<p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Par Marianne Celka, MCF en sociologie, universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3, chercheur au LEIRIS.</span></span></i></span></span></span></p> <p><img height="1135" src="https://www.numerev.com/img/ck_45_9_image-20210723142443-1.png" width="1725" /></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">Philip Hunt, Demagogue, 28 mars 2021</span></span></span></i></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Adorno s&rsquo;est affirm&eacute; comme l&rsquo;un des grands penseurs du XXe si&egrave;cle, contributeur incontournable de l&rsquo;<span style="background:white"><span style="color:black">Institut f&uuml;r Sozialforschung aux c&ocirc;t&eacute;s de Walter Benjamin, J&uuml;rgen Habermas ou encore Max Horkheimer avec lequel il signe le titre <i>Dialektik der Aufkl&auml;rung</i> en 1944. L&rsquo;&Eacute;cole de Francfort fond&eacute;e en 1923 s&rsquo;est fait conna&icirc;tre pour la port&eacute;e de sa th&eacute;orie critique caract&eacute;ris&eacute;e par son ancrage historico-culturel, son pluralisme disciplinaire et par sa capacit&eacute; autor&eacute;flexive autant que pour ses concepts cl&eacute;s que sont &laquo;&nbsp;la perte de l&rsquo;aura&nbsp;&raquo; (Benjamin), &laquo;&nbsp;l&rsquo;unidimensionnalit&eacute;&nbsp;&raquo; et la &laquo;&nbsp;raison technocrate&nbsp;&raquo; (Marcuse) ou encore la <i>kulturindustrie </i>(Adorno et Horkheimer).</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">En d&eacute;pit de l&rsquo;effondrement du r&eacute;gime nazi, &laquo;&nbsp;les conditions du fascisme continuent d&rsquo;exister&nbsp;&raquo; (p. 14), &agrave; tout le moins sur le plan social o&ugrave; les conditions socio-&eacute;conomiques et techniques lui restent potentiellement favorables. La concentration du capital, le d&eacute;classement des couches sociales (notamment de la petite bourgeoisie) et le ressentiment qu&rsquo;il g&eacute;n&egrave;re dans la situation g&eacute;opolitique allemande bien connue d&rsquo;Adorno mais aussi ailleurs en Europe, entretiennent un contexte propice aux mouvements d&rsquo;extr&ecirc;me droite. &laquo;&nbsp;L&rsquo;inflation rampante&nbsp;&raquo; de l&rsquo;expansionnisme keyn&eacute;sien, le spectre du ch&ocirc;mage technologique (et la masse de &laquo;&nbsp;ch&ocirc;meurs potentiels&nbsp;&raquo;), la &laquo;&nbsp;peur de l&rsquo;Est&nbsp;&raquo; (p. 16) et l&rsquo;absence de libert&eacute; fragilisent les individus et leurs conditions d&rsquo;existence &agrave; l&rsquo;&egrave;re de l&rsquo;automatisation.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Face aux grands blocs, les &Eacute;tats semblent ne jouer qu&rsquo;un r&ocirc;le subalterne tandis que le nationalisme acquiert quelque chose de &laquo;&nbsp;fictif&nbsp;&raquo; (p. 18), parce que personne n&rsquo;y croit plus tout &agrave; fait. C&rsquo;est dans ces conditions que le nationalisme &laquo;&nbsp;pathique&nbsp;&raquo; (qui prend son aspect destructeur au moment o&ugrave; il se trouve priv&eacute; d&rsquo;une partie de sa substance, p. 19), loin d&rsquo;&ecirc;tre obsol&egrave;te, &eacute;pouse des formes &laquo;&nbsp;d&eacute;moniaques&nbsp;&raquo;. La peur des cons&eacute;quences que peuvent avoir les &eacute;volutions g&eacute;n&eacute;rales de la soci&eacute;t&eacute; est un sentiment collectivement r&eacute;pandu et les partisans du fascisme (ancien et nouveau) sont r&eacute;partis d&rsquo;une mani&egrave;re transversale dans toute la population (p. 19). Adorno note d&eacute;j&agrave; qu&rsquo;outre les petits-bourgeois, c&rsquo;est la situation des paysans qui est cruciale. Pour ainsi dire &laquo;&nbsp;coinc&eacute;&nbsp;&raquo; dans une crise permanente, le probl&egrave;me agricole ne saurait se r&eacute;soudre de mani&egrave;re artificielle, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; coup de subventions, et ce souci-l&agrave;, s&rsquo;il n&rsquo;est pas pris en compte s&eacute;rieusement restera comme un &laquo;&nbsp;foyer purulent&nbsp;&raquo; (p. 21).</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Adorno&nbsp;souligne que pour ceux qui ont v&eacute;cu l&rsquo;effondrement lorsqu&rsquo;ils &eacute;taient jeunes adultes, ce sentiment de d&eacute;classement et la crainte d&rsquo;une d&eacute;ch&eacute;ance de la nation s&rsquo;exprime avec une force particuli&egrave;re qu&rsquo;on retrouve dans les exclamations telles que &laquo; L&rsquo;Allemagne doit remonter la pente&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Le <i>lunatic fringe</i>, ce r&eacute;sidu &laquo;&nbsp;d&rsquo;irr&eacute;ductibles fous&nbsp;&raquo; (p. 23) qu&rsquo;on retrouve dans toutes les d&eacute;mocraties, expriment et confirment le fait que&nbsp;: </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">par son contenu socio-&eacute;conomique, la d&eacute;mocratie ne s&rsquo;est nulle part concr&eacute;tis&eacute;e r&eacute;ellement et enti&egrave;rement, qu&rsquo;elle est rest&eacute;e formelle. Et l&rsquo;on pourrait qualifier les mouvements fascistes de&nbsp;plaies, de cicatrices d&rsquo;une d&eacute;mocratie, qui n&rsquo;est pas encore, &agrave; ce jour, totalement &agrave; la hauteur de l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;elle se fait d&rsquo;elle-m&ecirc;me (pp. 23-24). </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;une des id&eacute;es fortes d&rsquo;Adorno,&nbsp;c&rsquo;est l&rsquo;effet sur les masses de l&rsquo;anticipation de l&rsquo;effroi. On doit comprendre la relation tr&egrave;s complexe et difficile nous dit-il que tissent les conditions socio-&eacute;conomiques et le sentiment d&rsquo;une catastrophe sociale&nbsp;&agrave; venir (p. 25 et suiv.). &laquo;&nbsp;Comment cela se passera-t-il s&rsquo;il y a un jour une grande crise&nbsp;?&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est &agrave; partir de cette question que se pose <i>l&rsquo;ultima ratio </i>des mouvements fascistes et qu&rsquo;ils se proposent d&egrave;s lors comme seule alternative. D&rsquo;une certaine mani&egrave;re ces mouvements aspirent &agrave; la catastrophe parce que c&rsquo;est dans la d&eacute;liquescence des conditions mat&eacute;rielles et id&eacute;elles des nations qu&rsquo;ils puisent leur &eacute;nergie et leur l&eacute;gitimit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Lorsque &laquo;&nbsp;la propagande elle-m&ecirc;me [devient] proprement la substance de la politique&nbsp;&raquo; (p. 30), la manipulation et l&rsquo;excitation artificielle de ces partis leur donnent &laquo;&nbsp;quelque chose du spectre d&rsquo;un spectre&nbsp;&raquo; (p. 33). Si les mouvements de masse de &laquo;&nbsp;style fasciste&nbsp;&raquo; entretiennent une relation profonde avec &laquo;&nbsp;les syst&egrave;mes de d&eacute;mence&nbsp;&raquo;, une relation solidaris&eacute;e autour de la &laquo;&nbsp;personnalit&eacute; autoritaire&nbsp;&raquo;, il n&rsquo;en demeure pas moins, surtout aux vues de la &laquo;&nbsp;perfection technologique&nbsp;&raquo;, que ces mouvements d&eacute;tiennent un fort potentiel de r&eacute;alisation.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Dans ces conditions, Adorno consid&egrave;re qu&rsquo;il est vain de lancer des &laquo;&nbsp;appels &eacute;thiques&nbsp;&raquo; tant que la notion d&rsquo;humanit&eacute; &laquo;&nbsp;chauffe &agrave; blanc&nbsp;les gens dont il est question &raquo; (p.&nbsp;35). L&rsquo;antis&eacute;mitisme, le n&eacute;gationnisme, les rires qui se font entendre &agrave; l&rsquo;&eacute;vocation de noms juifs et les exclamations comme &laquo;&nbsp;vive Auschwitz&nbsp;! &raquo; (p. 36), t&eacute;moignent de l&rsquo;obsolescence de la valeur &laquo;&nbsp;humanit&eacute;&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">La confusion entre mat&eacute;rialisme au sens de la qu&ecirc;te du profit et la th&eacute;orie mat&eacute;rialiste de l&rsquo;histoire ainsi que le &laquo;&nbsp;caract&egrave;re [dor&eacute;navant] mythique&nbsp;&raquo; du communisme &ndash; dont le mot m&ecirc;me ne sert plus que d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;pouvantail&nbsp;&raquo; &ndash; participent &agrave; l&rsquo;une de &laquo;&nbsp;ces &eacute;tranges scissions&nbsp;&raquo; au sein de la conscience de classe&nbsp;; d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; des individus qui s&rsquo;identifient &agrave; la classe bourgeoise se consid&egrave;rent comme id&eacute;alistes, de l&rsquo;autre, les ouvriers qui &eacute;prouvent &agrave; cet &eacute;gard une sorte de scepticisme (p. 41).</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">&Agrave; d&eacute;faut de pouvoir se dire ouvertement antis&eacute;mite, la m&eacute;fiance se dirige vers les intellectuels. &laquo;&nbsp;L&rsquo;antique rancune&nbsp;&raquo; du travailleur manuel envers le travail intellectuel (pp. 42-43) montrent d&rsquo;une certaine mani&egrave;re comment ces mouvements, d&eacute;pourvus de th&eacute;orie bien &eacute;tablie, parce qu&rsquo;&laquo;&nbsp;impuissants face &agrave; l&rsquo;esprit&nbsp;&raquo; (p. 43), s&rsquo;en prennent pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; ceux qui portent l&rsquo;esprit. Il y a l&agrave; r&eacute;ification de la s&eacute;paration de l&rsquo;entendement et des sentiments et rejet syst&eacute;matique aussi bien de l&rsquo;argumentation rationnelle que de la pens&eacute;e discursive en g&eacute;n&eacute;ral (pp. 43-44).</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">&laquo;&nbsp;L&rsquo;antis&eacute;mitisme a surv&eacute;cu aux Juifs&nbsp;&raquo;, rationalis&eacute; pour &eacute;vacuer la culpabilit&eacute;, il devient le tabou qu&rsquo;on d&eacute;nonce d&rsquo;un clin d&rsquo;&oelig;il - un clin d&rsquo;&oelig;il qui signifie &laquo;&nbsp;nous n&rsquo;avons plus le droit de rien dire l&agrave;-dessus&nbsp;&raquo; (p. 45) et qui est lourd de sous-entendus. C&rsquo;est une technique certes allusive nous dit Adorno mais qui provoque certains effets, de m&ecirc;me que celle de l&rsquo;accumulation (typique du r&eacute;visionnisme) ou l&rsquo;art de ne jamais aller trop loin pour &eacute;viter les poursuites judiciaires, tout en suivant une logique formelle &laquo;&nbsp;maniaque&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est contre ces techniques de manipulation qu&rsquo;Adorno nous met en garde. Toutes les techniques qui visent &agrave; mettre la v&eacute;rit&eacute; au service de la non-v&eacute;rit&eacute; sont d&rsquo;une &laquo;&nbsp;immense efficacit&eacute;&nbsp;&raquo; (p. 50), poursuit-il. On l&rsquo;a &eacute;voqu&eacute;, le fascisme ne s&rsquo;appuie jamais sur une th&eacute;orie r&eacute;ellement constitu&eacute;e, il est toujours <i>sous-entendu</i> parce qu&rsquo;il ne s&rsquo;appuie en r&eacute;alit&eacute; que sur un pouvoir inconditionnel (&laquo;&nbsp;une pratique sans concept&nbsp;&raquo;, p. 52), et c&rsquo;est &ccedil;a qui lui donne sa flexibilit&eacute; id&eacute;ologique. &laquo;&nbsp;Elle est aussi dans l&rsquo;esprit du temps, cette domination d&rsquo;une pratique sans concept, et ce n&rsquo;est pas sans cons&eacute;quences sur la propagande&nbsp;&raquo; (p. 53).</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">&laquo;&nbsp;La propagande est [donc] avant tout une technique de psychologie de masse. Le mod&egrave;le sur lequel elle se fonde est celui de la personnalit&eacute; autoritaire, et ce aussi bien aujourd&rsquo;hui que du temps de Hitler ou dans les mouvements du <i>lunatic fringe</i>, en Am&eacute;rique ou ailleurs&nbsp;&raquo; (p. 53). Le formalisme de ce type de pens&eacute;e, qui s&rsquo;attache &agrave; certains traits formels et des contenus sp&eacute;cifiques isol&eacute;s suivant la &laquo;&nbsp;m&eacute;thode salami&nbsp;&raquo; (c&rsquo;est-&agrave;-dire le morcellement d&rsquo;un ensemble complexe en petits morceaux) (p. 57), v&eacute;hicule des &laquo;&nbsp;connaissances difficiles &agrave; contr&ocirc;ler&nbsp;&raquo; et conf&egrave;re &laquo;&nbsp;&agrave; celui qui les pr&eacute;sente un type particulier d&rsquo;autorit&eacute;&nbsp;&raquo;. Derni&egrave;re &laquo;&nbsp;ficelle&nbsp;&raquo; qu&rsquo;on rencontre sous cette forme &laquo;&nbsp;il faut quand m&ecirc;me bien avoir une id&eacute;e&nbsp;&raquo; (p. 60) chez des gens &laquo;&nbsp;relativement inoffensifs&nbsp;&raquo; est le prototype de cet &laquo;&nbsp;id&eacute;alisme vulgaire&nbsp;&raquo; qui ne tire pas sa valeur de la v&eacute;rit&eacute;, de son contenu objectif mais plut&ocirc;t de la raison &laquo;&nbsp;pragmatique&nbsp;&raquo; qu&rsquo;en quelque sorte on ne peut pas vivre sans id&eacute;e et que c&rsquo;est forc&eacute;ment une bonne chose d&rsquo;avoir une id&eacute;e, peu importe son contenu. Adorno nous interpelle, il faut &ecirc;tre tout particuli&egrave;rement vigilant quand on entend cette simple phrase &laquo;&nbsp;Il faut tout de m&ecirc;me bien avoir une id&eacute;e&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">In fine</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">, le seul ressort que nous ayons en main selon le penseur de la Th&eacute;orie critique, c&rsquo;est montrer les trucages de ces propagandes, &laquo;&nbsp;car apr&egrave;s tout personne ne veut &ecirc;tre un imb&eacute;cile, personne ne veut se faire couillonner, comme on dit vulgairement. Or on peut tout &agrave; fait montrer que l&rsquo;ensemble repose sur une gigantesque technique de couillonnerie psychologique&nbsp;&raquo; (p. 68).</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Dans sa postface, l&rsquo;historien Wolker Weiss souligne comment Adorno a su voir et montrer la dur&eacute;e de certains champs de conflit. L&rsquo;&laquo;&nbsp;effet du spectre d&rsquo;un spectre&nbsp;&raquo;, le ressentiment, et les <i>Wutb&uuml;rger</i> (les &laquo;&nbsp;citoyens en col&egrave;re&nbsp;&raquo;) sont encore d&rsquo;actualit&eacute;. L&rsquo;institut de Francfort (l&rsquo;IfS) a continu&eacute; ses recherches des liens entre psychologie, d&eacute;valorisation de l&rsquo;autre, peur et l&eacute;gitimation du ressentiment. L&rsquo;IfS s&rsquo;est attach&eacute; &agrave; comprendre les rouages du racisme, de l&rsquo;antis&eacute;mitisme, du sexisme et les liens qu&rsquo;ils entretiennent entre eux et avec l&rsquo;&Eacute;tat-nation et le capitalisme (p. 83). La pertinence de l&rsquo;articulation entre &eacute;conomie, soci&eacute;t&eacute; et structure du sujet (p. 88), o&ugrave; la Th&eacute;orie critique d&eacute;veloppe ses sp&eacute;cificit&eacute;s reste encore aujourd&rsquo;hui une approche des plus f&eacute;condes. </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Les &eacute;l&eacute;ments de r&eacute;flexion propos&eacute;s par Adorno (m&ecirc;me &laquo;&nbsp;&agrave; b&acirc;tons rompus&nbsp;&raquo;) sont pr&eacute;cieux si l&rsquo;on s&rsquo;astreint &agrave; prendre en consid&eacute;rations les changements sociaux de fond caract&eacute;ristiques de notre temps. Ainsi, la nature du &laquo;&nbsp;s&eacute;mio-capitalisme&nbsp;&raquo; (selon l&rsquo;expression du penseur mat&eacute;rialiste F. Berrardi), la contradiction entre le mondialisme des &laquo;&nbsp;m&eacute;ga corporations&nbsp;&raquo; (nouveaux blocs du pouvoir) et les soubresauts r&eacute;gionalistes, et la structure du sujet oscillant entre appartenance communautariste et narcissisme exacerb&eacute; semblent en constituer quelques traits majeurs.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Le lib&eacute;ralisme classique qui s&rsquo;est poursuivi au sein d&rsquo;une nouvelle &laquo;&nbsp;&eacute;conomie de l&rsquo;attention&nbsp;&raquo; d&rsquo;ob&eacute;dience libertarienne et marqu&eacute;e par un certain utilitarisme h&eacute;doniste &agrave; la Bentham, puise sa puissance (et son fonds de commerce) dans l&rsquo;Infosph&egrave;re (L. Floridi) et ses rouages techniciens. La &laquo;&nbsp;soci&eacute;t&eacute; transparente&nbsp;&raquo; (G. Vattimo) &agrave; &laquo; L&rsquo;&acirc;ge du&nbsp;capitalisme de surveillance&nbsp;&raquo; (Shosonna Zuboff) qui contraint chacun de nous &agrave; vendre ses donn&eacute;es &laquo;&nbsp;personnelles&nbsp;&raquo; dans le grand commerce des signes, non seulement lib&egrave;re l&rsquo;information qui au lieu de nous &eacute;clairer tend &agrave; rendre le monde toujours plus opaque mais contribue aussi &agrave; l&rsquo;&eacute;clatement des conceptions de la V&eacute;rit&eacute;, de l&rsquo;Histoire et de la R&eacute;alit&eacute;. Une forme de socialit&eacute; qui fait de nous les objets du spectacle (G. Debord 1967) et m&ecirc;me d&rsquo;une &laquo;&nbsp;r&eacute;alit&eacute; int&eacute;grale&nbsp;&raquo; (J. Baudrillard) nous maintenant dans une sorte de &laquo;&nbsp;panoptique digital&nbsp;&raquo; (B-Ch. Han 2017). Baudrillard est l&rsquo;un de ceux qui a su prendre en compte la continuit&eacute; des remarques ici pr&eacute;sent&eacute;es par Adorno, &agrave; savoir que le contenu de la conviction et des id&eacute;ologies importe peu, la revendication des singularismes, des radicalismes (politiques, &eacute;cologistes ou religieux) et des essentialismes &ndash; qui sont les marques les plus virulentes de notre temps &ndash; tout comme le terrorisme par nature, ne tirent leur puissance qu&rsquo;en tant qu&rsquo;<i>acte</i>, qu&rsquo;en tant que fracture brutale &agrave; l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Le s&eacute;mio-capitalisme a red&eacute;fini les conditions d&rsquo;existence mat&eacute;rielles et id&eacute;elles des sujets et des processus-m&ecirc;mes de subjectivation. La d&eacute;-corpor&eacute;isation du langage, la virtualisation et la d&eacute;-physicalisation de la socialit&eacute; sont pour Berardi des mutations profondes qui se manifestent &agrave; la fois en tant que d&eacute;sensibilisation et hypersensibilisation&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le corps de l&rsquo;autre se fait abstrait et pornographique. L&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration et l&rsquo;intensification de l&rsquo;info-stimulation, qui est aussi une psycho-stimulation, produit un effet de panique ou de d&eacute;prime. On n&rsquo;a plus le temps d&rsquo;&eacute;laborer les stimulations ni au niveau de la conscience ni au niveau de l&rsquo;&eacute;motion&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:blue">[1]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Dans ce contexte o&ugrave; la pr&eacute;carisation des&nbsp;&laquo;&nbsp;classes moyennes&nbsp;&raquo; continue de progresser, on retrouve les m&ecirc;mes exclamations que celles qu&rsquo;avait entendues Adorno. Les pays changent, les passions persistent et le sentiment est devenu pour ainsi dire transnational&nbsp;: &laquo;&nbsp;Make America Great Again&nbsp;!&nbsp;&raquo; (D. Trump) et toutes ses d&eacute;clinaisons, &laquo; Get Brexit done ! &raquo; (B. Johnson), &laquo;&nbsp;Prima Gli Italia&nbsp;&raquo; (M. Salvini), etc. Les populismes de tout bord se revendiquant du &laquo;&nbsp;peuple&nbsp;&raquo;, &ndash; de J-L. M&eacute;lanchon (&laquo;&nbsp;La force du peuple&nbsp;&raquo;) &agrave; Marine Le Pen (&laquo;&nbsp;Au nom du peuple&nbsp;&raquo;) &ndash; conqui&egrave;rent ce qui reste de l&rsquo;ar&egrave;ne politique.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">L&rsquo;anticipation de l&rsquo;effroi, force est de le constater, continue de gangr&eacute;ner les consciences de masse.&nbsp;Les divers types d&rsquo;effondrisme d&rsquo;aujourd&rsquo;hui &ndash; qu&rsquo;il en aille de la fin de la civilisation chr&eacute;tienne ou de la fin de la civilisation tout court &ndash; annoncent chacun selon leur dogme la grande catastrophe sociale, &eacute;cologique, &eacute;conomique, sanitaire, etc. Un climat social anxiog&egrave;ne qui favorise les ressentiments divers classiques (racisme, sexisme, antis&eacute;mitisme et plus g&eacute;n&eacute;ralement x&eacute;nophobie) mais aussi de nouvelles craintes (par exemple la solastalgie<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:blue">[2]</span></sup></a>) au profit de nouveaux proph&egrave;tes et entrepreneurs de morale offrant l&agrave; encore leurs services &laquo;&nbsp;&agrave; la carte&nbsp;&raquo; (J-L. Schlegel). Il n&rsquo;y a plus qu&rsquo;&agrave; se servir&nbsp;: chacun peut trouver cette id&eacute;e qui lui manque, &laquo;&nbsp;parce qu&rsquo;il faut bien avoir une id&eacute;e&nbsp;&raquo;, rappelez-vous. </span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La &laquo;&nbsp;r&eacute;silience&nbsp;&raquo; s&rsquo;invite comme ma&icirc;tre-mot de notre salvation future, sans origines ni perspectives, cette notion &laquo;&nbsp;despotique&nbsp;[&hellip;] contribue &agrave; la falsification du monde en se nourrissant d&rsquo;une ignorance organis&eacute;e&nbsp;&raquo; (Th. Ribaut). Pr&eacute;tendant faire de la perte de nos existences actuelles une voie vers de nouvelles vies motiv&eacute;es par la catastrophe omnipotente, elle repose sur un principe de &laquo;&nbsp;gouvernement par la peur de la peur&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:blue">[3]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Justice warriors</span></span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">, Gilets jaunes, collapsologues et tous les nouveaux <i>Wutb&uuml;rger</i> puisent &agrave; la m&ecirc;me source d&rsquo;une catastrophe qui s&rsquo;amorce d&eacute;j&agrave;. Certains la d&eacute;sirent, l&agrave; encore. Rappelant les mots du philosophe Henri-Pierre Jeudy, Bertrand Vidal&nbsp;souligne ce &laquo; d&eacute;sir de catastrophe&nbsp;&raquo; au c&oelig;ur de subcultures sp&eacute;cifiques qui sont en m&ecirc;me temps des &laquo;&nbsp;cultures de consommation&nbsp;&raquo; (survivalistes, <i>preppers<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><b><sup><span style="color:blue">[4]</span></sup></b></a></i>) mais plus globalement bien &eacute;tabli dans les univers de fiction et de divertissement (depuis les films-catastrophes jusqu&rsquo;aux s&eacute;ries et jeux vid&eacute;o &laquo;&nbsp;post-apo&nbsp;&raquo; en passant par les &eacute;missions de t&eacute;l&eacute;-r&eacute;alit&eacute; de survie).</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La crainte d&rsquo;&ecirc;tre sur la mauvaise pente se conjugue &agrave; la force des techniques d&rsquo;information, de communication et du divertissement, &agrave; la puissance des r&eacute;seaux et de leur viralit&eacute;. La propagande contemporaine mobilise de <i>nouvelles</i> &laquo;&nbsp;ficelles&nbsp;&raquo;, de nouveaux &laquo;&nbsp;trucs&nbsp;&raquo;&nbsp;: Fake news, contre-v&eacute;rit&eacute;s, fausses-v&eacute;rit&eacute;s, <i>hoax</i> auxquels on tente de r&eacute;pondre par autant de <i>debunking</i> aussit&ocirc;t &laquo;&nbsp;d&eacute;bunk&eacute;s&nbsp;&raquo;. Dans le commerce continu des petites phrases, des commentaires et des images qui s&rsquo;affichent, sont &laquo;&nbsp;signal&eacute;s&nbsp;&raquo;, supprim&eacute;s puis &laquo;&nbsp;repost&eacute;s&nbsp;&raquo;, l&rsquo;antis&eacute;mitisme et l&rsquo;anti-intellectualisme assum&eacute;s font peau neuve. Pr&eacute;textant le spectacle et la libert&eacute; d&rsquo;expression, se revendiquant d&rsquo;un esprit faussement subversif, certains chantent, dansent, tapent des mains au pas cadenc&eacute; d&rsquo;un &laquo;&nbsp;Shoah Ananas &raquo;<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:blue">[5]</span></sup></a>, jeu de mots &agrave; la hauteur du cynisme le plus crasse de leur leader spirituel. C&rsquo;est aussi dans l&rsquo;entrelacs de ces r&eacute;seaux que tout un chacun se fait l&rsquo;expert, tant&ocirc;t du politique, de virologie ou de n&rsquo;importe quoi, et que le refus de l&rsquo;argumentation&nbsp;se fait le plus saillant.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">On retrouve alors la &laquo;&nbsp;technique salami&nbsp;&raquo; nourrissant les processus de d&eacute;sinformation &agrave; grande &eacute;chelle et qui contente par petites gouttes l&rsquo;orgueil des individus qui ont maille &agrave; partir de cette &laquo;&nbsp;frustration relative&nbsp;&raquo; (Tocqueville) toujours plus virulente. Adorno avait su voir la combinaison malheureuse entre &laquo;&nbsp;l&rsquo;extraordinaire perfection des moyens et l&rsquo;absurdit&eacute; totale des fins&nbsp;&raquo; (Weiss, p. 104), la conjonction de moyens rationnels et de fins irrationnelles semblant marquer une tendance globale de la civilisation. <i>In fine</i>, ce constat est encore le n&ocirc;tre.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Pour ce qui est des conclusions et des techniques de d&eacute;samor&ccedil;age profess&eacute;es par le th&eacute;oricien critique, elles semblent se heurter au fait que le faux ne se distingue plus d&eacute;sormais du vrai, que le &laquo;&nbsp;malin g&eacute;nie de l&rsquo;image&nbsp;&raquo; (Baudrillard) et du social nous maintient dans le simulacre et la simulation o&ugrave; les &laquo;&nbsp;experts vulgaires&nbsp;&raquo; sont devenus les d&eacute;miurges d&rsquo;un monde post-id&eacute;ologique.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;">&nbsp;</p> <div style="margin-bottom:14px"> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> <span style="background:white"><span style="color:#323232">BERARDI&nbsp;F. &laquo;&nbsp;Bifo&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Tueries. Entretien avec Jean-Philippe Cazier&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Chim&egrave;res</i>, 2016/1, n&deg; 88, pp. 51-53,&nbsp;<a href="https://www.cairn.info/revue-chimeres-2016-1-page-51.htm">en ligne</a></span></span><span style="background:white"><span style="color:#323232">.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> La solastalgie, notion d&eacute;finie par Glenn Albrecht en 2007 dans son article &laquo;&nbsp;&quot;Solastalgia&quot;. </span></span><span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">A New Concept in Health and Identity&nbsp;&raquo; (<a href="https://www.academia.edu/21377260/Solastalgia_A_New_Concept_in_Health_and_Identity">en ligne</a>)</span></span><span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">, repose sur les concepts de &laquo;&nbsp;solace&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;d&eacute;solation&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Solace isderived from solari and solacium, with meanings connected to the alleviationof distress or to the provision of comfort or consolation in the face ofdistressing events. Desolation has its origins in solus and desolare with meanings connected to abandonment and loneliness&nbsp;&raquo;.&nbsp;</span></span><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">En somme elle exprime un sentiment d&rsquo;abandon et de solitude face au surgissement d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements angoissants.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> RIBAUT Th., <i>Contre la r&eacute;silience. &Agrave; Fukushima et ailleurs</i>, Paris, L&rsquo;&eacute;chapp&eacute;e, 2021.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> VIDAL B., <i>Survivalisme. &Ecirc;tes-vous pr&ecirc;ts pour la fin des temps&nbsp;?</i>, Paris, Arkh&ecirc;, 2018.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> Mis en cause pour &laquo;&nbsp;injure publique &agrave; caract&egrave;re antis&eacute;mite&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;contestation de crime contre l&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;&raquo;, le pol&eacute;miste Dieudonn&eacute; a &eacute;t&eacute; d&eacute;clar&eacute; coupable d&rsquo;&laquo;&nbsp;injure publique&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;provocation &agrave; la haine&nbsp;&raquo; et condamn&eacute; &agrave; quatre mois de prison et &agrave; une amende de 10 000 euros (<a href="https://www.lepoint.fr/justice/dieudonne-ecope-de-quatre-mois-de-prison-et-10-000-euros-d-amende-02-07-2021-2433909_2386.php">source</a>).</span></span></span></span></span></p> <div> <div id="ftn5">&nbsp;</div> </div>