<div class="WordSection1"> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm;"><em><strong>VARIA</strong></em></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><em><span style="font-size:12pt">Par S&eacute;bastien Joffres,&nbsp;</span><span style="font-size:12pt">Doctorant en sociologie, Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3.</span></em></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dans l&rsquo;histoire de la sociologie, les liens de notre science avec le politique ont &eacute;t&eacute; r&eacute;guli&egrave;rement questionn&eacute;s. Apr&egrave;s les p&egrave;res fondateurs posant un interdit quant &agrave; l&rsquo;action politique du sociologue, plusieurs ont r&eacute;engag&eacute; cette r&eacute;flexion pour en proposer diverses traductions. Nous pensons &ndash; pour ne citer qu&rsquo;eux &ndash; &agrave; Pierre Bourdieu, Alain Touraine, Bruno Latour, Michael Burawoy... Pour la discipline, cette question est bien fondamentale. Les r&eacute;ponses que nous lui apportons viennent dire selon quelles conditions le sociologue entend produire des discours et quelle(s) validit&eacute;(s) nous pouvons leurs accorder. Elles d&eacute;finissent aussi la place du chercheur dans l&rsquo;ordre du monde et sa construction.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Avec un peu d&rsquo;imagination, nous pouvons dire que si Weber a laiss&eacute; derri&egrave;re lui <i>Le savant et le politique</i>, alors Pascal Nicolas-Le Strat l&egrave;guera <i>Le savant fait politique</i><a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1" title=""><span style="color:blue">[1]</span></a>. Il travaille aussi ce chantier<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2" title=""><span style="color:blue">[2]</span></a> en y d&eacute;veloppant une version originale et radicale de la r&eacute;ponse &agrave; la question &eacute;pist&eacute;mologique qui devient sous sa plume &laquo;&nbsp;&eacute;pist&eacute;mopolitique&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3" title=""><span style="color:blue">[3]</span></a>. Dans le cadre du projet politique des communs &ndash; qui se pose comme voie alternative &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat et au capitalisme &ndash; il propose que le chercheur et avec lui les sciences sociales, soit pleinement partie prenante de la construction de cette nouvelle voie. Ce n&rsquo;est plus en tant qu&rsquo;expert ou bien qu&rsquo;intellectuel avant-gardiste qu&rsquo;il participe &agrave; la construction d&rsquo;un futur d&eacute;sirable. Il ne pose pas un discours &agrave; distance, d&eacute;cr&eacute;tant ce qui devrait &ecirc;tre. C&rsquo;est en tant qu&rsquo;acteur, apportant les outils de la recherche, selon une certaine &eacute;thique ou &eacute;pist&eacute;mopolitique, qu&rsquo;il contribue au m&ecirc;me titre que les autres, &agrave; fonder les communs dans le cadre d&rsquo;exp&eacute;rimentations de modes de vie, de collaboration, de travail, d&rsquo;intervention... Le chercheur n&rsquo;est donc plus missionn&eacute; ou bien int&eacute;ress&eacute; &agrave; distance. Il participe en tant que citoyen concern&eacute;. Nicolas-Le Strat propose donc d&rsquo;inscrire les sciences sociales au c&oelig;ur d&rsquo;un projet de soci&eacute;t&eacute;.</span></span></span></span></p> <h1>Construire les communs</h1> <h2>&nbsp;</h2> <h2>Nous communons<a href="#_ftn4" title="">[4]</a></h2> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Le commun, en tant que principe politique, laisse esp&eacute;rer une r&eacute;appropriation collective des questions qui nous concernent en commun&nbsp;; en tant que forme de gouvernement, il garantit que les biens et services d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t collectif seront bel et bien administr&eacute;s en commun, sur une base d&eacute;mocratique&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5" title=""><span style="color:blue">[5]</span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Le projet du commun vient s&rsquo;opposer &agrave; deux ennemis. D&rsquo;une part, le capitalisme avec son march&eacute; produit des in&eacute;galit&eacute;s, soumet les gens &agrave; ses objectifs de rentabilit&eacute;, d&eacute;truit les liens entre individus... D&rsquo;autre part, l&rsquo;&Eacute;tat contr&ocirc;le, rigidifie, gouverne... Dans ces deux logiques, la vie est g&eacute;r&eacute;e ailleurs que l&agrave; o&ugrave; elle se d&eacute;roule et par d&rsquo;autres que ceux qui la vivent. Chacun est d&eacute;poss&eacute;d&eacute; de ce qui le concerne au profit de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t public d&eacute;fini par l&rsquo;&Eacute;tat et/ou du march&eacute;. En r&eacute;ponse, le terme &laquo;&nbsp;commun&nbsp;&raquo; porte cette revendication que l&rsquo;ensemble des &eacute;l&eacute;ments naturels (l&rsquo;eau, le gaz, la terre...) et artificiels (le langage, les espaces de vie, l&rsquo;organisation du travail...) qui nous concernent soient notre propri&eacute;t&eacute; commune et soient g&eacute;r&eacute;s selon la voie d&rsquo;une d&eacute;mocratie radicale. Ces &eacute;l&eacute;ments doivent &ecirc;tre utilis&eacute;s, entretenus, gouvern&eacute;s et travaill&eacute;s en commun sans qu&rsquo;une instance sup&eacute;rieure &agrave; l&rsquo;individu et aux communaut&eacute;s concr&egrave;tes qu&rsquo;il institue avec les autres, pr&eacute;tende les g&eacute;rer. C&rsquo;est un gouvernement par le bas, o&ugrave; les seuls entit&eacute;s de gestion et de d&eacute;cision peuvent &ecirc;tre celles qui sont pens&eacute;es, d&eacute;cid&eacute;es, construites et anim&eacute;es par celles et ceux qui prennent part.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Cette d&eacute;mocratie doit &ecirc;tre participative en ce que chacun puisse s&rsquo;exprimer &agrave; partir de son exp&eacute;rience de vie et contributive<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6" title=""><span style="color:blue">[6]</span></a> en ce que chacun puisse proposer &agrave; partir de ce qu&rsquo;il exp&eacute;rimente. Il s&rsquo;agit donc &agrave; la fois de discuter sur ces communs, mais aussi d&rsquo;essayer, de contribuer, d&rsquo;inventer, de se tromper... C&rsquo;est une d&eacute;mocratie du commun en ce que son principe g&eacute;n&eacute;ral est de g&eacute;rer en commun et une d&eacute;mocratie &laquo;&nbsp;des communs&nbsp;&raquo; en ce que cette logique se joue partout o&ugrave; les individus sont en mesure de la mettre en place<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7" title=""><span style="color:blue">[7]</span></a>. L&rsquo;horizon qu&rsquo;offre l&rsquo;auteur est celui d&rsquo;une globalit&eacute; pens&eacute;e selon le commun et qui soit constitu&eacute;e d&rsquo;une multitude de lieux, de projets effectivement pens&eacute;s et agis selon cette logique. Le commun est &agrave; la fois principe global et local. Nicolas-Le Strat pr&eacute;sente ce projet comme d&eacute;sirable et absolument n&eacute;cessaire pour notre &eacute;poque. Il le qualifie de &laquo;&nbsp;d&eacute;bo&icirc;tement radical&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8" title=""><span style="color:blue">[8]</span></a>, de &laquo;&nbsp;d&eacute;calage&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9" title=""><span style="color:blue">[9]</span></a>. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;appeler une troisi&egrave;me voix qui servirait de b&eacute;quilles aux deux autres, mais de proposer un voie alternative qui remplacerait les pr&eacute;c&eacute;dentes. Le commun est donc un horizon&nbsp;: il se conjugue au futur.</span></span></span></span></p> <h2>Nous communons</h2> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Une fois que nous avons dit cela, nous n&#39;avons rien dit du propos central de l&rsquo;auteur. Si le commun peut &ecirc;tre vu comme futur utopique, celui dont il parle principalement et qu&rsquo;il &eacute;tudie se conjugue au pr&eacute;sent. Il ne s&rsquo;agit pas de constater un pass&eacute; ou de regarder vers un avenir d&eacute;sirable, l&rsquo;encenser et prouver sa sup&eacute;riorit&eacute;. Il est question d&rsquo;&eacute;tudier comment se constituent les communs maintenant. C&rsquo;est cette activit&eacute;, de mani&egrave;re situ&eacute;e, dans des projets de vie en communaut&eacute;, des cr&eacute;ations artistiques, la gestion de squats, des interventions sociales, etc. que l&rsquo;auteur &eacute;tudie sous le terme de &laquo;&nbsp;travail du commun&nbsp;&raquo;. Il n&rsquo;est pas question d&rsquo;analyser comment les gens agissent ensemble (travail en commun), mais comment est-ce qu&rsquo;ils cr&eacute;ent les conditions, les r&egrave;gles et les dispositifs pour agir en commun.</span></span></span></span></p> <h3>Un constructivisme radical</h3> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;[...] dans quels processus sommes-nous entra&icirc;n&eacute;s, voire emport&eacute;s&nbsp;? Dans nulle autre perspective que celle d&eacute;termin&eacute;e par nos coop&eacute;rations et collaborations&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10" title=""><span style="color:blue">[10]</span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Le projet politique que d&eacute;fend l&rsquo;auteur n&rsquo;est en rien bas&eacute; sur une vision ontologique de l&rsquo;humanit&eacute; ou naturalis&eacute;e du monde. Le commun n&rsquo;est pas l&rsquo;essence de la vie en soci&eacute;t&eacute; ou bien des ressources naturelles. C&rsquo;est un construit. C&rsquo;est un choix. L&rsquo;auteur s&rsquo;inscrit donc dans une perspective politique radicalement constructiviste. Ce qui est mis au centre c&rsquo;est d&rsquo;une part le choix des modalit&eacute;s de l&rsquo;&ecirc;tre ensemble et d&rsquo;autre part leur r&eacute;alisation concr&egrave;te. Le projet des communs se justifie sur la base des&nbsp; critiques localis&eacute;es que portent des individus concrets se retrouvant &agrave; l&rsquo;encontre de l&rsquo;&Eacute;tat et du capitalisme. Il vient &agrave; l&rsquo;existence &agrave; travers ce que les gens mettent en place pour le vivre. Le commun n&rsquo;existe que parce que nous le construisons et non parce qu&rsquo;il s&rsquo;impose comme principe transcendant.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Le commun est au pr&eacute;sent politique&nbsp;: il ne s&rsquo;agit pas de l&rsquo;attendre pour demain, mais de le construire aujourd&rsquo;hui, au &laquo;&nbsp;rez-de-chauss&eacute;e de nos activit&eacute;s&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11" title=""><span style="color:blue">[11]</span></a>, c&rsquo;est-&agrave;-dire dans les projets collectifs que nous pouvons porter, dans nos institutions de travail, dans nos relations quotidiennes. Le commun est aussi au pr&eacute;sent sociologique&nbsp;: il s&rsquo;agit de tracer sa constitution dans l&rsquo;activit&eacute; des militants. Le monde est abord&eacute; &agrave; travers les processus qui lui donnent consistance et l&rsquo;activit&eacute; des acteurs qui lui permet d&rsquo;exister. L&rsquo;auteur passe peu de temps en Histoire et consacre aussi peu de temps &agrave; d&eacute;finir l&rsquo;horizon utopique. L&rsquo;essentiel de son effort est de d&eacute;crire les micro-politiques du commun. Nous retrouvons ici la filiation F&eacute;lix Guattari. Le projet politique global n&rsquo;est qu&rsquo;en arri&egrave;re-plan. Ce qui compte principalement, c&rsquo;est la multiplication d&rsquo;initiatives qui localement tentent de construire autre chose de mani&egrave;re &agrave; faire bouger les lignes de forces. C&rsquo;est dans la d&eacute;multiplication de ces exp&eacute;riences mol&eacute;culaires que peut se trouver la force d&rsquo;un changement &agrave; un plus grand niveau.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Ces caract&eacute;ristiques constituent une dimension extr&ecirc;mement importante et stimulante du travail de Nicolas-Le Strat tant sur le plan sociologique que politique. Il y a dans son approche quelque chose d&rsquo;original. Il consacre par exemple un chapitre du <i>Travail du commun</i> &agrave; la capacitation<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12" title=""><span style="color:blue">[12]</span></a>. Il permet de mesurer le d&eacute;calage avec d&rsquo;autres approches. Il y critique certaines d&eacute;finitions de l&rsquo;<i>empowerment</i>, tr&egrave;s en vogues dans les politiques publiques et le travail social, qui d&eacute;crivent le pouvoir d&rsquo;agir comme quelque chose d&rsquo;ontologique. Du fait de ce caract&egrave;re, la capacitation est repouss&eacute;e &agrave; demain car doit se faire au pr&eacute;alable tout un travail de r&eacute;v&eacute;lation du pouvoir d&rsquo;agir. Les intervenants sociaux doivent accompagner les usagers &agrave; trouver en eux ce pouvoir avant d&rsquo;en faire usage. Or, l&rsquo;auteur, pla&ccedil;ant la capacitation du c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une construction, il la conjugue au pr&eacute;sent. L&rsquo;enjeu n&rsquo;est pas de la trouver en nous, mais de travailler au commun. Par ce travail, elle s&rsquo;exprime d&egrave;s maintenant et en m&ecirc;me temps nourrit ses conditions d&rsquo;existence. Elle n&rsquo;est pas limit&eacute;e par ce qu&rsquo;ontologiquement nous avons comme capacit&eacute;, mais par le projet que nous portons et ce que nous mettons en place. Nous sommes presque tent&eacute;s de dire que ce choix d&rsquo;un constructivisme radical est &eacute;mancipateur en ce qu&rsquo;il lib&egrave;re d&rsquo;une nature pr&eacute;suppos&eacute;e de l&rsquo;&ecirc;tre humain. Le regard est alors port&eacute; sur le dispositif, sur l&rsquo;environnement et non sur la nature et la valeur fantasm&eacute;e de l&rsquo;individu. Sur le plan sociologique, cette approche rabat sur la question du &laquo;&nbsp;comment&nbsp;?&nbsp;&raquo; et permet de ne pas r&eacute;ifier le commun ou l&rsquo;&ecirc;tre humain capable. Comment peuvent-ils exister&nbsp;? Comment se construisent-ils&nbsp;? Par quels outillages leurs donne-t-on corps&nbsp;? Et ces questions permettent d&rsquo;&eacute;tudier la r&eacute;alit&eacute; en profondeur. Bien plus que d&rsquo;autres qui r&eacute;ifieraient le commun, le rendant ainsi opaque.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Ce type de sociologie est une sociologie de l&rsquo;activit&eacute; car elle se centre sur ce qui est fait, sur les processus animant et construisant une r&eacute;alit&eacute; ainsi qu&rsquo;une sociologie des dispositifs en ce qu&rsquo;elle porte son regard sur des assemblages de personnes, d&rsquo;outils, de discours... Le commun de Nicolas-Le Strat n&rsquo;est pas un lieu de d&eacute;bat entre individus discursifs ou bien un tr&eacute;sor de l&rsquo;humanit&eacute;. Il est une cr&eacute;ation qui ne pourra exister que parce qu&rsquo;auront &eacute;t&eacute; mis en place certains agencement de personnes, d&rsquo;objets, de temps, d&rsquo;espaces, d&rsquo;outils d&rsquo;expression, et parce que ses participants y travaillent.</span></span></span></span></p> <h3>Le commun est-il une utopie&nbsp;?</h3> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Si le projet d&rsquo;une d&eacute;mocratie du commun reste en ligne d&rsquo;horizon, c&rsquo;est le commun au pr&eacute;sent et tel qu&rsquo;il se fait au r&eacute;el qui occupe l&rsquo;auteur. Son dernier livre est tr&egrave;s utopique par certains aspects car charg&eacute; d&rsquo;un d&eacute;sir de changements radicaux. Mais ce qui l&rsquo;int&eacute;resse encore plus fort est la construction concr&egrave;te des communs, r&eacute;alisations fragiles, partielles, mobiles, en &eacute;volution. Il donne &agrave; voir des communs en tension entre r&eacute;alisation et projection. Ces communs-l&agrave; n&rsquo;ont rien d&rsquo;imaginaires et n&rsquo;habitent pas des lieux fantasmatiques. Ils sont en tous lieux o&ugrave; nous arrivons &agrave; les construire et ils sont au pr&eacute;sent bien que tendus vers le futur. Ses communs n&rsquo;ont rien de m&eacute;thodiques, il n&rsquo;en pose pas une d&eacute;finition claire, univoque, pure et parfaite. Ce qu&rsquo;il &eacute;tudie est ce qui s&rsquo;inscrit, de mani&egrave;re large, dans les dynamiques qui se retrouvent sous ce label. En bref, son travail du commun, bien que motiv&eacute; par un futur id&eacute;al, est plein de r&eacute;el. Nous pouvons alors nous demander si le commun est une utopie&nbsp;? Le but de la question n&rsquo;est &eacute;videmment que rh&eacute;torique. Son seul int&eacute;r&ecirc;t est de pointer vers l&rsquo;analyse de l&rsquo;auteur en tension entre r&eacute;el et d&eacute;sir au pr&eacute;sent et soci&eacute;t&eacute; transform&eacute;e au futur.</span></span></span></span></p> <h1>Les sciences sociales commuent</h1> <h2>&nbsp;</h2> <h2>La recherche-exp&eacute;rimentation</h2> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Ma pr&eacute;occupation [&hellip;] n&rsquo;est pas principalement l&rsquo;engagement individuel du sociologue dans l&rsquo;action, mais bien l&rsquo;engagement collectif d&rsquo;un m&eacute;tier et d&rsquo;une pratique, &agrave; savoir une recherche en science sociale en tant que dispositif de coop&eacute;ration pour agir et penser. Comment la recherche en science sociale s&rsquo;engage-t-elle dans l&rsquo;action et prend-elle sa part, et toute sa part, aux enjeux politiques du moment&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13" title=""><span style="color:blue">[13]</span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Lorsque l&rsquo;auteur &eacute;crit sur le travail du commun, il ne le fait pas en tant que chercheur-observateur des projets &eacute;tudi&eacute;s, mais en tant que &laquo;&nbsp;citoyen-chercheur-impliqu&eacute;&nbsp;&raquo;. En parall&egrave;le et en ant&eacute;riorit&eacute; de son travail sur le commun, il a d&eacute;velopp&eacute; tout un propos sur la mani&egrave;re dont la sociologie, et par extension les sciences sociales, peuvent et doivent participer de la construction d&rsquo;alternatives. Sa pratique de la recherche s&rsquo;est inscrite notamment dans le cadre de ce qu&rsquo;il appelle &laquo;&nbsp;exp&eacute;rimentations&nbsp;&raquo; &agrave; la suite de Jean Dubost et Andr&eacute; L&eacute;vy, c&rsquo;est-&agrave;-dire&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; margin-left: 40px;"><q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;des actions ou des exp&eacute;riences concr&egrave;tes, qui se veulent innovantes, prospectives (communaut&eacute;s, groupes autog&eacute;r&eacute;s...) et qui constituent en elles-m&ecirc;mes une forme de recherche, une recherche en acte [&hellip;]. Elles constituent des recherches non seulement parce qu&rsquo;elles mettent &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve des id&eacute;es ou des utopies, mais aussi parce qu&rsquo;elles s&rsquo;accompagnent d&rsquo;une r&eacute;flexion et d&rsquo;une analyse, men&eacute;es au fur et &agrave; mesure par leurs auteurs ou promoteurs (carnets de notes, &eacute;changes plus ou moins organis&eacute;s, comptes rendus &eacute;crits...) pour mieux comprendre les conditions et les limites de leurs exp&eacute;riences et &eacute;ventuellement pour les faire conna&icirc;tre&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14" title=""><span style="color:blue">[14]</span></a>.</span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Le chercheur prend part au projet de constitution d&rsquo;un commun. Il le fait en tant que personne concern&eacute;e, avec son exp&eacute;rience et, entre autres mais pas que, avec ses outils et pratiques de chercheur. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t est que la recherche puisse s&rsquo;int&eacute;grer comme activit&eacute; ayant place dans l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me de l&rsquo;exp&eacute;rimentation et qu&rsquo;elle soit un outil de connaissance et de transformation.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Pour comprendre cette n&eacute;cessit&eacute;, il est important de saisir ce que fait la recherche. Elle est cr&eacute;ative<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15" title=""><span style="color:blue">[15]</span></a>. En g&eacute;n&eacute;ral, le chercheur esp&egrave;re contr&ocirc;ler les biais qu&rsquo;il introduirait en situation. Notre hypoth&egrave;se est que les sciences sociales, malgr&eacute; toutes leurs r&eacute;flexions &eacute;pist&eacute;mologiques pour qualifier au plus pr&egrave;s ce qu&rsquo;elles font &ndash; au sens d&rsquo;activit&eacute; et de produit de cette activit&eacute; &ndash; gardent cette impression que faire du terrain revient &agrave; plonger dans la vie r&eacute;elle. Cela est comme r&eacute;aliser un pr&eacute;l&egrave;vement de tissu pour le mettre sous le microscope en ayant une impression de contact direct avec le r&eacute;el. Seulement, cette sensation oublie tout l&rsquo;artifice de la situation&nbsp;: un microscope n&eacute;cessite des produits colorants, des r&eacute;v&eacute;lateurs, des polarisateurs, etc. afin de voir le r&eacute;el. Il est un metteur en sc&egrave;ne, il n&rsquo;ouvre pas un acc&egrave;s direct au monde. Nicolas-Le Strat, en ce qui concerne cette illusion naturaliste des sciences sociales, ne fait que d&eacute;plier enti&egrave;rement les postulats de base&nbsp;: la pr&eacute;sence du chercheur compte. Le chercheur perturbe et cette perturbation est sa force. Il est un cr&eacute;ateur d&rsquo;agencements qui permettent &agrave; la r&eacute;alit&eacute; de venir s&rsquo;actualiser tout comme le microscope permet &agrave; des tissus d&rsquo;&ecirc;tre visibles pour l&rsquo;homme. Elle vient se mettre en sc&egrave;ne dans le cadre qu&rsquo;offre le dispositif de recherche. Et cette actualisation est &agrave; penser par le collectif et le chercheur en fonction de ce qu&rsquo;ils esp&egrave;rent percevoir de leur exp&eacute;rimentation. Cette actualisation n&rsquo;est pas simplement &agrave; penser comme un processus de r&eacute;v&eacute;lation, mais bien dans le plein sens du terme&nbsp;: la r&eacute;alit&eacute; se recr&eacute;e, vient exister &agrave; nouveau compte pour des objectifs de connaissance et d&rsquo;action. La recherche participe &agrave; constituer la r&eacute;alit&eacute; de l&rsquo;exp&eacute;rimentation sous un nouvel angle de vue, avec de nouveaux mots, en offrant de nouvelles possibilit&eacute;s. Par exemple, si un collectif souhaite r&eacute;fl&eacute;chir et travailler sur les affects ou bien sur les rapports genr&eacute;s, le dispositif de recherche devra &ecirc;tre pens&eacute; pour faire appara&icirc;tre l&rsquo;exp&eacute;rimentation sous l&rsquo;angle n&eacute;cessaire &agrave; ce travail.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Cela cr&eacute;e un espace de pens&eacute;e et de travail dans la r&eacute;alit&eacute;. Voir, dire et lire<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16" title=""><span style="color:blue">[16]</span></a> &agrave; nouveau compte cette r&eacute;alit&eacute; en tension entre un pr&eacute;sent et un devenir, un r&eacute;alis&eacute; et un d&eacute;sirable qu&rsquo;est l&rsquo;exp&eacute;rimentation est un des objectifs de la recherche. Elle cr&eacute;e un d&eacute;calage pour mieux saisir les enjeux politiques et sociaux aff&eacute;rents et pour voir ce qui est produit. Il est &agrave; la fois question de penser l&rsquo;existant, mais aussi de poser des hypoth&egrave;ses sur le possible. Et encore, penser l&rsquo;existant n&rsquo;est pas poser une v&eacute;rit&eacute;, une explication, mais proposer des centres de perspective en esp&eacute;rant qu&rsquo;ils seront op&eacute;rant, qu&rsquo;ils affecteront l&rsquo;exp&eacute;rimentation en reconfigurant le voir, le dire et le lire des acteurs. La recherche constitue au sens fort. Elle permet &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rimentation d&rsquo;exister dans un nouvel espace et de nouveaux processus. Dans le dispositif de recherche, les rapports genr&eacute;s pourront appara&icirc;tre en exergue par exemple, mettant de c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;autres dimensions, afin d&rsquo;&ecirc;tre questionn&eacute;s et agis.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il en d&eacute;coule que dans la recherche-exp&eacute;rimentation, le savoir n&#39;est pas &laquo;&nbsp;&agrave; c&ocirc;t&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;action, mais &agrave; avoir avec l&rsquo;action et nous sommes m&ecirc;me tenter de dire &laquo;&nbsp;est une action&nbsp;&raquo;&nbsp;: une action qui a pour but de reconfigurer le pensable et le possible et ainsi de construire le pouvoir d&rsquo;agir des acteurs et de l&rsquo;&eacute;prouver. M&ecirc;me en termes de dispositif, ce projet de connaissance n&rsquo;est pas &laquo;&nbsp;&agrave; c&ocirc;t&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;exp&eacute;rimentation, espace de r&eacute;flexivit&eacute;, o&ugrave; le chercheur accompagne un processus de pens&eacute;e dont les autres acteurs seraient responsables du retour vers l&rsquo;action. Il est pleinement dans l&rsquo;exp&eacute;rimentation en tant que partie prenante, en tant que dimension, que mode d&rsquo;existence de l&rsquo;exp&eacute;rimentation. De mani&egrave;re concr&egrave;te, les dispositifs peuvent &ecirc;tre des espaces-temps &agrave; part, mais pens&eacute;s de mani&egrave;re &agrave; ce qu&rsquo;ils puissent communiquer avec les autres parties de l&rsquo;exp&eacute;rimentation. Le chercheur peut par exemple mener des entretiens sur l&rsquo;histoire de vie et faire retour sur ces entretiens. Ils peuvent aussi &ecirc;tre des dispositifs coupl&eacute;s &agrave; des activit&eacute;s ne relevant pas strictement de la recherche. Par exemple, lorsque le chercheur introduit un concept dans une r&eacute;union pour tenter de qualifier la r&eacute;alit&eacute;, cet apport peut venir rebattre les cartes du voir, du dire et du lire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Si la recherche est pleinement affirm&eacute;e comme contributive, elle ne se suffit pas &agrave; elle-m&ecirc;me pour faire l&rsquo;exp&eacute;rimentation. Elle s&rsquo;ins&egrave;re &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;autres dynamiques (les relations interpersonnelles, la relation avec les institutions, les temps de travail...) et d&rsquo;autres &eacute;l&eacute;ments (environnement, espaces, mat&eacute;riels...). Le chercheur doit donc se pr&eacute;occuper de ce que fait la recherche &agrave; la situation, de comment est-ce qu&rsquo;elle s&rsquo;articule et affecte. Il n&rsquo;est pas en charge de la recherche, de son c&ocirc;t&eacute;, en parall&egrave;le du reste, mais il travaille &agrave; ce que la recherche ait sa place dans le quotidien de l&rsquo;exp&eacute;rimentation, au m&ecirc;me titre que d&rsquo;autres aspects. Il est conscient que ce n&rsquo;est pas le processus de penser tout seul qui affecte, mais que c&rsquo;est parce qu&rsquo;elle s&rsquo;articule aux autres dimensions de l&rsquo;exp&eacute;rimentation et aux autres personnes qu&rsquo;il y a des transformations. Ces id&eacute;es permettent de mettre en avant le fait que malgr&eacute; l&rsquo;affirmation du r&ocirc;le constituant de la recherche, il n&rsquo;en reste pas moins que ce n&rsquo;est pas jou&eacute; d&rsquo;avance. Cela fait partie de la construction des communs et n&rsquo;existera qu&rsquo;en fonction de ce qui se mettra en place.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Cela nous permet de parler d&rsquo;une tension qui traverse le travail de l&rsquo;auteur. D&rsquo;une part, nous avons le chercheur. Il porte une part de responsabilit&eacute; quant &agrave; l&rsquo;existence de la dynamique de recherche, notamment quant &agrave; la mani&egrave;re dont elle se d&eacute;roule&nbsp;: respecter les autres savoirs, reconna&icirc;tre les comp&eacute;tences de chacun... Mais la recherche est appel&eacute;e &agrave; devenir une activit&eacute; collective, c&rsquo;est-&agrave;-dire dont les objectifs, la mise en place et l&rsquo;&eacute;valuation sera port&eacute;e par chacun. La recherche-exp&eacute;rimentation, au r&eacute;el, se situera donc dans les multiples possibilit&eacute;s de concr&eacute;tisation qui se sont entre un chercheur portant toute l&rsquo;initiative et une activit&eacute; totalement collectivis&eacute;e. Si le lecteur a &eacute;t&eacute; attentif, il aura aussi per&ccedil;u le prolongement de cette tension. La recherche-exp&eacute;rimentation oscille entre dynamique clairement identifi&eacute; &ndash; &laquo;&nbsp;l&agrave;, maintenant, on fait de la recherche&nbsp;&raquo; &ndash; et dynamique diffuse, &agrave; la mani&egrave;re de la figure du chercheur qui est tendue entre figure individuelle et figure collective.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">La recherche dont l&rsquo;auteur nous parle n&rsquo;est &eacute;videmment pas celle qu&rsquo;il a pr&eacute;vue avant d&rsquo;arriver le terrain. Ici, le chercheur ne peut pas &ecirc;tre prot&eacute;g&eacute; par un protocole m&eacute;thodologique, par un &eacute;chantillonnage pr&eacute;alable. La production de connaissances se fait selon la vie de l&rsquo;exp&eacute;rimentation, en fonction des questions qui surgissent, des &eacute;v&egrave;nements et des possibilit&eacute;s. En fait, le chercheur ne dirige pas la recherche. Si elle devient r&eacute;ellement une activit&eacute; collective, c&rsquo;est que le travail de probl&eacute;matisation et de production de connaissances est l&rsquo;affaire de tous. Cela implique que le chercheur reconnaisse &agrave; chacun une comp&eacute;tence &eacute;gale &agrave; participer &agrave; l&rsquo;effort de recherche et donc qu&rsquo;il ne s&rsquo;inscrive pas dans un rapport de sup&eacute;riorit&eacute;. Par ailleurs, cette modalit&eacute; demande &agrave; ce que le chercheur et les savoirs produits par la recherche acceptent la confrontation avec les autres savoirs circulant dans l&rsquo;exp&eacute;rimentation, voir m&ecirc;me que cette confrontation soit pens&eacute;e. Alors que la science s&rsquo;est construite en s&rsquo;extirpant du sens commun, la proposition de Nicolas-Le Strat est qu&rsquo;ici, elle se construit en dialogue avec lui. Cette position vient enrichir les tensions d&eacute;j&agrave; expos&eacute;es. D&rsquo;une part, l&rsquo;importance de la recherche est affirm&eacute;e en tant qu&rsquo;apport sp&eacute;cifique. D&rsquo;autre part, sa non-sup&eacute;riorit&eacute; est mise en avant ainsi que la n&eacute;cessit&eacute; qu&rsquo;elle ne soit pas le seul mode d&rsquo;existence des communs.</span></span></span></span></p> <h2>L&#39;activit&eacute; comme centre de perspective</h2> <h3>&nbsp;</h3> <h3>La recherche est une activit&eacute;</h3> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dans les &eacute;crits de Nicolas-Le Strat, la recherche n&rsquo;est pas une institution, c&rsquo;est-&agrave;-dire un territoire norm&eacute;, diff&eacute;renci&eacute;, introduisant une hi&eacute;rarchie des savoirs et d&eacute;finissant un r&ocirc;le exclusif du chercheur. S&rsquo;il en reconna&icirc;t cette dimension, c&rsquo;est essentiellement sur le registre de l&rsquo;activit&eacute; concr&egrave;te qu&rsquo;elle implique. C&rsquo;est ce qu&rsquo;il fait lorsqu&rsquo;il d&eacute;crit la recherche-exp&eacute;rimentation. Il d&eacute;finit les processus qu&rsquo;implique ce type de d&eacute;marche. Mais c&rsquo;est aussi un effort qu&rsquo;il a men&eacute; quant &agrave; sa propre activit&eacute; notamment lors de deux journaux de recherche qui ont &eacute;t&eacute; publi&eacute;s<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17" title=""><span style="color:blue">[17]</span></a>. Il vient y dire ce qu&rsquo;est chercher au quotidien. De m&ecirc;me, sur le type de terrain qu&#39;il pratique, il appelle &agrave; une recherche open-source, c&#39;est-&agrave;-dire qui rend visible ses processus aux personnes qui y sont confront&eacute;es, et ce en critique de la recherche classique qui ne laisse que tr&egrave;s peu voir ses coulisses. Ainsi d&eacute;peinte, la recherche perd de son caract&egrave;re exclusif au chercheur. Elle perd une part de son attache &agrave; l&rsquo;institution universitaire. D&eacute;crite essentiellement sous l&rsquo;angle de l&rsquo;activit&eacute;, elle peut alors &ecirc;tre pens&eacute;e sur des terrains autres que ceux qu&rsquo;elle pratique habituellement et s&rsquo;articuler &agrave; d&rsquo;autres logiques, il est alors pensable qu&rsquo;elle perde de sa puret&eacute; pour venir au sein de l&rsquo;action. Et surtout, c&rsquo;est pour cela qu&rsquo;il est possible de la penser comme appel&eacute;e &agrave; devenir collective. Ce n&rsquo;est qu&rsquo;&agrave; ce prix qu&rsquo;elle peut &ecirc;tre r&eacute;ellement constituante de l&rsquo;exp&eacute;rimentation. Elle ne se construit en tant que bien commun cr&eacute;atif et productif que parce que tous peuvent y prendre part. C&rsquo;est une activit&eacute; avant d&rsquo;&ecirc;tre un statut et un capital symbolique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Cette approche de la recherche vient nourrir le constructivisme radical de l&rsquo;auteur. C&rsquo;est ce que la recherche produit qui est mis en avant. De m&ecirc;me, une des comp&eacute;tences fondamentales du chercheur est l&rsquo;attention aux processus qu&rsquo;il impulse et auxquels il participe. Il est attentif &agrave; les penser au pr&eacute;alable mais aussi &agrave; savoir s&rsquo;ins&eacute;rer dedans de mani&egrave;re opportune ainsi qu&rsquo;&agrave; accompagner les effets de la recherche. Cette posture &eacute;pist&eacute;mopolitique porte fondamentalement son regard sur ce qui se construit et ce qui peut se construire ou est emp&ecirc;ch&eacute;. Et nous pourrions terminer en disant que ce qui prime pour l&rsquo;auteur est que la recherche produise quelque chose pour l&rsquo;exp&eacute;rimentation plut&ocirc;t qu&rsquo;elle fabrique du savoir pour l&rsquo;institution universitaire. L&rsquo;action est centre de perspective pour l&rsquo;analyse mais aussi, d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, &eacute;talon pour l&rsquo;&eacute;valuation de la recherche.</span></span></span></span></p> <h3>L&rsquo;activit&eacute;, op&eacute;rateur d&rsquo;objectivation&nbsp;?</h3> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il est clair qu&rsquo;une telle position rentre de prime abord en opposition avec l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie classique car le chercheur fait politique et la recherche est transform&eacute;e en sport de combat. Et pas seulement en lutte id&eacute;ologique &agrave; distance, mais en sport qui se pratique directement sur le terrain de la construction d&rsquo;alternatives locales. Le chercheur peut-il &ecirc;tre plus li&eacute; que &ccedil;a &agrave; l&rsquo;action lorsque l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t fondamental de la recherche est de construire pour le quotidien et non pour le savoir&nbsp;? Cependant, nous d&eacute;fendons l&rsquo;id&eacute;e que la d&eacute;marche de l&rsquo;auteur, notamment du fait de sa centration sur l&rsquo;activit&eacute;, offre des perspectives int&eacute;ressantes en termes d&rsquo;objectivation.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Tout d&rsquo;abord, elle permet une forme de sym&eacute;trie. Alors qu&rsquo;habituellement, le chercheur analyse principalement l&rsquo;activit&eacute; des autres, et dans quelques encarts m&eacute;thodologiques, il se questionne &ndash; souvent a minima &ndash; sur la sienne et son impact, l&rsquo;auteur m&egrave;ne ici une analyse qui englobe l&rsquo;activit&eacute; de tous car elle s&rsquo;inscrit dans le m&ecirc;me objet&nbsp;: l&rsquo;exp&eacute;rimentation. Il n&rsquo;y a pas d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; l&rsquo;objet et de l&rsquo;autre le chercheur, chacun b&eacute;n&eacute;ficiant d&rsquo;un r&eacute;gime d&rsquo;analyse diff&eacute;rent. Le chercheur est un &eacute;l&eacute;ment assum&eacute; du microcosme et son approche permet de bien prendre en compte ce que cela produit.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Par ailleurs, dans le cadre de ses journaux de recherche, nous constatons qu&rsquo;il ne se limite pas &agrave; d&eacute;crire une activit&eacute; factuelle. Il d&eacute;taille aussi ses implications subjectives avec ses objets de recherche et les personnes rencontr&eacute;es sur ses terrains. Et comme nous l&rsquo;avons d&eacute;j&agrave; &eacute;crit, il pr&ocirc;ne une recherche dont les coulisses sont accessibles Au final, du fait de cette mise en visibilit&eacute; de son activit&eacute;, c&rsquo;est un chercheur que ses lecteurs et coll&egrave;gues-exp&eacute;rimentateurs peuvent &laquo;g&eacute;o-localiser&nbsp;&raquo; facilement dans un paysage politique. Le chercheur ne cache pas qui il est, ce qu&rsquo;il fait et les raisons de ce qu&rsquo;il fait sous l&rsquo;apparat m&eacute;thodologique habituel. Il avance &agrave; d&eacute;couvert, permettant ainsi aux autres de comprendre sa posture, sa place discursive et d&rsquo;action. Son travail peut alors &ecirc;tre regard&eacute; du point de vue de l&rsquo;activit&eacute; r&eacute;elle (bien s&ucirc;r m&eacute;di&eacute;e par son &eacute;nonciation) et non sur la base d&rsquo;un apparat m&eacute;thodologique servant en fait de bo&icirc;te quasi-noire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Sa perspective par l&rsquo;activit&eacute; offre d&rsquo;autres choses. De nombreuses recherches arrivent sur le terrain en ayant d&eacute;fini au pr&eacute;alable ce qu&rsquo;elles allaient trouver. Par exemple, dans le champ de la formation qui est le n&ocirc;tre, le &laquo;&nbsp;savoir&nbsp;&raquo;, la &laquo;&nbsp;formation&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;les comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;l&rsquo;apprendre&nbsp;&raquo; sont souvent d&eacute;finis avant. Le chercheur sait donc ce qu&rsquo;il va trouver, imposant ainsi &agrave; la r&eacute;alit&eacute; ce dont elle est constitu&eacute;e. Ce faisant, il r&eacute;ifie en partie ce qu&rsquo;il &eacute;tudie, niant &agrave; notre avis, une grande part de leur historicit&eacute;. De m&ecirc;me, il s&rsquo;emp&ecirc;che de voir ce qui sous-tend l&rsquo;existence de ces choses. Cette approche permet de maintenir l&rsquo;illusion commune de l&rsquo;existence des objets. Par exemple, concernant les &laquo;&nbsp;savoirs&nbsp;&raquo;, ceux qui les &eacute;tudient tentent d&rsquo;en d&eacute;finir les diff&eacute;rentes cat&eacute;gories. Assez couramment, sont distingu&eacute;s des savoirs qui rel&egrave;veraient de l&rsquo;action et d&rsquo;autres qui seraient th&eacute;oriques. Ces d&eacute;finitions r&eacute;ifient ces savoirs et emp&ecirc;che de voir toute l&rsquo;armature institutionnelle qui vient couper le monde en deux ordres. Du c&ocirc;t&eacute; des formations, les dispositifs sont construits sur cette dichotomie venant ainsi asseoir son pouvoir. Partir des d&eacute;finitions des savoirs emp&ecirc;che de voir ce qui leurs donnent de l&rsquo;existence en tant que cat&eacute;gories diff&eacute;renci&eacute;es.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Avec le travail du commun, l&rsquo;auteur offre une autre perspective. Son approche par l&rsquo;activit&eacute; casse l&rsquo;illusion d&rsquo;une existence r&eacute;ifi&eacute;e du commun. Il n&rsquo;existe pas. Il est un travail. Le voir comme un travail permet de prendre de la distance avec le quotidien. S&rsquo;il n&rsquo;est pas une chose transcendante, alors il faut aiguiser son regard pour voir les multiples processus, lieux, temps, objets qui le construisent. S&rsquo;il n&rsquo;est pas d&eacute;fini par le haut, mais dans ce que nous voulons bien mettre derri&egrave;re lui, alors il est face &agrave; nous, dans nos mains, comme un objet que nous pouvons travailler et penser plus ais&eacute;ment et en d&eacute;tail. Cette approche, selon nous, destitue les choses de leur pouvoir transcendant, de mani&egrave;re &agrave; nous permettre de les penser &agrave; nouveau compte, comme le fruit de notre activit&eacute;. Casser la r&eacute;ification permet selon nous de mieux manipuler ce que l&rsquo;on &eacute;tudie comme des objets car ils perdent l&rsquo;illusion de r&eacute;alit&eacute; qu&rsquo;ils ont sur nous. C&rsquo;est en perdant le statut de chose finie et existante, qu&rsquo;elles deviennent de bons objets scientifiques d&rsquo;une certaine mani&egrave;re.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">En conclusion, nous souhaiterions appuyer le propos de notre derni&egrave;re partie. Les propositions &eacute;pist&eacute;mopolitiques de l&rsquo;auteur sont extr&ecirc;mement originales et &laquo;&nbsp;scientifiquement incorrectes&nbsp;&raquo; pour ce qu&rsquo;elles mettent le chercheur (l&rsquo;individu) et la recherche (l&rsquo;activit&eacute; collective) comme un des fondements potentiels du travail du commun. La cit&eacute; du savoir s&rsquo;en retrouve presque compl&egrave;tement dissoute pour faire partie du quotidien de la cit&eacute; commune. Et pourtant, ce faisant, il r&eacute;pond &agrave; sa mani&egrave;re &agrave; deux exigences fondamentales de notre discipline. Non seulement, il questionne et socialise sa subjectivit&eacute;. Ce travail permet de r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;exigence de r&eacute;flexivit&eacute; du chercheur sur sa pratique. Mais encore, il objective ce qu&rsquo;il &eacute;tudie gr&acirc;ce &agrave; son approche par l&rsquo;activit&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il est clair que ces deux exigences prennent un sens particulier dans le cadre des exp&eacute;rimentations. En effet, l&rsquo;ouverture de son activit&eacute; au regard des autres permet d&rsquo;emp&ecirc;cher un rapport de pouvoir symbolique entre le chercheur-sachant et les autres recevant le savoir du chercheur. Cette ouverture, comme dans le cas de l&rsquo;open-source, est aussi source d&rsquo;une prise de pouvoir. Cela r&eacute;pond aux valeurs politiques d&eacute;fendues dans ces exp&eacute;rimentations. De m&ecirc;me, l&rsquo;attention &agrave; ce qui se fait a un sens tout particulier dans ces alternatives qui sont non seulement centr&eacute;e sur le pr&eacute;sent pour pr&ecirc;ter attention &agrave; comprendre ce que produit ce qui est tent&eacute; et aussi centr&eacute;e vers un futur d&eacute;sirable. Ces situations mettent particuli&egrave;rement en avant la construction. La n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;agir et la fragilit&eacute; des configurations, l&rsquo;incertitude du futur attirent probablement les regards vers la construction.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Mais il nous semble que son projet d&rsquo;une sociologie au c&oelig;ur de l&rsquo;utopie est aussi extr&ecirc;mement inspirante pour la recherche qui ne se revendiquerait pas d&rsquo;une telle implication politique. Au final, Nicolas-Le Strat propose une d&eacute;marche disposant d&rsquo;une forte coh&eacute;rence interne. Le sociologue regarde ce qui se construit par l&rsquo;activit&eacute;. Il fait partie des constructeurs. Il analyse donc sa recherche au m&ecirc;me titre que les actions des autres et en lien avec l&rsquo;action des autres. Cette coh&eacute;rence est renforc&eacute;e par une sorte de mise en ab&icirc;me. La recherche porte sur, entre autre, la dynamique de recherche. Et &eacute;tudier l&rsquo;activit&eacute; se fait par une activit&eacute; qui tombe donc sous notre regard de chercheur. Ce tour est r&eacute;ussi simplement par une acceptation de ce que la recherche reconna&icirc;t comme in&eacute;vitable, mais dont elle se m&eacute;fie habituellement&nbsp;: l&rsquo;implication et la perturbation. Les assumer et en jouer dans la perspective constructiviste permet d&rsquo;une certaine mani&egrave;re de les contr&ocirc;ler en les int&eacute;grant pleinement &agrave; l&rsquo;objet d&rsquo;&eacute;tude. &Agrave; sa mani&egrave;re, l&rsquo;&eacute;pist&eacute;mopolitique de Nicolas-Le Strat nous donne une belle le&ccedil;on d&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie.</span></span></span></span></p> <h1>Bibliographie</h1> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">NICOLAS-LE STRAT<i> </i>P., <i>Fabrique de sociologie (Journal d&#39;activit&eacute; &ndash; Novembre 2009/F&eacute;vrier 2011)</i>, Montpellier, Fulenn, 2011. </span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&ndash;,</span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> <i>Carnets de correspondances. Cuaderno de correspondencias (&eacute;dition bilingue)</i>, Montpellier, Fulenn, 2011.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&ndash;,</span><span arial="" style="font-family:">&nbsp;<i>Le travail du commun</i>, Saint Germain sur Ille, Les &eacute;ditions du commun, 2016. </span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&ndash;,</span><span arial="" style="font-family:">&nbsp;<i>Une sociologie des activit&eacute;s cr&eacute;atives-intellectuelles</i>, Sainte-Gemme, P.U.S.G., 2014.</span></span></span></span></p> <div align="center" style="text-align:center"> <hr align="center" size="3" width="100%" /></div> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[1]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Titre fictif.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[2]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Cet article s&rsquo;est inspir&eacute; de la lecture de ses deux derniers ouvrages&nbsp;: <i>Le travail du commun</i>, Saint Germain sur Ille, Les &eacute;ditions du commun, 2016, et <i>Une sociologie des activit&eacute;s cr&eacute;atives-intellectuelles</i>, Sainte-Gemme, P.U.S.G., 2014.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[3]</span></span></a><span arial="" style="font-family:">Voir par exemple le chapitre &laquo;&nbsp;Vers une &eacute;pist&eacute;mopolitique du commun&nbsp;&raquo;, <i>in</i> <i>Le travail du commun</i>, <i>Op. Cit.</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[4]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Le verbe &laquo;&nbsp;communer&nbsp;&raquo; est un n&eacute;ologisme introduit par Negri et Hardt&nbsp;: &laquo;&nbsp;De m&ecirc;me que le boulanger fait du pain, que le tisserand tisse ou que le meunier moud son grain, l&rsquo;homme du commun &#39;&#39;commune&#39;&#39;, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il produit du commun&nbsp;&raquo;, <i>in</i> HARDT M. et NEGRI A., <i>in </i>NICOLAS-LE STRAT P. (dir.), <i>Le travail du commun</i>, <i>Op. Cit</i>., p. 23.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[5]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> NICOLAS-LE STRAT P., <i>Le travail du commun</i>, <i>Op. Cit.</i>, p.14.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[6]</span></span></a><i><span arial="" style="font-family:"> Idem</span></i><span arial="" style="font-family:">, pp. 14-15.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[7]</span></span></a><i><span arial="" style="font-family:"> Idem</span></i><span arial="" style="font-family:">, p. 14.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[8]</span></span></a><i><span arial="" style="font-family:"> Idem</span></i><span arial="" style="font-family:">, p. 11.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[9]</span></span></a><i><span arial="" style="font-family:"> Idem</span></i><span arial="" style="font-family:">, p. 13.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[10]</span></span></a><i><span arial="" style="font-family:"> Idem</span></i><span arial="" style="font-family:">, p. 15.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[11]</span></span></a><i><span arial="" style="font-family:"> Idem</span></i><span arial="" style="font-family:">, p. 16.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[12]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Ce terme est une des possibles traductions du mot <i>empowerment</i>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[13]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> NICOLAS-LE STRAT P., <i>Une sociologie des activit&eacute;s cr&eacute;atives-intellectuelles</i>, <i>Op. Cit.</i>, p. 255.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[14]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> DUBOST J. et L&Eacute;VY A., <i>in</i> <i>Une sociologie des activit&eacute;s cr&eacute;atives-intellectuelles</i>, <i>Op. Cit.</i>, pp. 263-263.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[15]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Pour plus de d&eacute;tails, la lecture du chapitre suivant sera int&eacute;ressante &laquo;&nbsp;La port&eacute;e constituante (instituante) d&rsquo;une sociologie&nbsp;&raquo; <i>in</i> <i>Une sociologie des activit&eacute;s cr&eacute;atives-intellectuelles</i>, <i>Op. Cit.</i>, pp. 319-330.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[16]</span></span></a><i><span arial="" style="font-family:"> Idem</span></i><span arial="" style="font-family:">, p. 329.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[17]</span></span></a><i><span arial="" style="font-family:"> Fabrique de sociologie (Journal d&#39;activit&eacute; &ndash; Novembre 2009/F&eacute;vrier 2011)</span></i><span arial="" style="font-family:">, Montpellier, Fulenn, 2011&nbsp;; <i>Carnets de correspondances. Cuaderno de correspondencias (&eacute;dition bilingue)</i>, Montpellier, Fulenn, 2011.</span></span></span></span></p> </div>