<h2><span style="color:#8e44ad;">Introduction</span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Le travail social est en pleine mutation. Les changements qui le traversent sont d&rsquo;ordre institutionnels, organisationnels, manag&eacute;riaux mais aussi doctrinaux. Le mouvement participatif confort&eacute; par les d&eacute;cideurs publics modifie en profondeur les relations des professionnels avec les personnes accompagn&eacute;es. En France, le d&eacute;cret du 6 mai 2017 <a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" times="">[1]</span></span></span></a>est symptomatique de cette m&eacute;tamorphose. Le l&eacute;gislateur affirme avec force la vocation &eacute;mancipatrice du travail social marquant ainsi une diff&eacute;rence nette avec les d&eacute;finitions traditionnelles. Il insiste sur &laquo;&nbsp;le d&eacute;veloppement des capacit&eacute;s des personnes &agrave; agir <i>pour </i>elles-m&ecirc;mes&nbsp;&raquo;, sur la participation et le savoir des publics. Leurs attentes, leurs perceptions, leurs compr&eacute;hensions des probl&egrave;mes qui les affectent sont le point nodal des interventions&nbsp;: plac&eacute;es au centre, ils en sont le commencement. Cela signifie, en creux, que les th&eacute;ories, les techniques ne sont plus tout &agrave; fait pos&eacute;es comme des <i>a priori </i>pr&eacute;c&eacute;dant l&rsquo;action. L&rsquo;outillage m&eacute;thodologique des interventions se pr&eacute;sente ainsi davantage comme l&rsquo;aboutissement d&rsquo;un processus d&rsquo;exp&eacute;rimentations qui s&rsquo;amorce dans la relation avec le public : le savoir du professionnel n&rsquo;est plus le seul point de d&eacute;part, il est aussi un point d&rsquo;arriv&eacute;e. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Ce que ce texte permet d&eacute;sormais d&rsquo;assumer et de revendiquer c&rsquo;est l&rsquo;exp&eacute;rimentation et le croisement des savoirs comme les sources l&eacute;gitimes de la connaissance produite dans et par l&rsquo;intervention.&nbsp; Le travail social peut mieux d&eacute;finir un territoire de m&eacute;thodes et de finalit&eacute;s qui lui sont propres tout en consolidant le socle &eacute;pist&eacute;mologique de sa production th&eacute;orique. Loin de s&rsquo;&eacute;loigner des sciences humaines et sociales, il est ainsi en mesure d&rsquo;entrer de plein pied en dialogue avec elles&nbsp;: comme Descartes l&rsquo;avait fait en son temps avec la scolastique, il peut interroger les pr&eacute;suppos&eacute;s et les dogmes qui les animent tout particuli&egrave;rement lorsque les scientifiques qui s&rsquo;en r&eacute;clament se positionnent comme spectateurs du monde. </span></span></p> <h2><span style="color:#8e44ad;">Le travail social et les enjeux &eacute;pist&eacute;mologiques contemporains</span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Apr&egrave;s tout, la d&eacute;marche est classique. Descartes, dans <i>Les m&eacute;ditations m&eacute;taphysiques,</i> &agrave; travers le doute m&eacute;thodique, ne remettait pas simplement en cause les opinions erron&eacute;es de ceux qui connaissent les choses uniquement par les sens. C&rsquo;est aussi l&rsquo;&eacute;difice scientifique de son &eacute;poque qu&rsquo;il &eacute;branlait : &laquo;&nbsp;C&rsquo;est pourquoi peut-&ecirc;tre que de l&agrave; nous ne conclurons pas mal, si nous disons que la physique, l&rsquo;astronomie, la m&eacute;decine, et toutes les autres sciences qui d&eacute;pendent de la consid&eacute;ration des choses compos&eacute;es, sont fort douteuses et incertaines&nbsp;&raquo; (Descartes, 1842&nbsp;: 61)</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">On le sait le doute cart&eacute;sien est hyperbolique. Il vise &agrave; refonder la science sur de nouvelles certitudes. Le cart&eacute;sianisme n&rsquo;est pas un scepticisme. Par contre, Descartes ne s&rsquo;attaque pas seulement aux pr&eacute;jug&eacute;s populaires qu&rsquo;ils proviennent de la tradition, des sens et des objets imm&eacute;diats. Les savoirs savants les mieux &eacute;tablis de son temps ne sont pas &agrave; l&rsquo;abris de consid&eacute;rations douteuses. Du coup, au moins si l&rsquo;on suit Descartes, se d&eacute;prendre des pr&eacute;jug&eacute;s ce n&rsquo;est pas seulement lutter contre le sens commun, c&rsquo;est aussi lutter contre les <i>a priori</i> scientifiques que l&rsquo;on admet, sans plus d&rsquo;examens, parce qu&rsquo;ils font autorit&eacute;. C&rsquo;est alors que &laquo;&nbsp;la ruine des fondements entra&icirc;ne n&eacute;cessairement avec soi tout le reste de l&rsquo;&eacute;difice.&nbsp;&raquo; (Descartes, 1842&nbsp;: 60)</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">A leurs tours, les sch&egrave;mes de pens&eacute;e h&eacute;rit&eacute;s du cart&eacute;sianisme sur lesquelles repose en partie la science classique font actuellement l&rsquo;objet d&rsquo;un r&eacute;examen&nbsp;: ils sont soumis au doute m&ecirc;me s&rsquo;ils ne d&eacute;bouchent pas n&eacute;cessairement sur un projet de refondation tout du moins &agrave; la mani&egrave;re de Descartes. Il serait probl&eacute;matique en p&eacute;riode de mutation, que le travail social soucieux de son arrimage scientifique ne prenne pas en compte les &eacute;l&eacute;ments sur lesquels s&rsquo;appuient cette r&eacute;flexion critique : </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- la coupure du sujet-connaissant et de l&rsquo;objet-mati&egrave;re sur laquelle repose la posture du savant spectateur, </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- la remise en question de la loi et de l&rsquo;ordre sur lesquels repose une m&eacute;thode scientifique invalidant les alternatives. </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- la coupure de la th&eacute;orie et de la pratique sur laquelle repose le dogme selon lequel la v&eacute;rit&eacute; pr&eacute;c&egrave;de l&rsquo;exp&eacute;rience, </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Ces trois points sont d&eacute;terminants. Le premier permet de r&eacute;&eacute;valuer les modes d&rsquo;objectivation qui r&eacute;duisent les populations ou les personnes accompagn&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;tat &laquo;&nbsp;d&rsquo;objet&nbsp;&agrave; connaitre &raquo; par un &laquo;&nbsp;sujet-connaissant&nbsp;&raquo; qui, situ&eacute; dans une position surplomb, d&eacute;tient seul la l&eacute;gitimit&eacute; de d&eacute;finir les probl&egrave;mes et de formuler des solutions dans le cadre d&rsquo;actions dont il est le principal agent. La coupure du sujet et de l&rsquo;objet appliqu&eacute;e &agrave; l&rsquo;intervention sociale invalide la personne en tant que sujet-connaissant. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Le deuxi&egrave;me, centr&eacute; sur la m&eacute;thode, permet de discuter de l&rsquo;univocit&eacute; des d&eacute;marches se pr&eacute;valant de la loi et de l&rsquo;ordre. Ce faisant, en invalidant les alternatives suspect&eacute;es d&rsquo;&ecirc;tre transgressives, elles ne permettent pas de penser les t&acirc;tonnements constitutifs des interventions en situation. En effet, embourb&eacute;es dans des r&eacute;alit&eacute;s et des relations en devenir, elles exigent de la souplesse et de l&rsquo;inventivit&eacute;. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Le troisi&egrave;me est tout aussi important. Si la v&eacute;rit&eacute;, qu&rsquo;elle soit r&eacute;v&eacute;l&eacute;e ou construite, pr&eacute;c&egrave;de l&rsquo;exp&eacute;rience, les savoirs exp&eacute;rientiels, seront toujours seconds par rapport aux savoirs th&eacute;oriques pour lesquels, comme dans le mythe platonicien, le r&eacute;el conceptuel (le soleil) a plus de validit&eacute; que le r&eacute;el ancr&eacute; (la caverne). La coupure de la th&eacute;orie et de la pratique invalide toutes les formes de savoir autres que le savoir savant. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Le travail social peut reconduire cette tradition ou choisir de s&rsquo;en &eacute;manciper. Profitant des br&egrave;ches qui, aujourd&rsquo;hui semblent fissurer le socle classique, il peut aussi poursuivre dans le sens d&rsquo;un cheminement critique pour tenter de d&eacute;gager de nouvelles perspectives. Il lui faudra alors clarifier plus nettement les m&eacute;thodes d&rsquo;objectivation et de distanciation qui lui sont propres. En effet, celles-ci ne peuvent que tr&egrave;s difficilement s&rsquo;accorder avec toutes celles qui dans un double mouvement conduisent &agrave; l&rsquo;invalidation de l&rsquo;exp&eacute;rience premi&egrave;re (celle du sens commun) et de la pratique (celle des m&eacute;tiers). Si le travail social est &agrave; la fois pratique et th&eacute;orique comment se distingue-t-il des th&eacute;ories de la connaissance pour lesquelles une ligne infranchissable s&eacute;pare le praticien du scientifique&nbsp;? </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Dans le contexte actuel, il est probable que cette voie poss&egrave;de une valeur heuristique autant qu&rsquo;une valeur &eacute;thique&nbsp;: se d&eacute;tournant d&rsquo;un savoir hant&eacute; par des r&eacute;miniscences aristocratiques, il pourrait ainsi renouer avec des approches, plus pacifiques et d&eacute;mocratiques. Approches qui supposent, comme le sugg&egrave;rent de nombreux auteurs contemporains d&rsquo;inventer une &laquo;&nbsp;nouvelle alliance&nbsp;&raquo; entre l&rsquo;homme et le monde et de red&eacute;finir les rapports entre science et soci&eacute;t&eacute;. (Prigogine, Stengers, 1979)</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">C&rsquo;est donc un programme de recherches qui s&rsquo;ouvre au travail social sur la base d&rsquo;un retour critique sur les sch&egrave;mes de pens&eacute;e op&eacute;ratoires dans les sciences classiques. Car les id&eacute;aux, les principes et les exigences qu&rsquo;elles valorisent, en l&rsquo;absence d&rsquo;examen, peuvent fonctionner comme des pr&eacute;jug&eacute;s dogmatiques admis parce qu&rsquo;ils font autorit&eacute;. Indisciplin&eacute;, il refusera de leur &ecirc;tre inf&eacute;od&eacute;. </span></span></p> <h2><span style="color:#8e44ad;">La remise en cause de la posture du savant spectateur</span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Les physiciens contemporains, tout particuli&egrave;rement ceux proches de l&rsquo;Ecole de Copenhague, ont fait vaciller le socle m&eacute;taphysique sur lequel s&rsquo;est construit la repr&eacute;sentation classique de la nature sur la base d&rsquo;une coupure entre le sujet-esprit et le monde mati&egrave;re, entre le sujet connaissant et l&rsquo;objet &agrave; connaitre. C&rsquo;est &agrave; partir de la critique de la conception r&eacute;aliste de la mati&egrave;re que la physique quantique introduit des doutes quant &agrave; la posture surplombante du scientifique. A la suite d&rsquo;Heisenberg, on comprend que dans le domaine de la connaissance de l&rsquo;atome il n&rsquo;est plus possible de penser les ph&eacute;nom&egrave;nes en dehors de l&rsquo;homme comme l&rsquo;avait envisag&eacute; la science classique&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Les sciences de la nature pr&eacute;supposent toujours l&rsquo;homme et, comme l&rsquo;a dit Bohr, nous devons nous rendre compte que nous ne sommes pas spectateurs mais acteurs dans le th&eacute;&acirc;tre de la vie.&nbsp;</em>&raquo; (Heisenberg, 2000: 127) Ces conceptions &eacute;branlent l&rsquo;un des pr&eacute;suppos&eacute;s majeur de la science classique&nbsp;: la situation extra-mat&eacute;rielle du sujet pensant spectateur de la nature. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Les savants ne se sont pas fait d&rsquo;illusion quant aux cons&eacute;quences m&eacute;taphysiques de cette nouvelle perspective. Certains, tel Schr&ouml;dinger, ont imm&eacute;diatement tent&eacute; de sauver le principe d&rsquo;une s&eacute;paration entre l&rsquo;esprit et la mati&egrave;re, entre la pens&eacute;e pure et le syst&egrave;me physique pour maintenir le sujet dans une position de surplomb. Selon lui, l&rsquo;entrem&ecirc;lement du sujet et de l&rsquo;objet dans l&rsquo;acte d&rsquo;observation comporte effectivement, comme l&rsquo;affirment Bohr et Heisenberg un &eacute;l&eacute;ment nouveau. Il consiste &agrave; consid&eacute;rer que &laquo;&nbsp;l&rsquo;influence physique directe, causale&nbsp;&raquo;, entre ces deux instances est mutuelle. Cet aspect de la th&eacute;orie qu&rsquo;il reconna&icirc;t comme plus ad&eacute;quat dans la mesure o&ugrave; &laquo;&nbsp;une action physique est toujours une <i>inter-</i>action&nbsp;&raquo; n&rsquo;est valable selon lui, qu&rsquo;en tant que le sujet qui observe poss&egrave;de un corps qui entre en <i>inter-relation </i>physique avec la mati&egrave;re observ&eacute;e. Par contre, et c&rsquo;est par l&agrave; qu&rsquo;il pense pouvoir pr&eacute;server la m&eacute;taphysique h&eacute;rit&eacute;e de Descartes, il insiste sur le fait que l&rsquo;esprit humain n&rsquo;&eacute;tant pas un syst&egrave;me physique, il ne peut <i>inter-agir</i> avec l&rsquo;objet. Voil&agrave; pourquoi, en r&eacute;servant le terme de sujet &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;esprit qui observe.&raquo; il cherche &agrave; maintenir la coupure classique entre l&rsquo;homme-esprit et la nature-mati&egrave;re. (Schr&ouml;dinger, 1992: 69 et suivantes)</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Tout en acceptant une partie des th&egrave;ses des physiciens de l&rsquo;Ecole de Copenhague, il refuse que la &laquo;&nbsp;myst&eacute;rieuse fronti&egrave;re&nbsp;&raquo; entre le sujet et l&rsquo;objet s&rsquo;effondre totalement. Voil&agrave; pourquoi, il r&eacute;serve le terme &laquo;&nbsp;sujet&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer l&rsquo;esprit qui observe afin de r&eacute;affirmer qu&rsquo;entre l&rsquo;immat&eacute;riel et le mat&eacute;riel il ne peut y avoir d&rsquo;interf&eacute;rence. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;en admettant le raisonnement, mais sous condition, il entend ne pas lui permettre de persuader &laquo;<em>&nbsp;que je ne peux &ecirc;tre capable de former dans mon esprit un mod&egrave;le complet et sans lacunes &agrave; partir duquel je pourrais d&eacute;duire ou pr&eacute;voir correctement tout ce que je peux observer, avec le degr&eacute; de certitude que le caract&egrave;re incomplet de mes observations me permet d&rsquo;obtenir.&nbsp;</em>&raquo; (Schr&ouml;dinger, 1992: 69)</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Schr&ouml;dinger veut maintenir &agrave; tout prix la coupure classique entre l&rsquo;homme-esprit- spectateur et la nature-mati&egrave;re-observ&eacute;e, afin, en derni&egrave;re instance, de garantir &agrave; la th&eacute;orie sa supr&eacute;matie sur l&rsquo;exp&eacute;rience. Malgr&eacute; les objections de Schr&ouml;dinger, l&rsquo;influence de l&rsquo;Ecole de Copenhague n&rsquo;a cess&eacute; d&rsquo;op&eacute;rer. &nbsp;</span></span></p> <h2><span style="color:#8e44ad;">La remise en cause d&rsquo;une identification des lois sociales aux lois de la nature</span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Dans cette m&ecirc;me ligne, Prigogine et Stengers insistent sur les nouveaux rapports entre sciences physiques et sciences sociales. Actuellement disent-ils, entrer en dialogue avec les sciences de la nature, ce n&rsquo;est plus n&eacute;cessairement se calquer sur la science classique, celle qui depuis le XVIIIe si&egrave;cle a contribu&eacute; &agrave; d&eacute;nier aux initiatives humaines la possibilit&eacute; d&rsquo;infl&eacute;chir une r&eacute;alit&eacute; sociale tant elle a &eacute;t&eacute; soumise &agrave; des lois globales rendant inutile toute appr&eacute;hension des d&eacute;sirs et des volont&eacute;s. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">L&rsquo;identification des lois de la soci&eacute;t&eacute; et des lois de la nature travaill&eacute;e tout au long des Lumi&egrave;res a pris des formes diff&eacute;rentes au fil des si&egrave;cles. Le mod&egrave;le m&eacute;canique s&rsquo;est vu concurrenc&eacute; par le mod&egrave;le organique, sp&eacute;cialement sous sa forme &eacute;volutionniste. H&eacute;ritage de la m&eacute;taphysique classique il hante encore de nos jours les sciences contemporaines. Cet ancrage, il faut le reconnaitre est, paradoxalement, l&rsquo;un des &eacute;l&eacute;ments essentiels sur lesquels les savants se sont appuy&eacute;s pour s&rsquo;&eacute;manciper de la philosophie et se constituer en sciences &agrave; part enti&egrave;re. Au si&egrave;cle des Lumi&egrave;res, endossant la double ambition de la science classique &agrave; savoir &laquo;&nbsp;comprendre le monde et agir sur lui&nbsp;&raquo; (Prigogine, Stengers, <i>Paris: </i>95), l&rsquo;entreprise de fondation des sciences &eacute;conomiques et sociales s&rsquo;est traduite&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- par l&rsquo;importation d&rsquo;un ensemble de concepts notamment celui de lois de la nature cens&eacute;es assurer une pr&eacute;visibilit&eacute; des comportements humains,</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- par la tentative de construire&nbsp;leurs m&eacute;thodes sur le mod&egrave;le de la physique.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Ce socle m&eacute;taphysique est en train de vaciller. D&rsquo;un point de vue pratique, ces remises en cause touchent l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une intervention humaine pens&eacute;e dans le registre d&rsquo;un agir sur autrui qu&rsquo;il soit humain ou non humain. Cette lame de fond critique sugg&egrave;re de renouveler le questionnement car il est loin d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;vident que le socle classique sur lequel repose les sciences sociales soit compatible avec les changements attendus dans le domaine du travail social. Il est difficile de concevoir un &laquo;&nbsp;agir avec&nbsp;&raquo; dans le cadre &eacute;pist&eacute;mologique traditionnel qui, adapt&eacute; &agrave; des repr&eacute;sentations de l&rsquo;action du sujet sur une r&eacute;alit&eacute; con&ccedil;ue comme pure alt&eacute;rit&eacute;, semble &ecirc;tre un obstacle pour concevoir une intervention sociale comme fond&eacute;e sur l&rsquo;intersubjectivit&eacute;. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Comme l&rsquo;&eacute;crivent Prigogine et Stengers : &laquo;&nbsp;<em>suivre, aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;exemple de la physique, s&rsquo;inspirer du nouveau dialogue exp&eacute;rimental qui s&rsquo;invente dans ces sciences, m&egrave;nerait sans doute, au risque de la perte des lois, &agrave; devenir attentif &agrave; cela m&ecirc;me qui fut &eacute;limin&eacute; comme impuret&eacute;, et notamment &agrave; la mani&egrave;re dont le futur et le pass&eacute; interviennent dans la d&eacute;finition du pr&eacute;sent humain, &agrave; la dialectique entre ce qui, dans la soci&eacute;t&eacute;, assure une stabilit&eacute; relative, &agrave; une autoreproduction partielle, et l&rsquo;activit&eacute; humaine qui peut chercher &agrave; recoder la pr&eacute;sent, &agrave; le modifier au nom d&rsquo;une lecture de l&rsquo;avenir.&nbsp;&raquo; </em>(Prigogine, Stengers, Paris:<i> </i>423). Il est vrai que l&rsquo;interpr&eacute;tation biologique laisse peu de place au futur dans la mesure o&ugrave; elle ne suppose pas que les &ecirc;tres vivants puissent pr&eacute;voir les cons&eacute;quences de &laquo;&nbsp;leurs comportements pr&eacute;sents pour l&rsquo;avenir de leur groupe.&nbsp;&raquo; Mais, c&rsquo;est l&agrave; une diff&eacute;rence majeure avec l&rsquo;&eacute;volution humaine&nbsp;: &laquo;&nbsp;la contrainte propre de ceux qui tentent de comprendre l&rsquo;&eacute;volution humaine&nbsp;&raquo;. Elle consiste &agrave; int&eacute;grer n&eacute;cessairement le fait que &laquo;&nbsp;les actions humaines se r&eacute;f&egrave;rent &agrave; un avenir, et non seulement &agrave; un avenir individuel, mais &agrave; un avenir commun.&nbsp;&raquo; Ainsi ajoutent-ils, face aux crises environnementale et sociale que nos soci&eacute;t&eacute;s traversent &laquo;&nbsp;<em>il est bon&nbsp;que les sciences de la nature contribuent &agrave; rappeler cette v&eacute;rit&eacute;&nbsp;: contrairement aux soci&eacute;t&eacute;s animales, les soci&eacute;t&eacute;s humaines peuvent se donner des buts.</em>&nbsp;&raquo; (Prigogine, Stengers, Paris: 423-424). Rien n&rsquo;est donc &eacute;crit.</span></span></p> <h2><span style="color:#8e44ad;">La remise en cause de la connaissance r&eacute;v&eacute;l&eacute;e et de la coupure entre la pratique et la th&eacute;orie</span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">La m&eacute;taphysique classique est influenc&eacute;e par le principe selon lequel la certitude repose sur l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; cet &ecirc;tre essentiel (le soleil chez Platon ou les lois de la nature chez Descartes) pos&eacute; avant l&rsquo;acte de conna&icirc;tre. La connaissance est donc fondamentalement r&eacute;v&eacute;lation. En ce sens, elle est en continuit&eacute; avec les conceptions religieuses pour lesquelles &laquo;&nbsp;les valeurs ultimes sont affaire de r&eacute;v&eacute;lation&nbsp;&raquo; (Dewey, 2008: 50) ce qui implique que les hommes y ont acc&egrave;s par des moyens fondamentalement diff&eacute;rents de ceux qu&rsquo;ils mobilisent dans leur existence quotidienne. Comme l&rsquo;analyse Dewey, la philosophie classique ancr&eacute;e dans une tradition intellectuelle vieille de 2000 ans, continue d&rsquo;exercer son influence en insufflant encore de nos jours cette id&eacute;e import&eacute;e de la religion mais rendue m&eacute;connaissable &agrave; partir du moment o&ugrave; la philosophie a su lui apporter une justification rationnelle. L&rsquo;&ecirc;tre, l&rsquo;essence, l&rsquo;objet en soi, l&rsquo;Un, quelle qu&rsquo;en soit la d&eacute;nomination est le point nodal de la v&eacute;rit&eacute; fixant ainsi toute l&rsquo;attention sur les id&eacute;aux et les valeurs spirituelles au-del&agrave; du monde commun et du v&eacute;cu ordinaire. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">D&egrave;s lors, si la philosophie peut conc&eacute;der que l&rsquo;action pratique est n&eacute;cessaire &laquo;&nbsp;pour l&rsquo;accomplissement d&rsquo;utilit&eacute;s pratiques&nbsp;&raquo; celle-ci n&rsquo;est d&rsquo;aucun recours, lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;atteindre les v&eacute;rit&eacute;s ultimes. C&rsquo;est en ce sens qu&rsquo;elle est maintenue &agrave; distance du v&eacute;ritable processus de connaissance par lesquelles on peut atteindre les v&eacute;rit&eacute;s premi&egrave;res. Ces derni&egrave;res sont premi&egrave;res dans un double sens. D&rsquo;une part, elles repr&eacute;sentent le plus haut niveau de r&eacute;alit&eacute;, d&rsquo;autre part, elles pr&eacute;c&egrave;dent toute autre forme de connaissance. Les th&eacute;ories id&eacute;alistes et les th&eacute;ories r&eacute;alistes ont comme note Dewey &laquo;&nbsp;<em>une m&ecirc;me supposition&nbsp;: l&rsquo;enqu&ecirc;te dans ses op&eacute;rations, exclut tout &eacute;l&eacute;ment d&rsquo;activit&eacute; pratique qui entre dans la construction de l&rsquo;objet connu.&nbsp;&raquo;</em> Dans les deux cas, &laquo;<em>&nbsp;l&rsquo;&laquo;&nbsp;esprit&nbsp;&raquo; construit l&rsquo;objet connu, non pas d&rsquo;une fa&ccedil;on qui soit en quelque mani&egrave;re observable ou par un moyen d&rsquo;actes pratiques ostensibles ayant une qualit&eacute; temporelle, mais par quelque op&eacute;ration interne occulte.</em>&nbsp;&raquo; (Dewey, 2008: 42)</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Dewey identifie deux probl&egrave;mes inh&eacute;rents aux conceptions qui ent&eacute;rinent l&rsquo;id&eacute;e que le r&eacute;el, celui que d&eacute;signe et qu&rsquo;appr&eacute;hende la connaissance v&eacute;ritable, est ce qui est &laquo;&nbsp;fixe et invariable&nbsp;&raquo; (Dewey, 2008: 43). Le premier est d&rsquo;ordre th&eacute;orique&nbsp;:&nbsp;Cette doctrine d&eacute;termine&nbsp;&laquo;&nbsp;les pr&eacute;misses fondamentales de la th&eacute;orie de la connaissance. La connaissance, pour &ecirc;tre certaine, doit se rapporter &agrave; ce qui poss&egrave;de une existence de mani&egrave;re ant&eacute;c&eacute;dente ou dont l&rsquo;&ecirc;tre est essentiel. Il est des choses certaines qui seules sont, de mani&egrave;re intrins&egrave;que, les objets ad&eacute;quats de la connaissance et de la science.&raquo; (Dewey, 2008: 41)</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Les objets dont s&rsquo;occupent les sciences sont donc tout &agrave; fait distincts de ceux qui se pr&eacute;sentent &agrave; nous ou que nous produisons dans la vie ordinaire. Ils constituent un domaine &agrave; part duquel sont retranch&eacute;es les exp&eacute;riences humaines en ce qu&rsquo;elles sont toujours variables, changeantes, fugace et donc futiles. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Le second probl&egrave;me en d&eacute;coule. Cette science a-t-elle quelque chose &agrave; nous dire sur ce que nous vivons, d&eacute;sirons, voulons, perdons, percevons non pas en qualit&eacute; de &laquo;&nbsp;v&eacute;rit&eacute; premi&egrave;re&nbsp;&raquo;, mais en qualit&eacute; &laquo;&nbsp;d&rsquo;exp&eacute;rience premi&egrave;re&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;d&rsquo;exp&eacute;rience concr&egrave;tes&nbsp;&raquo;. Que peut-elle nous enseigner sur ce que nous &eacute;prouvons dans ce monde variable et changeant qui est celui des affaires humaines&nbsp;? Au-del&agrave; des id&eacute;es de &laquo;&nbsp;justice&nbsp;&raquo;, d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;&eacute;quit&eacute;&nbsp;&raquo;, d&rsquo; &laquo;&nbsp;inclusion sociale&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;reconnaissance&nbsp;&raquo; comment permet-elle &agrave; celui ou celle qui, dans sa situation particuli&egrave;re dont on a vu qu&rsquo;elle ne peut &ecirc;tre un objet pour la science, subit une injustice particuli&egrave;re, une iniquit&eacute; particuli&egrave;re, une&nbsp; exclusion particuli&egrave;re, un m&eacute;pris particulier&nbsp;? Ce que Dewey identifie comme le principal probl&egrave;me de la philosophie est en fait commun aux sciences sociales. Il le formule en une question &laquo;&nbsp;La doctrine selon laquelle la connaissance est valide dans la mesure o&ugrave; elle est r&eacute;v&eacute;lation d&rsquo;existences ou de l&rsquo;&Ecirc;tre ant&eacute;c&eacute;dents est-elle justifi&eacute;e&nbsp;?&nbsp;&raquo; (Dewey, 2008: 63)</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Si Dewey ne nie pas que la science a pu offrir des moyens de satisfaire des besoins en forgeant des instruments utiles &agrave; la vie. Il constate que le probl&egrave;me reste entier lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de questions purement humaines qui ne peuvent trouver de solutions dans un appareillage purement technique. De fait, celui-ci n&rsquo;est pas adapt&eacute; lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de r&eacute;soudre des probl&egrave;mes relatifs aux valeurs. Ces constats am&egrave;nent Dewey &agrave; conclure&nbsp;:</span></span></p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">&nbsp;&laquo;&nbsp;La philosophie qui se tient pr&ecirc;te &agrave; renoncer &agrave; sa mission suppos&eacute;e qui serait de d&eacute;velopper la connaissance de la r&eacute;alit&eacute; ultime pour se consacrer &agrave; une fonction qui soit davantage &agrave; hauteur d&rsquo;homme pourrait contribuer grandement &agrave; la r&eacute;solution de ce probl&egrave;me.&nbsp;&raquo; (Dewey, 2008: 66)</span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Ici, &ecirc;tre &agrave; &laquo;&nbsp;hauteur d&rsquo;homme&nbsp;&raquo; acquiert de nouveau non seulement toute sa dignit&eacute; mais toute sa l&eacute;gitimit&eacute;. Que cette perspective soit nomm&eacute;e science ou discipline, n&rsquo;a finalement qu&rsquo;une importance toute relative. C&rsquo;est une affaire d&rsquo;institutionnalisation, seconde, par rapport au projet et au programme de recherche qu&rsquo;il lui faut consolider. Nous parlons de consolidation, car le travail social et l&rsquo;intervention sociale contribuent d&egrave;s aujourd&rsquo;hui &agrave; d&eacute;fricher de nouveaux chemins de la connaissance en sciences humaines et sociales contribuant &agrave; interroger les pr&eacute;jug&eacute;s et les pr&eacute;suppos&eacute;s que nous venons d&rsquo;identifier avec Dewey. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Si l&rsquo;on consid&egrave;re que loin d&rsquo;&ecirc;tre scandaleux, le projet des lumi&egrave;res et l&rsquo;h&eacute;ritage de la m&eacute;taphysique classique sur lesquels repose la modernit&eacute; occidentale, n&rsquo;ont pas fig&eacute; les rapports entre sciences de la nature et sciences humaines, alors effectivement ce sont de nouvelles alliances qu&rsquo;il faut inventer&nbsp;: entre les diff&eacute;rents savoirs sans doute, entre la th&eacute;orie et la pratique mais aussi entre les sciences et la soci&eacute;t&eacute;. Ce travail d&rsquo;&eacute;laboration est d&eacute;j&agrave; amorc&eacute;. &nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">La th&eacute;orie de l&rsquo;agir communicationnel (Habermas) et la th&eacute;orie de la reconnaissance (Honneth) en r&eacute;investissant la question de la d&eacute;mocratie ouvrent &agrave; leur tour des br&egrave;ches qui fragilisent le mod&egrave;le traditionnel de production des savoirs favorable, au nom de la science, &agrave; une &eacute;lite jug&eacute;e seule l&eacute;gitime &agrave; formuler les probl&egrave;mes et &agrave; &eacute;laborer des solutions. En creux, elles montrent combien l&rsquo;invalidation de la pratique et de l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue engendre une invalidation <i>a priori</i> des personnes ordinaires qui, au quotidien, appr&eacute;hendent les choses telles qu&rsquo;elles s&rsquo;offrent imm&eacute;diatement &agrave; nous c&rsquo;est-&agrave;-dire sans l&rsquo;interm&eacute;diaire des instruments et des op&eacute;rations valid&eacute;es par la science. C&rsquo;est en ce sens qu&rsquo;elles peuvent alimenter la r&eacute;flexion th&eacute;orique et pratique d&rsquo;un travail social soucieux d&rsquo;agir <i>avec</i> les publics. </span></span></p> <h2><span style="color:#8e44ad;">Conclusion</span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Le d&eacute;cret du 6 mai 2017 fixant la d&eacute;finition du travail social en France est tant par sa forme l&eacute;gale que par son contenu une opportunit&eacute; de clarification des pratiques, des m&eacute;thodes et des th&eacute;ories en vue d&rsquo;un arrimage plus net des interventions sociales sur un ensemble coh&eacute;rent de leviers tels qu&rsquo;ils sont &eacute;num&eacute;r&eacute;s dans ce texte. Pour guider l&rsquo;action, on compte notamment sur&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- &laquo;&nbsp;des principes &eacute;thiques et d&eacute;ontologiques&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- &laquo;&nbsp;des savoirs universitaires en sciences sociales et humaines&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- &laquo;&nbsp;les&nbsp;savoirs pratiques et th&eacute;oriques des professionnels du travail social&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">- &laquo;&nbsp;les savoirs issus de l&#39;exp&eacute;rience des personnes b&eacute;n&eacute;ficiant d&#39;un accompagnement social&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Un cadre est propos&eacute; mais au-del&agrave;, on peut lire une invitation &agrave; aller plus loin afin d&rsquo;affiner les conditions d&rsquo;actualisation des nouvelles perspectives sugg&eacute;r&eacute;es. En l&rsquo;&eacute;tat, elles ne figurent qu&rsquo;&agrave; titre de potentialit&eacute;s. En effet, si le l&eacute;gislateur souligne que le travail social rel&egrave;ve d&rsquo;une diversit&eacute; de pratiques s&rsquo;inscrites &laquo;&nbsp;dans un champ pluridisciplinaire et interdisciplinaire&nbsp;&raquo;, il ne pr&eacute;cise pas les liens entre les diff&eacute;rents &eacute;l&eacute;ments sur lesquels sont cens&eacute;s prendre appui les professionnels. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une juxtaposition dont l&rsquo;agencement reste &agrave; &eacute;laborer. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Comme on le sait, certaines th&eacute;ories reconnues en sciences humaines et sociales se sont construites non pas sur la prise en compte des connaissances issus des exp&eacute;riences v&eacute;cues, mais au contraire, sur une invalidation du sens commun qui les appr&eacute;hendait. Du coup, quand bien m&ecirc;me, le l&eacute;gislateur appelle clairement &agrave; une diversification des savoirs, ce qui est une avanc&eacute;e remarquable, il n&rsquo;est pas certain que cela entra&icirc;ne de r&eacute;els changements si, au final, les hi&eacute;rarchies classiques ne sont pas mises &agrave; mal par de nouvelles propositions d&rsquo;articulations de la connaissance scientifique et de la connaissance exp&eacute;rientielle mais aussi de la th&eacute;orie et de la pratique. En l&rsquo;absence de combinatoires r&eacute;fl&eacute;chies, il est fort &agrave; parier que seront vite oubli&eacute;es les exigences de reconnaissance des publics et les aspirations d&eacute;mocratiques.&nbsp; Les potentialit&eacute;s &eacute;mancipatrices des orientations fix&eacute;es par le d&eacute;cret seront alors avort&eacute;es. Pour cela, il suffira de mobiliser un arsenal traditionnel de justifications en rappelant par exemple, qu&rsquo;en derni&egrave;re instance, les lois sociales identifi&eacute;es par la science, en tant qu&rsquo;elles sont fixes et immuables, sont les crit&egrave;res exclusifs &agrave; partir desquels doivent &ecirc;tre &eacute;valu&eacute;s les propositions issues des savoirs pratiques qu&rsquo;ils &eacute;manent des professionnels ou des personnes accompagn&eacute;es. D&egrave;s lors, ces savoirs, fruits des exp&eacute;riences singuli&egrave;res au cours desquelles ces personnes sont confront&eacute;es aux ph&eacute;nom&egrave;nes variables et mouvants qui irriguent la vie ordinaire, seront certes int&eacute;gr&eacute;s dans les dispositifs, mais &agrave; titre consultatif, voire, illustratifs, c&rsquo;est-&agrave;-dire uniquement s&rsquo;ils sont conformes au mod&egrave;le d&eacute;finit par la communaut&eacute; scientifique. Pire, ils pourront &ecirc;tre instrumentalis&eacute;s &agrave; des fins d&rsquo;adh&eacute;sion aux solutions pr&eacute;conis&eacute;es. Dans ce cas, la participation loin d&rsquo;ouvrir sur de r&eacute;els processus d&eacute;lib&eacute;ratifs, visera &agrave; infl&eacute;chir les attitudes pour transformer un public &laquo;&nbsp;r&eacute;clamatif&nbsp;&raquo; d&rsquo;aides sociales en un public &laquo;&nbsp;acclamatif&nbsp;&raquo;, reconnaissant de ce qui est fait pour eux. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Ainsi que nous l&rsquo;avons rep&eacute;r&eacute;, &agrave; y regarder de plus pr&egrave;s, cette compl&eacute;mentarit&eacute; entre diff&eacute;rentes sources de savoirs est loin d&rsquo;&ecirc;tre une &eacute;vidence tant que persistent dans l&rsquo;imaginaire stimul&eacute; par les sciences classiques les cloisonnements entre le sujet pensant et l&rsquo;objet pens&eacute;, le savoir scientifique et le sens commun, l&rsquo;exp&eacute;rience ordinaire imm&eacute;diate et l&rsquo;exp&eacute;rimentation instrument&eacute;e des laboratoires. Du coup, si l&rsquo;on peut continuer de minimiser les antagonismes en esp&eacute;rant qu&rsquo;ils s&rsquo;ajustent d&rsquo;eux-m&ecirc;mes, on peut aussi choisir de prendre &agrave; bras le corps les questions que cela pose : quelles pratiques, quelles m&eacute;thodes, quelles th&eacute;ories peuvent entrer en dialogue fructueux pour permettre d&rsquo;avancer vers des interventions au sein desquelles un ensemble &eacute;largi d&rsquo;acteurs, personnes accompagn&eacute;es, praticiens sp&eacute;cialistes du travail social, chercheurs en sciences sociales, agiront effectivement de concert dans le cadre d&rsquo;institutions favorables &agrave; ces coop&eacute;rations&nbsp;? Quelles exp&eacute;rimentations permettront de s&eacute;lectionner et de formuler de fa&ccedil;on pertinente des probl&egrave;mes afin de trouver des solutions efficaces au regard des besoins identifi&eacute;s et valid&eacute;s par les collectifs impliqu&eacute;s dans les interventions&nbsp;? Il faudra en outre s&rsquo;interroger sur la mani&egrave;re d&rsquo;introduire la dimension &eacute;thique sur laquelle le l&eacute;gislateur insiste d&eacute;sormais. S&rsquo;agit-il de d&eacute;finir a priori un ensemble de valeurs et de normes auxquels les acteurs devront se conformer&nbsp;? Si l&rsquo;on va dans ce sens, cela impliquera-t-il un effort de moralisation des publics et des professionnels pour que leurs attitudes soient mises en conformit&eacute; par rapport au cadre normatif impos&eacute; pr&eacute;alablement &agrave; l&rsquo;action&nbsp;? Faut-il au contraire envisager que les valeurs puissent-&ecirc;tre l&rsquo;aboutissement de l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;intervention dans laquelle pourraient ainsi s&rsquo;entrem&ecirc;ler au sein de la pratique une qu&ecirc;te de certitude technique li&eacute;e &agrave; la coh&eacute;rence des moyens et des fins vis&eacute;es et une qu&ecirc;te de certitude &eacute;thique&nbsp;li&eacute;e &agrave; la production de valeurs estimables et solides ? Dans ce cas, comment concevoir une d&eacute;marche destin&eacute;e &agrave; r&eacute;soudre des probl&egrave;mes dans laquelle on ne s&eacute;parerait pas, comme on le fait habituellement, diff&eacute;rentes formes de rationalit&eacute; en privil&eacute;giant la rationalit&eacute; instrumentale au d&eacute;triment de la rationalit&eacute; communicationnelle et de la rationalit&eacute; en valeur&nbsp;?&nbsp; Comment &eacute;viter qu&rsquo;en poursuivant dans la voie des s&eacute;parations, on raccroche la dimension &eacute;thique dans l&rsquo;apr&egrave;s coup de l&rsquo;action, &agrave; la mani&egrave;re dont on colmate un &eacute;difice mal construit&nbsp;?&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">D&egrave;s que l&rsquo;on avance sur ce terrain, on se rend compte qu&rsquo;il est parsem&eacute; de probl&egrave;mes &eacute;pineux. Car de m&ecirc;me qu&rsquo;il ne suffit pas de d&eacute;cr&eacute;ter l&rsquo;existence d&rsquo;espaces publics pour que la d&eacute;mocratie y soit vivante, de m&ecirc;me qu&rsquo;il ne suffit pas de se r&eacute;clamer des th&eacute;ories de la reconnaissance pour que s&rsquo;efface le m&eacute;pris, de m&ecirc;me il ne suffira pas d&rsquo;affirmer la n&eacute;cessit&eacute; de croiser les savoirs pour que cela modifie les m&eacute;thodes visant des changements effectifs sur le plan des conditions de vie mais aussi sur le plan des valeurs. </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">En fait, si l&rsquo;on prend au s&eacute;rieux le d&eacute;cret de 2017, c&rsquo;est un programme de travail extr&ecirc;mement ambitieux que le l&eacute;gislateur sugg&egrave;re. En effet, il n&rsquo;est pas certain que l&rsquo;effort pour comprendre et r&eacute;soudre les contradictions entre un mod&egrave;le d&rsquo;intervention participatif et le mod&egrave;le de connaissance classique puisse faire l&rsquo;&eacute;conomie d&rsquo;un projet de refondation &agrave; partir de l&rsquo;examen critique des sch&egrave;mes de pens&eacute;e dont nous avons h&eacute;rit&eacute;s. Ces derniers forg&eacute;s au sein des sciences de la nature ont malencontreusement &eacute;t&eacute; introduites au c&oelig;ur des conceptions de l&rsquo;intervention sociale par l&rsquo;interm&eacute;diaire des sciences humaines lorsqu&rsquo;elles se sont calqu&eacute;es sur le mod&egrave;le classique pour s&rsquo;instituer dans le champ acad&eacute;mique.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">En d&eacute;finitive, la question pos&eacute;e au travail social et celle de savoir s&rsquo;il peut, en tant qu&rsquo;il est ancr&eacute; dans la pratique, se satisfaire de syst&egrave;mes de connaissances, qui, par principe d&eacute;nient toute l&eacute;gitimit&eacute; aux savoirs issus des exp&eacute;riences situ&eacute;es&nbsp;? Peut-il en s&rsquo;autorisant de l&rsquo;impertinence esp&eacute;rer sur la base d&rsquo;un travail &agrave; la fois critique et constructif d&eacute;fricher un chemin qui lui soit propre &agrave; partir d&rsquo;une recherche visant &agrave; concilier ce que d&rsquo;autres ont cloisonner au nom de la science ? </span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:16px;"><span new="" roman="" times="">Les d&eacute;bats qui actuellement<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span new="" roman="" times="">[2]</span></span></span></a> animent le travail social sont propices &agrave; de tels questionnements. Dans ce contexte, il est un point qui n&rsquo;est peut-&ecirc;tre pas suffisamment discut&eacute;. Apr&egrave;s tout, si cette discipline entend revendiquer une place dans le champ acad&eacute;mique, elle pourrait &ecirc;tre plus offensive qu&rsquo;elle ne l&rsquo;est aujourd&rsquo;hui en &eacute;tant plus assur&eacute;e des buts de son action et de l&rsquo;efficacit&eacute; de ses m&eacute;thodes. Il faudrait pour cela qu&rsquo;elle engage une r&eacute;&eacute;valuation critique de ses finalit&eacute;s et de ses moyens. Un travail social prospectif et audacieux pourrait alors &ecirc;tre amen&eacute; &agrave; bousculer le cadre plut&ocirc;t que de vouloir s&rsquo;y adapter. Moins d&eacute;f&eacute;rent &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des sciences humaines et sociales institu&eacute;es, fort de son entreprise de r&eacute;habilitation des savoirs et des acteurs estim&eacute;s subalternes, il sera ainsi en position d&rsquo;engager un dialogue mature avec elles. Cette impertinence doit &ecirc;tre outill&eacute;e. Refuser d&rsquo;endosser et de v&eacute;hiculer des principes &eacute;tablis n&rsquo;est pas chose ais&eacute;e. Cela suppose de revenir sur les points de blocage qui, dans les sciences modernes d&eacute;tournent de la recherche de nouvelles connexions entre une diversit&eacute; de savoirs et une diversit&eacute;s d&rsquo;acteurs. On s&rsquo;autorisera alors &agrave; imaginer que d&eacute;laissant la fastidieuse copie, le travail social est en mesure d&rsquo;inaugurer de nouveaux chemins de la connaissance. </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2><span style="color:#8e44ad;">Bibliographie</span></h2> <p style="margin-left: 40px;"><span style="font-size:14px;">D&eacute;cret n&deg; 2017-877 du 6 mai 2017 relatif &agrave; la d&eacute;finition du travail social :&nbsp;NOR : AFSA1710020D ELI : https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2017/5/6/AFSA1710020D/jo/texte&nbsp;Alias :&nbsp;<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2017/5/6/2017-877/jo/texte">https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2017/5/6/2017-877/jo/texte</a> <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/jo/2017/05/10/0109">JORF n&deg;0109 du 10 mai 2017</a>&nbsp;Texte n&deg; 77</span></p> <p style="margin-left: 40px;"><span style="font-size:14px;"><span new="" roman="" times="">Descartes R. (1842)&nbsp;<i>M&eacute;ditations m&eacute;taphysiques</i><i>,</i> dans <i>Oeuvres de Descartes.</i>&nbsp;Nouvelle collection - Collationn&eacute;e sur les meilleurs textes et pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e d&rsquo;une introduction par Jules Simon, Charpentier Librairie &eacute;diteur, Paris.</span></span></p> <p style="margin-left: 40px;"><span style="font-size:14px;">Dewey J. (2008)&nbsp;<em>La qu&ecirc;te de certitude &ndash; Une &eacute;tude de la relation entre connaissance et action.</em>&nbsp;Traduit de l&rsquo;anglais (Etats-Unis) par Patrick Savidan.&nbsp;Editions Gallimard, Paris.</span></p> <p style="margin-left: 40px;"><span style="font-size:14px;">Heisenberg W. (2000)&nbsp;<em>La nature dans la physique contemporaine.</em>&nbsp;Traduit de l&rsquo;allemand par U. Karvelis et A. E. Leroy.&nbsp;Gallimard, Paris.</span></p> <p style="margin-left: 40px;"><span style="font-size:14px;"><span new="" roman="" times=""><span new="" roman="" times="">Laville J-L., Salmon A. (2022)&nbsp;<i>Pour un travail social indisciplin&eacute; &ndash; Participation des citoyens et r&eacute;volution des savoirs</i>, Er&egrave;s, Paris. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:14px;"><span new="" roman="" times="">Les membres du groupe&nbsp;Discipline &laquo;&nbsp;Sciences Humaines et Sociales-Travail Social<i>&nbsp;</i><i>:</i> Balzani B., Bergougnan R., Boucher M., Dartiguenave J-Y,, Florian X., Gaillard R., Hirlet P., Jaeger M., Jovelin E., Muller B., Pelissi&eacute; M., Salmon A., Vinchon A., <i>Manifeste pour une discipline sciences humaines et sociales -Travail social,</i> Paris, 2021.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:14px;"><span new="" roman="" times=""><span new="" roman="" times="">Prigogine I, Stengers I. (1986).&nbsp;<i>La nouvelle alliance &ndash; M&eacute;tamorphose de la science</i>, Editions Gallimard, Paris.</span></span></span></p> <p style="margin-left: 40px;"><span style="font-size:14px;">Schr&ouml;dinger E. (1992)&nbsp;<em>Physique quantique et repr&eacute;sentation du monde.</em>&nbsp;Seuil, Paris, 1992.</span></p> <div> <p style="margin-left: 40px;">&nbsp;</p> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p><span style="font-size:14px;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> &laquo;&nbsp;Le travail social vise &agrave; permettre l&#39;acc&egrave;s des personnes &agrave; l&#39;ensemble des droits fondamentaux, &agrave; faciliter leur inclusion sociale et &agrave; exercer une pleine citoyennet&eacute;. Dans un but d&#39;&eacute;mancipation, d&#39;acc&egrave;s &agrave; l&#39;autonomie, de protection et de participation des personnes, le travail social contribue &agrave; promouvoir, par des approches individuelles et collectives, le changement social, le d&eacute;veloppement social et la coh&eacute;sion de la soci&eacute;t&eacute;. Il participe au d&eacute;veloppement des capacit&eacute;s des personnes &agrave; agir pour elles-m&ecirc;mes et dans leur environnement.&nbsp;&raquo; D&eacute;cret n&deg; 2017-877 du 6 mai 2017 relatif &agrave; la d&eacute;finition du travail social</span></p> <p>&nbsp;</p> </div> <div id="ftn2"> <p><span style="font-size:14px;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> Nous pensons notamment &agrave; la r&eacute;activation des discussions autour de l&rsquo;institution d&rsquo;une discipline dans le cadre du Manifeste pour une discipline sciences humaines et sociales -Travail social (Les membres du groupe&nbsp;Discipline &laquo;&nbsp;Sciences Humaines et Sociales-Travail Social, 2021).</span></p> </div> </div>