<p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><em>Par Alfonso Pinto,&nbsp;</em></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><em>Chercheur en g&eacute;ographie, ENS Lyon.</em></span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le concept d&rsquo;Utopie, ainsi que son contraire, Dystopie, poss&egrave;de une relevance g&eacute;ographique non n&eacute;gligeable. La racine grecque du mot (<em>topos</em>) est d&eacute;j&agrave; un signe &eacute;loquent, bien que, selon l&rsquo;acception du terme propos&eacute;e par More, cette g&eacute;ographicit&eacute; ne serait que figur&eacute;e. Cet aspect ne doit pas pourtant d&eacute;courager une analyse ax&eacute;e sur l&rsquo;imaginaire spatiale qui peut se lier, sous formes diff&eacute;rentes, &agrave; ces concepts. L&rsquo;espace, bien que philosophiquement figur&eacute;, est mati&egrave;re pertinente dans les r&eacute;flexions sur les Utopies et les Dystopies. En revanche pour ce qui concerne le temps, il faudrait peut-&ecirc;tre recourir &agrave; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;Uchronie. Si l&rsquo;on tient &agrave; un parall&eacute;lisme &eacute;tymologique, le mot &laquo;&nbsp;Utopie&nbsp;&raquo;, &agrave; la lettre, indiquerait un &laquo;&nbsp;non-lieu&nbsp;&raquo;, dans le sens d&rsquo;un lieu qui n&rsquo;existe pas. De mani&egrave;re sp&eacute;culaire, l&rsquo;Uchronie substitue la dimension spatiale avec celle temporelle. Le r&eacute;sultat est donc un &laquo;&nbsp;non-temps&nbsp;&raquo;, un temps qui n&rsquo;existe pas. Cependant, la question ne se r&eacute;sout pas si facilement. En 1936, R&eacute;gis Messac d&eacute;finit l&rsquo;Uchronie comme une &laquo;&nbsp;terre inconnue, situ&eacute;e &agrave; c&ocirc;t&eacute; ou en dehors du temps, d&eacute;couverte par le philosophe Charles Renouvier, et o&ugrave; sont rel&eacute;gu&eacute;es, comme des vieilles lunes, les &eacute;v&eacute;nements qui auraient pu arriver, mais qui ne sont pas arriv&eacute;s&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[1]</span></sup></sup></a>. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Comme on peut facilement le d&eacute;duire, la notion g&eacute;ographique (terre inconnue) ne dispara&icirc;t pas. Elle change de r&eacute;f&eacute;rent figuratif. L&rsquo;Uchronie selon Messac n&rsquo;est pas un temps, mais au contraire une terre qui contient en son int&eacute;rieur des temporalit&eacute;s &laquo;&nbsp;autres&nbsp;&raquo;, qui ne se sont pas produites. L&rsquo;espace, avec une certaine subtilit&eacute;, devient alors une sorte de m&eacute;taphore visant &agrave; exprimer le temps. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le but de cette contribution n&rsquo;est pas celui de retracer historiquement et philosophiquement les concepts d&rsquo;Utopie, Dystopie et Uchronie. D&rsquo;autres, plus comp&eacute;tents, ont d&eacute;j&agrave; offert nombreuses r&eacute;flexions &agrave; ce propos<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[2]</span></sup></sup></a>. Ici on voudrait offrir un regard sur deux couples de films qui ont contribu&eacute; &agrave; la fabrication du riche imaginaire cin&eacute;matographique de la ville de Los Angeles. Bien que le point de vue soit g&eacute;ographique, n&eacute;anmoins il est important de pr&eacute;ciser que le vrai int&eacute;r&ecirc;t, ici, n&rsquo;est pas celui de s&rsquo;interroger sur les singularit&eacute;s du lieux physique, mais plut&ocirc;t de mettre en place une r&eacute;flexion g&eacute;o-culturelle sur le r&ocirc;le symbolique et id&eacute;el que l&rsquo;imaginaire los-angelin joue. Les films en question, divis&eacute;s en deux couples compl&eacute;mentaires, sont <em>Heat </em>(1995) et <em>Collateral</em> (2008) de Michael Mann, et les deux premiers chapitres de la saga des <em>Terminators</em> (<em>Terminator</em>, 1984 et <em>Terminator 2 : The judgement day</em>, 1991), de James Cameron. La compl&eacute;mentarit&eacute; de ces deux couples r&eacute;side dans le r&ocirc;le jou&eacute; par l&rsquo;espace et par le temps. En effet, si les films de Mann semblent sugg&eacute;rer une exp&eacute;rience urbaine ax&eacute;e sur la spatialit&eacute;, en revanche ceux de Cameron peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme une puissante r&eacute;flexion temporelle qui m&ecirc;le pr&eacute;sent, pass&eacute; et futur. L&rsquo;imaginaire qui en r&eacute;sulte, comme on le verra, se nourrit &agrave; plusieurs reprises des id&eacute;es d&rsquo;Utopie, Dystopie et Uchronie. Mann produit un espace paradoxal, dans lequel les personnages sont constamment c&ocirc;toy&eacute;s par des ailleurs qui ne d&eacute;passent jamais le statut de r&ecirc;ve utopique. Le r&eacute;sultat est une dialectique constante entre un ici et un ailleurs. Cette ville, qui devait repr&eacute;senter l&rsquo;apog&eacute;e de l&rsquo;id&eacute;al urbain am&eacute;ricain, devient, aux yeux de Mann, une spatialit&eacute; profond&eacute;ment dystopique. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Cameron, selon les codes de la science-fiction, transpose ces r&eacute;flexions sur un plan temporel. Dans les <em>Terminators</em> Los Angeles est cette terre inconnue qui contient tout ce qui peut arriver. Les films basculent en effet entre un pessimisme radical (l&rsquo;holocauste nucl&eacute;aire) et la qu&ecirc;te d&rsquo;un avenir, enfin ouvert &agrave; toutes les possibilit&eacute;s. Comment d&eacute;finir donc cet imaginaire ? Comment se met en place donc cette tension entre Utopie, Dystopie et Uchronie ? </span></span></p> <h1>L&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;ici &raquo;&nbsp;et l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;ailleurs&nbsp;&raquo;&hellip; Los Angeles et Mann</h1> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Il suffit de jeter un &oelig;il aux nombreux sp&eacute;cialistes de l&rsquo;urbain pour comprendre comment la ville de Los Angeles, dans son histoire urbaine et dans sa g&eacute;o-morphologie, incarne une sorte de contradiction entre les intentions qui ont anim&eacute; sa naissance et ce qu&rsquo;elle est devenue au cours du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[3]</span></sup></sup></a>. Dans ses pr&eacute;misses la m&eacute;tropole californienne devait constituer &laquo;&nbsp;le mod&egrave;le le plus &eacute;pur&eacute; de la conception du cadre de vie am&eacute;ricain&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[4]</span></sup></sup></a>. Absence de concentration, faible densit&eacute;, valorisation de la sph&egrave;re priv&eacute;e et facilit&eacute; pour les transports individuels. En lisant des auteurs comme Giandomenico Amendola<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[5]</span></sup></sup></a> ou encore Mike Davis<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[6]</span></sup></sup></a>, il est tr&egrave;s facile de constater comme aujourd&rsquo;hui ce cadre a subi un effet pervers. La faible densit&eacute;, qui devait assurer un rapport de proximit&eacute; avec le milieu naturel, a donn&eacute; lieu &agrave; un espace sans limites, sans centres, un espace qui est souvent assimil&eacute; &agrave; une galaxie ou &agrave; une immense r&eacute;gion. D&rsquo;un point de vue cin&eacute;matographique le r&eacute;sultat est pour certains aspects, paradoxal. L&rsquo;horizontalit&eacute; semble d&eacute;border le cadre, et la morphologie los-angeline fatigue &agrave; trouver une identit&eacute; visuelle efficace et exhaustive. Pourtant, ce paradoxe fait de Los Angeles un espace cin&eacute;matographique dou&eacute; d&rsquo;un charme qui trouve dans le genre &laquo;&nbsp;noir&nbsp;&raquo; sa pleine r&eacute;alisation.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Comme le rappellent Erwan Higuinen et Olivier Joyard, &laquo;&nbsp;si, dans l&rsquo;imaginaire collectif, New York est la ville de la com&eacute;die romantique, c&rsquo;est &agrave; un autre genre majeur du cin&eacute;ma am&eacute;ricain que l&rsquo;histoire a associ&eacute; Los Angeles. [&hellip;] Le cin&eacute;ma a cr&eacute;&eacute; ou r&eacute;v&eacute;l&eacute; une autre ville, sombre, tortueuse, perturb&eacute;e et terriblement &eacute;rotique&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[7]</span></sup></sup></a>. Il suffit de citer quelques classiques du genre comme <em>The big sleep </em>de Howard Hawks (1947), <em>Chinatown</em> de Roman Polanski (1974), ou les plus r&eacute;cents <em>L.A. Confidential </em>de Curtis Hanson (1997), <em>Pulp Fiction </em>de Quentin Tarantino (1994), <em>Mulholland drive </em>de David Lynch (2001), sans oublier, bien &eacute;videmment les deux films de Mann dont on est en train de s&rsquo;occuper. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans <em>Heat</em>, mais surtout dans <em>Collateral</em>, cet univers de routes et autoroutes, de lumi&egrave;res au n&eacute;on, de faubourgs sans fin, ne se limite pas au r&ocirc;le de simple d&eacute;cor, mais devient personnage &agrave; plein titre, ou m&ecirc;me <em>deus ex machina</em>. Le tissu g&eacute;om&eacute;trique, les formes froides, l&rsquo;anonymat des espaces, sont tous des &eacute;l&eacute;ments d&eacute;terminants tant dans la caract&eacute;risation des personnages que dans le d&eacute;veloppement de l&rsquo;action. &laquo;&nbsp;La puissance conceptuelle du cin&eacute;ma de Mann, sa tendance &agrave; l&rsquo;abstraction, r&eacute;side dans les mani&egrave;res &agrave; travers lesquelles ses films parviennent &agrave; convertir ce qu&rsquo;ils racontent en paradigmes spatiaux ou g&eacute;om&eacute;triques&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[8]</span></sup></sup></a>. Dans les deux films, la g&eacute;om&eacute;trie mat&eacute;rielle de l&rsquo;espace concret co&iuml;ncide toujours avec un ailleurs tant spatial que temporel. Dans le premier, Neil McCauley (Robert de Niro) est un braqueur de haut niveau. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un personnage froid, lucide, calculateur et obs&eacute;d&eacute; par son occupation, &laquo;&nbsp;<em>I am alone, but I don&rsquo;t feel lonely&nbsp;&raquo;</em> dira-t-il. Sa maison est un cauchemar d&rsquo;architecture postmoderniste dans laquelle miroirs et vitres substituent les murs. Pas de meubles, pas d&rsquo;objets personnels ou de photographies&hellip; rien qui ne puisse laisser entrevoir une identit&eacute;, un pass&eacute;. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Une s&eacute;quence assez int&eacute;ressante est celle qui nous pr&eacute;sente la rencontre entre Neil et la jeune Eady. Cette fille d&eacute;clenchera en Neil le d&eacute;sir de quitter cette vie et cette ville pour un futur diff&eacute;rent, avec elle, en Nouvelle-Z&eacute;lande. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Les deux se trouvent sur une terrasse qui domine l&rsquo;infini <em>skyline</em> los-angelin, (peut-&ecirc;tre la seule image qui peut assumer le r&ocirc;le d&rsquo;ic&ocirc;ne de cette ville). &Agrave; ce propos Jean-Baptiste Thoret affirme qu&rsquo;ici &laquo;&nbsp;Michael Mann souligne en m&ecirc;me temps l&rsquo;artificialit&eacute; du plan, et donc des d&eacute;sirs qui s&rsquo;y expriment, puisque le couple semble plaqu&eacute; sur un fond auquel il n&rsquo;appartient <em>visiblement </em>pas. Plut&ocirc;t que de relier par la profondeur de champ les personnages &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan urbain et de ratifier optiquement l&rsquo;actualisation possible de leur d&eacute;sir, Mann traite Los Angeles comme une surface de projection, inaccessible et inconsistante, qui dit l&rsquo;absence de perspective de leur relation, au sens propre (un &eacute;cran bleu sur lequel est projet&eacute; le <em>skyline</em> de L.A.) comme au sens figur&eacute;&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[9]</span></sup></sup></a>. En fait, &agrave; la fin, on sait que Neil, obs&eacute;d&eacute; par son aberrante &laquo;&nbsp;&eacute;thique du travail&nbsp;&raquo; abandonnera Eady &agrave; la vue de son rival. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le r&ocirc;le de l&rsquo;espace trouve son apog&eacute;e dans <em>Collateral. </em>Higuinen et Joyard d&eacute;finissent le film de Mann comme une &laquo;&nbsp;stridente promenade jazz&nbsp;&raquo;<sup> <a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><sup><span style="font-size:12.0pt">[10]</span></sup></a></sup>. Selon les deux critiques la vraie cl&eacute; de lecture de l&rsquo;&oelig;uvre r&eacute;side dans la mise en sc&egrave;ne de Los Angeles, et de sa singuli&egrave;re morphologie. <em>Collateral </em>est un film qui rythm&eacute; constamment par les mouvements du taxi, par son parcours fait d&rsquo;&eacute;changeurs, avenues, autoroutes et lumi&egrave;res.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans le profond &eacute;clectisme qui caract&eacute;rise la nuit los-angeline, le taxi semble conf&eacute;rer une ult&eacute;rieure profondeur &agrave; la dialectique entre Utopie et Dystopie qui s&rsquo;exprime dans le rapport&nbsp; entre la condition actuelle de Max (<em>taximan </em>&laquo;&nbsp;temporaire&nbsp;&raquo; depuis douze ans!) et son projet d&rsquo;un ailleurs spatio-temporel (son r&ecirc;ve de mettre en place une compagnie de Limousine, mais aussi la petite carte postale carib&eacute;enne qui incarne son d&eacute;sir d&rsquo;&eacute;vasion). De l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; le personnage de Vincent, le tueur, est pour certains aspects semblable &agrave; celui de Neil de <em>Heat. </em>Les deux incarnent, dans le gris de leurs costumes, et dans la froide lucidit&eacute; de leurs comportements, l&rsquo;anonymat de la m&eacute;tropole, son apparente absence d&rsquo;identit&eacute;. Les deux, en effet se r&eacute;v&egrave;lent incapables de briser les trajectoires impos&eacute;s par leur r&ocirc;le (le tueur et le braqueur). L&rsquo;impression est que leur existence n&rsquo;ait du sens qu&rsquo;en fonction de leurs r&ocirc;les respectifs. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">De ce point de vue, Max, le conducteur du Taxi, semblerait au contraire incarner une sorte de ma&icirc;tre de la route. Il semble g&eacute;rer parfaitement la fascinante morphologie los-angeline, il conna&icirc;t les temps et les meilleurs chemins. Toutefois son contr&ocirc;le sur l&rsquo;espace est purement illusoire, puisque, en r&eacute;alit&eacute;, il ne peut jamais choisir la destination de son voyage. Le fait qu&rsquo;il se soit trouv&eacute;, malgr&eacute; lui, impliqu&eacute; dans cette <em>via crucis</em> meurtri&egrave;re, ce n&rsquo;est rien d&rsquo;autre qu&rsquo;une exasp&eacute;ration de sa condition habituelle. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Sa fuite vers les Cara&iuml;bes, son futur &agrave; la direction d&rsquo;une entreprise satisfaisante, apparaissent longuement sous la forme d&rsquo;une Utopie <em>stricto sensu</em>. De mani&egrave;re tant figur&eacute;e que litt&eacute;rale, son espace de projection se situe bien au-del&agrave; de ses possibilit&eacute;s d&rsquo;action (le projet vell&eacute;itaire et la fuite). Son pr&eacute;sent/ici se r&eacute;sout dans une p&eacute;r&eacute;grination impos&eacute;e par une volont&eacute; qui n&rsquo;est jamais la sienne. Dans ce sens Los Angeles, derri&egrave;re le charme de ses lumi&egrave;res, de son rythme &eacute;clectique, se r&eacute;v&egrave;le &ecirc;tre un espace paradoxal, g&eacute;om&eacute;triquement sans fin et dans lequel toute tentation de fuite, en restant perp&eacute;tuellement en dehors du cadre, retombe dans une actualit&eacute; dystopique.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Bien que la forte relevance g&eacute;ographique de ces deux films m&eacute;riteraient un traitement plus approfondi, on peut n&eacute;anmoins affirmer que les rapports entre les personnages et leur d&eacute;cor incarnent une exp&eacute;rience spatio-temporelle qui se manifeste dans une perp&eacute;tuelle tension entre la dystonie de l&rsquo;&laquo;&nbsp;ici&nbsp;&raquo; et du &laquo;&nbsp;maintenant&nbsp;&raquo; et l&rsquo;utopie de l&rsquo;&laquo;&nbsp;ailleurs&nbsp;&raquo; et du &laquo;&nbsp;demain&nbsp;&raquo;, qui en tant que telle, se voit rel&eacute;gu&eacute;e&nbsp; en dehors du cadre di&eacute;g&eacute;tique de l&rsquo;action. </span></span></p> <h1>Les&nbsp;Terminators.&nbsp;L&#39;uchronie retrouv&eacute;e</h1> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">La structure temporelle des deux films de Cameron est sans doute un des &eacute;l&eacute;ments qui contribuent &agrave; l&rsquo;efficacit&eacute; du r&eacute;cit. En particulier, il est utile de rappeler les diff&eacute;rents d&eacute;calages entre pass&eacute;, pr&eacute;sent et futur qui caract&eacute;risent l&rsquo;univers di&eacute;g&eacute;tique du r&eacute;cit. La plupart des &eacute;v&eacute;nements racont&eacute;s se d&eacute;roulent en 1984, pour le premier chapitre, et en 1991 pour le deuxi&egrave;me, c&rsquo;est-&agrave;-dire dans univers temporellement contemporain &agrave; celui du spectateur &agrave; la sortie du film. En revanche, dans la di&eacute;g&egrave;se, ce temps n&rsquo;est pas le pr&eacute;sent, mais le pass&eacute;. Le vrai pr&eacute;sent di&eacute;g&eacute;tique se trouve bien apr&egrave;s l&rsquo;ann&eacute;e 1997, (l&rsquo;ann&eacute;e dans lequel l&rsquo;ordinateur Skynet d&eacute;clenche l&rsquo;holocauste nucl&eacute;aire afin d&rsquo;an&eacute;antir l&rsquo;humanit&eacute;). Le pr&eacute;sent est donc constitu&eacute; par un univers post-apocalyptique, sombre, angoissant, o&ugrave; les hommes peinent &agrave; survivre parmi les ruines et les d&eacute;combres de celle qui fut, autrefois, la ville de Los Angeles. L&rsquo;effet est sans doute remarquable, notamment dans le premier chapitre de la saga. La ville californienne, repr&eacute;sent&eacute;e en 1984, est un univers d&eacute;cadent, laid, que le spectateur sait d&eacute;j&agrave; &ecirc;tre destin&eacute; &agrave; la destruction. Aucun espoir, aucune possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;viter le cauchemar nucl&eacute;aire ne semble exister. D&rsquo;ailleurs tout le premier film, avec un ton biblique, tourne autour de la survie de Sarah, future m&egrave;re de John Connor, qui guidera la r&eacute;sistance contre les machines. La lutte entre le soldat Reese (qui doit prot&eacute;ger Sarah) et le <em>Terminator</em> ne peut en aucune mani&egrave;re remettre en discussion la catastrophe de 1997. Tout ce que les protagonistes peuvent faire c&rsquo;est assurer la naissance de celui qui guidera les hommes vers une possible revanche. L&rsquo;holocauste, quant &agrave; lui, appara&icirc;t comme in&eacute;vitable. D&rsquo;une certaine mani&egrave;re, le futur semble jouir de la m&ecirc;me in&eacute;luctabilit&eacute; qui caract&eacute;rise les temps pass&eacute;s. L&rsquo;ambiance est donc caract&eacute;ris&eacute;e par un pessimisme radical qui, comme nous le rappelle Pierre-Andr&eacute; Taguieff<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[11]</span></sup></sup></a>, d&eacute;riverait de l&rsquo;union entre la r&eacute;volte absolue et totale contre l&rsquo;actualit&eacute;, et l&rsquo;in&eacute;luctabilit&eacute; de cette derni&egrave;re. Selon cette perspective la &laquo;&nbsp;maladie est inh&eacute;rente &agrave; l&rsquo;existence humaine m&ecirc;me&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[12]</span></sup></sup></a>.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&nbsp;Le final est &eacute;loquent. Reese est mort, le <em>Terminator </em>a &eacute;t&eacute; d&eacute;finitivement an&eacute;anti. Sarah, enceinte de John, voyage &agrave; bord d&rsquo;une <em>jeep</em>. Dans une station d&rsquo;essence, probablement au Mexique, un vieil homme lui annonce l&rsquo;arriv&eacute;e d&rsquo;un orage. &laquo;&nbsp;<em>I know</em>&nbsp;&raquo; r&eacute;pond Sarah. Le film s&rsquo;achev&eacute; avec l&rsquo;image embl&eacute;matique de la voiture qui s&rsquo;&eacute;loigne le long d&rsquo;une route parfaitement droite. En perspective sur le fond, on voit des montagnes et en haut, un groupe de nuages noirs et mena&ccedil;ants qui s&rsquo;approchent de la route. La m&eacute;taphore est suffisamment claire. Sarah avance vers un futur noir, vers une apocalypse &agrave; laquelle on devra survivre. La route droite ne permet aucune d&eacute;viation, aucune possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;viter l&rsquo;orage.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">De ce point de vue, il n&rsquo;y a aucune &laquo;&nbsp;terre inconnue&nbsp;&raquo;. La survie ou la mort de Sarah, appartenant au pass&eacute; di&eacute;g&eacute;tique, constituent donc une sorte d&rsquo;Uchronie &laquo;&nbsp;en train de se faire&nbsp;&raquo;. Seulement le d&eacute;calage temporel permet au spectateur d&rsquo;assumer le recul n&eacute;cessaire &agrave; rendre le pass&eacute; partiellement ouvert et &agrave; pouvoir contenir deux diff&eacute;rentes possibilit&eacute;s : celle de l&rsquo;an&eacute;antissement total ou celle d&rsquo;une possible revanche symbolis&eacute;e par le nouveau messie John Connor. Ce dispositif reste quand m&ecirc;me ins&eacute;r&eacute; au sein de la grande in&eacute;luctabilit&eacute; du cauchemar nucl&eacute;aire dont la remise en cause n&rsquo;est pas contempl&eacute;e. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">C&rsquo;est dans le deuxi&egrave;me chapitre que les possibilit&eacute;s s&rsquo;ouvrent et que le dispositif uchronique s&rsquo;&eacute;largit. La structure temporelle est identique, mais cette fois l&rsquo;enjeu initial est la survie du jeune John Connor. Cependant, au fur et &agrave; mesure, cet enjeu change, et pour la premi&egrave;re fois les personnages se trouvent face &agrave; une possibilit&eacute; in&eacute;dite : le grand holocauste nucl&eacute;aire peut &ecirc;tre &eacute;vit&eacute;. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une perspective, d&rsquo;un certain point de vue, plus progressiste, du moins par rapport au pessimisme radical du chapitre pr&eacute;c&egrave;dent. Ici la critique du progr&egrave;s s&rsquo;alterne avec une v&eacute;ritable qu&ecirc;te de futur. L&rsquo;impression est que dans ce film l&rsquo;&ecirc;tre humain puisse encore retrouver son r&ocirc;le perdu d&rsquo;<em>homo faber</em>, de celui qui peut encore d&eacute;terminer son destin. Suivant le d&eacute;calage entre les temporalit&eacute;s de la di&eacute;g&egrave;se et l&rsquo;extra-di&eacute;g&egrave;se, le spectateur se trouve face &agrave; un dispositif de translation uchronique. Les diff&eacute;rentes temporalit&eacute;s susceptibles d&rsquo;exister se concr&eacute;tisent dans le r&eacute;cit : l&rsquo;an&eacute;antissement total de l&rsquo;humanit&eacute; (la mort de John Connor encore jeune), la survie et la renaissance de l&rsquo;homme sous le guide de ce messie post-apocalyptique, mais surtout la possibilit&eacute; que tout cela n&rsquo;arrive pas du tout. &Agrave; ce propos il est int&eacute;ressant de noter comment, encore une fois, revient la m&eacute;taphore de la route. Mais ici, par rapport au premier chapitre, l&rsquo;image est tr&egrave;s diff&eacute;rente. La route est cadr&eacute;e de tr&egrave;s pr&egrave;s, dans un noir total qui emp&ecirc;che la vue de toute autre chose. Pas de perspective, pas de destination, mais seulement un mouvement dans le noir. &Agrave; souligner cet aspect c&rsquo;est la voix off de Sarah : &laquo;&nbsp;<em>The future, always so clear to me, has become like a black highway at night. We were in uncharted territory now&hellip; making up history as we went along</em>&nbsp;&raquo;<em>.</em> Au final, non seulement les protagonistes emp&ecirc;cheront le meurtre du jeune John Connor, mais surtout, ils mettront en discussion le d&eacute;veloppement du super-ordinateur <em>Skynet</em> et donc sa r&eacute;volt&eacute; g&eacute;nocidaire. Il ne s&rsquo;agit donc pas de retrouver un futur positif et id&eacute;al, mais tout simplement de reconstituer une temporalit&eacute; bris&eacute;e en reconstituant le caract&egrave;re ind&eacute;termin&eacute; du temps futur, qui apr&egrave;s une perspective radicalement pessimiste, revient &agrave; son incertitude. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le futur retourne donc ouvert, et toutes les diff&eacute;rentes temporalit&eacute;s se red&eacute;ploient dans le domaine du possible. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">La complexe structure narrative des <em>Terminators</em>, ainsi que les &eacute;videntes liaisons avec le dispositif uchronique, ne rel&egrave;vent pas en revanche d&rsquo;un questionnement esth&eacute;tique. Comme nous le rappelle Raymond Perrez, &laquo;&nbsp;au-del&agrave; d&rsquo;un simple reflet, les films sont aussi des avertissement et participent &agrave; un d&eacute;bat philosophique et id&eacute;ologique sur les fondements de la soci&eacute;t&eacute; et l&rsquo;avenir de l&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[13]</span></sup></sup></a>. D&rsquo;ailleurs nombreux sont les th&egrave;mes que Cameron exploite : le rapport au progr&egrave;s et &agrave; la technologie, la capacit&eacute; de l&rsquo;homme d&rsquo;intervenir sur son propre destin, le r&ocirc;le des machines... Travailler sur l&rsquo;aspect uchronique de la narration ne doit pas donc &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme une d&eacute;marche ind&eacute;pendante, mais au contraire doit s&rsquo;ins&eacute;rer au sein d&rsquo;une r&eacute;flexion plus large sur l&rsquo;exp&eacute;rience temporelle de la modernit&eacute; et de ses modifications. De mani&egrave;re sp&eacute;culaire,&nbsp; les films de Michael Mann, selon des codes esth&eacute;tiques et des univers narratifs diff&eacute;rents, proposent une r&eacute;flexion tout autant importante. Los Angeles dans ce cas transcende ses sp&eacute;cificit&eacute;s locales pour devenir un univers id&eacute;el dont la morphologie si singuli&egrave;re (notamment pour un observateur europ&eacute;en) se veut comme la m&eacute;taphore d&rsquo;une exp&eacute;rience spatiale g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e, caract&eacute;ris&eacute;e par une profonde tension dialectique entre l&rsquo;&laquo;&nbsp;ici&nbsp;&raquo; dystopique et l&rsquo;&laquo;&nbsp;ailleurs&nbsp;&raquo; utopique. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En conclusion on&nbsp; pourrait d&eacute;finir l&rsquo;imaginaire que ces quatre films fabriquent comme &laquo;&nbsp;catastrophique&nbsp;&raquo;, mais &agrave; condition de consid&eacute;rer la catastrophe dans un sens plus large. Elle ne doit pas se lier &agrave; la sp&eacute;cificit&eacute; d&rsquo;un &eacute;v&eacute;nement n&eacute;faste, qui soit probable ou non, imminente ou futur. La v&eacute;ritable catastrophe prend la forme d&rsquo;une exp&eacute;rience de l&rsquo;espace et du temps caract&eacute;ris&eacute;e par le grand d&eacute;s&eacute;quilibre qui &eacute;merge entre l&rsquo;id&eacute;e de &laquo;&nbsp;projet utopique&nbsp;&raquo;, tant dans le sens spatial que temporel (construction d&rsquo;un lieu capable de contenir un avenir positif), et un contemporain qui appara&icirc;t marqu&eacute; par la Dystopie. Cet imaginaire exprime l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un monde sans issue, d&rsquo;un &laquo;&nbsp;ailleurs/demain&nbsp;&raquo; qui reste loin et souvent hors de port&eacute;e et un &laquo;&nbsp;ici-maintenant&nbsp;&raquo; qui se voit souvent priv&eacute; de toute perspective.&nbsp; </span></span></p> <h1>Bibliographie</h1> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">AMENDOLA G., <em>La citt&agrave; postmoderna. Magie e paure della metropoli contemporanea</em>, Milano, Laterza, 1997.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">DAVIS M., <em>City of quartz. Excavating the future in Los Angeles</em>, Verso, 1990.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">GHORRA-GOBIN C., <em>Los Angeles. Le mythe am&eacute;ricain inachev&eacute;</em>, Paris, CNRS &Eacute;ditions, 1997. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">HIGUINEN E., JOYARD O., &laquo; Los Angeles &raquo;, <em>in</em> <em>La ville au cin&eacute;ma</em>, Paris, Cahiers du cin&eacute;ma, 2005.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">JOUSSE T., PAQUOT T., (dir.), <em>La ville au cin&eacute;ma</em>, Paris, Cahiers du cin&eacute;ma, 2005. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">MESSAC R., &laquo; Voyage en Uchronie. Propos d&rsquo;un utopien<em> </em>&raquo;, <em>in</em> <em>Les Primaires</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;83, novembre 1936.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">PAQUOT T., <em>Utopies et Utopistes</em>, Paris, La D&eacute;couverte, Coll. Rep&egrave;res, 2007. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">PERREZ R., &laquo; Futurs imparfaits&nbsp;: Visions du troisi&egrave;me mill&eacute;naire dans le cin&eacute;ma de science-fiction contemporain &raquo;,&nbsp; <em>in Anglophonia. French journal of english studies</em>, n&deg; 3, 1999.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">RENOUVIER C., <em>L&rsquo;Uchronie (L&rsquo;Utopie dans l&rsquo;Histoire)</em>, Paris, Bureau de la critique philosophique, 1876. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">RICOEUR P., <em>L&rsquo;id&eacute;ologie et l&rsquo;Utopie</em>, Paris, Seuil, 1997. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">SERVIER J., <em>Histoire de l&rsquo;Utopie</em>, Paris, Folio, coll. Essais, 1997.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">TAGUIEFF P.-A., <em>Le sens du progr&egrave;s. Une approche historique et philosophique</em>, Paris, Flammarion, 2004. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">THORET J.-B., &laquo; Michael Mann &raquo;, in <em>La ville au cin&eacute;ma</em>, Paris, Cahiers du cin&eacute;ma, 2005.</span></span></p> <div> <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[1]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> MESSAC R.,&nbsp; &laquo; Voyage en Uchronie. Propos d&rsquo;un utopien<em> </em>&raquo;,<em> in</em> <em>Les Primaires</em> n<sup>o</sup>&nbsp;83, novembre 1936, p. 542. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[2]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Cf. PAQUOT T., <em>Utopies et Utopistes</em>, Paris, La D&eacute;couverte, 2007 ; RICOEUR P., <em>L&rsquo;id&eacute;ologie et l&rsquo;Utopie</em>, Paris, Seuil, 1997 ; SERVIER J., <em>Histoire de l&rsquo;Utopie</em>, Paris, Folio, coll. Essais, 1997 ; RENOUVIER C., <em>L&rsquo;Uchronie (L&rsquo;Utopie dans l&rsquo;Histoire)</em>, Paris, Bureau de la critique philosophique, 1876. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[3]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> GHORRA-GOBIN C., <em>Los Angeles, Le mythe am&eacute;ricain inachev&eacute;</em>, Paris, CNRS &Eacute;ditions, 1997. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[4]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Idem</em>, p. 7. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[5]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> AMENDOLA G., <em>La citt&agrave; postmoderna. Magie e paure della metropoli contemporanea</em>, Milano, Laterza, 1997.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[6]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> DAVIS M., <em>City of Quartz. Excavating the future in Los Angeles</em>, Verso, 1990.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[7]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> HIGUINEN E., JOYARD O.,&nbsp; &laquo; Los Angeles &raquo;, <em>in</em>&nbsp; <em>La ville au cin&eacute;ma</em>, Paris, Cahiers du cin&eacute;ma, p. 452.&nbsp; </span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[8]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> THORET J.-B., &laquo; Michael Mann &raquo;, <em>in</em> <em>La ville au cin&eacute;ma</em>, <em>Op. Cit</em>., p. 756. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[9]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Idem</em>,<em> </em>p. 752. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[10]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> HIGUINEN E., JOYARD O.,&nbsp; &laquo; Los Angeles &raquo;, <em>in La ville au cin&eacute;ma</em>, <em>Op. Cit.</em>, p. 457. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[11]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> TAGUIEFF P.-A., <em>Le sens du progr&egrave;s. Une approche historique et philosophique</em>, Paris, Flammarion 2004.&nbsp; </span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[12]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Idem</em>, p. 260. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[13]</span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> PERREZ R., &laquo; Futurs imparfaits: Visions du troisi&egrave;me mill&eacute;naire dans le cin&eacute;ma de science-fiction contemporain &raquo;,&nbsp; <em>in</em> <em>Anglophonia. French journal of english studies</em>, n&deg; 3, 1999, p. 217. </span></span></span></p> </div> </div>