<p>D'après l'introduction de l'appel à communications, une communauté de pratiques serait caractérisée par trois dimensions interdépendantes, à savoir (1) une dimension sociale et pragmatique liée à l’existence d’une activité commune et partagée, (2) une dimension symbolique, soit le sentiment d’appartenance à un groupe social, ainsi que (3) une dimension cognitive, qui repose sur un vocable commun, le partage de ressources et d’outils informationnels. Dans la présente communication, nous exposerons la démarche originale du programme '<strong>KerBabel</strong>' qui, depuis l'année 2000, propose la création et l'entretien de "communautés de connaissances" par le biais d'une démarche d'évaluation multi-critères et multi-acteurs (moyennant un outil disponible en ligne) autour d'un Problème de Choix Social ou d'action d'intérêt commun. <br />
Dans la première formulation de la démarche KerBabel (2000-2005), les participants d'une évaluation collaborative devaient contribuer, en tant que membres de telle ou telle classe de <strong>Partie-prenante</strong>, à l'évaluation d'un ou de plusieurs <strong>Objets</strong> (par exemple, une stratégie d'investissement, une politique d'aménagement ou un scénario d'action collective) en termes d'un éventail de critères de performance ou de qualité (les <strong>Enjeux</strong>). Les participants au processus d'évaluation communiquent, en tant que membres de telle ou telle classe de Partie-prenante, leurs jugements sur le ou les Objet(s) à évaluer, par rapport à chaque Enjeu de Qualité ou de Performance donné. Ce "jugement" peut être un simple choix de couleur (vert = bon, rouge = mauvais). Ou, plus intéressant, les jugements d'un participant peuvent être exprimés par l'identification et ensuite par la mobilisation de "paniers d'Indicateurs" pour chaque "cellule" de la <strong>Matrice de Délibération</strong>, c'est-à-dire pour un Objet et un Enjeu donnés.<br />
La première originalité de cette démarche, dans les prototypes KerBabel de 2000-2005, était la visibilité en temps réel pour l'ensemble de participants, des "signaux" des uns et des autres concernant la qualité ou l'acceptabilité un Objet. Les "Indicateurs" étaient mobilisés comme autant de "signaux", voire d'Arguments, pour ou contre tel ou tel Objet d'évaluation (par rapport à chaque Enjeu), dans un processus à la fois collaboratif et délibératif. Le choix d'Indicateurs, de leur valeur et de leur poids, au sein d'un "panier" donné, pouvait être modifié par processus itératif, et ceci en fonction (entre d'autres) de l'observation des signaux fournis par les autres participants.<br />
Cette démarche d'évaluation participative nécessitait, logiquement, l'enregistrement des "Indicateurs" dans un catalogue ou inventaire: d'où la naissance du KIK, le <strong>Kiosque aux Indicateurs KerBabel</strong>. La première vocation d'un KIK n'est pas de "stocker des données" mais, au contraire, de mettre à la disposition de l'ensemble de participants, l'ensemble de concepts proposés comme des "Indicateurs candidats" par des membres de la communauté de connaissances ainsi constituée. Un "Indicateur" dans le système KerBabel est donc défini surtoutpar des méta-informations, le constituant comme un élément au sein d'une Base de Données relationnelle composée autour du problème d'évaluation engagé.<br />
Ces méta-informations comportent, entre d'autres, des champs s'adressant aux conventions d'observation et de mesure (si unités de mesure...); mais aussi, et juste aussi importants, s'adressant au contexte de la mobilisation proposée pour l'Indicateur. Pertinent par rapport à quel(s) Objets d'évaluation? Par rapport à quel(s) Enjeu(x)? Selon Qui? <br />
Dix ans plus tard, et fort d'une diversité d'expériences dans des domaines notamment de l'analyse intégrée environnementale (les ressources en eau, l'agriculture durable, la biodiversité), de la RSE, et de la transition énergétique et écologique, nous formalisons cette démarche de "contextualisation" de la pertinence d'un Indicateur comme la création d'un "marché de connaissances", c'est-à-dire, la constitution d'un carrefour entre l'Offre et la Demande sociales des connaissances. Côté de l'Offre de connaissances, on opère le classement d'un Indicateur en termes des "<em>Porteurs de connaissances</em>" et en termes des "<em>Cadres conceptuels</em>" ou des paradigme d'observation et d'analyse permettant de postuler le concept comme une connaissance. Côté de la Demande sociétale de connaissances, on opère le classement d'un Indicateur en termes de l'éventail des "<strong>Options/Objets à évaluer</strong>" et en termes des "<em>Enjeux de qualité, de performance ou d'acceptabilité</em>" retenus pour caractériser le Problème de Choix Social.<br />
Ces éléments techniques se trouvent, depuis 2013, encastrés avec maintes d'autres fonctionnalités, dans la plateforme '<strong>ePLANETe</strong>' pour l'apprentissage collaboratif, la médiation de connaissances environnementales et l'aide à la délibération (en anglais: <em>Deliberation Support Tools</em>), entretenu aujourd'hui par L'Association ePLANETe Blue. <br />
Nous proposons, dans cette communication, d'illustrer l'ambition et les fonctionnalités de cette plateforme par l'exemple, ou cas d'école, de son application - dénommé Ker-Becquerel, et développé dans le cadre de notre travail au sein du Projet multi-partenaire ANR 'AMORAD' - à la question des impacts environnementaux et sociétaux associés à un accident grave dans le fonctionnement d'une centrale nucléaire (en France ou ailleurs). Nous voudrions, par cela, présenter 'ePLANETe' comme, dans les termes de l'appel à communications, le prototype d'un <em>"... système de gestion des connaissances interdisciplinaires favorisant l’intellection scientifique... [visant ...] vise à encourager les échanges de savoirs, le consensus ou la controverse à partir de contenus hétérogènes non initialement conçus pour dialoguer."</em></p>
<p>Coauteurs:</p>
<p>Jean-Marc Douguet, Maître des Conférences en sciences économiques, Université Paris-Saclay</p>
<p>Philippe Lanceleur, Consultant Web services et doctorant, </p>
<p>Martin O'Connor, Professeur en sciences économiques,Université Paris-Saclay</p>
<p>Email: <a href="mailto:eplanete.blue@gmail.com" target="_blank">eplanete.blue@gmail.com</a></p>