<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><i>Abstract</i></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><i>This article presents literacy in sub-Saharan Africa. It sets out the particular context, which is very different from the context of literacy in Europe. It discusses the definition of a literate person, and then the variety of literacy practices, which correspond to different philosophies. A quantitative estimate of the needs and a typology of the target groups is then made, before looking, through the case of Mali, at the diversity of the players and structures involved in the various countries. Finally, the question of languages is addressed. </i></span></span></p> <p>Article</p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Introduction</span></span></h2> <p>Dans un num&eacute;ro de revue consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;alphab&eacute;tisation, il n&rsquo;est pas sans int&eacute;r&ecirc;t de faire un &eacute;tat des lieux de cette question en Afrique subsaharienne. En effet, le lecteur habituel de la revue TDFLE h&eacute;berg&eacute;e &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3, abordant cette question depuis une perspective FLE europ&eacute;enne, aura tendance &agrave; penser spontan&eacute;ment aux publics d&rsquo;alphab&eacute;tisation en France, en Suisse, en Belgique, constitu&eacute;s pour l&rsquo;essentiel de populations migrantes avec des perspectives d&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais langue d&rsquo;int&eacute;gration, constitu&eacute;es d&rsquo;adultes peu ou non alphab&eacute;tis&eacute;s, isol&eacute;s dans un monde doublement &eacute;tranger&nbsp;: du point de vue de la langue, &eacute;trang&egrave;re et nouvelle, et de celui du rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, les autres adultes autour d&rsquo;eux &eacute;tant tous alphab&eacute;tis&eacute;s, du moins en apparence. Et le lecteur aura aussit&ocirc;t &agrave; l&rsquo;esprit des cours &laquo;&nbsp;d&rsquo;alpha&nbsp;&raquo; donn&eacute;s dans des associations de quartier et/ou dans des structures ayant re&ccedil;u un label pour amener des personnes de diff&eacute;rentes nationalit&eacute;s &agrave; un niveau de langue fran&ccedil;aise et de litt&eacute;ratie suffisant pour poursuivre des itin&eacute;raires variables d&rsquo; &laquo;&nbsp;int&eacute;gration&nbsp;&raquo;. De ces probl&eacute;matiques, de ces objectifs des &laquo;&nbsp;cours d&rsquo;alpha&nbsp;&raquo;, de ces publics, de ces pratiques didactiques, il est largement question dans les autres articles de ce num&eacute;ro.</p> <p>Mais la question de l&rsquo;alphab&eacute;tisation se pose tout &agrave; fait diff&eacute;remment en Afrique subsaharienne et il ne faut surtout pas oublier cet ensemble de pays, un contexte qui concerne des centaines de millions de personnes, avec son histoire, ses questionnements, ses pratiques. Disons d&rsquo;embl&eacute;e qu&rsquo;il ne sera pas possible de faire le tour des pratiques, tant elles sont nombreuses, diversifi&eacute;es<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>.</p> <p>De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, la question de l&rsquo;alphab&eacute;tisation est &agrave; situer dans une pluralit&eacute; de contextes relevant de l&rsquo;&eacute;ducation et de l&rsquo;&eacute;ducation au multilinguisme. Le sch&eacute;ma ci-dessous repr&eacute;sente les quatre contextes possibles du mutilinguisme &eacute;ducatif, tels que propos&eacute;s par B. Maurer en 2023 dans le cadre de la r&eacute;daction collective d&rsquo;un guide de l&rsquo;UNESCO <i>Education for a multingual world</i> (&agrave; para&icirc;tre), et ensuite sch&eacute;matis&eacute;s en anglais par Kirk Person (SIL, Soci&eacute;t&eacute; internationale de linguistique) puis en fran&ccedil;ais par B. Maurer.</p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_6_suQnZv.png" style="width: 100%; height: 58%;" /></p> <p>La probl&eacute;matique de l&rsquo;alphab&eacute;tisation concerne les cadres orange (Education multilingue et langues en danger) et vert (Education multilingue pour migrants /r&eacute;fugi&eacute;s). Elle peut concerner les publics d&rsquo;adultes et d&rsquo;enfants, selon les pays et les situations.&nbsp; Le cadre bleu correspond &agrave; des situations d&rsquo;&eacute;ducation formelle qui rel&egrave;vent de la scolarisation de base. Mais en Afrique, compte tenu du nombre d&rsquo;adultes qui n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; scolaris&eacute;s, une grande partie des besoins d&rsquo;alphab&eacute;tisation.</p> <p>L&rsquo;Afrique subsaharienne compte 19 pays parmi ceux qui ont l&rsquo;indice de d&eacute;veloppement humain le plus bas (Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad, Burundi...). Les habitants des trois-quarts des pays concern&eacute;s survivent avec moins de deux dollars par jour, la croissance &eacute;conomique est inf&eacute;rieure &agrave; la croissance d&eacute;mographique et un grand nombre de pays connaissent une instabilit&eacute; politique, avec des guerres dans certaines r&eacute;gions ou des d&eacute;fis pos&eacute;s par la pr&eacute;sence de groupes arm&eacute;s avec des activit&eacute;s terroristes.</p> <p>C&rsquo;est dans ce contexte macro-&eacute;conomique que les pays d&rsquo;Afrique subsaharienne ont vu, plus de 40 ans apr&egrave;s les ind&eacute;pendances, les Nations Unies lancer en 2003 une initiative pour renouveler l&rsquo;engagement et les efforts en faveur de l&rsquo;am&eacute;lioration de l&rsquo;alphab&eacute;tisme dans le monde&nbsp;: la D&eacute;cennie des Nations Unies pour l&rsquo;Alphab&eacute;tisation. Celle-ci s&rsquo;inscrivait alors dans le cadre plus g&eacute;n&eacute;ral des strat&eacute;gies de d&eacute;veloppement de l&rsquo;Education pour tous adopt&eacute;es &agrave; Jomtien en 1990, qui fixaient des objectifs pr&eacute;cis en mati&egrave;re d&rsquo;alphab&eacute;tisation (objectif 4 de l&rsquo;EPT). Pourtant, en 2015 encore, au sortir de cette d&eacute;cennie, le R&eacute;seau Femmes parlementaires de l&rsquo;Assembl&eacute;e parlementaire de la Francophonie fixait toujours, comme objectif dans un projet de rapport intitul&eacute; L&rsquo;alphab&eacute;tisation des femmes adultes&nbsp;:&nbsp;</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Am&eacute;liorer de 50&nbsp;% les niveaux d&rsquo;alphab&eacute;tisation des adultes, et notamment les femmes, d&rsquo;ici &agrave; 2015, et assurer &agrave; tous les adultes un acc&egrave;s &eacute;quitable aux programmes d&rsquo;&eacute;ducation de base et d&rsquo;&eacute;ducation permanente&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p>C&rsquo;est dire que la D&eacute;cennie n&rsquo;avait pas port&eacute; les fruits escompt&eacute;s. Dans les m&ecirc;mes ann&eacute;es, la Banque mondiale faisait &eacute;galement un constat alarmant (2017), en parlant de la &laquo;&nbsp;crise de l&rsquo;apprentissage&nbsp;&raquo; s&eacute;vissant dans les pays &agrave; revenu interm&eacute;diaire<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>. Alors que les &Eacute;tats s&rsquo;&eacute;taient lanc&eacute;s au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000 dans une strat&eacute;gie d&rsquo;&eacute;ducation massive pour faire face aux d&eacute;fis de d&eacute;veloppement, le constat &eacute;tait fait par la Banque mondiale, l&rsquo;un des principaux bailleurs, que &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;cole ne forme plus&nbsp;&raquo; (voir &agrave; ce sujet Puren et Maurer, 2018), une&nbsp; situation particuli&egrave;rement accentu&eacute;e en Afrique subsaharienne. L&rsquo;am&eacute;lioration des taux d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;&eacute;cole s&rsquo;&eacute;tait accompagn&eacute;e d&rsquo;une d&eacute;gradation des r&eacute;sultats.</p> <p>On avait l&rsquo;habitude de penser que l&rsquo;alphab&eacute;tisation &eacute;tait destin&eacute;e &agrave; des publics d&rsquo;adultes n&rsquo;ayant jamais fr&eacute;quent&eacute; les bancs de l&rsquo;&eacute;cole. Mais les constats d&rsquo;&eacute;chec de l&rsquo;&eacute;cole dress&eacute;s en 2017 &eacute;taient en partie ceux de la strat&eacute;gie &Eacute;ducation pour Tous ayant privil&eacute;gi&eacute; le quantitatif sur le qualitatif, ayant mis&eacute; sur l&rsquo;am&eacute;lioration de l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;&eacute;cole plus que sur la qualit&eacute; des apprentissages&nbsp;: ces constats conduisent &agrave; penser que l&rsquo;alphab&eacute;tisation pourrait bien concerner aussi les tr&egrave;s nombreux &eacute;l&egrave;ves n&rsquo;ayant pas construit les apprentissages fondamentaux pendant les quelques ann&eacute;es de leur fr&eacute;quentation scolaire. L&rsquo;&eacute;cole, pourvoyeuse des cours d&rsquo;alphab&eacute;tisation&nbsp;: voil&agrave; une nouvelle perspective, que Mingat, Ndem et Seurat (2013) abordent. Au Mali par exemple, la situation qui pr&eacute;valait en&nbsp;2015-2016 repr&eacute;sente un recul important par rapport &agrave;&nbsp;2007-2008, o&ugrave; l&rsquo;acc&egrave;s au fondamental se chiffrait &agrave; 82,4&nbsp;% jusqu&rsquo;&agrave; la veille de la situation conflictuelle que conna&icirc;t le pays. Depuis, ce taux a r&eacute;gress&eacute; &agrave; 78,7&nbsp;% en&nbsp;2010-2011 puis &agrave; 67,2&nbsp;% en&nbsp;2015-2016, soit un recul de plus de dix&nbsp;points en dix ans. Il en est de m&ecirc;me, pour le niveau d&rsquo;ach&egrave;vement du fondamental, avec un taux d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la 9e&nbsp;ann&eacute;e qui est pass&eacute;, avec la crise, de 34,2&nbsp;% en&nbsp;2010-2011 &agrave; 30,4&nbsp;% en&nbsp;2015-2016 (RESEN, 2019). Voil&agrave; qui alimente le r&eacute;servoir de personnes non ou peu alphab&eacute;tis&eacute;es, loin des ambitions de la d&eacute;cennie 90 et de la scolarisation universelle.</p> <p>Cet article n&rsquo;a d&rsquo;autre ambition que de pr&eacute;senter la mani&egrave;re dont le champ de l&rsquo;alphab&eacute;tisation s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute; dans cette r&eacute;gion du monde depuis les ind&eacute;pendances, de voir quels en sont les enjeux actuels ainsi que les acteurs, et d&rsquo;examiner, &agrave; travers des mod&egrave;les d&rsquo;alphab&eacute;tisation assez diff&eacute;rents et aux objectifs parfois divergents, la place donn&eacute;e aux diff&eacute;rentes langues des paysages sociolinguistiques.</p> <h2>1. Alphab&eacute;tisation et enseignement dit &laquo;&nbsp;non formel&nbsp;&raquo;</h2> <p>L&rsquo;alphab&eacute;tisation doit &ecirc;tre resitu&eacute;e dans l&rsquo;ensemble des actions &eacute;ducatives dans ce que Philip Coombs (ancien directeur de l&rsquo;Institut international de planification de l&rsquo;&eacute;ducation (IIPE) de l&rsquo;Unesco) analysant, d&egrave;s 1968, la &laquo;&nbsp;crise mondiale de l&rsquo;&eacute;ducation&nbsp;&raquo; appelait le &laquo;&nbsp;r&eacute;seau d&rsquo;apprentissage&nbsp;&raquo; de chaque pays (Coombs, 1989 [1968]). Il appelait alors &agrave; d&eacute;velopper ce r&eacute;seau partout, &agrave; d&eacute;velopper l&rsquo;ensemble des opportunit&eacute;s pour permettre &agrave; tous d&rsquo;apprendre et d&rsquo;acqu&eacute;rir les comp&eacute;tences requises pour la vie quotidienne et professionnelle et, d&rsquo;autre part, &agrave; en faire l&rsquo;&eacute;valuation afin de r&eacute;pondre aux besoins pr&eacute;sents et &agrave; venir.</p> <p>De quoi se compose ce &laquo;r&eacute;seau&nbsp;&raquo;&nbsp;? L&rsquo;UNESCO distingue&nbsp;:</p> <p>- l&rsquo;&eacute;ducation formelle: le syst&egrave;me &eacute;ducatif hi&eacute;rarchis&eacute; et chronologique allant de l&rsquo;&eacute;cole primaire aux institutions universitaires&nbsp;;</p> <p>- l&rsquo;&eacute;ducation informelle: c&rsquo;est le processus par lequel chacun acquiert les attitudes, les valeurs, les savoir-faire et les connaissances &agrave; travers l&rsquo;exp&eacute;rience quotidienne en famille, avec des amis ou des camarades, &agrave; partir des m&eacute;dias ou d&rsquo;autres &eacute;l&eacute;ments qui font partie de son environnement&nbsp;;</p> <p>- l&rsquo;&eacute;ducation non-formelle: elle englobe les activit&eacute;s &eacute;ducatives organis&eacute;es en dehors du syst&egrave;me officiel, orient&eacute;es vers un segment particulier de la population et poursuivant des objectifs &eacute;ducatifs bien d&eacute;finis.</p> <p>Mintsa M&rsquo;obiang (2017) d&eacute;taille ces trois composantes.</p> <p>L&rsquo;&eacute;ducation formelle dite scolaire est donn&eacute;e dans les institutions d&rsquo;enseignement (&eacute;coles), par des enseignants permanents, dans le cadre de programmes d&rsquo;&eacute;tudes d&eacute;termin&eacute;s. Ce type d&rsquo;&eacute;ducation est caract&eacute;ris&eacute; par une certaine rigidit&eacute;, avec des structures horizontales (classes d&rsquo;&acirc;ge homog&egrave;nes et cycles hi&eacute;rarchis&eacute;s) et des conditions d&rsquo;admission d&eacute;finis pour tous. &laquo;&nbsp;Cet enseignement se veut universel et s&eacute;quentiel, normalis&eacute; et institutionnalis&eacute; avec une certaine permanence (pour ceux qui ne sont pas exclus du syst&egrave;me)&nbsp;&raquo; (Unesco, 2016).</p> <p>L&rsquo;&eacute;ducation dite informelle (ou encore parall&egrave;le, accessoire, occasionnelle, diffuse, spontan&eacute;e) concerne des activit&eacute;s d&rsquo;instruction non structur&eacute;es, des processus d&rsquo;apprentissage r&eacute;sultant de l&rsquo;interaction&nbsp; entre l&rsquo;apprenant et son environnement. Un individu apprend par l&rsquo;interaction avec cet environnement non structur&eacute;. Il en va ainsi de l&rsquo;acquisition de la langue, des valeurs culturelles, des attitudes et des croyances g&eacute;n&eacute;rales, des comportements de la vie quotidienne&nbsp;: la famille, les &eacute;glises, le secteur associatif, les groupes de pairs, les moyens de communication sociales, les m&eacute;dias de masse, sont les principaux vecteurs de cette &eacute;ducation.</p> <p>L&rsquo;&eacute;ducation non formelle concerne toute activit&eacute; &eacute;ducative organis&eacute;e en dehors du syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;ducation formel &eacute;tabli et destin&eacute;e &agrave; servir des client&egrave;les et &agrave; atteindre des objectifs d&rsquo;instruction identifiables (Combs et al., 1973). Elle concerne ce que l&rsquo;on appelle parfois l&rsquo;apprentissage tout au long de la vie toute sa vie, dans le cadre de ce que l&rsquo;on appelle commun&eacute;ment l&rsquo;av&egrave;nement de la soci&eacute;t&eacute; dite &nbsp;&laquo;&nbsp;apprenante&nbsp;&raquo;</p> <p>Mettons le focus sur l&rsquo;&eacute;ducation non formelle, dont rel&egrave;vent les actions d&rsquo;alphab&eacute;tisation. Lauwerier (2010) note que les sciences de l&rsquo;&eacute;ducation se sont pendant longtemps int&eacute;ress&eacute; avant tout &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole, n&eacute;gligeant toute &laquo; alternative &raquo; possible. Lauwerier voit l&agrave; une forme d&rsquo;ethnocentrisme de la discipline, concr&eacute;tis&eacute;e dans le pr&eacute;fixe n&eacute;gatif utilis&eacute; pour la d&eacute;nomination. Il poursuit la pr&eacute;sentation contrast&eacute;e entre les deux types d&rsquo;&eacute;ducation en pr&eacute;sentant un tableau auquel il reconna&icirc;t des m&eacute;rites mais qu&rsquo;il juge lui-m&ecirc;me trop fort, trop syst&eacute;matique.</p> <p style="text-align: center;"><img height="272" src="https://www.numerev.com/img/ck_36_6_image-20240904104006-12.png" width="602" /></p> <p>&nbsp;</p> <p>Lauwerier nuance ces oppositions en faisant remarquer que les analyses des terrains &eacute;ducatifs r&eacute;v&egrave;lent en fait des continuums de formes d&rsquo;apprentissage plus ou moins &eacute;loign&eacute;es &ndash; et donc alternatives &ndash; de la forme scolaire. On pourra observer ce fait dans la partie 4 consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;tude du terrain malien. Gasse (2024) va dans le m&ecirc;me sens et consid&egrave;re l&rsquo;&eacute;ducation non formelle comme un espace d&rsquo;entre deux entre l&rsquo;&eacute;ducation formelle et l&rsquo;&eacute;ducation informelle, &laquo;&nbsp;une voie parall&egrave;le ou passerelle d&rsquo;opportunit&eacute;s, de dispositifs souples, flexibles, un laboratoire exp&eacute;rimental d&rsquo;innovations p&eacute;dagogiques, de domaines transversaux d&rsquo;apprentissage, en interaction avec une diversit&eacute; de public - b&eacute;n&eacute;ficiaires de ces actions et une multitude d&rsquo;acteurs pour les coordonner&nbsp;&raquo;.</p> <p>C&rsquo;est dans cette optique que l&rsquo;on va consid&eacute;rer l&rsquo;alphab&eacute;tisation, l&rsquo;un des domaines cl&eacute;s de l&rsquo;&eacute;ducation dite &laquo;&nbsp;non formelle&nbsp;&raquo;.</p> <h2>2. Enjeux et formes de l&rsquo;alphab&eacute;tisation en Afrique subsaharienne&nbsp;: alphab&eacute;tisation ou alphab&eacute;tisations&nbsp;?</h2> <p>De quoi parle-t-on exactement en parlant d&rsquo;alphab&eacute;tisation&nbsp;? Tant les enjeux que les formes sont multiples.</p> <h3>2.1. Entre d&eacute;veloppement &eacute;conomique et social et &eacute;mancipation des individus</h3> <p>La probl&eacute;matique de l&rsquo;alphab&eacute;tisation en Afrique subsaharienne ne concerne pas, comme en Europe, l&rsquo;insertion dans une soci&eacute;t&eacute; nouvelle, la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une int&eacute;gration passant par la langue, par l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; des niveaux requis pour des types de citoyennet&eacute;, par des parcours dans une soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;accueil.</p> <p>Il s&rsquo;agit en Afrique de n&eacute;cessit&eacute;s de d&eacute;veloppement du pays, celles-ci passant par le d&eacute;veloppement de ses citoyens. Si l&rsquo;on se place du point de vue des individus, il s&rsquo;agit de consid&eacute;rer l&rsquo;alphab&eacute;tisation comme un moyen d&rsquo;&eacute;mancipation, d&rsquo;empowerment. D&eacute;veloppement du pays, &eacute;mancipation&nbsp;: ces deux probl&eacute;matiques furent aussi celles des pays occidentaux &agrave; la fin du 19e si&egrave;cle et, largement encore, dans la premi&egrave;re moiti&eacute; du XXe si&egrave;cle. Apr&egrave;s la premi&egrave;re guerre mondiale, l&rsquo;alphab&eacute;tisation devint une priorit&eacute; pour le Royaume-Uni&nbsp;: &nbsp;le United Kingdom Report on Education (Rapport du Royaume-Uni sur l&#39;&Eacute;ducation) pr&eacute;sentait un programme politique pour l&rsquo;alphab&eacute;tisation, affirmant que chaque adulte avait besoin de formation continue&nbsp;; en URSS, le D&eacute;cret du Conseil des commissaires nationaux sur l&rsquo;&eacute;limination de l&rsquo;analphab&eacute;tisme parmi les populations de la R&eacute;publique socialiste f&eacute;d&eacute;rative sovi&eacute;tique de Russie obligeait &laquo;&nbsp;l&#39;ensemble de la population de la R&eacute;publique, &acirc;g&eacute;e de huit &agrave; cinquante ans, et qui ne savait lire ou &eacute;crire [&agrave;] apprendre &agrave; le faire soit dans sa langue maternelle, soit en russe.&nbsp;&raquo;</p> <h3>2.2. Alphab&eacute;tisation, alphab&eacute;tisations</h3> <p>Nous rejoignons Lauwerier (2010) qui pr&eacute;f&egrave;re utiliser le pluriel pour bien montrer la pluralit&eacute; des pratiques d&eacute;sign&eacute;es par ce terme&nbsp;; selon Street (2001), l&rsquo;alphab&eacute;tisation varie selon le lieu et le temps et correspond &agrave; des pratiques sp&eacute;cifiques. Ajoutons qu&rsquo;elle r&eacute;pond &agrave; des objectifs possiblement diff&eacute;rents&nbsp;:</p> <p>- l&rsquo;alphab&eacute;tisation en tant que comp&eacute;tence isol&eacute;e&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;une approche centr&eacute;e sur les processus de d&eacute;codage et d&rsquo;encodage de la lecture et de l&rsquo;&eacute;criture, possiblement en lien avec des comp&eacute;tences orales quand la langue d&rsquo;alphab&eacute;tisation n&rsquo;est pas connue, mais d&eacute;connect&eacute;s d&rsquo;autres comp&eacute;tences non linguistiques&nbsp;;</p> <p>- l&rsquo;alphab&eacute;tisation fonctionnelle&nbsp;: elle est con&ccedil;ue comme un instrument destin&eacute; &agrave; am&eacute;liorer la qualit&eacute; de vie et les moyens d&rsquo;existence&nbsp;en dotant l&rsquo;individu de nouvelles&nbsp; comp&eacute;tences de vie&nbsp;; conform&eacute;ment &agrave; la d&eacute;finition UNESCO de 1962, le but est de former &laquo;&nbsp;une personne qui a acquis les connaissances et comp&eacute;tences [linguistiques] indispensables &agrave; l&rsquo;exercice de toutes les activit&eacute;s o&ugrave; l&rsquo;alphab&eacute;tisation est n&eacute;cessaire pour jouer efficacement un r&ocirc;le dans son groupe et sa communaut&eacute; et dont les r&eacute;sultats atteints en &nbsp;lecture en &eacute;criture et en arithm&eacute;tique sont tels qu&rsquo;ils lui permettent de continuer &agrave; mettre ces aptitudes au service de son d&eacute;veloppement propre et du d&eacute;veloppement de la communaut&eacute; et de participer activement &agrave; la vie de son pays.&nbsp;&raquo; Cette d&eacute;finition change la finalit&eacute; de l&rsquo;alphab&eacute;tisation&nbsp;: de fin en soi, elle devient un moyen service du d&eacute;veloppement.</p> <p>- l&rsquo;alphab&eacute;tisation, outil d&rsquo;autonomisation&nbsp;: elle est envisag&eacute;e comme moyen de comprendre le monde, de s&rsquo;interroger, de probl&eacute;matiser les structures sociales et l&rsquo;exercice du pouvoir, faisant ainsi de l&rsquo;alphab&eacute;tisation un processus lib&eacute;rateur&nbsp;; ce paradigme appara&icirc;t &agrave; la fin des ann&eacute;es 1960 avec l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une nouvelle p&eacute;dagogie militante, qui relie l&#39;alphab&eacute;tisation &agrave; la lib&eacute;ration&nbsp;; d&eacute;velopp&eacute;e surtout par Paolo Freire, elle constitue une troisi&egrave;me voie en alphab&eacute;tisation qui part du monde et du v&eacute;cu de la personne analphab&egrave;te, qui repose sur une relation &eacute;galitaire entre l&rsquo;intervenant(e) et l&rsquo;apprenant(e) et encourage l&rsquo;&eacute;mergence de capacit&eacute;s critiques transformatrices de la r&eacute;alit&eacute; des citoyens. Ce paradigme militant n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; sans effet sur les d&eacute;finitions institutionnellement dominantes&nbsp;: en 1975, l&#39;UNESCO modifiait sa d&eacute;finition initiale lors de la D&eacute;claration de Pers&eacute;polis, &agrave; l&rsquo;occasion du dixi&egrave;me Anniversaire du Congr&egrave;s des Ministres de l&#39;&Eacute;ducation pour l&#39;&Eacute;radication de l&#39;Analphab&eacute;tisme. L&#39;UNESCO d&eacute;finissait alors l&#39;alphab&eacute;tisation comme &quot;n&#39;&eacute;tant pas simplement un processus d&#39;acquisition des comp&eacute;tences en lecture, &eacute;criture ou calcul, mais une contribution &agrave; la lib&eacute;ration de l&#39;humanit&eacute; et &agrave; son entier d&eacute;veloppement. L&#39;alphab&eacute;tisation n&#39;est pas une fin en soi, c&#39;est un droit fondamental.&quot; (Secr&eacute;tariat International de Coordination de l&#39;Alphab&eacute;tisation, 1975).</p> <p>La premi&egrave;re des trois approches est techniciste, limit&eacute;e dans sa vision.</p> <p>Les deux autres consid&egrave;rent l&rsquo;alphab&eacute;tisation comme une pratique sociale tenant compte de la diversit&eacute; et de la pluralit&eacute; de l&rsquo;alphab&eacute;tisation li&eacute;es aux diff&eacute;rents contextes et modes de vie des apprenants. Ces approches de l&rsquo;alphab&eacute;tisation supposent la participation et l&rsquo;implication des communaut&eacute;s, ce qui explique que dans la plupart des pays l&rsquo;alphab&eacute;tisation soit g&eacute;r&eacute;e &agrave; un niveau d&eacute;concentr&eacute; par diff&eacute;rents acteurs qui s&rsquo;occupent particuli&egrave;rement de la mise en &oelig;uvre des politiques d&rsquo;alphab&eacute;tisation. Les financeurs sont les bailleurs de fonds et les services &eacute;tatiques, pendant que les ONG et autres associations de la soci&eacute;t&eacute; civile font la mise en &oelig;uvre, avec parfois des philosophies diff&eacute;rentes. L&rsquo;implication des communaut&eacute;s se traduit des financements, en esp&egrave;ce ou en nature, le pr&ecirc;t de locaux, le choix de la langue d&rsquo;enseignement ou le recrutement des enseignants provenant g&eacute;n&eacute;ralement de la communaut&eacute; m&ecirc;me.</p> <p>Nous dresserons plus loin un panorama de la vari&eacute;t&eacute; des acteurs.</p> <h2>3. Besoins d&rsquo;alphab&eacute;tisation sur le continent africain</h2> <p>Les enjeux et mod&egrave;les d&rsquo;alphab&eacute;tisation ayant &eacute;t&eacute; discut&eacute;s, il reste &agrave; estimer les besoins, ce qui pose la question de la d&eacute;finition de l&rsquo;analphab&eacute;tisme et de son &eacute;valuation.</p> <h3>3.1. La difficile question de la mesure de l&rsquo;analphab&eacute;tisme</h3> <p>Mingat, Ndem, Seurat (2013) probl&eacute;matisent cette question absolument essentielle.</p> <p>L&rsquo;alphab&eacute;tisme est traditionnellement mesur&eacute; &agrave; l&rsquo;aide de trois m&eacute;thodes&nbsp;:</p> <p>- la d&eacute;claration des enqu&ecirc;t&eacute;s lors d&rsquo;un recensement ou d&rsquo;une autre enqu&ecirc;te (auto-&eacute;valuation)&nbsp;;</p> <p>- l&rsquo;&eacute;valuation par un tiers, le plus souvent le chef de m&eacute;nage, indiquant le niveau d&rsquo;alphab&eacute;tisme des membres de son m&eacute;nage&nbsp;;</p> <p>- le nombre d&rsquo;ann&eacute;es de scolarisation (Unesco, 2006). Depuis 2006, l&rsquo;Unesco a abandonn&eacute; le recours aux taux de scolarisation pour estimer l&rsquo;alphab&eacute;tisme des individus pour se baser uniquement sur des questions directes concernant l&rsquo;alphab&eacute;tisme &agrave; partir des recensements et des enqu&ecirc;tes.</p> <p>Pour Mingat et al. (2013, paragraphe 9), le premier probl&egrave;me est que les donn&eacute;es de recensements utilis&eacute;es pour les diff&eacute;rents pays ne refl&egrave;tent pas une d&eacute;finition uniforme de l&rsquo;analphab&eacute;tisme. Alors que, dans certains pays, l&rsquo;analphab&eacute;tisme concerne les individus qui ne savent pas lire, dans d&rsquo;autres, les personnes analphab&egrave;tes sont d&eacute;finies comme &eacute;tant incapables de signer de leur nom ou d&rsquo;&eacute;crire une courte lettre et de lire la r&eacute;ponse. En Albanie, &agrave; Djibouti, au Niger, en Sierra L&eacute;one ou encore au S&eacute;n&eacute;gal, un individu alphab&egrave;te est capable de lire et d&rsquo;&eacute;crire&nbsp;; en &Eacute;thiopie, il doit savoir lire, &eacute;crire et comprendre une affirmation courte et simple de la vie quotidienne&nbsp;; au Sri Lanka, il doit disposer de comp&eacute;tences minimales en langue. Enfin, deux pays (Madagascar et Pakistan) d&eacute;finissent l&rsquo;alphab&eacute;tisation en termes &agrave; la fois d&rsquo;ann&eacute;es de scolarisation et de comp&eacute;tences. Ces diff&eacute;rences de d&eacute;finition de l&rsquo;alphab&eacute;tisme impliquent que ses &eacute;valuations ne porteront pas sur les m&ecirc;mes comp&eacute;tences, ce qui rend difficile la comparaison au niveau international ou m&ecirc;me r&eacute;gional.</p> <p>Une autre limite des estimations de l&rsquo;Unesco tient au fait que le niveau d&rsquo;alphab&eacute;tisme est estim&eacute; sur la base de leur d&eacute;claration du chef de m&eacute;nage interrog&eacute; lors du recensement, sans aucun test pour identifier les personnes analphab&egrave;tes.</p> <p>La derni&egrave;re limite (Mingat et al. 2013, paragraphe 11) tient aux diff&eacute;rences dans la d&eacute;finition de la population &eacute;tudi&eacute;e&nbsp;: si, dans la plupart des recensements, sont consid&eacute;r&eacute;s comme adultes les individus de plus de quinze ans, dans certains, cette limite est &agrave; cinq, sept ou dix ans&nbsp;; dans d&rsquo;autres, il n&rsquo;existe aucune limite d&rsquo;&acirc;ge. De plus, certains pays ne communiquent plus leurs donn&eacute;es, la question n&rsquo;&eacute;tant plus int&eacute;gr&eacute;e aux enqu&ecirc;tes dans ceux o&ugrave; les taux d&rsquo;alphab&eacute;tisation sont &eacute;lev&eacute;s (Pays-Bas, Su&egrave;de, Suisse, etc.)</p> <h3>3.2. Une approche quantitative des besoins en alphab&eacute;tisation</h3> <p>Toutes ces limites &eacute;tant sur les donn&eacute;es quantitatives pos&eacute;es en pr&eacute;ambule, une estimation quantitative des besoins pr&eacute;sente tout de m&ecirc;me un int&eacute;r&ecirc;t. L&rsquo;UNESCO communique en 2023 sur 775 millions de personnes concern&eacute;es dans le monde. La plupart sont en Afrique subsaharienne et le tableau ci-dessous donne une id&eacute;e &agrave; la fois des progr&egrave;s r&eacute;alis&eacute;s et du chemin &agrave; parcourir.</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_36_6_image-20240904103910-11.png" /></p> <p><a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SE.ADT.LITR.ZS?locations=ZG">https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SE.ADT.LITR.ZS?locations=ZG</a></p> <p>Source&nbsp;:&nbsp;Institut de statistique de l&#39;UNESCO</p> <p>Taux d&#39;alphab&eacute;tisation des adultes (15 ans et +) (%). Total qui correspond au pourcentage de la population &acirc;g&eacute;e de 15 ans et plus qui peut comprendre, lire et &eacute;crire de courts &eacute;nonc&eacute;s au sujet de sa vie quotidienne. G&eacute;n&eacute;ralement, l&#39;alphab&eacute;tisation inclut aussi les notions de calcul, c&#39;est-&agrave;-dire la capacit&eacute; de r&eacute;aliser des op&eacute;rations arithm&eacute;tiques simples. Cet indicateur est calcul&eacute; en divisant le nombre d&#39;alphab&egrave;tes &acirc;g&eacute;es de 15 ans et plus par la population du groupe d&#39;&acirc;ge correspondant et en multipliant le r&eacute;sultat par 100.</p> <p>&nbsp;</p> <p>En Afrique subsaharienne, la population des plus de 15 ans serait donc alphab&eacute;tis&eacute;e &agrave; proportion d&rsquo;un peu moins de deux adultes sur trois, quelle que soit la langue. Pour le dire autrement, un adulte sur trois a des besoins d&rsquo;alphab&eacute;tisation. La courbe, hors accidents en 2000, 2006, 2008, a une orientation r&eacute;guli&egrave;re&nbsp;: elle s&rsquo;infl&eacute;chit et semble arriver &agrave; un palier marquant une stagnation en 2017, sous les 70%.</p> <p>L&rsquo;Afrique du Nord et le Moyen Orient arrivent &agrave; un pourcentage plus &eacute;lev&eacute; de 80% comme le montre le graphique suivant&nbsp;:</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img height="348" src="https://www.numerev.com/img/ck_36_6_image-20240904103828-10.png" width="418" /></p> <p>&nbsp;</p> <p>Depuis 2014, dans ces deux r&eacute;gions du monde, on a &eacute;galement atteint une sorte de palier.</p> <p>Le graphique ci-dessous d&eacute;taille les taux d&rsquo;alphab&eacute;tisation par pays et dans le monde. Sa lecture de bas en haut montre assez dans quels pays les besoins sont les plus importants&nbsp;: l</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_36_6_image-20240904100508-4.png" /></p> <p>Source: <a href="https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/">CIA World Factbook</a> - Version du Janvier 1, 2020</p> <p>&nbsp;</p> <p>D&eacute;finition: Cette entr&eacute;e comprend une d&eacute;finition des pourcentages d&#39;alphab&eacute;tisation et du Bureau du recensement pour la population totale, hommes et femmes. Il n&#39;y a pas de d&eacute;finitions et de normes universelles d&#39;alphab&eacute;tisation. Sauf indication contraire, tous les taux sont bas&eacute;s sur la d&eacute;finition la plus courante - la capacit&eacute; de lire et d&#39;&eacute;crire &agrave; un &acirc;ge donn&eacute;. D&eacute;tailler les normes utilis&eacute;es par les diff&eacute;rents pays pour &eacute;valuer la capacit&eacute; de lire et d&#39;&eacute;crire d&eacute;passe la port&eacute;e du Factbook. L&#39;information sur l&#39;alphab&eacute;tisation, bien que n&#39;&eacute;tant pas une mesure parfaite des r&eacute;sultats scolaires, est probablement la plus facilement disponible et valable pour les comparaisons internationales. Les faibles niveaux d&#39;alphab&eacute;tisation et l&#39;&eacute;ducation en g&eacute;n&eacute;ral peuvent entraver le d&eacute;veloppement &eacute;conomique d&#39;un pays dans le monde actuel, en mutation rapide et domin&eacute; par la technologie.</p> <p>Les pays sah&eacute;liens figurent dans les derni&egrave;res places du classement, montrant l&rsquo;&eacute;tendue et l&rsquo;urgence des besoins.</p> <h3>3.3. La diversit&eacute; des besoins en termes de publics-cibles</h3> <p>Gasse (2024), qui a beaucoup travaill&eacute; &agrave; l&rsquo;analyse des situations d&rsquo;alphab&eacute;tisation au Mali, synth&eacute;tise en un sch&eacute;ma (repris de publications ant&eacute;rieures) la mani&egrave;re dont les deux limites de l&rsquo;&eacute;ducation formelle (un acc&egrave;s insuffisant et in&eacute;galitaire d&rsquo;une part, un faible rendement du syst&egrave;me &eacute;ducatif classique) l&rsquo;emp&ecirc;chent de r&eacute;pondre &agrave; la demande sociale.</p> <p style="text-align: center;"><img height="334" src="https://www.numerev.com/img/ck_36_6_image-20240904103615-8.png" width="506" /></p> <p>&nbsp;</p> <p>Elle a compl&eacute;t&eacute; cette approche syst&eacute;mique par une observation de terrain aupr&egrave;s d&rsquo;une vingtaine d&rsquo;ONG &oelig;uvrant au Mali, de mani&egrave;re &agrave; mieux cerner les profils des personnes fr&eacute;quentant les cours d&rsquo;alphab&eacute;tisation. Les r&eacute;sultats de son travail sont mis en &eacute;vidence dans un graphe en &eacute;toile&nbsp;:</p> <p style="text-align: center;"><img height="210" src="https://www.numerev.com/img/ck_36_6_image-20240904103507-7.png" width="360" /></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Le sch&eacute;ma tir&eacute; de ses observations de terrain permet de confirmer les hypoth&egrave;ses faites sur l&rsquo;identit&eacute; des personnes ayant des besoins d&rsquo;alphab&eacute;tisation&nbsp;: au premier rang les adultes analphab&egrave;tes (dont les personnes de sexe f&eacute;minin), puis les jeunes non scolaris&eacute;s ou d&eacute;scolaris&eacute;s sans avoir construit les apprentissages fondamentaux. Puis les ruraux, qui ont une moins bonne couverture par l&rsquo;enseignement formel. Dans les urbains, Gasse dit qu&rsquo;il faut voir la grande part occup&eacute;e par les ruraux qui viennent vivre dans les villes.</p> <h2>4. Institutions et structures impliqu&eacute;es dans la mise en &oelig;uvre de l&rsquo;alphab&eacute;tisation</h2> <p>L&rsquo;importance de l&rsquo;alphab&eacute;tisation au plan international est rappel&eacute;e chaque ann&eacute;e par la Journ&eacute;e internationale qui lui est consacr&eacute;e depuis 1965, le 8 septembre, et qui a &eacute;t&eacute; proclam&eacute;e par l&rsquo;UNESCO.</p> <p>En d&eacute;cembre 1999, l&rsquo;Assembl&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale des Nations Unies adoptait une r&eacute;solution en vue de la proclamation d&rsquo;une D&eacute;cennie des Nations Unies pour l&rsquo;alphab&eacute;tisation dans le cadre des efforts entrepris pour l&rsquo;&Eacute;ducation pour Tous. Cette initiative a &eacute;t&eacute; approuv&eacute;e par les participants d&rsquo;une table ronde sur ce sujet lors du Forum mondial sur l&rsquo;&eacute;ducation (Dakar, avril 2000), et sa mise en &oelig;uvre en a &eacute;t&eacute; confi&eacute;e &agrave; l&rsquo;UNESCO, qui est l&rsquo;acteur du syst&egrave;me des Nations Unies qui joue un r&ocirc;le moteur.</p> <p>Au terme de cette D&eacute;cennie, la n&eacute;cessit&eacute; de l&rsquo;alphab&eacute;tisation se faisait toujours sentir, on l&rsquo;a vu dans la partie pr&eacute;c&eacute;dente, et un grand nombre d&rsquo;acteurs interviennent sur ce terrain qu&rsquo;alimente aussi d&eacute;sormais la faible efficience du secteur formel.</p> <p>Nous allons tenter de d&eacute;plier le mille-feuilles institutionnel des acteurs intervenant dans le domaine en prenant l&rsquo;exemple du Mali.</p> <h3>4.1. Organisations internationales multilat&eacute;rales</h3> <p>Nous commen&ccedil;ons par les institutions internationales supra-&eacute;tatiques, celles qui regroupent plusieurs acteurs &eacute;tatiques, au premier rang desquelles l&rsquo;UNESCO.</p> <h4>4.1.1 UNESCO</h4> <p>Son r&ocirc;le moteur au niveau mondial se concr&eacute;tise par la production de documents de cadrage. Le dernier en date est la Strat&eacute;gie de l&rsquo;UNESCO pour l&rsquo;alphab&eacute;tisation des jeunes et des adultes (2020-2025)<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>, adopt&eacute;e en 2019 lors de la Quaranti&egrave;me conf&eacute;rence g&eacute;n&eacute;rale de cette institution.</p> <p>L&rsquo;UNESCO intervient &eacute;galement dans le domaine via &nbsp;son Institut pour l&#39;apprentissage tout au long de la vie (UIL) qui renforce les capacit&eacute;s des &Eacute;tats membres &agrave; mettre en place des politiques et des syst&egrave;mes d&#39;apprentissage tout au long de la vie efficaces et inclusifs, conform&eacute;ment &agrave; l&#39;Objectif de d&eacute;veloppement durable 4. L&rsquo;UIL vise &agrave; d&eacute;velopper des &eacute;cosyst&egrave;mes d&#39;apprentissage fonctionnant tout au long de la vie, dans tous les contextes et profitant &agrave; tous, en renfor&ccedil;ant les capacit&eacute;s aux niveaux local et national, en consolidant les partenariats et en proposant des donn&eacute;es et des connaissances. Il est un centre de ressource et d&rsquo;expertise pour l&rsquo;alphab&eacute;tisation dans le monde. &Agrave; titre d&rsquo;exemple, en 2007, l&rsquo;UIL proposait un document intitul&eacute; Faire la diff&eacute;rence: pratiques efficaces d&#39;alphab&eacute;tisation en Afrique<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>.</p> <p>L&rsquo;UNESCO est &eacute;galement intervenue &agrave; partir de 2017, en partenariat avec l&rsquo;entreprise Pearson<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a>. Le projet commun de l&rsquo;UNESCO-Pearson se penchait sur de nouvelles mani&egrave;res de permettre aux jeunes et aux adultes peu qualifi&eacute;s et peu instruits de tirer profit de technologies num&eacute;riques inclusives pour renforcer ensuite leurs comp&eacute;tences fondamentales et en alphab&eacute;tisation.</p> <p>Sur le terrain et donc au plus pr&egrave;s des acteurs, l&rsquo;UNESCO peut &eacute;galement intervenir dans des actions sp&eacute;cifiques. C&rsquo;est le cas au Mali o&ugrave;, en 2023, elle participait au renforcement des capacit&eacute;s de 50 femmes et jeunes ruraux sur les comp&eacute;tences de bases et les activit&eacute;s g&eacute;n&eacute;ratrices de revenus. Elle accompagnait financi&egrave;rement et logistiquement un projet appel&eacute; &laquo; Soutien &agrave; l&rsquo;auto-emploi de la jeunesse rurale, vecteur de paix et de coh&eacute;sion sociale au Mali&nbsp;&raquo;, pilot&eacute; par le Minist&egrave;re de l&rsquo;Entreprenariat, de l&rsquo;Emploi et de la Formation Professionnelle avec un public de femmes et de jeunes ruraux dans les localit&eacute;s de Yanfolila et de Kita.</p> <h4>4.1.2. Autres organisations internationales multilat&eacute;rales</h4> <p>L&rsquo;alphab&eacute;tisation au niveau mondial est soutenue par d&rsquo;autres organisations internationales multilat&eacute;rales&nbsp;:</p> <p>- Le Partenariat mondial pour l&rsquo;&Eacute;ducation (GPE)&nbsp;: le GPE<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a> est le plus grand fonds au monde d&eacute;di&eacute; exclusivement &agrave; transformer l&#39;&eacute;ducation dans les pays &agrave; faible revenu. Depuis 20 ans, le Partenariat mondial pour l&#39;&eacute;ducation octroie des fonds et soutient des solutions visant &agrave; construire des syst&egrave;mes &eacute;ducatifs solides et r&eacute;silients dans les pays touch&eacute;s par l&#39;extr&ecirc;me pauvret&eacute; ou les conflits, afin que davantage d&#39;enfants, les filles en particulier, re&ccedil;oivent l&#39;&eacute;ducation dont ils ont besoin pour s&#39;&eacute;panouir et contribuer &agrave; la construction d&#39;un monde plus prosp&egrave;re et durable. Le GPE rassemble tous les partenaires investis dans l&#39;&eacute;ducation - pays &agrave; faible revenu, bailleurs de fonds, organisations internationales, soci&eacute;t&eacute; civile, y compris les organisations de jeunes et d&#39;enseignants, le secteur priv&eacute; et les fondations priv&eacute;es - afin que leur travail commun contribue &agrave; transformer les syst&egrave;mes &eacute;ducatifs en se concentrant particuli&egrave;rement sur les lieux et les personnes ayant les plus grands besoins.</p> <p>- L&rsquo;Alliance mondiale pour l&#39;alphab&eacute;tisation dans le cadre de l&#39;apprentissage tout au long de la vie (GAL) a &eacute;t&eacute; lanc&eacute;e en 2016 pour faire progresser les efforts mondiaux en mati&egrave;re d&#39;alphab&eacute;tisation et relever les d&eacute;fis li&eacute;s &agrave; la promotion de l&#39;alphab&eacute;tisation dans le monde. L&rsquo;UIL de l&rsquo;UNESCO lui sert de secr&eacute;tariat. Elle rassemble 30 pays<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a>.</p> <p>- La Banque mondiale&nbsp;: en 2019, cette institution financi&egrave;re, pour mettre en lumi&egrave;re l&rsquo;ampleur du probl&egrave;me, a &eacute;labor&eacute; le nouveau concept de &laquo;&nbsp;pauvret&eacute; des apprentissages&nbsp;&raquo; en s&rsquo;appuyant sur une nouvelle base de donn&eacute;es constitu&eacute;e avec l&rsquo;UIL. Ce nouvel indicateur rend compte de la proportion d&rsquo;enfants incapables de lire et comprendre un texte simple &agrave; l&rsquo;&acirc;ge de dix ans, une statistique qui est donc bien en rapport avec les besoins d&rsquo;alphab&eacute;tisation<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title="">[8]</a>. Cet indicateur r&eacute;sulte de la combinaison de donn&eacute;es sur la scolarisation et sur les acquis scolaires&nbsp;corrig&eacute;e en fonction de la proportion d&rsquo;enfants qui ne sont pas scolaris&eacute;s (et dont on suppose qu&rsquo;ils ne savent pas bien lire).&nbsp;En tant qu&rsquo;organisme financier, elle est un des bailleurs finan&ccedil;ant des Minist&egrave;res et des ONG internationales travaillant dans ce domaine.</p> <p>- L&rsquo;Association pour le D&eacute;veloppement de l&rsquo;Education en Afrique (ADEA)&nbsp;: on trouve sur le site de cette association internationale&nbsp; de nombreuses traces de ses actions en mati&egrave;re d&rsquo;alphab&eacute;tisation<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[9]</a>. Elle a notamment suscit&eacute; en son sein l&rsquo;&eacute;mergence, entre 1996 et 2018, d&rsquo;un Groupe de travail sur l&rsquo;&eacute;ducation non. Formelle (GTENF) avec la participation et le soutien des pays suivants. &agrave; travers leurs minist&egrave;res de l&#39;&eacute;ducation et agences d&#39;aide au d&eacute;veloppement&nbsp;: S&eacute;n&eacute;gal, Namibie, Lesotho, le Zanzibar, Mauritanie, Gambie, Burkina Faso, Ghana, la Direction du D&eacute;veloppement et de la Coop&eacute;ration ou DDC (Suisse), le Secr&eacute;tariat du Commonwealth, l&#39;UNESCO et le Club du Sahel. Le Groupe a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute; pour &eacute;tudier la nature et l&#39;impact de nombreuses formes d&#39;&eacute;ducation offertes hors du cadre scolaire, dont celles destin&eacute;es aux adultes.</p> <h4>4.1.3. Coop&eacute;rations nationales</h4> <p>Aux c&ocirc;t&eacute;s de ces organisations internationales et pour contribuer &agrave; la mise en &oelig;uvre des politiques nationales interviennent &eacute;galement des acteurs relevant de ce que l&rsquo;on appelle les coop&eacute;rations bilat&eacute;rales. Si l&rsquo;on prend un pays comme le Mali, le Minist&egrave;re fran&ccedil;ais des Affaires &eacute;trang&egrave;res et europ&eacute;ennes (MAEE), l&rsquo;Agence fran&ccedil;aise de D&eacute;veloppement (AFD), l&rsquo;United States Agency for International Development am&eacute;ricaine (USAID), l&rsquo;Agence canadienne de d&eacute;veloppement international apportent leur contribution, soit directement aupr&egrave;s des structures d&eacute;concentr&eacute;es d&rsquo;alphab&eacute;tisation dont il va &ecirc;tre question plus loin, soit par le soutien &agrave; des ONG maliennes, pr&eacute;sentation &agrave; venir &eacute;galement.</p> <h3>4.2. ONG internationales</h3> <p>Des ONG internationales interviennent en Afrique subsaharienne, au Mali, en mati&egrave;re d&rsquo;alphab&eacute;tisation. On peut citer&nbsp;:</p> <p>- Plan international&nbsp;: cette ONG travaille depuis 1976 pour le d&eacute;veloppement des droits des enfants et m&egrave;ne beaucoup d&rsquo;actions en alphab&eacute;tisation&nbsp;; elle est tr&egrave;s implant&eacute;e de la r&eacute;gion qui va de S&eacute;gou (au Nord de Bamako) au sud du pays&nbsp;;</p> <p>- Terre des Hommes&nbsp;: cette ONG bas&eacute;e &agrave; Lausanne intervient dans les zones de conflit du Nord du Mali pour l&rsquo;&eacute;ducation<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[10]</a>, et y travaille en partenariat avec l&rsquo;ONG malienne Enda Tiers monde, ainsi qu&rsquo;avec des associations locales dont l&rsquo;association f&eacute;minine d&eacute;nomm&eacute;e Faraben, qui veut dire &laquo; la fin de la souffrance &raquo;. Le programme de Terre des Hommes est soutenu par l&rsquo;USAID dont il a &eacute;t&eacute; question plus haut.</p> <p>- Caritas&nbsp;: l&rsquo;ONG chr&eacute;tienne Caritas-Mali dioc&egrave;se soutient l&rsquo;alphab&eacute;tisation des enfants d&eacute;munis dans la r&eacute;gion de S&eacute;gou.</p> <h3>4.3. ONG maliennes</h3> <p>La revue des acteurs internationaux a fait appara&icirc;tre que ceux-ci travaillaient souvent avec des ONG maliennes, charg&eacute;es de la mise en &oelig;uvre.</p> <p>Padev Mali est un site qui recense de tr&egrave;s nombreuses ONG maliennes intervenant dans le domaine du d&eacute;veloppement. En tapant alphab&eacute;tisation dans le moteur de recherche<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[11]</a>, on trouve pas moins de 45 organisations.</p> <p>Nous laissons le lecteur explorer les acteurs, leurs projets, les publics b&eacute;n&eacute;ficiaires.</p> <h3>4.4. Structures nationales &eacute;tatiques maliennes</h3> <p>Le Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation inclut l&rsquo;alphab&eacute;tisation dans son p&eacute;rim&egrave;tre. Sa d&eacute;nomination, Minist&egrave;re de l&#39;Education, de l&#39;Alphab&eacute;tisation et des Langues Nationales, montre combien les limites entre &laquo;&nbsp;formel&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;non formel&nbsp;&raquo; sont en r&eacute;alit&eacute; floues. Ce flou se retrouve &eacute;galement dans le fait que des structures d&rsquo;alphab&eacute;tisation sont bien dans le p&eacute;rim&egrave;tre de l&rsquo;action d&rsquo;une Direction, la Direction nationale de l&rsquo;Education de base et de l&rsquo;alphab&eacute;tisation. Ces structures sont d&eacute;taill&eacute;es au point suivant.</p> <p>L&rsquo;alphab&eacute;tisation s&rsquo;appuie &eacute;galement sur le Centre national de ressources de l&rsquo;&eacute;ducation non formelle&nbsp;: <a href="https://www.facebook.com/people/Centre-National-des-Ressources-de-lEducation-Non-Formelle-Cnr-Enf/100063578486169/">https://www.facebook.com/people/Centre-National-des-Ressources-de-lEducation-Non-Formelle-Cnr-Enf/100063578486169/</a>.</p> <h3>4.5. Structures d&eacute;concentr&eacute;es maliennes</h3> <p>L&rsquo;alphab&eacute;tisation est conduite pour l&rsquo;essentiel par le biais de centres d&rsquo;alphab&eacute;tisation qui ne sont pas sans liens avec le Minist&egrave;re, on l&rsquo;a vu. Gasse (2024) pr&eacute;sente la diversit&eacute; de ces structures et des publics qu&rsquo;elles accueillent.</p> <h4>4.5.1. Les &eacute;coles communautaires</h4> <p>Il s&rsquo;agit de structures &eacute;ducatives &agrave; l&rsquo;initiative des organisations de la soci&eacute;t&eacute; civile et de partenaires ext&eacute;rieurs&nbsp;: elles sont &agrave; destination d&rsquo;un public exclu du syst&egrave;me formel &acirc;g&eacute; de 9-15 ans. Elles sont majoritairement pr&eacute;sentes en zone rurale&nbsp;; les jeunes y suivent le programme officiel. Ces &eacute;coles sont presque aussi nombreuses que les &eacute;coles primaires. On voit bien ici le flou entre secteurs formel et non formel. La diff&eacute;rence essentielle entre les deux types d&rsquo;&eacute;cole tient&nbsp; donc &agrave; la nature du public re&ccedil;u mais surtout &agrave; l&rsquo;investissement tr&egrave;s fort de la communaut&eacute; villageoise dans le fonctionnement&nbsp;: elles recrutent les enseignants, les paient en esp&egrave;ces ou en nature, offrent des locaux. L&rsquo;alphab&eacute;tisation peut se faire en langues nationales ou en fran&ccedil;ais.</p> <h4>4.5.2. Les &eacute;coles confessionnelles : m&eacute;dersas et &eacute;coles coraniques</h4> <p>Le d&eacute;veloppement de la sph&egrave;re islamique dans les ann&eacute;es 1990 a constitu&eacute; un terrain fertile au d&eacute;veloppement d&rsquo;&eacute;tablissements de nature confessionnelle pour r&eacute;pondre &agrave; une demande sociale croissante non satisfaite par le secteur formel &laquo;&nbsp;classique&nbsp;&raquo;, en fran&ccedil;ais ou bilingue langue nationale-fran&ccedil;ais.</p> <p>Les &eacute;coles coraniques accueillent les enfants sans limite d&rsquo;&acirc;ge, l&rsquo;&eacute;ducation &agrave; l&rsquo;islam est le seul programme enseign&eacute; et ces structures sont &agrave; fonctionnement exclusivement priv&eacute;. Il est difficile d&rsquo;en conna&icirc;tre le nombre exact. Elles tiennent souvent lieu de pr&eacute;-scolaire, ce secteur &eacute;tant tr&egrave;s peu d&eacute;velopp&eacute;. L&rsquo;alphab&eacute;tisation se fait en arabe, limit&eacute;e &agrave; la connaissance du Coran alors que la langue arabe n&rsquo;est pas connue des enfants.</p> <p>&Agrave; leurs c&ocirc;t&eacute;s, les m&eacute;dersas accueillent les enfants &agrave; partir de six ans, l&rsquo;enseignement dispens&eacute; suit &agrave; 50 % le programme officiel et 50 % l&rsquo;enseignement religieux. Ces m&eacute;dersas sont des &eacute;coles priv&eacute;es sous contrat avec l&rsquo;&eacute;tat. Elles sont de ce fait un &eacute;l&eacute;ment central du dispositif &eacute;ducationnel au Mali.</p> <h4>4.5.3. Les CED &ndash; Centres d&rsquo;&Eacute;ducation au D&eacute;veloppement</h4> <p>Ces centres sont les structures majeures de l&rsquo;alphab&eacute;tisation. Ils accueillent les jeunes de 9-15 ans, sont ouverts aux filles et gar&ccedil;ons non scolaris&eacute;s ou d&eacute;scolaris&eacute;s pr&eacute;coces. La formation dispens&eacute;e, g&eacute;n&eacute;rale et professionnelle, s&rsquo;&eacute;tend sur quatre ann&eacute;es. La mise en &oelig;uvre des activit&eacute;s des CED est assur&eacute;e par la communaut&eacute; dans un cadre de partenariat entre l&rsquo;&Eacute;tat, les Collectivit&eacute;s territoriales, et la soci&eacute;t&eacute; civile par le biais d&rsquo;ONG partenaires au d&eacute;veloppement.</p> <h4>4.5.4. Les Centres d&rsquo;Alphab&eacute;tisation Fonctionnelle (CAF)</h4> <p>Cette structure d&rsquo;&eacute;ducation non formelle et de formation rel&egrave;ve aussi des communaut&eacute;s&nbsp;: elle est ouverte aux adultes, femmes et hommes &acirc;g&eacute;s de plus de seize ans, aux jeunes analphab&egrave;tes et aux d&eacute;scolaris&eacute;s pr&eacute;coces. La dur&eacute;e d&rsquo;une campagne d&rsquo;alphab&eacute;tisation varie de 450 &agrave; 480 heures.</p> <h4>4.5.5. Les Centres d&rsquo;Apprentissage F&eacute;minin (CAF&eacute;)</h4> <p>Cette structure d&rsquo;&eacute;ducation non formelle et de formation qualifiante rel&egrave;ve aussi des communaut&eacute;s. Elle est ouverte aux filles et aux femmes non scolaris&eacute;es ou d&eacute;scolaris&eacute;es, &acirc;g&eacute;es de 16- 45 ans.</p> <h4>4.5.6. Les Centres d&rsquo;&Eacute;ducation pour l&rsquo;Int&eacute;gration (CEI)</h4> <p>Enfin les CEI, relevant des communaut&eacute;s, ouverts aux filles et gar&ccedil;ons de 9-15 ans non scolaris&eacute;s ou d&eacute;scolaris&eacute;s, aux femmes et hommes &acirc;g&eacute;s de 16 ans et plus. Le cycle de formation dans les CEI est de 2 &agrave; 4 ans, alternant formation th&eacute;orique et formation qualifiante. Depuis 2011, des centres pilotes transfrontaliers Mali-Burkina Faso sont positionn&eacute;s au sein de la fronti&egrave;re sah&eacute;lienne afin d&rsquo;axer leurs programmes sur l&rsquo;apprentissage des langues nationales transfrontali&egrave;res dans l&rsquo;optique de s&rsquo;adapter aux flux migratoires. Il s&rsquo;agit d&rsquo;espaces socio-&eacute;ducatifs multifonctionnels au service de l&rsquo;int&eacute;gration et du d&eacute;veloppement. La mise en &oelig;uvre des activit&eacute;s de ces centres est assur&eacute;e en grande partie par la communaut&eacute; dans un cadre de partenariat entre l&rsquo;&Eacute;tat, les Collectivit&eacute;s territoriales, la soci&eacute;t&eacute; civile et les partenaires au d&eacute;veloppement.</p> <p>Une possibilit&eacute; de passerelle est offerte aux finalistes de l&rsquo;&Eacute;ducation Non Formelle vers le syst&egrave;me formel et les structures de formation qualifiante. Un arr&ecirc;t&eacute; interminist&eacute;riel des ministres en charge de l&rsquo;&Eacute;ducation et de la Formation professionnelle fixe les modalit&eacute;s d&rsquo;organisation de cette passerelle.</p> <p>Ce tableau d&rsquo;ensemble, dress&eacute; &agrave; partir de Gasse (2024), montre que plut&ocirc;t qu&rsquo;une distinction nette entre enseignement formel et non formel existe de fait un continuum de structures avec un contr&ocirc;le plus ou moins important de l&rsquo;&Eacute;tat, corr&eacute;l&eacute; &agrave; un investissement compensatoire des communaut&eacute;s. Peu pr&eacute;sentes dans l&rsquo;organisation de l&rsquo;enseignement dit formel, elles sont au premier plan dans l&rsquo;offre d&rsquo;alphab&eacute;tisation.</p> <h2>5. Langues et alphab&eacute;tisation</h2> <p>La question de la langue de l&rsquo;alphab&eacute;tisation est bien &eacute;videmment centrale. D&egrave;s les ind&eacute;pendances, des voix se pronon&ccedil;aient en faveur d&rsquo;apprentissages r&eacute;alis&eacute;s dans la langue la mieux comprise des apprenants. Traor&eacute; (1967&nbsp;: 215) &eacute;crivait&nbsp;:</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Et pr&ecirc;tons l&#39;oreille &agrave; des leaders du tiers-monde qui ont s&eacute;rieusement analys&eacute; le grave probl&egrave;me de l&#39;analphab&eacute;tisme des individus qui constituent les forces vives de leurs pays en voie de d&eacute;veloppement.</p> <p>- &laquo; L&#39;alphab&eacute;tisation en langue &eacute;trang&egrave;re n&#39;aboutit g&eacute;n&eacute;ralement qu&#39;&agrave; des r&eacute;sultats m&eacute;diocres. &raquo;</p> <p>- &laquo; Pour alphab&eacute;tiser une importante fraction des popuIations adultes en un temps relativement limit&eacute;, il faut n&eacute;cessairement enseigner la lecture et l&#39;&eacute;criture d&rsquo;une langue d&eacute;j&agrave;</p> <p>parl&eacute;e par les adultes, langue dont ils connaissent profond&eacute;ment les pens&eacute;es subtiles et complexes. &raquo;</p> <p>- &laquo;&nbsp;Les langues nationales connues ne sont pas des langues fix&eacute;es : il faut recourir au service des linguistes&nbsp;&raquo;. &raquo;</p> </blockquote> <p>L&#39;UNESCO a depuis longtemps mis en &eacute;vidence<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[12]</a> que tous facteurs consid&eacute;r&eacute;s, les programmes en langue premi&egrave;re avaient la plus grande chance de succ&egrave;s. Pourtant, de nombreux programmes n&eacute;gligent le multilinguisme, qui est pourtant la norme en Afrique. Les langues africaines, les langues les plus utilis&eacute;es par les habitants du continent africain et par les diasporas africaines, continuent &agrave; &ecirc;tre d&eacute;valoris&eacute;es&nbsp;: en mati&egrave;re d&rsquo;alphab&eacute;tisation, beaucoup souffrent de ne pouvoir &ecirc;tre adoss&eacute;es &agrave; un fort corpus &eacute;crit et donc de ne pouvoir ensuite &ecirc;tre pleinement utiles, une fois les comp&eacute;tences de base acquises en lecture-&eacute;criture. Elles servent donc souvent de tremplin vers les langues de la communication internationale (anglais, fran&ccedil;ais, portugais et espagnol), qui sont souvent celles des programmes de post-alphab&eacute;tisation, une fois pass&eacute; les premiers apprentissages.</p> <p>Au Mali, tous les centres reconnus comme s&rsquo;inscrivant dans le cadre de l&rsquo;&eacute;ducation non formelle utilisent les langues nationales pour lire et &eacute;crire, que ce soit les Centres d&rsquo;alphab&eacute;tisation fonctionnelle (CAF), les Centres d&rsquo;&eacute;ducation pour le d&eacute;veloppement (CED) ou les Centres d&rsquo;apprentissage f&eacute;minin (CAFE). Ce type d&rsquo;&eacute;ducation se distingue donc aussi de cette mani&egrave;re du syst&egrave;me classique dont l&rsquo;enseignement est encore massivement en fran&ccedil;ais<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title="">[13]</a>, en d&eacute;pit des efforts faits depuis 2005 pour aller vers des syst&egrave;mes bilingues, avec les premi&egrave;res ann&eacute;es fonctionnant en langues nationales.&nbsp; Le Document de politique nationale de l&rsquo;&eacute;ducation non formelle a inscrit comme principe n&deg; 5 le fait que &laquo; le bilinguisme est appliqu&eacute; dans l&rsquo;&eacute;ducation non formelle &raquo; (Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation de base, de l&rsquo;Alphab&eacute;tisation et des Langues nationales du Mali, 2007, p. 31). Cette inscription est diversement interpr&eacute;table. On peut y voir la manifestation de ce statut de langue tremplin r&eacute;serv&eacute; aux langues nationales, et donc une concession &agrave; la forte demande sociale concernant le fran&ccedil;ais, ou bien y lire, de mani&egrave;re positive, les ambitions d&rsquo;une politique r&eacute;solument et fondamentalement multilingue, aussi bien dans le formel que dans le non-formel et donc la manifestation d&rsquo;un continuum entre les deux secteurs, affichant les m&ecirc;mes ambitions.</p> <p>Si l&rsquo;on veut &eacute;largir le regard sur la place faite aux langues africaines, au S&eacute;n&eacute;gal voisin, l&rsquo;ONG ARED<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title="">[14]</a>, cr&eacute;&eacute;e en 1990, joue une r&ocirc;le tr&egrave;s int&eacute;ressant, avec des financements venant des USA et, r&eacute;cemment, de Duba&iuml;.</p> <p>Sa premi&egrave;re langue &nbsp;de travail est le pulaar (&eacute;galement appel&eacute; fulfude), parl&eacute; par plus de 25 millions de personnes au Sahel. L&#39;ARED travaille surtout dans le Nord du S&eacute;n&eacute;gal en raison d&rsquo;une initiative populaire tr&egrave;s active de promotion de la connaissance du pulaar dans cette r&eacute;gion. Les ouvrages sont tout d&rsquo;abord r&eacute;dig&eacute;s en pulaar, afin de juger s&rsquo;ils correspondent aux besoins et aux niveaux des n&eacute;o-alphab&egrave;tes. Les ouvrages initialement publi&eacute;s en pulaar sont ensuite adapt&eacute;s &agrave; d&rsquo;autres dialectes du fulfulde, &agrave; d&rsquo;autres langues d&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest, ou bien traduits en fran&ccedil;ais. Aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;ARED r&eacute;pond aussi &agrave; des demandes adress&eacute;es par des organisations au S&eacute;n&eacute;gal, au Mali, au B&eacute;nin, au Burkina Faso et au Niger. Depuis 1992, plus de 150 titres ont &eacute;t&eacute; &eacute;dit&eacute;s, 800 000 livres vendus et plus de 450 formations dispens&eacute;es &agrave; plus de 9 000 participants.</p> <p>L&rsquo;ARED ne met pas en &oelig;uvre ses propres programmes d&rsquo;alphab&eacute;tisation sur le terrain, mais elle r&eacute;pond aux demandes de formation et de livres adress&eacute;es par des associations locales, d&rsquo;autres ONG, des projets bilat&eacute;raux, etc.</p> <p>Si une place est faite dans cet article &agrave; cette ONG, c&rsquo;est que son r&ocirc;le exc&egrave;de celui de l&rsquo;alphab&eacute;tisation con&ccedil;ue selon une acception techniciste. Allant au-del&agrave; des supports d&#39;alphab&eacute;tisation fondamentaux et fonctionnels, elle propose des supports tr&egrave;s complexes concernant les lois locales, l&rsquo;impact des projets de d&eacute;veloppement, le d&eacute;veloppement d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; civile, etc. &ndash; tout en offrant de bons supports de lecture tels que des romans, de la po&eacute;sie, des livres d&#39;histoire et de connaissances locales. L&rsquo;ARED est ainsi l&rsquo;un des rares &eacute;diteurs d&rsquo;Afrique de l&rsquo;Ouest &agrave; publier des livres qui encouragent la lecture pour le plaisir, de sorte que les nouveaux lecteurs peuvent s&rsquo;identifier &agrave; l&rsquo;histoire et aux personnages, plut&ocirc;t que simplement envisager la lecture en tant que moyen d&rsquo;apprendre quelque chose de nouveau.</p> <h2>Conclusion et prolongements</h2> <p>En moins de deux si&egrave;cles, la nature et les fonctions sociales de l&#39;alphab&eacute;tisation ont radicalement chang&eacute;. Cette conclusion est le lieu pour tracer aussi des perspectives futures. L&#39;utilisation de nouvelles techniques d&#39;apprentissage peut permettre d&#39;offrir de nombreuses opportunit&eacute;s pour une alphab&eacute;tisation simple et continue dans les programmes &eacute;ducatifs con&ccedil;us pour les jeunes et pour les adultes. Il n&rsquo;est pas &eacute;vident de parler de ces technologies dans des pays o&ugrave; internet, et m&ecirc;me l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute;, son parfois des luxes. Mais il ne faudrait pas a priori ne concevoir l&rsquo;alphab&eacute;tisation que dans le pr&eacute;sentiel et le support papier. L&#39;apprentissage &agrave; distance et les TIC peuvent faciliter le d&eacute;veloppement des comp&eacute;tences, favoriser l&#39;utilisation de supports &eacute;labor&eacute;s par les apprenants, stimuler la prise de conscience et la motivation des apprenants, soutenir et former les enseignants, faciliter la diffusion et l&#39;actualisation des supports p&eacute;dagogiques ainsi que de l&#39;information aupr&egrave;s des centres de documentation.</p> <p>Il est encore rare que les programmes d&rsquo;alphab&eacute;tisation pour adultes soient uniquement envisag&eacute;s avec ces m&eacute;dias, qui sont tout d&#39;abord utilis&eacute;s comme soutien aux programmes conventionnels ou comme composants d&#39;une approche multiple de l&#39;apprentissage de la lecture, de l&#39;&eacute;criture et du calcul.</p> <p>Mais des m&eacute;dias comme le t&eacute;l&eacute;phone, la radio, la t&eacute;l&eacute;vision et Internet peuvent et doivent aujourd&#39;hui avoir une place plus importante dans l&#39;alphab&eacute;tisation et dans tout effort d&#39;&eacute;ducation de base.</p> <p>Ainsi, au Nigeria, dans un pays o&ugrave; les nomades constituent environ 6 % de la population &nbsp;(9,4 millions d&rsquo;habitants, dont 3,1 millions d&rsquo;enfants en &acirc;ge scolaire), bergers (7 millions), p&ecirc;cheurs et agriculteurs migrants, la participation des nomades aux programmes d&rsquo;&eacute;ducation formelle et non-formelle existants est traditionnellement tr&egrave;s faible. En 2000, un programme radio pour le volet adulte de l&rsquo;Instruction interactive par la radio (IRI) a &eacute;t&eacute; d&eacute;velopp&eacute; et a servi de base &agrave; la production de 13 &eacute;missions visant &agrave; motiver les auditeurs &agrave; s&rsquo;engager dans une action sociale. Les &eacute;missions ont &eacute;t&eacute; diffus&eacute;es aux groupes d&rsquo;&eacute;coute radio, consid&eacute;r&eacute;s comme des centres d&rsquo;apprentissage, dans tous les &Eacute;tats de la F&eacute;d&eacute;ration. En Inde, &agrave; la fin de la d&eacute;cennie 1990 et depuis les ann&eacute;es 2000, des programmes d&rsquo;alphab&eacute;tisation (ou de soutien &agrave; la lecture dans le secteur formel) sont pass&eacute;s et continuent &agrave; passer par le sous-titrage syst&eacute;matique, dans la m&ecirc;me langue, des films et des programmes t&eacute;l&eacute;vis&eacute;s les plus regard&eacute;s<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title="">[15]</a>. Le co&ucirc;t n&rsquo;en est pas exorbitant, les retomb&eacute;es importantes.</p> <p>Ceci est un exemple d&rsquo;initiative peu &eacute;tudi&eacute;e, peu valoris&eacute;e, trouvant pourtant un &eacute;cho favorable aupr&egrave;s des communaut&eacute;s, des gouvernances locales et des d&eacute;cideurs publics.</p> <p>L&rsquo;alphab&eacute;tisation en Afrique sub-saharienne est un d&eacute;fi quantitatif et qualitatif&nbsp;: il faudra compter sur la synergie des acteurs et la diversit&eacute; des moyens.</p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>Bibliographie</b></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Akkari A. (2000). Au-del&agrave; de l&rsquo;ethnocentrisme en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation. In Dasen &nbsp;P. &amp; Perregaux C. (&Eacute;d.), <em><span calibri="" style="font-family:">Pourquoi des approches interculturelles en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation ?</span></em> (pp. 31-48). Bruxelles : De Boeck Universit&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Baba-Moussa A. R. (2020), &ldquo;L&rsquo;avenir des dispositifs d&rsquo;&eacute;ducation non formelle&rdquo;,&nbsp;<em><span calibri="" style="font-family:">Revue internationale d&rsquo;&eacute;ducation de S&egrave;vres</span></em>, 83, pp. 167-176.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Coombs P. H. (1985). <em><span calibri="" style="font-family:">The World Crisis in Education : The View from the Eighties</span></em>. Oxford : Oxford University Press.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Freire P. (1974). <em><span calibri="" style="font-family:">P&eacute;dagogie des opprim&eacute;s</span></em>. Paris : Petite collection Maspero.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gasse S. (2024). &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;ducation non formelle&nbsp;: un espace d&rsquo;entre deux au sein de situations sociales complexes pour rendre effectif le droit &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation&nbsp;&raquo;. <i>Phronesis</i>, 13, 77-94. <a href="https://www.cairn.info/revue--2024-1-page-77.htm" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.cairn.info/revue--2024-1-page-77.htm</a>.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lauwerier T. (2010). &ldquo;&Eacute;ducation non formelle, alphab&eacute;tisation et communaut&eacute;s locales en Afrique de l&#39;Ouest francophone&nbsp;&raquo;. Dans : Abdeljalil Akkari &eacute;d., <i>Transformations des syst&egrave;mes &eacute;ducatifs dans les pays du Sud: Entre globalisation et diversification</i> (pp. 279-300). </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mingat A.<strong><span calibri="" style="font-family:">, </span></strong>Ndem<strong><span calibri="" style="font-family:"> &nbsp;F. </span></strong>&amp; Seurat A., &ldquo;La mesure de l&rsquo;analphab&eacute;tisme en question. Le cas de l&rsquo;Afrique subsaharienne&rdquo;,&nbsp;<em><span calibri="" style="font-family:">Cahiers de la recherche sur l&rsquo;&eacute;ducation et les savoirs</span></em>, 12&nbsp;|&nbsp;2013, 25-47.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mintsa M&rsquo;obiang, D. (2017). Socialisation et scolarisation&nbsp;: mode d&rsquo;emploi de l&rsquo;&eacute;ducation non formelle en Afrique. <em><span calibri="" style="font-family:">Trayectorias Humanas Trascontinentales</span></em>, (2). <a href="https://doi.org/10.25965/trahs.506" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://doi.org/10.25965/trahs.506</a></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Puren L. &amp; Maurer B. (2018). <i>La crise de l&rsquo;apprentissage en Afrique subsaharienne. Regards crois&eacute;s sur la didactique des langues et les pratiques enseignantes</i>. Peter Lang. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Rogers A. (2005). <i>Non-Formal Education. </i><i>Flexible Schooling or Participatory Education ?</i> New York : Springer.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Street B. (2001). <i>Literacy and development : ethnographic perspectives</i>. Londres : Routledge.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Th&agrave;nh Kh&ocirc;i L. (1991). <i>L&rsquo;&eacute;ducation, cultures et soci&eacute;t&eacute;s</i>. Paris : Publications de la Sorbonne.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Traor&eacute; K.(1967). &laquo;&nbsp;La linguistique et l&#39;alphab&eacute;tisation&nbsp;&raquo;. <i>Pr&eacute;sence Africaine</i>, 1967/3 (N&deg; 63), pp. 215 &agrave; 222. DOI 10.3917/presa.063.0215</span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></a> Un second article dans ce num&eacute;ro tente d&rsquo;en aborder certaines, tr&egrave;s restreintes, &agrave; partir de manuels d&rsquo;une alphab&eacute;tisation bien particuli&egrave;re puisque faite en fran&ccedil;ais&nbsp;; cet article permet des comparaison avec les manuels d&rsquo;alphab&eacute;tisation en usage en contexte europ&eacute;en francophone mais sans aucune pr&eacute;tention &agrave; documenter l&rsquo;ensemble des pratiques didactiques d&rsquo;alphab&eacute;tisation, lesquelles passent le plus souvent par les langues premi&egrave;res, langues africaines.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></a> <a href="https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2017/09/26/world-bank-warns-of-learning-crisis-in-global-education" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2017/09/26/world-bank-warns-of-learning-crisis-in-global-education</a>.</span></span></p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></a> https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000371411_fre</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></a> https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000153827_fre</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></a> https://fr.unesco.org/themes/alphab%C3%A9tisation-tous/initiative-pearson</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[6]</span></span></span></span></a><a href="https://www.globalpartnership.org/fr/blog/leducation-non-formelle-une-alternative-viable-pour-les-enfants-africains" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.globalpartnership.org/fr/blog/leducation-non-formelle-une-alternative-viable-pour-les-enfants-africains</a></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[7]</span></span></span></span></a> https://www.uil.unesco.org/fr/alliance-mondiale-pour-lalphabetisation</span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[8]</span></span></span></span></a> https://www.banquemondiale.org/fr/news/immersive-story/2019/11/06/a-learning-target-for-a-learning-revolution</span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></a> https://www.adeanet.org/fr/blogs/taxonomy/term/112</span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[10]</span></span></span></span></a> https://reliefweb.int/report/mali/maintenant-je-suis-alphab-tis-e-et-connais-mes-droits-et-devoirs</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn11"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[11]</span></span></span></span></a> <a href="https://padev-mali.org/?s=alphab%C3%A9tisation" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://padev-mali.org/?s=alphab%C3%A9tisation</a>. </span></span></p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn12"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[12]</span></span></span></span></a> <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000153827_fre" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000153827_fre</a></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn13"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[13]</span></span></span></span></a> Voir &agrave; ce sujet Maurer B. (&agrave; para&icirc;tre), &laquo;&nbsp;Comprendre pourquoi l&rsquo;&eacute;ducation multilingue ne progresse pas en Afrique subsaharienne&nbsp;: explications structurelles et socio-anthropologiques, recherche d&rsquo;alternatives&nbsp;&raquo;. Actes du Premier symposium de recherche KIX, &laquo;&nbsp;Renforcer la production et l&#39;analyse des donn&eacute;es pour des syst&egrave;mes &eacute;ducatifs r&eacute;silients, inclusifs et plus performants en Afrique subsaharienne&nbsp;&raquo;, Addis Abeba, octobre 2021. </span></span></p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn14"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[14]</span></span></span></span></a> <a href="https://ared-edu.org/index.php/education/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://ared-edu.org/index.php/education/</a></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText">&nbsp;</p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[15]</span></span></span></span></a> https://uil.unesco.org/fr/etude-de-cas/effective-practices-database-litbase-0/lecture-portee-dun-milliard-personnes-titrage</span></span></p> </div> </div>