<p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b><u>La transition écologique et sociale : Un objet de formation transversal dans la formation d’éducateurs spécialisés et assistants de service social</u></b></span></span></span></p>
<p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b>Une approche avant tout scientifique </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">L’écologie est une science. Elle contient sa scientificité dans son étymologie : du grec <i>oïkos</i> (demeure) et <i>logos</i> (discours, science), elle est la science qui étudie les rapports entre les organismes et le milieu dans lequel ils vivent. Elle n’est ni une opinion politique, ni une simple vision du monde. Elle est fondée sur des données scientifiques, objectives. C’est une science exacte dont les résultats bruts ne sauraient soulever de discussion. Comme toute science, sa méthode est stricte, rigoureuse, protocolaire et ses résultats sont des faits établis autour desquels il existe un consensus.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Un consensus n’est toutefois pas l’unanimité et le fait scientifique n’échappe pas à la règle : le négationnisme en matière climatique existe. Il est parfois porté par des messagers à la voix forte et très perceptible, relayé et parfois faussement étayé de données erronées. Désinformation, mensonge, ignorance ou manipulation ? Peu importe la cause finalement, elle n’enlève rien à la dangerosité du climato-scepticisme.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Mais fort heureusement, ce négationnisme climatique tend à s’estomper. Pas assez vite, certainement, mais on assiste à une volonté citoyenne de comprendre, de savoir. Et la crise sanitaire dans lequel le monde a été plongé en 2020 a exacerbé cette volonté d’accéder à la source, de se documenter pour comprendre. Elle a ravivé l’intérêt pour les connaissances scientifiques et ses faits établis, pragmatiques et hors du débat politique. Et concernant la crise écologique majeure à laquelle nous devons faire face, comme en tout autre domaine d’ailleurs, internet est une mine d’informations.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Données, scénarios, indicateurs, tout est accessible à qui veut bien (et sait) chercher. Les sites de données scientifiques ou de vulgarisation sont pléthores. Évidemment, d’autres sources existent mais il est incontestable que l’accès aux données est aujourd’hui grandement facilité et ouvert au plus grand nombre grâce à internet. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Les ressources sont nombreuses et certaines présentent l’avantage incontestable d’être pluridisciplinaires. L’écologie nécessite une pensée complexe, systémique, il nous faut, pour comprendre les enjeux des bouleversements et des effondrements en cours, briser les frontières entre les disciplines et les savoirs, sans pour autant les soustraire à leur singularité. Ce n’est qu’à ce prix qu’on peut comprendre. S’abolir de la pensée linéaire et préconstruite pour appréhender les éléments de manière globale, sans quoi chaque discipline, aussi technique et approfondie soit-elle, est incomplète.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Il serait déraisonnable de demander à un climatologue seul d’expliquer la crise climatique, à un biologiste les effondrements de la biodiversité, à un astrophysicien le réchauffement planétaire ou à un océanographe l’acidification des océans sans prendre en compte l’apport des autres disciplines. Cette transdisciplinarité, la mise en commun des connaissances, des données, des savoirs, des cultures, des Hommes est un cadre nécessaire pour comprendre et apprendre.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Mais il convient avant toute chose de voir. Le constat de la crise écologique majeure que nous traversons, d’abord de son existence, ensuite de son ampleur, est nécessaire. Et les chiffres sont terrifiants. Les effondrements se multiplient, les boucles de rétroaction s’enchaînent. L’emballement climatique est lancé et tant que perdureront les perturbations, ce cycle se perpétuera. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Il est crucial de prendre le temps d’examiner les causes. Travailler sur les conséquences seules serait stérile, ça ne serait qu’un pansement vert sur une jambe de bois. Un travail plus en amont s’avère nécessaire pour espérer endiguer cette crise profonde : remonter des conséquences jusqu’aux causes via un questionnement itératif. Si nous construisons un arbre des causes par exemple, les conséquences seraient notamment les conflits armés, les déplacements de populations, l’effondrement de la biodiversité, l’insécurité alimentaire, les crises sanitaires, la cause ultime serait sans aucun doute l’être humain.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Dès lors, à la lumière de ces constats éclairés, il faut agir. Engager la transition écologique, s’orienter ensemble vers des chemins alternatifs, plus respectueux de notre environnement, du vivant dans son ensemble, moins anthropocentrés, réinventer un monde plus résilient pour mieux vivre, ensemble et avec notre environnement. Cette transition écologique globale, à son échelle la plus large, est peut-être davantage une question politique mais localement, elle est l’affaire de chaque citoyen, chaque territoire. La littérature à propos de la crise que nous traversons est ponctuée de « il faut », « on doit », d’adverbes impératifs, parce que le choix ne nous appartient plus. Il est trop tard pour se poser la question de la volonté, de l’envie. Les injonctions se multiplient. Il faut dire la crise et arpenter le chemin de la transition écologique.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La jeunesse s’est emparée de la question depuis quelques années, en réponse notamment à des politiques incapables et inaptes à prendre des décisions fortes, difficiles, violences peut-être, mais somme toute vitales. Dans les années 1970, on s’inquiétait de l’avenir de nos petits-enfants, puis de nos enfants, aujourd’hui c’est notre avenir à tous qui est compromis. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Partant de cela, l’éducation et la sensibilisation sont les plus puissants leviers pour faire bouger les lignes et ainsi ancrer de nouvelles pratiques dans nos modes de vie. Chaque citoyen est concerné, parmi lesquels les travailleurs sociaux. La crise a redessiné le rôle du travailleur social confronté quotidiennement aux publics les plus précaires et conséquemment souvent les plus impactés par les crises et les inégalités. Importer la transition écologique dans les formations du travail social, au plus tôt de la vie professionnelle, nous a semblé pertinent.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b>Le contexte et la légitimité de cette démarche de formation </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Comment intégrer et engager la transition sociale et écologique comme objet de formation dans une école en travail social ? Notre premier levier, sans hésitation est celui de notre engagement citoyen sur cet enjeu. Nous sommes trois formatrices, pleinement conscientes de l’impasse dans lequel se situe notre modèle de développement de société, responsable des plus profondes inégalités sociales et d’une crise climatique aux conséquences déjà désastreuses pour le vivant dont l’humain fait partie. Donc oui! Nous sommes trois formatrices engagées en tant que citoyennes sur nos territoires de vie et cela bien en amont de notre prise de fonction de cadre pédagogique. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Alors, quand quelques étudiants viennent nous voir pour nous demander comment se fait-il que dans la formation, on ne parle pas du dérèglement climatique, nous nous sommes réunis autour d’une table, avec le soutien immédiat de notre directrice de site. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Avant d'envisager tout projet de formation, autour de cette table, nous avons tout simplement posé notre parole sur ce sujet. Ensemble, au-delà de l’anxiété ou d’une nouvelle forme de vulnérabilité ressentie face aux conséquences actuelles du réchauffement climatique, avant toute autre chose, il est évident que nous sommes animées d’une volonté forte d’agir collectivement autour de cette question. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b>Mais finalement le plus complexe a été de professionnaliser une question très engageante citoyennement parlant. Comment faire de la transition sociale et écologique un objet de formation transversale et non une préoccupation de quelques individus dans une institution ? </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Et comment parler d’effondrement sans effondrer ? Qu’avons-nous à garantir pour que les sentiments qui s'expriment ou s’éveillent autour des constats du dérèglement climatique et de ses conséquences se transforment en force pour libérer le pouvoir d’agir des étudiants en tant que futur travailleurs sociaux ? </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">C’est par la mise au travail et l’implication des étudiants que nous avons dessiné ensemble les contours de notre projet de formation toujours en cours de construction. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Un premier travail de diagnostic social territorial mené par un groupe d’étudiants en formation d’assistants de service social et éducateurs spécialisés a permis de rapprocher la définition même du travail social avec celle de la transition écologique. Celui-ci portait sur l’inscription de la transition écologique et sociale dans les contenus de formation à l’IRTS Hauts-de-France. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">En se réappropriant la définition du travail social et en se donnant une définition commune de la transition écologique, les étudiants ont relié par leur travail la question environnementale à la question sociale en définissant un enjeu majeur pour le travail social : <b> </b>face aux incidences du dérèglement climatique, les premières victimes du changement climatique sont et seront celles des quartiers populaires où 40% d’entre elles vivent en-dessous du seuil de pauvreté, les personnes les plus fragiles seront les plus en difficultés pour accéder à leurs droits fondamentaux. Hors, si le travail social se doit de viser à améliorer les conditions de vie des personnes, ses conditions d’exercice sont donc d’autant plus mises à mal dans ce contexte de réchauffement climatique. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Avec ce postulat, nous aurons à cœur de ne jamais détacher la question climatique de la question sociale. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b>Et si la transition sociale et écologique vise une transformation de la société par l’articulation des enjeux sociaux (lien social, lutte contre le précarité, etc.), écologique (changement climatique, biodiversité, etc.) et démocratique (en créant les conditions de la véritable participation), cette démarche ouvre pour le travail social des marges d’actions pour créer dans un contexte contraint des modèles résilients face aux effets du dérèglement climatique et qui dédramatise les solutions possibles . </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Il serait dangereux aujourd’hui, face à l’urgence des effondrements, de détourner le regard. Et il appartient au travailleur social, comme à tout citoyen au demeurant, d’affronter la réalité, aussi oppressante qu’elle puisse être. Agir. La résignation n’a aucun rôle à jouer. Il faut agir, à corps défendant s’il le faut. On ne peut plus stagner ou se morfondre. L’éco-anxiété, ces réponses cognitives, émotionnelles et comportementales négatives associées aux préoccupations liées au changement climatique, doit également être dépassée, transcendée. Parmi les stratégies d’adaptation figurent en premier lieu la compréhension, la discussion et l’action. Et dès lors qu’on comprend, qu’on discute et qu’on agit, on bouge les lignes et ces montagnes qui semblaient insurmontables se fragmentent.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La compréhension et le savoir sont des armes redoutables. Pour pouvoir appréhender les évènements, encore faut-il les comprendre. Et cette compréhension passe par la connaissance, l’apprentissage. On l’a dit : l’approche doit être systémique, globale, elle doit dépasser le cloisonnement (parfois entêté) de la recherche scientifique. Chaque champ disciplinaire doit s’approprier d’abord la question de la crise écologique puis il convient ensuite de mutualiser les connaissances extraites pour permettre une prise de conscience éclairée, pour permettre à chacun, païen ou érudit, d’accéder à ces connaissances.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La discussion est une stratégie d’enrichissement, d’adaptation et d’apaisement : discuter, c’est échanger des idées, des opinions, avec d’autres qui partagent notre point de vue ou qui, au contraire, ont des idées opposées mais qui donnent, argumentent, développent, illustrent, se passionnent parfois. La discussion, même si elle peut être un vecteur de tensions, dédramatise, permet de relativiser et de sortir de son isolement.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">L’action, enfin, a toujours été un levier pertinent, qu’elle soit individuelle mais surtout collective. Elle favorise un sentiment d’espoir et une connexion à une communauté, permettant ainsi d’atténuer l’association entre la défiance cognitive et émotionnelle et les symptômes du trouble dépressif majeur que peut induire l’éco-anxiété. Et il faut pour cela créer des occasions d’action collective.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Aussi, nous, formatrices, voulons et agissons pour transmettre ces leviers d’adaptation, pour donner à chaque travailleur social de ces parcours de formation, et conséquemment à chaque citoyen, les outils pour affronter, à titre professionnel comme personnel, cette période de crise sans précédent, pour appréhender ces temps troublés non pas sereinement mais avec vaillance et persévérance. C’est en étant soi-même préparé qu’on peut aider, tendre la main et ainsi créer du lien social. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b>Une approche par les contenus de formation </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">A l’IRTS Hauts -de-France, nous avons choisi, avec la réforme de 2018, de développer une ingénierie de formation construite dans une logique modulaire tout au long du parcours de formation. Pour nombre d’entre eux, ces modules à dimension professionnelle, se vivent en transversalité ASS et ES et intègrent des apports concernant les quatre domaines de formation. La question de la transition écologique est ainsi travaillée et à travailler, à travers différents apports et domaines de compétence, au sein des modules professionnels qui jalonnent les parcours. Notre enjeu est de développer les compétences professionnelles, partant du postulat que celles-ci s’épanouissent dans l’action, en mobilisant savoirs, savoir-faire et savoir-être.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Dans ce cadre, le pouvoir d’agir, au cœur de l’enjeu transition écologique, nous a amené à coconstruire avec un groupe d’apprenants mobilisés une capsule de formation à distance. Celle-ci décline, à l’appui d’un travail de recherche de nos étudiants, notre posture fondatrice : l’urgence climatique concerne l’ensemble des femmes et des hommes, nous pouvons donc tous agir. Il importe de ne plus opposer questions sociales et questions écologiques, d’autant que les personnes les plus vulnérables sont celles qui sont et seront les plus impactées. Nous proposons alors d’habiter autrement nos territoires et de reconsidérer la place de l’humain comme centrale au sein de notre société. La question climatique s’invite donc, dès l’entrée en formation, comme enjeu majeur pour la justice sociale et le vivre-ensemble. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Dans une démarche coopérative, nous mobilisons l’outil de la Fresque du climat, crée par Cédric Rigenbach<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></a>, pour lequel nous avons été formées, et qui vise à sensibiliser aux causes et conséquences du réchauffement climatique. « La fresque du climat » crée par l’association « La fresque du climat » permet sous un mode d’animation collaboratif et fédérateur de comprendre les enjeux du réchauffement climatique et de poser la première brique à l’action.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Cette fresque du climat présente plusieurs intérêts pour notre institut de formation : créer du lien avec les étudiants, partager les éléments du diagnostic du réchauffement climatique, se former<b> </b>et former les étudiants aux enjeux de demain avec un outil que nous pourrons tous redéployer, y compris les étudiants dans leur future pratique, impulser une démarche de réflexion sur ce sujet pour la suite des formations, impulser l’engagement des étudiants autour de ces questions.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Les apprenants découvrent que les conséquences sociales sont majeures, et identifient les impacts significatifs sur le travail social et les travailleurs sociaux. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Ces conséquences sociales de différentes natures (santé, précarité, inégalités sociales et territoriales, exil, tensions sociales et violences, dégradations des conditions de vie, etc.) sont alors, dans le cadre de modules de formation (lutte contre les exclusions, immigration, logement, territoire, etc.) à appréhender au prisme de l’enjeu climatique. Il s’agit de viser à apporter des éléments de compréhension théorique de ces différentes questions, en mobilisant une approche conceptuelle et pluridisciplinaire. L’approche scientifique est requise, comme enjeu d’objectivation pour la professionnalisation. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Dans cette perspective, la transition écologique telle qu’impulsée par Rob Hopkins<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a>, pose l’enjeu pour les territoires et ses habitants d‘un projet global social, écologique et démocratique, dans lequel le travail social prend évidemment sa place, car animé par ces mêmes valeurs d’émancipation et de lutte contre les exclusions. <a name="_Hlk103193933">Alors, comment, dans ce cadre de référence, et de là où il exerce, accompagner le futur travailleur social à prendre sa part pour habiter autrement son territoire ?</a></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">D’une part, en accompagnant une réflexion éthique, s’appuyant sur la définition du travail social<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></a> , « <i>le travail social vise à permettre l’accès des personnes à l’ensemble des droits fondamentaux, à faciliter leur inclusion sociale et à exercer une pleine citoyenneté</i> (…). <i>Il participe au développement des capacités des personnes à agir pour elles-mêmes et dans leur environnement</i><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">. ». </span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">Il</span></span> s’agit d’apprendre à se centrer sur les aspirations des personnes en veillant à prendre en compte ce qui est essentiel pour elles. C’est un changement de paradigme en termes de posture professionnelle, qui considère la personne comme première experte de sa situation et de son vécu. La mobilisation et l’intervention importante des experts du vécu, des personnes concernées dans nos formations, la sensibilisation au développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités, à l’autodétermination, au croisement des savoirs soutiennent le développement de ce positionnement professionnel.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">D’autre part, comme pour tous les objets concernés par le travail social, nous avons à mener des ateliers avec les étudiants pour les aider à repérer et à analyser les situations en passant par un regard sur soi afin ensemble de comprendre les mécanismes individuels et collectifs à l’œuvre dans l’appropriation de ces questions : déni, colère, résignation, etc., pour engager/repérer des leviers pour l’action individuelle ou collective. Pour la transition écologique et sociale, nous mobilisons l’outil d’animation « <i>les stratégies face aux effondrements</i> »<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Et enfin, les méthodologies d’intervention, telles qu’attendues dans les référentiels de formation, et qui visent à outiller les futurs travailleurs sociaux, permettent de contribuer, voire d’impulser ces dynamiques territoriales. On peut ici faire référence à la méthodologie de diagnostic social territorial, à la méthodologie de projet, au travail en réseau et en partenariat et plus particulièrement encore au développement social local. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Ces compétences développées tout au long des parcours de formation placent alors le travailleur social dans une compétence à agir localement. Ils en sont, de ce point de vue, des acteurs privilégiés, encore faut-il qu’ils en prennent conscience.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b>Une approche par des mises en situation pratique </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Nous nous appuyons également sur l’alternance, fondement de nos formations, pour permettre à nos étudiants de se confronter à des expériences de terrains qui initient avec les habitants des démarches de transition écologique. Sur la métropole lilloise, et autour notamment de la commune de Roubaix, ces initiatives sont de plus en plus visibles. Elles sont portées par les acteurs des centres sociaux, de la prévention spécialisée, de la lutte contre l’exclusion, de l’insertion et de l’économie sociale et solidaire. Pour la plupart, leur objet est de promouvoir des façons plus justes de se nourrir, de consommer, de s’entraider et de travailler pour relever localement le défi de la transition sociale et écologique. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Nous avons pu ainsi travailler avec un foyer d’hébergement qui développe une activité de fabrication de meubles avec du bois de récupération, un club de prévention spécialisé qui, avec les jeunes du quartier, revalorise une ancienne friche industrielle autour de la construction d’une kerterre, une association de lutte contre l’exclusion qui développe une activité de ressourcerie. Des étudiants en formation d’ASS vont également en stage dans une association qui promeut un accès pour tous à une alimentation digne et durable.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Toujours sous la forme d’un stage, des étudiants ASS et ES mènent des travaux de diagnostic social territorial pour des centres sociaux qui souhaitent initier des démarches de transition écologique et social.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Immergés dans ces initiatives, les étudiants sont invités à réfléchir aux questionnements suivants : </span></span></span></p>
<ul type="disc">
<li calibri="" style="text-align:justify; line-height:107%; font-size:11pt; font-family:">Quelles sont les dynamiques à l’œuvre dans ces différentes actions ? (démarche de projet, d’action collective, quels leviers ?) </li>
<li calibri="" style="text-align:justify; line-height:107%; font-size:11pt; font-family:">Comment sont mobilisées les personnes concernées ?</li>
<li calibri="" style="text-align:justify; line-height:107%; font-size:11pt; font-family:">En quoi ces actions mobilisent autant le travailleur social citoyen que le travailleur social professionnel ?</li>
<li calibri="" style="text-align:justify; line-height:107%; font-size:11pt; font-family:">Quels sont les enjeux sociaux de ces expériences et initiatives ?</li>
</ul>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Ces initiatives permettent aux étudiants de prendre conscience dans un premier temps que oui, le travailleur social s’est déjà emparé de ces questions et à vocation à agir sur celle-ci. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Par celles-ci, ils reconsidèrent l’importance de l’échelle d’action locale à partir de laquelle les citoyens inventent des solutions adaptées à leur quotidien et passe concrètement à l’action. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Ils prennent la mesure que toutes les démarches qu’ils découvrent s’appuient sur des méthodologies d’intervention propres à leur métier respectif autour des approches collectives notamment.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Ces pratiques que les étudiants eux-mêmes qualifient d’inspirantes à leur retour de leur immersion ou de stage les amènent à envisager le travail en dehors des logiques assistancielles, encore à l’œuvre et perçues comme telles aujourd’hui. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">L’appréhension de la transition écologique et sociale est un enjeu fondamental : la formation est en effet un levier de prise de conscience et de concrétisation permettant à chacun de faire le pas. Cela l’est d’autant plus pour le travailleur social car il œuvre auprès des publics qui sont et seront les plus impactés. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Dans un contexte écologique contraint, nous savons les risques de tension, de dérives autoritaires. Le principe démocratique est de nouveau interrogé et mis à mal. Le travail social se doit d’être à l’avant-garde de ces risques et réaffirmer que tout ce qui sera fait sans nous, même dans l’intention d’être pour nous, sera contre nous<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></a>. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">C’est l’essence même de la participation et ce qui la conditionne comme moteur des conduites de changement qui à l’œuvre. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Cécile DRUANT, Donatienne GALLIOT, Julie BEAUCAMP</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><u>Bibliographie </u></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Morin, E. (2020), L’entrée dans l’ère écologique, Edition de l’Aube, Mikros Classique</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Hopkins, R. (2010), Manuel de transition, Edition Ecosociété</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Servigne, P. (2018), Une autre fin du monde est possible, Ed. Seuil, Collection Anthropocène</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Dion, C. (2021), Petit manuel de résistance contemporaine, Actes sud</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></a> https://fresqueduclimat.org/</span></span></p>
</div>
<div id="ftn2">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a> Manuel de la transition écologique de Rob Hopkins</span></span></p>
</div>
<div id="ftn3">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></a> art D 142-1-1 du code de l’action sociale </span></span></p>
</div>
<div id="ftn4">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a> Tadoudi. Com </span></span></p>
</div>
<div id="ftn5">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></a> Sur la base de la citation de Nelson Mandela : « Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi »</span></span></p>
</div>
</div>