<p>Résumé</p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Contexte</span></span></strong></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Il existe deux grandes méthodes de transmission du souvenir : les pratiques de transmissions orales et l’inscription de la mémoire sur des supports tels que le texte ou l’image. Aux souvenirs internes, traces mnésiques, s’opposent les souvenirs externes : les objets constituant pour nous des traces du passé tels que les documents, que nous manipulons et instrumentons afin de préserver le souvenir. En se positionnant entre l’homme et l’information, le document est un média, que l’on peut distinguer en deux catégories : le média technologique et le média perceptif (Bachimont, 2010 : 22). Si ce dernier ne nécessite aucun appareillage particulier pour consulter le contenu archivé – à l’image d’un livre –, au contraire le média technologique doit être mécaniquement et techniquement décodé pour permettre sa consultation. En conséquence, en plus de la traditionnelle médiation culturelle – entremise du sens véhiculée par l’œuvre par un tiers au profit d’un public –, il est nécessaire d’ajouter une médiation technologique pour l’accès au contenu. Ce clivage est identifié par Bruno Bachimont selon l’acception suivante : le fossé d’intelligibilité s’ajoutant au fossé technologique (Bachimont, 2010 : 22). Appliquons ce clivage à un contexte : un ensemble de films de famille produits en France entre 1950 et 1980, numérisés dans les années 2010. Comment accompagner la préservation de la lisibilité culturelle de ces documents face à leur changement de support et au poids des années s’appliquant à leurs auteurs ? Fournir à ces derniers un logiciel au sein duquel ils peuvent annoter et commenter les archives – en somme éditorialiser -, est une approche choisie par plusieurs éditeurs de logiciels commercialisant des plateformes pour la gestion du patrimoine culturel du particulier. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Face au volume de données à traiter, ces éditeurs logiciels incorporent dans leurs plateformes une forte dimension d’automatisation. L’un d’entre eux a retenu notre attention de par sa mobilisation originale des ressources liées et ouvertes publiées sur le Web (<em>linked open </em>data) comme bibliothèque de notices contextualisantes. </span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Théorisé par Tim Berners-Lee – créateur du World Wide Web – le concept d’un web sémantique incarne une vision de l’interconnexion. L’intention fondatrice – permettre aux machines de comprendre la sémantique c’est-à-dire la signification de l’information sur le web (Berners-Lee et als., 2001 : 30) – est aujourd’hui possible par le biais de différentes technologies constituées autour du modèle d’information RDF (Ressource Description Framework) et des différents formats d’échanges de données en RDF permettant de communiquer entre différentes applications (RDF-XML, N3, Turtle). Derrière ces technologies on trouve la volonté d’étendre le réseau des hyperliens entre des pages Web classiques par un réseau de liens entre données structurées permettant ainsi aux agents automatisés d’accéder plus intelligemment aux différentes sources de données contenues sur le Web et de fait d’effectuer des tâches de recherche ou d’apprentissage notamment, de manière plus précise pour les utilisateurs. Dans notre contexte, l’utilisateur du logiciel annote un document avec le nom d’un lieu par exemple. Un agent automatisé interroge les <em>linked open data</em> et rapatrie dans l’interface la notice associée – si elle existe – à ce lieu, permettant à l’utilisateur de lire des informations supplémentaires de contexte. </span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Problématique</span></span></strong></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">La démarche d’éditorialisation des documents est régie par des normes de modélisation de l’information (ontologies et bases de connaissances) permettant une interopérabilité entre les interfaces de programmation (API) du logiciel et des <em>linked open data</em>. Issue de bases de connaissances ouvertes, l’information contextuelle injectée dans le document cohabite avec l’information de nature mémorielle propre à l’archive. Or, en ajoutant des informations à un document patrimonial, on réinvente un document qui n’a jamais existé. Le clivage introduit ici entre des informations contextuelles mises en relation avec des informations de nature mémorielle au sein d’un même dispositif technique de gestion du patrimoine culturel incarne l’enjeu de cette étude. La conjonction de ces deux natures d’informations altère-t-elle la lisibilité culturelle du document ? Jusqu’à quel point ces agents automatisés – « robots » - sont-ils pertinents dans une démarche de valorisation du patrimoine culturel ?</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Plan envisagé</span></span></strong></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">À partir du milieu des années 1990, un collectif de chercheurs construit une panoplie méthodologique destinée à interroger, au sein des « nouvelles technologies de l’information et de la communication », les « objets de facture humaine » (Jeanneret et als., 1999 : 97). Parmi ces objets, les « architextes » – « logiciels porteurs d’une écriture de l’écriture » (Jeanneret, 2008 : 78) – ont une place de choix. Les logiciels de gestion de documents constituent, selon notre hypothèse, un architexte pouvant être interrogé par l’outil méthodologique construit par le collectif de chercheurs. Nous proposons de mettre à profit une posture de recherche particulière, celle de la thèse en convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE) en sciences de l’information et de la communication, afin d’apporter un éclairage « en creux » (Jeanne-Perrier, 2005 : 75) de la conception d’un architexte utilisant les <em>linked open data</em> pour recontextualiser des documents patrimoniaux. Famille©, plateforme conçue par l’éditeur logiciel Perfect Memory, est destinée à la réconciliation et la valorisation des masses de données produites par les particuliers. À travers cette étude de cas, nous chercherons à interroger les opérations réalisées sur le patrimoine du particulier par les utilisateurs et les agents automatisés connectés à la plateforme.</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Nous proposons ainsi de confronter notre problématique et de tester notre méthodologie – une analyse sémiologique des médias informatisés (Jeanneret, 2014) – sur un terrain : la plateforme Famille© éditée par Perfect Memory. L’article sera organisé ainsi : présentation du contexte, problématique, présentation du terrain, présentation de la méthodologie d’analyse sémiotique de l’architexte, présentation des résultats et réponse à la problématique. La présentation des résultats comporte plusieurs sous-parties : l’étude de la vue d’accueil du logiciel, l’étude de la vue détaillée d’un document, l’étude de la chaîne d’opération permettant l’annotation d’un document (cf. figure n°1) et enfin l’étude de l’interface de Wikidata (<em>linked open data</em> mobilisé par Famille</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">™</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">). À l’issue de cet article, nous souhaiterions avoir éclairé les modalités et l’impact de l’interaction entre les notices issues du <em>linked open data</em> et des contenus familiaux, au sein du logiciel Famille</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">™</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">.</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><img alt="" src="/img/8/images/analyse-semiotique_etude_de_cas.jpg" style="height:1837px; width:2598px" /></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:9pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="color:#4f81bd"><strong><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Figure 1 : Étude de cas</span></strong></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><strong><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Bibliographie</span></span></strong></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">BACHIMONT B. (2010), « La présence de l’archive : réinventer et justifier », <em>Intellectica</em>, n°53-54, pp. 281-309 [en ligne] </span></span><a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00769664/document" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00769664/document</span></a></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">BERNERS-LEE T. et als. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">(2001), « The Semantic Web », <em>Scientific American</em>, n°284, pp. 29-37</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">JEANNE-PERRIER V. (2005), « L’écrit sous contrainte : les systèmes de management de contenu (CMS) ». <em>Communication et langages</em>, 146 : 71-81.</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">JEANNERET Y. (2014), <em>Critique de la trivialité. Les médiations de la communication, enjeu de pouvoir</em>, Paris, Editions Non-Standard.</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">JEANNERET Y. (2008), <em>Penser la trivialité. Vol. 1. La vie triviale des êtres culturels</em>, Paris, Hermès-Lavoisier.</span></span></span></span></p>
<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:"Calibri",sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">JEANNERET Y. et SOUCHIER E. (1999), « Pour une poétique de "l’écrit d’écran" ». <em>Xoana. Images et sciences sociales</em>, 6 : 97-107.</span></span></span></span></p>