La transcription en TEI des calligrammes et de la bande dessinée LIDILEM, Université Grenoble Alpes Master 2 Industrie de la Langue   Le texte et l’image peuvent être souvent dans un même espace et, dans des configurations diverses et variées. En littérature, les calligrammes et la bande dessinée sont deux genres très distincts, certes, mais qui, au moyen de l’image, tente de donner une nouvelle forme de lecture. Notre objectif est de comprendre comment nous pouvons décrire cette relation entre texte et image avec la TEI (Text Encoding Initiativ) et de tenter de proposer trois types d’annotations : pour de la recherche, pour de la pédagogie et enfin, pour le grand public. <h1 style="text-align:left">1. Les emplacements de l’image au sein d’un texte</h1> L’union entre texte et image peut permettre de nombreuses possibilités comme le moyen de rendre plus explicite l’idée donnée par le texte ou l’image, ou alors d’apporter d’autres éléments pour la compréhension, de favoriser une lecture. Ainsi, texte et image entretiennent une forme d’interaction. Néanmoins, cette interaction est complexe comme l’explique Laurence Bardin, « Dans l'état actuel des connaissances en sémiologie, l'image apparaît comme un univers à la complexité redoutable : ses lois sont mal connues. Cela par opposition à la parole linguistique, qui semble plus accessible, mieux apprivoisée... Or l'une et l'autre apparaissent souvent ensemble (image soulignée ou complétée par un texte, ou texte illustré) et parfois étroitement mêlées<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">1</a>”. L’image peut n’être qu’un élément « accessoire », dans le sens où il n’est pas fondamental pour la compréhension du texte. Dans une autre potentialité, l’image peut être ancrée dans le texte, comme avec la bande desinné. L’image n’est alors plus un élément à part. Enfin, l’image fait sens avec le texte comme dans les calligrammes. <h1 style="text-align:left">2. Calligrammes, bande dessinée et iconographie</h1>   Nous avons décidé de lier les calligrammes et la bande dessinée, car l’iconographie semblerait être un point essentiel à la création de ces &oelig;uvres. Le calligramme travaille alors le texte mais aussi son emplacement dans l’espace de la page. Ce mélange entre texte et image nous fait penser à un autre domaine qui est la bande dessinée. Si calligrammes et bandes dessinées semblent deux genres très différents, nous avons décidé de les rapprocher car tous deux conjuguent écrits et images. L'association de ces deux media enrichit l'interprétation de l’&oelig;uvre. De plus, ils possèdent plusieurs points communs comme la cohésion entre texte et image. Ce dialogue permanent correspond à une recherche d’expressivité, ce qui apparaît par exemple des onomatopées qui en général s’insèrent directement dans le dessin. Ainsi, ce sont des formes d’expressions distinctes, pour des raisons évidentes, mais l’intérêt de notre sujet n’est pas de signaler leurs différences mais leurs points de contact car elles peuvent partager des problématiques communes comme la lisibilité et la place du dessin. De plus, ces deux domaines parviennent, à plusieurs reprises, à se retrouver, que ce soit dans des bande dessinées à vocations plus poétique comme avec l’auteur Baudoin, ou le lien entre l’écriture poétique et les illustrations de certains poèmes, comme a pu le faire Tardi.   <h1 style="text-align:left">3. Les descriptions possibles avec la TEI</h1>   La TEI, Text Encoding Initiative, est une des possibilités pour la transcription de ces types d’écrits. Nous remarquons qu’il n’existe pas beaucoup de balises, aussi bien pour les calligrammes que pour la bande dessinée. Pour la poésie, la TEI propose diverses balises parfois communes à d’autres textes. Pour l’image, certains de textes intègrent parfois de l’iconographie comme des pages manuscrites, des photos etc. mais dans ces cas, l’image n’est pas un élément clé pour la compréhension du texte, à l’inverse des calligrammes et de la bande dessinée. Dans les premiers, l’image apparaît comme un attribut de mise en forme alors que pour la BD ou les calligrammes elle devient un élément de structuration essentiel. <h1 style="text-align:left">4. Le manque d’annotation pour les calligrammes et la bande dessinée</h1>   Certains chercheurs comme Didier Alexandre, Michel Murat, Vincent Jolivet et Éric Thiébaud ont mis en ligne une version numérique de l’oeuvre<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">2</a> Calligrammes d’Apollinaire. L’informatique permettra alors au Projet Apollinaire de collecter, de stocker des données, de les encoder, tout en donnant de nouvelles annotations, afin que les chercheurs puissent partager leurs connaissances sur ce domaine : “Les données pourront être exploitées par des traitements de cartographie, de statistique, d’analyse lexicale et phraséologique (logiciels Philoline, Philomine), de manière à mettre en évidence d’une part la stratégie d’Apollinaire et son action dans le champ littéraire<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">3</a>”. Nous remarquons que la transcription n’est pas fidèle à la forme du calligramme. En effet, la retranscription du dessin s’opère en dessous mais ligne à ligne. Nous nous demandons alors si briser la forme du calligramme pour le retranscrire ne serait-ce pas une forme “d’amputation” du poème. Ainsi, l’image ne serait peut-être pas si “importante” pour les lecteurs puisque ces derniers peuvent l’éliminer. Autrement dit, notre hypothèse de l’image-texte comme difficilement dissociable parait être très fragile. Ainsi, malgré les balises existantes et pouvant être extensibles, il n’existe pas de balises propres à des poèmes visuels puisque ces poèmes n’ont pas la même “structure logique” qu’un poème traditionnel : “Pour le codeur, cette présentation visuelle spécifique conteste dans une certaine mesure l'orientation de la TEI vers les structures logiques<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">4</a>”. Comme pour les calligrammes, la bande dessinée arrive dans un format numérique. Néanmoins, numérisation ne signifie pas encodage des données. Néanmoins, pour la bande dessinée, les textes sont difficilement récupérables et la manipulation de copier et coller les textes de chaque phylactère prendrait trop de temps. 5. Les solutions possibles L’objectif serait de trouver trois types d’annotations. Or, comment, d’une part, réussir à encoder des calligrammes et de la bande dessinée avec un système suffisament riche d’annotations, pour donner un grand nombre d’informations, tout en ayant une utilisation simple, et, d’autre part, un système permettant de ne pas séparer l’image du texte. Le lien alors entre texte et annotation a déjà été tenté par plusieurs chercheurs. Néanmoins, il ne semble pas possible de faire des liens directement entre l’image et l’annotation. Notre hypothèse serait alors de récupérer des extraits du calligramme et de lier chaque partie à des annotations. Cette méthode pourrait nous permettre de ne pas briser la forme du calligramme pour le retranscrire ligne à ligne. Pour la bande dessinée, le problème est plus important car la taille de l’oeuvre est plus grande que pour un calligramme. Le travail de retranscription et d’annotation sera plus long . <h1 style="text-align:left">Conclusion </h1>   Ainsi, l’objectif de la recherche serait donc de réfléchir à un système d’annotation polyvalent, susceptible d’assumer des fonctions diverses (scientifique, pédagogique etc.), en reprenant à la fois les éléments de la TEI et les travaux de recherches déjà existants. Bibliographie   - Bardin L. Le texte et l'image. In: Communication et langages, n°26, 1975. pp. 98-112. - Hénault, A. (2008). Image et texte au regard de la sémiotique. Le français aujourd'hui, 161(2), 11-20. doi:10.3917/lfa.161.0011. - Debon, Claude, Claude Debon commente Calligrammes de Guillaume Apollinaire, Paris, Gallimard, Collection « Foliothèque », 2004, p.19. - Groensteen, Thierry, Système de la bande dessinée, Paris, Paris Presse Universitaire de France, 2011, Deuxième édition, Collection « Formes sémiotiques », 220 p. - Berthou, Benoît, La bande dessinée : quelle lecture, quelle culture ? Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Éditions de la Bibliothèque publique d’information, 2015, [mise en ligne le 31 janvier 2019], [Consulté le 23 janvier 2019], p. 1. Disponible : https://books.openedition.org/bibpompidou/1682?lang=fr - Annie Baron-Cervais, La bande-dessinée, 2007, Presse Universitaire de France, Collection « Que sais-je ? », p. 7 - Didier, Marie, Indexation, structuration et encodage des fonds iconographiques : le fonds Léon Lefebvre de la Bibliothèque Municipale de Lille, Sous la direction de Pierre-Yves Duchemin, [Diplôme de conservateur de bibliothèque], Ecole Normale Supérieure des Sciences de l’information et des bibliothèque, 2005, p. 7, [Consulté le 23 janvier 2019]. Disponible : https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/809-indexation-structuration-et-encodage-des-fonds iconographiques.pdf - “Introduction à la TEI / Stage URFIST / MSHB” in : Maison des Sciences de l’homme en Bretagne, [Consulté le 8 février 2019] Disponible : https://www.mshb.fr/agenda_mshb/introduction-a-la-tei-br-stage-urfist-mshb/5505/ - Alexandre D, Murat, M, Projet Apollinaire, 2014, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2014, [Apollinaire, Guillaume, <cite>Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916</cite>, Mercure de France, 1918]. Disponible: http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/apollinaire/calligrammes. <div id="sdfootnote1"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym" style="color:#000080; text-decoration:underline">1</a>Bardin L. Le texte et l'image. In: Communication et langages, n°26, 1975. pp. 98-112. </div> <div id="sdfootnote2"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym" style="color:#000080; text-decoration:underline">2</a>Alexandre D, Murat, M, Projet Apollinaire, 2014, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2014, [Apollinaire, Guillaume, <cite>Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916</cite>, Mercure de France, 1918]. Disponible http://obvil.paris-sorbonne.fr/corpus/apollinaire/calligrammes. </div> <div id="sdfootnote3"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym" style="color:#000080; text-decoration:underline">3</a>Alexandre D, Murat, M, Projet Apollinaire, 2014, Université Paris-Sorbonne, LABEX OBVIL, 2014, Disponible:http://132.227.201.10:8086/projets/hyperapollinaire </div> <div id="sdfootnote4"> <a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym" style="color:#000080; text-decoration:underline">4</a>TEI by example, “Lewis Carroll: Le conte de la souris” In : “Exemples pour le module 4: Poésie”, Disponible : https://teibyexample.org/examples/TBED04v00.htm     </div>