<p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Depuis une quinzaine ann&eacute;es, les enjeux &eacute;conomiques de la mondialisation, la multiplication et l&rsquo;intensification des conflits g&eacute;opolitiques, l&rsquo;accentuation des &eacute;carts entre les pays de l&rsquo;h&eacute;misph&egrave;re Nord et de l&rsquo;h&eacute;misph&egrave;re Sud contraignent de nombreux jeunes &agrave; la migration et m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;exil. Selon le dernier rapport de l&rsquo;agence des Nations Unies pour les r&eacute;fugi&eacute;s (UNHCR), 79,5 millions de personnes sont r&eacute;fugi&eacute;es ou d&eacute;plac&eacute;es dans le monde en 2020. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Sur le territoire fran&ccedil;ais, l&rsquo;arriv&eacute;e cons&eacute;quente de personnes migrantes bouleverse le paysage socio-&eacute;conomique. Elle g&eacute;n&egrave;re des r&eacute;actions sociales et des mutations dans les dispositifs sociaux avec notamment des r&eacute;percussions directes sur la prise en charge des mineurs confi&eacute;s &agrave; l&rsquo;Aide sociale &agrave; l&rsquo;enfance. Les d&eacute;nonciations r&eacute;guli&egrave;res de l&rsquo;Organisation mondiale des Nations Unies (ONU) concernant la violation des droits humains lors de l&rsquo;accueil des migrants et le traitement des mineurs non accompagn&eacute;s (Clair-Robelet, 2019) d&eacute;montrent une profonde instabilit&eacute; dans la gestion fran&ccedil;aise de la situation actuelle. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">&Agrave; Paris, plusieurs acteurs font &eacute;tat d&rsquo;une situation qui se d&eacute;grade consid&eacute;rablement bien que le terme de &laquo; crise migratoire &raquo; soit encore contest&eacute;. Politiques, journalistes, magistrats, travailleurs sociaux, m&eacute;decins, ils sont nombreux &agrave; d&eacute;noncer les &eacute;checs d&rsquo;une politique d&rsquo;accueil largement insuffisante qui s&rsquo;illustre entre autres, par la pr&eacute;sence permanente de campements clandestins dans la capitale depuis 2015.</font></p> <h1 align="JUSTIFY" style="color: rgb(170, 170, 170);"><span style="color:#8e44ad;"><span style="font-size:20px;"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">Le foyer d&rsquo;urgence au c&oelig;ur d&rsquo;un syst&egrave;me d&rsquo;acteurs complexe</font></strong></span></span></h1> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">&Eacute;ducatrice sp&eacute;cialis&eacute;e depuis sept ans dans le foyer d&rsquo;urgence du d&eacute;partement de Paris, je fais &eacute;galement le constat d&rsquo;un territoire profond&eacute;ment impact&eacute; par ce contexte migratoire in&eacute;dit. La prise en charge de nombreux jeunes migrants au sein du dispositif d&rsquo;accueil d&rsquo;urgence parisien met en exergue les enjeux politiques et institutionnels qui encadrent la question migratoire au sens large et attribue &agrave; cet &eacute;tablissement une place particuli&egrave;re. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Il est en effet tenu de &laquo;&nbsp;traiter&nbsp;&raquo; dans une temporalit&eacute; courte et de fa&ccedil;on inconditionnelle, des situations sensibles et singuli&egrave;res situ&eacute;es au carrefour entre la protection de l&rsquo;enfance et la politique d&rsquo;immigration. Ancr&eacute; au sein d&rsquo;un dispositif de protection de l&rsquo;enfance en mouvement, l&rsquo;accueil d&rsquo;urgence est un syst&egrave;me en tension permanente en charge de r&eacute;agir &agrave; des situations nouvelles et inattendues. Ces mouvements, s&rsquo;ils peuvent &ecirc;tre per&ccedil;us comme contraignants semblent &eacute;galement offrir une forme de dynamisme permanent, b&eacute;n&eacute;fique voire n&eacute;cessaire au travail social. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Dans le cadre d&rsquo;une recherche exploratoire, j&rsquo;ai cherch&eacute; &agrave; mettre en &eacute;vidence le syst&egrave;me d&rsquo;acteurs complexe qui pense et organise l&rsquo;accueil des jeunes migrants &agrave; partir d&rsquo;une enqu&ecirc;te de terrain men&eacute;e aupr&egrave;s de professionnels du champ de la protection de l&rsquo;enfance, de l&rsquo;immigration, de la justice et de l&rsquo;urgence sociale. Selon leur champ de comp&eacute;tences et leur niveau de responsabilit&eacute;s, l&rsquo;action de ces professionnels a un impact direct ou indirect sur la situation des jeunes migrants. L&rsquo;objectif est de montrer quelles sont les interactions, les articulations et tensions entre ces acteurs ainsi que leurs effets sur le public et les pratiques professionnelles. Le choix de r&eacute;aliser des entretiens en assurant une repr&eacute;sentativit&eacute; minimum en mati&egrave;re de champs d&rsquo;intervention et de niveaux d&rsquo;&eacute;chelle, a &eacute;t&eacute; motiv&eacute; par le fait qu&rsquo;ils permettent le contact personnel avec les sujets de la recherche dans le milieu o&ugrave; ils &eacute;voluent, et ce en poursuivant un objectif de compr&eacute;hension des acteurs et des processus sociaux (Paill&eacute; et Mucchelli, 2016).</font></p> <h1 align="JUSTIFY"><span style="color:#8e44ad"><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">Trois &eacute;chelles d&#39;acteurs aux temporalit&eacute;s propres</font></strong></span></span></h1> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Si en France, les politiques publiques sont marqu&eacute;es par leur caract&egrave;re sectoriel, la situation des jeunes migrants accueillis en urgence en protection de l&rsquo;enfance se situe elle, &agrave; la crois&eacute;e de plusieurs domaines et corps de m&eacute;tier qui interviennent dans des temporalit&eacute;s distinctes. Qu&rsquo;ils se situent sur une &eacute;chelle &laquo; micro &raquo; (le dispositif d&rsquo;accueil d&rsquo;urgence et le r&eacute;seau d&rsquo;acteurs en contact direct avec le public sur le territoire parisien), sur une &eacute;chelle &laquo; m&eacute;so &raquo; (le D&eacute;partement de Paris et la DASES, les minist&egrave;res de l&rsquo;Immigration, de l&rsquo;Int&eacute;rieur, des Solidarit&eacute;s, de l&rsquo;&Eacute;ducation nationale, etc.) ou sur une &eacute;chelle &laquo; macro &raquo; (les politiques, institutions et organisations europ&eacute;ennes et mondiales), les acteurs que ces situations regroupent d&eacute;veloppent chacun &agrave; leur niveau des m&eacute;thodes, des pratiques, des strat&eacute;gies pour tenter de r&eacute;pondre aux exigences de ces prises en charge. Si le syst&egrave;me dans lequel ces acteurs op&egrave;rent apporte une diversit&eacute; dans les solutions propos&eacute;es et une richesse dans l&rsquo;analyse, il apparait &eacute;galement comme &eacute;tant peu structur&eacute;, g&eacute;n&eacute;rateur de tensions autour des enjeux politiques forts, de l&rsquo;aspect budg&eacute;taire, des identit&eacute;s professionnelles marqu&eacute;es et du rapport que chacun entretient avec la notion d&rsquo;urgence.</font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Ce qui pose probl&egrave;me dans le cadre de l&rsquo;accueil des jeunes migrants en foyer d&rsquo;urgence prend racine dans un contexte sp&eacute;cifique qu&rsquo;il est n&eacute;cessaire de relier &agrave; l&rsquo;histoire de la protection de l&rsquo;enfance et &agrave; celle de l&rsquo;immigration en g&eacute;n&eacute;ral, afin de ne pas aborder la situation de fa&ccedil;on r&eacute;ductionniste. Les apports de la syst&eacute;mie permettent pr&eacute;cis&eacute;ment de mettre en lumi&egrave;re l&rsquo;importance du contexte et des interactions entre les acteurs d&rsquo;un syst&egrave;me ouvert pour mieux comprendre une situation probl&eacute;matique. Edgar Morin souligne que la pens&eacute;e complexe s&rsquo;oppose &agrave; la pens&eacute;e simple qui juxtapose des &eacute;l&eacute;ments divers sans cr&eacute;er de liens entre eux, et devient &laquo;&nbsp;l&rsquo;intelligence aveugle, qui d&eacute;truit les ensembles et les totalit&eacute;s et isole tous ses objets de leur environnement&nbsp;&raquo; (2005, p.19). Celle qui &eacute;voque le d&eacute;s&eacute;quilibre et le mouvement explique que l&rsquo;intelligibilit&eacute; d&rsquo;un syst&egrave;me r&eacute;side dans la compr&eacute;hension de ses relations &agrave; son environnement, de ce qui s&rsquo;&eacute;change &agrave; sa p&eacute;riph&eacute;rie et non pas uniquement de ce qui se passe &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur (Janvier, 2010). </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Dans ce syst&egrave;me d&rsquo;acteurs complexe, la re-contextualisation des diff&eacute;rentes temporalit&eacute;s par les acteurs, que Marc Bessin (2013) nomme la temporalisation demeure essentielle pour agir en fonction des cons&eacute;quences que cela a sur la situation des jeunes. L&rsquo;auteur situe par ailleurs le </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>care</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif"> dans la tension entre protection et contr&ocirc;le, une dimension au c&oelig;ur de la notion de parcours qui semble &ecirc;tre pour certains acteurs, un enjeu majeur pour la prise en charge jeunes migrants. </font></p> <h1 align="JUSTIFY"><span style="color:#8e44ad"><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">L&#39;accueil des jeunes migrants, une question </font></strong></span><font face="Times New Roman, sans-serif"><font size="3"><b>&laquo;&nbsp;</b></font></font><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">urgente&nbsp;</font></strong></span><font face="Times New Roman, sans-serif"><font size="3"><b>&raquo;</b></font></font><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">&nbsp;</font></strong></span></span></h1> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">De fa&ccedil;on unanime, les acteurs &eacute;voquent un contexte extr&ecirc;mement tendu. L&rsquo;existence d&rsquo;enjeux forts autour de l&rsquo;accueil et de la prise en charge des jeunes migrants demeure, d&rsquo;autant plus qu&rsquo;ils constituent un public h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, particuli&egrave;rement affect&eacute; par la situation. Il s&rsquo;agit de mineurs ou de jeunes adultes majoritairement hommes et de nationalit&eacute;s tr&egrave;s diverses, bien souvent en situation d&rsquo;errance &agrave; Paris vivant pour certains un ph&eacute;nom&egrave;ne de migration secondaire apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; pris en charge dans un autre pays de l&rsquo;Union europ&eacute;enne. Leur &eacute;tat de vuln&eacute;rabilit&eacute; &eacute;vident accro&icirc;t le risque de r&eacute;cup&eacute;ration par des r&eacute;seaux criminels et encourage la d&eacute;linquance. Le parquet des mineurs de Paris souligne que 68% des d&eacute;ferrements concernent des jeunes migrants. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Malgr&eacute; ces caract&eacute;ristiques communes, les acteurs prennent le soin de qualifier ces jeunes en fonction de leur angle de vue et de leurs connaissances. De qui parlent-ils&nbsp;r&eacute;ellement&nbsp;? &laquo; MNA &raquo;, &laquo; MIE &raquo;, &laquo; migrants &raquo;, &laquo; exil&eacute;s &raquo;, &laquo; r&eacute;fugi&eacute;s &raquo;, les multiples appellations refl&egrave;tent le flou qu&rsquo;il existe autour de ce public et de sa prise en charge. Ses qualificatifs conf&egrave;rent d&rsquo;ailleurs un statut propre aux jeunes et des droits diff&eacute;rents. L&rsquo;appellation &laquo; migrant &raquo; est commun&eacute;ment utilis&eacute;e pour des jeunes qui ne sont rattach&eacute;s &agrave; aucun dispositif pr&eacute;cis. Davantage utilis&eacute; par les acteurs des niveaux m&eacute;so et macro, cette classification est &eacute;galement retenue par les politiques publiques, ce qui d&eacute;coule du fait qu&rsquo;aucune directive claire n&rsquo;est &eacute;nonc&eacute;e en faveur de ce public alors consid&eacute;r&eacute; comme une population &laquo;&nbsp;en migration&nbsp;&raquo;. Cette absence de statut implique une absence de droits et d&rsquo;obligations ce qui est contraire au souhait d&rsquo;int&eacute;gration durable de ces jeunes. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Le public &laquo;&nbsp;jeunes migrants&nbsp;&raquo; fait ainsi davantage l&rsquo;objet d&rsquo;une prise en charge dans le cadre de l&rsquo;urgence, ce qui rend difficile la prise en compte globale de leur probl&eacute;matique. Bien souvent, c&rsquo;est la mise en &eacute;vidence par les acteurs d&rsquo;un aspect de leur situation qui permet au jeune de correspondre &agrave; un dispositif et de construire &agrave; partir de cela, un projet de vie plus solide. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Alors que le soutien juridique et l&rsquo;accompagnement vers l&rsquo;insertion professionnelle sont point&eacute;s par les acteurs comme &eacute;tant des besoins centraux, ces derniers se heurtent &agrave; la r&eacute;alit&eacute; de la prise en charge d&rsquo;un public fragile, d&rsquo;un fonctionnement cloisonn&eacute; des dispositifs actuels et de l&rsquo;absence de personnel qualifi&eacute; sur une &eacute;chelle micro qui permettrait pourtant de rendre effectif le droit des jeunes. La temporalit&eacute; n&eacute;cessaire pour r&eacute;pondre &agrave; ces besoins croise l&rsquo;urgence avec laquelle sont g&eacute;r&eacute;es les situations de ces jeunes, qui continuent &agrave; se d&eacute;grader. Si l&rsquo;ensemble des acteurs rep&egrave;re dans l&rsquo;&eacute;tat des lieux une situation &eacute;volutive, complexe, voire dangereuse ainsi que des besoins sp&eacute;cifiques aux jeunes migrants, l&rsquo;urgence ne se situe pas de la m&ecirc;me mani&egrave;re pour tous ce qui impacte les parcours.</font></p> <h1 align="JUSTIFY"><span style="color:#8e44ad"><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">Le parcours al&eacute;atoire des jeunes migrants en protection de l&#39;enfance</font></strong></span></span></h1> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Aux prises avec des enjeux pourtant proches voire similaires, les politiques de la protection de l&rsquo;enfance et celles de l&rsquo;immigration souffrent d&rsquo;une opposition marqu&eacute;e. Dans ce contexte migratoire pesant, les enjeux autour de la d&eacute;termination de l&rsquo;&acirc;ge, de l&rsquo;&eacute;valuation des particularit&eacute;s de la situation (Mineurs Non Accompagn&eacute;s, victimes de la Traite des &Ecirc;tres Humains, r&eacute;fugi&eacute;s, etc.), le caract&egrave;re satur&eacute; des dispositifs d&rsquo;accueil mettent en lumi&egrave;re l&rsquo;existence de dissonances fortes entre ces politiques sociales. L&rsquo;accueil en urgence des jeunes migrants constitue une situation particuli&egrave;rement fragile qui n&eacute;cessite la coordination de nombreux acteurs.</font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Le centre d&rsquo;accueil d&rsquo;urgence demeure bien souvent le premier lieu de placement pour les jeunes. Il correspond ainsi &agrave; une temporalit&eacute; durant laquelle un nouveau parcours est initi&eacute;. Selon Gilles S&eacute;raphin (2014, p.48), la notion de parcours invite &agrave; &laquo;&nbsp;consid&eacute;rer l&rsquo;ensemble d&rsquo;une personne, avec son histoire, son parcours de vie et ses projets, et d&rsquo;&eacute;laborer &agrave; cette fin de nouveaux cadres juridiques et professionnels&nbsp;&raquo;. Ces jeunes au parcours migratoire lourd et bien souvent traumatisant, accumulent les ruptures et sont les cibles d&rsquo;une politique migratoire instable qui fragilise leur statut d&rsquo;&eacute;tranger&nbsp;; ce dernier semble alors constituer un frein &agrave; leur demande de protection. La cat&eacute;gorisation, le diagnostic de la situation que le centre d&rsquo;accueil d&rsquo;urgence participe &agrave; mettre en &oelig;uvre, appara&icirc;t alors tout aussi d&eacute;terminant pour la suite de leur parcours. Cette notion implique en effet une temporalit&eacute; longue et transversale qui oblige &agrave; effectuer des modifications dans l&rsquo;accompagnement, mais aussi dans les logiques institutionnelles et cat&eacute;gorielles. Pour les jeunes migrants, le risque d&rsquo;&ecirc;tre exclus et de perdre toute place dans la soci&eacute;t&eacute; plut&ocirc;t que d&rsquo;&ecirc;tre prot&eacute;g&eacute;s refl&egrave;te tout l&rsquo;enjeu de leur classification et la reconnaissance de la singularit&eacute; de leur situation. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">En cela, l&rsquo;analyse que font les professionnels de l&rsquo;urgence impacte in&eacute;vitablement le parcours des jeunes migrants. Au-del&agrave; de la fronti&egrave;re marqu&eacute;e entre majorit&eacute; et minorit&eacute;, certaines particularit&eacute;s influencent la prise en charge : une maladie grave, l&rsquo;entr&eacute;e dans la d&eacute;linquance, la reconnaissance du statut de victime TEH sont des situations qui du fait de leur caract&egrave;re urgent et prioritaire, permettent &agrave; ces jeunes d&rsquo;&ecirc;tre prot&eacute;g&eacute;s plus rapidement. Il ressort &eacute;galement de l&rsquo;enqu&ecirc;te qu&rsquo;il existe des diff&eacute;rences de traitement entre les jeunes migrants en fonction des nationalit&eacute;s ce qui accentue les tensions entre les acteurs qui ont chacun une part d&rsquo;influence sur ces crit&egrave;res divers. Dans ce contexte, les structures d&rsquo;accueil d&rsquo;urgence sont en difficult&eacute; pour prendre en charge cette population et sont contraintes d&rsquo;adapter leur fonctionnement et leurs pratiques. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Comme le rappelle Christophe Daadouch (2017), les professionnels sociaux interviennent &agrave; chaque &eacute;tape de la prise en charge des jeunes migrants&nbsp;: de l&rsquo;&eacute;valuation de la minorit&eacute; et de l&rsquo;isolement &agrave; l&rsquo;accompagnement. Ils sont donc des acteurs incontournables des politiques migratoires. Pourtant, la temporalit&eacute; dans laquelle ils interviennent semble singuli&egrave;re et les observations qu&rsquo;ils font des r&eacute;alit&eacute;s du terrain diff&egrave;rent de celles des autres acteurs. L&rsquo;auteur &eacute;voque un &laquo;&nbsp;isolement politique&nbsp;&raquo;, les professionnels sociaux se situant en premi&egrave;re ligne des &eacute;volutions de la situation des jeunes migrants et bien souvent d&eacute;munis face aux enjeux politiques et &eacute;thiques.</font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Finalement, la notion de parcours, centrale dans le domaine de la protection de l&rsquo;enfance ne s&rsquo;applique pas toujours aux situations des jeunes migrants qui connaissent des al&eacute;as en fonction des diff&eacute;rentes phases d&rsquo;&eacute;valuation. Le parcours est une notion d&rsquo;ensemble qui englobe ce qui ne correspond pas &agrave; la r&eacute;alit&eacute; des situations de ces jeunes migrants qui vivent des prises en charge saccad&eacute;es (juridique d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, le soin et la scolarit&eacute; de l&rsquo;autre, etc.). Cette r&eacute;alit&eacute; accroit le malaise dans les structures d&rsquo;urgence tandis que d&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, ces sp&eacute;cificit&eacute;s font aussi de l&rsquo;accueil d&rsquo;urgence un lieu particuli&egrave;rement dynamique ainsi qu&rsquo;un poste d&rsquo;observation unique. </font></p> <p align="JUSTIFY">&nbsp;</p> <p align="JUSTIFY"><span style="color:#8e44ad"><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">Des acteurs plus ou moins bien identifi&eacute;s</font></strong></span></span></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">L&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain a permis de mettre en &eacute;vidence la reconnaissance par les acteurs du r&ocirc;le central de l&rsquo;&Eacute;tat et du D&eacute;partement de Paris dans la probl&eacute;matique des jeunes migrants. Elle pointe son importante responsabilit&eacute; et l&rsquo;influence qu&rsquo;il a sur les autres acteurs bien qu&rsquo;en comparaison au secteur associatif, le secteur public parait plus rigide et agit dans une temporalit&eacute; plus longue.</font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Alors qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;chelle europ&eacute;enne, la recomposition du paysage migratoire constitue &agrave; l&rsquo;heure actuelle un enjeu majeur, les recommandations faites aux pays membres sont confuses et invisibilis&eacute;es par les directives nationales. L&rsquo;auteur Simon souligne une contradiction majeure dans le principe de la mondialisation des flux et des dynamiques migratoires qui &laquo;brouillent les sch&eacute;mas de l&rsquo;analyse classique et g&ecirc;nent la formulation des politiques migratoires&raquo; (2008, p.7). Celle-ci engendre en effet le durcissement des politiques s&eacute;curitaires, le renforcement des barri&egrave;res voire la militarisation des fronti&egrave;res rendant les routes et itin&eacute;raires impraticables. Ce contexte global - qui devrait inciter les acteurs internationaux et europ&eacute;ens &agrave; s&rsquo;organiser - constate &agrave; l&rsquo;inverse des mouvements contradictoires tels que le repli sur eux-m&ecirc;mes des pays et la mont&eacute;e des courants nationalistes. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">La diversit&eacute; des contextes socio-&eacute;conomiques et des politiques nationales sur la question migratoire engendre un ph&eacute;nom&egrave;ne de saturation pour certains pays et des diff&eacute;rences majeures dans les prises en charge. Si la gestion des flux migratoires ne se limite pas &agrave; la gestion par les &Eacute;tats, le travail partenarial est davantage entrepris sur le volet r&eacute;pressif. Pourtant, certains se refuse encore &agrave; appliquer les normes juridiques internationales et r&egrave;gles maritimes ce qui met en &eacute;vidence la difficult&eacute; des autorit&eacute;s publiques &agrave; respecter les droits humains et l&rsquo;acc&egrave;s aux droits des personnes qui arrivent sur le continent europ&eacute;en. La situation migratoire actuelle r&eacute;side ainsi en une question humanitaire, juridique et politique.</font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Le respect de la justice sociale se trouve justement au c&oelig;ur du travail social. Dans le contexte de la migration, l&rsquo;articulation entre le travail humanitaire et le travail social semble n&eacute;cessaire, en se positionnant respectivement sur l&rsquo;ext&eacute;rieur et l&rsquo;int&eacute;rieur du syst&egrave;me. Le travail social en tant que profession - dans l&#39;&eacute;ducation et la pratique - a un r&ocirc;le important &agrave; jouer pour faire progresser les droits humains des migrants et des r&eacute;fugi&eacute;s, une fois arriv&eacute;s sur le territoire. Les macro-contextes fa&ccedil;onnent la pratique du travail social aupr&egrave;s des migrants et des r&eacute;fugi&eacute;s en montrant leur r&ocirc;le cl&eacute; pour faire avancer les droits et les int&eacute;r&ecirc;ts de ceux qui fuient les conflits, les catastrophes &eacute;conomiques ou naturelles, ou d&#39;autres situations de crise. Il semble que le progr&egrave;s collectif se concr&eacute;tise au travers des r&eacute;ussites obtenues dans les cas individuels de personnes qui acc&egrave;dent &agrave; leurs droits. Pr&eacute;cis&eacute;ment, le travailleur social permet dans le cadre ces situations extr&ecirc;mement sensibles, de faire le lien entre ces acteurs. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Enfin, les professionnels interrog&eacute;s dans le cadre de cette enqu&ecirc;te mentionnent les migrants comme de r&eacute;els acteurs de la situation qui activent et influent sur le parcours. Ils observent sur le terrain la mani&egrave;re dont les jeunes migrants utilisent leurs comp&eacute;tences et savoir-faire pour pallier le manque de moyens des dispositifs. D&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, il semble que la visibilit&eacute; de la probl&eacute;matique &agrave; Paris est &agrave; mettre en lien avec l&rsquo;implication importante des habitants des quartiers investis par les migrants, qui deviennent &eacute;galement des acteurs &agrave; part enti&egrave;re. Ce que Kraft (2019) nomme une &laquo;&nbsp;prise de conscience citoyenne&nbsp;&raquo; correspond pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; cette mobilisation croissante des parisiens depuis 2015 au-del&agrave; des militants et du milieu associatif, ce qui permet d&rsquo;&eacute;largir le r&eacute;seau et de cr&eacute;er d&rsquo;autres possibilit&eacute;s d&rsquo;actions.</font></p> <p align="JUSTIFY">&nbsp;</p> <p align="JUSTIFY"><span style="color:#8e44ad"><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">Des r&eacute;f&eacute;rences vari&eacute;es qui clivent et encouragent les enjeux de pouvoir</font></strong></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><font face="Times New Roman, sans-serif">Prendre en compte les diff&eacute;rences fondamentales qui caract&eacute;risent les niveaux d&rsquo;acteurs notamment sur les questions &eacute;thiques, appara&icirc;t essentiel pour saisir les tensions existantes. Christophe Daadouch (2017) explique que le champ du social est singulier car il observe une grande diversit&eacute; d&rsquo;opinions et de valeurs chez les professionnels qui ont in&eacute;vitablement des cons&eacute;quences sur le public qu&rsquo;ils accompagnent. Sur cette th&eacute;matique particuli&egrave;rement, les acteurs se rassemblent ou s&rsquo;opposent autour de valeurs communes ou contraires sur les politiques d&rsquo;int&eacute;gration, le droit des &eacute;trangers, la protection des enfants, le fonctionnement de l&rsquo;Europe sociale, etc. L&rsquo;auteur &eacute;voque un &laquo;&eacute;quilibre rompu&raquo; dans le champ de l&rsquo;immigration, qui ne d&eacute;c&egrave;le pas de r&eacute;elle compl&eacute;mentarit&eacute; dans la relation entre les pouvoirs publics et les associations. Les logiques d&rsquo;appels d&rsquo;offres issus des trait&eacute;s europ&eacute;ens fragilisent &eacute;galement les rapports dans le secteur associatif. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Par ailleurs, les r&eacute;f&eacute;rences notamment l&eacute;gislatives que saisissent les acteurs pour organiser leur action traduisent la mani&egrave;re dont ils se positionnent sur la question. Les liens faits avec les textes de lois et la fa&ccedil;on dont ils les rattachent au contexte sont davantage &eacute;voqu&eacute;s par les cadres ou les acteurs de la dimension macro. Les professionnels de terrain qui sont aux premi&egrave;res loges des &eacute;volutions v&eacute;cues par cette population et ce secteur, semblent davantage mobilis&eacute;s sur la mani&egrave;re dont ils vont pouvoir s&rsquo;adapter &laquo;en temps r&eacute;el&raquo;. Ces changements interviennent dans des temporalit&eacute;s courtes ce qui diff&egrave;re de la temporalit&eacute; des avanc&eacute;es l&eacute;gislatives. Si les textes de loi devaient constituer des rep&egrave;res stables pour chacun des acteurs, les travailleurs sociaux semblent davantage se fier aux observations qu&rsquo;ils font des situations ainsi qu&rsquo;aux valeurs qu&rsquo;ils d&eacute;fendent dans leur corps de m&eacute;tier sp&eacute;cifique. Manuel Boucher (2010) pr&eacute;cise pourtant que l&rsquo;action sociale ne doit pas se contenter des actions d&rsquo;assistance, de &laquo;gestion des risques&raquo; et de neutralisation des d&eacute;sordres sociaux. La priorit&eacute; devrait &ecirc;tre de favoriser la re-politisation de l&rsquo;autonomie d&rsquo;action et de r&eacute;flexion avec la reconnaissance sociale des acteurs sociaux et cela implique une connaissance du droit et des l&eacute;gislations dont le secteur d&eacute;pend. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">La particularit&eacute; du secteur associatif militant est visible dans les nombreux articles de presse qui mettent en avant les actions men&eacute;es par certains collectifs. Ces derniers se d&eacute;marquent par leurs nombreuses r&eacute;f&eacute;rences au D&eacute;fenseur des droits, aux textes europ&eacute;ens et internationaux qui encadrent les politiques publiques fran&ccedil;aises. Ce secteur sp&eacute;cifique qui comprend des &eacute;quipes pluridisciplinaires jouit d&rsquo;une plus grande marge de man&oelig;uvre pour d&eacute;noncer les manquements de l&rsquo;&Eacute;tat en s&rsquo;exprimant notamment sous la forme de plaidoyers. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">D&rsquo;ailleurs, Pierre Muller (2018) distingue la particularit&eacute; du management public par rapport au priv&eacute;&nbsp;dans la question financi&egrave;re &agrave; respecter mais aussi le degr&eacute; de r&eacute;alisation des objectifs fix&eacute;s par les &eacute;lus. Compte tenu des enjeux europ&eacute;ens et internationaux existants autour de cette question, ces derniers se retrouvent avec une marge de man&oelig;uvre restreinte dans les propositions d&rsquo;actions. L&rsquo;auteur indique &eacute;galement que la construction de repr&eacute;sentations fond&eacute;es sur des valeurs, des normes, des images qui font sens, permet d&rsquo;&eacute;laborer une politique publique plus adapt&eacute;e en facilitant les relations entre acteurs. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Avec l&rsquo;implication de plus en plus d&rsquo;acteurs qui &eacute;voluent dans des temporalit&eacute;s et domaines divers, l&rsquo;accueil des jeunes migrants est un sujet &eacute;minemment politique. La m&eacute;diatisation de la situation des migrants au regard du r&ocirc;le central des divers m&eacute;dias dans l&rsquo;agenda politique encourage les enjeux de pouvoirs. Une fois m&eacute;diatis&eacute;es, les situations prennent d&rsquo;ailleurs une dimension &laquo;&nbsp;urgente&nbsp;&raquo; sur le plan macro, exer&ccedil;ant une pression sociale qui incite &agrave; une nouvelle organisation et &agrave; la mise en place de projets qui pourraient permettre aux acteurs de se d&eacute;marquer, de se valoriser. </font></p> <p align="JUSTIFY">&nbsp;</p> <p align="JUSTIFY"><span style="color:#8e44ad"><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">La place primordiale des traducteurs et des interm&eacute;diaires</font></strong></span></span></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">L&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain men&eacute;e met en lumi&egrave;re l&rsquo;importance de la transmission des r&eacute;alit&eacute;s de chacun des acteurs pour une meilleure compr&eacute;hension de la situation, une vision plus globale qui prend en compte sa complexit&eacute; et la multitude d&rsquo;acteurs engag&eacute;s. Pour faire face aux situations d&rsquo;urgence, il est &eacute;vident que le travail collectif doit &ecirc;tre privil&eacute;gi&eacute; pour sauvegarder les valeurs des travailleurs sociaux et instaurer une relation de confiance entre les acteurs. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Le travail social radical tente de comprendre l&rsquo;impact du n&eacute;olib&eacute;ralisme et les transformations sociales, &eacute;conomiques et politiques qui en d&eacute;coulent, sur l&rsquo;activit&eacute; des travailleurs sociaux, ses m&eacute;thodes et ses fondements. Iain Ferguson et Michael Lavalette (2013) expliquent pr&eacute;cis&eacute;ment que l&#39;accroissement des in&eacute;galit&eacute;s et de la pauvret&eacute;, la privatisation des services publics et la fa&ccedil;on dont les r&eacute;gimes n&eacute;olib&eacute;raux limitent la pratique du travail social, encouragent les acteurs &agrave; trouver des espaces autres ayant le sentiment que ces questions ne sont pas pleinement articul&eacute;es dans la litt&eacute;rature sur le travail social. En cela, le travail social radical favorise des lectures plus macro-sociales et politiques de l&rsquo;environnement des travailleurs sociaux.</font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Par ailleurs, il semble primordial de mener des r&eacute;flexions autour de l&rsquo;accessibilit&eacute; et de la traduction en soutenant la place et le r&ocirc;le des interm&eacute;diaires. Les charg&eacute;s de missions, les d&eacute;l&eacute;gations interminist&eacute;rielles, les observatoires, les associations militantes repr&eacute;sentent chacun &agrave; leur &eacute;chelle, des passerelles pour alimenter les pratiques et finalement orienter les politiques publiques. Sur chaque niveau d&rsquo;acteurs, la pr&eacute;sence de ces interm&eacute;diaires est essentielle pour cr&eacute;er du lien. Le secteur universitaire est &eacute;galement identifi&eacute; comme &eacute;tant un acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;&eacute;volution des pratiques. La valorisation de la recherche action ainsi que la garantie de l&rsquo;ind&eacute;pendance des sujets de recherche fait de ce champ un liant entre les acteurs concern&eacute;s. De plus, il me semble que l&rsquo;ing&eacute;nierie sociale est un secteur particuli&egrave;rement adapt&eacute; dans le cadre de ces probl&eacute;matiques. En effet, les notions d&rsquo;&eacute;tude, d&rsquo;inventivit&eacute;, de projet, d&rsquo;approche plurielle, globale et pluridisciplinaire qu&rsquo;il pr&eacute;voit semble correspondre au profil d&rsquo;un acteur interm&eacute;diaire. Selon les auteurs Tr&eacute;meau, Pillant et Guglielmi (2019), il s&rsquo;agit d&rsquo;une d&eacute;marche compr&eacute;hensive qui porte le souci d&rsquo;un d&eacute;passement de la sectorisation de la soci&eacute;t&eacute;. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, les r&eacute;sultats de cette enqu&ecirc;te encouragent la d&eacute;marche de recherche &agrave; demeurer un &laquo; moteur &raquo; du terrain et citent le secteur de la formation comme une piste d&rsquo;action centrale. Il s&rsquo;agit en effet de former les &eacute;tudiants &agrave; appr&eacute;hender ces questions toujours plus complexes et d&rsquo;inclure dans les programmes p&eacute;dagogiques des savoirs produits par l&rsquo;exp&eacute;rience du public. Si la recherche peut &ecirc;tre subversive dans ce qu&rsquo;elle am&egrave;ne comme espaces intellectuels de turbulences au sein des institutions, l&rsquo;articulation et la confrontation de connaissances produites par des chercheurs professionnels ainsi que par des publics accompagn&eacute;s demeurent vitales pour comprendre le sens de l&rsquo;action sociale&nbsp;aujourd&rsquo;hui.</font></p> <p align="JUSTIFY">&nbsp;</p> <p><span style="color:#8e44ad;"><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">Conclusion</font></strong></span></span></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Les interactions et tensions existantes entre les acteurs de ce syst&egrave;me se mesurent principalement sur des diff&eacute;rences de temps et de rythme. Ces articulations entre les niveaux permettent de mettre en &eacute;vidence des pratiques &eacute;mergentes et des acteurs interm&eacute;diaires qui se distinguent par leur impact d&eacute;terminant sur les mouvements du syst&egrave;me en tenant compte des rapports de pouvoirs qui s&rsquo;&eacute;tablissent entre eux. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">&Agrave; l&rsquo;heure actuelle, une nouvelle phase de l&rsquo;action publique ax&eacute;e sur le gouvernement durable - avec au centre la question environnementale &ndash; est lanc&eacute;e. Il semble que l&rsquo;harmonisation des pratiques europ&eacute;ennes et l&rsquo;articulation des politiques publiques fran&ccedil;aises autour de la question migratoire soient pr&eacute;cis&eacute;ment au c&oelig;ur de ces mouvements que la crise sanitaire actuelle complexifie davantage. </font></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Si l&rsquo;accueil en urgence des jeunes migrants mobilise une multitude d&rsquo;acteurs, les pistes d&rsquo;action &eacute;voqu&eacute;es dans cet article semblent correspondre aux &laquo; nouveaux d&eacute;fis &raquo; sociaux auxquels sont confront&eacute;es les populations et pourraient ainsi s&rsquo;&eacute;tendre &agrave; d&rsquo;autres probl&eacute;matiques du travail social qui se d&eacute;marquent par leur complexit&eacute;. </font></p> <p align="JUSTIFY">&nbsp;</p> <p align="JUSTIFY"><span style="color:#8e44ad"><span style="font-size:20px"><strong><font face="Times New Roman, sans-serif">Bibliographie</font></strong></span></span></p> <p align="JUSTIFY"><font face="Times New Roman, sans-serif">Bessin, M. (2013). 11. Temporalit&eacute;s, parcours de vie et de travail. Dans : Margaret Maruani &eacute;d., </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Travail et genre dans le monde: L&rsquo;&eacute;tat des savoirs</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif"> (pp. 107-116). Paris: La D&eacute;couverte.</font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Boucher, M. (2010). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Penser les questions sociales et culturelles contemporaines&nbsp;: quels enjeux pour l&rsquo;intervention sociale</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif">&nbsp;? Paris, France&nbsp;: L&rsquo;Harmattan. </font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Clair-Robelet, J. (2019, 14 avril). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>La rapporteuse de l&rsquo;ONU sur le logement d&eacute;nonce de nombreuses violations du droit.</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif"> Consult&eacute; sur https://www.atd-quartmonde.fr/la-rapporteure-de-lonu-sur-le-logement-denonce-de-nombreuses-violations-du-droit/. </font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Daadouch, C. (2017). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Entre &eacute;thique et lib&eacute;ralisme</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif">. Plein droit, 112(1), 3-5.</font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Ferguson, I. et Lavalette, M. (2013 avril). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Critical and radical social work: an introduction. </i></font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>The Policy</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif"> Press. Bristol universit&eacute; press. </font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Janvier, R. (2010). &laquo; Recommandations de bonnes pratiques professionnelles : entre positivisme et syst&eacute;mie, l&rsquo;irruption de la complexit&eacute;́ &raquo;. Communication et organisation, 38. </font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Kraft, R. et Kieffer, A. (2019, 29 novembre). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Exil&eacute;s &agrave; Paris, 4 ans de crise de l&rsquo;accueil</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif">. Dans France Culture. Paris&nbsp;: France. </font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Paill&eacute;, P. et Mucchielli, A. (2016). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>L&#39;analyse qualitative en sciences humaines et sociales</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif">. Paris : Armand Colin. </font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Morin, E. (2005). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Introduction &agrave; la pens&eacute;e complexe</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif">. Paris, France&nbsp;: &Eacute;ditions du Seuil. </font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Muller, P. (2018). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Les politiques publiques</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif">. Paris, France&nbsp;: PUF. </font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Simon, G. (2008). </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Migrants et migrations du monde</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif">. Paris, La documentation fran&ccedil;aise.</font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">S&eacute;raphin, G. (2014, octobre et novembre). Prot&eacute;ger un enfant en accompagnant la construction de son parcours de vie. Les r&eacute;cents rapports &laquo;&nbsp;Enfance/Famille&nbsp;&raquo; en perspective. </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Journal du droit des jeunes,</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif"> 338-339, 47-63.</font></p> <p><font face="Times New Roman, sans-serif">Tr&eacute;meau, H., Pillant, Y. et Guglielmi, M. (2019). Ing&eacute;nierie sociale&nbsp;: pour penser et agir ensemble. </font><font face="Times New Roman, sans-serif"><i>Le sociographe,</i></font><font face="Times New Roman, sans-serif"> 65(1), 115-130.</font></p>