<p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span arial="" style="font-family:">Par Eduardo Portanova Barros, Sociologue, Professeur au d&eacute;partement Soci&eacute;t&eacute;, Culture et Fronti&egrave;res de l&rsquo;Universit&eacute; de l&rsquo;&Eacute;tat de l&rsquo;ouest du Paran&aacute; au Br&eacute;sil. </span></i></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span arial="" style="font-family:">F&aacute;bio Lopes Alves, Anthropologue, Professeur au d&eacute;partement Soci&eacute;t&eacute;, Culture et Fronti&egrave;res de l&rsquo;Universit&eacute; de l&rsquo;&Eacute;tat de l&rsquo;ouest du Paran&aacute; au Br&eacute;sil, CAPS/PNPD.</span></i></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right; text-indent:35pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dire oui &agrave; la vie<br /> NIETZSCHE F.,</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">INTRODUCTION</span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dans l&rsquo;un des nombreux films propos&eacute;s par ce Porto Alegre, au sud du Br&eacute;sil, qui v&eacute;n&egrave;re le cin&eacute;ma, j&rsquo;ai vu, pour la premi&egrave;re fois, en 1986, un hommage au cin&eacute;aste, qui &eacute;tait aussi sc&eacute;nariste, producteur et acteur, Fran&ccedil;ois Truffaut (1932-1984). L&rsquo;occasion de regarder cinq films de ce r&eacute;alisateur fran&ccedil;ais en une semaine &ndash; &laquo;Les quatre cents coups&raquo; (1959), &laquo;Jules et Jim&raquo; (1962), &laquo;Le dernier m&eacute;tro&raquo; (1980), &laquo;La femme d&rsquo;&agrave; c&ocirc;t&eacute;&raquo; (1981) et &laquo;Vivement dimanche&raquo; (1983) - il m&rsquo;a &eacute;veill&eacute; &agrave; ce qui semblait &ecirc;tre son style dans la r&eacute;currence du plan-s&eacute;quence, dans la gravit&eacute; du visage de ses protagonistes masculins, dans la d&eacute;licatesse de la repr&eacute;sentation &agrave; la fois de l&rsquo;univers f&eacute;minin et de l&rsquo;enfance et, principalement, de les sc&egrave;nes autobiographiques. En &eacute;tudiant un peu plus le travail de Truffaut, je les ai trouv&eacute;s ces m&ecirc;mes &eacute;l&eacute;ments comme les principales caract&eacute;ristiques de son univers cin&eacute;matographique.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Sur un plan strictement th&eacute;orique, j&rsquo;ai appris qu&rsquo;il d&eacute;fendait une Politique d&rsquo;Auteurs, entre les ann&eacute;es 1950 et 1960. Le premier r&eacute;sultat de cette plong&eacute;e dans l&rsquo;&oelig;uvre de Truffaut fut mon travail de conclusion du cours de Journalisme &agrave; PUCRS, &agrave; la fin de cette ann&eacute;e (1986). Intitul&eacute; &laquo; Le triomphe de Truffaut - la coh&eacute;rence d&rsquo;un artiste autobiographique &raquo;, j&rsquo;ai continu&eacute; dans cette ligne th&eacute;matique pendant les sept ann&eacute;es &agrave; la fois en Master, Doctorat et Post-doctorat, et je me demande encore : qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un auteur ? Je suppose que la paternit&eacute; (autorie) d&rsquo;un film peut &ecirc;tre identifi&eacute;e &agrave; travers le style d&rsquo;un r&eacute;alisateur et que ce style s&rsquo;exprime dans la mise-en-sc&egrave;ne. Un film d&rsquo;auteur comme Truffaut, en d&rsquo;autres termes, est une attitude du cin&eacute;aste qui exprime sa vision du monde dans ce qu&rsquo;il fait. Lorsque le style se manifeste, le r&eacute;alisateur sera, pour les cin&eacute;astes de la Nouvelle Vague, un auteur-r&eacute;alisateur. &laquo; Le nouveau cin&eacute;ma &eacute;tait &agrave; la mode &raquo;<a name="_ednref1"></a><a href="#_edn1" title=""><sup><span style="color:blue">[i]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Partant de ce point, dans un premier temps, nous tenterons de justifier cet article et la pr&eacute;sence permanente, constante et actuelle de l&rsquo;auteur au cin&eacute;ma - et dans toute autre expression artistique - au moyen d&rsquo;une image de soi, qui r&eacute;unit des cin&eacute;astes si diff&eacute;rents en termes d&rsquo;auteurs: Truffaut lui-m&ecirc;me (France), Alfred Hitchcock (Angleterre), Ingmar Bergman (Su&egrave;de), Pier Paolo Pasolini (Italie), Akira Kurosawa (Japon), Orson Welles (&Eacute;tats-Unis), Ruy Guerra (Mozambique/Br&eacute;sil) ou Lu&iacute;s Bu&ntilde;uel (Espagne). La forte personnalit&eacute; de certains r&eacute;alisateurs, dont le personnage semble s&rsquo;imprimer sur le film, a motiv&eacute;, depuis les ann&eacute;es 1950, la th&egrave;se de l&rsquo;autorie cin&eacute;matographique ou du cin&eacute;ma d&rsquo;auteur. Au cours du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle, cette id&eacute;e a gagn&eacute; en importance en tant que mod&egrave;le de travail incorpor&eacute; &agrave; la th&eacute;orie cin&eacute;matographique.<br /> Il est essentiel de pr&eacute;ciser que pour r&eacute;fl&eacute;chir sur un sujet aussi complexe que celui de l&rsquo;auteur cin&eacute;matographique, nous ne chercherons pas un concept, toujours exhaustif. Nous consid&eacute;rerons, tout au plus, des notions. Ils inspirent une ouverture de l&rsquo;esprit, un regard plus vague, et donc moins restreint. Si l&rsquo;on essayait de conceptualiser l&rsquo;auteur, nous n&rsquo;atteindrions pas la port&eacute;e de ce qu&rsquo;elle a repr&eacute;sent&eacute; et repr&eacute;sente &agrave; ce jour la notion avec laquelle elle est destin&eacute;e &agrave; travailler, que l&rsquo;auteur s&rsquo;est renouvel&eacute; et est plus &agrave; l&rsquo;aise avec les nouvelles possibilit&eacute;s d&rsquo;insertion dans la culture, sans &ecirc;tre clo&icirc;tr&eacute; dans un &laquo; moi &raquo; homog&egrave;ne ou superbe. En d&rsquo;autres termes, un concept ne prendrait pas en charge la complexit&eacute; d&rsquo;un th&egrave;me comme celui de la construction de l&rsquo;auteur cin&eacute;matographique. La notion, en ne s&rsquo;accrochant pas &agrave; une forme conceptuelle, se lib&egrave;re des tentacules des grandes certitudes.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Les r&eacute;alisateurs aux caract&eacute;ristiques d&rsquo;auteurs ne semblent plus craindre aujourd&rsquo;hui la commercialisation croissante et plus mondialis&eacute;e de leurs films. Le film de l&rsquo;auteur devait &ecirc;tre, avant, vu lors d&rsquo;expositions ou de festivals de cin&eacute;ma. Par l&rsquo;auteur cin&eacute;matographique, avant de poursuivre l&rsquo;incursion dans une analyse de l&rsquo;image de soi dans la soci&eacute;t&eacute; postmoderne, nous entendons le cin&eacute;ma r&eacute;alis&eacute; par un artiste dont la personnalit&eacute; est - volontairement - visible &agrave; l&rsquo;&eacute;cran et prend donc le risque d&rsquo;&ecirc;tre lui-m&ecirc;me &agrave; travers son travail. Aujourd&rsquo;hui, cette individualit&eacute; semble moins arrogante et cherche, simplement, le langage de l&rsquo;expression. Remontons un peu dans le temps. Si l&rsquo;on pense &agrave; l&rsquo;histoire du cin&eacute;ma, elle est li&eacute;e, de mani&egrave;re ind&eacute;l&eacute;bile, &agrave; l&rsquo;auteur. Lorsque Thomas Edison, par exemple, a cr&eacute;&eacute; un hangar sur rails qui pouvait &ecirc;tre d&eacute;plac&eacute; lorsque le soleil se d&eacute;pla&ccedil;ait, &eacute;galement connu sous le nom de Black Mary (van), il a continu&eacute; &agrave; &ecirc;tre un auteur dans le sens de donner naissance &agrave; quelque chose.<br /> En &eacute;largissant la notion d&rsquo;auteur et l&rsquo;image de soi, nous ne pouvions pas n&eacute;gliger l&rsquo;importance de personnages comme Edison ou Muybridge, Marey, M&eacute;li&egrave;s et m&ecirc;me les fr&egrave;res Lumi&egrave;re, qui recherchaient l&rsquo;am&eacute;lioration constante d&rsquo;un art nouveau. Le professeur Mario Guidi, de l&rsquo;Universit&eacute; de S&atilde;o Paulo, enseigne dans sa th&egrave;se de th&egrave;se &laquo; D&rsquo;Altamira &agrave; Palo Alto : la recherche du mouvement &raquo;, que les inventeurs sont aussi auteurs. La notion qui caract&eacute;rise un film comme d&rsquo;auteur ou non ne s&rsquo;est cependant &eacute;tablie qu&rsquo;&agrave; partir des ann&eacute;es 1950, &agrave; travers la critique de Truffaut &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du travail de certains r&eacute;alisateurs dans les magazines Cahiers du Cin&eacute;ma et des Arts. Il a d&eacute;fendu des r&eacute;alisateurs qui affichaient &agrave; l&rsquo;&eacute;cran l&rsquo;intimit&eacute; de sa personne (la peur chez Hitchcock, par exemple), dont le mod&egrave;le a &eacute;t&eacute; suivi par lui et d&rsquo;autres r&eacute;alisateurs de la Nouvelle Vague.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">LA NOUVELLE VAGUE&nbsp;: UN CIN&Eacute;MA D&rsquo;AUTEUR</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">La Nouvelle Vague &eacute;tait le mouvement qui soutenait l&rsquo;auteur cin&eacute;matographique, non pas en raison d&rsquo;une causalit&eacute; lin&eacute;aire, forg&eacute;e m&eacute;caniquement, mais en tant que ce que nous pourrions appeler l&rsquo;attraction organique chez certains critiques qui deviendront plus tard des cin&eacute;astes. Comme l&rsquo;id&eacute;e des tribus postmodernes chez Maffesoli : &laquo; Un sentiment partag&eacute; &raquo;<a name="_ednref2"></a><a href="#_edn2" title=""><sup><span style="color:blue">[ii]</span></sup></a>. En d&rsquo;autres termes, plus qu&rsquo;une posture calcul&eacute;e, comme une sorte d&rsquo;action terroriste, la Nouvelle Vague aurait pris forme comme un mouvement naturel, un sentiment avec les tripes, en ce sens qu&rsquo;elle est n&eacute;e d&rsquo;une volont&eacute; commune de changement &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un petit groupe (tribu, selon Maffesoli) de futurs cin&eacute;astes. Il y a dans la Nouvelle Vague une tendance d&rsquo;union qui n&rsquo;enl&egrave;ve rien &agrave; leurs diff&eacute;rences.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il y a aussi une r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;un des principaux postulants de l&rsquo;auteur cin&eacute;matographique. Truffaut a &eacute;t&eacute; influenc&eacute; par son p&egrave;re spirituel et adoptif (pas l&eacute;galement), qui l&rsquo;a accueilli chez lui, Andr&eacute; Bazin - d&eacute;c&eacute;d&eacute; en novembre 1958, d&rsquo;une leuc&eacute;mie, le premier jour du tournage du premier long m&eacute;trage de Truffaut, en 1959, appel&eacute; &laquo; Les quatre cents coups &raquo; qui allait lancer le cin&eacute;ma &laquo; officiel &raquo; pour l&rsquo;auteur. Non pas que cette expression - le cin&eacute;ma d&rsquo;auteur - soit enti&egrave;rement nouvelle. Cependant, avec les traits partag&eacute;s par les jeunes critiques des principaux magazines de cin&eacute;ma fran&ccedil;ais, la Nouvelle Vague a &eacute;t&eacute; un pionnier dans la d&eacute;fense d&rsquo;une &oelig;uvre &agrave; caract&egrave;re personnel : c&rsquo;est &ccedil;a qu&rsquo;on appelle ici l&rsquo;image de soi. Truffaut consid&eacute;rait la Politique des Auteurs (avec majuscules) comme la d&eacute;fense d&rsquo;une autonomie qui se perdait et qui &eacute;loignait de plus en plus l&rsquo;auteur de son &oelig;uvre dans le travail cin&eacute;matographique. Un film, pour Bogdanovich, par exemple, c&rsquo;est le monde que fait le r&eacute;alisateur. &laquo; La question cl&eacute; &eacute;tait : qui est derri&egrave;re les films ? C&rsquo;est parce que, dans tous les films que j&rsquo;aimais vraiment, il y avait la vision de l&rsquo;artiste &raquo;, selon Bogdanovich<a name="_ednref3"></a><a href="#_edn3" title=""><sup><span style="color:blue">[iii]</span></sup></a>.<br /> Le moment est venu de revoir la notion, plut&ocirc;t que le concept (je le r&eacute;p&egrave;te), de l&rsquo;auteur cin&eacute;matographique. Les traits d&rsquo;un auteur seraient li&eacute;s &agrave; un type de sensibilit&eacute; ou de l&rsquo;image de soi. La question de la recherche de l&rsquo;auteur cin&eacute;matographique comme r&eacute;sultat d&rsquo;une sensibilit&eacute; nous &eacute;loigne du jugement a priori et pr&eacute;jug&eacute;, puisqu&rsquo;un certain cin&eacute;aste dont le travail a toujours - ou la plupart du temps - &eacute;t&eacute; guid&eacute; par un souci, avant tout, de retour du box-office par surproductions, ce m&ecirc;me cin&eacute;aste peut, &agrave; un certain moment de sa carri&egrave;re, par souci de sensibilit&eacute;, diriger une &oelig;uvre plus d&rsquo;auteur. Difficile &agrave; dire. Un des cas les plus int&eacute;ressants &agrave; cet &eacute;gard est celui de Steven Spielberg, qui, par curiosit&eacute;, dirigea l&rsquo;acteur-Truffaut dans &laquo; Close encounters of the third kind &raquo; (1977). L&rsquo;auteur cin&eacute;matographique peut &ecirc;tre, donc, compris comme un cin&eacute;ma d&rsquo;id&eacute;es o&ugrave;, &agrave; travers la mise-en-sc&egrave;ne, qui traduit un style (le personnage autobiographique de Truffaut, par exemple), le r&eacute;alisateur tamponne son nom sur le film, comme une empreinte digitale sur l&rsquo;&eacute;cran.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;IMAGE DE SOI (<i>SELF IMAGE</i>)</span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il ne s&rsquo;agit pas ici de consid&eacute;rer l&rsquo;auteur comme une instance abstraite, distincte de la personne. Pour chaque film de genre, il y aura toujours un film d&rsquo;auteur (selon une vue agrandie, qui ne se r&eacute;duit pas &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre du g&eacute;nie). Chaque fois que nous nous demandons &laquo; qui &eacute;tait derri&egrave;re les films ? &raquo; nous sommes peut-&ecirc;tre face &agrave; un auteur-r&eacute;alisateur, une sensation que j&rsquo;ai, en particulier, d&eacute;j&agrave; v&eacute;cue dans les films de Truffaut, et, de nos jours, dans certaines &oelig;uvres d&rsquo;autres cin&eacute;astes comme l&rsquo;espagnol Julio Medem (&laquo; Luc&iacute;a y el sexo &raquo;, 2000) ou le franco-serbe Emir Kusturica (&laquo; Le temp des gitans &raquo;, 1989). Cependant, il n&rsquo;y a aucun moyen de nier les diff&eacute;rences entre cin&eacute;ma d&rsquo;auteur et cin&eacute;ma de genre, surtout si l&rsquo;on r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; l&rsquo;id&eacute;e que la culture de masse exige toujours un produit individualis&eacute; (Morin).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Si pour Jean-Luc Godard la culture est la r&egrave;gle et l&rsquo;art, l&rsquo;exception (comme l&rsquo;explique dans le film &laquo; JLG de JLG &raquo;, 1995), nous nous demandons : comment un r&eacute;alisateur inventif survit-il si son travail n&rsquo;est pas conforme aux normes du march&eacute; ? Comment identifier ce mod&egrave;le, s&rsquo;il existe ? L&rsquo;image de soi g&eacute;n&egrave;re-t-elle n&eacute;cessairement un nouveau cin&eacute;ma, en plus de ce qui a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; fait ou d&eacute;j&agrave; vu ? Il y a plusieurs indices que nous vivons dans une p&eacute;riode dont le paradigme n&rsquo;est peut-&ecirc;tre plus celui de la modernit&eacute;, qui a favoris&eacute; la valorisation moraliste, le jugement implacable et la s&eacute;paration entre soi et le monde. Peut-&ecirc;tre sommes-nous multiples, pas purs. Peut-&ecirc;tre sommes-nous &eacute;galement sensibles, et pas seulement des rationalistes. Quand le philosophe fran&ccedil;ais Gaston Bachelard demande : &laquo; Qui &eacute;crit-il ? L&rsquo;animus ou l&rsquo;anima&nbsp;?&nbsp;&raquo;<a name="_ednref4"></a><a href="#_edn4" title=""><sup><span style="color:blue">[iv]</span></sup></a>. Il parle d&rsquo;une sensibilit&eacute;, d&rsquo;une image de soi.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Chacun des cinq premiers cin&eacute;astes de la Nouvelle Vague - qui furent, outre Truffaut et Godard, Jacques Rivette, &Eacute;ric Rohmer et Claude Chabrol, suivis plus tard par Alain Resnais et Louis Malle, entre autres - ont parcouru leur propre parcours et diff&eacute;rents styles. Nous pourrions substituer &laquo; style &raquo; &agrave; &laquo; imaginaire &raquo;, bien qu&rsquo;il y ait une diff&eacute;rence s&eacute;mantique consid&eacute;rable entre ces deux termes. Le cin&eacute;ma et l&rsquo;imaginaire de l&rsquo;image de soi, d&rsquo;ailleurs, ne sont pas nouveaux dans l&rsquo;histoire du cin&eacute;ma. En 1956, Edgar Morin &eacute;crit une &oelig;uvre qui relie le cin&eacute;ma &agrave; l&rsquo;Homme, du point de vue de l&rsquo;imaginaire, pour r&eacute;fl&eacute;chir sur ses projections-identifications. Selon Morin, il s&rsquo;agit d&rsquo;une &laquo; participation affective &raquo; : &laquo; Le terme participation co&iuml;ncide exactement, sur le plan mental et affectif, avec la notion d&rsquo;identification-projection &raquo;<a name="_ednref5"></a><a href="#_edn5" title=""><sup><span style="color:blue">[v]</span></sup></a>. En parlant de cela, Morin nous dit que le cin&eacute;ma n&rsquo;est donc pas une construction individuelle, juste un &laquo; auteur &raquo;, mais une relation complexe, qui passe n&eacute;cessairement par la lecture de chacun de nous sur un certain film.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">TRUFFAUT ET LA POLITIQUE DES AUTEURS</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;histoire du cin&eacute;ma a donc &eacute;t&eacute; construite non seulement par des cin&eacute;astes, mais aussi par des inventeurs qui ont traduit un certain esprit de leur &eacute;poque respective, et cet esprit les a propuls&eacute;s vers les d&eacute;couvertes de l&rsquo;image en mouvement. Apr&egrave;s le tournant embl&eacute;matique du XIX<sup>e</sup> au XX<sup>e</sup> si&egrave;cle, le cin&eacute;ma poursuit sa trajectoire, inspirant de nouvelles d&eacute;couvertes techniques (son et num&eacute;rique) et esth&eacute;tiques (r&eacute;cits non lin&eacute;aires). L&rsquo;un des pionniers de la transformation du cin&eacute;ma en un simple disque pour &eacute;veiller un int&eacute;r&ecirc;t artistique, bas&eacute; sur la supercherie, est le fran&ccedil;ais Georges M&eacute;li&egrave;s. Nous montrons, &agrave; travers cet exemple et d&rsquo;autres, que l&rsquo;art cin&eacute;matographique, par l&rsquo;image de soi, dont se fonde &laquo; l&rsquo;auteur &raquo;, ressemble &agrave; la couture d&rsquo;un tissu. Cela peut aussi &ecirc;tre un &eacute;norme patchwork, avec des couleurs et des sensations prismatiques.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">D&rsquo;autres noms importants pour l&rsquo;am&eacute;lioration du cin&eacute;ma en tant que spectacle &eacute;taient le russe Sergei Eisenstein, l&rsquo;am&eacute;ricain D.W. Griffith et l&rsquo;anglais Charlie Chaplin, le cr&eacute;ateur du piquant &laquo; Carlitos &raquo;, qui a inspir&eacute; Truffaut &agrave; penser que les grandes choses et les grands hommes ont des points communs. Nous ne pouvons ignorer des mouvements tels que l&rsquo;expressionnisme allemand, le n&eacute;or&eacute;alisme italien et, enfin, la Nouvelle Vague fran&ccedil;aise. Ce r&eacute;sum&eacute; est quelque peu simpliste, mais il ne servirait ici qu&rsquo;&agrave; titre d&rsquo;illustration d&rsquo;ins&eacute;rer la Politique des Auteurs, l&rsquo;auteur comme l&rsquo;image de soi, dans un contexte cin&eacute;matographique qui montre, &agrave; l&rsquo;heure actuelle, une tendance &agrave; relire des postulats comme celui de l&rsquo;autorie lors de la valorisation d&rsquo;une expression d&rsquo;empreinte personnelle, sans toutefois attendre que l&rsquo;artiste renferme son individualit&eacute;.<br /> Les jeunes critiques fran&ccedil;ais ont donc d&eacute;cid&eacute;, &agrave; un certain moment, de dire que le r&eacute;alisateur &eacute;tait l&rsquo;auteur des films. Depuis qu&rsquo;ils ont proclam&eacute; cette th&eacute;orie, ils ont d&ucirc; montrer comment, et sont arriv&eacute;s &agrave; ce que les journalistes ont invent&eacute; plus tard la Nouvelle Vague, apr&egrave;s que plusieurs de leurs films ont envahi les festivals de cin&eacute;ma : Cannes. Surmontant les difficult&eacute;s et les pr&eacute;jug&eacute;s, des r&eacute;alisateurs comme Truffaut, entre autres, ont produit des chefs-d&rsquo;&oelig;uvre du cin&eacute;ma. Apr&egrave;s &laquo;&nbsp;Les quatre cents coups&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;&Agrave; bout de souffle&nbsp;&raquo; (1959), respectivement &eacute;crit par Truffaut et Godard (le second avec un sc&eacute;nario de Truffaut), le cin&eacute;ma ne serait plus le m&ecirc;me. Avant cette ann&eacute;e, il avait d&eacute;j&agrave; d&eacute;montr&eacute;, &agrave; travers d&rsquo;autres films de ces m&ecirc;mes r&eacute;alisateurs, qu&rsquo;il allait changer. &Agrave; la fin des ann&eacute;es 1950, cependant, cela ouvrit l&rsquo;espace &agrave; une nouvelle g&eacute;n&eacute;ration de cin&eacute;astes qui prirent un risque et r&eacute;alis&egrave;rent leur premier film.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">LE MYSTERE N&amp;B</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Peu importe que ce soit bon ou mauvais, &agrave; ce stade. Le cin&eacute;ma r&eacute;alis&eacute; par ce groupe oxyg&eacute;nait le march&eacute; apr&egrave;s le confinement provoqu&eacute; par le Cin&eacute;ma Fran&ccedil;ais de Qualit&eacute;. Les cin&eacute;astes, contrairement &agrave; ce qui &eacute;tait habituel, ont commenc&eacute; &agrave; tourner dans la rue, dans des lieux, comme cela s&rsquo;&eacute;tait d&eacute;j&agrave; produit dans le n&eacute;o-r&eacute;alisme italien. Mais le th&egrave;me intime, combin&eacute; au fait que, au d&eacute;but, le studio a &eacute;t&eacute; n&eacute;glig&eacute;, a form&eacute; une nouvelle conception du cin&eacute;ma bas&eacute;e sur l&rsquo;exp&eacute;rience personnelle et la libert&eacute; de style. Il reposait principalement sur le charisme d&rsquo;un r&eacute;alisateur, plut&ocirc;t que sur la technique ou la technologie (non pas que ce n&rsquo;&eacute;tait pas important). La relation entre un r&eacute;alisateur-auteur et le producteur (&laquo; Le m&eacute;pris &raquo; de Jean-Luc Godard) n&rsquo;a donc jamais &eacute;t&eacute; harmonieuse. Le premier devait contourner la situation et essayer d&rsquo;imprimer sa marque sur le film quand le producteur essaye de ne pas perdre d&rsquo;argent.<br /> Truffaut est un exemple d&rsquo;auteur en ce que l&rsquo;on d&eacute;couvre en lui un style (non forg&eacute; m&eacute;caniquement), bas&eacute; sur le choix de films autobiographiques et sur la valorisation de l&rsquo;&ecirc;tre humain banal ou indescriptible de la bourgeoisie fran&ccedil;aise. Le r&eacute;alisateur fran&ccedil;ais a &eacute;galement apport&eacute; au cin&eacute;ma une id&eacute;e, au moins, originale, celle d&rsquo;une s&eacute;rie du personnage d&rsquo;Antoine Doinel (son alter ego, l&rsquo;image de soi donc) jou&eacute; par Jean-Pierre L&eacute;aud, dans &laquo; Les quatre cents coups &raquo; (1959), &laquo; Antoine et Colette &raquo; (1962), &laquo; Baisers vol&eacute;s &raquo; (1968), &laquo; Domicile conjugal &raquo; (1970) et &laquo; L&rsquo;amour en fuite &raquo; (1979). L&eacute;aud a &eacute;galement travaill&eacute; pour Truffaut dans les films &laquo; Deux anglaises et le continent &raquo; (1971) et &laquo; La nuit am&eacute;ricaine &raquo; (1973). Une autre caract&eacute;ristique de Truffaut : un nouveau film devait apporter une proposition diff&eacute;rente de la pr&eacute;c&eacute;dente. Le premier long m&eacute;trage, par exemple, &eacute;tait l&rsquo;histoire d&rsquo;un gar&ccedil;on, Doinel (L&eacute;aud-Truffaut) dans la France d&rsquo;apr&egrave;s-guerre ; le second, &laquo; Tirez sur le pianiste &raquo; (1960), &eacute;tait bas&eacute; sur le roman Down there, de David Goodis, et &eacute;tait un film avec des &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;histoire polici&egrave;re (noir), dont le protagoniste n&rsquo;&eacute;tait pas un acteur inconnu comme L&eacute;aud, mais une ic&ocirc;ne de la musique fran&ccedil;aise, Charles Aznavour.<br /> L&rsquo;une des caract&eacute;ristiques des premi&egrave;res ann&eacute;es de la Nouvelle Vague est en effet la photographie N&amp;B (noir et blanc), due en partie &agrave; un choix esth&eacute;tique. Cette option pourrait aussi passer par la question financi&egrave;re de rendre le film moins cher et d&rsquo;am&eacute;liorer le film N&amp;B, c&rsquo;est vrai, mais certains cin&eacute;astes de la Nouvelle Vague, notamment Truffaut, qui a termin&eacute; sa carri&egrave;re de tournage en N&amp;B, pour mieux reproduire l&rsquo;ambiance du film noir, a pr&eacute;f&eacute;r&eacute;, &agrave; certaines occasions et pour certains projets, le myst&egrave;re que la couleur n&rsquo;a jamais r&eacute;ussi &agrave; v&eacute;hiculer. N&rsquo;oublions pas que tous les premiers films de ce mouvement ont &eacute;t&eacute; tourn&eacute;s en N&amp;B. Le noir et blanc, m&ecirc;me avec l&rsquo;av&egrave;nement de la couleur, a &eacute;t&eacute; utilis&eacute; par les principaux r&eacute;alisateurs-auteurs de l&rsquo;histoire du cin&eacute;ma: Pier Paolo Pasolini - connu pour son esth&eacute;tique de la critique radicale -, Jean Renoir, Robert Bresson, Jacques Tati (dont l&rsquo;&oelig;uvre est revisit&eacute;e avec beaucoup de succ&egrave;s en France), Alfred Hitchcock (avec qui Truffaut a fait une longue interview de 50 heures en 1966), Orson Welles, Roberto Rossellini, Michelangelo Antonioni, Federico Fellini, Ingmar Bergman, Woody Allen, Andrei Tarkovski, Luis Bu&ntilde;uel et autres.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DES AUTEURS&nbsp;: POUR LE MEILLEUR OU POUR LE PIRE</span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il est d&rsquo;usage de penser l&rsquo;histoire du cin&eacute;ma uniquement &agrave; partir des fr&egrave;res Lumi&egrave;re, sans consid&eacute;rer le cin&eacute;ma avant le cin&eacute;ma. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;histoire d&rsquo;inventeurs qui, les uns plus et les autres moins, ont contribu&eacute; &agrave; faire du cin&eacute;ma ce qu&rsquo;il est encore aujourd&rsquo;hui, un spectacle de masse (Netflix, par exemple). Les fr&egrave;res Lumi&egrave;re n&rsquo;auraient pas cru au potentiel du nouvel art &agrave; des fins commerciales. Ils ne voyaient cela que comme une exp&eacute;rimentation scientifique. Ils sugg&egrave;rent &agrave; M&eacute;li&egrave;s, int&eacute;ress&eacute; par le cin&eacute;matographe, qui, d&rsquo;ailleurs, a &eacute;t&eacute; construit par Jules Carpentier, l&rsquo;un des employ&eacute;s les plus habiles des fr&egrave;res Lumi&egrave;re, qu&rsquo;il l&rsquo;ignore. Les Lumi&egrave;re ont sans doute apport&eacute; leur contribution, mais il est &eacute;galement important de mettre en avant les scientifiques qui ont cherch&eacute; &agrave; reproduire l&rsquo;image combin&eacute;e &agrave; celle du mouvement devant les fr&egrave;res fran&ccedil;ais.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Lorsque Lumi&egrave;re s&rsquo;est int&eacute;ress&eacute;e &agrave; une machine de projection d&rsquo;images, les principaux probl&egrave;mes de la synth&egrave;se du mouvement, selon Guidi, avaient d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; d&eacute;couverts (ou &eacute;taient dans un processus tr&egrave;s avanc&eacute;) par d&rsquo;autres scientifiques, comme E. J. Marey, E. Muybridge et T. Edison, juste pour n&rsquo;en nommer que quelques-uns. L&rsquo;histoire du cin&eacute;ma avant le film d&eacute;passe les limites de cet article sur l&rsquo;image de soi chez Truffaut, mais il faut noter que la d&eacute;couverte du cin&eacute;ma ne peut pas &ecirc;tre prise comme un fait isol&eacute;, mais comme un tissu conjonctif, dans lequel le tout et les parties se compl&egrave;tent. Il y a bien s&ucirc;r eu un processus qui a abouti &agrave; la d&eacute;couverte du cin&eacute;ma, tout comme dans ce processus, la Nouvelle Vague et d&rsquo;autres mouvements ont &eacute;clat&eacute; avant et apr&egrave;s. Auparavant, par exemple, nous pourrions citer le n&eacute;o-r&eacute;alisme italien, &agrave; partir (pour r&eacute;f&eacute;rence historique uniquement) du film &laquo; Roma, citt&agrave; aperta &raquo; (1954), de Roberto Rossellini, caract&eacute;ris&eacute; comme un panneau social de l&rsquo;Italie d&rsquo;apr&egrave;s-guerre. Dans la lign&eacute;e de la Nouvelle Vague, un mouvement appel&eacute; Dogma 95 a vu le jour, dirig&eacute; par le cin&eacute;aste danois Lars Von Trier, manifeste d&rsquo;un retour &agrave; un mode de tournage &eacute;conomique, comme le postulaient les auteurs fran&ccedil;ais, entre autres caract&eacute;ristiques.<br /> La recherche de la r&eacute;alit&eacute; bas&eacute;e sur la reproduction figurative, associ&eacute;e au mouvement, a donn&eacute; lieu &agrave; de nouvelles d&eacute;couvertes, comme le cin&eacute;ma. Pour cela, il fallait une technique. Mais pas seulement &ccedil;a. L&rsquo;imagination &eacute;tait &eacute;galement n&eacute;cessaire. De cette mani&egrave;re, Mario Guidi est arriv&eacute; &agrave; une analyse importante de l&rsquo;histoire du cin&eacute;ma. Pour lui, des ombres chinoises aux projecteurs cin&eacute;matographiques modernes ou aux &eacute;crans &eacute;lectroniques, il y a une trajectoire fascinante, et la plus significative, comme il l&rsquo;&eacute;crit dans son m&eacute;moire. L&rsquo;ing&eacute;niosit&eacute; humaine (ou l&rsquo;image de soi) est l&rsquo;expression que je voudrais souligner dans la conception de Guidi. Sans l&rsquo;homme-imaginatif l&rsquo;art et la technique n&rsquo;existeraient pas, ce qui sous-tend toute invention, y compris celle du cin&eacute;ma. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;art et la technique n&rsquo;existeraient pas sans celui qui les a cr&eacute;&eacute;s : l&rsquo;Homme. Et la mani&egrave;re dont cet homme agit, dans la figure du r&eacute;alisateur, a int&eacute;ress&eacute; la Nouvelle Vague, une courte p&eacute;riode du cin&eacute;ma fran&ccedil;ais - tout au plus 10 ans - qui a pris des proportions mondiales et dont le groupe de r&eacute;alisateurs, ex-critiques de la cin&eacute;matographie, a commenc&eacute; &agrave; filmer en valorisant l&rsquo;expression personnelle, l&rsquo;image de soi, pour le meilleur ou pour le pire.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">UN MAXIMUM D&rsquo;EXPRESSION INDIVIDUELLE<b>&nbsp;</b></span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Une pens&eacute;e r&eacute;ductionniste et fragment&eacute;e de l&rsquo;auteur cin&eacute;matographique, sujet dont cet article entend tirer de plus grandes cons&eacute;quences et qui ne saurait se passer d&rsquo;une vision humaniste, en ce sens que la mati&egrave;re sert les fins de l&rsquo;Homme, mais ne la dirige pas (Francastel), ne prennent peut-&ecirc;tre pas en compte le terrain complexe, qui, en fin de compte, est aussi la question de l&rsquo;identit&eacute;. Aujourd&rsquo;hui, nous pourrions le remplacer par &laquo; identification &raquo; ou, j&rsquo;ajoute, l&rsquo;image de soi. Nous n&rsquo;avons pas une &laquo; identit&eacute; &raquo; fixe, mais des identifications successives avec ce qui nous affecte. La Politique des Auteurs soutient qu&rsquo;avant le travail, il y a l&rsquo;Homme et que l&rsquo;Homme est capable de cr&eacute;er plus que d&rsquo;&ecirc;tre cr&eacute;&eacute;.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Une nouvelle g&eacute;n&eacute;ration de r&eacute;alisateurs fran&ccedil;ais, sensibles &agrave; ce postulat, que l&rsquo;auteur est &agrave; l&rsquo;origine de quelque chose, et avec l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;&eacute;diteurs de magazines comme les Cahiers du Cin&eacute;ma, mais pas de cin&eacute;astes avant, s&rsquo;est sentie capable de filmer aussi. Pour eux, un film est comme une &eacute;tape de la vie du r&eacute;alisateur, et plus encore : le reflet de leurs pr&eacute;occupations &agrave; ce moment-l&agrave;. En ce sens, Truffaut a dit qu&rsquo;il n&rsquo;y avait pas de mauvais films, mais des r&eacute;alisateurs m&eacute;diocres. Pour l&rsquo;instant, il suffit de penser que les r&eacute;alisateurs de cette tendance dans le cin&eacute;ma fran&ccedil;ais partageaient &agrave; la fois le m&ecirc;me esprit de renouveau ou de r&eacute;bellion. Ils faisaient partie d&rsquo;une tribu, comme nous l&rsquo;avons dit auparavant.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;image de soi, &eacute;largissant sa compr&eacute;hension au-del&agrave; du cin&eacute;ma, peut donc &eacute;galement &ecirc;tre vue comme une volont&eacute; d&rsquo;expression, en derni&egrave;re analyse. Godard a dit que la Politique des Auteurs &eacute;tait un moyen de prendre la place, d&rsquo;attaquer le syst&egrave;me tel qu&rsquo;il &eacute;tait, d&rsquo;avoir le droit de s&rsquo;asseoir &agrave; la table avec d&rsquo;autres fa&ccedil;ons de manger, ou des choses comme &ccedil;a. Selon lui, le nom de l&rsquo;auteur, nous l&rsquo;avons pris d&rsquo;en bas et nous l&rsquo;avons mis dessus, et nous avons dit : c&rsquo;est lui qui fait les films, selon le cin&eacute;aste. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;auteur, et dans ce cas nous pourrions inclure les pionniers de la peinture, de la photographie et, enfin, du cin&eacute;ma, veut exprimer un sentiment ; il souhaite, comme le souligne Godard, exister comme l&rsquo;image de soi. Ce faisant, il se retourne en lui-m&ecirc;me, cherche int&eacute;rieurement ce qui l&rsquo;identifie universellement, ce qui le met en contact avec le reste de l&rsquo;humanit&eacute;, qui n&rsquo;est rien de plus que ce qu&rsquo;il se sent capable de dire ou de produire. Dans ce moment de lucidit&eacute; &agrave; ressentir une partie du monde et d&rsquo;ivresse &agrave; cr&eacute;er, l&rsquo;auteur atteint, paradoxalement, le maximum de l&rsquo;expression individuelle. Pour Francastel, l&rsquo;Homme se comporte dans un double sens, celui de la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;agir sur le monde et celui d&rsquo;&eacute;changer des id&eacute;es avec les autres.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">C&rsquo;est l&rsquo;un des points qui justifierait l&rsquo;importance de la Politique des Auteurs - une th&eacute;orie qui a soutenu la Nouvelle Vague - comme l&rsquo;un des moments les plus significatifs du cin&eacute;ma depuis son invention. Le son st&eacute;r&eacute;o, le grand &eacute;cran, la troisi&egrave;me dimension, le DVD, Netflix et m&ecirc;me un faisceau laser que j&rsquo;ai eu l&rsquo;occasion de regarder une certaine occasion dans un cin&eacute;ma &agrave; Stuttgart, en Allemagne, quelques instants avant de commencer la projection de &laquo; Born to kill &raquo; (1987) du cin&eacute;aste am&eacute;ricain Stanley Kubrick, peuvent aider l&rsquo;industrie cin&eacute;matographique, mais ils ne surpassent pas l&rsquo;art fantastique cr&eacute;&eacute; par l&rsquo;imagination (image-imago) de l&rsquo;Homme, celui-l&agrave; m&ecirc;me qui a invent&eacute; le cin&eacute;ma. &laquo; Si le cin&eacute;ma existe encore, c&rsquo;est gr&acirc;ce &agrave; un bon sc&eacute;nario, une bonne histoire racont&eacute;e avec pr&eacute;cision et invention. Il est important de cr&eacute;er de la fantaisie pour faire plaisir au public &raquo;, a d&eacute;clar&eacute; Truffaut. La Nouvelle Vague serait, encore aujourd&rsquo;hui, un mot-phare pour des cin&eacute;astes inspirants (comme &agrave; l&rsquo;&eacute;poque du Cinema Novo, de Glauber Rocha, au Br&eacute;sil). </span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&Eacute;L&Eacute;MENTS HUMAINS IMPR&Eacute;VUS</span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Toujours derri&egrave;re la notion d&rsquo;auteur de cette &oelig;uvre, la r&eacute;flexion de Flusser pourrait aussi s&rsquo;inscrire, m&ecirc;me s&rsquo;il traite principalement de la photographie, mais que je prendrais la libert&eacute; de l&rsquo;amener au champ cin&eacute;matographique. Flusser &eacute;crit dans &laquo; F&uuml;r eine Philosophie der fotografie &raquo; (1983) sur la disparition de l&rsquo;Homme du fait que la production de l&rsquo;univers photographique, ici je dirais cin&eacute;matographique, ignore le facteur humain. Son analyse est pertinente pour nous en ce que le postulat de l&rsquo;autorie cin&eacute;matographique pr&eacute;suppose un artiste lib&eacute;r&eacute; de l&rsquo;esclavage technologique. Conna&icirc;tre la technique vous lib&egrave;re, bien s&ucirc;r. Mais ne pas lui &ecirc;tre soumis, non. C&rsquo;est-&agrave;-dire, analyse Flusser, l&rsquo;Homme invente les instruments, oublie le mod&egrave;le, s&rsquo;ali&egrave;ne et prendra l&rsquo;instrument comme mod&egrave;le de son monde. Pour Flusser, la libert&eacute; joue contre l&rsquo;appareil, ce qui est stupide et peut &ecirc;tre tromp&eacute;. Flusser croit en l&rsquo;introduction des &eacute;l&eacute;ments humains impr&eacute;vus. Sa critique n&rsquo;intervient pas dans le sens de dire que nous n&rsquo;avons pas besoin des appareils, quels qu&rsquo;ils soient, mais plut&ocirc;t de l&rsquo;ali&eacute;nation devant eux.<br /> Le cin&eacute;ma, de pr&eacute;f&eacute;rence fictif, qui a ainsi gagn&eacute; en dimension et en importance dans le monde artistique d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, est le r&eacute;sultat de l&rsquo;esprit pionnier de l&rsquo;homme dans la recherche d&rsquo;un sens &agrave; la vie. L&rsquo;auteur ne peut donc &ecirc;tre n&eacute;glig&eacute;. Une r&eacute;flexion de Morin est essentielle pour comprendre l&rsquo;importance de l&rsquo;auteur en tant qu&rsquo;&ecirc;tre complexe, que chaque &ecirc;tre humain est un cosmos, form&eacute; de virtualit&eacute;s dynamiques. Sur la base d&rsquo;une sensibilit&eacute; ou de l&rsquo;image de soi nous pouvons, donc, parler d&rsquo;une autorie. Hitchcock, par exemple, ne consid&egrave;re pas ses premiers films sur commande comme les siens. Il savait qu&rsquo;il faisait partie d&rsquo;un rouage. Ce r&eacute;alisateur anglais &eacute;tait donc sensible &agrave; un syst&egrave;me de production qui agissait tant&ocirc;t contre, tant&ocirc;t en faveur de l&rsquo;expression personnelle (l&rsquo;image de soi). Ce qui diff&eacute;rencie un cin&eacute;aste d&rsquo;un autre, c&rsquo;est une mani&egrave;re individuelle d&rsquo;aborder le monde (sensibilit&eacute;), mais qui, paradoxalement, universalise le sentiment de soi, &agrave; condition que le r&eacute;alisateur se projette sur l&rsquo;&eacute;cran, et ne se cache pas derri&egrave;re la cam&eacute;ra.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Parmi tous les mouvements du cin&eacute;ma, la Nouvelle Vague, &agrave; laquelle s&rsquo;appelait le travail des jeunes r&eacute;alisateurs de la critique cin&eacute;matographique fran&ccedil;aise des ann&eacute;es 1950 et 1960, &eacute;tait peut-&ecirc;tre celui qui valorisait le plus le potentiel cr&eacute;atif du r&eacute;alisateur, l&rsquo;incitant &agrave; utiliser non seulement votre technique ou vos connaissances, mais aussi votre intuition. Ces facteurs ne peuvent &ecirc;tre n&eacute;glig&eacute;s pour &eacute;tablir une r&eacute;alit&eacute;, celle du cin&eacute;ma d&rsquo;auteur, dont le rapport &agrave; l&rsquo;imaginaire justifie son existence. Plus l&rsquo;auteur voyage de lui-m&ecirc;me &agrave; lui-m&ecirc;me, et atteint le souterrain fertile qu&rsquo;est l&rsquo;arch&eacute;type, plus il obtient une expression personnelle (comme nous l&rsquo;avons d&eacute;j&agrave; mentionn&eacute;). Pour Truffaut, qui s&rsquo;impose comme l&rsquo;un des plus grands d&eacute;fenseurs de l&rsquo;autorie cin&eacute;matographique - sinon le plus grand - la personnalit&eacute; (ou l&rsquo;image de soi) du r&eacute;alisateur doit se refl&eacute;ter dans son travail. Truffaut a port&eacute; le Cin&eacute;ma d&rsquo;Auteur (majuscules) jusqu&rsquo;&agrave; ses derni&egrave;res cons&eacute;quences, en d&eacute;fendant des cin&eacute;astes dans lesquels il a identifi&eacute; une position morale par rapport aux films qu&rsquo;ils ont r&eacute;alis&eacute;s.<br /> La critique fran&ccedil;aise, &agrave; son tour, a sap&eacute;, &agrave; cette &eacute;poque, le travail de certains cin&eacute;astes comme Marcel Pagnol et Sacha Guitry, accus&eacute;s de faire du th&eacute;&acirc;tre film&eacute;. De nombreux cin&eacute;astes continuent d&rsquo;&ecirc;tre critiqu&eacute;s, dont Robert Bresson, Jean Cocteau et Max Oph&uuml;ls, tout comme Orson Welles aux &Eacute;tats-Unis. Contre cette attitude jug&eacute;e antipo&eacute;tique de la critique officielle, qui qualifiait certains cin&eacute;astes de d&eacute;pass&eacute;s, c&rsquo;est au d&eacute;but des ann&eacute;es 1950 que le groupe de jeunes critiques fran&ccedil;ais (plus tard cin&eacute;astes eux-m&ecirc;mes) apparut dans le magazine les Cahiers du Cin&eacute;ma, fond&eacute; en janvier 1951 par Jacques-Doniol Valcroze et L&eacute;onide Kiegel dans le prolongement de &laquo; La revue du cin&eacute;ma &raquo;, fond&eacute;e par Andr&eacute; Bazin en 1947. Fran&ccedil;ois Truffaut, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, &Eacute;ric Rohmer et Jacques Rivette &eacute;taient hostiles &agrave; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;&eacute;cole ou &agrave; la d&eacute;finition restrictive de cin&eacute;ma, rejet du cin&eacute;ma d&rsquo;&eacute;quipe au profit du cin&eacute;ma d&rsquo;auteur.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">PORTRAIT DE LA JEUNESSE&nbsp;: LE D&Eacute;BUT</span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Ils ont fait valoir qu&rsquo;un bon metteur en sc&egrave;ne n&rsquo;est pas n&eacute;cessairement un technicien vertueux, mais seulement une forte personnalit&eacute; qui s&rsquo;exprime &agrave; travers le cin&eacute;ma. Les r&eacute;alisateurs plus &acirc;g&eacute;s qu&rsquo;eux avaient beaucoup &agrave; leur apprendre. L&rsquo;auteur cin&eacute;matographique en tant que coordinateur et agglutinateur de tous les aspects li&eacute;s &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;un film &eacute;tait le concept principal &agrave; partir duquel la Nouvelle Vague est partie, selon l&rsquo;essayiste portugais Melo Ferreira. Parall&egrave;lement &agrave; la th&eacute;orie, ils sont entr&eacute;s en pratique. Ferreira a divis&eacute; les films de la Nouvelle Vague en : &laquo; ant&eacute;c&eacute;dents &raquo; (&laquo; Les derni&egrave;res vacances &raquo;, de Roger Leenhardt, de 1947 &agrave; 1955), &laquo; d&eacute;buts &raquo; (&laquo; Une vie &raquo;, d&rsquo;Alexandre Astruc, de 1956 &agrave; 1958), &laquo; apog&eacute;e &raquo; (&laquo; Le beau Serge &raquo;, de Claude Chabrol, de 1958 &agrave; 1961) et des &laquo; suites &raquo; (&laquo; Le m&eacute;pris &raquo;, de Jean-Luc Godard, de 1961 &agrave; 1965).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Inspir&eacute; par une d&eacute;claration au th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;&eacute;crivain Jean Giraudoux selon laquelle il n&rsquo;y a pas de bonne pi&egrave;ce, mais seulement de bons auteurs, c&rsquo;est que Truffaut aurait propos&eacute;, avec des coll&egrave;gues de la revue, une th&eacute;orie de la Politique des Auteurs, dont le but &eacute;tait de r&eacute;habiliter les cin&eacute;astes qui se sont exprim&eacute;s &agrave; la premi&egrave;re personne : Jean Cocteau, Jacques Tati, Robert Bresson, Jean Renoir, Marcel Pagnol, Sacha Guitry, Max Oph&uuml;ls. Le cin&eacute;ma d&rsquo;auteur, d&egrave;s lors, s&rsquo;appellera &laquo; Nouvelle Vague &raquo;. &laquo; L&rsquo;expression, pour la premi&egrave;re fois, est apparu dans l&rsquo;Express du 3 octobre 1957, en titre du Rapport sur la jeunesse comment&eacute; par Fran&ccedil;ois Giroud &raquo;, selon Toubiana<a name="_ednref6"></a><a href="#_edn6" title=""><sup><span style="color:blue">[vi]</span></sup></a>. Il ajoute : &laquo; En juin 1958, celle-ci publie chez Gallimard un livre &agrave; succ&egrave;s, La Nouvelle Vague, portrait de la jeunesse, qui n&rsquo;a aucun rapport direct avec le cin&eacute;ma&nbsp;&raquo;<a name="_ednref7"></a><a href="#_edn7" title=""><sup><span style="color:blue">[vii]</span></sup></a>. Selon Toubiana, encore : &laquo; C&rsquo;est le critique Pierre Billard qui, en f&eacute;vrier 1958, applique ce terme au nouveau cin&eacute;ma fran&ccedil;ais [dans la revue Cin&eacute;ma 58] &raquo;<a name="_ednref8"></a><a href="#_edn8" title=""><sup><span style="color:blue">[viii]</span></sup></a>.<br /> Qui, enfin, comme nous l&rsquo;avons vu, utilise l&rsquo;expression &laquo; Nouvelle Vague &raquo; pour le nouveau cin&eacute;ma fran&ccedil;ais &ndash; le cin&eacute;ma avec l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un auteur ou de l&rsquo;image de soi - aurait &eacute;t&eacute; le critique Pierre Billard qui s&rsquo;est r&eacute;pandu parmi ses confr&egrave;res journalistes pour d&eacute;signer la nouvelle vague des films &agrave; la marque du r&eacute;alisateur dans les festivals de cin&eacute;ma, principalement &agrave; Cannes. La Nouvelle Vague est n&eacute;e, donc, &agrave; un moment de crise pour le cin&eacute;ma et l&rsquo;acad&eacute;misme fran&ccedil;ais. Les ann&eacute;es 1950 et 1960 ont &eacute;t&eacute; des p&eacute;riodes de grande agitation, notamment avec le mouvement de Mai 68. Pour certains cin&eacute;astes, la Nouvelle Vague serait n&eacute;e d&rsquo;une crise et de la volont&eacute; de red&eacute;couvrir un cin&eacute;ma plus pur. Il est donc n&eacute; d&rsquo;un contexte de cin&eacute;matographie mondiale. C&rsquo;est ainsi, comme l&rsquo;image d&rsquo;un auteur ou l&rsquo;image de soi, que nous proposons ici de penser la Nouvelle Vague, r&eacute;sultat impr&eacute;vu d&rsquo;une p&eacute;riode qui passa, entre autres moments, le n&eacute;o-r&eacute;alisme italien de Luchino Visconti et Vittorio De Sica, vers 1945.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">La Nouvelle Vague a inspir&eacute; des cin&eacute;astes comme Glauber Rocha, Susumu Hani, Masahiro Shinoda, Nagisa Oshima, Shoei Imamura, Seijun Suzuki et Hiroshi Teshigahara. L&uacute;cia Nagib rappelle qu&rsquo;entre la fin des ann&eacute;es 1950 et le milieu des ann&eacute;es 1960, le cin&eacute;ma japonais avait &eacute;t&eacute; envahi par la jeunesse, et qu&rsquo;il n&rsquo;y aurait pas eu d&rsquo;autre mouvement similaire dans l&rsquo;histoire de la cin&eacute;matographie japonaise. Sur le plan th&eacute;matique, les jeunes cin&eacute;astes japonais ont bris&eacute; les tabous de la morale et du sexe, ce qui a provoqu&eacute;, selon elle, le naufrage des anciens studios de cin&eacute;ma. Ce mouvement est devenu connu sous le nom de &laquo; Nouvelle Vague japonaise &raquo;.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">R&Eacute;VOLUTION ARTISTIQUE</span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Roman Jakobson, lorsqu&rsquo;il &eacute;crit sur les transitions dans un paragraphe &eacute;clairant de l&rsquo;article intitul&eacute; &laquo; D&eacute;cadence du cin&eacute;ma &raquo;, &agrave; partir de 1933, rend compte du passage d&rsquo;une p&eacute;riode &agrave; une autre. Il explique que les centres de la culture cin&eacute;matographique ont altern&eacute; plus d&rsquo;une fois et qu&rsquo;o&ugrave; la tradition du cin&eacute;ma muet est forte, le cin&eacute;ma sonore ne trouve, quant &agrave; lui, que de nouvelles voies &agrave; un co&ucirc;t. Le geste de cr&eacute;ation d&rsquo;auteur se produit &laquo; [...] sans aucune connaissance des r&egrave;gles qui r&eacute;gissent son tissu complexe &raquo;<a name="_ednref9"></a><a href="#_edn9" title=""><sup><span style="color:blue">[ix]</span></sup></a>, dit Jakobson. La plus grande contribution de la Nouvelle Vague aurait donc &eacute;t&eacute; de miser sur une nouvelle conception du cin&eacute;ma, jusque-l&agrave; originale, issue des caract&eacute;ristiques du cin&eacute;ma d&rsquo;auteur : des films qui aujourd&rsquo;hui se rapprocheraient, avec r&eacute;serves, du &laquo; cin&eacute;ma ind&eacute;pendant &raquo;. Le cin&eacute;aste Jean-Jacques Beineix va plus loin et consid&egrave;re la Nouvelle Vague comme une r&eacute;volution artistique, sociologique, sexuelle et politique.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dans un num&eacute;ro sp&eacute;cial des Cahiers du Cin&eacute;ma de 1997, 21 cin&eacute;astes, dont le br&eacute;silien Walter Salles et l&rsquo;iranien Abbas Kiarostami ont r&eacute;pondu &agrave; cinq questions :</span></span></span></span></p> <ol start="1" type="1"> <li new="" roman="" style="line-height:115%; font-size:12pt; font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;a repr&eacute;sent&eacute; le ph&eacute;nom&egrave;ne Nouvelle Vague dans sa vie.</span></li> <li new="" roman="" style="line-height:115%; font-size:12pt; font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Si l&rsquo;influence de la Nouvelle Vague &eacute;tait positive ou n&eacute;gative.</span></li> <li new="" roman="" style="line-height:115%; font-size:12pt; font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Comment elle a aid&eacute; &agrave; faire le film.</span></li> <li new="" roman="" style="line-height:115%; font-size:12pt; font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Si elle n&rsquo;avait pas exist&eacute;, comment le cin&eacute;ma fran&ccedil;ais aurait &eacute;volu&eacute;.</span></li> <li new="" roman="" style="line-height:115%; font-size:12pt; font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Si le cin&eacute;ma fran&ccedil;ais contemporain &eacute;tait encore influenc&eacute; par la Nouvelle Vague&nbsp;?</span></li> </ol> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Pour Salles, la Nouvelle Vague reste une source d&rsquo;inspiration pour d&rsquo;autres mouvements tels que Cinema Novo et Est&eacute;tica da Fome au Br&eacute;sil. Kiarostami a dit que la Nouvelle Vague a donn&eacute; au cin&eacute;ma une nouvelle d&eacute;finition.<br /> Pour conclure, Morin estime qu&rsquo;avec l&rsquo;introduction des techniques industrielles dans la culture, la cr&eacute;ation tend &agrave; devenir une production. Mais l&rsquo;auteur serait-il donc mort ? Je ne pense pas, cela aurait simplement chang&eacute; comme l&rsquo;image de soi, une expression qu&rsquo;on a vu ici par rapport &agrave; l&rsquo;homme-cin&eacute;aste qu&rsquo;&eacute;tait Fran&ccedil;ois Truffaut. Il n&rsquo;y aurait plus un auteur qui devrait avoir une &oelig;uvre coh&eacute;rente, mais plut&ocirc;t complexe et ins&eacute;r&eacute;e dans une sensibilit&eacute; postmoderne et dans cette Self Image. Francastel disait quand il parlait du cin&eacute;ma : &laquo; La technique pure donnait la possibilit&eacute; de reproduire le mouvement, mais elle aurait &eacute;t&eacute; &eacute;puis&eacute;e si elle n&rsquo;avait pas connu la fantaisie d&rsquo;un M&eacute;li&egrave;s &raquo;<a name="_ednref10"></a><a href="#_edn10" title=""><sup><span style="color:blue">[x]</span></sup></a>. Et d&rsquo;un Truffaut. En somme, la construction d&rsquo;un auteur cin&eacute;matographique n&rsquo;est pas un concept absolu, car, comme le dit Morin &agrave; propos du photog&eacute;nique, c&rsquo;est un double de l&rsquo;image : une image mentale d&rsquo;une image mat&eacute;rielle. Et vice versa. The other way around.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BIBLIOGRAPHIE</span><b>&nbsp;</b></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BACHELARD G., <i>A po&eacute;tica do devaneio</i>, S&atilde;o Paulo, Martins Fontes, 2009.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BARROS E., <i>O triunfo de Truffaut</i>, Porto Alegre, PUCRS, 1986.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&ndash;, <i>Truffaut : O homem que amava o cinema</i>, Canoas, Editora da ULBRA, 2013.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BAZIN A., <i>What&rsquo;s cinema ?, Los Angeles</i>, University of California Press, 1967 (vol. 1).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&ndash;, What&rsquo;s cinema ?, <i>University of California Press</i>, Los Angeles, 1971 (vol. 2).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BOGDANOVICH P., <i>Afinal, quem faz os filmes?,</i> S&atilde;o Paulo, Companhia das Letras, 2000.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">CAHIERS DU CIN&Eacute;MA. <i>Fran&ccedil;ois Truffaut</i>. &Eacute;ditions de l&rsquo;&Eacute;toile (Num&eacute;ro Sp&eacute;cial), Paris, 1984.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">CAHIERS DU CIN&Eacute;MA. <i>Le si&egrave;cle du cin&eacute;ma</i>. &Eacute;ditions de l&rsquo;&Eacute;toile (Num&eacute;ro Hors-S&eacute;rie), Paris, 2000.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">CAHIERS DU CIN&Eacute;MA. <i>Nouvelle Vague : Une l&eacute;gende en question</i>. &Eacute;ditions de l&rsquo;&Eacute;toile (Num&eacute;ro Hors-S&eacute;rie), Paris, 1997.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">COELHO T., <i>Moderno P&oacute;s-moderno</i>, S&atilde;o Paulo, Iluminuras, 1995.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">COSTA A., <i>Compreender o cinema</i>, S&atilde;o Paulo, Globo, 1989.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DALMAIS H. <i>Truffaut</i>, Paris, Payot &amp; Rivages, 1995.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DESJARDINS A, <i>Entretient avec Fran&ccedil;ois Truffaut</i>, Paris, Ramsay, 1987.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">FERREIRA C., <i>Truffaut e o cinema</i>, Porto, Edi&ccedil;&otilde;es Afrontamento, 1990.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">FLUSSER V, <i>Filosofia da caixa preta</i>, S&atilde;o Paulo, Hucitec, 1995.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">FRANCASTEL P., <i>A realidade figurativa</i>, S&atilde;o Paulo, Perspectiva, 1993.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">GODARD J-L., <i>Introdu&ccedil;&atilde;o a uma verdadeira hist&oacute;ria do cinema</i>, S&atilde;o Paulo, Martins Fontes, 1989.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">GUIDI M., <i>De Altamira a Palo Alto: a Busca do Movimento</i>, S&atilde;o Paulo, USP, 1991.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">JAKOBSON R., <i>Lingu&iacute;stica. Po&eacute;tica. Cinema</i>, S&atilde;o Paulo, Perspectiva, 1970.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">MAFFESOLI M., <i>O tempo das tribos : O decl&iacute;nio do individualismo nas sociedades de massa</i>, Rio de Janeiro, Forense-Universit&aacute;ria, 2014.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">MARIE M., <i>La Nouvelle Vague : Une &eacute;cole artistique</i>, Paris, Nathan, 1997.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">MERLEAU-PONTY M., <i>Fenomenologia da percep&ccedil;&atilde;o</i>, S&atilde;o Paulo, Martins Fontes, 1999.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">MORIN E., <i>Introdu&ccedil;&atilde;o ao pensamento complexo</i>, Lisboa, Instituto Piaget, 1991.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&ndash;, <i>O cinema ou o homem imagin&aacute;rio</i>, Lisboa, Espelho D&rsquo;&Aacute;gua, 1997.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn1"></a><a href="#_ednref1" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[i]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> TOUBIANA S., DE BAECQUE A., <i>Fran&ccedil;ois Truffaut</i>, Paris, Gallimard, 2001, p. 268.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn2"></a><a href="#_ednref2" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[ii]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> MAFFESOLI M., <i>O tempo das tribos. O decl&iacute;nio do individualismo nas sociedades de massa</i>, Rio de Janeiro, Forense, 2014, p. 145 (Traduction libre).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn3"></a><a href="#_ednref3" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[iii]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> BOGDANOVITCH P., <i>Afinal, quem faz os filmes?</i>, S&atilde;o Paulo, Companhia das Letras, 2000, p. 22 (Traduction libre).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn4"></a><a href="#_ednref4" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[iv]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> BACHELARD G., <i>A po&eacute;tica do devaneio</i>, S&atilde;o Paulo, Martins Fontes, 2009, p. 89 (Traduction libre).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn5"></a><a href="#_ednref5" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[v]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> MORIN E., <i>O cinema ou o homem imagin&aacute;rio</i>, Lisboa, Rel&oacute;gio D&rsquo;&Aacute;gua, 1997, p. 111 (Traduction libre).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn6"></a><a href="#_ednref6" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[vi]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> TOUBIANA S., DE BAECQUE A., <i>Truffaut</i>, Paris, Gallimard, 2001, p. 269.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn7"></a><a href="#_ednref7" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[vii]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> Ibidem.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn8"></a><a href="#_ednref8" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[viii]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> Ibidem.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn9"></a><a href="#_ednref9" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[ix]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> JAKOBSON R., <i>Lingu&iacute;stica. Po&eacute;tica. Cinema</i>, S&atilde;o Paulo, Perspectiva, 1970, p. 91 (Traduction libre).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_edn10"></a><a href="#_ednref10" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[x]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> FRANCASTEL P., <i>A realidade figurativa, S&atilde;o Paulo</i>, Perspectiva, 1993, p. 55. (Traduction libre).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-indent: 35pt; text-align: left;">&nbsp;</p>