<p style="text-align: justify; margin-left: 48px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span arial="" style="font-family:">Introduction</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Les recherches scientifiques &eacute;tudiant&nbsp;la place du num&eacute;rique dans le travail social et dans l&rsquo;accompagnement des usagers ont connu un important d&eacute;veloppement ces derni&egrave;res ann&eacute;es. En 2009, par exemple, la revue <i>Empan</i> consacre son n<sup>o</sup> 76 &agrave; la th&eacute;matique &laquo;&nbsp;<i>Travail Social, lien social et internet</i>&nbsp;&raquo;. En lignes g&eacute;n&eacute;rales, les auteurs s&rsquo;interrogent sur le recours aux nouvelles technologiques de l&rsquo;information et de la communication dans les pratiques professionnelles des travailleurs sociaux et dans leurs relations avec les personnes accompagn&eacute;es. En 2017, la <i>Revue Fran&ccedil;aise de Service Social</i>, dans son n<sup>o </sup>264 intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<i>Le travail social &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du num&eacute;rique&nbsp;&raquo;</i>, prolonge ce sujet en abordant les effets de l&rsquo;informatisation sur les services sociaux non seulement dans le suivi des usagers mais aussi dans la flexibilisation des d&eacute;marches administratives, et les questions &eacute;thiques que le ph&eacute;nom&egrave;ne engendre. Sur le plan des politiques publiques, le &laquo;&nbsp;Plan Pauvret&eacute;&nbsp;&raquo; lanc&eacute; en 2017 par le Minist&egrave;re des Solidarit&eacute;s et de la Sant&eacute; consacre un axe &laquo;&nbsp;<i>Num&eacute;rique et Travail social</i>&nbsp;&raquo;. Une note de cadrage est propos&eacute;e pour orienter la formation des professionnels du social sur ce th&egrave;me en ciblant deux aspects&nbsp;: l&rsquo;int&eacute;gration du num&eacute;rique comme outil dans leurs pratiques d&rsquo;accompagnement quotidiennes et l&rsquo;&eacute;tude de la fracture num&eacute;rique comme nouveau champ d&rsquo;intervention &agrave; part enti&egrave;re.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Les r&eacute;flexions que nous allons pr&eacute;senter dans cet article s&rsquo;inscrivent dans la continu&eacute; de ces d&eacute;bats sur l&rsquo;&eacute;volution des pratiques des professionnels du social en s&rsquo;attachant &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration du num&eacute;rique dans le cadre sp&eacute;cifique du travail des &eacute;ducateurs de la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e. Les questionnements autour de l&rsquo;appropriation et de l&rsquo;utilisation quotidienne par les &eacute;ducateurs des outils num&eacute;riques remontent &agrave; une vingtaine d&rsquo;ann&eacute;e. En effet, les professionnels exp&eacute;riment&eacute;s que nous avons rencontr&eacute;s, dont l&rsquo;anciennet&eacute; dans la fonction et dans le d&eacute;partement de Seine-Saint-Denis d&eacute;passe les 10 ans, nous ont indiqu&eacute; que cette th&eacute;matique a commenc&eacute; &agrave; &ecirc;tre abord&eacute;e d&egrave;s l&rsquo;&eacute;mergence des premiers moyens modernes de communication au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000. K&acirc;mil, &eacute;ducateur sp&eacute;cialis&eacute;, 47 ans, rapporte que ces d&eacute;bats ont cours &laquo;&nbsp;<i>depuis</i> <i>l&rsquo;arriv&eacute;e du t&eacute;l&eacute;phone &agrave; touche&nbsp;</i>&raquo;. Selon lui et d&rsquo;autres coll&egrave;gues plus anciens dans le m&eacute;tier, l&rsquo;utilisation du t&eacute;l&eacute;phone portable, tout comme d&rsquo;autres outils de communication non physiques (ordinateurs via les &eacute;changes de mails, blogs, sites internet des associations, etc.) bouleverse depuis des ann&eacute;es l&rsquo;un des principes &eacute;thiques et d&eacute;ontologiques les plus fondamentaux de ce m&eacute;tier&nbsp;: celui selon lequel le travail d&rsquo;&eacute;ducateur se fait dans la rue,&nbsp;&laquo;<i>&nbsp;l&agrave; o&ugrave; sont les jeunes&nbsp;</i>&raquo;. Dans le &laquo;&nbsp;monde d&rsquo;avant&nbsp;le num&eacute;rique &raquo;, le respect strict de ce principe supposait en effet de s&rsquo;immerger dans les espaces physiques et publics de la rue, de la cit&eacute; ou du quartier occup&eacute;s par les jeunes,&nbsp;&agrave; savoir&nbsp;: les bas des immeubles, les parkings, les caf&eacute;s, les sorties des &eacute;coles, entre autres. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Or, un certain nombre de professionnels consid&egrave;re aujourd&rsquo;hui le cyberespace comme un monde de sociabilit&eacute; et de socialisation juv&eacute;niles au m&ecirc;me titre que la rue, qu&rsquo;il convient d&rsquo;investir tout autant. Pour cela, certains &eacute;ducateurs estiment m&ecirc;me qu&rsquo;ils doivent cr&eacute;er des profils professionnels (individuels ou par association) dans les RSN les plus utilis&eacute;s par les jeunes. La plupart demande cependant &agrave; &ecirc;tre form&eacute; pour &ecirc;tre mieux arm&eacute; dans l&rsquo;exercice de leur fonction face &agrave; cette nouvelle culture juv&eacute;nile digitale, ce au moins sur trois aspects. Tout d&rsquo;abord sur la ma&icirc;trise des outils utilis&eacute;s par les jeunes de mani&egrave;re &agrave; mieux communiquer avec eux&nbsp;: la compr&eacute;hension des nouvelles applications et de leurs codes d&rsquo;usage, doit en effet leur permettre d&rsquo;&eacute;changer plus facilement avec les jeunes qui se montrent de moins en moins joignables par t&eacute;l&eacute;phone. Ensuite, sur les possibilit&eacute;s et les limites &eacute;thiques du suivi virtuel : il ne suffit pas seulement de comprendre les r&eacute;seaux sociaux, mais aussi de d&eacute;finir les contours de leur utilisation dans le cadre du travail social. Enfin, sur les difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par les jeunes dans le cyberespace&nbsp;: il existe un besoin r&eacute;el de formation sur la gestion des vuln&eacute;rabilit&eacute;s des jeunes dans le cyberespace, et sur les solutions que les &eacute;ducateurs peuvent leur apporter. D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, le constat est fait d&rsquo;un manque de cadrage sur le recours au num&eacute;rique par les &eacute;ducateurs leur permettant de s&rsquo;approprier ces nouveaux espaces de socialisation juv&eacute;niles, &agrave; l&rsquo;appui d&rsquo;un balisage &eacute;thique et d&eacute;ontologique clair, et de formations qui se montrent &agrave; la hauteur des enjeux d&rsquo;aujourd&rsquo;hui. &nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Ce texte est organis&eacute; autour de trois dimensions, et recourt &agrave; des analyses quantitatives et qualitatives. D&rsquo;abord, nous reviendrons sur deux notions centrales qu&rsquo;il convient de contextualiser du point de vue th&eacute;orique&nbsp;: la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e et le num&eacute;rique. Ensuite, nous nous concentrerons sur le besoin de formation autour du num&eacute;rique pl&eacute;biscit&eacute; par les &eacute;ducateurs, quel que soit leur niveau de dipl&ocirc;mes. Enfin, nous montrerons par des exemples pratiques du terrain, ce que font les &eacute;ducateurs avec le num&eacute;rique et ce qu&rsquo;ils en pensent. Nous nous appuierons sur des exemples de &laquo;&nbsp;bricolages num&eacute;riques&nbsp;&raquo; survenus lors du<sup> </sup>premier confinement li&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie de COVID-19 entre les mois de mars &agrave; juin 2020. On notera qu&rsquo;au sein d&rsquo;une m&ecirc;me structure, des &eacute;ducateurs peuvent adopter des usages tr&egrave;s diff&eacute;rents, voire antagoniques, m&ecirc;me s&rsquo;ils pr&eacute;tendent fonder leur action sur le m&ecirc;me principe &eacute;thique de la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e. Avant d&rsquo;entrer dans ces d&eacute;veloppements, il convient de situer notre m&eacute;thodologie.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span arial="" style="font-family:">M&eacute;thodologie</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Cet article, est le fruit de r&eacute;flexions tir&eacute;es d&rsquo;une d&eacute;marche de recherche partenariale (Monceau &amp; Soulière, 2017&nbsp;; Gillet &amp; Tremblay, 2017) r&eacute;alis&eacute;e aupr&egrave;s de huit associations de pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e dans le d&eacute;partement de Seine-Saint-Denis entre 2019 et 2022. Les directions de ces associations, sensibles &agrave; la demande de plus en plus courante des &eacute;ducateurs de rue d&rsquo;une meilleure prise en compte du num&eacute;rique dans leur travail, notamment des RSN comme outil d&rsquo;accompagnement des jeunes, ont sollicit&eacute;, en lien avec le Conseil D&eacute;partemental, l&rsquo;Observatoire Universitaire International &Eacute;ducation et Pr&eacute;vention (OUIEP) pour la r&eacute;alisation d&rsquo;une &eacute;tude sociologique sur cette th&eacute;matique. L&rsquo;objectif &eacute;tait de pr&eacute;senter un &eacute;tat des lieux des pratiques num&eacute;riques des professionnels et de proposer un certain nombre d&rsquo;orientations pour soutenir les associations dans l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un cadre institutionnel et &eacute;thique sur le travail social en ligne. Cette &eacute;tude a fait l&rsquo;objet d&rsquo;un rapport, publi&eacute; sur internet, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;&eacute;ducation sp&eacute;cialis&eacute;e 2.0. Quels enjeux, pour quelles pratiques&nbsp;? Rapport de recherches&nbsp;: Jeunes, R&eacute;seaux Sociaux et Pr&eacute;vention Sp&eacute;cialis&eacute;e&nbsp;&raquo; </i>(Moignard et Bortolotti, 2021). L&rsquo;un des aspects relev&eacute;s en particulier, et que nous d&eacute;veloppons dans cet article, porte sur les besoins de formation remont&eacute;s par les &eacute;ducateurs. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Nous avons structur&eacute; notre travail de terrain en quatre &eacute;tapes&nbsp;: r&eacute;alisation d&rsquo;entretiens semi-directifs individuels avec les &eacute;ducateurs de rue (n=42)&nbsp;; mise en ligne d&rsquo;un questionnaire en ligne visant &agrave; rep&eacute;rer les usages num&eacute;riques et recueillir leurs avis sur ceux-ci (n=95). Le confinement de mars &agrave; juin 2020 li&eacute; au COVID a repr&eacute;sent&eacute; une opportunit&eacute; int&eacute;ressante pour l&rsquo;enqu&ecirc;te, en rendant quasi-impossible pour les &eacute;ducateurs la poursuite du travail de rue, et nous a conduit &agrave; effectuer une seconde phase d&rsquo;entretiens semi-directifs et d&rsquo;observation des pratiques avec les &eacute;ducateurs (n=13). Certains professionnels ont &eacute;t&eacute; interrog&eacute;s dans les deux phases d&rsquo;entretiens&nbsp;: avant et apr&egrave;s COVID. Pour une question de lisibilit&eacute; du texte, nous identifions les associations par les acronymes S1, S2, S3&hellip; S8. Les noms des professionnels suivis ont &eacute;t&eacute; anonymis&eacute;s. Notons que le questionnaire que nous avons r&eacute;alis&eacute; a &eacute;t&eacute; renseigné à 92,3%, ce qui constitue un tr&egrave;s bon taux de r&eacute;ponse. On compte 122 r&eacute;pondants, dont 27 personnels de directions et 95 &eacute;ducateurs. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Concernant le questionnaire, notre &eacute;chantillon est repr&eacute;sentatif au regard des donn&eacute;es communiqu&eacute;es par le D&eacute;partement sur la composition sociod&eacute;mographique des &eacute;ducateurs de la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e (n=162 ETP). Il est constitu&eacute; de 47 % d&rsquo;hommes et 53 % de femmes, toutes fonctions confondues. Le nombre de femmes et d&#39;hommes occupant les fonctions de direction est &eacute;galement tr&egrave;s &eacute;quilibré (23% et 20%), comme pour les &eacute;ducateurs (77%) et les &eacute;ducatrices (80%) (Moignard et Bortolotti, 2021). Pour cette analyse, nous avons fait le choix de nous concentrer seulement sur l&rsquo;&eacute;chantillon des &eacute;ducateurs (n=95). Afin d&rsquo;&eacute;tudier les enjeux li&eacute;s &agrave; la formation, nous articulerons les d&eacute;veloppements autour de deux grandes questions pos&eacute;es dans le questionnaire&nbsp;: le positionnement des &eacute;ducateurs par rapport &agrave; l&rsquo;opportunit&eacute; d&rsquo;utiliser les r&eacute;seaux sociaux dans le travail d&rsquo;accompagnement des jeunes, et les limites &eacute;thiques et d&eacute;ontologiques de cette d&eacute;marche. Il est int&eacute;ressant de croiser ces deux points avec le niveau de dipl&ocirc;mes des &eacute;ducateurs.</span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 16px;"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">La pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique&nbsp;: analyse g&eacute;n&eacute;rale autour de deux concepts</span></span></span></b></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align: justify; margin-top: 16px;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Cette premi&egrave;re partie est consacr&eacute;e &agrave; un tour d&rsquo;horizon des deux concepts qui structurent notre travail&nbsp;: la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e et le num&eacute;rique. Il nous semble pertinent de revenir sur ces deux notions pour orienter notre grille de lecture. Commen&ccedil;ons par revenir sur ce qu&rsquo;est la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e, pour ensuite aborder le num&eacute;rique et la fa&ccedil;on dont nous le situons dans le cadre de cette recherche.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-top: 16px;"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">La &laquo;&nbsp;pr&eacute;v&nbsp;&raquo;&nbsp;: le travail de rue au c&oelig;ur du m&eacute;tier </span></span></span></b></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Dans le d&eacute;partement de Seine-Saint-Denis, la Pr&eacute;vention Sp&eacute;cialis&eacute;e est encore un service</span></span></span><span arial="" style="font-family:"> attach&eacute; &agrave; l&rsquo;Aide Sociale &agrave; l&rsquo;Enfance (ASE)<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>. Elle a pour mission principale d&rsquo;apporter un accompagnement &eacute;ducatif aux jeunes &acirc;g&eacute;s de 11 &agrave; 25 ans en situation de risque ou en difficult&eacute; sociale. Ses professionnels sont appel&eacute;s commun&eacute;ment&nbsp;des <i>&eacute;ducateurs de rue</i> et le <i>travail de rue</i> est leur principal chantier. En se rendant dans les lieux de vie des jeunes (quartiers, c&oelig;urs d&rsquo;immeubles, squares, etc.) et par le recours &agrave; diverses activit&eacute;s de socialisation et d&rsquo;accompagnement (clubs de loisir, chantiers &eacute;ducatifs, sorties culturelles, projets vacances, cours de conduite, d&eacute;pannages divers, dons, pr&ecirc;ts, soutien &eacute;motionnel et/ou familial, suivi des affaires judiciaires, etc.), les &eacute;ducateurs cherchent &agrave; &eacute;tablir une relation de confiance avec les jeunes, pour ensuite les adresser vers les institutions <i>ad hoc </i>ayant les comp&eacute;tences adapt&eacute;es pour les orienter vers la (r&eacute;)insertion professionnelle, la r&eacute;ussite &eacute;ducative ou la prise en charge des probl&egrave;mes par eux-m&ecirc;mes (Peyre et T&eacute;tard, 2006). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Le travail de rue est la d&eacute;marche qui permet &agrave; l&rsquo;&eacute;ducateur d&rsquo;&ecirc;tre en relation avec les jeunes et d&rsquo;&ecirc;tre identifi&eacute; : aucun suivi &eacute;ducatif ne peut &ecirc;tre &eacute;tabli sans le passage des &eacute;ducateurs par la rue, condition de l&eacute;gitimit&eacute;. La relation de confiance &eacute;tablie, l&rsquo;&eacute;ducateur peut alors mettre progressivement en place le suivi&nbsp;: inciter le jeune &agrave; se rendre dans l&rsquo;espace associatif ou &agrave; participer &agrave; des sorties, des rendez-vous &eacute;ducatifs, etc. La rue est donc un pr&eacute;-requis pour orienter le jeune, le convoquer, l&rsquo;inviter &agrave; un rendez-vous formel ou &agrave; d&rsquo;autres activit&eacute;s visant &agrave; l&rsquo;ins&eacute;rer dans d&rsquo;autres cadres sociaux au-del&agrave; du quartier. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une d&eacute;marche &laquo;&nbsp;inductive&nbsp;&raquo; qui pr&eacute;sente un double enjeu&nbsp;: permettre &agrave; l&rsquo;&eacute;ducateur, par le biais de la confiance construite avec le jeune, d&rsquo;&ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme une figure de r&eacute;f&eacute;rence dans le quartier, et cerner, par une pr&eacute;sence constante sur le terrain, ses besoins particuliers pour proposer un accompagnement sp&eacute;cifique et individualis&eacute;.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Des principes &agrave; respecter </span></span></span></b></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Les modalit&eacute;s d&rsquo;intervention de ces professionnels doivent respecter certains principes qui sont au fondement de l&rsquo;action de la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e : l&rsquo;absence de mandat nominatif, la libre adh&eacute;sion, l&rsquo;anonymat, l&rsquo;interinstitutionnalit&eacute;, la non-institutionnalisation des activit&eacute;s et, enfin, le support associatif (Peyre et T&eacute;tard, 2006)</span><span arial="" style="font-family:">. Les trois premiers principes s&rsquo;articulent logiquement dans le cadre travail du terrain. Afin de valoriser au mieux les potentialit&eacute;s des jeunes, l&rsquo;&eacute;ducateur cherche &agrave; trouver des moyens pour que ces derniers viennent &agrave; eux&nbsp;: il leur garantit la discr&eacute;tion des &eacute;changes au motif du principe d&rsquo;anonymat, et leurs rencontres ne sont pas mandat&eacute;es par une institution administrative ou judicaire. Les principes d&rsquo;interinstitutionnalit&eacute;&nbsp;et de non-institutionnalisation exigent de l&rsquo;&eacute;ducateur qu&rsquo;il veille &agrave; une &laquo;&nbsp;juste-dur&eacute;e&nbsp;&raquo;&nbsp;de l&rsquo;accompagnement : les activit&eacute;s propos&eacute;es afin de se rapprocher des jeunes ne doivent pas s&rsquo;institutionnaliser mais servir de support &agrave; la mise en confiance et les amener vers l&rsquo;insertion sociale et professionnelle. L&rsquo;&eacute;ducateur doit donc naviguer de fa&ccedil;on &laquo;&nbsp;naturelle&nbsp;&raquo; entre le monde du quartier et celui des institutions, &eacute;loign&eacute;es de la r&eacute;alit&eacute; quotidienne des jeunes. Enfin, si la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e n&rsquo;est pas une politique en soi, elle assure une forme de relais aupr&egrave;s des jeunes vers l&rsquo;ensemble des dispositifs et partenariats sociaux qui r&eacute;pondent &agrave; la politique sociale destin&eacute;e aux jeunes&nbsp;(en mati&egrave;re d&rsquo;insertion professionnelle, de parentalit&eacute;, d&rsquo;int&eacute;gration par le sport, etc.), jouant ainsi le r&ocirc;le de support associatif de la ville (</span><span arial="" style="font-family:">Peyre et T&eacute;tard 2006 ; </span><span arial="" style="font-family:">Le Goaziou, 2015 ; Louli, 2020)</span><span arial="" style="font-family:">. </span><span arial="" style="font-family:">Les &eacute;ducateurs, quant &agrave; eux, rel&egrave;vent d&rsquo;associations de pr&eacute;vention constitu&eacute;es de petites &eacute;quipes. Leurs locaux d&rsquo;implantation sont souvent localis&eacute;s &agrave; proximit&eacute; des immeubles des cit&eacute;s / quartiers, parfois en leur sein. Leur insertion dans le quartier doit prendre en compte diff&eacute;rents aspects sociologiques afin de mettre en place des actions et un mode de fonctionnement en coh&eacute;rence avec les modes de vie des jeunes du quartier, de la ville ou du territoire. Ces associations doivent &eacute;galement s&rsquo;organiser de fa&ccedil;on &agrave; suivre les orientations des financeurs (D&eacute;partement, Ville, R&eacute;gion, etc.), travailler en articulation avec les &eacute;lus et recourir aux dispositifs locaux d&eacute;di&eacute;s &agrave; l&rsquo;action sociale. </span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Malgr&eacute; le caract&egrave;re formel&nbsp;du r&ocirc;le des associations dans les territoires sensibles, le travail des &eacute;ducateurs d&eacute;pend directement des publics qu&rsquo;ils ont en charge. Les fa&ccedil;ons de faire et proc&eacute;d&eacute;s de la pr&eacute;vention d&eacute;pendent &laquo;&nbsp;des jeunesses&nbsp;&raquo; dont s&rsquo;occupent les &eacute;ducateurs. Face &agrave; leur diversit&eacute;, ceux-ci doivent recourir &agrave; des pratiques adapt&eacute;es&nbsp;: ces &laquo;&nbsp;<i>cam&eacute;l&eacute;ons agiles&nbsp;</i>&raquo; selon l&rsquo;expression de Le Goaziou (2020)<i> </i>doivent se montrer polyvalents sur le terrain et capables d&rsquo;adaptation selon les publics et les demandes. Or, les RSN sont devenus de v&eacute;ritables &laquo;&nbsp;lieux de vie&nbsp;virtuels &raquo; pour les jeunes, qui &eacute;chappent aux professionnels. Revenons avant cela sur la notion de num&eacute;rique.</span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Le num&eacute;rique&nbsp;: une notion qui veut tout et rien dire</span></span></span></b></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Le d&eacute;veloppement technologique au cours des dix derni&egrave;res ann&eacute;es a conduit &agrave; une multiplication des modes d&rsquo;utilisation des outils num&eacute;riques, qui ont vu leur p&eacute;rim&egrave;tre s&rsquo;&eacute;largir au-del&agrave; de la seule sph&egrave;re de la recherche scientifique (statistique, renouvellement de l&#39;industrie, etc.) (Cardon, 2015&nbsp;; Boullier, 2019). Cette &laquo;&nbsp;invasion&nbsp;&raquo; du num&eacute;rique dans nos espaces les plus intimes trouve sa traduction dans les outils technologiques qui font d&eacute;sormais partie int&eacute;grante de notre vie quotidienne priv&eacute;e comme professionnelle&nbsp;: smartphone, tablette et ordinateurs, et dans l&rsquo;usage massif des RSN, ces plateformes ou m&eacute;dias sociaux qui proposent un service de communications et d&rsquo;&eacute;changes spontan&eacute;s entre les individus. En 2019, la recherche nationale &laquo;&nbsp;Barom&egrave;tre du Num&eacute;rique&nbsp;&raquo; indiquait que 6 fran&ccedil;ais sur 10 ont eu recours au moins une fois aux RSN en 2019 et que 82% de la population utilise les messageries instantan&eacute;es pour communiquer. Ces RSN et messageries portent les noms mondialement connus de Facebook - Messenger, Instagram - Direct, Tik-Tok, Snapchat &ndash; Snap, etc.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">La mont&eacute;e en puissance des RSN, associ&eacute;e &agrave; un acc&egrave;s de plus en plus ais&eacute; &agrave; internet et aux &eacute;crans, nous am&egrave;ne parfois &agrave; r&eacute;duire la notion de &laquo;&nbsp;num&eacute;rique&nbsp;&raquo; &agrave; ces seuls outils de communication. Le d&eacute;veloppement d&rsquo;un discours m&eacute;diatique - qui cherche constamment &agrave;&nbsp;d&eacute;noncer de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;ralisante les effets pervers des RSN (via notamment des reportages sur des cas de cyberharc&egrave;lement, des affrontements entre jeunes suite &agrave; des injures sur une application, sur l&rsquo;addiction aux jeux en ligne ou aux &eacute;crans, entre autres) - contribue &agrave; construire un ensemble d&rsquo;id&eacute;es communes qui conduisent &agrave; des formes de rejet quasi-dogmatique du num&eacute;rique et des RSN,. De m&ecirc;me, l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie de COVID-19 et les modalit&eacute;s d&rsquo;enseignement &agrave; distance qui ont &eacute;t&eacute; mises en place dans l&rsquo;urgence, sans que des formations informatiques ne soient propos&eacute;es aux diff&eacute;rents acteurs, ni que l&rsquo;ensemble des conditions mat&eacute;rielles n&rsquo;ait &eacute;t&eacute; r&eacute;uni pour le bon d&eacute;roulement du travail &agrave; domicile, a rappel&eacute; que le num&eacute;rique peut aussi &ecirc;tre un marqueur d&rsquo;in&eacute;galit&eacute;s&nbsp;(illectronisme, analphab&eacute;tisme technologique). Nul ne saurait dire aujourd&rsquo;hui, comme l&rsquo;affirme le sociologue Dominique Boullier (2019&nbsp;: 5) &laquo;&nbsp;<i>que le num&eacute;rique n&rsquo;est pas pens&eacute;, n&rsquo;est pas auscult&eacute;, n&rsquo;est pas diagnostiqu&eacute; comme un ph&eacute;nom&egrave;ne majeur dans notre temps. Mieux m&ecirc;me, tout le monde a son avis sur la question et ne se prive pas de l&rsquo;exprimer ou de le publier</i>&nbsp;&raquo;. Or, les recherches dans le domaine de la sociologie du num&eacute;rique nous invitent &agrave; prendre du recul et &agrave; &eacute;tudier la notion non &agrave; travers un ensemble d&rsquo;a prioris, de pr&eacute;jug&eacute;s ou de rassemblements de faits divers, mais comme un objet sociologique, comme une &laquo;&nbsp;bo&icirc;te noire&nbsp;&raquo; (Cardon, 2015) qui doit &ecirc;tre d&eacute;taill&eacute;e dans toutes ces cat&eacute;gories. </span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">La d&eacute;mocratisation d&rsquo;internet et des outils num&eacute;riques </span></span></span></b></span></span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">La grande bascule qui a rendu ces outils technologiques indispensables &agrave; notre vie actuelle tient dans le mariage entre &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;volution des outils num&eacute;riques technologiques&nbsp;&raquo; et internet (Cardon, 2010&nbsp;; 2019). La d&eacute;mocratisation des&nbsp;nouvelles technologies de l&rsquo;information et de la communication et d&rsquo;internet a permis aux individus d&rsquo;en faire usage dans le cadre professionnel et personnel. On parle aujourd&rsquo;hui du &laquo;&nbsp;cyberespace&nbsp;&raquo;&nbsp;comme l&rsquo;espace virtuel qui rassemble les individus, internautes derri&egrave;re leur &eacute;cran, utilisant cet espace de fa&ccedil;on continu pour chercher de l&rsquo;information, &eacute;changer sur des chats, communiquer, vendre, jouer, regarder des films, travailler, etc. La sociologie a montr&eacute; au cours des derni&egrave;res d&eacute;cennies, notamment par les recherches autour des usages num&eacute;riques des jeunes, que le cyberespace, entendu comme le monde des relations en ligne, est aujourd&#39;hui au c&oelig;ur des rapports sociaux, m&ecirc;lant le virtuel au r&eacute;el. Pour ce qui est des jeunes en particulier, objet de notre &eacute;tude, ils l&rsquo;utilisent pour s&rsquo;affirmer, construire leurs identit&eacute;s, d&eacute;couvrir leurs go&ucirc;ts et leurs int&eacute;r&ecirc;ts, dialoguer avec leur groupe de pairs (Balleys, 2015&nbsp;; 2017&nbsp;; Blaya, 2013), s&rsquo;&eacute;duquer en mati&egrave;re de sexualit&eacute; (Amsellem-Mainguy et Vuattoux, 2020&nbsp;; Couchout-Schiex et Moignard, 2020), entre autres. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Pour, le sociologue Dominique Boullier (2019), le num&eacute;rique est en ce sens un concept &laquo;&nbsp;<i>pervasif</i>&nbsp;&raquo; car la notion connecte toutes nos activit&eacute;s, des plus intimes aux plus collectives, du monde physique dans le cyberespace. Ainsi, tout peut &ecirc;tre affect&eacute; par le num&eacute;rique&nbsp;: la conversion des musiques CD en MP3, la num&eacute;risation de documents, l&rsquo;envoi d&rsquo;un SMS, peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s dans leur dimension num&eacute;rique, tout comme l&rsquo;utilisation de Google ou de Facebook, la r&eacute;alisation d&rsquo;une inscription universitaire en ligne, ou encore la conception d&rsquo;un nouveau logiciel pour une usine. Le num&eacute;rique ne s&rsquo;arr&ecirc;te donc pas aux RSN&nbsp;: ceux-ci ne sont en r&eacute;alit&eacute; qu&rsquo;une r&eacute;ponse technologique au besoin d&rsquo;amplification des communications entre les individus. Les RSN sont une nouvelle technologie de l&rsquo;information et de la communication parmi tant d&rsquo;autres &agrave; laquelle les internautes ont recours au sein du cyberespace. &nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il convient de rappeler d&rsquo;ailleurs que la notion de &laquo;&nbsp;r&eacute;seaux sociaux&nbsp;&raquo;, d&rsquo;un point de vue sociologique, pr&eacute;c&egrave;de la cr&eacute;ation d&rsquo;internet&nbsp;: elle fut consacr&eacute;e par John Barnes en 1954 pour &laquo;&nbsp;<i>designer des ensembles de relations entre personnes ou entre groupes sociaux</i>&nbsp;&raquo; (Merckl&eacute;, 2011 : 3)</span><span arial="" style="font-family:">. Fabriquer du lien social, s&rsquo;entourer, cr&eacute;er des r&eacute;seaux d&rsquo;amis, tout cela consiste en la constitution de &laquo; r&eacute;seaux sociaux&nbsp;&raquo;. Ces r&eacute;seaux sont essentiels pour nous aider &agrave; nous affirmer, pour d&eacute;velopper un sentiment d&rsquo;appartenance et pour se &laquo;&nbsp;sentir &agrave; sa place&nbsp;&raquo; dans la soci&eacute;t&eacute; </span><span arial="" style="font-family:">(Bidart, Degenne, et Grossetti, 2011)</span><span arial="" style="font-family:">. Le &laquo;&nbsp;r&eacute;seau social&nbsp;&raquo; est donc un concept global qui concerne autant les adultes que les jeunes, et qui embarque l&rsquo;ensemble des relations des individus, qu&rsquo;elles soient personnelles, familiales ou professionnelles. Les applications en ligne comme Facebook ou Snapchat font partie de notre monde social, non comme une sph&egrave;re &agrave; part, mais comme une extension, voire un compl&eacute;ment de nos relations quotidiennes qui permettent aux individus de maintenir le lien en dehors des rapports physiques ou d&rsquo;organiser leurs propres rencontres. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Ainsi, dans le cadre de cette recherche, nous &eacute;tudions les modalit&eacute;s d&rsquo;usage du num&eacute;rique par les &eacute;ducateurs (internet, RSN et en particulier les applications &ndash; Snapchat et WhatsApp<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>) pour maintenir un continuum d&rsquo;&eacute;changes avec les jeunes qu&rsquo;ils suivent dans le cadre du travail social. On commence par aborder les analyses quantitatives concernant les positionnements des &eacute;ducateurs, en les croisant avec leur niveau de dipl&ocirc;me.</span></span></span></p> <div> <p style="text-align: justify; margin-top: 16px;"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Appropriation du num&eacute;rique et dipl&ocirc;me des &eacute;ducateurs dans le travail d&rsquo;accompagnement aupr&egrave;s des jeunes</span></span></span></b></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Pour arriver aux constats que nous d&eacute;veloppons dans cette partie, nous nous appuyons sur le questionnaire que nous avons r&eacute;alis&eacute; aupr&egrave;s des &eacute;ducateurs (voir les d&eacute;tails dans la m&eacute;thodologie). Sachant la soci&eacute;t&eacute; marqu&eacute;e d&rsquo;une forte emprise des dipl&ocirc;mes (Dubet, et.al, 2010) il est int&eacute;ressant de faire le croisement entre le niveau de dipl&ocirc;mes des &eacute;ducateurs et leur appr&eacute;hension du num&eacute;rique dans l&rsquo;exercice de leur m&eacute;tier. Il est &eacute;galement recherch&eacute; si tout au long de leur formation, les professionnels les plus dipl&ocirc;m&eacute;s se sont vus dispens&eacute;s des cours ou du moins une sensibilisation sur cette th&eacute;matique. Les retours des questionnaires montrent clairement une carence en la mati&egrave;re. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">En effet, les professionnels ont largement r&eacute;pondu, quel que soit leur niveau de dipl&ocirc;me, ne pas avoir &eacute;t&eacute; form&eacute;s techniquement aux outils num&eacute;riques (80%), ni du point de vue &eacute;thique et d&eacute;ontologique (87%) (Moignard &amp; Bortolotti, 2021). Pourtant, 69 % d&rsquo;entre eux, tous dipl&ocirc;mes confondus, estime qu&rsquo;il convient d&rsquo;y recourir dans leurs pratiques professionnelles, afin d&rsquo;&eacute;changer avec les jeunes et de parvenir &agrave; les mobiliser plus facilement dans les activit&eacute;s diverses qu&rsquo;ils proposent. Si plus de la moiti&eacute; des &eacute;ducateurs consid&egrave;re qu&rsquo;il existe un besoin d&rsquo;innovation dans le m&eacute;tier qui passe notamment par la prise en compte du num&eacute;rique &ndash; comme le reconnait Sofiane, 42 ans, S2&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>finalement, si je dois aller l&agrave; o&ugrave; sont les jeunes, je dois aller dans le cyberespace parce que les jeunes sont l&agrave;&nbsp;</i>&raquo;, on constate qu&rsquo;ils s&rsquo;en sentent emp&ecirc;ch&eacute;s en raison de l&rsquo;absence d&rsquo;un cadre de formation adapt&eacute;. Ainsi, les r&eacute;sistances &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration des RSN ne traduisent pas un refus cat&eacute;gorique des &eacute;ducateurs &agrave; int&eacute;grer de plus en plus les RSN dans leurs pratiques mais sont le r&eacute;sultat d&rsquo;un contexte d&rsquo;incertitudes et d&rsquo;un manque de formation et de cadre institutionnel en la mati&egrave;re.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Avant de d&eacute;tailler ces constats, un d&eacute;tour par le profil de dipl&ocirc;mes des r&eacute;pondants au questionnaire est int&eacute;ressant. Notons que le public est relativement &eacute;quilibr&eacute; dans la relation entre sexe et dipl&ocirc;me. Les &eacute;ducateurs de notre enqu&ecirc;te sont nombreux &agrave; avoir eu une formation en &eacute;ducation sp&eacute;cialis&eacute;e (Dipl&ocirc;me de l&rsquo;&Eacute;tat d&rsquo;&Eacute;ducateur Sp&eacute;cialis&eacute; &ndash; DEES, Dipl&ocirc;me Sup&eacute;rieur en Travail Social &ndash; DSTS, Dipl&ocirc;me de l&rsquo;&Eacute;tat Moniteur &Eacute;ducateur - DEME) ou d&rsquo;un niveau universitaire post-licence (master en &eacute;ducation ou travail social majoritairement). Tr&egrave;s peu n&rsquo;ont qu&rsquo;un niveau baccalaur&eacute;at ou brevet. Les r&eacute;sultats t&eacute;moignent donc d&rsquo;un niveau de dipl&ocirc;me relativement &eacute;lev&eacute; chez cette cat&eacute;gorie de professionnels<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></p> <div> <p><img height="174" src="https://www.numerev.com/img/ck_936_10_image1.png" width="644" /><br /> <span style="font-size:9pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-style:italic"><span arial="" style="font-family:">Tableau 1</span><span arial="" style="font-family:"> &ndash; Niveau de dipl&ocirc;me &eacute;ducateurs de la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;analyse par niveau de dipl&ocirc;me montre que plus les professionnels sont dipl&ocirc;m&eacute;s, plus ils sont r&eacute;fractaires &agrave; int&eacute;grer le num&eacute;rique dans leur exercice. Si au global, une majorit&eacute; des &eacute;ducateurs s&rsquo;accorde sur l&rsquo;importance d&rsquo;int&eacute;grer les r&eacute;seaux sociaux dans leur pratique, ce sont ceux dont le niveau de formation est de I et II qui en ont le plus de r&eacute;serves. Seulement 6% d&rsquo;entre eux consid&egrave;re en effet que l&rsquo;usage des RSN est utile d&rsquo;un point de vue professionnel et 33% pense qu&rsquo;il faut &eacute;viter l&rsquo;utilisation des RSN pour des raisons &eacute;thiques et d&eacute;ontologiques. Chez les dipl&ocirc;m&eacute;s des niveaux IV et V, ils sont respectivement 64% et 17%. En revanche, ceux qui ont un dipl&ocirc;me de niveau III, souvent les Dipl&ocirc;mes d&rsquo;&Eacute;tat li&eacute;s au travail social, restent divis&eacute;s sur l&rsquo;utilit&eacute; des RSN, mais reconnaissent &agrave; 80% que les principes &eacute;thiques et d&eacute;ontologiques du m&eacute;tier ne doivent pas faire obstacle &agrave; l&rsquo;usage des RSN.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><img height="290" src="https://www.numerev.com/img/ck_936_10_image2.png" width="792" /></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:9pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-style:italic"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Tableau 2 - D&#39;un point de vue professionnel, l&#39;utilisation des r&eacute;seaux sociaux est utile.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoCaption" style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><img height="188" src="https://www.numerev.com/img/ck_936_10_image3.png" width="708" /></p> <p class="MsoCaption" style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><em>Tableau 3 - Il faut &eacute;viter l&#39;utilisation des r&eacute;seaux sociaux pour des raisons &eacute;thiques et d&eacute;ontologiques</em>.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Ces r&eacute;sultats conduisent &agrave; deux observations. Tout d&rsquo;abord, les &eacute;ducateurs les plus dipl&ocirc;m&eacute;s, majoritaires en nombre, se montrent peu &agrave; l&rsquo;aise avec le num&eacute;rique&nbsp;: ils n&rsquo;ont pas eu dans leurs &eacute;tudes sup&eacute;rieures de v&eacute;ritable&nbsp;formation aux pratiques num&eacute;riques. On note dans nos entretiens qu&rsquo;ils y ont &agrave; de rares occasions &eacute;t&eacute; sensibilis&eacute;s, mais seulement en surface quand ce fut le cas, et dans le sens d&rsquo;une prise de distance et de vigilance. <b>D&rsquo;autre part, on constate que les professionnels sont dans leur majorit&eacute; ouverts &agrave; cette prise en consid&eacute;ration du num&eacute;rique mais notent que le manque de d&eacute;bat et de formation &eacute;thique d&eacute;veloppe des crispations conduisant au blocage.</b> Pendant ces trois ans d&rsquo;enqu&ecirc;te, nous avons eu l&rsquo;occasion d&rsquo;&eacute;changer avec un certain nombre d&rsquo;&eacute;ducateurs en fin de formation (notamment DEES)&nbsp;: aucun d&rsquo;eux n&rsquo;affirme avoir re&ccedil;u de formation sur le num&eacute;rique, ou seulement des interventions ponctuelles de sensibilisation sur des th&eacute;matiques sp&eacute;cifiques (harc&egrave;lement, logiciels de cr&eacute;ation vid&eacute;o ou musicale, informatique, etc.). Lola, 22 ans, S2, qui &eacute;tait en stage de fin de formation en 2019 rend compte de cette lacune :</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><q><i><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:">Enqu&ecirc;trice :</span></span></b><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:">&nbsp; Et l&agrave;, tu as eu des formations sur ce&nbsp;sujet pendant tout ce temps ?</span></span></span></span></span></i></q></p> <p style="text-align:justify"><q><i><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:">Lola :</span></span></b><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:"> Vraiment de&nbsp;surface hein. Pas beaucoup du tout.&nbsp;D&#39;autant plus que les terrains double&nbsp;cursus licence&nbsp;du coup c&#39;&eacute;tait plus concentr&eacute; sur la&nbsp;licence de psychologie donc forc&eacute;ment&nbsp;pas sur les r&eacute;seaux sociaux donc oui mais&nbsp;peut-&ecirc;tre le temps d&#39;une journ&eacute;e ce qui n&#39;est&nbsp;pas vraiment, enfin &ccedil;a suffit pas.</span></span></span></span></span></i></q></p> <p style="text-align:justify"><q><i><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">Enqu&ecirc;trice<span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm"> :</span></span></span></b><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:">&nbsp; Et, dans l&#39;association que tu &eacute;tais avant, c&#39;est l&agrave;...&nbsp;quand tu es arriv&eacute;e. Les gens t&#39;ont&nbsp;dit quoi sur sujets-l&agrave; ? Comment ils t&#39;ont abord&eacute;, t&#39;ont&nbsp;pr&eacute;sent&eacute; le sujet des r&eacute;seaux sociaux&nbsp;avec les jeunesses ? Qu&#39;est-ce qu&#39;ils t&#39;ont dit ?&nbsp;</span></span></span></span></span></i></q></p> <p style="text-align:justify"><q><i><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">Lola<span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm"> :</span></span></span></b><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:"> On n&#39;a pas discut&eacute; finalement c&#39;est all&eacute; rapidement en route avec des partenaires. Quand&nbsp;il y a des probl&egrave;mes comme &ccedil;a on en&nbsp;discute tr&egrave;s vite pour informer que&nbsp;voil&agrave; il y a ce probl&egrave;me actuel sur le&nbsp;quartier, on n&rsquo;a vraiment pas le temps de parler, qu&#39;est-ce&nbsp;qu&#39;on peut faire en amont. Donc voil&agrave; &ccedil;a&nbsp;ne s&rsquo;est pas pos&eacute; comme un sujet qu&#39;il faut&nbsp;travailler, &ccedil;a s&#39;est pos&eacute; plus comme bah&nbsp;urgence finalement le probl&egrave;me il l&agrave;, qu&#39;est-ce qu&#39;on fait le plus vite ?</span></span></span></span></span></i></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Second constat, les &eacute;ducateurs les moins dipl&ocirc;m&eacute;s ont moins de r&eacute;serves &agrave; utiliser les outils num&eacute;riques dans le cadre professionnel malgr&eacute; leur absence de formation dans ce domaine. Cependant, ces initiatives qui ont une vis&eacute;e d&rsquo;am&eacute;lioration des relations avec les jeunes&nbsp;sont tr&egrave;s largement individuelles, et ne repose pas sur une d&eacute;marche institutionnelle&nbsp;: les &eacute;ducateurs s&rsquo;autog&egrave;rent et d&eacute;finissent eux-m&ecirc;mes leurs propres r&egrave;gles d&rsquo;utilisation. Il faut relever &agrave; ce stade que l&rsquo;ensemble des &eacute;ducateurs interrog&eacute;s, quelle qu&rsquo;ait &eacute;t&eacute; leur approche, partagent un m&eacute;contentement sur l&rsquo;absence de directives cadre et de formation &agrave; l&rsquo;usage des r&eacute;seaux sociaux. Ils t&eacute;moignent d&rsquo;un isolement dans cette d&eacute;marche qui pose de nombreuses questions sur un plan juridique, en particulier sur la gestion des situations &agrave; risque dont ils peuvent &ecirc;tre t&eacute;moins, comme le rapporte K&acirc;mil, 47 ans, S7, plus de 10 ans dans la pr&eacute;vention :</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><q><i><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:">La question des r&eacute;seaux sociaux &ccedil;a reste en fait des initiatives individuelles des &eacute;ducateurs, hein. Y a&nbsp;aucune commande de la direction ou de qui que ce soit. Donc, &ccedil;a c&#39;est&nbsp;chaque &eacute;ducateur en fonction, voil&agrave;, des&nbsp;liens qu&rsquo;il &eacute;tablit avec les jeunes, il garde, il va&nbsp;garder ou pas le&nbsp;contact durant sa p&eacute;riode de vacances, ou durant le week-end et pendant le confinement, donc, voil&agrave;. Moi comme je t&#39;ai dit, je reste persuad&eacute;,&nbsp;moi, c&#39;est, moi les r&eacute;seaux sociaux c&#39;est un &eacute;l&eacute;ment de contact, c&rsquo;est de rester en contact avec&nbsp;les jeunes, ni plus ni moins, c&#39;est-&agrave;-dire je ne suis&nbsp;pas dans une d&eacute;marche de, de dire &laquo;&nbsp;&ccedil;a&nbsp;am&eacute;liore ou s&#39;am&eacute;liore pas&nbsp;&raquo;. Parce qu&#39;il y a&nbsp;quelques ann&eacute;es de &ccedil;a moi j&#39;ai particip&eacute;,&nbsp;quand les portables sont arriv&eacute;s, j&rsquo;&eacute;tais aussi&nbsp;avec les anciennes &eacute;quipes qui disaient &laquo;&nbsp;la libre adh&eacute;sion, il faut pas appeler&nbsp;les jeunes, il faut pas qu&#39;on ait un portable, il faut que les jeunes ils viennent&nbsp;&raquo;. Donc,&nbsp;vous voyez ce d&eacute;bat-l&agrave;, il est tr&egrave;s ancien et&nbsp;maintenant il y a les r&eacute;seaux&nbsp;sociaux, mais les r&eacute;seaux sociaux c&#39;est pas parce que c&#39;est les r&eacute;seaux sociaux, c&#39;est juste un moyen de contact, effectivement. Voil&agrave;, parce qu&#39;eux, ils communiquent comme &ccedil;a. Donc,&nbsp;pour rentrer en&nbsp;contact avec eux, pour rester en lien&nbsp;avec eux, c&#39;est un des moyens, c&rsquo;est, ni&nbsp;plus ni moins, c&#39;est &agrave; dire j&#39;ai pas&nbsp;essay&eacute; de, de faire une recherche pour&nbsp;comprendre est-ce que &ccedil;a am&eacute;liore ou s&#39;am&eacute;liore&nbsp;pas, ou ?&nbsp; Et, je les utilise pour passer, pour&nbsp;donner une information, pour rester en&nbsp;contact avec eux et ni plus, ni moins, en fait.</span></span></span></span></span></i></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Ces questionnements ont pris de l&rsquo;ampleur lors de la premi&egrave;re p&eacute;riode du confinement pour COVID puisque les &eacute;ducateurs se sont massivement tourn&eacute;s vers des pratiques de suivi num&eacute;rique. Leurs t&eacute;moignages sur ces exp&eacute;riences traduisent l&rsquo;importance d&rsquo;adapter l&rsquo;exercice du travail social &agrave; cette nouvelle dimension. Le prochain chapitre revient justement sur ces prises d&rsquo;initiatives individuelles et distingue les profils d&rsquo;&eacute;ducateurs entre <b>ceux qui sont les plus &agrave; l&rsquo;aise et ceux qui en sont les plus r&eacute;ticents.</b> </span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Le num&eacute;rique et le COVID&nbsp;: les contradictions des postures professionnelles et modes de prise en charge</span></span></span></b></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Dans cette derni&egrave;re partie, nous revenons sur le &laquo;&nbsp;bricolage&nbsp;&raquo; des &eacute;ducateurs ayant recouru au num&eacute;rique pendant le COVID. On s&rsquo;appuie ici sur treize entretiens r&eacute;alis&eacute;s apr&egrave;s la premi&egrave;re p&eacute;riode du confinement au printemps 2020. Il convient de noter que durant cette p&eacute;riode, bon nombre d&rsquo;&eacute;ducateurs se sont lanc&eacute;s dans le num&eacute;rique. Cette exp&eacute;rience a conduit &agrave; remettre en perspective le travail de rue : si l&rsquo;essence de leur m&eacute;tier consiste &agrave; &ecirc;tre dans le quartier aupr&egrave;s des jeunes, le maintien au domicile exig&eacute; par les conditions sanitaires revenait en quelque sorte &agrave; ne plus pouvoir travailler, en rendant impossible tout contact rapproch&eacute; que la fonction exige. La communication avec les jeunes via les RSN a &eacute;t&eacute; le moyen d&rsquo;assurer une continuit&eacute; du suivi : cet exercice de &laquo;&nbsp;rue virtuelle&nbsp;&raquo; permettait de poursuivre l&rsquo;accompagnement de certains jeunes. Les &eacute;ducateurs se sont familiaris&eacute;s avec les applications les plus utilis&eacute;es par les jeunes&nbsp;: Snapchat (application de photos-messages instantan&eacute;s et &eacute;ph&eacute;m&egrave;res) et WhatsApp (application de messagerie en ligne). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Deux profils d&rsquo;&eacute;ducateurs correspondant &agrave; deux types de rapport au num&eacute;rique ont pu &ecirc;tre identifi&eacute;s : ceux qui ont mis en place une d&eacute;marche de communication tr&egrave;s cadr&eacute;e et ceux pour lesquels cette d&eacute;marche fut tr&egrave;s al&eacute;atoire, voire inexistante. Le premier groupe, &eacute;prouvant une certaine culpabilit&eacute; &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de &laquo;&nbsp;rester &agrave; la maison&nbsp;&raquo; et d&rsquo;avoir peu de contact avec les jeunes, a pr&eacute;sent&eacute; une approche pragmatique, reconnaissant que les jeunes&nbsp;sont de plus en plus pr&eacute;sents dans le cyberespace. Ces &eacute;ducateurs justifient leur immersion dans le monde en ligne sur la base des principes professionnels qui guident leur m&eacute;tier. D&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, les &eacute;ducateurs qui ont eu une correspondance plus al&eacute;atoire avec les jeunes, ont d&eacute;montr&eacute; une posture plus critique vis-&agrave;-vis de leur encadrement, &eacute;voquant leur manque de cadrage sur l&rsquo;articulation de ces nouveaux usages &agrave; ces m&ecirc;mes principes du m&eacute;tier. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="border:none windowtext 1.0pt; font-family:">Le confinement a &eacute;galement permis aux &eacute;ducateurs de confirmer leurs intuitions concernant le rapport entre les r&eacute;seaux sociaux et la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e&nbsp;: la d&eacute;marche renforce les liens d&eacute;j&agrave; &eacute;tablis dans le cadre du travail de rue quotidien. En miroir, elle expose les &eacute;ducateurs &agrave; un degr&eacute; d&rsquo;intimit&eacute; sup&eacute;rieur avec les jeunes, en les rendant parfois t&eacute;moins de certaines situations d&eacute;licates, par exemple sur leurs stories. Or, les &eacute;ducateurs ne ma&icirc;trisent pas bien les modalit&eacute;s possibles d&rsquo;intervention dans ce nouveau contexte, qui n&eacute;cessite a minima un appui institutionnel et un cadre d&eacute;ontologique<font color="#2f5496"><b>.</b></font></span></span></span><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><a name="_Toc60813631"></a></span></span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><a name="_Toc60813631"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Les &eacute;ducateurs face au num&eacute;rique&nbsp;</span></span></span></b></a><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">: entre contradictions et innovations</span></span></span></b></span></span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Six &eacute;ducateurs que nous avons suivis ont eu une utilisation al&eacute;atoire des RSN, privil&eacute;giant une communication par SMS et appels t&eacute;l&eacute;phoniques avec les jeunes pendant la p&eacute;riode du confinement. Rapha&euml;l, 34 ans, S3 et K&acirc;mil, 47 ans, S7 sont deux exemples. Ils ne font pas partie de la m&ecirc;me structure et ont une anciennet&eacute; distincte (respectivement 5 ans et plus de 10 ans). Leur usage des RSN a &eacute;t&eacute; sporadique, ne r&eacute;pondant pas &agrave; un cadre professionnel pr&eacute;cis. Rapha&euml;l explique&nbsp;que si son &eacute;quipe avait un cadre de t&eacute;l&eacute;travail&nbsp;&ndash; avec des horaires &agrave; respecter, des appels &agrave; r&eacute;aliser dans la journ&eacute;e &ndash; ils n&rsquo;avaient pas de directive pr&eacute;cise sur la m&eacute;thode d&rsquo;utilisation de Snapchat&nbsp;de la part de leur hi&eacute;rarchie : &laquo;&nbsp;<i><span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">Tu vois, enfin,&nbsp;on avait, on avait un cadre par&nbsp;rapport au temps horaire, on n&rsquo;avait pas de&nbsp;cadre par rapport &agrave; l&#39;utilisation des... on faisait un peu ce qu&#39;on voulait, entre&nbsp;guillemets,&nbsp;par rapport &agrave;&nbsp;l&#39;utilisation des r&eacute;seaux sociaux. Y&nbsp;a pas trop de&nbsp;clairement dit...</span>&nbsp;</i>&raquo; (Rapha&euml;l, 35 ans, S3). &nbsp;A l&rsquo;inverse de cette cat&eacute;gorie d&rsquo;&eacute;ducateurs, une autre, compos&eacute;e de sept &eacute;ducateurs, affirme avoir eu recours &agrave; Snapchat car la p&eacute;riode les y a forc&eacute;e, malgr&eacute; l&rsquo;absence de consigne de leur direction. Ces &eacute;ducateurs justifient cette initiative par le renforcement du lien avec les jeunes que permet l&rsquo;application Snapchat en raison de la facilit&eacute; et de la rapidit&eacute; de la communication. Par rapport au premier groupe, ces &eacute;ducateurs se sont montr&eacute;s beaucoup plus structur&eacute;s, t&acirc;chant au maximum de respecter un cadre de travail, comme l&rsquo;explique Cl&eacute;ment, 34 ans, S3&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><q><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">Bah,&nbsp;pour<span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm"> ma part, moi je n&#39;&eacute;tais&nbsp;pas sur les r&eacute;seaux sociaux avec les&nbsp;jeunes jusqu&#39;&agrave;... Nous, on avait vaguement&nbsp;parl&eacute; en &eacute;quipe et puis voil&agrave; tant&nbsp;que ce n&#39;&eacute;tait pas cadr&eacute; pour&nbsp;l&#39;instant, bah on n&#39;&eacute;tait pas forc&eacute;ment&nbsp;dessus. Il y a un vrai d&eacute;sir qu&rsquo;il y ait un&nbsp;cadre pour qu&rsquo;on&nbsp;l&rsquo;installe sur nos&nbsp;t&eacute;l&eacute;phones professionnels les r&eacute;seaux&nbsp;sociaux. Et comme l&agrave;, il y a eu le confinement et&nbsp;que, bon, voil&agrave; en plus j&rsquo;&eacute;tais&nbsp;facilitateur de l&rsquo;enqu&ecirc;te, la question elle m&#39;int&eacute;ressait,&nbsp;&agrave; un moment donn&eacute; je me suis dit bon &laquo;&nbsp;je&nbsp;me lance tout seul&nbsp;&raquo;.&nbsp; Et je me suis install&eacute; Snapchat, WhatsApp et Instagram. Mais Instagram, bon c&#39;est pas&nbsp;tr&egrave;s... j&#39;ai pas&nbsp;vu beaucoup&nbsp;de retours int&eacute;ressants sur Instagram. Mais, ouais, sur Snapchat c&#39;&eacute;tait plus&nbsp;une surprise pour les jeunes. Au niveau&nbsp;de l&#39;accompagnement de les contacter sur, enfin, de&nbsp;leur demander d&#39;abord &laquo;&nbsp;ben, voil&agrave; j&#39;ai Snap est-ce que tu veux m&rsquo;ajouter&nbsp;&raquo;. Ils &eacute;taient&nbsp;plut&ocirc;t &eacute;tonn&eacute;s, surpris et c&#39;&eacute;tait&nbsp;plus entre guillemets un jeu, je pense au&nbsp;d&eacute;but.&nbsp; Et, puis, voil&agrave;. Et puis WhatsApp, ouais, WhatsApp &ccedil;a permet de faire une&nbsp;messagerie group&eacute;e. Donc moi je m&rsquo;en suis un&nbsp;petit peu servi aussi, voil&agrave;. J&#39;avais pr&eacute;venu l&#39;&eacute;quipe et&nbsp;la direction, je pense dans des &eacute;changes comme &ccedil;a, rien&nbsp;de tr&egrave;s formel,&nbsp;mais, en&nbsp;tout cas je leur avais dit que, ouais &agrave; un moment donn&eacute;&nbsp;j&rsquo;avais envie de le faire et&nbsp;je l&rsquo;ai fait quoi.&nbsp; Mais, je sais qu&#39;on en a&nbsp;parl&eacute; r&eacute;cemment en r&eacute;union et mon directeur il m&#39;a&nbsp;m&ecirc;me redit &laquo;&nbsp;oui, mais&nbsp;c&#39;est vrai tu l&#39;avais dit que tu le ferais&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Le choix de se lancer sur les RSN s&rsquo;accompagne d&rsquo;un sentiment d&rsquo;abandon des &eacute;ducateurs dans cette p&eacute;riode. Gabriel et Adama, &acirc;ges non renseign&eacute;es, S6, deux &eacute;ducateurs d&rsquo;une m&ecirc;me association, Gabriel ayant plus de 10 ans dans celle-ci et Adama qui a pris son poste &laquo;&nbsp;<i>juste avant la COVID&nbsp;&raquo;,</i> expliquent que leur cheffe de service a mis en place une charte de t&eacute;l&eacute;travail, identifiant une liste de jeunes </span></span><span arial="" style="font-family:">&agrave; suivre en particulier pendant le confinement&nbsp;: cette charte ne donnait aucune consigne sur l&rsquo;utilisation de Snapchat. &laquo;&nbsp;<i><span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">On nous demandait le nombre de jeunes qu&#39;on suivait, on nous demandait aussi ce qu&#39;on faisait au niveau&nbsp;du travail. Mais&nbsp;pas&nbsp;forc&eacute;ment ce qu&#39;on pouvait voir et&nbsp;apercevoir sur les r&eacute;seaux sociaux</span></i><span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">&nbsp;&raquo; explique Adama. Ces</span> deux &eacute;ducateurs ont d&eacute;fini ensemble une m&eacute;thode de travail, qui consistait &agrave; commencer la journ&eacute;e par une &laquo;&nbsp;<i>pr&eacute;paration aux r&eacute;seaux&nbsp;sociaux&nbsp;</i>&raquo; et se poursuivait par le suivi des devoirs scolaires. Adama en donne les d&eacute;tails&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><q><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:">Sur Snapchat. Donc, je pense&nbsp;qu&rsquo;&agrave; un moment donn&eacute; quand moi je suis dans&nbsp;la&nbsp;cr&eacute;ation de service, il y a le&nbsp;questionnaire (il se r&eacute;f&egrave;re au questionnaire de notre enqu&ecirc;te). Donc je passe &eacute;tape par &eacute;tape. Il y a&nbsp;mon coll&egrave;gue qui me parle de ce&nbsp;qui s&#39;est pass&eacute; dans son quartier,&nbsp;comment &ccedil;a s&#39;est produit avec le r&eacute;seau (il se r&eacute;f&egrave;re &agrave; une bagarre suite &agrave; des insultes entre jeunes en ligne),&nbsp;le questionnaire est l&agrave;, je m&#39;interroge,&nbsp;je parle avec ma cheffe de service, je remplis le questionnaire,&nbsp;il y a le confinement au&nbsp;mois de mars. Je commence ma cr&eacute;ation mais tout en un ayant une petite, pas une&nbsp;distance, mais tout en ayant une&nbsp;crainte en me disant que j&#39;ai un coll&egrave;gue, il n&#39;y a pas longtemps, il a &eacute;t&eacute; confront&eacute;&nbsp;&agrave; une rixe, o&ugrave; il y a eu un homicide, o&ugrave; s&#39;&eacute;tait film&eacute;.&nbsp; </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">M<span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">oi c&#39;est &agrave; peu pr&egrave;s... non.&nbsp; C&#39;&eacute;tait 10 heures, 20 heures &agrave; peu apr&egrave;s disponible. Donc,&nbsp;</span>on faisait,<span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">&nbsp;moi j&#39;appelle &ccedil;a &laquo;&nbsp;pr&eacute;paration&nbsp;&raquo;,&nbsp;quand je mettais, je mettais &laquo;&nbsp;pr&eacute;paration aux&nbsp;r&eacute;seaux sociaux&nbsp;&raquo; : on va, on regarde les r&eacute;seaux, on regarde si on a eu des messages, on v&eacute;rifie ce qui a &eacute;t&eacute; mis la&nbsp;veille ou autre.&nbsp; Je fais &ccedil;a pendant une&nbsp;petite heure et apr&egrave;s voil&agrave; je me mets&nbsp;vraiment au travail, en allumant mon&nbsp;ordinateur, mon t&eacute;l&eacute;phone portable, je&nbsp;regarde ma boite mail, je rappelle mes jeunes,&nbsp;je vois au niveau des r&eacute;seaux&nbsp;sociaux qui est connect&eacute; quand je leur parle,&nbsp;et ainsi de suite. </span></span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="border:none windowtext 1.0pt; font-family:">Dans l&rsquo;association de Z&iuml;ad, 40 ans, et de Lucie, 37 ans, S2, les &eacute;ducateurs ont re&ccedil;u de nouveaux smartphones quelques semaines avant le confinement, alors qu&rsquo;ils utilisaient jusque lors des t&eacute;l&eacute;phones &agrave; touche&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>&Ccedil;a y est, on a plus les touches &agrave; appuyer dessus. On a &eacute;volu&eacute;, on a pu enfin entrer dans une autre g&eacute;n&eacute;ration, &ccedil;a y est</i>&nbsp;&raquo; affirme Lucie, qui se plaignait dans son premier entretien en 2019 de ne pas avoir de smartphone. N&eacute;anmoins, l&rsquo;usage des applications telles que Gmail ou Snapchat demeurait interdit dans son association. Elle nous raconte que ses coll&egrave;gues ont entrepris cette d&eacute;marche<a name="_Toc45097814"> de leur propre initiative&nbsp;: </a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><q><span style="font-size:12pt"><span style="vertical-align:baseline"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:10.0pt; padding:0cm"><span arial="" style="font-family:">La direction, d&eacute;j&agrave; quand on a eu nos&nbsp;smartphones, la direction&nbsp;nous avait donn&eacute; pour consigne de ne&nbsp;rien installer dessus pour l&#39;instant. Parce qu&#39;eux, ils allaient&nbsp;le faire. Donc, ils nous ont dit donc&nbsp;c&rsquo;est eux qui devraient cr&eacute;er donc un&nbsp;compte Google pour nous permettre de pouvoir&nbsp;installer tout sur... Donc la consigne&nbsp;&eacute;tait assez claire, on ne devait absolument rien installer sur nos Smartphones pour&nbsp;l&rsquo;instant. Sauf qu&#39;au vu de la situation&nbsp;qui s&#39;est pass&eacute;e, on n&#39;avait pas le choix que de cr&eacute;er, enfin,&nbsp;d&rsquo;installer les&nbsp;choses et de cr&eacute;er ces comptes-l&agrave; nous-m&ecirc;mes. Donc, on a cr&eacute;&eacute; nous-m&ecirc;mes&nbsp;des comptes personnels sans les comptes encore fournis par&nbsp;l&#39;institution. Donc je pense que &ccedil;a va venir,&nbsp;mais pour l&#39;instant &ccedil;a n&#39;a pas &eacute;t&eacute; le&nbsp;cas. Et, donc il y a eu aucun&nbsp;accompagnement &agrave; ce niveau-l&agrave;. Aucun&nbsp;suivi non plus. On fait un peu &agrave; notre sauce.&nbsp;</span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="border:none windowtext 1.0pt; font-family:">Lucie n&rsquo;a pas cr&eacute;&eacute; de compte Snapchat tout de suite, elle a attendu que ses coll&egrave;gues le </span><span arial="" style="font-family:">fassent avant de se lancer elle-m&ecirc;me. Elle attendait de voir &laquo;&nbsp;<i>si &ccedil;a marchait vraiment ou pas</i>&nbsp;&raquo;. Son coll&egrave;gue Z&iuml;ad raconte le cheminement de sa r&eacute;flexion&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Donc j&#39;avais pris l&#39;initiative pendant la p&eacute;riode de confinement,&nbsp;d&#39;installer&nbsp;Snapchat&nbsp;dessus. Mais il faut&nbsp;savoir je suis pas un pro de Snapchat,&nbsp;donc j&#39;ai essay&eacute; de me former aussi&nbsp;dessus et puis bah de demander justement&nbsp;aux jeunes de m&#39;aider&nbsp;</i>&raquo;. Il ressort des entretiens que les &eacute;ducateurs ont d&eacute;velopp&eacute; des strat&eacute;gies d&rsquo;auto-cadrage et d&rsquo;auto-formation durant le confinement pour continuer &agrave; exercer leur m&eacute;tier. </span><span arial="" style="font-family:">En effet, <span style="border:none windowtext 1.0pt; padding:0cm">en l&rsquo;absence de consignes de leurs sup&eacute;rieurs et de formations ant&eacute;rieures en mati&egrave;re num&eacute;rique, ils ont d&ucirc; s&rsquo;imposer &agrave; eux-m&ecirc;mes leurs propres r&egrave;gles. Dans la plupart des cas, ils ont simplement &laquo;&nbsp;<i>inform&eacute; le chef de service</i>&nbsp;&raquo; de leur intention de cr&eacute;er un compte Snapchat. Certaines r&egrave;gles d&rsquo;auto-cadrage ressortent : pas de publication sur sa propre story &agrave; l&rsquo;exclusion d&rsquo;informations pratiques, pas d&rsquo;observation des stories des jeunes, pas d&rsquo;acceptation de jeunes inconnus : &laquo;&nbsp;</span><i>Apr&egrave;s par rapport aux ajouts, bah j&rsquo;ajoute d&eacute;j&agrave; les jeunes que je connais, apr&egrave;s j&#39;ai pas mal d&#39;ajouts, des fois je regarde, &laquo; est-ce que je connais ?</i>&raquo;, <i>mais on ne peut pas savoir sur Snapchat. Des fois, avec les pseudos on peut pas savoir en fait. Des fois, je rajoute, des fois ils sont en attente jusqu&#39;à ce que la personne dise &laquo; ouais, tu m&#39;as pas rajouté &raquo; donc je la rajoute, voil&agrave;, en gros c&#39;est &ccedil;a, hein, c&#39;est comme &ccedil;a</i>&nbsp;&raquo; (K&acirc;mil, 47 ans, S7).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="border:none windowtext 1.0pt; font-family:">Finalement, dans un contexte in&eacute;dit, les &eacute;ducateurs se sont montr&eacute;s relativement prudents dans leur rapport aux publications. La plupart d&rsquo;entre eux indique &ecirc;tre tr&egrave;s discret sur cet aspect. Ainsi, les publications, messages ou vid&eacute;os envoy&eacute;s par les &eacute;ducateurs sur Snapchat ou WhatsApp ont essentiellement une </span><span arial="" style="font-family:">vis&eacute;e d&rsquo;information et d&rsquo;&eacute;change&nbsp;: &laquo;&nbsp;<i>Bon, &ccedil;a d&eacute;pend. Alors, quand c&#39;est plus professionnel c&#39;est plus par WhatsApp. Apr&egrave;s, si c&#39;est plus &eacute;change, par exemple, un jeune va faire un g&acirc;teau, je vais aller commenter, je vais discuter comment il a fait, il va m&#39;expliquer. Enfin, c&#39;est vraiment des &eacute;changes &laquo; voil&agrave;, comment &ccedil;a va dans la famille, etc. &raquo;. Apr&egrave;s les jeunes, ils, ils, comment dire, apr&egrave;s ils se l&acirc;chent, ils se confient quoi. Ils se confient à nous, apr&egrave;s &ccedil;a devient professionnel</i>&nbsp;&raquo; (Mamadou, 30 ans, S4). Concernant les publications des jeunes, les &eacute;ducateurs &eacute;vitent dans leur majorit&eacute; de les regarder ou de consulter leurs <i>stories</i> afin de ne pas envahir ce qu&rsquo;ils appellent leur &laquo;&nbsp;<i>espace intime&nbsp;&raquo;</i>. En revanche, certains regrettent de ne pas avoir de cadre d&eacute;finissant les conduites &agrave; tenir pour ces visualisations qu&rsquo;ils estiment pourtant tr&egrave;s utiles pour prendre la temp&eacute;rature du quartier ou rep&eacute;rer certaines pratiques &agrave; risque des jeunes. </span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify;"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">Consid&eacute;rations finales&nbsp;: qu&rsquo;est-ce que ces r&eacute;sultats nous enseignent sur la formation des &eacute;ducateurs de rue, et plus largement des travailleurs du social&nbsp;?</span></span></span></b></span></span></span></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Notre &eacute;tude montre que le niveau des dipl&ocirc;mes des &eacute;ducateurs joue un r&ocirc;le important sur l&rsquo;appr&eacute;ciation de l&rsquo;int&eacute;gration du num&eacute;rique dans la pratique professionnelle. De fa&ccedil;on surprenante, les &eacute;ducateurs les plus dipl&ocirc;m&eacute;s sont plus r&eacute;ticents &agrave; la mise en place du num&eacute;rique dans le cadre de leur accompagnement des jeunes&nbsp;: on pouvait supposer que leur niveau de formation les am&egrave;nerait &agrave; &ecirc;tre plus flexibles et plus au fait des enjeux autour de cette th&eacute;matique. A l&rsquo;inverse, les &eacute;ducateurs moins dipl&ocirc;m&eacute;s se montrent moins r&eacute;fractaires &agrave; la d&eacute;marche. On remarque aussi que si le contexte COVID a acc&eacute;l&eacute;r&eacute; le recours des professionnels aux RSN pour &eacute;changer avec les jeunes, tous dipl&ocirc;mes confondus d&rsquo;ailleurs, il n&rsquo;a pas conduit &agrave; dissiper les questionnements &eacute;thiques et d&eacute;ontologiques sur la question, mais les a au contraire accentu&eacute;s. L&rsquo;apparition d&rsquo;une multiplicit&eacute; de modes d&rsquo;utilisation du num&eacute;rique n&rsquo;a pourtant pas men&eacute; au d&eacute;bat collectif attendu entre cadres et &eacute;ducateurs sur le sujet, ces derniers ayant &eacute;t&eacute; contraints &agrave; l&rsquo;initiative individuelle, d&eacute;veloppant isol&eacute;ment des pratiques digitales qui r&eacute;pondent &agrave; leurs propres r&egrave;gles. Au final, le num&eacute;rique a eu tendance &agrave; diviser les &eacute;ducateurs, en l&rsquo;absence de consignes pr&eacute;cises. Il convient cependant de noter que le d&eacute;bat porte plus sur les modalit&eacute;s d&rsquo;application plut&ocirc;t que sur l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me du recours au num&eacute;rique, qui est plut&ocirc;t partag&eacute;e. C&rsquo;est pourquoi cette p&eacute;riode a d&eacute;montr&eacute; l&rsquo;importance de lancer une d&eacute;marche globale et institutionnelle qui embarque l&rsquo;ensemble des acteurs du secteur, en vue de moderniser les pratiques des &eacute;ducateurs tout autant que de les s&eacute;curiser.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Le num&eacute;rique pose aujourd&rsquo;hui bon nombre de questions sur les modalit&eacute;s d&rsquo;accompagnement des &eacute;ducateurs auxquelles il convient d&rsquo;apporter des &eacute;l&eacute;ments de r&eacute;ponse. En effet, &agrave; l&rsquo;inverse des espaces de socialisation classiques des jeunes&nbsp;tels que la rue, l&rsquo;&eacute;cole, les centres de loisirs entre autres qui ont pour caract&eacute;ristique d&rsquo;&ecirc;tre facilement contr&ocirc;lables, les espaces num&eacute;riques,&nbsp;et en particulier les RSN, &eacute;chappent dans les grandes largeurs aux &eacute;ducateurs&nbsp;: l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; ces nouveaux espaces de socialisation impose de nouvelles pratiques et un ajustement du mode op&eacute;ratoire dans le m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;ducateur. Finalement, si la plupart des professionnels est favorable &agrave; ce changement, le&nbsp;vide qui r&egrave;gne dans le d&eacute;bat sur cette question&nbsp;fait la part belle aux oppositions et conservatismes qui rel&egrave;guent le num&eacute;rique &agrave; un enjeu secondaire et emp&ecirc;chent de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; des solutions communes pour adapter les pratiques professionnelles face &agrave; ce ph&eacute;nom&egrave;ne social majeur. Peut-&ecirc;tre conviendrait-il de partir du terrain et des interrogations des professionnels eux-m&ecirc;mes pour poser les bases d&rsquo;une r&eacute;flexion sur la formation aux usages et pratiques num&eacute;riques, ainsi que sur les limites qu&rsquo;il importe de leur fixer, dans le cadre du travail social. En toute &eacute;tat de cause, il est temps de d&eacute;passer les blocages de principe et inerties qui neutralisent toute possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;volution et de r&eacute;ponse aux questions aussi nombreuses qu&rsquo;importantes que les &eacute;ducateurs se posent sur le terrain quotidiennement. &nbsp;</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span arial="" style="font-family:">R&eacute;f&eacute;rences</span></b></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Amsellem-Mainguy, Y., Vuattoux, A. (2020). <i>Les jeunes, la sexualit&eacute; et internet. </i>Paris&nbsp;: &Eacute;ditions Fran&ccedil;ois Bourin.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Autorit&eacute; de r&eacute;gulation des communications &eacute;lectroniques, des postes et de la distribution de la presse (2019). <i>Barom&egrave;tre du Num&eacute;rique 2019.</i> <i>Enqu&ecirc;te sur la diffusion des technologies de l&rsquo;information et de la communication de la soci&eacute;t&eacute; fran&ccedil;aise. </i></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Balleys, C. (2015). <i>Grandir entre adolescents. A l&rsquo;&eacute;cole et sur internet.</i> Lausanne&nbsp;: Soci&eacute;t&eacute;.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Balleys, C. (2017). <i>Socialisation adolescente et usages num&eacute;riques.</i> Paris&nbsp;: Institut National de la Jeunesse de l&rsquo;&Eacute;ducation Populaire.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Blaya, C. (2013). <i>Les ados dans le cyberespace. Prise de risque et cyberviolence</i>. Bruxelles : De Boeck. </span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Boullier, D. (2019). <i>Sociologie du num&eacute;rique. </i>Paris&nbsp;: Armand Colin.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Cardon, D. (2010). <i>La d&eacute;mocratie internet. Promesses et limites.</i> Paris&nbsp;: Seuil.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Cardon, D. (2015).<i> A quoi r&ecirc;vent les algorithmes : nos vies &agrave; l&rsquo;heure des big data</i>. Paris : La R&eacute;publique des id&eacute;es : Seuil.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span arial="" style="font-family:">Cardon, D. (2019). <i>Culture Num&eacute;rique. </i>Paris&nbsp;: Presses Universitaires de Sciences Po.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Couchot-Schiex, S., Moignard, B. (2020). <i>Jeunesse, genre et violence 2.0. Des filles et gar&ccedil;ons face aux cyberviolences &agrave; l&rsquo;&eacute;cole</i>. Paris&nbsp;: L&rsquo;Harmattan.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dubet, F., Duru-Bellat, M., V&eacute;r&eacute;tout, A. (2010). <i>Les soci&eacute;t&eacute;s et leurs &eacute;coles. Emprise du dipl&ocirc;me et coh&eacute;sion sociale. </i>Paris&nbsp;: Essais.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Empan (2009). <i>R&eacute;seaux Internet et lien social.</i> Paris&nbsp;: &Egrave;res.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Grille, N., Dignac, Y. (2017). L&rsquo;avenir de la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e. Le transfert de comp&eacute;tences des d&eacute;partements vers les m&eacute;tropoles, qu&rsquo;est-ce que &ccedil;a change&nbsp;? L&rsquo;exp&eacute;rience de Toulouse M&eacute;trople, <i>Journal du droit des jeunes, </i>361-362, 33-42.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Minist&egrave;re des Solidarit&eacute;s et de la Sant&eacute; (2019). <i>Th&eacute;matique Num&eacute;rique et travail Social. </i>Haut Conseil du Travail Social. URL&nbsp;: <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/ministere/acteurs/instances-rattachees/haut-conseil-du-travail-social-hcts/productions-du-hcts/article/thematique-numerique-et-travail-social" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://solidarites-sante.gouv.fr/ministere/acteurs/instances-rattachees/haut-conseil-du-travail-social-hcts/productions-du-hcts/article/thematique-numerique-et-travail-social</a> </span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Monceau, G., Souli&egrave;re, M. (2017). Mener la recherche avec&nbsp;les sujets concern&eacute;s&nbsp;: comment et pour quels r&eacute;sultats&nbsp;?,<b> </b><i><span style="background:white"><span style="color:black">G&eacute;ocarrefour</span></span></i><span style="background:white"><span style="color:black">, 94, p. 1-35. </span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Le Goaziou, V., Mucchielli, L. (2015). <i>&Eacute;duquer dans la rue: la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e aujourd&rsquo;hui</i>. Rennes : Presses de l&rsquo;EHESP.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Louli, J. (2020). <i>Le travail face &agrave; l&rsquo;incertain&nbsp;: la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e en qu&ecirc;te de sens. </i>Paris&nbsp;: L&rsquo;Harmattan.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Moignard, B., Bortolotti R., (2021).&nbsp;<i>L&rsquo;&eacute;ducation sp&eacute;cialis&eacute;e 2.0. Quels enjeux pour quelles pratiques ?&nbsp;</i>Rapport de recherche Jeunes R&eacute;seaux Sociaux et Pr&eacute;vention Sp&eacute;cialis&eacute;e en Seine Saint Denis&nbsp;? (JRSPREV), Mission M&eacute;tropolitaine de Pr&eacute;vention de Conduites &agrave; Risque (MMPCR).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Peyre, V., T&eacute;tard, F. (2006). <i>Des &eacute;ducateurs dans la rue : histoire de la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e. </i>Paris : D&eacute;couverte.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Revue Fran&ccedil;aise de Service Social (2017). <i>Le travail social &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du num&eacute;rique. </i>Rennes&nbsp;: Presses de l&rsquo;EHESP.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Tremblay, D-G., Gillet, A. (2017). <i>Les recherches partenariales et collaboratives. </i>Rennes&nbsp;: Presses Universitaires de Rennes. </span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Verdier, P., No&eacute;, F.&nbsp; (2013). <i>L&rsquo;aide sociale &agrave; l&rsquo;enfance. </i>Paris&nbsp;: Dunod.</span></span></span></p> </div> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p style="text-align:justify"><small><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> La Loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la R&eacute;publique (2015) a rendu possible le transfert de certaines comp&eacute;tences d&eacute;partementales, dont la pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e, vers les m&eacute;tropoles. Les orientations de cette loi s&rsquo;inscrivent dans les logiques du &laquo;&nbsp;<i>New Management Public </i>&raquo; qui ont fortement boulevers&eacute; le champ du travail social : simplification des services publics, rationalisation des moyens, politique d&rsquo;&eacute;valuation par les r&eacute;sultats et, en arri&egrave;re-plan, constitution de services d&eacute;partementaux de proximit&eacute; (Grille et Dignac, 2017). La pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e est donc devenue une comp&eacute;tence transf&eacute;rable aux m&eacute;tropoles, contrairement &agrave; l&rsquo;ASE qui reste de la responsabilit&eacute; des D&eacute;partements. La pr&eacute;vention sp&eacute;cialis&eacute;e ne sort pas gagnante de cette loi&nbsp;: si elle n&rsquo;est plus une comp&eacute;tence obligatoire du D&eacute;partement, elle est &eacute;galement une comp&eacute;tence facultative des villes qui peuvent faire le choix de continuer ou non de soutenir les associations. Elle risque ainsi de dispara&icirc;tre, notamment dans les villes dont les politiques d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; donnent plus de cr&eacute;dit &agrave; la surveillance polici&egrave;re (Le Goaziou, 2015).</span></span></span></span></small></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><small><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span lang="PT-BR" style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoFootnoteReference" style="position:relative"><span style="top:0pt"><span style="vertical-align:super"><span lang="PT-BR" style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> Il s&rsquo;agit des applications les plus utilis&eacute;es par les jeunes au moment de la r&eacute;alisation de l&rsquo;enqu&ecirc;te.</span></span></span></span></span></small></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><sup><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[3]</span></span></sup></span></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> Nous avons souhait&eacute;, pour pr&eacute;server l&rsquo;organisation de nos donn&eacute;es, garder l&rsquo;ancienne nomenclature des dipl&ocirc;mes. Niveau IV et V&nbsp;: Baccalaur&eacute;at et CAP ou BEP. Niveau III&nbsp;: DEUG,&nbsp;BTS,&nbsp;DUT,&nbsp;DEUST. Niveau II et I&nbsp;: Licence, licence professionnelle,&nbsp;BUT et Ma&icirc;trise, Master 1.</span></span></span></span></p> </div> </div>