<p class="TDFLE-titre2" style="text-indent:0cm"><span style="font-size:14pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold"><span lang="FR" style="font-size:16.0pt">Cultures, technologies et enseignement du FLE : intersections th&eacute;oriques </span></span></span></span></span></p> <p class="TDFLE-titre1" style="text-indent:0cm">&nbsp;</p> <p class="TDFLE-titre3" style="text-indent:0cm"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold"><span lang="FR" style="font-size:14.0pt">1. Introduction&nbsp;: des ancrages disciplinaires complexes&nbsp;</span></span></span></span></span><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">R&eacute;fl&eacute;chir, dans une perspective didactologique, sur les possibles culturels introduits par le num&eacute;rique pour l&rsquo;enseignement/apprentissage du FLE nous pousse &agrave; revenir aux fondements m&ecirc;mes de la discipline, son autonomisation et sa d&eacute;nomination&nbsp;: la didactique des langues-cultures (d&eacute;sormais DDLC) s&rsquo;est progressivement affranchie des disciplines de r&eacute;f&eacute;rence (la psychologie et la linguistique) pour op&eacute;rer scientifiquement en toute autonomie, libre de toute forme d&rsquo;applicationnisme (Galisson, 1994 : 28&nbsp;; Gaonac&#39;h 1991, Springer, 1996, Bailly 1998). La DDLC en tant que champ scientifique autonome s&rsquo;affirme en effet dans les ann&eacute;es 1980 sous l&rsquo;impulsion des travaux de Galisson (1980, 1986, 1987), de Besse et Galisson (1980), de Galisson et Porcher (1985), de Porcher (1994), relay&eacute;s plus tard par Puren (1988), faisant s&rsquo;entrecroiser les cultures scientifiques qui gravitent autour d&rsquo;elle, avec toute la richesse heuristique et toute la complexit&eacute; &eacute;pist&eacute;mologique qui l&rsquo;accompagne. En effet, l&rsquo;histoire de la discipline est marqu&eacute;e par des rapports complexes, parfois tendus, entre d&#39;une part des approches quantitatives, statistiques, hypoth&eacute;tico-d&eacute;ductives inspir&eacute;es de m&eacute;thodes de recherche en &oelig;uvre dans des disciplines telles quel la psychologie, la psycholinguistique ou la linguistique fondamentale, et d&#39;autre part une science qui met davantage l&#39;accent sur des approches qualitatives soucieuses des variables environnementales et subjectives inh&eacute;rentes aux sciences humaines et sociales. Ce volet plus qualitatif de la recherche oriente davantage les recherches sur le terrain et les approches <i>bottom-up </i>de la recherche-action, mais s&rsquo;inscrit en compl&eacute;mentarit&eacute; par rapport aux approches plus quantitatives et statistiques. Une conception positive des intersections disciplinaires en termes de progr&egrave;s ou d&#39;&eacute;mergence d&#39;une heuristique de la complexit&eacute; a permis de d&eacute;passer cette dualit&eacute; quantitatif/qualitatif (Gaonac&#39;h, 1991 : 7 ; Galisson, 1994&nbsp;: 33&nbsp;; Puren, 1997, 1998, 2000&nbsp;; Narcy-Combes, 2005 : 316). La compl&eacute;mentarit&eacute; des approches semble aujourd&rsquo;hui acquise. En 2011, Danielle Londei, l&rsquo;une des voix en Italie qui a longtemps pr&ocirc;n&eacute; les intersections disciplinaires, avait organis&eacute; et coordonn&eacute; avec Laura Santone le colloque &ldquo;Le Linguiste et l&rsquo;Anthropologue : mod&egrave;les exp&eacute;riences d&rsquo;&eacute;criture&rdquo; (Londei et Santone, 2013) au cours duquel des sp&eacute;cialistes de ces deux disciplines avaient pu engager un dialogue riche en points de rencontre sans &eacute;vacuer les dissensus possibles, catalyseurs de cette heuristique dont nous parlions plus haut. Plus r&eacute;cemment, un autre colloque a mis l&rsquo;accent sur le rapport culturel &agrave; l&rsquo;oralit&eacute; dans des environnements num&eacute;riques (Gadet, 2021; Londei et Santone, 2021). Depuis la fin des ann&eacute;es 1990, la revue Alsic fait dialoguer des didacticiens et des informaticiens sp&eacute;cialistes en Interfaces-Hommes machines sur le lien entre artefacts, culture, apprentissage et dynamiques socio-interactionnelles &nbsp;(Zourou, 2007, Demaizi&egrave;re et Othman, 2021).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Bien que parfois difficile &agrave; exploiter pleinement, la richesse des entrecroisements disciplinaires est &eacute;vidente&nbsp;: les rencontres entre cultures scientifiques ne peuvent qu&rsquo;&ecirc;tre un atout pour cerner les modes d&rsquo;appropriation de l&rsquo;Autre sur les plans langagier et culturel. Et ce, &agrave; plus forte raison lorsque cette rencontre de l&rsquo;Autre (et les &eacute;changes langagiers qui en t&eacute;moignent) se font sur des environnements num&eacute;riques complexes, impliquant des repr&eacute;sentations, des croyances sur les potentialit&eacute;s et limites des outils technologiques, des cultures d&rsquo;usage (Belz et Thorne, 2006 ; Thorne, 2008; Lantolf et Thorne 2006) et de possibles d&eacute;rives suscit&eacute;es par une conception exclusivement utilitariste de la connaissance, ou d&rsquo;une proc&eacute;duralisation du rapport aux connaissances langagi&egrave;res (Demaizi&egrave;re, 1986 : 192-193). De ce point de vue, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de technologies aujourd&rsquo;hui <i>install&eacute;es</i> en termes d&rsquo;usage (les m&eacute;dias sociaux, les plates-formes collaboratives, les technologies nomades ou le tableau blanc interactif) ou de nouveaux paradigmes, notre posture n&rsquo;est ni celle du rejet horrifi&eacute;, ni celle d&rsquo;un progressisme &agrave; marche forc&eacute;e mais celle d&rsquo;un usage raisonn&eacute;, humaniste et humanisant des outils num&eacute;riques potentiellement vecteurs de cr&eacute;ativit&eacute;, porteurs d&rsquo;un enseignement/apprentissage solidaire des langues-cultures et catalyseurs d&rsquo;une d&eacute;marche citoyenne.&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">En &eacute;cho aux diff&eacute;rentes conceptions de la science, deux conceptions de la transmission des savoirs sont trop souvent mis en opposition en DDLC : d&#39;une part le volet formatif, &eacute;ducatif qui est l&#39;objet de recherche privil&eacute;gi&eacute; des sciences de l&#39;&eacute;ducation, d&#39;autre part le volet prax&eacute;ologique mis en avant, entre autres par l&#39;approche par comp&eacute;tences. Or, la dimension formative, aujourd&rsquo;hui orient&eacute;e sur la citoyennet&eacute;, sur le savoir dialoguer avec des cultures autres constitue l&rsquo;un des objectifs clefs de la DDLC : le volet formatif vou&eacute; &agrave; l&rsquo;ouverture vers l&rsquo;Autre, condition <i>sine qua non </i>des &eacute;changes langagiers. La DDLC en tant que science ne peut qu&rsquo;int&eacute;grer l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; malgr&eacute; les difficult&eacute;s &eacute;pist&eacute;mologiques induites par les points de contact disciplinaires entre cultures scientifiques affines et m&eacute;thodologies d&rsquo;investigation relevant d&rsquo;autres champs (sciences de l&rsquo;&eacute;ducation, p&eacute;dagogie, anthropologie, neurosciences), dot&eacute;es de leur propre tradition &eacute;pist&eacute;mologique. L&rsquo;analyse des instruments num&eacute;riques utilis&eacute;s pour favoriser l&rsquo;ouverture &agrave; l&rsquo;Autre rend encore plus complexe cette galaxie disciplinaire puisque viennent se greffer des disciplines qui &eacute;tudient les propri&eacute;t&eacute;s de ces artefacts dans le champ social ou dans le champ informatique (le champ des EIAH par exemple), et d&rsquo;autres disciplines qui les analysent dans le cadre de projets didactiques comme la Communication M&eacute;diatis&eacute;e par Ordinateur ou les Apprentissages Collectifs Assist&eacute;s par Ordinateur (Zourou 2007).&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Au sein de cette galaxie interdisciplinaire et de la complexit&eacute; qui l&rsquo;accompagne, il est pr&eacute;f&eacute;rable, toutefois, selon Galisson (1994 : 29), d&#39;op&eacute;rer une th&eacute;orisation interne qui parte de l&#39;analyse des terrains. Or, ce rapport plus &eacute;troit aux terrains, apport&eacute; par l&#39;anthropologie, est susceptible de cr&eacute;er un pont solide entre didactique, linguistique et p&eacute;dagogie. L&#39;anthropologie, par essence et fonction, explore le volet culturel avec les pr&eacute;suppos&eacute;s &eacute;pist&eacute;mologiques les plus solides d&rsquo;une discipline s&eacute;culaire. Elle va donc constituer un bon point d&rsquo;ancrage pour mieux appr&eacute;hender les pratiques p&eacute;dagogiques mises en &oelig;uvre pour l&rsquo;E/A des langues-culture puisqu&rsquo;une plus forte prise en compte des variables subjectives et environnementales permet d&rsquo;envisager une conception &eacute;cologique (Van Lier, 1997, 1999) de la recherche sur les pratiques num&eacute;riques en classe de FLE, notamment pour les projets de t&eacute;l&eacute;collaboration qui voient le jour dans les ann&eacute;es 2000. Cependant, avant d&rsquo;en venir aux apports du num&eacute;rique pour mieux appr&eacute;hender et mettre en acte la rencontre entre cultures, penchons-nous sur les deux perspectives possibles par lesquelles on peut envisager la dimension culturelle.&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span lang="FR" style="font-size:14.0pt">2. Le versant culturel en didactique des langues-cultures </span></b></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p class="TDFLE-titre3" style="text-indent:0cm">&nbsp;</p> <p class="TDFLE-titre3" style="text-indent:0cm"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold">2.1 La culture en tant que variable </span></span></span></span></p> <p class="TDFLE-titre3" style="text-indent:0cm">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Cadet note que &laquo; la conception de l&#39;enseignement d&#39;une langue appara&icirc;t comme tr&egrave;s li&eacute;e &agrave; l&#39;exp&eacute;rience v&eacute;cue en tant qu&#39;apprenant au cours de la scolarit&eacute; ant&eacute;rieure &raquo;, et d&#39;autre part que &laquo; chacun d&#39;entre nous au cours de son exp&eacute;rience scolaire a pu se forger des id&eacute;es sur la mani&egrave;re d&#39;enseigner. &raquo; (Beacco, 1992). Au-del&agrave; de toute croyance th&eacute;orique h&eacute;rit&eacute;e et formalis&eacute;e, cette influence transmise par le v&eacute;cu d&#39;apprenant et d&#39;enseignant nous conduit &agrave; nous pencher s&eacute;rieusement sur la culture en tant que variable pouvant intervenir dans les situations d&#39;enseignement/apprentissage. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Le recours aux modes exploratoires de l&#39;anthropologie et de la sociolinguistique nous permet d&rsquo;appr&eacute;hender le r&ocirc;le des cultures &eacute;ducatives en tant que variable culturelle de l&#39;enseignement/apprentissage des langues et des cultures &eacute;trang&egrave;res. Pour d&eacute;finir cette notion de culture &eacute;ducative, Cadet (2006) nous invite &agrave; distinguer les notions de r&eacute;pertoire didactique, de mod&egrave;le &eacute;ducatif et de culture &eacute;ducative. Voici la d&eacute;finition qu&#39;elle donne du terme &laquo; culture &eacute;ducative &raquo; :</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">La notion de culture &eacute;ducative peut &ecirc;tre d&eacute;finie de la fa&ccedil;on suivante : la/les culture(s) &eacute;ducative(s) se construi(sen)t &agrave; partir des discours courants tenus dans les lieux d&#39;&eacute;ducation - famille et institutions scolaires - dans lesquels les individus ont &eacute;volu&eacute; et renvoie(nt) aux habitus qu&#39;ils y ont acquis, par l&#39;inculcation de r&egrave;gles, de normes et de rituels. En effet, comme le soulignent Castellotti et de Carlo (1995 : 38-39), l&#39;exp&eacute;rience scolaire, surtout dans une soci&eacute;t&eacute; dans laquelle on met sur un plan d&#39;&eacute;galit&eacute;, voire de sup&eacute;riorit&eacute;, &quot;l&#39;&eacute;ducation institutionnelle&quot; et &quot;l&#39;&eacute;ducation familiale&quot;, joue un grand r&ocirc;le dans la constitution de la culture &eacute;ducative des individus. (Cadet, 2006, p. 46)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Dans cette d&eacute;finition, nous notons en filigrane l&#39;influence des travaux de la sociologie bourdieusienne sur l&#39;habitus scolaire et l&#39;habitus familial. Galazzi et Londei (2015) rappellent en outre l&rsquo;importance accord&eacute;e par Porcher (1995) &agrave; la constitution progressive par les apprenants d&rsquo;un capital culturel. Pour ce faire, la classe de langue-culture doit justement &eacute;quilibrer, selon les auteures, les apports des disciplines affines se situant dans le champ des humanit&eacute;s (anthropologie, sociologie, psychologie, p&eacute;dagogie) afin de m&eacute;nager une incorporation progressive de ce capital culturel. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">L&#39;autre id&eacute;e forte qui se d&eacute;gage d&rsquo;un regard plus sociologique sur la classe de FLE est aussi celle d&#39;une reproduction plus ou moins consciente, par les enseignants, des modes de transmission observ&eacute;s en tant qu&#39;apprenants. <i>A priori</i>, les repr&eacute;sentations de ce qu&#39;est apprendre et enseigner, les croyances relatives aux r&ocirc;les respectifs des acteurs de la relation p&eacute;dagogique sont susceptibles soit de se reproduire, soit de se modifier. &Agrave; cet &eacute;gard, les autobiographies langagi&egrave;res constituent un instrument pr&eacute;cieux pour permettre aux futurs praticiens de faire des allers retours entre soi et l&rsquo;Autre leur permettant de prendre conscience de leur rapport &agrave; leur langue, de leur bagage langagier et de leur culture langagi&egrave;re, les deux &eacute;tant intimement li&eacute;s. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Afin de mieux comprendre la culture en tant que variable dans l&rsquo;enseignement/apprentissage du FLE, Cicurel met quant &agrave; elle en avant la dimension anthropologique : &laquo; l&rsquo;enseignement d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re appelle toujours une rencontre avec l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, et c&rsquo;est cette rencontre qui est cruciale, ce face-&agrave;-face qu&rsquo;il nous importe de pouvoir penser &raquo; (Cicurel, 2003, 3). Or, cette variable culturelle induite par le rapport &agrave; l&#39;Autre ne peut qu&#39;agir, implicitement ou explicitement, sur la pratique de classe, la conception des activit&eacute;s, la d&eacute;termination des objectifs formatifs et la d&eacute;finition des contenus. C&#39;est la raison pour laquelle Cicurel (2003) et Cadet (2006) estiment n&eacute;cessaire de faire &eacute;merger de fa&ccedil;on explicite les cultures &eacute;ducatives chez les enseignants de langue, de sorte &agrave; pouvoir les faire &eacute;voluer. La d&eacute;marche et le processus de cette conscientisation constitue selon Cadet un facteur de professionnalisation des enseignants (Cadet, 2006, 41-42). L&#39;int&eacute;r&ecirc;t accru pour les variables culturelles qui entrent en jeu dans la relation p&eacute;dagogique se voit aujourd&#39;hui confirm&eacute; par l&#39;&eacute;tude approfondie des cultures d&rsquo;enseignement/apprentissage (Beacco et al, 2005, Puren, 2005 ; Puren, 2010, Cortier, 2010). Puren estime que la relation enseignement/apprentissage, au c&oelig;ur des pr&eacute;occupations de la didactique des langues et des cultures, est &laquo; a priori, l&#39;une des plus fortement influenc&eacute;es par les cultures sociales et didactiques, &agrave; savoir la conception m&ecirc;me de la relation enseignement-apprentissage &raquo; (Puren, 2005, &nbsp;492). Dans ce cadre, la conception d&#39;un bricolage fond&eacute; sur le principe d&#39;essais, de r&eacute;ajustements influe sur les apprenants en termes de conceptions relatives au r&ocirc;le des erreurs, &agrave; la marge de man&oelig;uvre cr&eacute;ative, au degr&eacute; de structuration et de contr&ocirc;le des processus. Sur le plan psychologique, cela peut se traduire chez les apprenants par des degr&eacute;s variables de tol&eacute;rance &agrave; l&#39;ambigu&iuml;t&eacute;<sup>8</sup>, mais aussi par un rapport inhibant ou d&eacute;sinhibant &agrave; l&#39;erreur, par diff&eacute;rents degr&eacute;s d&#39;ins&eacute;curit&eacute; linguistique. &Agrave; cet &eacute;gard, le concept de bricolage formul&eacute; par Levi-Strauss (1962) constitue un point d&rsquo;ancrage des pratiques didactiques recourant au num&eacute;rique, surtout dans les premi&egrave;res phases de l&rsquo;introduction des technologies dans les ann&eacute;es 1980 jusqu&rsquo;aux ann&eacute;es 2000, car &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, l&rsquo;absence de formations syst&eacute;matiques pour les enseignants ont conduit ces derniers &agrave; s&rsquo;approprier les outils en proc&eacute;dant justement par petites touches empiriques et en r&eacute;ajustant au besoin l&rsquo;utilisation des instruments. D&rsquo;une certaine mani&egrave;re, sur le plan prax&eacute;ologique, l&rsquo;appropriation &ldquo;bricol&eacute;e&rdquo; des artefacts et de leurs usages didactique semble constitutive de la culture technologique des enseignants et des apprenants.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Pour les configurations d&rsquo;enseignement traditionnel en face &agrave; face physique, Puren (2010) fait remarquer que dans le cadre de la perspective actionnelle, la classe de langue-culture est consid&eacute;r&eacute;e comme une micro-soci&eacute;t&eacute; qui, de ce fait, devient potentiellement un objet d&#39;&eacute;tude aussi bien pour la didactologie que pour l&#39;anthropologie. Ces micro-soci&eacute;t&eacute;s &eacute;ducatives ont un &eacute;cho fort dans les environnements d&rsquo;apprentissage collaboratif. Bien que les groupes d&rsquo;apprenants soient distants, elles constituent des communaut&eacute;s d&rsquo;apprentissage qui fonctionnent soit de mani&egrave;re explicite, avec des r&egrave;gles fix&eacute;es pr&eacute;alablement, soit de mani&egrave;re implicite, par la construction progressive de codes de communication entre apprenants. Or, ces codes d&eacute;pendent justement des cultures d&rsquo;usage des instruments de communication &agrave; distance (pr&eacute;f&eacute;rence pour des interactions synchrones ou asynchrones, plus informelles ou informelles, pour des canaux &eacute;crits ou audio/vid&eacute;o) qui peuvent avoir une influence sur la r&eacute;ussite des dispositifs mis en place pour faire &eacute;changer des apprenants distants de cultures diff&eacute;rentes (Kramsch et Thorne 2002) mettant ainsi en avant, dans le cas du clavardage et du forum, la non-neutralit&eacute; des outils de communication, notamment en termes de divergences dans les attentes discursives des apprenants.&nbsp; Comme on le voit, les variables culturelles ont une incidence certaine sur la quantit&eacute; et la qualit&eacute; des interactions verbales. Elles informent la communication non seulement du point de vue subjectif, mais aussi du point de vue techno-p&eacute;dagogique. La perspective actionnelle, qui permet d&rsquo;envisager enseignement/apprentissage des langues cultures dans une dynamique de co-construction collective d&#39;une culture didactique partag&eacute;e, se fonde sur la t&acirc;che commune &agrave; r&eacute;aliser et prend en compte aussi bien le sujet, &agrave; savoir les variables individuelles des enseignants et apprenants, que la dimension collective et culturelle. Le fait d&#39;envisager cette variable culturelle dans la relation p&eacute;dagogique trouve un &eacute;cho sensible lorsque l&rsquo;appr&eacute;hension des diff&eacute;rences culturelles et de la diversit&eacute; constitue, dans des dispositifs de t&eacute;l&eacute;collaboration, l&rsquo;objet des t&acirc;ches collaboratives d&rsquo;apprentissage.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-indent:0cm"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">2.2 La culture en tant qu</span></b><b><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">&rsquo;objet</span></b></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Apr&egrave;s &ecirc;tre rest&eacute;e longtemps rel&eacute;gu&eacute;e au second plan ou avoir &eacute;t&eacute; envisag&eacute;e dans la seule perspective d&#39;une transmission de la culture savante, la culture dans son acception plus vaste telle que l&rsquo;envisage Porcher (1995, 55) a connu un regain d&#39;int&eacute;r&ecirc;t non plus en tant qu&#39;&eacute;l&eacute;ment isol&eacute; de la didactique des langues mais comme objet int&eacute;gr&eacute; &agrave; la discipline. Les travaux qui ont &eacute;t&eacute; men&eacute;s en didactique d&egrave;s la fin des ann&eacute;es 1970 t&eacute;moignent d&#39;importations conceptuelles li&eacute;es &agrave; l&#39;anthropologie telles que les notions d&#39;identit&eacute;, de diversit&eacute;, d&#39;ethnocentrisme, les ph&eacute;nom&egrave;nes d&#39;acculturation ou d&rsquo;assimilation. Les sciences sociales et notamment la sociologie bourdieusienne ont &eacute;galement fourni, comme nous l&rsquo;avons vu plus haut des &eacute;l&eacute;ments conceptuels qui ont permis de mieux cerner les dynamiques interactionnelles et conversationnelles. En ce qui concerne le num&eacute;rique, l&rsquo;h&eacute;ritage des th&eacute;ories de l&rsquo;activit&eacute; humaine, en particulier, celle de l&rsquo;apprentissage social con&ccedil;ue par Bandura (Carr&eacute;, 2004).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Certaines de ces notions clefs d&eacute;velopp&eacute;es en anthropologie vont progressivement conduire &agrave; la prise en compte de la comp&eacute;tence interculturelle dans les descripteurs du CECRL (Conseil de l&#39;Europe, 2001) et dans les programmes officiels :</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">La connaissance des valeurs et des croyances partag&eacute;es de certains groupes sociaux dans d&rsquo;autres r&eacute;gions ou d&rsquo;autres pays telles que les croyances religieuses, les tabous, une histoire commune, etc., sont essentielles &agrave; la communication interculturelle. Les multiples domaines du savoir varient d&rsquo;un individu &agrave; l&rsquo;autre. Ils peuvent &ecirc;tre propres &agrave; une culture donn&eacute;e; ils renvoient n&eacute;anmoins &agrave; des constantes universelles. (CECRL, 2001, 16)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Nous pouvons observer que l&#39;interculturel est envisag&eacute; en termes de connaissance culturelle plut&ocirc;t que de comp&eacute;tence interculturelle (Abdallah Pretceille, 1986, Abdallah Pretceille et Porcher, 1998, Zarate, 1986; Byram,1992, 1997). La distinction entre une culture savante et une culture con&ccedil;ue en tant produit de l&rsquo;activit&eacute; humaine dans un contexte social de partage de valeurs et de pratiques au sein d&rsquo;une communaut&eacute; devient plus marqu&eacute;e dans les ann&eacute;es 1990 sous l&rsquo;impulsion de Porcher (1994, 1995) qui, rappelons-le, fut l&rsquo;un des premiers &agrave; faire apparaitre la notion d&rsquo;interculture en didactique du FLE (Porcher, 1981) et &agrave; &oelig;uvrer ensuite pour un &eacute;quilibre entre la connaissance de la culture savante et une aptitude &agrave; identifier des universels singuliers (Porcher, 1995) pour faciliter l&rsquo;appr&eacute;hension de ce qui peut s&eacute;parer et se faire rejoindre les diff&eacute;rentes communaut&eacute;s humaines. Reste ensuite &agrave; mettre en acte cette connaissance et cette aptitude &agrave; reconnaitre la diff&eacute;rence en la transformant en actions et en comportements langagiers. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Selon Puren (2002), le CECRL se d&eacute;marque de l&#39;interculturel tel qu&#39;il &eacute;tait con&ccedil;u par les m&eacute;thodologies traditionnelles et universalistes, notamment sur le paradigme de la mise en action des comp&eacute;tences interculturelles. Notons toutefois que la d&eacute;nomination m&ecirc;me du document (Cadre Europ&eacute;en Commun de R&eacute;f&eacute;rence sur les Langues) n&#39;envisage pas explicitement la culture comme finalit&eacute;. Si l&#39;on tient &agrave; suivre l&#39;&eacute;volution historique de la discipline, le document gagnerait &agrave; int&eacute;grer la dimension culturelle dans sa d&eacute;nomination. D&egrave;s lors, on parlerait de Cadre Europ&eacute;en Commun de R&eacute;f&eacute;rence pour les Langues-Cultures. Cependant, aujourd&#39;hui, la culture n&#39;est plus con&ccedil;ue exclusivement en termes de connaissances, mais aussi, avec la perspective actionnelle, en termes de savoir-faire, de l&#39;<i>agir ensemble</i> (Puren, 1998; Puren, 2005 ; Puren, 2010) ou d&#39;<i>agir communicationnel</i> (Martinez, 2005). Cela &eacute;tant, le volet culturel s&#39;affirme tardivement en tant qu&#39;objet corr&eacute;l&eacute;, indivisible de l&#39;enseignement-apprentissage des langues-cultures. Par la suite, la notion d&#39;interculturel ou d&#39;interculturalit&eacute; devient centrale pour la compr&eacute;hension du processus d&#39;enseignement-apprentissage et constitue un apport ind&eacute;niable pour la d&eacute;finition des contenus et des objectifs d&rsquo;apprentissage, au-del&agrave; de la seule comp&eacute;tence linguistique. Dans ce cadre, l&#39;anthropologie vient renforcer l&#39;influence des champs th&eacute;oriques r&eacute;investis en didactique car elle s&#39;accompagne d&#39;une th&eacute;orisation interne. Par sa finalit&eacute; et ses modes op&eacute;ratoires, l&#39;anthropologie situe la r&eacute;flexion globale dans une optique de r&eacute;interrogation constante du rapport &eacute;pist&eacute;mologique au savoir (Develay, 1997, 65), qui convoque les notions clef d&#39;&eacute;thique et de responsabilit&eacute; li&eacute;es au d&eacute;cloisonnement disciplinaire (Rivenc, 2008, 232). D&#39;autre part, dans la mesure o&ugrave; le tournant culturel porte &agrave; une meilleure prise en compte de la complexit&eacute;, de la diversit&eacute; des situations d&#39;enseignement-apprentissage, l&rsquo;anthropologie peut contribuer &agrave; la valorisation d&#39;approches scientifiques crois&eacute;es (qualitatives et quantitatives), faisant ainsi contrepoids &agrave; des approches exclusivement quantificatrices absolument inadapt&eacute;es lorsqu&rsquo;on &eacute;tudie le versant culturel en tant qu&rsquo;objet d&rsquo;apprentissage. Dans la mesure o&ugrave; nous consid&eacute;rons l&#39;anthropologie &agrave; la fois comme discipline d&#39;observation et de contribution r&eacute;f&eacute;rentielle, nous l&#39;envisageons comme un troisi&egrave;me axe r&eacute;f&eacute;rentiel permettant d&#39;affiner, et surtout de situer socio-culturellement l&#39;&eacute;mergence de la didactique des langues-cultures en tant que champ de recherche autonome. Porcher (1981, 1986, 1987) fut &agrave; cet &eacute;gard l&rsquo;un des pionniers</span> <span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">de la </span><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">th&eacute;orisation interne des apports de l&rsquo;anthropologie dans la perspective d&rsquo;une m&eacute;thodologie d&rsquo;observation permettant d&rsquo;envisager la comparaison des cultures en tant qu&#39;apports r&eacute;f&eacute;rentiels et non en termes d&#39;application imm&eacute;diate des concepts. Enthousiasm&eacute; par Bourdieu et Levi-Strauss, il d&eacute;fendit l&rsquo;int&eacute;gration de l&rsquo;anthropologie culturelle dans les cursus de didactique du Fran&ccedil;ais Langue &Eacute;trang&egrave;re (Porcher, 1987, 1994, 1995). Coste et Molinari (2015) rappellent d&rsquo;ailleurs &agrave; cet &eacute;gard que l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; et la place particuli&egrave;re de l&rsquo;anthropologie dans la formation de l&rsquo;un des fondateurs essentiels de la discipline sont sans aucune doute d&ucirc;s &agrave; la formation de ce didactologue hors pair. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Toutefois, la d&eacute;finition de la composante culturelle en tant qu&#39;objet d&#39;enseignement/apprentissage souffre de zones d&#39;ombre et d&#39;une d&eacute;limitation difficile (Demougin, 2008 : 101). &Agrave; l&#39;instar de Puren (2000), Demougin pense qu&#39;il est pr&eacute;f&eacute;rable d&#39;accepter et de saisir la complexit&eacute; introduite par une forte contextualisation culturelle de la discipline. Malgr&eacute; cette difficult&eacute; assum&eacute;e de cadrer th&eacute;oriquement la culture en tant qu&#39;objet d&#39;enseignement-apprentissage, il faut noter que la prise en compte des d&eacute;finitions anthropologiques de la culture a permis de passer d&#39;une conception de la culture limit&eacute;e aux simples faits de civilisations et/ou aux productions artistiques, technologiques &agrave; une conception &eacute;largie des rapports du sujet &agrave; sa propre identit&eacute;, &agrave; l&#39;Autre et &agrave; son environnement, que ces rapports soient mat&eacute;riels ou symboliques (rapport au temps, &agrave; l&#39;espace). Les recherches en anthropologie et en sociologie ont &eacute;galement permis de concevoir la culture au-del&agrave; des diversit&eacute;s nationales, en termes de groupes sociaux coexistants dans un m&ecirc;me pays marqu&eacute; par des contacts o&ugrave; peuvent entrer en jeu des rapports de domination &eacute;conomique et politique, faisant ainsi de la notion de civilisation un concept d&eacute;licat, sujet &agrave; des connotations d&rsquo;ordre id&eacute;ologique<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">[1]</span></span></span></span></a> &nbsp;(Zarate, 2015). Lorsque Porcher (1994) se penche sur l&rsquo;enseignement-apprentissage de ce versant civilisationnel, cela ne pose pas probl&egrave;me car la r&eacute;flexion r&eacute;trospective post-coloniale fortement id&eacute;ologis&eacute;e n&rsquo;a pas encore impr&eacute;gn&eacute; le champ universitaire. Les travaux renvoyaient alors davantage aux faits de culture (savante) pouvant &eacute;clairer les comportements de tel ou tel groupe social. &Agrave; ce moment-l&agrave;, dans les ann&eacute;es 1990, il &eacute;tait surtout important de doter cet enseignement d&rsquo;une m&eacute;thodologie rigoureuse qui lui faisait d&eacute;faut. Du reste, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; ce moment l&agrave; que l&rsquo;on commence &agrave; &eacute;largir le spectre s&eacute;mantique de la notion de culture. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Une premi&egrave;re phase de r&eacute;investissement r&eacute;f&eacute;rentiel &agrave; l&#39;anthropologie a consist&eacute;, dans un premier temps, &agrave; repenser la culture dans la complexit&eacute; qui marque les liens de l&#39;individu au collectif. Cette r&eacute;flexion substantielle a conduit les acteurs de la relation p&eacute;dagogique &agrave; repenser l&#39;Autre et le Soi. Dans un deuxi&egrave;me temps, la recherche en didactique des langues-cultures s&#39;est attach&eacute;e &agrave; d&eacute;crire, &agrave; observer, &agrave; formaliser, sur ses propres terrains, des <i>praxis</i> de communication. D&egrave;s lors, il s&#39;agit de concevoir la comp&eacute;tence interculturelle non seulement comme la connaissance de l&#39;autre construite par le sujet mais aussi comme le principe de r&eacute;ciprocit&eacute; des cultures qui proc&egrave;de de l&#39;&eacute;change et de l&#39;interaction entre plusieurs cultures mises en contact. Aujourd&#39;hui, la culture est mise dans la perspective d&#39;un <i>agir ensemble</i> (Puren, 2002, 62; Puren, 2009, 14) o&ugrave; l&#39;on invite les inter-actants &agrave; &ecirc;tre conscients des propres sch&egrave;mes culturels (cultures sociales et cultures &eacute;ducatives) pour comprendre les sch&egrave;mes communicatifs de l&#39;Autre. Les principes de co-action conduisent &agrave; prendre en consid&eacute;ration des attentes discursives diff&eacute;rentes et &agrave; n&eacute;gocier des terrains d&#39;entente en vue de produire concr&egrave;tement un objet commun, mat&eacute;riel ou symbolique, tel que la r&eacute;alisation d&#39;une revue de presse (Degache et Masperi, 2007 ; Degache, 2006). Le travail de confrontation culturelle se fait donc &agrave; travers l&rsquo;&eacute;laboration commune d&rsquo;une t&acirc;che d&rsquo;apprentissage. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Pour r&eacute;sumer notre propos, nous d&eacute;gageons donc deux &eacute;tapes dans la prise en compte du corollaire culture en tant que variable situationnelle et objet d&#39;enseignement-apprentissage. En premier lieu, il s&#39;agit de repenser la culture en la concevant au-del&agrave; de la production artistique et technologique d&#39;une soci&eacute;t&eacute;. Il a ainsi &eacute;t&eacute; question de &laquo; conscientiser &raquo; le rapport des apprenants &agrave; soi et &agrave; l&#39;Autre. Cette &laquo; conscientisation &raquo;, qui implique de placer le rapport du sujet &agrave; l&#39;Autre dans une perspective communicationnelle constitue la premi&egrave;re phase d&#39;&eacute;volution de la discipline, attribu&eacute;e par Galisson aux travaux de l&#39;approche communicative (Galisson, 1994 : 26). En second lieu, les discours didactiques et m&eacute;tadidactiques se sont port&eacute;s sur la complexit&eacute; des liens entre le subjectif, le collectif et environnement. Cette prise en compte de la complexit&eacute; a permis de placer <b><i>les</i></b> apprenants dans un processus de co-construction de la culture dans la perspective de l&#39;agir ensemble (Puren, 2002, 2005, 2010).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Si nous nous pla&ccedil;ons dans une perspective diachronique, nous notons que le rapport de la didactique &agrave; l&#39;anthropologie semble avoir moins &eacute;t&eacute; sujet &agrave; un mode de r&eacute;investissement de type applicationniste du fait sans doute d&#39;une plus forte contextualisation des recherches de terrain en anthropologie et/ou du fait de l&#39;acceptation de la complexit&eacute; qui lui est inh&eacute;rente. Selon Galisson (1994), l&#39;&eacute;largissement du domaine li&eacute; &agrave; l&#39;int&eacute;gration de l&#39;objet culture &agrave; la didactique des langues suscite une prise de conscience du leurre que constituent l&#39;universalisme et le <i>m&eacute;thodologisme.</i> Ce raisonnement am&egrave;ne Galisson et Puren (1999) &agrave; int&eacute;grer le principe de didactique complexe &agrave; la formation des enseignants de Fran&ccedil;ais Langue &Eacute;trang&egrave;re. En somme, pour Galisson, il s&#39;agit de professionnaliser le m&eacute;tier d&#39;enseignant en d&eacute;finissant des contenus adapt&eacute;s &agrave; chaque contexte : &laquo; C&#39;est l&agrave; qu&#39;intervient l&#39;id&eacute;e d&#39;une discipline de plein exercice, susceptible de probl&eacute;matiser la formation dans sa totale complexit&eacute; &raquo; (Galisson, 1994 : 27).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span lang="FR" style="font-size:14.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">3. Cultures, technologies et classe de langue </span></span></b></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">3.1 Culture et num&eacute;rique dans le champ social </span></b></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">Dans la mesure o&ugrave; la sph&egrave;re &eacute;ducative ne peut &ecirc;tre &eacute;tudi&eacute;e comme une soci&eacute;t&eacute; isol&eacute;e, il convient avant toute chose de placer notre r&eacute;flexion dans le contexte plus large de l&#39;importance prise par les technologies au niveau soci&eacute;tal, au niveau professionnel et dans les usages priv&eacute;s, qu&#39;ils soient individuels ou collectifs. La ma&icirc;trise des artefacts informatiques constitue aujourd&#39;hui une condition <i>sine qua non</i> d&#39;int&eacute;gration non seulement dans le monde du travail, mais aussi dans des sph&egrave;res plus restreintes : &agrave; cet &eacute;gard, les cultures des jeunes adultes de la g&eacute;n&eacute;ration dite &laquo; Y &raquo;, ou plus largement de la g&eacute;n&eacute;ration qui serait &laquo; native de l&#39;&egrave;re digitale &raquo; (Endrizzi, 2012) int&egrave;grent les r&eacute;seaux sociaux comme composante essentielle de leur vie sociale. Nous ne reviendrons pas ici sur les apports et d&eacute;rives de cette socialisation via Whatsapp, Instagram et autres Tik-tok mais il convient tout de m&ecirc;me de rappeler que l&rsquo;environnement des jeunes que nous formons aux langues-cultures &eacute;trang&egrave;res est indissociablement li&eacute; &agrave; ces usages sociaux le plus souvent synchrones marqu&eacute;s par l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute;, le partage et la construction de l&rsquo;image de soi via l&rsquo;appr&eacute;ciation des autres. Plus largement, les questions pos&eacute;es par le d&eacute;veloppement massif et parfois in&eacute;gal de la communication num&eacute;rique sont multiples : d&rsquo;ordre psychologique (les addictions, les effets du cyber-harc&egrave;lement, plus globalement les propos haineux et/ou id&eacute;dologiquement orient&eacute;s), &eacute;cologique (instruments gourmands en &eacute;nergie et en eau), politique (d&eacute;sinformation, manipulation), philosophique (le rapport au savoir, le rapport &agrave; l&rsquo;Autre), ou encore cognitive (l&rsquo;artefact b&eacute;quille con&ccedil;u comme assistance totale &agrave; la r&eacute;alisation de certaines t&acirc;ches, l&rsquo;absence d&rsquo;entrainement &agrave; la m&eacute;morisation). Ces questions et d&eacute;rives conduisent aujourd&rsquo;hui les institutions scolaires, en France comme en Italie, &agrave; introduire des cours d&rsquo;&eacute;ducation civique consacr&eacute;s au num&eacute;rique ou bien &agrave; adopter des mesures plus radicales (l&rsquo;interdiction des t&eacute;l&eacute;phones portables dans l&rsquo;enceinte des &eacute;tablissements). Ainsi, la vocation formative et citoyenne des enseignements de langues-cultures &eacute;trang&egrave;res rev&ecirc;t une importance accrue.&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">Le recul r&eacute;flexif introduit par ces aspects des cultures num&eacute;riques s&#39;inscrit en outre dans un cadre cognitif plus complexe : celui de la possible reproduction en miroir, chez les usagers des technologies, des sch&egrave;mes algorithmiques &agrave; la base du fonctionnement des machines. L&#39;utilisation de l&#39;ordinateur dans une logique exclusivement proc&eacute;durale demande ainsi d&rsquo;envisager par contraste la sup&eacute;riorit&eacute; des capacit&eacute;s d&#39;imagination et d&#39;improvisation du cerveau humain mise en &eacute;vidence par des recherches men&eacute;es dans le cadre des neurosciences (Turner, 2000, Dortier, 2001). En effet, si une certaine forme d&#39;assistanat excessif est toujours possible avec les technologies, il faut souligner que la machine peut susciter une certaine cr&eacute;ativit&eacute; (ou recr&eacute;ativit&eacute;) que ce soit dans la conception d&#39;objets num&eacute;riques (photographie, vid&eacute;o, cr&eacute;ations de site, personnalisation de sites...) ou dans les usages discursifs au sein de communaut&eacute;s plus ou moins restreintes. Sur le plan p&eacute;dagogique, il est aujourd&#39;hui impensable de ne pas se pencher sur ces nouveaux usages et ces diff&eacute;rentes formes de cr&eacute;ativit&eacute;, dans le cadre de l&#39;E/A des langues, mais aussi dans une perspective humaniste plus ample. C&#39;est pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; ces nouveaux discours qui ont lieu sur le web social que la recherche s&#39;int&eacute;resse depuis peu (Zourou, 2012 ; Lamy, 2011). &Agrave; cet &eacute;gard, la production de discours, de textes, de m&eacute;dias de tous types automatiquement g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par Intelligence Artificielle ne peut qu&rsquo;&ecirc;tre envisag&eacute;e comme &eacute;volution significative porteuse de nouvelles cultures d&rsquo;usage des artefacts dans le champ social, mais qui s&rsquo;ajoute aussi au panel de technologies et de ressources exploitables en classe langue-culture ou plus g&eacute;n&eacute;ralement pour le multilinguiguisme (Raus, 2024) : qu&#39;il s&#39;agisse de l&#39;acc&egrave;s possible &agrave; la communication avec des natifs de la langue &eacute;trang&egrave;re &eacute;tudi&eacute;e (qui se diffuse aujourd&#39;hui &agrave; travers les r&eacute;seaux sociaux notamment), et donc, potentiellement, du renforcement d&#39;une v&eacute;ritable comp&eacute;tence interculturelle ; qu&#39;il s&#39;agisse de la seule observation de comportements discursifs ; qu&#39;il s&#39;agisse enfin des outils de traitement de texte, de l&#39;acc&egrave;s gratuit &agrave; des ressources linguistiques de base (ou plus &laquo; pointues &raquo; telles que le site du CNRTL), le potentiel des artefacts informatiques, qu&#39;ils soient ou non en r&eacute;seau suppose une appropriation des enseignants et des apprenants &agrave; ces outils p&eacute;dagogiques pour <i>faire,</i> au sens fort du verbe, de la culture en classe de langue.&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">3.2 Num&eacute;rique et culture dans le champ didactique </span></b></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Sur le plan th&eacute;orique et prax&eacute;ologique, depuis 2005, la r&eacute;flexion critique s&#39;est accrue. Ce besoin d&#39;encadrer le recours au num&eacute;rique s&#39;explique par l&#39;augmentation progressive d&#39;une complexit&eacute; induite par la pluri-modalit&eacute; des outils, la prolif&eacute;ration des supports, des projets et des ressources exploitant les TICE &agrave; diff&eacute;rents degr&eacute;s et niveaux. L&#39;analyse des usages num&eacute;riques, de nature interdisciplinaire, d&eacute;j&agrave; amorc&eacute;e d&egrave;s la fin des ann&eacute;es 1990 avec les travaux sur les apprentissages langagiers en contexte plurilingue (Coste, 2010) et plus sp&eacute;cifiquement dans des environnements num&eacute;riques (Degache, 2006) continue &agrave; s&#39;accentuer. Sur le plan th&eacute;orique, selon Zourou (2007), ce sont surtout les paradigmes socio-constructivistes, les travaux centr&eacute;s sur l&#39;action et la cognition collective (th&eacute;ories de l&#39;&eacute;naction de Var&eacute;la, hypoth&egrave;se de la cognition situ&eacute;e/distribu&eacute;e) qui occupent une place centrale dans les articles, les conf&eacute;rences et les d&eacute;bats &agrave; partir de 2005. Les axes de recherche que Zourou d&eacute;signait en 2007 comme &laquo; paradigmes &eacute;mergents &raquo; sont solidement assis sur leurs bases et semblent vouloir trouver un &eacute;quilibre entre la dimension culturelle telle qu&rsquo;elle est &eacute;tudi&eacute;e dans le cadre de travaux de l&rsquo;ICFLE, <i>Intercultural Foreign Language Education</i> (Belz &amp; Thorne, 2006 ; Thorne, 2003), la dimension cognitive et les affordances des outils informatiques (Morineau, 2001 ; Allaire, 2006) et la dimension linguistique dans une perspective interactionnelle ou socio-interculturelle (Ollivier, 2018) influenc&eacute;e par la linguistique d&#39;&eacute;nonciation, la pragmatique, les travaux en analyse du discours<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">[2]</span></span></span></span></a>. Sur le plan de la th&eacute;orisation interne, l&#39;heure est aujourd&#39;hui &agrave; un r&eacute;ajustement de la place accord&eacute;e &agrave; l&#39;interculturel, au tout communicationnel ou au tout cognitif, qui se traduit par un int&eacute;r&ecirc;t marqu&eacute; pour l&#39;enseignement-apprentissage centr&eacute; sur les t&acirc;ches, et notamment sur des t&acirc;ches collectives autour desquelles se greffent les diff&eacute;rentes dimensions de l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une LE, dont &eacute;videmment, le versant culturel, qu&rsquo;il soit trans- ou inter-<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">[3]</span></span></span></span></a>. Cette approche l&eacute;gitim&eacute;e sur le plan institutionnel (Conseil de l&#39;Europe, 2001), tente d&#39;une part d&#39;&eacute;quilibrer les dimensions culturelle, cognitive, linguistique, et d&#39;autre part d&#39;inscrire davantage ce qui est fait en classe en rapport avec les agirs sociaux de r&eacute;f&eacute;rence (Perrichon, 2008). En somme, dans les projets de t&eacute;l&eacute;collaboration, la classe con&ccedil;ue comme communaut&eacute; d&rsquo;apprentissage s&#39;ouvre &agrave; la diversit&eacute; culturelle et construit une autre micro-culture qui la modifie. Cela peut se manifester entre autres par une modification des comportements, des interactions et des fa&ccedil;ons de travailler ensemble pour un projet commun avec les m&ecirc;mes outils. De plus, si les dispositifs de t&eacute;l&eacute;collaboration visant sp&eacute;cifiquement la dimension culturelle introduisent des plates-formes de communication utilis&eacute;es hors de la classe par choix ou par adaptation, la relation p&eacute;dagogique peut s&rsquo;en trouver profond&eacute;ment chang&eacute;e : le rapport enseignant-enseign&eacute;, &eacute;valu&eacute;-&eacute;valuateur est gomm&eacute; laissant place &agrave; des modalit&eacute;s d&rsquo;interaction plus spontan&eacute;es et informelles&nbsp; (Lamy, 2011 ; Ollivier et Puren, 2011). Pour l&#39;heure, il est encore difficile d&#39;entrevoir les r&eacute;sultats de cette tendance &agrave; la &laquo; d&eacute;formalisation &raquo; et &agrave; l&#39;accentuation d&#39;une authenticit&eacute; r&eacute;elle des situations de communication ou de production collective d&#39;informations dans le contexte d&rsquo;une didactique que l&rsquo;on entend rendre invisible (Ollivier, 2012, 2018). Toujours est-il que cet int&eacute;r&ecirc;t marqu&eacute; de l&#39;ALAO (Apprentissage des Langues Assist&eacute; par Orodinateur) pour les potentiels du &laquo; web social &raquo; constitue l&#39;une des &eacute;volutions notables du champ disciplinaire depuis la fin des ann&eacute;es 2000. Zourou explique cet int&eacute;r&ecirc;t :</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">En dehors des raisons pour lesquelles la communaut&eacute; Alao s&#39;int&eacute;resse de plus en plus aux r&eacute;seaux sociaux (que ce soit en raison de l&#39;attrait exerc&eacute; par ces technologies sur des groupes d&#39;apprenants dont le fort degr&eacute; d&#39;acculturation intrigue les enseignants, ou par un mouvement de curiosit&eacute; intellectuelle envers les affordances p&eacute;dagogiques d&#39;artefacts qui n&#39;ont pas &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;s pour des besoins &eacute;ducatifs), il est ind&eacute;niable que les r&eacute;seaux sociaux g&eacute;n&egrave;rent enthousiasme, scepticisme, attentes et m&ecirc;me illusions. (Zourou, 2012, 1)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Nous serions tent&eacute;s d&#39;ajouter que l&#39;int&eacute;r&ecirc;t pour les utilisations hors cadre scolaire des r&eacute;seaux sociaux est &eacute;galement &agrave; chercher dans les pratiques sociales qui, de fa&ccedil;on spontan&eacute;e, informelle, se d&eacute;veloppent en dehors de la classe de langue, et vont tout &agrave; fait dans le sens de la perspective actionnelle (chercher un colocataire, trouver un appartement en collocation, organiser ou partager un voyage, relayer un &eacute;v&eacute;nement culturel, organiser un ap&eacute;ritif, &eacute;changer une chanson, un clip, une photo apr&egrave;s une soir&eacute;e etc...). Les pratiques collectives d&#39;&eacute;change d&#39;information ou les pratiques organisationnelles sont d&eacute;sormais des pratiques usuelles dans le champ social et sont support&eacute;es techniquement par les propri&eacute;t&eacute;s fluides et puissantes des fonctionnalit&eacute;s de partage sur les r&eacute;seaux sociaux. Les outils du web social, de plus en plus souples, maniables et imm&eacute;diats imbriquent, dans un m&ecirc;me espace d&#39;action, plusieurs outils, plusieurs fonctionnalit&eacute;s ce qui &eacute;largit les possibles et diversifie le r&eacute;pertoire didactiaue des praticiens. Or c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment ce rapport complexe entre instruments et (co) usages que Puren (2002) nous invite &agrave; appr&eacute;hender pour d&eacute;passer les deux types de d&eacute;terminisme qui orientent selon lui l&rsquo;innovation didactique&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><br /> <span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">C&rsquo;est surtout lorsque le regard ne se focalise plus ni sur les facteurs didactiques, ni sur les facteurs technologiques, mais qu&rsquo;il embrasse leur espace complexe de contact, qu&rsquo;apparaissent alors d&rsquo;autres facteurs tr&egrave;s divers qu&rsquo;on peut regrouper sous le qualificatif g&eacute;n&eacute;rique d&rsquo;&laquo;&nbsp;environnementaux&nbsp;&raquo; en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;ensemble &laquo;&nbsp;enseignement-apprentissage-usage&nbsp;&raquo; consid&eacute;r&eacute; comme un &eacute;cosyst&egrave;me dont les acteurs eux-m&ecirc;mes font partie. (Puren, 2022)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Dans le champ didactique, c&rsquo;est aujourd&rsquo;hui l&rsquo;approche co-actionnelle qui guide les usages des artefacts num&eacute;riques et qui permet de ressouder le trio langue-culture-num&eacute;rique dans une conception &eacute;cologique par laquelle appr&eacute;hender la complexit&eacute; des ph&eacute;nom&egrave;nes de contacts entre cultures au sein d&rsquo;environnements technologiques culturellement situ&eacute;s. Ou qui en tout cas appellent des attentes discursives qui convergent ou non.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span lang="FR" style="font-size:14.0pt"><span style="color:black">R&eacute;flexions conclusives</span></span></b></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Lorsque nous abordons la complexit&eacute; des liens entre enseignement et apprentissage des langues cultures, la culture est partout quelle que soit la langue cible. D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des dispositifs d&rsquo;&eacute;change plurilingues. Elle impr&egrave;gne en premier lieu la m&eacute;thodologie scientifique qui explore les produits de recherche de la discipline puisqu&rsquo;elle conditionne son &eacute;pist&eacute;mologie. Si dans un premier temps, la recherche-action, intimement li&eacute;e au terrain a pu faire l&rsquo;objet d&rsquo;une certaine r&eacute;serve de la part des disciplines recourant &agrave; des approches hypoth&eacute;tico-d&eacute;ductives, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment les disciplines ayant la culture pour objet (l&rsquo;anthropologie, l&rsquo;anthropologie culturelle) qui ont permis de l&eacute;gitimer les pratiques scientifiques inscrites dans une logique de terrain (ou &eacute;cologique) et non dans une approche <i>in vitro</i> qui &eacute;vacue les variables subjectives et environnementales. Dans la mesure o&ugrave; la culture peut elle-m&ecirc;me constituer une variable environnementale (cultures institutionnelles, cultures des apprenants, cultures des enseignants), et aboutir au produit de ces variables en intersection (le microcosme classe), elle fait corps &agrave; part enti&egrave;re aussi bien avec le versant subjectif (les acteurs de la formation linguistique et culturelle) qu&rsquo;avec le versant objectif de l&rsquo;objet de recherche (la culture en tant qu&rsquo;objet d&rsquo;apprentissage, informant la langue elle-m&ecirc;me et les comportements langagiers).&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Cette omnipr&eacute;sence de la culture se traduit &eacute;galement, nous l&rsquo;avons vu, dans les usages des artefacts num&eacute;riques permettant soit d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; des documents authentiques qui v&eacute;hiculent des traits culturels de la langue-culture cible, soit de mettre en contact des apprenants, des enseignants et des chercheurs qui mettent au jour, explorent et comparent des &eacute;l&eacute;ments culturels inh&eacute;rents aux cultures en contact pour mieux comprendre et appr&eacute;hender la diversit&eacute;. Les cultures d&rsquo;usages du num&eacute;rique peuvent donc fortement influer sur les projets de t&eacute;l&eacute;collaboration, tout comme les croyances, les repr&eacute;sentations des praticien.nes li&eacute;es &agrave; l&rsquo;usage des technologies peuvent informer les pratiques de classe en pr&eacute;sentiel enrichi ou int&eacute;resser l&rsquo;appropriation des outils par les apprenants qui manipulent ces artefacts en autonomie. De ce point de vue, nous avons d&eacute;j&agrave; depuis quelques ann&eacute;es, d&eacute;pass&eacute; les paradigmes et les cat&eacute;gorisations des technologies pour l&rsquo;E/A des langues cultures qui avaient &eacute;t&eacute; formalis&eacute;es lorsque les usages du num&eacute;rique se sont consolid&eacute;s (l&rsquo;ordinateur comme simple outil envisag&eacute; &agrave; tort comme instrument neutre). En effet, si l&rsquo;on pense aux r&eacute;cents d&eacute;veloppements de l&rsquo;IA, la vitesse d&rsquo;&eacute;volution d&rsquo;instruments num&eacute;riques toujours plus sophistiqu&eacute;s, mais aussi toujours plus fluides et maniables &agrave; l&rsquo;usage, toujours plus mobiles, instinctifs et pr&eacute;dictifs oblige &agrave; repenser les cadres &eacute;pist&eacute;mologiques au sein desquels nous explorons leur potentialit&eacute; pour travailler les mat&eacute;riaux culturels authentiques ou confronter les apprenants &agrave; l&rsquo;Alt&eacute;rit&eacute; par le biais d&rsquo;&eacute;changes distants. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;une approche plus interculturelle (la capacit&eacute; &agrave; pousser les apprenants &agrave; se d&eacute;centrer reste essentielle), qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;une approche plus transculturelle vou&eacute;e &agrave; d&eacute;fendre des valeurs universalistes et citoyennes, des &eacute;quilibres peuvent amener &agrave; la mise en place de dispositifs num&eacute;riques plus soucieux des variables environnementales, quitte &agrave; introduire une certaine forme d&rsquo;inconfort dans l&rsquo;analyse scientifique de ces dispositifs. Inconforts et zones de flou inh&eacute;rents &agrave; la recherche en sciences humaines et sociales. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Dans tous les cas, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de ce que l&rsquo;on fait faire aux apprenants pour les aider &agrave; appr&eacute;hender et &agrave; comprendre les &eacute;l&eacute;ments culturels susceptibles d&rsquo;informer les comportements langagiers, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des cultures d&rsquo;usage propres aux outils d&rsquo;apprentissage num&eacute;riques, la culture constitue non seulement une variable environnementale subjective et contextuelle mais elle constitue l&rsquo;essence m&ecirc;me du projet &eacute;ducatif en FLE et dans d&rsquo;autres langues-cultures cible. &Agrave; cet &eacute;gard, nous aurions tort d&rsquo;envisager le num&eacute;rique uniquement comme un simple outil. En tant que chercheurs, il nous appartient d&rsquo;observer sur le terrain la construction <i>in itinere</i> de nouvelles strat&eacute;gies d&rsquo;appropriation des connaissances par ces technologies, d&rsquo;accompagner, dans une d&eacute;marche citoyenne et responsable, des parcours d&rsquo;apprentissage visant &agrave; co-construire des usages r&eacute;flexifs et raisonn&eacute;s des artefacts num&eacute;riques pour vivre partie prenante l&rsquo;&eacute;mergence de nouvelles cultures. </span></span></span></p> <p>Bibliographie</p> <p>Abdallah-Pretceille, M. (2008). &Eacute;thique et diversit&eacute;. &Eacute;ducation et francophonie, 36(2), 16‑30. https://doi.org/10.7202/029477ar<br /> Allaire, S., &amp; Hamel, C. (2009). L&rsquo;&eacute;chafaudage du discours collaboratif en ligne d&rsquo;enseignants dans un contexte de d&eacute;veloppement professionnel formel. 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Le terme est donc &agrave; prendre avec des pincettes. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">[2]</span></span></span></span></span></a> <span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">&Agrave; cet &eacute;gard, soulignons l&rsquo;effort de th&eacute;orisation men&eacute; par le laboratoire ICAR (ENS de Lyon) et ce dans une perspective interdisciplinaire. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[3]</span></span></span></span></a> <span lang="FR" style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif">Forestal (2008) revient sur les discussions d&rsquo;ordre id&eacute;ologique, axiologique et &eacute;thique des diff&eacute;rentes approches mises en place en DLC et d&eacute;fend la conception transculturelle mise en avant par Puren (2002) pour d&eacute;passer les risques d&rsquo;une d&eacute;centration excessive pouvant aboutir au relativisme culturel. Pour l&rsquo;auteure, l&rsquo;approche transculturelle s&rsquo;inscrit en faveur d&rsquo;une d&eacute;marche universaliste et citoyenne plus &agrave; m&ecirc;me d&rsquo;orienter la DLC sur sa vocation formative. </span></span></span></p> </div> </div>