L'APPRÉHENSION COLLABORATIVE ET INTERDISCIPLINAIRE DE LA COMPLEXITÉ CROISSANTE PAR LE BIAIS DE LA MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE – ACTION IMAGINEERINT   I. Contexte dans lequel s'ancre notre méthodologie de recherche ImagineerInt   Nous avons conçu notre méthodologie de recherche – action ImagineerInt dans un contexte de complexité croissante (Morin, 1990 ; Sardar, 2010 ; Nijs, 2014), caractérisée notamment par un effondrement écologique (Servigne et Stevens, 2015). Notre travail de conception méthodologique prend donc intrinsèquement en compte les problématiques de déperdition de sens (dans ses dimensions intelligibilité, sensibilité et directionnelle<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">1</a>) de nos sociétés hyperconnectées basées sur un « positivisme algorithmique » (Boullier, 2015) ainsi qu'un réductionnisme scientifique ne permettant pas d'opérer une réelle synergie interdisciplinaire : en d'autres termes, notre travail a pour but de développer une réelle intelligence collective scientifique au service de la transformation sociale dans un monde de plus en plus complexe compte tenu des multiples crises interreliées (crise climatique, crise énergétique, crise démographique, crise sociale,…). La méthodologie de recherche – action ImagineerInt que nous avons conçu tente d'introduire dans le champ social une approche originale de collaboration scientifique, ancrée dans l'épistémologie de l'invention<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">2</a> et la science ouverte citoyenne<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">3</a>. L'objectif est, par ce biais, de faciliter l'intégration du grand public dans la construction d'un savoir scientifique commun intégrant en son sein les savoirs expérientiels de vie des individus. Cette approche vise à relier le champ social à celui de la recherche scientifique, en vue d'appréhender collectivement – à l'échelle territoriale et inter-territoriale – des hyperobjets<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">4</a> complexes comme l'effondrement écologique. Cette méthodologie est constituée de deux dimensions fondamentales, qui visent à couvrir l'intégralité de l'« écosystème de co-construction de savoir scientifique » : - Une dimension matricielle pour l'organisation sociale (sur une base d'auto-organisation, d'auto-gestion et d'autodétermination) visant à faciliter la construction et le développement de communautés épistémiques &oelig;uvrant synergiquement à l'échelle glocale (dialogue entre local et global) et le développement, la protection et la valorisation de ressources culturelles communes (e.g., savoir scientifique formalisé) en tant que « communs de capabilités<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">5</a> » ; et - Une dimension méthodologique de recherche – action, constituée de deux matrices fondamentales : - Le modèle SOLARIS, qui permet d'élaborer, de connecter, d'hybrider et de valoriser de manière rigoureuse des savoirs scientifiques issus de l'expérience personnelle des individus (observation personnelle, création ou énoncé causal spéculatif à tester par une communauté ouverte et distribuée de pair-à-pair)<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">6</a> ; - La méthodologie d'imaginierie territoriale stratégique, qui vise à faciliter le processus de transformation sociale par le biais d'une transcendance de savoir, afin de lutter contre les phénomènes d'entropie sociale et psychique (que nous définissons de manière synthétique comme une sédentarité / stagnation intellectuelle affaiblissant les capacités d'un groupe social à se transformer dans la complexité croissante). Notre modèle ImagineerInt est conçu spécifiquement pour les champs / praxis de la recherche scientifique, de l'ingénierie et de l'éducation populaire. Il a été expérimenté avec succès dans ses trois domaines, et est actuellement utilisé notamment par des chercheurs, ingénieurs et enseignants que nous avons formés à cette méthodologie. Nous travaillons actuellement en collaboration avec un chercheur en informatique, afin de concevoir une version numérique en ligne du modèle SOLARIS. Notre objectif, à terme, est de proposer une version intuitive et interactive des matrices SOLARIS (sous forme de questionnaires constituant ce modèle) afin de faciliter l'élaboration, l'indexation, le stockage, l'archivage et l'accès universel de ces savoirs. Un projet proposé par ce chercheur en informatique (ayant déjà expérimenté le modèle SOLARIS) est de concevoir un algorithme permettant de générer de manière procédurale des connexions créatives entre des SOLIS (savoirs individuels) et SOLARIS (savoirs complexes hybrides) afin de stimuler l'émergence d'idées créatives ou de voies expérimentales initialement insoupçonnées. Le système SOLARIS est, par ailleurs, conçu pour alimenter un patrimoine culturel numérique commun auto-hébergé par une communauté ouverte, distribuée et de pair-à-pair engagée dans son utilisation via : - Un principe fondamental d'auto-hébergement des données numériques (en vue de renforcer la résilience de ce réseau de savoir numérisé) ; - Un système technique « moteur de recherche » permettant d'explorer / crawler efficacement (grâce à une structure documentaire adaptée) les « forêts SOLARIS » (comme patrimoines de savoir auto-gérés et auto-hébergés par des communautés épistémiques locales engagées dans l'utilisation ce modèle). Le but est, par le biais de ce projet de recherche, de concevoir à terme un système technique numérisé facilitant l'identification, la connexion et la mise en réseau synergique de ces savoirs et, par extension, des individus et communautés les développant. Enfin, notre méthodologie ImagineerInt nécessite, pour être pleinement appréhendée, l'utilisation d'un langage commun que nous avons construit stratégiquement pour faciliter les échanges et l'hybridation de savoir, et plus globalement les interactions créatives et inventives au sein de communautés épistémiques. Ce langage est à la fois documentaire (via la structure normative des matrices SOLARIS) et lexical, via un glossaire que nous avons élaboré. Ce dernier est constitué de concepts fondamentaux supportant théoriquement notre méthodologie pratique. Ces concepts (Magitopie, MAGILAB, MAGITECH<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc" style="font-size:57%; color:#000080; text-decoration:underline">7</a>,...) gravitent tous autour d'un acronyme fondamental qu'est la MAGI, pour « Mastering the Art of Glocagenitive Intelligence » (Maîtrise de l'Art de l'Intelligence Glocagénitive). La MAGI renvoie ainsi à un savoir-faire individuel et collectif permettant de faire émerger, via notre méthodologie ImagineerInt, une intelligence collective universelle (Lévy, 1994) glocale régénérant les capacités humaines de développement et de transcendance du savoir, afin de renforcer la résilience sociale dans la complexité croissante. Les premiers retours expérimentaux issus de notre recherche – action (nommée Imaginaeria) montrent un réel effet synergique dans nos échanges et interactions avec d'autres professionnels de la science (recherche et ingénierie) grâce à ce langage commun. Le fait que nous maîtrisions et employions tous ces concepts fondamentaux dans le cadre de nos travaux collaboratifs nous aide ainsi clairement à mieux penser (conceptualiser), ressentir (via des visions collectives partagées issues du sens spécifique de ces concepts) et orienter nos actions, via un écosystème conceptuel transposable à de multiples situations. Par exemple, l'ingénieur en mécanique qui a expérimenté pour la première fois le modèle SOLARIS dans un contexte de crise au sein￹ d'une multinationale a, pour ce faire, raisonné à partir de nos concepts fondamentaux « MAGI » et les a transposés￹ à sa structure professionnelle pour réussir, in fine, à opérer une transformation méthodologique en son sein (des laboratoires qui ne communiquaient jamais ont, suite à son expérimentation, entamé une réelle coopération sur la base d'un échange systématique d'informations, de connaissances et de savoirs scientifiques et techniques).   II. Problématique de notre communication   La problématique que nous avons choisi pour cette communication est la suivante : Comment faciliter matriciellement le travail collaboratif scientifique interdisciplinaire afin d'appréhender efficacement la complexité croissante ?   III. Plan de notre communication   I. Présentation du contexte problématique complexe dans lequel s'ancre notre recherche – action.   II. Présentation de notre méthodologie de recherche – action ImagineerInt visant à appréhender de manière créative et synergique (selon une logique inter et transdisciplinaire) ce contexte problématique.   III. Présentation des premiers retours expérimentaux de notre recherche – action et des voies d'évolution la concernant. Nous intégrerons, dans cette partie, des témoignages de personnes ayant participé à notre projet de recherche – action.     IV. Références bibliographiques   Authier, M., & Lévy, P. (1999). Les arbres de connaissances. Paris: La Découverte/Poche. Bachelard, G., & Lecourt, D. (1980). Épistémologie. Paris: Presses Universitaires de France. Bachelard, G. (2012). Le nouvel esprit scientifique. Paris: Presses Universitaires de France. Banathy, B. (1996). Designing social systems in a changing world. New York: Plenum Press. Berkes, F., Colding, J., & Folke, C. (2003). Navigating Social-Ecological Systems. Cambridge: Cambridge University Press. Bollier, D. 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