<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Toutes deux assistantes de service social (ASS) de formation initiale, nous avons eu diverses exp&eacute;riences en protection de l&rsquo;enfance, insertion sociale, protection des personnes vuln&eacute;rables. Parall&egrave;lement, nous avons effectu&eacute; des vacations de formation (interventions th&eacute;matiques, guidances m&eacute;moire) et des accueils de stagiaires. En constante r&eacute;flexion, nous &eacute;tions souvent &agrave; l&#39;initiative de projets visant la prise de recul, l&#39;&eacute;laboration et le partage d&rsquo;exp&eacute;riences, la dynamique de travail d&rsquo;&eacute;quipe, le questionnement des dispositifs, l&rsquo;expression des demandes des publics, la formation du lien social. Progressivement, nous avons ressenti le besoin de trouver d&rsquo;autres espaces pour penser le travail social que dans l&rsquo;action sur le terrain. Ainsi, nous avons fait le choix de reprendre un cursus de formation, en philosophie et &eacute;thique appliqu&eacute;e pour l&rsquo;une, en ing&eacute;nierie sociale et sciences de l&rsquo;&eacute;ducation pour l&rsquo;autre. A l&rsquo;issue de ces exp&eacute;riences doubl&eacute;es d&rsquo;une app&eacute;tence pour la recherche, nous avons pris des postes de cadre p&eacute;dagogique et formatrice en travail social (fili&egrave;re Dipl&ocirc;me d&rsquo;Etat d&rsquo;ing&eacute;nierie sociale-DEIS, et ASS) fin 2020, au sein de centres de formation diff&eacute;rents. C&rsquo;est avec ce regard que nous avons partag&eacute; nos questionnements et nos r&eacute;flexions sur la formation en travail social, que nous d&eacute;veloppons dans cet article.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Les formations en travail social se heurtent aux m&ecirc;mes tensions que les terrains concernant les politiques de normalisation et de rationalisation du travail social (Chauvi&egrave;re, 2010). S&rsquo;il s&rsquo;agit de former les &eacute;tudiants au contexte o&ugrave; ils exerceront, c&rsquo;est la formation en elle-m&ecirc;me qui doit faire face &agrave; ces m&ecirc;mes transformations. Cela impacte le sens m&ecirc;me du travail social tel que transmis aux futurs professionnels. Or, d&eacute;finir l&rsquo;action sociale selon des crit&egrave;res de justice sociale d&eacute;pend directement de la fa&ccedil;on dont<i> </i>on consid&egrave;re les b&eacute;n&eacute;ficiaires. Sont-ils de &laquo; bons ch&ocirc;meurs &raquo; &agrave; qui il faut proposer une aide bienveillante, ou bien des &laquo; allergiques au travail &raquo; qu&rsquo;il ne faut pas entretenir dans l&rsquo;assistanat (Dub&eacute;chot, 2005) ? Ici, c&rsquo;est la question des repr&eacute;sentations sociales qui est pos&eacute;e, sujet d&rsquo;importance trait&eacute; dans le rapport Bourguignon de 2015, qui induit des attentes sp&eacute;cifiques &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du travail social. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Ces attentes sont prises dans des tensions inconciliables entre ce que l&rsquo;ensemble des politiques publiques attendent de lui, les injonctions illustr&eacute;es notamment par les politiques de normalisation, et les objectifs que lui-m&ecirc;me se donne, les aspirations d&rsquo;aide aux personnes vuln&eacute;rables. Quant aux formations, elles sont bien s&ucirc;r aussi le reflet direct de toutes les ambivalences corr&eacute;l&eacute;es &agrave; ces tensions. Alors, comment tenter de les d&eacute;passer ?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><b><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">&laquo; Qu&rsquo;attendez-vous de nous ? &raquo; </span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">En 2015, la mission de concertation relative aux &Eacute;tats g&eacute;n&eacute;raux du travail social cherchait &agrave; &laquo; r&eacute;pondre &agrave; la question fr&eacute;quemment pos&eacute;e &quot;qu&#39;attendez-vous de nous ?&quot; &raquo; (Bourguignon, 2015&nbsp;: 54), adress&eacute;e par les travailleurs sociaux aux d&eacute;cideurs de leur propre secteur. Certains constats attendaient d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;tablis ; le rapport eut le m&eacute;rite de pointer les obstacles &agrave; l&rsquo;accomplissement des missions, notamment les pratiques gestionnaires et les modes d&rsquo;acc&egrave;s des personnes en difficult&eacute;s &agrave; leurs droits sociaux. Ainsi, les tensions entre ce qui est impos&eacute; aux travailleurs sociaux et ce &agrave; quoi ils aspirent en s&rsquo;engageant sur le terrain, furent au c&oelig;ur de cette concertation. Mais s&rsquo;inscrivant dans un &eacute;change vertical, la r&eacute;flexion resta dans un entre-soi du social. Notons que certaines consid&eacute;rations importantes d&eacute;bordaient quand-m&ecirc;me de ce cadre. D&rsquo;une part, furent &eacute;voqu&eacute;es les r&eacute;serves d&rsquo;une partie croissante de la soci&eacute;t&eacute; qui exprime &laquo; une opinion n&eacute;gative sur certains aspects de l&#39;&Eacute;tat providence &raquo;, tout en maintenant des attentes &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du travail social cens&eacute; &laquo; porter &agrave; lui seul la r&eacute;ponse aux probl&egrave;mes sociaux &raquo; (<a name="_Hlk86654957">Bourguignon, 2015&nbsp;: </a>11). D&rsquo;autre part, fut d&eacute;sapprouv&eacute;e l&rsquo;absence de coordination des actions des minist&egrave;res, &laquo; qui parfois se t&eacute;lescope[nt], se concurrence[nt] ou se contredi[sen]t &raquo; (Bourguignon, 2015&nbsp;: 53). Mais des impens&eacute;s demeurent. Ne sont jamais questionn&eacute;es les attentes du Gouvernement &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du travail social. Comment, alors, v&eacute;ritablement saisir le r&ocirc;le, structurellement ambivalent, d&eacute;volu aux acteurs du social dans le cadre g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;action publique ? Comment mettre en lien le social avec l&rsquo;&eacute;conomie politique, et notamment avec le choix rationnel de l&rsquo;action publique, compris comme</span></span> <span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">&laquo; un ensemble de questions, de proc&eacute;dures et de r&eacute;sultats, d&rsquo;anomalies et de controverses, [&hellip;] un paradigme tiss&eacute; &agrave; l&rsquo;intersection de plusieurs sciences sociales, essentiellement &eacute;conomie, science politique et philosophie, mais impliquant &eacute;galement psychologie, sociologie et droit &raquo; (Balme et Brouard, 2005 : 36) ? Mais au fond, peut-on penser que le travail social est soumis &agrave; une dimension politique ? Le social est frileux face &agrave; la question politique, comme si elle se r&eacute;sumait &agrave; un prisme partisan entach&eacute; de discr&eacute;dit. Mais la politique telle que la con&ccedil;oit Hannah Arendt n&rsquo;est pas partisane. Pour cette philosophe de l&rsquo;action, la politique est ce qui permet de donner un sens &agrave; nos actions au sein de notre monde commun. Dans <i>Condition de l&rsquo;homme moderne</i>, elle nous encourage &agrave; &laquo; penser ce que nous faisons &raquo; (Arendt, 1983/1958 : 38). Elle ouvre une voie entre la pens&eacute;e pure qui ne s&rsquo;ancre pas dans un rapport manifeste au r&eacute;el, et l&rsquo;activit&eacute; inscrite dans une &laquo; absence de pens&eacute;e &raquo; dangereuse (Arendt,<i> Eichmann &agrave; J&eacute;rusalem</i>, 1963). Elle promeut ainsi une connexion entre la pens&eacute;e et l&rsquo;activit&eacute; ; c&rsquo;est l&agrave; que prend place la politique. Et selon elle, cette fa&ccedil;on d&rsquo;orchestrer politiquement l&rsquo;action, au moyen de la parole qui en d&eacute;finit le sens, ouvre la voie de notre humanit&eacute;. C&rsquo;est dans ses pas que nous souhaitons inscrire notre r&eacute;flexion, en soutenant que l&rsquo;analyse politique des ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux nous permettra d&rsquo;appr&eacute;hender avec justesse la r&eacute;alit&eacute; complexe qu&rsquo;il s&rsquo;agit pour le social de prendre en charge.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Le rapport Bourguignon affirme cat&eacute;goriquement qu&rsquo;&laquo; il ne s&rsquo;agit pas de remettre en cause les dispositifs qui constituent un progr&egrave;s social pour de nombreuses personnes en situation de pr&eacute;carit&eacute; &raquo; (Bourguignon, 2015&nbsp;: 7). Or, s&rsquo;il peut &ecirc;tre l&eacute;gitime d&rsquo;&eacute;voquer un progr&egrave;s social, l&rsquo;imp&eacute;ratif de non remise en cause de l&rsquo;existant, en &eacute;vacuant <i>a priori </i>tout d&eacute;bat, revient &agrave; passer sous silence toutes les critiques d&eacute;j&agrave; &eacute;nonc&eacute;es dans ce domaine, en ignorant l&rsquo;apport de la pens&eacute;e de Foucault au sujet des dispositifs (1977) qu&rsquo;il d&eacute;finit comme :</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">&laquo; </span></span><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">un ensemble r&eacute;solument h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne comportant des discours, des institutions, des am&eacute;nagements architecturaux, des d&eacute;cisions r&eacute;glementaires, des lois, des mesures administratives, des &eacute;nonc&eacute;s scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit aussi bien que du non-dit, voil&agrave; les &eacute;l&eacute;ments du dispositif. Le dispositif lui-m&ecirc;me c&rsquo;est le r&eacute;seau qu&rsquo;on &eacute;tablit entre ces &eacute;l&eacute;ments.</span></span></span></span><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232"> &raquo;</span></span><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232"> (Foucault, 1977 : 299)</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Un dispositif fonctionne, selon lui, par un &laquo; ensemble de pratiques et de m&eacute;canismes (tout uniment linguistiques et non linguistiques, juridiques, techniques et militaires) &raquo; (Agamben, 2006 : 28). Or, il convient de souligner que, pour Foucault, les rapports qui se nouent &agrave; travers les dispositifs s&rsquo;inscrivent toujours au sein de relations de pouvoir. Comprendre comment ils sont &laquo; impos&eacute;s aux individus par un pouvoir ext&eacute;rieur, [et] se trouve[nt] aussi, pour ainsi dire, int&eacute;rioris&eacute;[s] dans les syst&egrave;mes des croyances et des sentiments &raquo; (Agamben, 2006 : 27) est essentiel. Fournissant une mesure commune de ce qui est bien ou mal, cette int&eacute;riorisation constitue d&rsquo;ailleurs nos repr&eacute;sentations, profond&eacute;ment agissantes. Aucune analyse du r&eacute;el ne peut se passer de la prise en compte de ces repr&eacute;sentations - ni des jeux de pouvoir qu&rsquo;elles sous-tendent - dont certaines ressortent gagnantes et s&rsquo;imposent comme argument d&rsquo;orientation des actions politiques. Rejeter toute mise en cause des dispositifs tend &agrave; conforter les rapports de pouvoir, et ainsi, &agrave; &eacute;viter la contestation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Le climat social qui s&rsquo;installe notamment depuis la Loi travail et la crise des Gilets Jaunes, r&eacute;v&egrave;le pourtant un besoin de la population de contester un pouvoir peu r&eacute;ceptif &agrave; ses besoins et peu enclin &agrave; exposer les jeux d&rsquo;influence qui le parcourent. Ce qui est en cause, ce sont les m&eacute;canismes de gouvernementalit&eacute;, qu&rsquo;il faut comprendre &agrave; la lumi&egrave;re des principes politiques, &eacute;conomiques et moraux qui les orientent. Il est donc primordial d&rsquo;en faire l&rsquo;examen &agrave; l&rsquo;&egrave;re du n&eacute;olib&eacute;ralisme qui est la n&ocirc;tre depuis le tournant des ann&eacute;es 1980 (Balme et Brouard, 2005). Comme principes d&eacute;terminants, relevons ceux qui int&eacute;ressent tout particuli&egrave;rement le social : lutter contre l&rsquo;endettement, en premier lieu celui qui peut faire fonctionner les services publics ; &eacute;viter la fuite des investisseurs afin d&rsquo;assurer le ruissellement, mythe maintenant largement d&eacute;cri&eacute; ; d&eacute;fendre la valeur-travail &agrave; travers la promotion de la responsabilit&eacute; individuelle et de la notion de m&eacute;rite. Ces principes incarnant la rationalit&eacute; n&eacute;olib&eacute;rale constituent les bases d&rsquo;une h&eacute;g&eacute;monie culturelle puissante. En face, les arguments qui contestent leur assise dans le r&eacute;el peinent &agrave; &ecirc;tre entendus. Pourtant, il a &eacute;t&eacute; montr&eacute; que l&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; impos&eacute;e depuis la crise de 2008 relevait d&#39;erreurs de calculs (Herndon, Ash et Pollin, 2013). Le dernier rapport d&rsquo;&eacute;valuation de la r&eacute;forme de la fiscalit&eacute; du capital (France Strat&eacute;gie, 2021), d&eacute;montre que la th&eacute;orie du ruissellement ne fonctionne pas. Bourdieu (1970) expliquait que pr&ocirc;ner la r&eacute;ussite au m&eacute;rite en pr&eacute;tendant valoriser des dispositions per&ccedil;ues comme naturelles, cache comment le capital social culturel et &eacute;conomique acquis dans la famille y contribue. Cela revient &agrave; justifier les in&eacute;galit&eacute;s, parfaitement int&eacute;gr&eacute;es par l&rsquo;ensemble de la soci&eacute;t&eacute; ainsi structur&eacute;e. La reproduction de l&rsquo;ordre social est ainsi l&eacute;gitim&eacute;e. Or, sous l&rsquo;effet direct du n&eacute;olib&eacute;ralisme, les in&eacute;galit&eacute;s se creusent (Oxfam, 2021). L&rsquo;&eacute;conomiste Thomas Piketty en expose les m&eacute;canismes dans l&rsquo;ensemble de ses ouvrages, notamment dans l&#39;<i>&Eacute;conomie des in&eacute;galit&eacute;s</i> (2004). Mais les in&eacute;galit&eacute;s ont toujours &eacute;t&eacute; porteuses de conflit social. Elles sont &agrave; la fois une cons&eacute;quence directe de mesures qui renforcent un ordre social tr&egrave;s hi&eacute;rarchis&eacute; et in&eacute;galitaire, et un danger pour cet ordre &eacute;tabli. Et rien ne fait plus fr&eacute;mir les hautes sph&egrave;res du pouvoir que l&rsquo;agitation sociale (rapports du FMI : Saadi-Sedik and Xu, 2020 / Barrett and Chen, 2021).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Ainsi, au regard de tous ces &eacute;l&eacute;ments, nous soutenons que le r&ocirc;le premier d&eacute;volu au travail social est de maintenir l&rsquo;ordre &eacute;tabli, en totale contradiction avec le r&ocirc;le &eacute;mancipateur que les travailleurs sociaux souhaitent lui donner. Pour &eacute;viter l&rsquo;explosion sociale, il faut une action et des mesures sociales, mais pas trop, et sans revenir structurellement sur les causes de cette explosion. C&rsquo;est ce qui explique les contraintes impos&eacute;es aux institutions du secteur social. Prenant corps dans d&rsquo;innombrables injonctions paradoxales, elles refl&egrave;tent l&#39;immixtion d&rsquo;une approche n&eacute;olib&eacute;rale dans les pratiques courantes visant en principe &agrave; prot&eacute;ger les personnes vuln&eacute;rables, &agrave; d&eacute;velopper leur pouvoir d&rsquo;agir et &agrave; garantir qu&rsquo;elles soient trait&eacute;es dans l&rsquo;espace public comme des &eacute;gales. Le travail de recherche men&eacute; sur &laquo; l&rsquo;accompagnement en foyer de jeunes travailleurs &raquo; (Boukhtouche Bakou, 2020) illustre notre propos et montre comment tout cela impacte directement les pratiques du social.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Les foyers de jeunes travailleurs (FJT) sont caract&eacute;ris&eacute;s par une double r&eacute;glementation (habitat et urbanisme / action sociale et des familles) ainsi que par un empilement de dispositifs de financement : subventions l&eacute;gales, extra-l&eacute;gales, fond jeunesse et &eacute;ducation populaire ou aides sp&eacute;cifiques conventionn&eacute;es, sans oublier la source principale que sont les redevances vers&eacute;es par les r&eacute;sidents eux-m&ecirc;mes. Ils font alors des choix strat&eacute;giques selon leur mod&egrave;le &eacute;conomique. Appara&icirc;t &laquo; un paradoxe entre les missions d&rsquo;accompagnement &agrave; l&rsquo;autonomie des FJT et le fait que leur &eacute;quilibre financier repose sur les loyers que les r&eacute;sidents, financi&egrave;rement ind&eacute;pendants mais souvent en situation pr&eacute;caire ou instable, leur versent &raquo; (Boukhtouche Bakou, 2021 : 73).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Les FJT s&rsquo;inscrivent dans un mouvement global d&rsquo;&eacute;volution des politiques sociales, qui suivent les mutations des politiques publiques. En effet, depuis les ann&eacute;es 1980, les politiques publiques suivent une logique de <i>new public management</i>, dont les principes sont la ma&icirc;trise des co&ucirc;ts, un contr&ocirc;le &agrave; distance et une logique de performance. L&#39;action publique est alors envisag&eacute;e sous l&#39;angle d&#39;une rationalit&eacute; entre les moyens investis et les r&eacute;sultats obtenus, dans une d&eacute;marche de quantification et d&#39;&eacute;valuation permanente (Curie<span style="background:white">, 2011). </span>Dans ce mouvement n&eacute;olib&eacute;ral, l&#39;&Eacute;tat a d&#39;abord pris le contr&ocirc;le sur les associations d&#39;action sociale via la professionnalisation des personnels, pour ensuite imposer une remise en cause des pratiques via cette &eacute;valuation (Haeringer et Traversaz, 2002). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">En FJT, tous les acteurs sont impact&eacute;s et notamment le triptyque institution/jeunes/professionnels : les institutions sont contraintes par leur mod&egrave;le &eacute;conomique ; les jeunes sont soumis &agrave; des injonctions d&#39;autonomie et d&rsquo;insertion, dans une temporalit&eacute; contrainte et en inad&eacute;quation avec leurs besoins et les &eacute;ch&eacute;ances d&rsquo;acc&egrave;s au droit commun ; les professionnels doivent adapter leurs pratiques avec les contradictions des missions d&rsquo;insertion sociale et d&rsquo;intervention socio-&eacute;ducatives. Concr&egrave;tement, la recherche men&eacute;e montre des processus de s&eacute;lectivit&eacute; des jeunes dans l&rsquo;acc&egrave;s et le maintien en FJT selon leur profil et leur solvabilit&eacute;, et une focalisation de l&rsquo;accompagnement sur leur insertion professionnelle. La mixit&eacute; inscrite dans les valeurs des FJT appara&icirc;t de plus en plus difficile &agrave; mettre en &oelig;uvre. Dans les faits, nombre de jeunes en situation de pr&eacute;carit&eacute; et de fragilit&eacute; sociale n&rsquo;y ont pas acc&egrave;s, et ce malgr&eacute; la mise en place de dispositifs et conventionnements pour les soutenir (Garantie jeune, Fond d&rsquo;aide aux jeunes). Pour ceux qui int&egrave;grent un FJT, la m&eacute;canique des politiques d&rsquo;insertion s&rsquo;impose, faute de temps pour se poser, se &laquo; r&eacute;parer &raquo; et maturer leur projet de jeune adulte. On observe aussi une position ambivalente dans l&rsquo;accompagnement avec des injonctions &agrave; l&rsquo;autonomie alors que l&rsquo;organisation et le cadre pos&eacute; par les &eacute;tablissements traduit souvent une forme de contr&ocirc;le et d&rsquo;infantilisation (horaires limit&eacute;s d&rsquo;entr&eacute;es et sorties la nuit, interdiction ou limitation des visites). Tous les professionnels interrogent le sens de leurs actions tant les dimensions prescriptives de gestion locative et d&rsquo;insertion des jeunes sont pr&eacute;gnantes, dans un contexte de mont&eacute;e en charge de l&rsquo;activit&eacute; et de gestion &agrave; flux tendu&nbsp;: &laquo; les &eacute;quipes socio-&eacute;ducatives se constituent en moyenne d&rsquo;un &eacute;quivalent temps plein (ETP) pour 63 r&eacute;sidents en 2017 contre un ETP pour 46 r&eacute;sidents en 2016 (Observatoire statistique de l&rsquo;URHAJ) &raquo; (Boukhtouche Bakou, 2020 : 36). Si tous les acteurs sont sous tension, nous voyons bien comment cela se r&eacute;percute <i>in fine</i> sur les jeunes les plus vuln&eacute;rables qui sont renvoy&eacute;s &agrave; leur responsabilit&eacute; individuelle quant &agrave; leur insertion sociale.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Ainsi, en raison de la place structurellement ambivalente du travail social, aucune r&eacute;ponse claire &agrave; la question &laquo; Qu&rsquo;attendez-vous de nous ? &raquo; ne peut se d&eacute;gager. Et ce flou se per&ccedil;oit &eacute;galement &agrave; travers la fa&ccedil;on dont sont con&ccedil;us les r&eacute;f&eacute;rentiels de formation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><b><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">D&rsquo;une &ldquo;fabrique des comp&eacute;tences&rdquo; aux changements de profil des &eacute;tudiants </span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">L&#39;architecture des formations, ax&eacute;es sur les comp&eacute;tences, instaur&eacute;e par les r&eacute;formes de 2004 et 2018 pour les dipl&ocirc;mes d&rsquo;Etat des professions dites canoniques (ASS, ES, CESF, EJE), est le reflet de la poursuite du mouvement de professionnalisation des m&eacute;tiers du social (Haeringer et Traversaz, 2002 / Dub&eacute;chot, 2005). Elle se calque sur les &eacute;volutions du monde du travail o&ugrave; l&rsquo;expertise m&eacute;tier a laiss&eacute; la place aux cat&eacute;gorisations par les comp&eacute;tences, de sorte que la formation &oelig;uvre d&eacute;sormais &agrave; &laquo; la fabrique des comp&eacute;tences &raquo; (Wittorski, 1998). &Eacute;tablies dans une logique descendante, ces r&eacute;formes peinent &agrave; obtenir d&rsquo;adh&eacute;sion des professionnels de terrain, malgr&eacute;, paradoxalement, un mouvement pour redonner une place centrale &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rientiel, notamment via une augmentation du volume horaire des stages dans la formation. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Cette logique descendante s&rsquo;illustre dans le rapport Bourguignon, notamment dans sa proposition n&deg;2 : &laquo; Adresser un message de politique g&eacute;n&eacute;rale par le Gouvernement en direction des travailleurs sociaux afin de redonner du sens au travail social dans notre pays &raquo;. Pourquoi ne pas permettre aux travailleurs sociaux de d&eacute;terminer eux-m&ecirc;mes le sens qu&rsquo;ils entendent donner &agrave; leur travail, avec une m&eacute;thode participative ? Le rapport mentionne &agrave; de nombreuses reprises que le &laquo; morcellement et le cloisonnement du travail social &raquo; constituent un probl&egrave;me majeur. R&eacute;unir les acteurs repr&eacute;sentatifs de la diversit&eacute; des m&eacute;tiers du social et leur donner le pouvoir d&rsquo;&eacute;laborer eux-m&ecirc;mes des propositions, aurait certainement &eacute;t&eacute; une m&eacute;thode mieux plac&eacute;e sur l&rsquo;&eacute;chelle d&rsquo;Arnstein. Utilis&eacute;e pour analyser le r&ocirc;le des individus dans les prises de d&eacute;cision, elle sert &agrave; &eacute;valuer les d&eacute;marches mises en place par les pouvoirs publics. Selon le rapport, la Commission professionnelle consultative (CPC) est &laquo; compos&eacute;e à parts &eacute;gales d&#39;un coll&egrave;ge des organisations syndicales des employeurs, d&#39;un coll&egrave;ge des organisations syndicales repr&eacute;sentatives des salari&eacute;s, d&#39;un coll&egrave;ge des pouvoirs publics et d&#39;un coll&egrave;ge de personnalit&eacute;s qualifi&eacute;es &raquo; (Bourguignon, 2015&nbsp;: 26). Notons que seuls des corps interm&eacute;diaires sont pr&eacute;sents aux c&ocirc;t&eacute;s des pouvoirs publics : il ne s&rsquo;agit que d&rsquo;une instance de consultation. Sur l&rsquo;&eacute;chelle d&rsquo;Arnstein, la consultation n&rsquo;est qu&rsquo;une coop&eacute;ration symbolique et n&rsquo;offre pas de garantie que les attentes soient r&eacute;ellement prises en compte (Donzelot et Eptsein, 2006). Si la d&eacute;marche de la CPC a &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute;e comme participative &agrave; ceux qui ont &eacute;t&eacute; consult&eacute;s, alors elle en est plut&ocirc;t une des &laquo; formes tronqu&eacute;es &raquo; (Zask, 2011). Tous les professionnels de la participation citoyenne connaissent leurs effets catastrophiques : une d&eacute;fiance à l&rsquo;&eacute;gard des institutions, un manque d&rsquo;adh&eacute;sion aux mesures.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Toujours est-il que tout d&eacute;bat devrait prendre en consid&eacute;ration les &laquo; positions contestataires &raquo;. En effet, la libert&eacute; comme non-domination advient v&eacute;ritablement quand les individus peuvent op&eacute;rer un contr&ocirc;le discursif sur les prises de d&eacute;cision (Pettit, 2004). M&ecirc;me sans instance participative, le crit&egrave;re de &laquo; contestabilit&eacute;́ &raquo; doit &ecirc;tre effectif dans les institutions repr&eacute;sentatives. C&rsquo;est l&agrave; une condition n&eacute;cessaire pour modifier les positions, vou&eacute;es à &ecirc;tre construites, d&eacute;construites et reconstruites et laisser porte ouverte à l&rsquo;influence mutuelle. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Or, plusieurs &eacute;l&eacute;ments permettent de mettre en doute la prise en compte de tous les avis donn&eacute;s lors de cette consultation. La CPC d&eacute;clare pour conclure &laquo; que les professionnels ne sont pas pr&ecirc;ts culturellement à adh&eacute;rer à la proposition de la CPC [...] mais que les objectifs poursuivis par cette proposition semblent r&eacute;pondre à un r&eacute;el besoin d&#39;&eacute;volution des m&eacute;tiers qui m&eacute;rite d&#39;&ecirc;tre objectivé &raquo;. La proposition n&deg;3 du rapport (&laquo; proc&eacute;der &agrave; une &eacute;tude sur les sch&eacute;mas d&#39;emploi [...], appuy&eacute;e sur les observatoires de branche [...] et conduite par la DREES &raquo;) indique que cette objectivation est entendue comme une comp&eacute;tence des pouvoirs publics, marquant encore une logique descendante. Le rapport note l&rsquo;&eacute;chec de la CPC &agrave; gagner l&rsquo;adh&eacute;sion des professionnels &agrave; ses mesures, mais reconna&icirc;t que &laquo; l&#39;id&eacute;e d&#39;un socle commun de comp&eacute;tences et de connaissances [l&rsquo;une des propositions &ldquo;radicales&rdquo;] semble d&eacute;sormais assez largement admise &raquo;. Alors, comment expliquer cette r&eacute;sistance ? Un d&eacute;ficit de m&eacute;thode et de communication aurait &laquo; largement contribué à la radicalisation de certaines positions contestataires &raquo;, dit-on, tout en &laquo; se félicit[ant] que la d&eacute;marche de concertation initi&eacute;e par le Premier ministre ait permis d&#39;ouvrir un dialogue &eacute;clair&eacute; et constructif favorisant l&#39;expression d&#39;avis plus nuanc&eacute;s &raquo; (Bourguignon, 2015&nbsp;: 27). Cela refl&egrave;te une absence de relation discursive vers un compromis, où chaque argument contraire serait authentiquement reconnu. S&rsquo;il est effectivement tr&egrave;s complexe d&rsquo;encadrer de mani&egrave;re constructive des d&eacute;bats publics lorsque des points de vue se polarisent, le crit&egrave;re de &laquo; contestabilit&eacute; &raquo; devrait amener &agrave; consid&eacute;rer les arguments contraires comme l&eacute;gitimes et devant &ecirc;tre pris en compte dans un d&eacute;bat qui &eacute;puiserait les controverses.</span></span> </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">La proposition d&rsquo;un socle commun aux formations en travail social est en fait per&ccedil;ue par certains professionnels comme une harmonisation dangereuse pour les sp&eacute;cificit&eacute;s des m&eacute;tiers et promouvant, au fond, un objectif de rationalisation. Or elle para&icirc;t emp&ecirc;cher l&rsquo;&eacute;mergence de tout autre forme de mutualisation. N&rsquo;est-ce pas un moyen, pour le Gouvernement, de garder le contr&ocirc;le sur la construction des identit&eacute;s professionnelles du social, et de maintenir un cloisonnement des r&eacute;flexions, notamment au sujet des repr&eacute;sentations sociales ? La fa&ccedil;on dont est con&ccedil;u le socle commun par la CPC ne refl&eacute;terait-elle pas une volont&eacute; ambivalente, uniformisant d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, et maintenant, d&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, les cloisonnements interprofessionnels ? </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Il serait possible, moyennant un v&eacute;ritable processus participatif, de permettre aux travailleurs sociaux d&rsquo;&eacute;laborer leur socle commun de valeurs, porteur d&rsquo;une identit&eacute; forte du travail social, autour de la protection des int&eacute;r&ecirc;ts des personnes accompagn&eacute;es et des int&eacute;r&ecirc;ts professionnels de chacun. Cela serait un formidable outil pour les d&eacute;fendre politiquement au sein de l&rsquo;action publique g&eacute;n&eacute;rale, tout comme dans chaque instance institutionnelle de prise de d&eacute;cision. Pour cela, il faudrait d&eacute;j&agrave; prendre en compte les arguments de la Conf&eacute;d&eacute;ration g&eacute;n&eacute;rale du travail qui &laquo; conteste la pertinence d&#39;une r&eacute;vision des formations au motif que ce n&rsquo;est pas la formation des travailleurs sociaux qui est inadapt&eacute;e mais que ce sont les r&eacute;organisations et la parcellisation des comp&eacute;tences dues à la d&eacute;centralisation qui ont conduit au cloisonnement des organisations &raquo; (Bourguignon, 2015&nbsp;: 27). Pour abonder dans ce sens, il nous appara&icirc;t effectivement paradoxal de pr&eacute;tendre vouloir d&eacute;construire les repr&eacute;sentations sociales dans la formation des &eacute;tudiants en travail social en l&rsquo;affichant formellement dans les r&eacute;f&eacute;rentiels tout en cat&eacute;gorisant les questions sociales et les publics.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">En effet, si nous prenons la formation des ASS, la r&eacute;forme de 2018 (D&eacute;cret no 2018-734 du 22 ao&ucirc;t 2018) et ses textes d&rsquo;application, structurent le domaine de formation &laquo; Analyse des questions sociales de l&rsquo;intervention professionnelle en travail social &raquo;, en quatre unit&eacute;s de formation : les questions sociales et &eacute;volution des probl&egrave;mes sociaux, les repr&eacute;sentations sociales, les diff&eacute;rents publics et le territoire. Cette segmentation qui dissocie l&rsquo;&eacute;volution des probl&egrave;mes sociaux, des publics qui les vivent, sugg&egrave;re une cat&eacute;gorisation des publics, alors que l&rsquo;expertise terrain de l&rsquo;ensemble des services sociaux et m&eacute;dico-sociaux atteste d&rsquo;une multiplicit&eacute; et d&rsquo;un cumul de difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par les personnes accompagn&eacute;es. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Les formations en travail social doivent donc composer avec ces tensions pour former des professionnels en prise avec les attentes des politiques tout en conservant le sens de leur action &agrave; savoir l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t et l&rsquo;aide aux personnes vuln&eacute;rables. Le maintien d&rsquo;une formation exigeante semble indispensable pour affiner le regard r&eacute;flexif sur les pratiques. Mais l&rsquo;arriv&eacute;e de parcours sup et de la r&eacute;forme des financements de la formation tendent &agrave; favoriser une baisse g&eacute;n&eacute;rale du niveau des &eacute;tudiants. Les formations canoniques ont enfin obtenu une reconnaissance et une valorisation &agrave; un grade licence, apr&egrave;s de longues ann&eacute;es de revendications et de n&eacute;gociations pour que les trois ann&eacute;es de formation, initialement sanctionn&eacute;es par un bac +2, puissent atteindre une coh&eacute;rence entre sa dur&eacute;e et le niveau du dipl&ocirc;me d&rsquo;Etat. Or, parall&egrave;lement, les formations du social ont &eacute;t&eacute; int&eacute;gr&eacute;es &agrave; parcours sup, avec pour effet notable une &eacute;volution des profils des candidats &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e de la formation. Les formateurs avec lesquels nous exer&ccedil;ons constatent une augmentation d&rsquo;&eacute;tudiants issus de fili&egrave;res professionnelles et technologiques au d&eacute;triment des fili&egrave;res g&eacute;n&eacute;rales. Nous pouvons ici nous interroger sur l&rsquo;algorithme de parcours sup qui tendrait &agrave; &eacute;tablir un lien de filiation entre les cursus professionnels du secondaire et les formations &agrave; vis&eacute;e professionnalisante. Pour ce qui nous concerne, cela pose des questions &eacute;thiques : faut-il adapter la formation &agrave; ces profils, ce qui n&eacute;cessite de les accompagner dans une mise &agrave; niveau correspondant aux pr&eacute;requis de la formation sup&eacute;rieure ? Faut-il maintenir le m&ecirc;me niveau d&rsquo;exigence, au risque de g&eacute;n&eacute;rer d&eacute;crochage et &eacute;chec de ces &eacute;tudiants ? Bourdieu et Passeron (1970) ont montr&eacute; avec quelle violence l&#39;institution scolaire peut faire int&eacute;rioriser l&rsquo;&eacute;chec alors que cette reproduction sociale est syst&eacute;mique. Les formations en travail social peuvent-elles, et doivent-elles, s&#39;inscrire dans ce jeu-l&agrave; ? Et sinon, quelle alternative peut-on envisager ? Car il n&rsquo;en reste pas moins que nous sommes responsables des profils des futurs professionnels form&eacute;s au sein de nos &eacute;tablissements. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Par ailleurs, nous constatons la pr&eacute;carisation des &eacute;tudiants, qui ajout&eacute;e &agrave; un manque d&rsquo;autonomie, manifeste par des attentes d&eacute;mesur&eacute;es envers la formation, op&egrave;re une sorte d&#39;isomorphisme avec la relation entre &laquo; usagers &raquo; / travailleurs sociaux. Depuis bient&ocirc;t deux ans, les formations ont adopt&eacute; des modalit&eacute;s de distanciel, &agrave; marche forc&eacute;e. Les &eacute;tudiants ont d&ucirc; s&rsquo;adapter tant bien que mal. Au-del&agrave; de l&rsquo;isolement et du mal-&ecirc;tre que ce contexte a pu g&eacute;n&eacute;rer, s&rsquo;est r&eacute;v&eacute;l&eacute;e de fa&ccedil;on plus pr&eacute;gnante l&rsquo;ampleur de la pr&eacute;carit&eacute; &eacute;tudiante &agrave; travers les difficult&eacute;s voire impossibilit&eacute; d&rsquo;acc&egrave;s au num&eacute;rique, ou des conditions mat&eacute;rielles de vie ne permettant pas de disposer d&rsquo;un espace au domicile pour suivre les cours et travailler. En outre, cette pr&eacute;carit&eacute; appara&icirc;t dans l&rsquo;importance de la gratification des stages dans les budgets de chacun. La recherche de stage devient alors un enjeu majeur et une source de stress importante, non pas en premier lieu dans une vis&eacute;e de professionnalisation, mais en tant que ressource financi&egrave;re. Or, les stages sont de plus en plus difficiles &agrave; trouver. Les terrains ont &eacute;t&eacute; eux-m&ecirc;mes mis &agrave; mal par la crise ainsi que par l&#39;obligation de gratification. De plus, s&rsquo;exprime sur les terrains une r&eacute;sistance voire une d&eacute;fiance face &agrave; l&rsquo;arriv&eacute;e de ces futurs professionnels dont le dipl&ocirc;me a &eacute;t&eacute; valoris&eacute;, et au constat de leur baisse de niveau. Le secteur de la formation tend &agrave; chercher des solutions &agrave; ces tensions notamment &agrave; travers le d&eacute;veloppement de l&rsquo;apprentissage comme en t&eacute;moigne la cr&eacute;ation d&rsquo;un CFA &agrave; l&rsquo;IRTS de Paris. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Parall&egrave;lement &agrave; ces &eacute;volutions, le secteur de la formation professionnelle</span></span> (<span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">loi du 5 septembre 2018) a &eacute;t&eacute; r&eacute;form&eacute;. Les &eacute;tablissements sont en difficult&eacute; face &agrave; l&rsquo;imp&eacute;ratif de diversifier davantage leurs sources de financement. Ainsi, on observe &eacute;galement un effet sur les s&eacute;lections &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e en formation pour les candidats financ&eacute;s au titre de la formation sup&eacute;rieure ou continue, ce qui leur garantit presque une place de fait. Nous avons pu constater, en CAFERUIS, CAFDES et DEIS, que les ressources de la formation sont un enjeu tel que des candidatures ayant obtenues le financement par leur employeur, un OPCA ou la mobilisation de leur CPF, se voient difficilement refuser l&rsquo;entr&eacute;e en formation. Comment accompagner correctement ces stagiaires dans la mont&eacute;e en comp&eacute;tence jusqu&rsquo;au niveau requis pour ces dipl&ocirc;mes ? Jusqu&rsquo;o&ugrave; les enjeux de financement et de maintien d&rsquo;un &eacute;quilibre financier, pour les &eacute;tablissements de formation, contraignent-ils les contenus et les modalit&eacute;s p&eacute;dagogiques ? </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Tous ces mouvements am&egrave;nent des changements profonds, n&eacute;cessitant une r&eacute;ing&eacute;nierie des formations qui transforment l&#39;activit&eacute; des formateurs. Les modalit&eacute;s p&eacute;dagogiques doivent s&rsquo;adapter au tournant num&eacute;rique que les &eacute;coles ont tard&eacute; &agrave; prendre, ainsi qu&rsquo;&agrave; la diversification des parcours de formation : d&eacute;coupage en blocs de comp&eacute;tences pour permettre la formation continue, la cohabitation des formations initiales avec l&rsquo;apprentissage, et l&rsquo;universitarisation avec le d&eacute;coupage en semestrialisation. Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;assurer une mont&eacute;e en charge de l&rsquo;activit&eacute; d&rsquo;ing&eacute;nierie p&eacute;dagogique, &agrave; moyens constants, ce qui ne peut se faire qu&rsquo;au d&eacute;triment soit du suivi des &eacute;tudiants, soit du temps de face &agrave; face p&eacute;dagogique, soit du temps de veille et d&rsquo;actualisation des connaissances. Cela induit un recours massif &agrave; des intervenants vacataires pour toutes ces activit&eacute;s, y compris pour le suivi des &eacute;tudiants. Allons-nous vers une ub&eacute;risation des formations du travail social ?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Ces contraintes organisationnelles et &eacute;conomiques, conjugu&eacute;es aux mutations des formations en travail social complexifient la t&acirc;che des cadres p&eacute;dagogiques et des formateurs tant sont multiples, encore, les injonctions paradoxales. Ces constats pos&eacute;s, comment envisager la formation en travail social &agrave; l&rsquo;avenir&nbsp;? Voici quelques pistes de r&eacute;flexion qui nous semblent essentielles pour y parvenir.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><b><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Pistes de r&eacute;flexions</span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Tout d&rsquo;abord, soulignons l&rsquo;importance d&rsquo;approfondir le lien entre le travail social et la recherche comme moyen privil&eacute;gi&eacute; de d&eacute;passer les repr&eacute;sentations sociales. Grande absente des r&eacute;flexions ayant anim&eacute; les Etats g&eacute;n&eacute;raux du travail social en 2015 qui portaient essentiellement sur le lien entre la formation et les terrains, c&rsquo;est pourtant la recherche qui peut apporter les moyens de d&eacute;finir le sens des actions. Notons qu&rsquo;&agrave; ce jour, le DEIS est le seul dipl&ocirc;me d&rsquo;Etat qui relie le travail social &agrave; la recherche. Cette formation est indispensable. La difficult&eacute; &agrave; remplir ses promotions tient surtout &agrave; son co&ucirc;t &eacute;lev&eacute; en temps et en argent pour des travailleurs sociaux en &eacute;volution de carri&egrave;re. Cela place les candidats en position de devoir convaincre leur employeur de la financer et d&rsquo;&ecirc;tre en partie d&eacute;charg&eacute; pour se former. En effet, les terrains ne sont pas encore habitu&eacute;s &agrave; favoriser les activit&eacute;s de recherche qui ne pr&eacute;sentent pas <i>a priori</i> une op&eacute;rationnalit&eacute; &agrave; court terme (contrairement au CAFERUIS et au CAFDES), preuve d&rsquo;une m&eacute;connaissance des caract&eacute;ristiques et int&eacute;r&ecirc;ts du DEIS. Pourtant, la recherche en DEIS &eacute;tant ancr&eacute;e sur les terrains professionnels des stagiaires, elle repr&eacute;sente un atout certain. Les besoins se multiplient au niveau des conseils et &eacute;tudes sollicit&eacute;es par les &eacute;tablissements sociaux et m&eacute;dico-sociaux pour les aider &agrave; g&eacute;rer la complexit&eacute; des situations et des &eacute;volutions du secteur que nous avons &eacute;voqu&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment. Au risque de laisser la place aux cabinets d&rsquo;expertises et d&#39;audits issus d&rsquo;autres champs, il y a un enjeu majeur &agrave; renforcer le d&eacute;veloppement de la recherche en travail social et l&rsquo;ing&eacute;nierie sociale tel que le DEIS le permet. De fa&ccedil;on plus large, la recherche en travail social pr&eacute;sente des sp&eacute;cificit&eacute;s et int&eacute;r&ecirc;ts ind&eacute;niables. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">La d&eacute;marche de recherche induit un processus d&#39;identification, de d&eacute;construction et de reconstruction des repr&eacute;sentations sociales et permet une r&eacute;flexivit&eacute; primordiale aux m&eacute;tiers du travail social. Dans nos formations, cette d&eacute;marche prend un sens particulier que nous d&eacute;clinons en trois axes :</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">- </span></span><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">la recherche en travail social</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Selon l&rsquo;association fran&ccedil;aise pour le d&eacute;veloppement de la recherche en travail social (2019) : </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">&laquo; La recherche en travail social est &agrave; double finalit&eacute; :</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">● </span></span></span></span><i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Une finalit&eacute; &eacute;pist&eacute;mique</span></span></span></span></i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232"> : elle vise &agrave; produire et formaliser des connaissances et des savoirs relevant de plusieurs registres : savoirs sur le monde social, savoirs compr&eacute;hensifs et/ou pragmatiques des professionnels et des usagers, savoirs proc&eacute;duraux ou savoirs &eacute;thiques.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:0cm"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">● </span></span></span></span><i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Une finalit&eacute; transformatrice</span></span></span></span></i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232"> : elle vise la transformation des dispositifs, des pratiques et des acteurs engag&eacute;s et concern&eacute;s par leur recherche, ainsi que la professionnalisation des acteurs. &raquo;</span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Un paradoxe appara&icirc;t dans le cadre m&eacute;thodologique prescrit par la r&eacute;glementation encadrant les formations en travail social qui retient la m&eacute;thode hypoth&eacute;tico-d&eacute;ductive, r&eacute;f&eacute;rence de la recherche en sciences sociales. Or, &eacute;manation de la m&eacute;thode exp&eacute;rimentale, elle doit &ecirc;tre adapt&eacute;e aux ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux qui ne peuvent &ecirc;tre isol&eacute;s &laquo; de fa&ccedil;on &agrave; les rendre &ldquo;contr&ocirc;lables&rdquo; et &ldquo;reproductibles&rdquo; comme on le ferait dans le cadre d&rsquo;un laboratoire &raquo; (Li&egrave;vre, 2016 : 18). </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Si la recherche en DEIS peut s&rsquo;appuyer sur d&rsquo;autres m&eacute;thodes qualitatives et inductives, les formations de niveau 6 n&rsquo;ont pas l&rsquo;exp&eacute;rience terrain suffisante pour que cela soit pertinent d&rsquo;o&ugrave; cette r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la m&eacute;thode hypoth&eacute;tico-d&eacute;ductive partant d&rsquo;observations d&rsquo;interventions sociales. Outre cette &laquo; ambiguit&eacute; fondamentale entre th&eacute;orie et pratique &raquo; (Li&egrave;vre, 2016 : 15), l&rsquo;initiation &agrave; la recherche de ces formations nomme &laquo; m&eacute;moire &raquo; la d&eacute;marche attendue qui s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre en r&eacute;alit&eacute; un projet de recherche, mais sans le pr&eacute;senter comme tel, ce qui ajoute de la confusion pour les &eacute;tudiants. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">La recherche en travail social se distingue tout en &eacute;tant compl&eacute;mentaire de la recherche en sciences sociales par sa finalit&eacute; : la production de connaissances par des professionnels ou futurs professionnels du secteur &agrave; partir d&rsquo;une question issue du terrain, selon une m&eacute;thodologie scientifique, dans une perspective constructiviste, en vue de produire un changement social (Li&egrave;vre, 2016).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">- </span></span><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">la recherche par le travail social</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">La recherche en travail social &eacute;mane des &eacute;tudiants et professionnels de l&rsquo;action sociale, en position de praticien-chercheur engag&eacute;s sur le terrain qui op&egrave;rent un mouvement de distanciation pour mener une d&eacute;marche scientifique visant &agrave; penser l&rsquo;action et les pratiques. En ce sens, elle permet le d&eacute;veloppement d&rsquo;une posture r&eacute;flexive inh&eacute;rente &agrave; la d&eacute;marche de recherche tout en se distinguant du praticien-r&eacute;flexif qui m&egrave;ne une analyse de ses propres pratiques en situation d&#39;intervention professionnelle (Albarello, 2012). La recherche va, en premier lieu, se nourrir des savoirs exp&eacute;rientiels des travailleurs sociaux et placer le travail social comme objet de recherche dans une d&eacute;marche scientifique. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Initi&eacute;e en formation de niveau 6, cela permet aux &eacute;tudiants d&#39;appr&eacute;hender ces deux postures bien diff&eacute;rentes et d&rsquo;en comprendre les enjeux. Dans le DEIS, la recherche est ax&eacute;e sur l&rsquo;analyse des situations complexes dans la perspective des politiques publiques et des politiques sociales. Ancr&eacute;e sur un terrain professionnel, elle passe de la dimension micro &agrave; la dimension macro tout en contribuant &agrave; la production de connaissance et &agrave; la conceptualisation des savoirs exp&eacute;rientiels.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Il s&rsquo;agit pour les professionnels d&rsquo;&ecirc;tre force de proposition dans le changement social d&rsquo;une autre mani&egrave;re et &agrave; une autre place car la recherche en travail social est au service du travail social et produit du changement. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">- </span></span><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">la recherche pour le travail social </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">La finalit&eacute; de la recherche en travail social est bien de faire &eacute;voluer l&rsquo;action sociale en fonction de la soci&eacute;t&eacute;, de ses transformations et ses enjeux actuels. &laquo; Les sciences du social s&rsquo;enrichissent et se d&eacute;veloppent en s&rsquo;immergeant sans cesse dans l&rsquo;action sociale tandis que les mouvements collectifs et les acteurs sociaux int&egrave;grent dans leur activit&eacute; les acquis scientifiques en vue d&rsquo;accro&icirc;tre leur force de conviction et leur impact sur la soci&eacute;t&eacute; &raquo; (Albarello, 2014 : 15).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Cette production de savoirs s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre utile aux autres professionnels du travail social et aux d&eacute;cideurs. Favoriser la recherche en travail social c&rsquo;est bien montrer les demandes et les besoins des personnes accompagn&eacute;es et des professionnels ainsi que les effets, et les limites des politiques publiques et des dispositifs. Elle joue donc un r&ocirc;le fondamental pour donner une visibilit&eacute; aux acteurs et aux r&eacute;alit&eacute;s du terrain, de fa&ccedil;on distanci&eacute;e et objectiv&eacute;e. Cela lui donne une l&eacute;gitimit&eacute; tout en &eacute;tant performative sur son objet et sur les personnes enqu&ecirc;t&eacute;es, ainsi qu&rsquo;au regard de l&#39;influence qu&rsquo;elle peut avoir sur les d&eacute;cisions politiques.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Toutefois, toute forme de recherche &eacute;manant du terrain se voit d&rsquo;embl&eacute;e interrog&eacute;e sur sa valeur scientifique, c&rsquo;est le cas par exemple pour la recherche-action. Le travail social n&#39;est pas reconnu comme une discipline universitaire. Si de fait, il permet souplesse et cr&eacute;ativit&eacute; - ce qui n&rsquo;est pas toujours possible dans un cadre universitaire tr&egrave;s codifi&eacute; - la tendance &agrave; plaquer la m&eacute;thode classique hypoth&eacute;tico-d&eacute;ductive atteste d&rsquo;une qu&ecirc;te dans ce sens. Celle-ci a d&eacute;j&agrave; franchi plusieurs &eacute;tapes avec la cr&eacute;ation de la chair de travail social au CNAM, l&#39;&eacute;mergence de groupements d&#39;int&eacute;r&ecirc;ts scientifiques, ainsi que r&eacute;cemment, la cr&eacute;ation d&rsquo;une &eacute;cole doctorale libre des sciences sociales et des solidarit&eacute;s &agrave; l&rsquo;IRTS de Paris en partenariat avec l&rsquo;Universit&eacute; de Montr&eacute;al, et le manifeste lanc&eacute; par le CNAM &laquo; pour une discipline sciences humaines et sociales - travail social &raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Ce statut universitaire permettrait aussi de mobiliser un v&eacute;ritable vivier d&rsquo;experts pour la d&eacute;finition partag&eacute;e d&rsquo;un socle commun. Nous proposons ici d&rsquo;ancrer l&rsquo;ensemble des m&eacute;tiers du social dans l&#39;&eacute;thique du <i>care</i>, essence premi&egrave;re du travail social. En effet, bien que le champ universitaire fran&ccedil;ais se soit montr&eacute; peu enthousiaste &agrave; l&rsquo;accueil de l&rsquo;id&eacute;e de <i>care</i>, c&rsquo;est bien le &laquo; d&eacute;veloppement [...] de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t public pour les questions d&rsquo;aide aux personnes vuln&eacute;rables, et pour les nouveaux probl&egrave;mes sociaux et politiques engendr&eacute;s par la situation in&eacute;galitaire des travailleuses/eurs du <i>care</i> [qui a permis aux] questions th&eacute;oriques li&eacute;es au <i>care</i> de trouver une nouvelle pertinence &raquo; (Laugier et Paperman, 2008 : IX). Par ailleurs, les contours qu&rsquo;en dessine Carol Gilligan nous paraissent correspondre au travail social tel que les professionnels l&rsquo;incarnent. En effet, elle insiste sur le fait que le <i>care</i> n&rsquo;est pas seulement une attitude, mais un v&eacute;ritable travail, avec des pratiques qui requi&egrave;rent &laquo; un examen des situations particuli&egrave;res &raquo;, &laquo; un mode de pens&eacute;e plus contextuel et narratif que formel et abstrait &raquo; (Gilligan, 1986/1982 : 40). Par ailleurs, d&eacute;velopper l&rsquo;&eacute;thique du <i>care</i> comme fondement de nos valeurs permettrait d&rsquo;op&eacute;rer un v&eacute;ritable travail sur les repr&eacute;sentations sociales &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des publics pris en charge. Elle nous encourage effectivement &agrave; concevoir la vuln&eacute;rabilit&eacute; autrement. Cassant l&rsquo;id&eacute;e des cat&eacute;gories sociales, elle permet de &laquo; d&eacute;faire l&rsquo;&eacute;vidence d&rsquo;un <i>care</i> qui serait r&eacute;serv&eacute; aux plus d&eacute;munis, aux malades, aux handicap&eacute;s ou aux personnes &acirc;g&eacute;es d&eacute;pendantes &raquo; (Laugier et Paperman, 2008 : XIV). S&rsquo;&eacute;cartant des d&eacute;finitions &laquo; universalistes &raquo; du droit et de la justice, dont l&rsquo;objectif louable d&rsquo;&eacute;quit&eacute; n&eacute;cessite de passer par une cat&eacute;gorisation d&eacute;l&eacute;t&egrave;re des publics, elle emprunte la voie de la philosophie et de la morale pour prendre en compte la vie humaine dans son ensemble, et chacune des relations qui s&rsquo;y nouent. Tous plus ou moins vuln&eacute;rables &agrave; certains moments de nos vies, nous sommes pr&eacute;cis&eacute;ment interd&eacute;pendants, gr&acirc;ce &agrave; quoi nous pouvons collectivement survivre &agrave; nos vuln&eacute;rabilit&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:#323232">Enfin, c&rsquo;est par le d&eacute;passement de cette &eacute;thique du <i>care</i> (comprise dans sa dimension morale), et son acc&egrave;s vers une dimension plus politique (Tronto, 1993) que nous pourrions construire, au sein des formations, cette identit&eacute; professionnelle qui rassemble, susceptible de promouvoir ses pratiques de fa&ccedil;on d&eacute;cloisonn&eacute;e au sein de l&rsquo;action publique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><b><span lang="fr" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques </span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Aball&eacute;a Fran&ccedil;ois. &ldquo;Travail social et intervention sociale : de la cat&eacute;gorisation &agrave; l&#39;identit&eacute;.&rdquo; In: <i>Recherches et pr&eacute;visions,</i> n&deg;62, 2000. Villes et logements. pp. 71-81.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Agamben<span style="background:white">, G. (2006). Th&eacute;orie des dispositifs. </span><i>Po&amp;sie</i><span style="background:white">, 115, 25-33.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Albarello, L. (2012). <i>Apprendre &agrave; chercher</i>. Belgique : De Boeck.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Arendt, H. (1983). <i>Condition de l&#39;homme moderne </i>(G. Fradier, Trad.). Paris, Calmann-L&eacute;vy, coll. Pocket Agora (&oelig;uvre originale publi&eacute;e en 1958).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Arendt, H. (1991).<i> Eichmann &agrave; J&eacute;rusalem</i><span style="background:#fafafa">, Gallimard, Folio-histoire (&oelig;uvre originale publi&eacute;e en 1963).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Aut&egrave;s, M. (1999). <i>Les paradoxes du travail social</i>. Paris, Dunod. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Balme, R. &amp; Brouard, S. (2005). &ldquo;Les cons&eacute;quences des choix politiques : choix rationnel et action publique.&rdquo; <i>Revue fran&ccedil;aise de science politique</i>, 55, 33-50.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Boukhtouche Bakou, T. (2020). <i>L&rsquo;accompagnement en foyer de jeunes travailleurs. Injonctions paradoxales, temporalit&eacute;s et strat&eacute;gies &agrave; l&#39;&oelig;uvre.</i> Paris, Coll. Tessiture&rsquo;S. L&rsquo;harmattan. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Boukhtouche Bakou, T. (2021). &ldquo;L&rsquo;accompagnement en foyer de jeunes travailleurs : jeunes et professionnels sous injonction paradoxale.&rdquo; <i>Revue fran&ccedil;aise de service social</i>, 282, 72-78.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. Passeron, J-C. (1970). <i>La Reproduction. &Eacute;l&eacute;ments pour une th&eacute;orie du syst&egrave;me d&rsquo;enseignement</i>. Paris, Minuit.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Chauvi&egrave;re, M. (2010). <i>Trop de gestion tue le social: Essai sur une discr&egrave;te chalandisation</i> (pp. 25-28). Paris : La D&eacute;couverte.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Curie<span style="background:white">, R. (2011). Le d&eacute;veloppement du n&eacute;olib&eacute;ralisme apr&egrave;s 1973 et le secteur social. </span><i>Empan</i><span style="background:white">, 81,(1), 104-106.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Deleuze, G. (2004). <i>Foucault</i>. Paris, Les Editions de minuit (&oelig;uvre originale publi&eacute;e en 1986).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Donzelot<span style="background:white">, J. &amp; </span>Epstein<span style="background:white">, R. (2006). D&eacute;mocratie et participation : l&#39;exemple de la r&eacute;novation urbaine. </span><i>Esprit</i><span style="background:white">, , 5-34. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Dub&eacute;chot, P. (2005). <i>La sociologie au service du travail social.</i> Paris, La D&eacute;couverte.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Foucault, M. (1975). <i>Surveiller et punir, naissance de la prison.</i> Paris, Gallimard.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Foucault, M. (1994). <i>Dits et &eacute;crits, 1954-1988</i>, Tome III : 1976-1979. Paris, Gallimard.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Gaymard, S. (2021). <i>Les fondements des repr&eacute;sentations sociales : Sources, th&eacute;ories et pratiques</i>. Paris : Dunod.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Gilligan, C. (2008) (</span></span><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">pr&eacute;f. </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sandra_Laugier"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Sandra Laugier</span></span></span></a><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> et Patricia Paperman). </span></span><i><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Une Voix diff&eacute;rente : Pour une &eacute;thique du care</span></i><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> (<span style="background:white">Kwiatek A. et Nurock V., Trad.). Paris, </span></span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_Flammarion"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Flammarion</span></span></span></a><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, </span></span><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">coll.<span style="background:white"> &laquo; Champs Essais &raquo;, </span>2008<span style="background:white"> (</span>&oelig;uvre originale publi&eacute;e en <span style="background:white">1982).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Herndon, Ash et Pollin, 2013 Does High Public Debt Consistently Stifle Economic Growth? A Critique of Reinhart and Rogoff, <i>at PERI UMASS, Workingpaper series </i>number 322</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Jodelet, D. (2003). <i>Les repr&eacute;sentations sociales</i>. Paris cedex 14, France : Presses Universitaires de France.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Haeringer, J. &amp; Traversaz, F. (dir.) (2002). <i>Conduire le changement dans les associations d&#39;action sociale et m&eacute;dico-sociale.</i> Paris : Dunod.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Lechaux, P., Lyet, P. &amp; Wittorski, R. (2019). GIS HYBRIDA-IS. &ldquo;R&eacute;seau mixte et international de recherche en intervention sociale.&rdquo; <i>Forum</i>, 157, 98-103.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Li&egrave;vre, P. (2016). <i>Manuel d&#39;initiation &agrave; la recherche en travail social</i>. Rennes, France : Presses de l&rsquo;EHESP. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Merck, B., Sutter, P. (2009). <i>Gestion des comp&eacute;tences, la grande illusion : Pour un new deal &quot;comp&eacute;tences&quot;</i>. Louvain-la-Neuve, Belgique : De Boeck Sup&eacute;rieur. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Pettit, Ph. (2004). <i>R&eacute;publicanisme. Une th&eacute;orie de la libert&eacute; et du gouvernement</i> (P. Savidan et J.F. Spitz, Trad). Paris, Gallimard (&oelig;uvre originale publi&eacute;e en 1997).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Piketty, T. (2004). <i>L&rsquo;&eacute;conomie des in&eacute;galit&eacute;s</i>. Paris, La D&eacute;couverte.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Tronto, J. (2009). <i>Un monde vuln&eacute;rable. Pour une politique du care</i>. Paris, La D&eacute;couverte, &ldquo;Texte &agrave; l&rsquo;appui&rdquo; (&oelig;uvre originale publi&eacute;e en 1993).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Wittorski, R. (2008). &ldquo;La professionnalisation.&rdquo; <i>Savoirs</i>, 17, 9-36.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Wittorski, R. (1998). &ldquo;De la fabrication des comp&eacute;tences.&rdquo; <i>&Eacute;ducation permanente, Arcueil : &Eacute;ducation permanente. </i>Num&eacute;ro 135, pp.57 &agrave; 69.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Zask, J. (2011). <i>Participer. Essai sur les formes démocratiques de la participation</i>. Le bord de l&rsquo;eau, Paris.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Association Fran&ccedil;aise pour le d&eacute;veloppement de la recherche en travail social (2019). Pour une d&eacute;finition de la recherche en travail social. <i>Forum</i>, 157, 88-91.</span><a href="https://doi.org/10.3917/forum.157.0088"> </a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><i><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Reconna&icirc;tre et valoriser le travail social</span></i><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, dans le cadre des Etats g&eacute;n&eacute;raux du travail social, au minist&egrave;re des Affaires sociales, de la Sant&eacute; et des Droits des femmes. Sous la direction de Brigitte Bourguignon, septembre 2015.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><i><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Rapport sur les in&eacute;galit&eacute;s en France, &eacute;dition 2019</span></i><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">. Sous la direction d&rsquo;Anne Brunner et Louis Maurin, &eacute;dit&eacute; par l&rsquo;Observatoire des in&eacute;galit&eacute;s, juin 2019.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Troisi&egrave;me <i>rapport du comit&eacute; d&rsquo;&eacute;valuation des r&eacute;formes de la fiscalit&eacute; du capital,</i> France strat&eacute;gie, Octobre 2021.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><i><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le virus des in&eacute;galit&eacute;s. R&eacute;unifier un monde d&eacute;chir&eacute; par le coronavirus gr&acirc;ce &agrave; une &eacute;conomie &eacute;quitable, durable et juste.</span></i><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> Rapport publi&eacute; par Oxfam GB pour Oxfam International sous L&#39;ISBN 978-1-78748-721-5 en janvier 2021.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Barret, P. and Chen, S. Social r&eacute;percussions of pandemics (January 29, 2021).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Saadi-Sedik, Tahsin and Xu, Rui, <i>A Vicious Cycle: How Pandemics Lead to Economic Despair and Social Unrest</i> (October 1, 2020).</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">D&eacute;cret no 2018-734 du 22 ao&ucirc;t 2018 relatif aux formations et dipl&ocirc;mes du travail social</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000037367660/2020-10-07/"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Loi du 5 septembre 2018 </span></span></span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">pour la libert&eacute; de choisir son avenir professionnel</span></span></span></a><a name="_Hlk86656920"></a><span lang="fr" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, entr&eacute;e en vigueur au 1er janvier 2019.</span></span></span></span></p>