<p><em><strong><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Introduction</font></font></font></span></strong></em></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Comme beaucoup aujourd&rsquo;hui de par le monde, je suis, tu es, nous sommes confin&eacute;s. Ce mot viendrait du latin&nbsp;confinis, (qui a la m&ecirc;me limite), de&nbsp;cum (avec) et&nbsp;finis, (fin, fronti&egrave;re). Nous ne sommes pas aux confins de&hellip;nous, du monde, etc. nous sommes au sein de la m&ecirc;me limite, isol&eacute;ment et ensemble. Dans ce contexte, j&rsquo;observe que le COVID -19 pourrait bien &ecirc;tre un r&eacute;v&eacute;lateur du &laquo;&nbsp;texte cach&eacute;&nbsp;&raquo;, celui qui est &eacute;crit &agrave; l&rsquo;encre invisible, qu&rsquo;on appelle aussi encre sympathique&nbsp;!</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Cette encre, je devrais dire ces encres, ont beaucoup &eacute;t&eacute; utilis&eacute;es pendant les deux grandes guerres mondiales. Ce sont des encres de r&eacute;sistance qu&rsquo;il est possible de rendre visibles &agrave; la flamme d&rsquo;une bougie ou avec diff&eacute;rentes substances comme le citron ou le vinaigre. Ici, c&rsquo;est un virus et le texte cach&eacute; rel&egrave;ve de l&rsquo;infra-politique. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">&laquo;&nbsp;L&rsquo;infra-politique est (&hellip;) essentiellement une forme strat&eacute;gique que la r&eacute;sistance des sujets doit prendre lorsqu&rsquo;elle est soumise &agrave; un trop grand danger. (&hellip;) &nbsp;Les imp&eacute;ratifs strat&eacute;giques de l&rsquo;infra-politique ne la rendent pas seulement diff&eacute;rente en degr&eacute; des politiques publiques des d&eacute;mocraties modernes : ils imposent une logique totalement diff&eacute;rente de l&rsquo;action politique. Aucune revendication publique n&rsquo;est faite, aucune ligne symbolique n&rsquo;est trac&eacute;e. Toute action politique prend des formes con&ccedil;ues pour masquer ses intentions ou pour les dissimuler derri&egrave;re un sens apparent. Pratiquement, personne n&rsquo;agit en son nom pour des raisons voulues : cela irait &agrave; l&rsquo;encontre du but recherch&eacute;. C&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment parce qu&rsquo;une telle action politique est scrupuleusement con&ccedil;ue pour &ecirc;tre anonyme ou pour nier son but, que l&rsquo;infra-politique appelle davantage qu&rsquo;une interpr&eacute;tation r&eacute;ductrice. Les choses ne sont pas exactement ce qu&rsquo;elles semblent &ecirc;tre&nbsp;&raquo;. (Scott, 2006, p.27)</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Apr&egrave;s le temps de stupeur et de col&egrave;res confuses qui a caract&eacute;ris&eacute; les premiers jours de la &laquo;&nbsp;guerre&nbsp;&raquo; contre la pand&eacute;mie, j&rsquo;ai pu observer des mouvements aussi diffus que profonds non pas en termes de distanciation sociale mais concernant des formes renouvel&eacute;es de distances sociales, toutes sous- tendues par des rapports de et au pouvoir&nbsp;: pouvoir &agrave; entendre ici dans le sens de &laquo;&nbsp;potestas&nbsp;&raquo; ou volont&eacute; de dominer le monde mais aussi dans le sens de &laquo;&nbsp;potentia&nbsp;&raquo; c&#39;est-&agrave;-dire recherche des possibles pour le faire &eacute;voluer. C&rsquo;est dans ce deuxi&egrave;me registre, qu&rsquo;il me semble possible de parler d&rsquo;infra-politique. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Le point d&rsquo;o&ugrave; je parle est celui d&rsquo;une formatrice dans un IRTS &agrave; l&rsquo;interface entre la formation initiale, la formation continue et la recherche.</font></font></font></span></p> <h2><span style="color:#8e44ad;"><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">P&eacute;dagogie et jeux de pouvoir</font></font></font></span></span></h2> <h3><em><strong><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">El&eacute;ments de contexte</font></font></font></span></strong></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Au moment de la fermeture de l&rsquo;&eacute;tablissement le 13 Mars, nous sommes au milieu d&rsquo;un Module que nous appelons D&eacute;veloppement Social Local et qui concerne trois promotions de 2&egrave;me ann&eacute;e. Jusqu&rsquo;alors ce module ne concernait que les Educateurs Sp&eacute;cialis&eacute;s et les Educateurs Techniques Sp&eacute;cialis&eacute;s. R&eacute;forme oblige, il s&rsquo;adresse aussi cette ann&eacute;e aux Assistants de Service Social. Cette nouveaut&eacute; et la d&eacute;mographie des salari&eacute;s de l&rsquo;&eacute;tablissement reconfigurent les conditions d&rsquo;organisation de cet espace p&eacute;dagogique. Je suis &agrave; l&rsquo;origine et aux manettes du module depuis 15 ans et je pars &agrave; la retraite en fin d&rsquo;ann&eacute;e, de nouveaux coll&egrave;gues ont &eacute;t&eacute; embauch&eacute;s. S&rsquo;appuyant sur un solide r&eacute;seau local construit au fil du temps et des exp&eacute;riences partag&eacute;es, le module s&rsquo;&eacute;tale de Novembre &agrave; Juin et met les &eacute;tudiants en situation de co-construction avec les diff&eacute;rents niveaux d&rsquo;acteurs en r&eacute;ponse &agrave; des besoins et/ou des envies &eacute;manant des uns et des autres.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Cette ann&eacute;e plusieurs groupes apportent leur contribution &agrave; une action sur le territoire o&ugrave; se trouve l&rsquo;IRTS. Elle a pour titre &laquo; Ville fertile&nbsp;&raquo; et se situe dans le prolongement d&rsquo;une recherche-action d&eacute;marr&eacute;e en 2009 sur l&rsquo;agglom&eacute;ration &laquo;&nbsp;Pour une nouvelle gouvernance de l&rsquo;urgence et de l&rsquo;entre aide alimentaire&nbsp;&raquo;. Plusieurs actions ont vu le jour &agrave; cette occasion et la plupart perdurent aujourd&rsquo;hui&nbsp;: jardins collectifs ou partag&eacute;s, circuits courts, &eacute;v&egrave;nements conviviaux, etc. Il y a eu depuis tout un travail de concertation pilot&eacute;e par la Communaut&eacute; d&rsquo;agglom&eacute;ration et aboutissant &agrave; la d&eacute;finition d&rsquo;un Projet Alimentaire Territorial (PAT) Le pr&eacute;sent projet &laquo;&nbsp;trouve son origine dans ce qui fonde la l&eacute;gitimit&eacute; de l&rsquo;intervention sociale et s&rsquo;attache &agrave; tenter de substituer l&rsquo;espoir collectif au d&eacute;sespoir individuel au travers d&rsquo;actions visant &agrave; une r&eacute;appropriation citoyenne de l&rsquo;espace public. Ce faisant, il contribue au &laquo;&nbsp;Bien vivre ensemble&nbsp;&raquo; et &agrave; la coh&eacute;sion sociale. Dans le m&ecirc;me temps, le projet &laquo;&nbsp;Ville fertile&nbsp;&raquo;&nbsp; est contributif d&rsquo;un projet plus global de territoire sur l&rsquo;axe du d&eacute;veloppement durable et de la promotion de la biodiversit&eacute; et par ailleurs sur celui faisant de l&rsquo;alimentation une politique publique &agrave; part enti&egrave;re dans le cadre du PAT&nbsp;&raquo;</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Nous travaillons en &eacute;troite collaboration avec la ville et une trentaine d&rsquo;acteurs institutionnels ou associatifs sont engag&eacute;s. C&rsquo;est toutefois une action qui ne peut que s&rsquo;inscrire dans la dur&eacute;e. Dans le compte-rendu du dernier COPIL, on lit par exemple &laquo;&nbsp;Dans les initiatives les plus anciennes sur la ville (Collectif des habitants du Grand Parc, jardin &eacute;co citoyen et jardins partag&eacute;s de l&rsquo;IRTS) la m&ecirc;me question se pose au-del&agrave; des contextes diff&eacute;rents&nbsp;: comment faire vivre un collectif dans la dur&eacute;e&nbsp;? Comment assurer un fonctionnement qui prenne en compte la parole de chacun quand les groupes sont variables, les personnalit&eacute;s et &eacute;ventuellement les convictions diff&eacute;rentes&nbsp;? Comment mettre en place des actions qui heurtent certains voisins (ex le compost attire les nuisibles et les poules provoquent des nuisances sonores). Dans les initiatives nouvelles, l&rsquo;ordre des questions est invers&eacute; (celle de l&rsquo;acceptation par les voisins d&rsquo;initiatives qui transforment l&rsquo;espace public) mais l&rsquo;enthousiasme du d&eacute;part n&rsquo;exclut pas les autres questionnements&nbsp;&raquo; </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Il reste donc du travail. Un &eacute;v&egrave;nement f&eacute;d&eacute;rateur que, localement depuis le d&eacute;but de la premi&egrave;re recherche-action, nous appelons &laquo;&nbsp;le Hameau des Possibles&nbsp;&raquo; &eacute;tait pr&eacute;vu pour le 10 Juin. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Parmi les autres groupes, certains interviennent dans des structures qui accueillent des Mineurs Non Accompagn&eacute;s, aupr&egrave;s de deux tiers lieux- l&rsquo;un ayant cr&eacute;&eacute; ce qu&rsquo;au Qu&eacute;bec on appelle une accorderie, l&rsquo;autre un restau solidaire &ndash;ou encore des projets de d&eacute;veloppement en milieu rural, en IME, etc.</font></font></font></span></p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Des postures divergentes qui ne disent pas leur nom</font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Bien avant &laquo; l&rsquo;arr&ecirc;t sur image&nbsp;&raquo; du 13 Mars, un certain nombre de dissensions au sein de l&rsquo;&eacute;quipe p&eacute;dagogique sont apparues sans toutefois avoir &eacute;t&eacute; clairement verbalis&eacute;es. Elles se cristallisent essentiellement autour de trois objets&nbsp;: la place de la m&eacute;thode, abusivement nomm&eacute;e m&eacute;thodologie, la question de l&rsquo;&eacute;valuation et la place des outils de communication num&eacute;riques. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Qui a exp&eacute;riment&eacute;, ne serait qu&rsquo;un peu, les logiques de DSL sait l&rsquo;importance du temps pour que progressivement de la rencontre entre des points de vue et des niveaux d&rsquo;expression diff&eacute;rents, naisse un Commun, un socle sur lequel peuvent fleurir des dynamiques &agrave; la fois multiples et coh&eacute;rentes entre elles. A cela, certains coll&egrave;gues ont oppos&eacute; la logique qui pr&eacute;vaut dans la plupart des appels &agrave; projets aujourd&rsquo;hui&nbsp;: d&eacute;finition d&rsquo;objectifs g&eacute;n&eacute;raux et op&eacute;rationnels, moyens et crit&egrave;res d&rsquo;&eacute;valuation a priori, &eacute;ch&eacute;ancier sur un temps court. Le plus d&eacute;licat dans le r&eacute;el, c&rsquo;est &ndash; apr&egrave;s un temps d&rsquo;immersion dans une structure donn&eacute;e &ndash; de rentrer en relation avec ce qu&rsquo;il est convenu d&rsquo;appeler les personnes concern&eacute;es (abus de langage l&agrave; encore, comme si la pauvret&eacute; &eacute;tant la seule affaire des pauvres&nbsp;!) et d&rsquo;&eacute;tablir un lien de confiance suffisant pour qu&rsquo;&eacute;merge une parole sinc&egrave;re. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Dans la situation pr&eacute;sente, apr&egrave;s seulement trois jours sur &laquo;&nbsp;le terrain&nbsp;&raquo;, un message post&eacute; aux &eacute;tudiants concern&eacute;s le 24 D&eacute;cembre leur demandait de faire un premier travail de synth&egrave;se &eacute;voquant notamment les &laquo;&nbsp;logiques de coop&eacute;ration entre les acteurs sur le territoire&nbsp;&raquo;, ce travail &agrave; effectuer en groupe devant servir &agrave; valider le semestre. Apr&egrave;s la p&eacute;riode des f&ecirc;tes d&eacute;di&eacute;e &agrave; la poursuite des stages et/ou &agrave; de br&egrave;ves vacances, les &eacute;tudiants en ont &eacute;t&eacute; r&eacute;duits &agrave; consacrer leur 4&egrave;me journ&eacute;e de DSL &agrave; effectuer ce travail &eacute;crit. En r&eacute;alit&eacute;, il semble que l&rsquo;&eacute;valuation et plus encore la validation soient d&eacute;sormais la porte unique d&rsquo;entr&eacute;e quelque soit au demeurant le domaine de formation concern&eacute;. En souffrance, beaucoup regrettent de n&rsquo;avoir pas le temps de penser. Ce qui est le cas en m&ecirc;me temps que peut-&ecirc;tre l&rsquo;objectif vis&eacute;&nbsp;! L&rsquo;actualit&eacute; la plus r&eacute;cente permet en tous cas de se poser la question.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">L&rsquo;&eacute;tablissement, comme tant d&rsquo;autres, ferme donc le 13 Mars et s&rsquo;installe le confinement. Je ne commenterai pas cela ici. Mais comment d&eacute;s lors assurer la &laquo;&nbsp;continuit&eacute; p&eacute;dagogique&nbsp;&raquo;&nbsp;? Un article, post&eacute; sur le blog de M&eacute;diapart d&eacute;but Avril donne une lecture int&eacute;ressante de cette notion aujourd&rsquo;hui&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pour Blanquer, la continuit&eacute; p&eacute;dagogique doit s&rsquo;inscrire dans la transmission de &laquo;&nbsp;contenus&nbsp;&raquo; effectu&eacute;e par l&rsquo;interm&eacute;diaire des outils num&eacute;riques pr&eacute;par&eacute;s par les services minist&eacute;riels. Cela fait, il devient possible, alors, d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;valuer&nbsp;&raquo; le travail effectu&eacute; par les &eacute;l&egrave;ves et les &eacute;tudiants. (&hellip;) Si, comme l&rsquo;&eacute;crivait Jacques Ardoino, &laquo;&nbsp;la question p&eacute;dagogique par excellence devient alors celle d&rsquo;une articulation r&eacute;ussie entre les vis&eacute;es l&eacute;gitimes d&rsquo;une int&eacute;gration sociale, d&rsquo;une adaptation &agrave; un ordre existant des choses, et le d&eacute;veloppement d&rsquo;une capacit&eacute;, personnelle et collective, de transgression&nbsp;&raquo;, alors force est de constater que la m&eacute;thode d&eacute;velopp&eacute;e par Blanquer est tr&egrave;s loin du compte car seule la dimension normative, celle qualitativement la plus discutable, est pr&eacute;sente. Or, c&rsquo;est bien la n&eacute;gativit&eacute; de cet instant p&eacute;dagogique qui importe, &agrave; savoir le d&eacute;veloppement d&rsquo;une capacit&eacute; de transgression sans laquelle dispara&icirc;trait la relation dialectique entre l&rsquo;&laquo;&nbsp;institu&eacute;&nbsp;&raquo; et l&rsquo;&laquo;&nbsp;instituant&nbsp;&raquo;. Si l&rsquo;existence de l&rsquo;instituant est remise en cause par la domination normative de l&rsquo;acte p&eacute;dagogique, ici par les mod&egrave;les de transmission num&eacute;rique des connaissances, alors l&rsquo;&eacute;ducation elle-m&ecirc;me se met en danger.&raquo; </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Qu&rsquo;&agrave; cela ne tienne, mettons nous en danger&nbsp;! J&rsquo;ai entre temps &eacute;t&eacute; mise hors des circuits de communication de l&rsquo;&eacute;quipe p&eacute;dagogique par un petit groupe de coll&egrave;gues qui prennent la main &ndash; d&eacute;j&agrave; consid&eacute;r&eacute;e comme retrait&eacute;e, je suppose&nbsp;! &ndash; et j&rsquo;apprends par des &eacute;tudiants qu&rsquo;ils doivent aller sur tel site, participer &agrave; tel MOOC et faire des r&eacute;sum&eacute;s de th&eacute;ories complexes en une page, une dissertation sur &laquo;&nbsp;COVID-19 et lien social&nbsp;&raquo; en 2 pages, r&eacute;pondre &agrave; tel QCM et j&rsquo;en passe, le tout sur des temps tr&egrave;s courts. </font></font></font></span></p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Des formes infra-politiques de r&eacute;sistance s&rsquo;organisent </font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">La p&eacute;dagogie, me semble t&rsquo;il, est une affaire de rencontre, une rencontre pleinement accept&eacute;e entre sujets pensants. Le ma&icirc;tre a autorit&eacute; dans la mesure o&ugrave; il autorise &agrave;&hellip;o&ugrave; il instaure une relation bas&eacute;e sur le donner, recevoir et rendre comme l&rsquo;a si bien formul&eacute; Marcel Mauss. C&rsquo;est une relation dialogique &laquo;&nbsp;Le fait qu&rsquo;aucune &eacute;ducation n&rsquo;est neutre explique la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une &eacute;ducation profond&eacute;ment &laquo;&nbsp;dialogique&nbsp;&raquo;. L&rsquo;&eacute;ducation est toujours une action soit de domestication, soit d&rsquo;&eacute;mancipation. C&rsquo;est cette dichotomie qui nous fournit le point de d&eacute;part du comment conscientiser; comment entrer dans ce processus en &laquo;&nbsp;tant qu&rsquo;agents et cr&eacute;ateurs de notre monde&nbsp;&raquo;, par une approche critique et permanente de cette r&eacute;alit&eacute; &laquo;&nbsp;afin de la d&eacute;couvrir, et afin de d&eacute;couvrir les mythes qui nous d&eacute;&ccedil;oivent et qui nous aident &agrave; maintenir des structures oppressantes et d&eacute;shumanisantes&nbsp;&raquo; (&hellip;.) &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;mancipation et la participation engag&eacute;e en vue de la transformation sociale (&hellip;) requi&egrave;rent le d&eacute;veloppement de la capacit&eacute; individuelle et groupale de comprendre, assumer et prendre des d&eacute;cisions pour transformer la r&eacute;alit&eacute; qui nous entoure. Toute p&eacute;dagogie &eacute;mancipatrice, en tant que p&eacute;dagogie de l&rsquo;action, doit en permanence chercher &agrave; mettre en lien la connaissance de la r&eacute;alit&eacute; avec le besoin et l&rsquo;envie d&rsquo;agir sur elle, le d&eacute;veloppement des savoirs n&eacute;cessaires &agrave; la r&eacute;alisation de l&rsquo;action avec le pouvoir de comprendre et d&rsquo;agir, indispensables pour mettre en &oelig;uvre la transformation&nbsp;&raquo; (Garibay et S&eacute;guier, 2009, p29)</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">D&eacute;s lors, que dire et que faire si ce n&rsquo;est prendre le maquis et rentrer en r&eacute;sistance&nbsp;? Et c&rsquo;est bien ce que les &eacute;tudiants et moi faisons d&eacute;sormais, sans fusion ni confusion.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Par mails ou par t&eacute;l&eacute;phone, nous prenons des nouvelles des uns et des autres. Certains travaillent dans le contexte qu&rsquo;on sait&nbsp;: personnes jeunes et adultes confin&eacute;es dans des conditions plus que pr&eacute;caires, aucunes ou tr&egrave;s peu de protections. D&rsquo;autres, enfin, souhaitent mettre en place des initiatives de solidarit&eacute; dans leur environnement proche et nous r&eacute;fl&eacute;chissons ensemble aux conditions concr&egrave;tes de mise en &oelig;uvre.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Pour les exigences de productions &eacute;crites dont on attend qu&rsquo;elles soient produites plus qu&rsquo;elles ne permettent d&rsquo;&eacute;laborer un r&eacute;el pourtant incroyablement anxiog&egrave;ne, j&rsquo;essaie de mettre mes quelques savoirs au service des &eacute;tudiants, nous mettons en commun et en d&eacute;bat nos questionnements. Ils m&rsquo;informent de leurs r&eacute;alit&eacute;s respectives. J&rsquo;observe au travers nos &eacute;changes que des formes multiples d&rsquo;entraide se d&eacute;veloppent entre eux. Nous nous sommes dot&eacute;s de r&egrave;gles &agrave; ce jeu&nbsp;: je refuse d&rsquo;avoir acc&egrave;s &agrave; leurs outils propres de communication car cela leur appartient. Le Commun, sur quoi j&rsquo;interviens, c&rsquo;est l&rsquo;autorisation &agrave; penser. C&rsquo;est l&rsquo;enjeu central, me semble t&rsquo;il dans un moment o&ugrave; l&rsquo;impens&eacute; justement est en risque d&rsquo;envahir la capacit&eacute; &agrave; &eacute;laborer collectivement le r&eacute;el, et &ndash;ce faisant &ndash; nous sommes clairement dans le champ du politique. </font></font></font></span></p> <h2><span style="color:#8e44ad;"><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Re COnaissances sociales&nbsp;?</font></font></font></span></span></h2> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Sur fond de politiques lib&eacute;rales</font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">La&nbsp;pand&eacute;mie de COVID-19 en France&nbsp;est identifi&eacute;e &agrave; partir du&nbsp;24 janvier 2020, quand trois premiers cas sont recens&eacute;s sur le&nbsp;territoire. Cela fait pratiquement trois ans, trois longues ann&eacute;es, qu&rsquo;un grand nombre de citoyens se pr&eacute;cipitent au quotidien dans la rue et sous les coups, pour tenter de s&rsquo;opposer aux multiples r&eacute;formes lib&eacute;rales qui s&rsquo;enchainent&nbsp;: suppression de l&rsquo;ISF, ordonnances travail, r&eacute;forme du statut de la SNCF, du ch&ocirc;mage, des retraites, suppression de postes et de moyens dans le secteur public (dont la sant&eacute;),&hellip;rien ne semble devoir &ecirc;tre &eacute;pargn&eacute;. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Toute nouvelle conqu&ecirc;te de parts de march&eacute; y est pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e et accompagn&eacute;e d&rsquo;un discours pseudo rationnel destin&eacute; &agrave; jeter le discr&eacute;dit sur ce qu&rsquo;il convient de d&eacute;truire. Plantes, mais aussi humains sont &eacute;galement qualifi&eacute;s de &laquo;&nbsp;mauvaises herbes&nbsp;&raquo;, les unes et les autres se transformant en choses mortes. Nous sommes bien en &eacute;tat d&rsquo;urgence. Et celui-l&agrave; d&eacute;borde du lit trop b&eacute;tonn&eacute; de nos vies. Replis identitaires, cris &eacute;trangl&eacute;s, peur des autres &mdash; mais aussi de nous-m&ecirc;mes &mdash; alt&egrave;rent notre capacit&eacute; &agrave; faire commun. C&rsquo;est qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui, nous faisons face &agrave; des formes in&eacute;dites et ac&eacute;phales de violence sociale&nbsp;entre d&eacute;lire de toute-puissance et v&eacute;cu intime et sans cesse renouvel&eacute; de la toute impuissance et que l&rsquo;&Eacute;tat est d&eacute;sormais au service d&rsquo;une &eacute;conomie sp&eacute;culative en m&ecirc;me temps qu&rsquo;insoutenable &eacute;cologiquement. Ce syst&egrave;me, qui se veut tout-puissant, instrumentalise ce que William Reich (2006) appelait la &laquo;&nbsp;peste &eacute;motionnelle&nbsp;&raquo;, et norme de l&rsquo;int&eacute;rieur les corps et les &acirc;mes transformant les humains en &ecirc;tres d&eacute;racin&eacute;s et dissoci&eacute;s&nbsp;: hors sol, hors histoire, hors territoires. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Et ces &laquo;&nbsp;mauvaises herbes&nbsp;&raquo; l&agrave; &laquo;&nbsp;co&ucirc;tent un pognon de dingues&nbsp;&raquo; tout comme ceux qui les accompagnent, les travailleurs sociaux, somm&eacute;s de g&eacute;rer ces stocks et ces flux de pauvres pour les ramener &agrave; des &laquo;&nbsp;activit&eacute;s productives&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire cr&eacute;atrices de la seule richesse qui vaille&nbsp;: le profit financier de quelques-uns. Qu&rsquo;importe que ces &laquo;&nbsp;activit&eacute;s productives&nbsp;&raquo; d&eacute;croissent dans l&rsquo;exacte mesure o&ugrave; s&rsquo;amplifient les effets de la mondialisation financiaris&eacute;e. La Ministre Buzin affirme en Septembre 2018 que &laquo;&nbsp;Nos politiques publiques ont progressivement bascul&eacute;, &agrave; rebours de l&rsquo;&eacute;volution des besoins sociaux des derni&egrave;res d&eacute;cennies, vers des logiques largement curatives. Elles donnent aux personnes pauvres les moyens de survivre, mais sans perspective de sortie et d&rsquo;autonomie par le travail. Cette inertie sociale, cette logique d&rsquo;assignation, est un d&eacute;menti permanent &agrave; la promesse r&eacute;publicaine m&eacute;ritocratique. L&rsquo;enjeu de la strat&eacute;gie nationale de pr&eacute;vention et de lutte contre la pauvret&eacute;, en partant des exigences port&eacute;es par les personnes en situation de pauvret&eacute;, c&rsquo;est de sortir de cette fatalit&eacute; subie trop souvent d&egrave;s les premiers pas de la vie, c&rsquo;est d&rsquo;en finir avec une soci&eacute;t&eacute; de statuts pour permettre la mobilit&eacute; sociale, l&rsquo;&eacute;mancipation, la ma&icirc;trise de son destin par l&rsquo;&eacute;ducation et le travail&nbsp;&raquo;</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Le logiciel de pens&eacute;e est ici parfaitement clair. L&rsquo;&eacute;volution des besoins sociaux n&rsquo;est pas mise en lien avec leurs causes &mdash; et principalement le mod&egrave;le &eacute;conomique n&eacute;olib&eacute;ral. En revanche, le principe redistributif est discr&eacute;dit&eacute; au pr&eacute;texte de ce qu&rsquo;il serait &laquo;&nbsp;curatif&nbsp;&raquo;. Faut-il comprendre que soigner n&rsquo;est plus &agrave; l&rsquo;ordre du jour&thinsp;? Quoiqu&rsquo;il en soit, l&rsquo;&eacute;volution objective du march&eacute; du travail (hautes technologies dans le process de production et donc diminution du travail humain, financiarisation et mondialisation de l&rsquo;&eacute;conomie et donc r&eacute;duction des effectifs) est ni&eacute;e au profit de l&rsquo;injonction faite &agrave; tous de se lancer dans le march&eacute; tr&egrave;s concurrentiel du travail salari&eacute;. Un des moyens de pression est la pr&eacute;carisation du statut. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">L&rsquo;argumentaire est ici particuli&egrave;rement pervers&nbsp;: pr&eacute;tendant refuser la &laquo;&nbsp;logique d&rsquo;assignation&nbsp;&raquo;, il organise de fait la g&eacute;n&eacute;ralisation du pr&eacute;cariat au nom de la &laquo;&nbsp;responsabilit&eacute;&nbsp;&raquo; individuelle et de la &laquo;&nbsp;m&eacute;ritocratie&nbsp;&raquo;. Dans ce cadre, le travail social est cens&eacute; &ecirc;tre l&rsquo;un des bras arm&eacute;s de ce qu&rsquo;il est d&eacute;sormais convenu d&rsquo;appeler la commande publique. Commande publique - mais n&rsquo;est-elle pas au contraire priv&eacute;e&thinsp;? &ndash; bras arm&eacute;&nbsp;: le champ s&eacute;mantique est d&eacute;cid&eacute;ment min&eacute;. </font></font></font></span></p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Du premier de cord&eacute;e &agrave; la ligne de front</font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Arrive la pand&eacute;mie&nbsp;: une panique g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e (et l&eacute;gitime) s&rsquo;installe. C&rsquo;est que dans un premier temps, le virus se montre tr&egrave;s d&eacute;mocratique&nbsp;! Il s&rsquo;accroche &agrave; qui l&rsquo;approche. Un rapide inventaire permet de constater que le syst&egrave;me hospitalier et plus largement le secteur de la sant&eacute;, ayant &eacute;t&eacute; patiemment d&eacute;mantel&eacute;s, ne peuvent- en l&rsquo;&eacute;tat - faire face. En l&rsquo;absence d&rsquo;autres solutions (masques, tests, etc.) le confinement est d&eacute;cid&eacute; pour r&eacute;guler les flux. D&eacute;s lors, les soignants &ndash; si d&eacute;cri&eacute;s et parfois matraqu&eacute;s ces derniers temps - deviennent les h&eacute;ros du quotidien. Ce qu&rsquo;ils sont et ont toujours &eacute;t&eacute;.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Et puis progressivement, on d&eacute;couvre, incr&eacute;dules, qu&rsquo;il y a toute une chaine de fonctions exerc&eacute;es par des humains, indispensables &agrave; la vie de chacun et de tous. Les soignants ont des enfants qu&rsquo;il faut garder, ils ont besoin de se d&eacute;placer et les bus ont besoin de chauffeurs. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Tout le monde a besoin de manger&nbsp;: il faut des producteurs, qui ont besoin de transformateurs, qui ont besoin l&agrave; encore de chauffeurs, lesquels ont besoin des diff&eacute;rentes fonctions n&eacute;cessaires &agrave; l&rsquo;organisation d&rsquo;un magasin. Partout, il y a besoin de personnes qui entretiennent les espaces. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Alors, vu de ma fen&ecirc;tre, quelque chose d&rsquo;&eacute;tonnant peut se produire, comme un d&eacute;but de fiert&eacute; collective (une fiert&eacute; de classe&nbsp;?) retrouv&eacute;e et par ailleurs une envie &ndash; qui est aussi un besoin &ndash; de re CO naissance sociale. Dans un tout premier temps, beaucoup ont sur jou&eacute; la consigne de distanciation sociale&nbsp;dans une danse parfois amusante faite d&rsquo;esquives, de bonds de c&ocirc;t&eacute; et d&rsquo;arr&ecirc;ts sur image.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Depuis peu, je constate qu&rsquo;avec ou sans masque, certains regards se rel&egrave;vent. La caissi&egrave;re du petit magasin o&ugrave; je fais mes courses, d&ucirc;ment &laquo;&nbsp;emball&eacute;e&nbsp;&raquo; de cellophane, me demande si je supporte le confinement et je lui souhaite bon courage. Des inconnus et moi, nous nous saluons, certes de loin mais avec un petit sourire au coin des yeux. Le front c&rsquo;est bien la communaut&eacute; des vivants au service de tous et de chacun. </font></font></font></span></p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Le retour des invisibles&nbsp;? </font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Il reste une ombre &agrave; cette histoire et celle-ci n&rsquo;est pas rendue &agrave; la lumi&egrave;re. Elle a l&rsquo;exact contour de la soci&eacute;t&eacute; o&ugrave; nous vivons&nbsp;: enfants en danger, mineurs non accompagn&eacute;s, personnes &agrave; la rue, familles d&rsquo;origine &eacute;trang&egrave;re (ou pas) en squat, personnes tr&egrave;s pr&eacute;caires en g&eacute;n&eacute;ral&hellip;.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Certains sont h&eacute;berg&eacute;s dans ce qui reste des institutions&nbsp;avec des locaux inadapt&eacute;s, et des personnels en nombre tr&egrave;s r&eacute;duit et sans protection. Ce monde-l&agrave; craque de toute part. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Tout r&eacute;cemment, je suis appel&eacute;e par la directrice adjointe d&rsquo;une structure du champ de l&rsquo;&eacute;ducation populaire &agrave; qui le D&eacute;partement a confi&eacute; l&rsquo;accueil et la mise &agrave; l&rsquo;abri de Mineurs Non Accompagn&eacute;s. En r&eacute;alit&eacute;, la plupart b&eacute;n&eacute;ficient aujourd&rsquo;hui d&rsquo;une Ordonnance de Placement Provisoire mais restent en attente par d&eacute;faut de places dans les structures d&eacute;di&eacute;es. Je connais bien l&rsquo;&eacute;tablissement pour avoir anim&eacute; une formation autour de l&rsquo;accompagnement &agrave; la professionnalisation depuis Novembre. La situation est extr&ecirc;me. Il y a aujourd&rsquo;hui une soixantaine de jeunes dans des locaux trop petits et des chambres &agrave; deux ou trois. Des rempla&ccedil;ants inexp&eacute;riment&eacute;s ont d&ucirc; &ecirc;tre recrut&eacute;s et trois cas de Coronavirus sont suspect&eacute;s. Un confinement collectif (accompagnateurs compris) est en discussion et les salari&eacute;s sont l&eacute;gitimement en panique. La directrice me consulte pour savoir dans quelle mesure il est possible d&rsquo;envisager la mise en place d&rsquo;une cellule de crise ou un dispositif de soutien des salari&eacute;s. Renseignements pris aupr&egrave;s de mon &eacute;tablissement, j&rsquo;apprends qu&rsquo;un nombre important de demandes similaires ont &eacute;t&eacute; faites et qu&rsquo;un dispositif adapt&eacute; est en cours de cr&eacute;ation en lien avec l&rsquo;Agence R&eacute;gionale de Sant&eacute;. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Un large spectre du champ de l&rsquo;action sociale et diff&eacute;rents niveaux d&rsquo;acteurs sont mobilis&eacute;s, il reste que l&rsquo;existence m&ecirc;me de ces jeunes mais aussi de toutes les personnes appel&eacute;s parfois ,les &laquo;&nbsp;surnum&eacute;raires&nbsp;&raquo; semble faire partie d&rsquo;un impens&eacute; total (encore) dans le cadre de politiques publiques prolixes en d&eacute;clarations solennelles d&rsquo;intention. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Et que dire de ces innombrables situations de mis&egrave;re qui se cachent dans les plis de nos villes&nbsp;? Pens&eacute; en termes de sant&eacute; publique, le COVID-19 a le dramatique avantage de mettre en lumi&egrave;re qu&rsquo;un squatteur contamin&eacute; existe puisqu&rsquo;il constitue &ndash;comme nous tous &ndash; un danger potentiellement collectif. Et il n&rsquo;est pas n&eacute;cessaire pour cela d&rsquo;avoir des papiers&nbsp;! </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Aujourd&rsquo;hui, des citoyens dans une logique de proximit&eacute;, des associations, des collectivit&eacute;s territoriales et m&ecirc;me les pr&eacute;fectures se mobilisent (jeveuxaider.com). C&rsquo;est une tr&egrave;s bonne nouvelle. Il reste que demain, alors qu&rsquo;on sait qu&rsquo;une crise &eacute;conomique et sociale mondiale ou encore les effets du d&eacute;r&egrave;glement climatique appellent &agrave; repenser totalement notre mode d&rsquo;&ecirc;tre au monde, qu&rsquo;en sera-t-il&nbsp;? </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">La vie humaine est collective, conviviale et solidaire ou elle n&rsquo;est pas. Et si le texte cach&eacute; r&eacute;v&eacute;l&eacute; par l&rsquo;encre sympathique de Ma&icirc;tre Corona tenait en cette phrase&nbsp;?</font></font></font></span></p> <p>&nbsp;</p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Bibliographie</font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Buzyn (Agn&egrave;s), Investir dans les solidarit&eacute;s pour l&rsquo;&eacute;mancipation de tous, D&eacute;l&eacute;gation interminist&eacute;rielle &agrave; la pr&eacute;vention et &agrave; la lutte contre la pauvret&eacute; des enfants et des jeunes, dossier de presse, 13&nbsp;septembre 2018. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">En ligne&nbsp;: <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dp_annonce_strategie_v26_pages.pdf">https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dp_annonce_strategie_v26_pages.pdf</a> </font></font></font></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Garibay (Fran&ccedil;oise) et S&eacute;guier &lsquo;Michel), Pratiques &eacute;mancipatrices, actualit&eacute;s de Paolo Freire, Sylepse, 2009</font></font></font></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Scott (James C), Vacarme 2006/3 (n&deg;36)</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2"><a href="https://blogs.mediapart.fr/collectif-illusio/blog/060420/les-rats-de-jean-michel-blanquer">https://blogs.mediapart.fr/collectif-illusio/blog/060420/les-rats-de-jean-michel-blanque</a><a href="https://blogs.mediapart.fr/collectif-illusio/blog/060420/les-rats-de-jean-michel-blanquer">r</a></font></font></font></span></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p>