<div id="ftn2"> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Introduction</font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Cet article tente de rendre compte des r&eacute;flexions d&rsquo;une praticienne en apprentissage de la recherche, qui, le temps du confinement fait le choix de privil&eacute;gier l&rsquo;espace de la pratique sans imaginer, &agrave; priori, que ce retour au terrain pourra g&eacute;n&eacute;rer de nouvelles questions et de nouvelles r&eacute;flexions. J&rsquo;ai choisi de r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;appel &agrave; volontaires diffus&eacute; par un d&eacute;partement et ai int&eacute;gr&eacute; un &eacute;tablissement accueillant des enfants au titre de la protection de l&rsquo;enfance. Cette implication a pris la forme de remplacements, parfois au pied lev&eacute;, en journ&eacute;e ou en nuit&eacute;e. L&rsquo;article pr&eacute;sent&eacute; s&rsquo;appuie alors sur le contenu d&rsquo;un journal de bord, compl&eacute;t&eacute; au quotidien, &agrave; partir duquel je fais appara&icirc;tre certains des dilemmes auxquels les travailleur.se.s du social sont confront&eacute;.e.s. Si la situation est in&eacute;dite en France, les questions qu&rsquo;elle soul&egrave;ve nous semblent pour certaines moins r&eacute;centes. Dans le champ du travail social, cette situation (re)met alors les acteurs face &agrave; des d&eacute;fis qui peuvent &ecirc;tre in&eacute;dits ou qui finalement ne sont qu&rsquo;une mise &agrave; jour de ceux laisser jusqu&rsquo;alors sous silence.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Au pr&eacute;alable, il nous semble important de pr&eacute;ciser les raisons qui nous am&egrave;nent &agrave; ne pas parler des travailleurs sociaux, mais des travailleur.se.s du social ici. Si habituellement, le p&eacute;rim&egrave;tre de ce territoire du social et m&eacute;dico-social est d&eacute;limit&eacute;e et largement occup&eacute; par les professions r&eacute;glement&eacute;es et encadr&eacute;es par un titre professionnel, la p&eacute;riode que nous traversons nous am&egrave;ne &agrave; consid&eacute;rer que d&rsquo;autres types d&rsquo;acteurs viennent compl&eacute;ter, suppl&eacute;er ou se substituer &agrave; l&rsquo;intervention des premiers. </font></font></font></span></p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">La protection de l&rsquo;enfance&nbsp;: un silence assourdissant&nbsp;? </font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Les annonces du pr&eacute;sident de la R&eacute;publique le 16 mars n&rsquo;&eacute;tonnent gu&egrave;re les organisations qui semblaient depuis quelques jours s&rsquo;attendre &agrave; cette d&eacute;cision. Elles attendaient pourtant certainement quelques annonces du chef de l&rsquo;&Eacute;tat, de ses repr&eacute;sentants ou des &eacute;lus locaux &agrave; destination de celles et ceux dont l&rsquo;action quotidienne ne peut se faire derri&egrave;re un &eacute;cran, celles et ceux dont les activit&eacute;s ne peuvent &ecirc;tre report&eacute;es &agrave; plus tard. Au premier jour du confinement, les d&eacute;partements sont nombreux &agrave; devoir r&eacute;ajuster leur(s) organisation(s) &agrave; mesure que les effectifs des &eacute;quipes s&rsquo;amenuisent. Quelques jours apr&egrave;s l&rsquo;annonce, les &eacute;tablissements de protection de l&rsquo;enfance qui accueillent au quotidien plus de 161 000 enfants confi&eacute;s &agrave; l&rsquo;aide sociale &agrave; l&rsquo;enfance (DRESS, 2019)<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a> s&rsquo;inqui&egrave;tent quant &agrave; la possibilit&eacute; de maintenir les effectifs n&eacute;cessaires &agrave; la continuit&eacute; de service. Entre les professionnel.le.s qui ne peuvent laisser leurs enfants seuls, celles et ceux qui sont consid&eacute;r&eacute;.e.s comme personne &laquo;&nbsp;&agrave; risques&nbsp;&raquo;, celles et ceux qui sont d&eacute;j&agrave; contamin&eacute;s ou qui sont en contact avec une personne contamin&eacute;e, il ne faut pas plus de 2 jours pour que la situation, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des &eacute;tablissements de protection de l&rsquo;enfance devienne difficilement g&eacute;rable. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">J&rsquo;arrive alors l&rsquo;apr&egrave;s-midi 16 mars dans une &eacute;quipe (ou du moins ce qu&rsquo;il en reste) qui h&eacute;berge une trentaine d&rsquo;enfants. Une &eacute;ducatrice, seule pour un groupe de huit jeunes (alors qu&rsquo;ils sont g&eacute;n&eacute;ralement deux ou trois) m&rsquo;accueille, la mine d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s marqu&eacute;e par la fatigue accumul&eacute;e ces derni&egrave;res semaines. En effet, si l&rsquo;annonce du confinement sonne le glas d&rsquo;une p&eacute;riode qui s&#39;annonce longue et difficile, cette &eacute;quipe semble d&eacute;j&agrave; largement impact&eacute;e par les nombreux arr&ecirc;ts des derniers jours. Les jeunes me saluent, surpris de voir une t&ecirc;te inconnue, et d&eacute;j&agrave;, l&rsquo;ennui et l&rsquo;impossibilit&eacute; de sortir leur semblent pesants. Il faut dire qu&rsquo;en plus de ne pouvoir sortir, les jeunes ont interdiction de se rassembler &agrave; plusieurs dans une chambre, d&rsquo;aller voir leurs camarades dans le service qui jouxte le leur. D&eacute;j&agrave; le manque de cigarette constitue un sujet de discussion omnipr&eacute;sent. Les livres et quelques jeux de soci&eacute;t&eacute; ne suffisent &agrave; occuper toutes leurs journ&eacute;es. La professionnelle s&rsquo;inqui&egrave;te d&eacute;j&agrave;, elle ne sait pas comment ils (tant les jeunes que les professionnel.le.s) vont tenir, s&rsquo;ils vont tenir, si elle va tenir. Elle exprime d&eacute;j&agrave; sa col&egrave;re de n&rsquo;avoir entendu aucun mot sur les travailleur.se.s du social, son agacement face au silence d&rsquo;un secr&eacute;taire d&rsquo;&Eacute;tat en charge de la protection de l&rsquo;enfance d&rsquo;habitude si volubile. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Si habituellement ce sont les b&eacute;n&eacute;ficiaires de cette politique publique qui peinent &agrave; faire entendre leur voix, je m&rsquo;interroge sur le murmure &agrave; peine plus perceptible de celles et ceux qui agissent au plus pr&egrave;s d&rsquo;eux. Cette surdit&eacute; est percutante lorsqu&rsquo;elle se traduit par l&rsquo;absence de &laquo;&nbsp;mots&nbsp;&raquo; &agrave; destination de celles et ceux qui sont confin&eacute;.e.s chez eux sans disposer de &laquo;&nbsp;chez eux&nbsp;&raquo;&nbsp;; de mots &agrave; destination de celles et ceux confin&eacute;s chez eux dans un chez soi qui n&rsquo;est pas &agrave; soi&nbsp;; &agrave; celles et ceux qui sont confin&eacute;s dans des conditions qui, pour certain.e.s qui ont pr&eacute;f&eacute;r&eacute; fuir les grandes villes et rejoindre leur r&eacute;sidence secondaire, seraient inacceptables; celles et ceux encore qui doivent faire le choix entre rester chez soi et prendre soin des siens ou aller prendre soin d&rsquo;autrui&hellip;</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Les enfants et les parents, ces &laquo;&nbsp;acteurs faibles&nbsp;&raquo; (Payet et al., 2008) dont la voix est inaudible sont tout aussi absents des discours et depuis maintenant pr&egrave;s d&rsquo;un mois l&rsquo;inaudibilit&eacute; de leur voix est assourdissante. Les droits de visite ou d&rsquo;h&eacute;bergement sont suspendus pour la plupart, les mesures sont prorog&eacute;es sur avis du service gardien. Ces d&eacute;cisions semblent provoquer un mouvement inverse de celui amorc&eacute; depuis plusieurs d&eacute;cennies, le syst&egrave;me revenant d&egrave;s lors &agrave; des logiques de substitution en lieu et place de celles de suppl&eacute;ance (Durning, 1995). Ce questionnement peut &ecirc;tre mis &agrave; jour par une sc&egrave;ne surprenante v&eacute;cue lors de mon premier jour.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Diane, une &eacute;ducatrice en poste depuis plusieurs ann&eacute;es re&ccedil;oit, dans la salle destin&eacute;e aux familles, une m&egrave;re de famille venue apporter quelques affaires &agrave; sa fille. Elle semble avoir pris les quelques pr&eacute;cautions possibles en ne saluant cette m&egrave;re que verbalement. Pourtant, l&rsquo;un des cadres de la structure s&rsquo;empresse de venir pr&egrave;s de la salle en lui demandant ce qu&rsquo;elle fait. Elle s&rsquo;exclame alors, sous un ton quelque peu agressif<q> mais enfin on est confin&eacute;, donc pas de parents dans les lieux </q>. L&rsquo;&eacute;ducatrice tente de justifier son acte, mais son propos ne recevra aucun &eacute;cho de la part de cette responsable. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Cette sc&egrave;ne anodine montre que face &agrave; cette crise, certains acteur.rice.s ont rapidement fait le choix d&rsquo;exclure les parents. Cette situation montre combien l&rsquo;accueil de ces enfants est encore largement envisag&eacute; comme de la seule responsabilit&eacute; de l&rsquo;institution, responsabilit&eacute; qui n&rsquo;est (toujours) pas partag&eacute;e avec les parents, lesquels doivent respecter les r&egrave;gles &eacute;dict&eacute;es par ceux qui d&eacute;tiennent le pouvoir. &Agrave; y regarder de plus pr&egrave;s l&rsquo;attestation de d&eacute;placement d&eacute;rogatoire du Minist&egrave;re de l&rsquo;Int&eacute;rieur, pr&eacute;cise le motif &laquo;&nbsp;d&eacute;placements pour motif familial imp&eacute;rieux, pour l&rsquo;assistance aux personnes vuln&eacute;rables ou la garde d&rsquo;enfants&nbsp;&raquo;. Ce motif ne pourrait-il &ecirc;tre valable s&rsquo;agissant de ces parents&nbsp;? Cette dimension imp&eacute;rieuse ne peut-elle par &ecirc;tre valide s&rsquo;agissant de la v&ecirc;ture des enfants ou tout simplement concernant la relation parent(s)/enfant(s) dans ce contexte&nbsp;? Ce qui semble en jeu ici ce sont les r&eacute;f&eacute;rences implicites ou explicites de ces organisations, lesquelles ne semblent pas encore comprendre la &laquo;&nbsp;co&eacute;ducation&nbsp;&raquo; comme faisant partie int&eacute;grante de leurs missions. Si la situation sanitaire est pr&eacute;occupante et justifie sans doute des mesures exceptionnelles, devons-nous pour autant rester de marbre face &agrave; la d&eacute;liquescence de certains &laquo;&nbsp;droits&nbsp;&raquo; fondamentaux en cette p&eacute;riode&nbsp;? </font></font></font></span></p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Derri&egrave;re les murs&hellip;</font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">&Agrave; premi&egrave;re vue et &agrave; en croire la faible &eacute;vocation de leurs situations dans le discours public, le quotidien des enfants accueillis au sein d&rsquo;&eacute;tablissement ne sera pas le plus impact&eacute; par le confinement. Pourtant, lorsque nous passons la porte d&rsquo;un de ces lieux de vie dans lesquelles des dizaines d&rsquo;enfants se partagent parfois moins de cent m&egrave;tres carr&eacute;s, les cons&eacute;quences de cette situation qui perdure sautent rapidement aux yeux.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Abdel, Thomas, L&eacute;ane, Yanis sont dans le &laquo;&nbsp;patio&nbsp;&raquo; depuis plusieurs heures. Cet espace est le seul &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur duquel ils peuvent se retrouver ensemble. Ils ont vu sur une petite cour dans laquelle ils ne peuvent se rendre sans l&rsquo;un de nous, &agrave; condition que nous soyons assez nombreux pour nous relayer. Ces jeunes sont l&agrave; depuis la veille, parfois depuis plusieurs semaines et ils ne savent pas quand ils pourront sortir, voir leurs parents, leurs amis. &Agrave; d&eacute;faut de relations sociales, ils choisissent les r&eacute;seaux sociaux pour maintenir les liens avec leurs parents, la musique pour s&rsquo;&eacute;vader et avoir le sentiment de pouvoir encore choisir quelque chose qui leur est propre et qui, gr&acirc;ce aux &eacute;couteurs, peut demeurer une des rares activit&eacute;s solitaires et personnelles. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">L&rsquo;oisivet&eacute; et l&rsquo;absence d&rsquo;activit&eacute;s p&egrave;sent de jour en jour sur le quotidien de ces jeunes qui, finissent par trouver dans les affrontements physiques une occupation qui les anime. Le nombre de personnes pr&eacute;sentes et le mat&eacute;riel informatique (in)disponible ne permettent pas d&rsquo;accompagner celles et ceux qui sont encore scolaris&eacute;.e.s. Les professionnel.le.s d&eacute;ploient plus d&rsquo;&eacute;nergie &agrave; former bri&egrave;vement b&eacute;n&eacute;voles et int&eacute;rimaires qu&rsquo;&agrave; pouvoir prendre soin de ces jeunes. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Regarder les jeunes c&rsquo;est se rendre compte des moyens qu&rsquo;ils ont trouv&eacute;s pour obtenir des b&eacute;n&eacute;fices secondaires dans cette situation. Ces b&eacute;n&eacute;fices peuvent &ecirc;tre de plusieurs ordres allant de la transgression des r&egrave;gles habituelles &agrave; l&rsquo;obtention de certains biens tant convoit&eacute;s comme les cigarettes ou les forfaits de connexion internet. La question des r&egrave;gles du collectif est particuli&egrave;rement mise &agrave; mal dans cette p&eacute;riode au regard du turn-over des professionnels qui s&rsquo;ils tentent de maintenir l&rsquo;&eacute;quilibre construit par les membres de l&rsquo;&eacute;quipe ne peuvent toutefois incarner ce qu&rsquo;ils incarnent habituellement de mani&egrave;re collective. C&rsquo;est ainsi que j&rsquo;ai vu des jeunes s&rsquo;amuser avec les r&egrave;gles, afin peut &ecirc;tre de montrer qu&rsquo;ils n&rsquo;&eacute;taient ni passif, ni totalement soumis aux r&egrave;gles qui les entourent. De l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;, c&rsquo;est l&rsquo;institution elle-m&ecirc;me qui d&eacute;cide d&rsquo;assouplir les r&egrave;gles soit pour le confort des jeunes ou peut &ecirc;tre celui des &eacute;quipes. Lorsqu&rsquo;un cadre choisi d&rsquo;aller acheter des cigarettes avec ses deniers personnels et fournir aux jeunes un nombre de cigarettes, l&rsquo;action peut &ecirc;tre per&ccedil;ue de diff&eacute;rents points de vue et n&rsquo;est pas sans provoquer quelques vives discussions au sein des travailleur.se.s du social. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Alice, Hackim, Manuel, G&eacute;raldine, Malik, L&eacute;o, Marjorie, ce sont les pr&eacute;noms des travailleur.se.s du social que ces jeunes ne connaissaient pas et qu&rsquo;ils ont tous et toutes crois&eacute; en moins d&rsquo;une semaine, le matin, l&rsquo;apr&egrave;s-midi ou la nuit. Ce sont &agrave; eux que les jeunes tentent d&rsquo;expliquer le fonctionnement de ce lieu, les horaires, les modes de fonctionnement, les r&egrave;gles du groupe. Ils en profitent alors pour en modifier quelques-unes, sans gravit&eacute;, mais qui rapidement met &agrave; mal le fonctionnement de cette petite &laquo;&nbsp;tribu&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Alice m&rsquo;a laiss&eacute; boire un caf&eacute; hier soir&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;Malik a dit qu&rsquo;on pouvait &ecirc;tre &agrave; plusieurs dans la chambre&nbsp;&raquo;,&nbsp;&laquo;&nbsp;L&eacute;o me laisse garder mon t&eacute;l&eacute;phone&nbsp;&raquo;&hellip; Voici quelques exemples de ces tentatives &agrave; peine masqu&eacute;es qui repr&eacute;sentent peut-&ecirc;tre pour ces jeunes des occasions d&rsquo;obtenir quelques b&eacute;n&eacute;fices secondaires. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Force est de constater que la multiplication de ces adultes qui se relaient est lourde de cons&eacute;quences pour ces enfants qui semblent &eacute;viter peu &agrave; peu les liens avec nous &laquo;&nbsp;les rempla&ccedil;ants&nbsp;&raquo;. Ces changements provoquent une concentration de rupture qui, si elles sont largement &eacute;tudi&eacute;es sous l&rsquo;angle d&rsquo;un parcours de vie, l&rsquo;ont moins &eacute;t&eacute; s&rsquo;agissant des ruptures au quotidien qui, si elles permettent la &laquo;&nbsp;continuit&eacute; de service&nbsp;&raquo; mettent &agrave; mal la &laquo;&nbsp;continuit&eacute; &eacute;ducative ou relationnelle&nbsp;&raquo;. Les jeunes n&rsquo;ont de cesse de demander qui sera l&agrave; ce soir, demain matin ou demain apr&egrave;s-midi et la plupart du temps, personne n&rsquo;est en mesure de leur r&eacute;pondre. De plus, pour revenir &agrave; l&rsquo;absence des parents dans ce contexte je me pose la question du niveau de protection dont il est ici question. Un enfant accueilli qui croisera entre 20 et 30 professionnels en une semaine n&rsquo;a-t-il pas plus de risques de contracter le virus qu&rsquo;en rencontrant ses parents dans un lieu isol&eacute; pr&eacute;vu &agrave; cet effet&nbsp;? </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">La question du lien est raviv&eacute;e dans ces lieux et dans ce contexte et ni la distanciation sociale ni la distanciation physique ne semblent possibles . Je remarque que le jeune Ycham (15 ans) cherche Nicolas depuis plusieurs minutes. Nicolas est un membre de l&rsquo;&eacute;quipe habituelle et le seul que Ycham semble avoir rep&eacute;r&eacute;. Il veut lui dire au revoir, il en a besoin me dit-il. Nicolas revient de l&rsquo;accueil et Ycham lui saute au cou et reste quelques minutes dans ses bras. &Agrave; cet instant, les &laquo;&nbsp;gestes barri&egrave;res&nbsp;&raquo; ne sont pas applicables pour Nicolas et il n&rsquo;aura aucune h&eacute;sitation. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Cette discontinuit&eacute; relationnelle, amplifi&eacute;e dans ce contexte, n&rsquo;est pas sans effets sur les liens d&rsquo;attachement qui sont pour certains de ces enfants et ces jeunes encore en (re)construction. Rappelons que S&eacute;verine Euillet consid&egrave;re que (2010, p. 57), &laquo; le professionnel va avoir une fonction de &ldquo;caregiver alternatif&rdquo; aupr&egrave;s de l&rsquo;enfant, c&rsquo;est-&agrave;-dire, lui apporter les soins n&eacute;cessaires en compl&eacute;ment ou en alternance avec un autre donneur de soin qui lui est ant&eacute;rieur, souvent un parent. &raquo;. Les interventions de ces int&eacute;rimaires, b&eacute;n&eacute;voles, caract&eacute;ris&eacute;es par l&rsquo;urgence et l&rsquo;incertitude, &eacute;ludent la question de la confiance et de la relation, du &laquo; foyer &raquo; o&ugrave; l&rsquo;on tisse des liens (Charles, 2019). Les dilemmes que rencontre l&rsquo;institution, caract&eacute;ris&eacute;es par les contradictions entre la continuit&eacute; de service et la continuit&eacute; &eacute;ducative provoque une instabilit&eacute; chez les jeunes et am&egrave;ne de nombreuses questions.</font></font></font></span></p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">La protection ou le soin&nbsp;? Le care dans l&rsquo;accueil institutionnel </font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Depuis pr&egrave;s d&rsquo;un mois, c&rsquo;est la crise sanitaire qui occupe l&rsquo;espace public, l&rsquo;espace m&eacute;diatique et l&rsquo;espace politique. Au point que l&rsquo;on oublie que le travail social est aussi une affaire de soin. Cette p&eacute;riode peut &ecirc;tre l&rsquo;occasion de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; partir du concept de care qui peut &ecirc;tre d&eacute;finie comme &laquo;&nbsp;une activit&eacute; g&eacute;n&eacute;rique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perp&eacute;tuer et r&eacute;parer notre &ldquo;monde&rdquo;, en sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible &raquo; (Tronto, 2008). En ce sens, la protection de l&rsquo;enfance constitue bel et bien une activit&eacute; de soin. Mais le care ne s&rsquo;inscrit pas seulement dans la relation duelle et interindividuelle, il est politique, social et culturel, il est &agrave; la fois une pratique et une disposition. Dans cette perspective, le &laquo;&nbsp;souci permanent&nbsp;&raquo; de l&rsquo;Autre ne peut reposer seulement sur les quelques act.eur.rice.s qui fournissent des soins au quotidien. Si ces derni.er.&egrave;re.s tentent, par leur pr&eacute;sence quotidienne d&rsquo;apporter du soin &agrave; l&rsquo;enfant, le syst&egrave;me de protection de l&rsquo;enfance, dans sa globalit&eacute; semble mis &agrave; mal par le contexte et le &laquo;&nbsp;souci de l&rsquo;enfant&nbsp;&raquo; s&rsquo;&eacute;tiole peu &agrave; peu. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Pour Tronto, le care implique que, ce qui fonde l&rsquo;action d&eacute;coule de la saisie des pr&eacute;occupations et des besoins des autres. Dans le contexte que nous vivons actuellement quels sont les pr&eacute;occupations et les besoins de ces parents et de ces enfants&nbsp;? Est-ce que la seule s&eacute;paration physique suffit &agrave; y r&eacute;pondre&nbsp;? Il semble alors que la question des besoins de l&rsquo;enfant accueilli n&rsquo;a nullement &eacute;t&eacute; pos&eacute;e depuis plusieurs semaines. Tout se passe comme si, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de ces lieux, les un.e.s et les autres se trouvaient &agrave; l&rsquo;abri du &laquo;&nbsp;besoin&nbsp;&raquo;. L&rsquo;absence criante de prise en compte de la parole des enfants dans cette p&eacute;riode met &agrave; mal cette pratique du care. Comment accorder des soins sans d&eacute;terminer les besoins&nbsp;? D&rsquo;ailleurs, les r&eacute;ponses &agrave; ces besoins sont souvent consid&eacute;r&eacute;es comme &eacute;tant essentiellement du ressort voire de la responsabilit&eacute; des acteurs familiaux, a fortiori des parents alors m&ecirc;me qu&rsquo;en cette p&eacute;riode elles peuvent largement &ecirc;tre interrog&eacute;es &agrave; partir des r&eacute;ponses &eacute;ducatives produites &laquo;&nbsp;dans&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;par&nbsp;&raquo; l&rsquo;Institution. L&rsquo;enfant plac&eacute; n&rsquo;est pas seulement un &ecirc;tre &agrave; prot&eacute;ger (de ses parents), mais il est tout autant un &ecirc;tre &agrave; soutenir dans l&rsquo;ici et le maintenant. La mise &agrave; disposition de professionnel.le.s ou d&rsquo;adultes n&rsquo;apporte pas, &agrave; elle seule, de r&eacute;ponses aux besoins des enfants et ce, m&ecirc;me si elle procure des ressources gr&acirc;ce auxquelles ces besoins peuvent &ecirc;tre satisfaits. La situation peut alors appara&icirc;tre in&eacute;dite, mais les questions qu&rsquo;elle suscite apparaissent toujours d&rsquo;actualit&eacute;.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Enfin, dans ce contexte, l&rsquo;&eacute;thique du care n&rsquo;est pas sans g&eacute;n&eacute;rer quelques conflits pour celles et ceux que Tronto nomme les &laquo;&nbsp;dispenseurs de soins&nbsp;&raquo;. La recherche d&rsquo;&eacute;quilibre entre prendre soin de soin, prendre soin des siens et prendre soin d&rsquo;autrui semble pr&eacute;occuper les individu.e.s qui sont pr&eacute;sent.e.s. Certain.e.s d&rsquo;entre eux expriment le poids que repr&eacute;sente cette recherche d&rsquo;&eacute;quilibre pour eux. Alors que les un.e.s consid&egrave;rent leur statut de &laquo;&nbsp;c&eacute;libataire sans enfants&nbsp;&raquo; comme un argument facilitant leur choix, souvent celui d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;sent.e, d&rsquo;autres s&rsquo;interrogent sur le risque qu&rsquo;ils ou elles font encourir &agrave; leurs proches, conjoint.e, enfant, parents, ami.e.s&hellip; Plus que jamais sans doute, la question de l&rsquo;engagement des travailleur.se.s du social peut &ecirc;tre &eacute;clair&eacute;e &agrave; partir des mouvements qu&rsquo;ils g&eacute;n&egrave;rent au sein de leur propre cellule familiale.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Voil&agrave; maintenant cinq jours que je me rends dans ce foyer et m&ecirc;me si je suis toujours convaincue d&rsquo;avoir fait le &laquo;&nbsp;bon choix&nbsp;&raquo;, ce choix commence &agrave; inqui&eacute;ter mon entourage. &laquo;&nbsp;Je m&rsquo;inqui&egrave;te pour toi&nbsp;&raquo;&nbsp;: Ces mots sont ceux de la personne avec qui je partage mon quotidien, ceux de mes proches lorsqu&rsquo;ils commencent &agrave; mesurer les risques encourus. Les remplacements au pied lev&eacute;, ou une nuit de travail peut pr&eacute;c&eacute;der une apr&egrave;s-midi, l&rsquo;absence de protection (masque, gel) dans l&rsquo;&eacute;tablissement, l&rsquo;apparition d&rsquo;un, deux puis de dix personnes contamin&eacute;es, les violences qui peu &agrave; peu augmentent entre les jeunes ne les rassurent pas. Puis l&rsquo;une d&rsquo;elles pose une question &agrave; laquelle je ne saurai r&eacute;pondre&nbsp;: &laquo;&nbsp;pourquoi toi&nbsp;? Pourquoi c&rsquo;est toi qui y vas&nbsp;?&nbsp;&raquo;. Ces inqui&eacute;tudes ne semblent pas isol&eacute;es et marquent sans doute le fait que mon engagement n&rsquo;engage finalement pas que moi&hellip;</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Cette dimension priv&eacute;e ou intime du care permet d&rsquo;interroger le niveau des pratiques du care et conduit &agrave; regarder quel.le.s sont celles et ceux qui travaillent dans ces &eacute;tablissements. Se repose alors in&eacute;vitablement la question des in&eacute;galit&eacute;s de genre ou de classes lorsqu&rsquo;on observe la pr&eacute;sence majoritaire de ces femmes qui viennent prendre soin de l&rsquo;autre, lorsque l&rsquo;on remarque que ce sont plut&ocirc;t des &laquo;&nbsp;&eacute;trangers&nbsp;&raquo; qui font le &laquo;&nbsp;sale boulot&nbsp;&raquo; (Lhuilier, 2005). </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Ce niveau des pratiques du care nous dit Martin (2008) pose la question des liens entre l&rsquo;intime et l&rsquo;&eacute;conomie entre don de soi et reconnaissance de la valeur de ce son et lors de mes remplacements c&rsquo;est traduit pas une question qui m&rsquo;a &eacute;t&eacute; pos&eacute;e plusieurs fois&nbsp;&laquo;&nbsp;tu es pay&eacute;e toi&nbsp;&raquo;&nbsp;? Si, selon Charles(2019), le recours &agrave; ces professionnels par int&eacute;rim est de plus en plus fr&eacute;quent dans le secteur social et m&eacute;dico-social, elle est d&rsquo;autant plus dans le champ de la protection de l&rsquo;enfance et semble dans le contexte que nous connaissons &ecirc;tre une option largement choisie par les organisations. Mais ce choix questionne &agrave; plus d&rsquo;un titre. Lors de nos remplacements, il &eacute;tait possible de trouver au sein des professionnels pr&eacute;sents, des b&eacute;n&eacute;voles, des salari&eacute;.e.s habituel.le.s, des professionnel.le.s venant d&rsquo;autres structures et des int&eacute;rimaires. Les &eacute;changes informels se centrent alors sur les in&eacute;galit&eacute;s g&eacute;n&eacute;r&eacute;es par cette diversit&eacute; de statuts, in&eacute;galit&eacute;s salariales, in&eacute;galit&eacute;s d&rsquo;investissement, in&eacute;galit&eacute; de choix. </font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">La question des raisons de la pr&eacute;sence ou des raisons de l&rsquo;absence de ces acteurs interroge. La question du choix de la pr&eacute;sence se pose lorsque nous regardons et &eacute;coutons les personnes pr&eacute;sentent. Le volontaire exprime une envie d&rsquo;&ecirc;tre solidaire et inscrit son choix dans un acte personnel qui lui semble non contraint. L&rsquo;int&eacute;rimaire rencontr&eacute; pendant nos remplacements nous dit qu&rsquo;il peut refuser une mission, mais ce choix peut sembler limiter si on prend en compte les profils de ces derniers dont certains sont, selon Charles (2019) des individus qui ont &eacute;t&eacute; touch&eacute;s par le ch&ocirc;mage, les difficult&eacute;s professionnelles et peuvent cumuler plusieurs vuln&eacute;rabilit&eacute;s. Les professionnels qui choisissent de se soustraire &agrave; sa mission font-ils e &laquo;&nbsp;mauvais choix&nbsp;&raquo;&nbsp;? D&egrave;s lors, le &laquo;&nbsp;souci de l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; peut trouver des sources diff&eacute;rentes et peuvent &ecirc;tre &eacute;clair&eacute;es non pas seulement &agrave; la lumi&egrave;re des valeurs morales des individus, mais aussi des in&eacute;galit&eacute;s sociales toujours largement actives dans notre soci&eacute;t&eacute;. Cette diversit&eacute; d&rsquo;acteur.rice.s qui interviennent aujourd&rsquo;hui au sein des institutions repose la question du lien probl&eacute;matique entre le don et la r&eacute;mun&eacute;ration. Comme l&rsquo;indique Martin (2008), &laquo; la r&eacute;mun&eacute;ration implique un changement normatif et modifie les termes de la relation de soin. De m&ecirc;me, la professionnalisation laisse entrevoir le passage d&rsquo;une morale ou d&rsquo;une &eacute;thique individuelle &agrave; une &eacute;thique professionnelle &raquo;. En d&rsquo;autres termes, comment r&eacute;interroger la question des liens de socialit&eacute; primaire ou secondaire qui dans ce contexte unissent les individu.e.s impliqu&eacute;.e.s (Fustier, 2000)&nbsp;?</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Le care est lourd de conflits dit Tronto et ces conflits ont autant une dimension priv&eacute;e qu&rsquo;une dimension publique. Ne penser le care qu&rsquo;en termes de disposition conduit &agrave; le consid&eacute;rer comme &eacute;tant du ressort de l&rsquo;individu. Cette &laquo;&nbsp;romantisation et la sentimentalisation&nbsp;&raquo; (Tronto, 2008) du care provoque un affaiblissement de la dimension institutionnelle et collective tout autant n&eacute;cessaire au care et qui d&egrave;s lors n&eacute;cessite de revenir &agrave; la question de la responsabilit&eacute; de l&rsquo;&Eacute;tat, ce que Martin consid&egrave;re comme le &laquo;&nbsp;social care&nbsp;&raquo; et du partage entre les types de ressources disponibles<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a>.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Si la situation de crise va, sans nul doute, laisser place &agrave; l&rsquo;accalmie dans quelques mois, il serait dommageable que les r&eacute;flexions issues de cette p&eacute;riode tombent en d&eacute;su&eacute;tude et que le quotidien reprenne comme si de rien n&rsquo;&eacute;tait. Qu&rsquo;ils s&rsquo;agissent de la place accord&eacute;e aux parents dans le quotidien de leur(s) enfant(s) ou dans les d&eacute;cisions qui les concernent, de la place des enfants &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur m&ecirc;me de ces lieux de vie ou encore de la place des professionnels qui y exercent leur m&eacute;tier, le quotidien de ces acteurs est fortement impact&eacute; par ce contexte et certaines des questions qu&rsquo;il soul&egrave;ve doivent &ecirc;tre analys&eacute;es. Pourtant, l&rsquo;inaubilit&eacute; de la voix de ces acteurs et leur invisibilit&eacute; manifeste pourraient conduire ces organisations &agrave; rester enferm&eacute;es, lorsque l&rsquo;appel au d&eacute;confinement se produira. Une alternative peut jaillir de cette p&eacute;riode et prendre la forme d&rsquo;une &laquo;&nbsp;prise de parole&nbsp;&raquo; collective (Ferraton &amp; Frobert, 2017) et politique qui, peut-&ecirc;tre constitue une condition du d&eacute;ploiement des processus de conscientisation et d&rsquo;&eacute;mancipation encourag&eacute;s par un travail social radical.</font></font></font></span></p> <h3><em><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Bibliographie&nbsp;:</font></font></font></span></em></h3> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Charles, C. (2019). Le travail social en int&eacute;rim. Le cas des &eacute;ducateur.rices int&eacute;rimaires dans les foyers de l&rsquo;enfance. Sociologie, 10(4), 435‑449. Cairn.info. https://doi.org/10.3917/socio.104.0435</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Durning, P. (1995). &Eacute;ducation familiale : Acteurs, processus et enjeux. L&rsquo;Harmattan.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Euillet, S. (2010). &quot;Quel attachement pour les enfants accueillis &raquo; (La th&eacute;orie de l&rsquo;attachement : une approche conceptuelle au service de la protection de l&rsquo;enfance, p. 51‑58). Oned/ONPE.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Ferraton, C., &amp; Frobert, L. (2017). III / D&eacute;fection et prise de parole (p. 49‑72). La D&eacute;couverte; Cairn.info. https://www.cairn.info/introduction-a-albert-o-hirschman--9782707189028-p-49.htm</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Fustier, P. (2000). Le lien d&rsquo;accompagnement : Entre don et contrat salarial. Dunod.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Lhuilier, D. (2005). Le &laquo; sale boulot &raquo;. Travailler, 14(2), 73‑98. Cairn.info. https://doi.org/10.3917/trav.014.0073</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Martin, C. (2008). Qu&rsquo;est-ce que le social care ? Une revue de questions. Revue Fran&ccedil;aise de Socio-&Eacute;conomie, 2(2), 27‑42. Cairn.info. https://doi.org/10.3917/rfse.002.0027</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Payet, J.-P., Laforgue, D., &amp; Giuliani, F. (2008). La voix des acteurs faibles. Presses Universitaires de Rennes.</font></font></font></span></p> <p><span style="line-height:100%"><font face="Tahoma, sans-serif"><font style="font-size:11pt"><font size="2">Tronto, J. C. (2008). Du care. Revue du MAUSS, 32(2), 243‑265. Cairn.info. https://doi.org/10.3917/rdm.032.0243</font></font></font></span></p> <p>&nbsp;</p> <p class="sdfootnote">&nbsp;</p> </div>