions d&rsquo;un m&ecirc;me ph&eacute;nom&egrave;ne linguistique dans diff&eacute;rentes langues. Non que son but soit de construire une grammaire universelle&nbsp;: il affirme clairement que tel n&rsquo;est pas le cas, au contraire de l&rsquo;objectif qu&rsquo;affichera plus tard Noam Chomsky. Mais une description unique de la relation entre &eacute;l&eacute;ments peut &ecirc;tre donn&eacute;e, alors m&ecirc;me que les langues emploient des proc&eacute;d&eacute;s divers pour l&rsquo;exprimer&nbsp;: d&eacute;clinaison en latin pour liber pueri, compl&eacute;ment pr&eacute;c&eacute;d&eacute; de pr&eacute;position en fran&ccedil;ais pour le <em>livre de l&rsquo;enfant</em>, mot compos&eacute; en allemand avec das <em>Kinderbuch </em>par exemple.</p> <p>On peut reprocher &agrave; Tesni&egrave;re des accrocs &agrave; cette coh&eacute;rence, bien qu&rsquo;il y en ait tout de m&ecirc;me infiniment moins que dans la Grammaire Traditionnelle. Et Teddy Arnavielle, en grammairien guillaumien (Guillaume, autre passionn&eacute; de coh&eacute;rence&nbsp;!) et vigilant, en rep&egrave;re plusieurs ainsi que certaines lacunes dans la description&nbsp;: l&rsquo;absence de mention des subordonn&eacute;es compl&eacute;tives d&eacute;pendant d&rsquo;un nom ou d&rsquo;un adjectif par exemple. Il y voit la marque d&rsquo;une telle centration de Tesni&egrave;re sur la construction d&rsquo;un mod&egrave;le que le linguiste en oublie parfois la r&eacute;alit&eacute; du mat&eacute;riau linguistique. Ce dont Tesni&egrave;re d&rsquo;ailleurs &eacute;tait parfaitement conscient, et s&rsquo;il n&rsquo;a pas publi&eacute; de son vivant son &laquo;&nbsp;grand &oelig;uvre&nbsp;&raquo;, sa monumentale syntaxe, c&rsquo;est bien parce qu&rsquo;il ne la consid&eacute;rait jamais comme vraiment achev&eacute;e, toujours &agrave; perfectionner. Rien de plus excitant pour le chercheur que cette qu&ecirc;te d&rsquo;explication d&rsquo;un fait linguistique &agrave; mettre en coh&eacute;rence avec la th&eacute;orie que l&rsquo;on a construite. N&rsquo;est-ce pas l&agrave; d&rsquo;ailleurs une question fondamentale&nbsp;? Un mod&egrave;le linguistique peut-il &ecirc;tre parfait, c&rsquo;est-&agrave;-dire exhaustif&nbsp;? La vari&eacute;t&eacute; des constructions est sans doute un d&eacute;fi constant pour tout syst&egrave;me.</p> <p>Un troisi&egrave;me apport du linguiste Tesni&egrave;re &agrave; une virtuelle &laquo;&nbsp;linguistique appliqu&eacute;e&nbsp;&raquo; est d&rsquo;avoir cherch&eacute; &agrave; valider sa th&eacute;orie par la pratique de l&rsquo;enseignement. Et c&rsquo;est l&agrave; un grand m&eacute;rite didactique, qui le distingue de la plupart de ses confr&egrave;res. Non seulement la th&eacute;orie s&rsquo;est traduite dans des manuels, mais Tesni&egrave;re a men&eacute; ou fait mener diff&eacute;rentes exp&eacute;rimentations p&eacute;dagogiques aupr&egrave;s de publics vari&eacute;s<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a>&nbsp;: &agrave; Montpellier aupr&egrave;s d&rsquo;enfants de classes primaires, et de jeunes gens en centres de jeunesse ou d&rsquo;apprentissage, ailleurs dans des cours de latin ou d&rsquo;allemand. Ces exp&eacute;riences ont toutes &eacute;t&eacute; jug&eacute;es favorablement par les &eacute;valuateurs, inspecteurs, animateurs ou autres personnels en responsabilit&eacute;. L&rsquo;appr&eacute;ciation portait sur une plus grande facilit&eacute; dans l&rsquo;apprentissage et une meilleure m&eacute;morisation de la grammaire, gr&acirc;ce notamment &agrave; la coh&eacute;rence de la description. Ce qui faisait esp&eacute;rer &agrave; Tesni&egrave;re qu&rsquo;un jour l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale fran&ccedil;aise ferait adopter officiellement sa th&eacute;orie comme description scolaire officielle.</p> <p>Il est vrai que la facilit&eacute; d&rsquo;apprentissage, ainsi que la participation active des &eacute;l&egrave;ves, &eacute;tait bien stimul&eacute;e par l&rsquo;utilisation du stemma, ce sch&eacute;ma repr&eacute;sentant les connexions ou liens de d&eacute;pendance entre les &eacute;l&eacute;ments. Tesni&egrave;re n&rsquo;en est pas l&rsquo;inventeur, il dit avoir trouv&eacute; l&rsquo;id&eacute;e chez des grammairiens russes, lesquels l&rsquo;avaient peut-&ecirc;tre d&eacute;j&agrave; emprunt&eacute;e &agrave; des linguistes allemands<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a>. Mais voil&agrave; un nouveau m&eacute;rite de Tesni&egrave;re&nbsp;: avoir compris toute la f&eacute;condit&eacute; th&eacute;orique et p&eacute;dagogique d&rsquo;un sch&eacute;ma dont le mode syst&eacute;matique de construction pouvait non seulement rendre compte d&rsquo;une grande vari&eacute;t&eacute; de structures, mais les rendre intelligibles &agrave; l&rsquo;apprenant. Tesni&egrave;re toutefois &eacute;tait un homme avis&eacute;&nbsp;: s&rsquo;il savait que le stemma fascinait les &eacute;l&egrave;ves et leur facilitait la compr&eacute;hension de la syntaxe, il recommandait aux enseignants la prudence dans l&rsquo;utilisation de sa description, afin de ne pas se mettre (et leurs &eacute;l&egrave;ves avec eux) en position fausse par rapport &agrave; la th&eacute;orie officielle.</p> <p>On a tent&eacute; d&rsquo;expliquer ailleurs pourquoi cette grammaire si bien exp&eacute;riment&eacute;e n&rsquo;a pas eu le devenir officiel esp&eacute;r&eacute;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[12]</a>. Ce n&rsquo;est certes pas la seule dans ce cas, et curieusement c&rsquo;est la description linguistique &eacute;labor&eacute;e par quelqu&rsquo;un qui ne voulait pas qu&rsquo;elle serve &agrave; l&rsquo;enseignement, Chomsky, qui a eu la plus forte utilisation p&eacute;dagogique en France et ailleurs. Il ne serait toutefois pas tout &agrave; fait exact de dire qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas eu de cons&eacute;quences didactiques aux travaux de Tesni&egrave;re, m&ecirc;me si celles-ci sont rest&eacute;es mineures&nbsp;: on peut penser au d&eacute;veloppement des sch&eacute;mas de formalisation grammaticale dans les manuels, aux applications ponctuelles &agrave; l&rsquo;enseignement du latin, de l&rsquo;allemand ou de l&rsquo;italien, et surtout &agrave; l&rsquo;&eacute;volution des Instructions Officielles pour l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en France, qui, &agrave; partir de 1945, ont donn&eacute; de plus en plus de place &agrave; la formation des &eacute;l&egrave;ves en syntaxe.</p> <p>Hommage au passionn&eacute; des langues comme au linguiste pr&eacute;occup&eacute; de p&eacute;dagogie, c&rsquo;est &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger ou pour les langues &eacute;trang&egrave;res que se d&eacute;ploient les qualit&eacute;s didactiques de l&rsquo;analyse de Tesni&egrave;re. Ivana Franić revient sur la f&eacute;condit&eacute; de la notion de valence, dont Cristiana De Santis avait montr&eacute; tout l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;italien<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title="">[13]</a>. I. Franić place la valence verbale dans un cadre comparatif entre langues slaves et fran&ccedil;ais pour permettre l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un dictionnaire valenciel bilingue, ici croate-fran&ccedil;ais, mais mod&egrave;le porteur de possibilit&eacute;s de transposition dans d&rsquo;autres langues. Une d&eacute;marche qui semble bien conforme &agrave; ce que souhaitait Tesni&egrave;re.</p> <p>Bien loin des langues slaves, domaine privil&eacute;gi&eacute; de Tesni&egrave;re, Dominique Klingler, comme on l&rsquo;a vu plus haut, se place aussi dans une double perspective, comparatiste et didactique, pour faciliter un bref apprentissage du japonais &agrave; des &eacute;tudiants fran&ccedil;ais, en leur permettant de comparer les structures des deux langues. Elle s&rsquo;appuie pour cela sur les notions d&rsquo;ordre structural, de n&oelig;ud verbal, d&rsquo;actants, et, avec des exemples concernant la phrase attributive ou l&rsquo;adjectif, d&eacute;montre l&rsquo;efficacit&eacute; p&eacute;dagogique de l&rsquo;analyse tesni&eacute;rienne.</p> <p>Ce num&eacute;ro consacr&eacute; &agrave; l&rsquo;empreinte didactique de Lucien Tesni&egrave;re se cl&ocirc;t sur une contribution apparemment d&eacute;cal&eacute;e, celle de Bruno Maurer sur l&rsquo;enseignement des comp&eacute;tences linguistiques en FLE. D&eacute;cal&eacute; parce que B. Maurer s&rsquo;appuie en mati&egrave;re de th&eacute;orie linguistique principalement sur la linguistique de l&rsquo;&eacute;nonciation ou celle de G. Guillaume (autre ignor&eacute; de l&rsquo;&Eacute;cole), et des notions comme modalisation, caract&eacute;risation, nomination, qui ne font pas partie du lexique de Tesni&egrave;re, lequel d&rsquo;ailleurs n&rsquo;est nullement mentionn&eacute;. Et pourtant, en est-on si loin&nbsp;? Il s&rsquo;agit ici encore de faciliter l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais &agrave; des apprenants de FLE. Bruno Maurer affirme d&egrave;s l&rsquo;introduction qu&rsquo;il veut leur faire suivre la m&ecirc;me d&eacute;marche que celle du linguiste, et il va pour cela leur faire s&rsquo;approprier les trois notions dont il a &eacute;t&eacute; question plus haut. Il ne s&rsquo;agit certes plus de linguistique appliqu&eacute;e, mais de linguistique constructiviste int&eacute;gr&eacute;e<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title="">[14]</a>&nbsp;: dans les deux cas toutefois, c&rsquo;est la description linguistique qui donne la cl&eacute; de l&rsquo;apprentissage.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Conclusion et perspectives</h2> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p>On peut d&egrave;s lors poser deux ordres de questions&nbsp;: qu&rsquo;apporte ce num&eacute;ro de TDFLE &agrave; la connaissance de l&rsquo;&oelig;uvre et de la pens&eacute;e de Lucien Tesni&egrave;re, et qu&rsquo;est-ce que ce dernier apporte au champ de la didactique du FLE et des langues &eacute;trang&egrave;res&nbsp;? La question de savoir ce qu&rsquo;apporte le pr&eacute;sent num&eacute;ro de TDFLE aux &eacute;tudes tesn&eacute;riennes est d&eacute;licate, tant la pens&eacute;e de Tesni&egrave;re fait l&rsquo;objet de constants d&eacute;bats, de volumes d&rsquo;hommages et de t&eacute;moignages de reconnaissance tant par les linguistes issus de la linguistique g&eacute;n&eacute;rale et appliqu&eacute;e, ou de divers domaines o&ugrave; sa m&eacute;thode a pu s&rsquo;ancrer (langues slaves) ou se d&eacute;velopper de mani&egrave;re substantielle (allemand et langues germaniques). Cependant, nous pensons que le &laquo;&nbsp;filon&nbsp;&raquo; de la valorisation du versant didactique, p&eacute;dagogique, de l&rsquo;&oelig;uvre de ce linguiste polyglotte, &agrave; la fois form&eacute; de mani&egrave;re canonique dans des disciplines comme la slavistique ou la grammaire et explorateur infatigable et inventif des champs de savoir et des langues du monde, reste &agrave; explorer. Toutes les contributions de ce num&eacute;ro traitent peu ou prou de cet aspect et, malgr&eacute; leurs efforts, ne font qu&rsquo;effleurer la surface du potentiel de r&eacute;flexion encore &agrave; d&eacute;velopper sur ce plan pr&eacute;cis.<em> Mehr licht</em>! disait Goethe au seuil de sa vie&hellip; Encore plus de lumi&egrave;re&nbsp;! pourrait-on &eacute;galement dire sur ce point. Il conviendrait, sur la base des textes recueillis dans ce num&eacute;ro, de s&rsquo;interroger sur le r&ocirc;le de l&rsquo;autodidactie non seulement en langues mais aussi sur les th&eacute;ories et m&eacute;thodes linguistiques et scientifiques mises en &oelig;uvre tout au long de sa vie par Tesni&egrave;re. L&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue, l&rsquo;&eacute;paisseur de la conscience empirique de ce linguiste, qui apprit le russe, le polonais et le breton dans un camp de prisonniers &agrave; Meserburg durant la guerre en 1915, rappelle le paradigme de la r&eacute;silience mise &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve par un &laquo;&nbsp;merveilleux malheur&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;expression de Boris Cyrulnik<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title="">[15]</a>, son altruisme sous des dehors que certains pouvaient &agrave; premi&egrave;re vue juger aust&egrave;res, son souci de transmettre le savoir, sa passion de la &laquo;&nbsp;contagion des langues&nbsp;&raquo;, ne sont &agrave; chaque fois qu&rsquo;&eacute;voqu&eacute;es de mani&egrave;re anecdotique. Or, nous l&rsquo;avons vu, les t&eacute;moignages sur sa vie sociale et intellectuelle tant en Slov&eacute;nie qu&rsquo;&agrave; Strasbourg sont encore abondants. Une relecture attentive de son style d&rsquo;&eacute;criture dans les domaines les plus divers &ndash; dont les travaux sur le duel slov&egrave;ne &ndash;, mis en regard avec de tels t&eacute;moignages biographiques, au-del&agrave; des quelques &oelig;uvres toujours cit&eacute;es, dont son <em>Magnum opus</em> posthume des <em>&Eacute;l&eacute;ments de syntaxe structurale</em>, m&eacute;riteraient d&rsquo;&ecirc;tre revisit&eacute;s de ce point de vue, &agrave; la fois empathique et de valorisation critique. En ce sens, la contribution de Teddy Arnavielle a apport&eacute; ici un contrepoint pr&eacute;cieux, &agrave; mettre en regard avec celle de Daria Zalesskaya sur un ouvrage de r&eacute;putation mineure (la Petite grammaire russe), mais pourtant riche en indices sur la constitution de la pens&eacute;e de Tesni&egrave;re et de sa vision de la grammaire et des langues. Les contributions de Patrice Pognan et d&rsquo;Ivana Franić, dans le domaine du Traitement Automatique des Langues, ouvrent un autre versant sur le g&eacute;nie de Tesni&egrave;re&nbsp;: celui de l&rsquo;incidence rationnelle de ses constructions mentales, de sa comp&eacute;tence &agrave; identifier des structures, syst&eacute;matiser les donn&eacute;es (y compris parfois, de mani&egrave;re quelque peu incertaine ou chaotique), avec les cons&eacute;quences heuristiques qu&rsquo;on su mettre en valeur ces deux contributeurs. C&rsquo;est donc &agrave; une v&eacute;ritable herm&eacute;neutique historiographique de penseurs linguistes-didacticiens tels que Tesni&egrave;re qu&rsquo;il faut se livrer, en ne laissant &eacute;chapper aucun t&eacute;moignage, aucun d&eacute;tail (jusqu&rsquo;&agrave; la lecture des pr&eacute;faces de manuels, comme le fait &agrave; bon escient Daria Zalesskaya dans sa contribution)&nbsp;: &agrave; ce titre, Lucien Tesni&egrave;re n&rsquo;est pas seul et unique dans sa classe naturelle&nbsp;: il conviendrait de mener des recherches sur le paradigme des linguistes-didacticiens (notamment Gustave Guillaume, Otto Jespersen, Bernard Pottier, Charles Kay Ogden, etc.).</p> <p>De l&agrave;, l&rsquo;apport de Tesni&egrave;re non seulement &agrave; la didactique&nbsp;du FLE et des langues &eacute;trang&egrave;res, mais aussi &agrave; la grammaire, y compris (para)scolaire : les intuitions et les dispositifs didactiques mis en place par Tesni&egrave;re transcendent les grilles canoniques et les exercices routiniers des manuels. Le stemma comme sch&eacute;matisation de l&rsquo;actance et de la relation valencielle &ndash; ce micro-univers universel et pourtant si polymorphe et polychrome selon les langues &agrave; apprendre &ndash; rel&egrave;ve ainsi d&rsquo;une intuition puissante, dont on peut regretter que le potentiel p&eacute;dagogique ait &eacute;t&eacute; estomp&eacute; par l&rsquo;engouement que ce mode de repr&eacute;sentation a suscit&eacute; en linguistique g&eacute;n&eacute;rale, th&eacute;orique et formelle. La &laquo;&nbsp;stemmomanie&nbsp;&raquo; ou la &laquo;&nbsp;stemmophilie&nbsp;&raquo; (dans les deux cas, la passion ou l&rsquo;amour des stemmata) a d&eacute;cid&eacute;ment &eacute;t&eacute; rel&eacute;gu&eacute;e bien loin de son intention p&eacute;dagogique initiale, et il est donc encore &agrave; red&eacute;couvrir, comme nous l&rsquo;a sugg&eacute;r&eacute; Dominique Klingler par sa praxis du japonais L2. Le fait que le sommaire d&rsquo;un petit manuel de langue russe contienne, comme une coquille de noix, l&rsquo;ensemble des pr&eacute;misses d&rsquo;une grande th&eacute;orie de la structure syntaxique des langues, est aussi une grande le&ccedil;on pour les didacticiens&nbsp;: combien d&rsquo;ouvrages originaux de ce genre sont pass&eacute;s inaper&ccedil;us, ou n&rsquo;ont pas vu leur potentiel m&eacute;thodologique jug&eacute; &agrave; sa juste valeur&nbsp;? &Agrave; ce titre, une &eacute;tude comparative critique fine de manuels ou de grammaires de langues par tranches synchroniques, comme l&rsquo;a propos&eacute; Daria Zalesskaya ici-m&ecirc;me, s&rsquo;av&egrave;rerait heuristique. On objectera sans doute que tout cela est du pass&eacute;, et que l&rsquo;horizon des TIC d&eacute;sormais transcende largement ces apports. Ce serait vrai si tant de ces TIC et quizz en ligne ne faisaient pas que reprendre, bien souvent, des proc&eacute;d&eacute;s p&eacute;dagogiques gu&egrave;re plus jeunes que les ouvrages de jeunesse de Lucien Tesni&egrave;re, en mati&egrave;re de manuels de langues et surtout, s&rsquo;ils ne s&rsquo;&eacute;loignaient pas progressivement, imperceptiblement, mais r&eacute;solument, de plus en plus, de la linguistique g&eacute;n&eacute;rale et appliqu&eacute;e &ndash; ce qui revient &agrave; jeter le b&eacute;b&eacute; avec l&rsquo;eau du bain.</p> <p>C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs l&agrave; l&rsquo;un des grands apports de cette r&eacute;flexion collective, ancr&eacute;e dans le v&eacute;cu des exp&eacute;riences et de la praxis p&eacute;dagogique aussi bien que dans le rationalisme th&eacute;orique et appliqu&eacute; de Tesni&egrave;re linguiste, apprenant polyglotte et didacticien du FLE et de tant d&rsquo;autres langues&nbsp;: &agrave; s&rsquo;&eacute;loigner toujours plus de la linguistique, comme c&rsquo;est le cas depuis au moins deux &agrave; trois d&eacute;cennies, la didactique des langues court le risque de voir son horizon s&rsquo;assombrir. Non pas &laquo;&nbsp;plus de lumi&egrave;re&nbsp;!&nbsp;&raquo;, mais &hellip; de moins en moins.</p> <p>Une initiative comme celle port&eacute;e par ce num&eacute;ro de TDFLE &oelig;uvre en sens contraire, en suivant le v&oelig;ux de Goethe et des Lumi&egrave;res, dont Tesni&egrave;re, par sa dimension encyclop&eacute;dique et sa g&eacute;n&eacute;rosit&eacute; intellectuelle et sociale, est un exemple stimulant.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Annexe&nbsp;:</h2> <p>&nbsp;</p> <p>Recensement des 87 langues cit&eacute;es et utilis&eacute;es dans Tesni&egrave;re (1959) et classement de ces langues, &eacute;tabli par Mich&egrave;le Verdelhan-Bourgade.</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <table class="MsoTableGrid" style="border-collapse:collapse; border:none"> <tbody> <tr> <td rowspan="3" style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:175px; border-top:1px solid black; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues indo-europ&eacute;ennes</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues romanes</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Catalan</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Espagnol</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fran&ccedil;ais</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gascon</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Italien</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Languedocien </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Portugais</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Proven&ccedil;al</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Roumain (daco-roman)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues celtiques</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Breton + bas-breton</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gallois </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Irlandais (appel&eacute; &lsquo;italo-celtique&rsquo;)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Vieux norrois </span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:175px; border-top:1px solid black; border-right:1px solid black; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues indo-europ&eacute;ennes anciennes</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Indo-europ&eacute;en</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Latin </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Grec</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sanskrit </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Avestique ou zend (Iran ancien) </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tokharien (Asie centrale)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:104px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues indo-iraniennes</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Iranien</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Persan</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tzigane (rromani)</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:80px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Autres langues i-e</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Arm&eacute;nien</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Albanais</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues indo-europ&eacute;ennes</span></u></b><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (suite)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues germaniques</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Allemand (+ haut allemand moyen et ancien) + gotique</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Anglais</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">N&eacute;erlandais (dont Hollandais)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues scandinaves </span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Danois </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Su&eacute;dois &amp; vieux su&eacute;dois</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Norv&eacute;gien &amp; vieux norv&eacute;gien</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues baltes (balto-slave)</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Letton</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lituanien</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues indo-europ&eacute;ennes</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues slaves<u> </u>&amp; vieux slave</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bulgare</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Polonais </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Russe</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Serbe </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Serbo-croate</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tch&egrave;que</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Slovaque </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Slov&egrave;ne</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ukrainien</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues &lsquo;chamito-s&eacute;mitiques&rsquo; (ou &lsquo;afro-asiatiques&rsquo;)</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues berb&egrave;res</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Berb&egrave;re</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Kabyle</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tamachek</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Groupe &eacute;gyptien (ancien)</span></u></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Copte</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Egyptien</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues s&eacute;mitiques</span></u></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Arabe</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Aram&eacute;en</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ethiopien </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">H&eacute;breu</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues d&rsquo;Afrique subsaharienne</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nig&eacute;ro-congolaises</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bantou</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Soubiya (langue du Zamb&egrave;ze&nbsp;; ex. repris de Guillaume)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:255px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues du Caucase</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">G&eacute;orgien (kartv&eacute;lien&nbsp;: caucasique m&eacute;ridional)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </td> <td rowspan="2" style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:255px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues ouraliennes</span></u></b><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (selon LT, &lsquo;ouralo-alta&iuml;ques&rsquo;<u>)</u></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Hongrois (langues &lsquo;finno-ougriennes&rsquo; LT)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Finnois</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Hongrois</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tch&eacute;r&eacute;misse (ou <i>mari</i>)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Votiak</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Zyri&egrave;ne</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Groupe alta&iuml;que</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Japonais </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tatar</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tchouvache</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Turc (&lsquo;langue turco-tatare&rsquo; pour LT&nbsp;; aujourd&rsquo;hui &lsquo;turquien&rsquo; en Anatolie vs. &lsquo;turcique&rsquo; en Asie centrale et ailleurs en Eurasie hors Anatolie)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:121px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues &lsquo;sino-tib&eacute;taines&rsquo; (ou &lsquo;sinitiques&rsquo;)</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chinois</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues am&eacute;rindiennes</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chinook (nord-ouest de l&rsquo;Am&eacute;rique)</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues austroasiatiques</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Khasi</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues eskimo-al&eacute;outes</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Eskimo </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Groenlandais</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:1px solid black" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Langues austron&eacute;siennes</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Malais </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Samoan</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tonga</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid black; width:302px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid black; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Isolat</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Basque</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><b><u><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Autres</span></u></b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Esp&eacute;ranto</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Cf. Cop, B. <i>et al. </i>(dir.). <i>M&eacute;langes Lucien Tesni&egrave;re</i>, <i>Linguistica </i>XXXIV/1, Ljubljana, 1994, t&eacute;l&eacute;chargeable sur le lien </span></span><a href="https://revije.ff.uni-lj.si/linguistica/issue/view/360/322" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://revije.ff.uni-lj.si/linguistica/issue/view/360/322</span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Cf. Neveu, F. et Roig, A. (&eacute;ds.) <em>L&rsquo;&oelig;uvre de Lucien Tesni&egrave;re. Lectures contemporaines</em>. Berlin &amp; Boston : De Gruyter, 2022. </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[3]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Henri Besse, &laquo;&nbsp;De la relative rationalit&eacute; des discours sur l&rsquo;enseignement/apprentissage des langues&nbsp;&raquo;, <i>Langue fran&ccedil;aise</i>, n&deg;82, p. 29. Paris&nbsp;: Larousse, 1989.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[4]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Voir notamment Do-Hurinville, Danh-Th&agrave;nh, Huy-Linh Dao et Annie Rialland (dir.) <em>La transcat&eacute;gorialit&eacute; dans les langues. Description, mod&eacute;lisation,</em> <em>typologie</em>. Paris&nbsp;: &Eacute;ditions de la Soci&eacute;t&eacute; de linguistique de Paris. 2020.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[5]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Greimas, A. Julien. <i>S&eacute;mantique structurale. Recherche de m&eacute;thode</i>, p. 173, Paris&nbsp;: P.U.F. [1966]-1984. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[6]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> On lira &agrave; ce titre l&rsquo;incontournable article de P. Pognan &laquo;&nbsp;Pourquoi Tesni&egrave;re est-il Tesni&egrave;re&nbsp;?&nbsp;Vie, &oelig;uvre et h&eacute;ritage&nbsp;&raquo;. In Sonia Vaupot, Adriana Mezeg, Gregor Perko, Mojca Schlamberger Brezar, Metka Zupancic (&eacute;ds.), <i>Contacts linguistiques, litt&eacute;raires, culturels</i>, Universit&eacute; de Ljubljana, D&eacute;partement de traduction, p. 131-155, 2020.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[7]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Henri Besse, &laquo;&nbsp;De la &laquo;&nbsp;premi&egrave;re didactique (des langues)&nbsp;&raquo; et de son oubli en France, durant pr&egrave;s de deux si&egrave;cles&nbsp;&raquo;. <i>Cahiers FoReLLIS</i>, 13/09/2018, accessible sur </span><a href="https://cahiersforell.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=579" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">https://cahiersforell.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=579</span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[8]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Verdelhan-Bourgade Mich&egrave;le, &laquo;&nbsp;Lucien Tesni&egrave;re, professeur de linguistique &agrave; Montpellier de 1937 &agrave; 1954&nbsp;&raquo;, <i>Bulletin de l&rsquo;Acad&eacute;mie des Sciences et Lettres de Montpellier</i>, vol. 51, 267-281, 2020.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[9]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Andr&eacute; Chervel, <i>Et il fallut apprendre &agrave; &eacute;crire &agrave; tous les petits Fran&ccedil;ais, Histoire de la grammaire scolaire</i>, Paris&nbsp;: Payot, 1977. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[10]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Cf. Verdelhan-Bourgade, &laquo;&nbsp;Lucien Tesni&egrave;re et l&rsquo;enseignement de la grammaire, d&rsquo;apr&egrave;s les exp&eacute;rimentations de Montpellier&nbsp;&raquo;. Dans Neveu, F. et Roig, A. (dir). <i>L&rsquo;&oelig;uvre de Lucien Tesni&egrave;re. Lectures contemporaines</i>. Berlin/Boston&nbsp;: De Gruyter, p. 369-382, 2022.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[11]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Andr&eacute; Rousseau, &laquo;&nbsp;Le graphe de Tesni&egrave;re&nbsp;: origines et originalit&eacute;&nbsp;&raquo;, in Madray-Lesigne Fran&ccedil;oise, Richard-Zapella Jeannine (dir.). <i>Lucien Tesni&egrave;re aujourd&rsquo;hui</i>. Actes du colloque de Mont-Saint-Aignan en 1992. Louvain&nbsp;: Peeters, p. 75-82, 1995. </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[12]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Verdelhan-Bourgade Mich&egrave;le, &laquo;&nbsp;Lucien Tesni&egrave;re et l&rsquo;enseignement de la grammaire, d&rsquo;apr&egrave;s les exp&eacute;rimentations de Montpellier&nbsp;&raquo;. Dans Neveu, F. et Roig, A. (dir). <i>L&rsquo;&oelig;uvre de Lucien Tesni&egrave;re. Lectures contemporaines</i>. Berlin/Boston&nbsp;: De Gruyter, p. 369-382, 2022.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[13]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> De Santis Cristiana, <i>Che cos&rsquo;&egrave; la grammatica valenziale</i>, Roma, Carocci, 2016. 2<sup>&egrave;me</sup> ed. 2019. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[14]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Formulation personnelle.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span cambria="" style="font-family:"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[15]</span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Cyrulnik, Boris. <i>Un merveilleux malheur</i>, Paris, Odile Jacob, 1999. Dans cet essai en partie autobiographique, le neuropsychiatre B. Cyrulnik rend compte des strat&eacute;gies de r&eacute;silience et de r&eacute;paration des traumatismes existentiels, notamment par le recentrage de la conscience, l&rsquo;appropriation et r&eacute;appropriation des r&eacute;cits, l&rsquo;intensit&eacute; de l&rsquo;intersubjectivit&eacute; et des &eacute;changes malgr&eacute; l&rsquo;inconfort et l&rsquo;adversit&eacute; &ndash; autant de processus survenant &eacute;galement &agrave; diverses occasions ou de mani&egrave;re plus continue dans l&rsquo;apprentissage des langues<i> in situ</i>. </span></span></span></p> </div> </div>