<h1 style="margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span calibri=""><b>Introduction</b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La dimension sociale des crises &eacute;cologiques est aujourd&rsquo;hui largement d&eacute;crite : le changement climatique et ses effets, la d&eacute;gradation de la biodiversit&eacute;, la surexploitation des ressources naturelles impactent en premier lieu les populations les plus fragiles alors qu&rsquo;elles en sont les moins responsables. Les cons&eacute;quences de cette crise affectent les populations des pays du Sud (famines, acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;eau, &eacute;rosion des zones c&ocirc;ti&egrave;res, surexploitation touristique&hellip;) comme les populations des pays du Nord (expositions aux nuisances, pollution, pr&eacute;carit&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique&hellip;). Le rapport Brundtland (1987) a contribu&eacute; &agrave; expliciter les interactions entre &eacute;conomie, environnement et lutte contre la pauvret&eacute;, sans toutefois g&eacute;n&eacute;rer d&rsquo;avanc&eacute;e significative en mati&egrave;re de correctifs sur ce point. Ce rapport d&eacute;finit le d&eacute;veloppement durable comme &laquo;&nbsp;<i>un d&eacute;veloppement qui r&eacute;pond aux besoins du pr&eacute;sent sans compromettre la capacit&eacute; des g&eacute;n&eacute;rations&nbsp;futures &agrave; r&eacute;pondre aux leurs</i>&nbsp;&raquo;. Il affirme que, &laquo;&nbsp;<i>&agrave; mesure qu&#39;un syst&egrave;me s&#39;approche de ses limites &eacute;cologiques,</i><i> les in&eacute;galit&eacute;s ne font que s&#39;accro&icirc;tre</i>&nbsp;&raquo;. Dans le dernier rapport du GIEC (IPCC 2022), il est question d&rsquo;enrayer le d&eacute;r&egrave;glement climatique d&eacute;j&agrave; engag&eacute;, mais aussi d&rsquo;en att&eacute;nuer les effets&nbsp;: d&egrave;s lors, l&rsquo;enjeu est de prot&eacute;ger les &eacute;cosyst&egrave;mes et groupes humains, notamment les plus vuln&eacute;rables, en augmentant leur r&eacute;silience et en engageant une transition sociale et &eacute;cologique. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Le terme de transition appara&icirc;t comme une critique du d&eacute;veloppement durable et marque la n&eacute;cessit&eacute; de changement &laquo;&nbsp;en profondeur&nbsp;&raquo; de nos modes de vie et de production. Nous comprenons la transition sociale-&eacute;cologique comme un processus qui consiste &agrave; &laquo;&nbsp;<i>changer nos comportements et nos attitudes pour pr&eacute;server les &eacute;cosyst&egrave;mes dont d&eacute;pend notre bien-&ecirc;tre</i>&nbsp;&raquo;, en fondant ce changement sur un principe de justice (Laurent, 2017&nbsp;: XIX). Alston &amp; Besthorn (2012&nbsp;: 61) soulignent la dimension politique du concept : &ldquo;<i>la soutenabilit&eacute; sociale n&rsquo;est pas un concept innocent, mais repose sur les tensions entre capitalisme et justice sociale</i>&rdquo;.</span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">De nombreux acteurs de terrain n&rsquo;ont pas attendu l&rsquo;&eacute;volution des r&eacute;f&eacute;rentiels d&rsquo;action publique (Muller, 2000) pour se saisir de la question. Les travaux du Carrefour des m&eacute;tiers du d&eacute;veloppement territorial (CDM), plateforme partenariale coanim&eacute;e par l&rsquo;Union nationale des acteurs du d&eacute;veloppement local (UNADEL) et l&rsquo;Inter-r&eacute;seau des professionnels du d&eacute;veloppement social urbain (IRDSU), ont permis d&rsquo;&eacute;tudier en quoi les enjeux de transition &eacute;cologique contribuer &agrave; faire &eacute;voluer nos mod&egrave;les de d&eacute;veloppement (voir document de capitalisation cycle de travail 2018-2020 </span><a href="https://unadel.org/les-transitions-territoriales-une-exigence-et-un-defi-pour-les-acteurs-du-developpement-territorial/" style="color:blue; text-decoration:underline">&laquo; Les transitions territoriales, un d&eacute;fi et une opportunit&eacute; pour les acteurs du d&eacute;veloppement territorial &raquo; | Unadel</a>). Un des principaux enseignements de ces travaux est qu&rsquo;au travers de multiples dynamiques territoriales hybridant initiatives citoyennes et action publique se r&eacute;invente<span style="color:black">&nbsp;l&rsquo;action publique locale autour de communs (alimentation, &eacute;nergie, emploi, habitat&hellip;), bas&eacute;e sur les modes d&rsquo;action renouvel&eacute;e (gouvernance partag&eacute;e, co-construction, co-responsabilit&eacute;, coop&eacute;ration &eacute;largie, implication des habitants). Dans ce cadre, il a &eacute;galement &eacute;t&eacute; observ&eacute;&nbsp;de nombreux projets visant &agrave; prendre en charge concomitamment des enjeux &eacute;cologiques et sociaux, port&eacute;s &agrave; la fois par des acteurs du champ de l&rsquo;&eacute;cologie soucieux d&rsquo;une &laquo;&nbsp;&eacute;cologie inclusive&nbsp;&raquo; et d&rsquo;acteurs du champ du social, de l&rsquo;ESS consid&eacute;rant les questions &eacute;cologiques comme levier d&rsquo;am&eacute;lioration des situations sociales. &nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Face &agrave; l&rsquo;acuit&eacute; du sujet, il a &eacute;t&eacute; d&eacute;cid&eacute; d&rsquo;en faire un axe de travail du CDM pour les 3 ann&eacute;es &agrave; venir, prolongeant les r&eacute;flexions du cycle pr&eacute;c&eacute;dent. </span>Divers acteurs (Territoires, Institutions, Tiers-Lieux, Centres de ressources, Universit&eacute;s et &eacute;tablissements de formation en travail social, associations&hellip;) ont &eacute;t&eacute; r&eacute;unis et les premi&egrave;res r&eacute;unions ont permis de mettre &agrave; jour diff&eacute;rentes approches d&rsquo;une transition &eacute;cologique et sociale et des enjeux &laquo;&nbsp;partag&eacute;s&nbsp;&raquo; ont &eacute;t&eacute; identifi&eacute;s&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">- </span><span style="color:black">Le sens et les modes d&rsquo;appropriation des enjeux &eacute;cologiques par les citoyens notamment les plus vuln&eacute;rables&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">- </span><span style="color:black">Le renouvellement des pratiques et des m&eacute;thodes de l&rsquo;ing&eacute;nierie territoriale notamment de mobilisation collective&nbsp;; l&rsquo;&eacute;volution des r&eacute;f&eacute;rentiels m&eacute;tiers</span></span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">- </span><span style="color:black">Et la n&eacute;cessit&eacute; de transformation des modalit&eacute;s de l&rsquo;action publique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Conform&eacute;ment au principe de fonctionnement du CDM, ce &laquo;&nbsp;chantier&nbsp;&raquo; fonctionne comme un espace ressource et d&rsquo;appui &agrave; l&rsquo;action, &agrave; partir notamment des <span style="color:black">interactions f&eacute;condes entre les sph&egrave;res acad&eacute;mique et professionnelle. Ainsi, les apports de la recherche, les retours d&rsquo;exp&eacute;rience nourrissent l&rsquo;&eacute;volution des cadres d&rsquo;analyses, d&rsquo;action et des pratiques professionnelles. &nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Lors des premi&egrave;res journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tudes du &laquo;&nbsp;chantier&nbsp;&raquo; en 2021, des enjeux structurants sont apparus, tout d&rsquo;abord, <b>d&rsquo;expliciter l&rsquo;interd&eacute;pendance des in&eacute;galit&eacute;s sociales et environnementales</b>&nbsp;; et ensuite, de <b>&laquo;&nbsp;d&eacute;construire&nbsp;&raquo; des cadres de pens&eacute;e obsol&egrave;tes</b>, notamment les pr&eacute;suppos&eacute;s hi&eacute;rarchisant n&eacute;cessit&eacute;s sociales et environnementales et l&rsquo;absence de pr&eacute;occupations &eacute;cologiques des milieux populaires (cf. notion de &laquo;&nbsp;d&eacute;possession &eacute;cologique des classes populaires&nbsp;&raquo;). Par ailleurs, le souhait d&rsquo;approfondir l&rsquo;analyse de la mont&eacute;e en puissance des enjeux des &laquo;&nbsp;transitions &raquo; sur </span><b>l&rsquo;intervention sociale </b>a &eacute;galement &eacute;merg&eacute;, principalement autour de <b>l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;une &laquo;&nbsp;redynamisation&nbsp;&raquo; de l&rsquo;action collective, du d&eacute;veloppement social dans le cadre de ces initiatives socio-&eacute;cologiques</b>. Un sous-groupe a &eacute;t&eacute; constitu&eacute; &agrave; cet effet, port&eacute; notamment par les auteurs de cet article engag&eacute;s dans des travaux sur les mutations du travail social, et ouvert &agrave; d&rsquo;autres partenaires (notamment UNAFORIS, F&eacute;d&eacute;ration&nbsp;des centres sociaux). </span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Cet article propose de d&eacute;velopper les avanc&eacute;es de nos premiers travaux en trois points. A partir d&rsquo;un expos&eacute; sur le lien entre in&eacute;galit&eacute;s sociales et justice environnementale, nous tentons de d&eacute;montrer la l&eacute;gitimit&eacute; de l&rsquo;intervention sociale &agrave; s&rsquo;inscrire dans des projets visant la transition sociale et &eacute;cologique. Les leviers et les enjeux pour une action inclusive en faveur des publics les plus d&eacute;munis sont ensuite explor&eacute;s &agrave; partir de l&rsquo;expos&eacute; de trois projets. Nous partagerons, en conclusion, les hypoth&egrave;ses qui guideront la suite de notre travail.</span></span></span></p> <h1 style="margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span calibri=""><b><span style="line-height:107%">In&eacute;galit&eacute;s sociales et justice environnementale</span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="line-height:107%">Explorer le lien entre justice sociale et justice environnementale permet de cerner les enjeux que recouvre la question des transitions pour l&rsquo;intervention sociale. Deux axes principaux &eacute;mergent de nos premi&egrave;res recherches&nbsp;:</span></span></span></span></p> <ol start="1" type="1"> <li calibri="" style="color:black; text-align:justify; border:medium none; line-height:107%; font-size:11pt; font-family:"> <p><span style="margin-bottom:11px;text-align:justify;"><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="">Les populations plus pauvres sont plus expos&eacute;es aux effets du d&eacute;r&egrave;glement climatique, ce qui justifie une attention sp&eacute;cifique envers les groupes les plus d&eacute;favoris&eacute;s</span></span></span></span></p> </li> </ol> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La perte de biodiversit&eacute; et le d&eacute;r&egrave;glement des cycles naturels, entra&icirc;nant une rar&eacute;faction de certaines ressources, ont des impacts sociaux et sanitaires (Drique et Lejeune 2017). Une &eacute;tude de&nbsp;<i>The Lancet</i> datant de Juin 2015 (cit&eacute;e par Laurent, 2017&nbsp;: XIV) d&eacute;montre les liens entre changement climatique et impact sur la sant&eacute;. Celui-ci aurait des effets directs&nbsp;du fait de &laquo;&nbsp;vagues de chaleur, inondations, s&eacute;cheresses, ouragans et temp&ecirc;tes causant morbidit&eacute; et mortalit&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;; et des effets indirects&nbsp;tels que la &laquo;&nbsp;pollution de l&#39;air, maladies &agrave; transmission vectorielle, ins&eacute;curit&eacute; alimentaire et malnutrition, d&eacute;placements de populations, maladies mentales&nbsp;&raquo;. Localement comme au niveau international, les individus et les communaut&eacute;s sont plus ou moins affect&eacute;s par tous ces ph&eacute;nom&egrave;nes selon le capital &eacute;conomique, social et culturel dont ils disposent.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La question climatique affecte les personnes les plus d&eacute;favoris&eacute;es &eacute;conomiquement de mani&egrave;re complexe en fonction des structures d&rsquo;in&eacute;galit&eacute; et d&rsquo;exclusion sociale dans leurs communaut&eacute;s ou pays (race, genre, caract&eacute;ristiques culturelles et politiques d&rsquo;un individu ou d&rsquo;une communaut&eacute;&hellip;). La pauvret&eacute; comprise dans sa dimension &eacute;conomique, mais aussi sociale, contribue &agrave; sur-exposer certaines populations aux risques environnementaux, et &agrave; r&eacute;duire leur capacit&eacute; de r&eacute;ponse en raison de plusieurs facteurs : faiblesse du patrimoine &eacute;conomique, sur-exposition aux risques dans leur secteur d&rsquo;activit&eacute; professionnelle, emploi pr&eacute;caire, d&eacute;faut d&rsquo;assurance personnelle et de protection sociale, acc&egrave;s restreint &agrave; la connaissance et &agrave; l&rsquo;information (ce qui limite les strat&eacute;gies d&rsquo;adaptation), ou encore absence de solutions alternatives pour subvenir &agrave; leurs besoins. De plus, la recherche montre que la charge mentale de la pauvret&eacute; &eacute;conomique r&eacute;duit la capacit&eacute; des personnes &agrave; prendre des d&eacute;cisions &eacute;clair&eacute;es et &agrave; se projeter (Leichenko &amp; Silva 2014).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Pour exemple, l&rsquo;ensemble des habitants de la Nouvelle-Orl&eacute;ans ont &eacute;t&eacute; frapp&eacute;s par l&rsquo;ouragan Katrina en ao&ucirc;t 2005. Cependant, la proportion d&rsquo;habitants noirs est pass&eacute;e 67 &agrave; 59% entre 2005 et 2013&nbsp;; et sur 450.000 habitants, 100.000, parmi les plus pauvres, ne sont pas revenus. Plusieurs mesures structurelles ont contribu&eacute; &agrave; d&eacute;sinciter les citoyens les moins favoris&eacute;s au retour&nbsp;: l&rsquo;augmentation des loyers, la fermeture ou la privatisation des services publics (logements sociaux, h&ocirc;pital, &eacute;coles), et l&rsquo;attribution d&rsquo;aides financi&egrave;res proportionnelles au patrimoine des habitants avant la catastrophe &ndash; donc tr&egrave;s d&eacute;favorables aux habitants des quartiers pauvres. Les personnes en situation de pauvret&eacute; qui ont &eacute;t&eacute; d&eacute;plac&eacute;es, coup&eacute;es de leurs ressources communautaires et parfois familiales, ont &eacute;t&eacute; davantage expos&eacute;es &agrave; la pauvret&eacute; &eacute;conomique persistante (ch&ocirc;mage, aides au relogement insuffisantes), et &agrave; l&rsquo;aggravation de leurs probl&egrave;mes de sant&eacute; (Cyran, 2018; Lein et. al., 2009). Dans ce cas, les populations &eacute;conomiquement d&eacute;favoris&eacute;es apparaissent non seulement plus vuln&eacute;rables, mais aussi moins r&eacute;silientes face &agrave; un choc climatique. Cependant, le lien entre pauvret&eacute; &eacute;conomique et amoindrissement de la capacit&eacute; de r&eacute;silience, s&rsquo;il est suppos&eacute;, manque encore d&rsquo;&eacute;tayage dans la litt&eacute;rature scientifique (Leichenko &amp; Silva 2014).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">En France, une &eacute;tude du Think Tank 4D et de l&rsquo;association WECF (2019) rapporte les in&eacute;galit&eacute;s aux Objectifs de D&eacute;veloppement Durable des Nations Unies. Il en ressort que les in&eacute;galit&eacute;s de revenus se doublent d&rsquo;in&eacute;galit&eacute;s d&rsquo;esp&eacute;rance de vie et d&rsquo;acc&egrave;s aux soins, d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;alimentation et &agrave; l&rsquo;eau, d&rsquo;acc&egrave;s aux ressources &eacute;nerg&eacute;tiques, ou de r&eacute;sidence dans un environnement sain et s&ucirc;r.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Il y a une injustice redoubl&eacute;e du fait que ceux qui contribuent le moins au changement climatique en subissent les cons&eacute;quences de mani&egrave;re disproportionn&eacute;e (Chancel 2020 ; Oxfam 2020). Les politiques publiques sont susceptibles de renforcer les in&eacute;galit&eacute;s, en cherchant &agrave; agir en faveur d&rsquo;une &eacute;conomie vertueuse. L&rsquo;augmentation annonc&eacute;e de la taxe carbone au 1<sup>er</sup> janvier 2019, qui provoqua le mouvement des Gilets Jaunes, en est un exemple. De m&ecirc;me, les cr&eacute;dits d&rsquo;imp&ocirc;t&nbsp;pour la transition &eacute;nerg&eacute;tique (par exemple, pour la r&eacute;novation des logements ou l&rsquo;achat de v&eacute;hicule propre) b&eacute;n&eacute;ficient tendanciellement aux classes les plus ais&eacute;es&nbsp;: selon Larr&egrave;re (2021), en 2018, les deux tiers des cr&eacute;dits d&rsquo;imp&ocirc;t&nbsp;pour la transition &eacute;nerg&eacute;tique ont b&eacute;n&eacute;fici&eacute; aux 40% les plus riches.</span></span></span></p> <ol start="2" type="1"> <li calibri="" style="color:black; text-align:justify; border:medium none; line-height:107%; font-size:11pt; font-family:"> <p><span style="margin-bottom:11px;text-align:justify;"><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="">La r&eacute;duction des in&eacute;galit&eacute;s et la n&eacute;gociation collective des ressources semblent favoriser leur gestion soutenable. L&rsquo;imp&eacute;ratif de transition rejoint donc la question d&eacute;mocratique et la protection sociale</span></span></span></span></p> </li> </ol> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Les travaux d&rsquo;Elinor Ostrom sur les &laquo;&nbsp;Communs&nbsp;&raquo; (2010) attestent d&rsquo;une meilleure gestion du patrimoine naturel quand les communaut&eacute;s sont coh&eacute;sives et &eacute;galitaires. A l&rsquo;inverse, des communaut&eacute;s divis&eacute;es et in&eacute;galitaires entra&icirc;nent l&rsquo;accaparement et la mauvaise gestion des ressources naturelles communes. D&egrave;s lors, r&eacute;duire les in&eacute;galit&eacute;s ne r&eacute;pond plus seulement &agrave; un imp&eacute;ratif moral, mais &agrave; un imp&eacute;ratif de pr&eacute;servation &eacute;cologique.&nbsp; Dans ce but, le rapport du GIEC 2022 ainsi que les objectifs de d&eacute;veloppement durable des Nations Unies pr&ocirc;nent la mise en place d&rsquo;un filet de s&eacute;curit&eacute; sociale.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Ainsi, il est possible d&rsquo;affirmer avec Larr&egrave;re (2021) que &laquo;&nbsp;<i>les in&eacute;galit&eacute;s socio-environnementales ne sont pas de nouvelles in&eacute;galit&eacute;s, mais que la dimension environnementale des in&eacute;galit&eacute;s sociales&nbsp;prend de plus en plus d&rsquo;importance. La crise environnementale renforce les in&eacute;galit&eacute;s sociales et les in&eacute;galit&eacute;s sociales compromettent la transition &eacute;cologique</i>&nbsp;&raquo;. </span></span></span></p> <h1 style="margin-bottom: 11px; text-align: center;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span calibri=""><b><span style="line-height:107%">Dans le travail social&nbsp;: un d&eacute;bat international qui essaime en France &laquo;&nbsp;par en bas&nbsp;&raquo;</span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Le travail social est lent &agrave; s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; la dimension &eacute;cologique, car il est enracin&eacute; historiquement dans la modernit&eacute; occidentale, avec ses pr&eacute;suppos&eacute;s philosophiques et ses valeurs &eacute;conomiques. Comme &eacute;manation de la r&eacute;volution industrielle, il est li&eacute; &agrave; l&rsquo;exploitation de l&rsquo;environnement, &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de contr&ocirc;le de l&rsquo;homme sur la nature, de croissance et de d&eacute;veloppement sans limites. La profession &laquo;&nbsp;<i>sert l&rsquo;ordre socio-&eacute;conomique dominant</i>&nbsp;&raquo; (Alston &amp; Besthorn, 2012&nbsp;: 59). Cependant, en particulier hors de nos fronti&egrave;res, il porte dans ses valeurs fondamentales le souci de r&eacute;aliser la justice sociale (cf. la d&eacute;finition internationale de la FITS). Par ailleurs, il existe une tradition critique en travail social (le courant radical) qui le pr&eacute;dispose &agrave; s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; la dimension sociale de la justice environnementale (Peeters, 2011).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Dans le d&eacute;bat acad&eacute;mique, en mati&egrave;re de d&eacute;veloppement soutenable et de travail social, il existe un spectre allant des approches radicales, reposantes sur une lecture structurelle des rapports sociaux (Lavalette, 2011&nbsp;; Dominelli, 2012), souvent inspir&eacute;e par une &eacute;thique Freirienne (Ledwith, 2011), &agrave; des approches plus consensuelles, de l&rsquo;ordre de la r&eacute;duction des risques, en lien avec la r&eacute;silience (Payne, 2014).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La d&eacute;finition de la r&eacute;silience selon Van Breda permet de prendre en compte sa dimension communautaire et les interactions entre l&rsquo;homme et son &eacute;cosyst&egrave;me&nbsp;: &ldquo;<i>les processus multi-niveaux que des syst&egrave;mes mettent en &oelig;uvre pour obtenir des r&eacute;sultats exc&eacute;dant les attentes face &agrave;, ou suite &agrave; l&rsquo;adversit&eacute;</i>&rdquo; (Van Breda, 2018&nbsp;: 4). La r&eacute;silience multi-syst&eacute;mique tend &agrave; montrer que la r&eacute;silience d&rsquo;une personne rel&egrave;ve principalement des interactions avec son environnement plus que de ses &laquo; propres &raquo; capacit&eacute;s, et que la r&eacute;silience agissant &agrave; diff&eacute;rents niveaux (famille, culture, structures sociales et service, environnement&hellip;) a des effets b&eacute;n&eacute;fiques exponentiels.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Le travail &eacute;co-social et le travail social vert sont deux approches qui coexistent actuellement dans la litt&eacute;rature sur le travail social. Le travail social vert est un concept d&eacute;velopp&eacute; par la sociologue &eacute;cossaise Lena Dominelli, tandis que le travail &eacute;co-social fait l&rsquo;objet de plusieurs &eacute;tudes en Europe continentale (Flandres, Scandinavie, Allemagne...) et en Am&eacute;rique du Nord. Au vu de leur grande proximit&eacute;, il est probable qu&rsquo;&agrave; moyen terme, un rapprochement ne s&rsquo;op&egrave;re entre les deux, &agrave; mesure qu&rsquo;ils s&rsquo;op&eacute;rationnalisent.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Dominelli d&eacute;veloppe un argumentaire en faveur d&rsquo;un travail social vert en s&rsquo;appuyant sur le &laquo;&nbsp;<i>droit des personnes &agrave; prendre soin les unes des autres et &agrave; prendre soin de leur biosph&egrave;re, et d&rsquo;&ecirc;tre nourris par eux en retour</i>&nbsp;&raquo; (2012&nbsp;: 206). Elle plaide pour une approche holistique du travail social qui prend en compte &laquo;&nbsp;<i>les interd&eacute;pendances et solidarit&eacute;s entre les groupes humains, et la faune et la flore&nbsp;; utilise les ressources mat&eacute;rielles de mani&egrave;re soutenable et &eacute;quitable&nbsp;; et d&eacute;veloppe des styles de vie soutenables pour pr&eacute;server et promouvoir le bien-&ecirc;tre de tous les peuples sur la plan&egrave;te</i>&nbsp;&raquo; (2012&nbsp;: 195). Quant au travail &eacute;co-social, ce n&rsquo;est pas une nouvelle forme ou une nouvelle branche du travail social&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;un souci qui devrait &ecirc;tre inh&eacute;rent au travail social de ne pas rester anthropocentr&eacute;. Pour les tenants de ce courant, tout travail social devrait &ecirc;tre &eacute;co-social. En macro-pratique, il s&rsquo;agit de passer de la soci&eacute;t&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me, incluant les autres esp&egrave;ces et les autres &eacute;l&eacute;ments de l&rsquo;environnement naturel (Rambaree, Powers, and Smith, 2019). Les auteurs cherchent &agrave; proposer une approche du bien-&ecirc;tre qui ne soit pas seulement corr&eacute;l&eacute;e &agrave; la dimension &eacute;conomique de la prosp&eacute;rit&eacute;, ce qui entra&icirc;nerait de facto un lien entre hausse du bien-&ecirc;tre, et hausse de l&rsquo;empreinte carbone. Une &lsquo;vie bonne&rsquo; est possible dans le respect des limites de ce qui est n&eacute;cessaire&nbsp;: elle repose plut&ocirc;t sur la qualit&eacute; des relations interhumaines, et la qualit&eacute; des relations entre l&rsquo;humain et la nature. Cela n&rsquo;&eacute;vacue pas une dimension politique et critique visant la justice sociale, les droits de l&rsquo;homme &eacute;tant li&eacute;s &agrave; la justice &eacute;cologique.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Ce n&rsquo;est pas un hasard si les auteurs qui s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; cette question font le lien avec le travail communautaire, la communaut&eacute; (inscrite sur un territoire) &eacute;tant le lieu o&ugrave; l&rsquo;humain et l&rsquo;environnement se rencontrent. Les travailleurs sociaux sont susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre confront&eacute;s au quotidien, dans leur pratique, &agrave; des demandes li&eacute;es aux effets du d&eacute;r&egrave;glement climatique (acc&egrave;s aux ressources &eacute;nerg&eacute;tiques et alimentaires, gestion de crise, soutien aux populations d&eacute;plac&eacute;es&hellip;). Cependant, c&rsquo;est dans sa dimension collective que le travail social peut agir pour soutenir une transition inclusive, qui s&rsquo;appuie sur les savoir-faire populaires, sur la force d&rsquo;&eacute;mulation et l&rsquo;intelligence du collectif, et renforce la r&eacute;silience des groupes les plus d&eacute;favoris&eacute;s.</span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">S&rsquo;agissant des travailleurs sociaux, l&rsquo;inscription dans des dynamiques&nbsp;social-&eacute;cologiques se concr&eacute;tise souvent via des d&eacute;marches de d&eacute;veloppement social. Un d&eacute;veloppement social durable&nbsp;s&rsquo;invente d&rsquo;ores et d&eacute;j&agrave; sur le terrain, comme en attestent plusieurs articles dans un num&eacute;ro de la revue <i>Lien social</i> intitul&eacute; &laquo;&nbsp;se mettre au vert&nbsp;&raquo; (Juin-septembre 2021), donnant la parole &agrave; des travailleurs sociaux impliqu&eacute;s dans des structures ou des projets &eacute;cologiques et solidaires&nbsp;: tiers-lieux, recycleries, jardins... Ils s&rsquo;inscrivent &agrave; </span>contrepied<span style="color:black"> d&rsquo;une vision dominante selon laquelle le travail social, pris dans les bornes &eacute;troites du manag&eacute;rialisme et de l&rsquo;aide curative, ne saurait se saisir des enjeux de la transition.</span></span></span></span></p> <h1 style="margin-bottom: 11px; text-align: center;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span calibri=""><b><span style="line-height:107%">Faire &eacute;voluer les cadres de pens&eacute;e et d&rsquo;action&nbsp;: de pratiques curatives et normatives vers une dynamique d&rsquo;&eacute;laboration collective</span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Catherine Larr&egrave;re rappelle que la plupart des analyses actuelles reposent sur des cadres de pens&eacute;e qui doivent &ecirc;tre r&eacute;actualis&eacute;s. En effet, plusieurs repr&eacute;sentations structurent notre cadre de pens&eacute;e et conditionnent de ce fait les modes d&rsquo;action&nbsp;choisis. Il s&rsquo;agit, tout d&rsquo;abord, de l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle les questions environnementales seraient complexes, et demanderaient des expertises scientifiques et du temps. Cette repr&eacute;sentation est aliment&eacute;e par un certain vocable utilis&eacute; par les porteurs de projet ou des &eacute;lus, techniciste et savant, qui contribue &agrave; limiter l&rsquo;appropriation de ces questions par les personnes ne disposant pas ces codes de compr&eacute;hension. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La seconde repr&eacute;sentation dominante qui freine le renouvellement des approches et l&rsquo;enclenchement de transitions&nbsp;consiste &agrave; consid&eacute;rer que les personnes en situation de pr&eacute;carit&eacute; ont d&rsquo;autres priorit&eacute;s (l&rsquo;emploi notamment), et ne vont pas s&rsquo;int&eacute;resser et d&eacute;gager du temps sur ces questions, voire r&eacute;sister &agrave; des transformations qui pourraient limiter leurs capacit&eacute;s d&rsquo;action. Le postulat de l&rsquo;indiff&eacute;rence des classes populaires vis-&agrave;-vis de l&rsquo;&eacute;cologie repr&eacute;sente aujourd&rsquo;hui le discours dominant, selon Billen (2021). Un autre courant, critique, postule la d&eacute;possession des classes populaires vis-&agrave;-vis des questions de transition du fait d&rsquo;un d&eacute;bat formul&eacute; de mani&egrave;re inaccessible.&nbsp; Or ces repr&eacute;sentations ne s&rsquo;appuient pas sur l&rsquo;analyse pr&eacute;cise des usages sociaux des personnes. Un nombre important d&#39;initiatives montrent au contraire que les personnes construisent des r&eacute;ponses aux &eacute;volutions &eacute;cologiques et sociales, sans qu&rsquo;elles en portent le nom. Ces transitions par &ldquo;le faire&rdquo;, &agrave; bas bruits, existent donc et constituent une forme d&rsquo;&eacute;cologie populaire reposant sur des pratiques de sobri&eacute;t&eacute;. Il s&rsquo;agirait, d&egrave;s lors, de reconna&icirc;tre le caract&egrave;re &eacute;cologique des savoir-faire populaires et de s&rsquo;appuyer sur eux, ainsi que sur la dimension collective qui est fortement motrice, pour enclencher des transitions plus profondes. Caroline Lejeune rejoint cette id&eacute;e en montrant qu&rsquo;&agrave; partir de l&rsquo;exp&eacute;rience de vie des gens, on peut faire des questions environnementales une question politique et sociale. Elle rel&egrave;ve qu&rsquo;il s&#39;agit donc d&rsquo;un enjeu d&eacute;mocratique.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Les repr&eacute;sentations dominantes &eacute;voqu&eacute;es ci-dessus limitent la possibilit&eacute; de penser les in&eacute;galit&eacute;s environnementales dans une approche syst&eacute;mique. De ce fait, l&rsquo;articulation entre enjeux sociaux et enjeux environnementaux fait face &agrave; un conflit de priorisation. L&rsquo;irr&eacute;versibilit&eacute; des d&eacute;g&acirc;ts environnementaux fait prioriser le travail sur ces questions, en traitant de mani&egrave;re secondaire les in&eacute;galit&eacute;s sociales et le lien entre les deux. Une approche structurelle est aujourd&rsquo;hui peu d&eacute;velopp&eacute;e. Caroline Lejeune et L&eacute;a Billen vont d&rsquo;ailleurs plus loin en montrant que les dispositifs d&rsquo;action publique, cens&eacute;s traiter des questions environnementales et sociales, invisibilisent la dimension sociale, par leur traitement segment&eacute; des principaux enjeux et par la d&eacute;possession de la capacit&eacute; d&rsquo;action des individus qu&rsquo;elles entra&icirc;nent. Billen interroge ainsi la mani&egrave;re dont la construction de la cat&eacute;gorie de quartier populaire par l&rsquo;action publique se rejoue dans les initiatives &eacute;cologiques en quartiers populaires et tend &agrave; construire leurs sp&eacute;cificit&eacute;s.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La question du lien entre in&eacute;galit&eacute;s sociales et environnementales est aujourd&rsquo;hui trait&eacute;e de mani&egrave;re ponctuelle et partielle, par exemple en r&eacute;duisant les in&eacute;galit&eacute;s d&rsquo;acc&egrave;s aux ressources, ou en faisant porter la responsabilit&eacute; des actions sur les personnes en situation de pr&eacute;carit&eacute;, d&eacute;j&agrave; largement impact&eacute;es par les questions sociales et environnementales&nbsp;; elles doivent ainsi apprendre &agrave; faire des &eacute;conomies, &agrave; cuisiner autrement, etc. L&rsquo;enjeu est donc de passer d&rsquo;une logique de r&eacute;paration ou d&rsquo;une logique normative &agrave; une logique d&rsquo;&eacute;laboration collective : aujourd&rsquo;hui l&rsquo;action sociale ne fait que r&eacute;parer les in&eacute;galit&eacute;s environnementales et ne pense pas les m&eacute;canismes de construction des in&eacute;galit&eacute;s en interrogeant les trajectoires de vie, quels que soient les domaines concern&eacute;s. C&rsquo;est la mani&egrave;re de penser la justice sociale, redistributive, qui est interrog&eacute;e. Elle se fait aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;aune d&rsquo;un mode de fonctionnement normatif, sans tenir compte de la diversit&eacute; des modes de vie.</span></span></span></p> <h1 style="margin-bottom: 11px; text-align: center;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span calibri=""><b><span style="line-height:107%">Les premiers enseignements de la pratique : quels leviers d&rsquo;action ?</span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Selon les porteurs de projet et les r&eacute;alit&eacute;s territoriales, des configurations diff&eacute;rentes se sont d&eacute;velopp&eacute;es sur les territoires. De la recherche &agrave; l&rsquo;action, elles placent le curseur entre les questions environnementales et sociales de mani&egrave;re diff&eacute;rente. Un certain nombre sont porteuses d&rsquo;une r&eacute;flexion approfondie sur une &eacute;volution des pr&eacute;suppos&eacute;s et modalit&eacute;s d&rsquo;intervention, avec par exemple une approche syst&eacute;mique et collective via la coop&eacute;ration et la mise en &oelig;uvre d&rsquo;un renouvellement d&eacute;mocratique. Nombre d&rsquo;entre elles s&rsquo;appuient &eacute;galement sur des pratiques quotidiennes, sur l&rsquo;environnement direct des personnes, permettant une meilleure appropriation des liens entre questions environnementales et sociales. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">A l&rsquo;occasion de nos journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tude ou de s&eacute;ances du groupe de travail, des</span></span> porteurs de projet ont partag&eacute; leurs d&eacute;marches, hypoth&egrave;ses de travail, leurs questionnements et leurs &laquo;&nbsp;r&eacute;sultats&nbsp;&raquo;. Nous reprendrons ici 3 exemples illustrant les principes d&rsquo;une approche &laquo;&nbsp;socio-&eacute;cologique&nbsp;&raquo; ainsi que la mani&egrave;re de &laquo;&nbsp;repenser&nbsp;&raquo; les modes d&rsquo;intervention.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Le projet &laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;alimentation des personnes en situation de pr&eacute;carit&eacute; : de l&rsquo;assignation &agrave; l&rsquo;&eacute;mancipation. Construire de&nbsp;Tiers-lieux de solidarit&eacute; et de transition alimentaire avec et pour tous</i>&nbsp;&raquo; est d&eacute;velopp&eacute; par le LERIS (Laboratoire d&rsquo;Etudes et de Recherche sur l&rsquo;Intervention Sociale). Cette d&eacute;marche de recherche-action s&rsquo;est articul&eacute;e autour de 3 hypoth&egrave;ses : le d&eacute;veloppement d&rsquo;une approche territoriale, partenariale et syst&eacute;mique pour cr&eacute;er de nouvelles opportunit&eacute;s d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une alimentation choisie et qualitative pour les personnes pr&eacute;caires, la mise en &oelig;uvre d&rsquo;une intervention sociale bas&eacute;e sur le d&eacute;veloppement du pouvoir d&rsquo;agir et la mise en place de mod&egrave;les d&rsquo;organisation coop&eacute;ratifs favorisant le d&eacute;veloppement de rapports sociaux &eacute;galitaires et solidaires. Des outils de l&rsquo;&eacute;ducation populaire et de l&rsquo;action communautaire ont &eacute;t&eacute; mobilis&eacute;s (ex&nbsp;: arbre de comp&eacute;tence, enqu&ecirc;te participative&hellip;) et des animateurs des structures impliqu&eacute;es, form&eacute;es &agrave; ces m&eacute;thodes. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">S&rsquo;agissant du projet &quot;<i>Des Quartiers Prioritaires de la Ville aux Quartiers Plus Verts</i>&quot;, il a &eacute;t&eacute; initi&eacute; par la M&eacute;tropole Aix Marseille Provence dans le cadre d&rsquo;une d&eacute;marche prospective, &laquo; la m&eacute;tropole des possibles &raquo;, via la mise en place d&rsquo;un laboratoire d&rsquo;innovation publique. L&rsquo;entr&eacute;e dominante de ce projet est l&rsquo;exp&eacute;rimentation d&rsquo;un d&eacute;veloppement social durable (3 axes : Mieux Manger, Mieux Soigner, et Mieux Consommer). Ce projet constitue une opportunit&eacute; de repenser les principes d&rsquo;action du d&eacute;veloppement social urbain &agrave; l&rsquo;aune des &laquo;&nbsp;d&eacute;fis&nbsp;&raquo; de transition &eacute;cologique. Un des premiers enjeux consistait &agrave; changer le regard sur le sujet et sur les quartiers en mettant en &eacute;vidence les atouts des quartiers en mati&egrave;re &eacute;cologique et une multitude de projets et d&rsquo;initiatives.&nbsp;Une des actions &laquo; phare &raquo; du projet est l&rsquo;exp&eacute;rimentation d&rsquo;un budget participatif &laquo; Transitions &eacute;cologiques et qualit&eacute; de vie &raquo; dont les sujets et crit&egrave;res ont &eacute;t&eacute; d&eacute;finis par les habitants.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Enfin, le projet &laquo; Bourgogne Franche Comt&eacute; en transition &raquo; est une d&eacute;marche de recherche-action port&eacute;e par la DREAL Bourgogne Franche-Comt&eacute; en partenariat avec un Living Lab territorial (MSH Dijon) et l&rsquo;association In&rsquo;Terre ActiV. Dans ce cadre, l&rsquo;enjeu d&rsquo;une transition socio-&eacute;cologique a &eacute;t&eacute; pr&eacute;cis&eacute; avec pour objectif une transformation plus r&eacute;siliente de la soci&eacute;t&eacute; par l&rsquo;articulation des enjeux sociaux (lien social, lutte contre la pr&eacute;carit&eacute;, bien &ecirc;tre, etc.) et &eacute;cologiques (changement climatique, biodiversit&eacute;, etc.). La &laquo; transition social-&eacute;cologique &raquo; a &eacute;t&eacute; caract&eacute;ris&eacute;e par une multitude d&rsquo;initiatives de la soci&eacute;t&eacute; civile, portant sur des sujets divers (alimentation, &eacute;nergie, habitat&hellip;) et la coop&eacute;ration d&rsquo;une diversit&eacute; d&rsquo;acteurs territoriaux (Politique de la ville, ESS, Protection de la nature, Energie citoyenne&hellip;). Ces dynamiques collectives demeurent fragiles compte tenu du manque de cadre de travail reconnu, d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;enjeu de structuration d&rsquo;un maillage territorial d&eacute;fini comme la &laquo; <i>mise en synergie entre les initiatives citoyennes, associatives et politiques &oelig;uvrant sur les enjeux sociaux, d&eacute;mocratiques et &eacute;cologiques</i> &raquo;.</span></span></span></p> <h1 style="margin-bottom: 11px; text-align: center;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span calibri=""><b>A partir de cet ensemble de pratique, &eacute;tay&eacute; de travaux de recherche, nous rep&eacute;rons un certain nombre d&rsquo;enjeux pour l&rsquo;action</b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">S&rsquo;appuyer sur les territoires de vie pour mener des projets de transition peut faciliter leur appropriation par les personnes concern&eacute;es. Il s&rsquo;agit de partir du v&eacute;cu des personnes, de sortir d&rsquo;une approche essentiellement savante et technocratique de l&rsquo;&eacute;cologie et de consid&eacute;rer le territoire comme un espace de passage &agrave; l&rsquo;action. Cela permet &eacute;galement de prendre en compte l&rsquo;&eacute;volution des modalit&eacute;s d&rsquo;engagement des citoyens. En effet, les sociologues ont montr&eacute; que les citoyens s&rsquo;engagent autant qu&rsquo;il y a vingt ans, mais que les formes de ces engagements se transforment (plus ponctuels, directement li&eacute;s &agrave; des actions, etc.&nbsp;; Jacques Ion parle d&rsquo;engagement Post-it). Partir du v&eacute;cu des personnes notamment celles en situation de fragilit&eacute; sociale, d&rsquo;une analyse de la quotidiennet&eacute; supposent de reconnaitre une expertise d&rsquo;usage, des savoirs en mati&egrave;re &eacute;cologique. Selon Caroline Lejeune, cela peut contribuer &agrave; une red&eacute;finition des perceptions dominantes de l&rsquo;environnement, &agrave; la reconnaissance d&rsquo;autres formes d&rsquo;&eacute;cologie et permettre la re-politisation des questions sociales et environnementales et in fine d&eacute;velopper la d&eacute;mocratie.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La mise en &oelig;uvre de ces principes d&rsquo;action&nbsp;n&eacute;cessite de d&eacute;passer la segmentation des politiques publiques et de d&eacute;velopper une approche plus int&eacute;gr&eacute;e sur les questions sociales et environnementales. L&rsquo;approche int&eacute;gr&eacute;e est de nature, &eacute;galement, &agrave; d&eacute;passer la hi&eacute;rarchisation des enjeux. C&rsquo;est l&rsquo;ensemble de ces politiques qui doivent donc &ecirc;tre repens&eacute;es, notamment en traitant la question des interactions entre politiques sectorielles, de l&rsquo;&eacute;volution des modes d&rsquo;intervention et des r&eacute;f&eacute;rentiels m&eacute;tiers. Le fait de reconnaitre et prendre en compte &laquo;&nbsp;les savoirs &eacute;cologiques&nbsp;&raquo; des plus vuln&eacute;rables n&eacute;cessite,&nbsp;par exemple, de sortir d&rsquo;une approche &eacute;ducative de l&rsquo;&eacute;cologie, visant &agrave; sensibiliser aux bonnes pratiques en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;cologie (mieux manger, faire des &eacute;conomies d&rsquo;&eacute;lectricit&eacute;, etc.) pour s&rsquo;appuyer sur les connaissances existantes des personnes leur permettant de faire les bons choix, pour eux et pour les autres. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Pour renforcer ces d&eacute;marches, il est n&eacute;cessaire de soutenir l&rsquo;&eacute;volution de l&rsquo;action sociale actuelle pour passer de la prise en charge individuelle des situations, vers des d&eacute;marches d&rsquo;accompagnement de l&rsquo;autonomie en s&rsquo;appuyant sur une prise en compte collective des questions (les &eacute;conomies d&rsquo;&eacute;nergie, la facture alimentaire, etc.). Ce faisant, il s&rsquo;agit de traiter de front la question des in&eacute;galit&eacute;s, passant ainsi d&rsquo;une approche r&eacute;paratrice &agrave; une approche &eacute;mancipatrice. Ces projets &laquo;&nbsp;socio-&eacute;cologiques&nbsp;&raquo; pourraient par exemple, investir davantage les p&eacute;dagogies communautaires ou le d&eacute;veloppement social.</span></span></span></p> <h1 style="margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span calibri=""><b>Conclusion</b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">La question des transitions, sans &ecirc;tre nouvelle, s&rsquo;impose actuellement dans le d&eacute;bat public. Elle interroge la conception lin&eacute;aire d&rsquo;un progr&egrave;s social, &eacute;conomique et num&eacute;rique con&ccedil;u comme vecteur de bien-&ecirc;tre, &agrave; mesure que la lutte contre les in&eacute;galit&eacute;s se double d&rsquo;un imp&eacute;ratif de justice environnementale (Drique, Lejeune, 2017). Pour l&rsquo;heure, les questions sont nombreuses et elles r&eacute;unissent &agrave; la fois des chercheurs, experts, praticiens et citoyens engag&eacute;s dans un &ldquo;t&acirc;tonnement g&eacute;n&eacute;ral&rdquo;. Diff&eacute;rentes exp&eacute;rimentations viennent affiner ces questions et en poser de nouvelles.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Aux c&ocirc;t&eacute;s d&rsquo;autres acteurs, notre groupe de travail souhaite contribuer &agrave; cette recherche en partant des nombreuses exp&eacute;riences de terrain qui fleurissent actuellement en milieu urbain comme en milieu rural. L&rsquo;augmentation du volume de publications sur la question de la transition sociale et &eacute;cologique r&eacute;v&egrave;le un int&eacute;r&ecirc;t croissant dans le champ large de l&rsquo;intervention sociale. Notre travail collectif de partage d&rsquo;exp&eacute;riences au sein d&rsquo;un espace de ressource et de d&eacute;bat est donc appel&eacute; &agrave; se poursuivre, voire &agrave; s&rsquo;&eacute;largir, en impliquant &eacute;galement des acteurs institutionnels, et des repr&eacute;sentants des collectivit&eacute;s territoriales et des pouvoirs publics.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Plusieurs hypoth&egrave;ses d&eacute;coulent de nos premiers travaux, que la suite du travail nous permettra d&rsquo;explorer, en poursuivant notre m&eacute;thodologie de croisement des apports empiriques et th&eacute;oriques. Tout d&rsquo;abord, les actions collectives fond&eacute;es sur l&rsquo;imp&eacute;ratif de transition agiraient sur le statut des publics de l&rsquo;action sociale. Traditionnellement en position de b&eacute;n&eacute;ficiaires de l&rsquo;action, ils deviennent des co-&eacute;laborateurs, dont la l&eacute;gitimit&eacute; &agrave; concevoir et entreprendre repose sur leur statut de citoyen. Ensuite, l&rsquo;enjeu m&ecirc;me de l&rsquo;action collective changerait avec les transitions et se renouvellerait autour des &ldquo;communs&rdquo; - un enjeu qui ne concerne pas que les plus d&eacute;favoris&eacute;s, mais l&rsquo;ensemble de la population. Enfin, en r&eacute;ponse, les politiques publiques seraient amen&eacute;es &agrave; se d&eacute;senclaver pour sortir de modes de fonctionnement en silo (en lien avec une segmentation des th&eacute;matiques et des publics). Les acteurs impliqu&eacute;s inventeraient ainsi des espaces de co-construction de &laquo;&nbsp;communs&nbsp;&raquo; au sein desquels se renouvellent le d&eacute;bat d&eacute;mocratique, les rapports entre acteurs, les formes d&rsquo;implication et de responsabilit&eacute;.</span></span></span></p> <h1 style="border: medium none; text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span calibri=""><b><span tahoma=""><span style="color:black">R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">4D (collectif) et WECF (2019), &laquo;&nbsp;Rem&egrave;de &agrave; l&rsquo;in&eacute;galo-scepticisme, une &eacute;valuation des in&eacute;galit&eacute;s en France au regard des objectifs de d&eacute;veloppement durable&nbsp;&raquo;, <i>Rapport final</i> (Union Europ&eacute;enne), disponible en ligne https://www.association4d.org/wp-content/uploads/Rapport_Inegalites_FR_web_vcorrigee.pdf</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Alston &amp; Besthorn (2012): &ldquo;Environment and sustainability&rdquo;, in : Lyons, K, Hokenstad T., Pawar M., Huegler N. and Hall N. (eds): <i>the Sage Handbook of Social Work</i>, Sage Publishing</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Billen, L. (2021)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les initiatives citoyennes &eacute;cologiques en quartiers populaires fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;, Journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tude du Carrefour des M&eacute;tiers, Nanterre, 29 novembre 2021.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chancel, L. (2020)&nbsp;:<i> Unsustainable Inequalities: Social Justice and the Environment</i>, Cambridge: the Belknap Press.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Comby, J-B. (2015), &laquo;&nbsp;A propos de la d&eacute;possession &eacute;cologique des classes populaires&nbsp;&raquo;, <i>Savoir/Agir</i> 2015/3 N&deg; 33, &Eacute;ditions du Croquant, pp. 23-30.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cyran, O.&nbsp;(2018)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Comment tuer une ville&nbsp;: Strat&eacute;gie de choc apr&egrave;s le passage de l&rsquo;ouragan Katrina&nbsp;&raquo; <i>Le Monde Diplomatique</i>, D&eacute;cembre 2018, pp. 4-5.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Drique, M. et Lejeune, C. (2017): &ldquo;Penser la justice sociale dans un monde fini&rdquo;, <i>CERAS Revue Projet </i>2017/1 n&deg;356, pp 15-22</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dominelli, L. (2012): <i>Green Social Work: From environmental crises to environmental justice</i>, Cambridge: Polity.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">IPCC Intergovernmental Panel on Climate Change (2022)&nbsp;: <i>Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability</i>. Working Group 2: Contribution to the Sixth Assessment Report of the IPCC. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Laigle, L. &amp; Racineux N. (2017), &laquo;&nbsp;Initiatives citoyennes et transition &eacute;cologique : quels enjeux pour l&#39;action publique ?&nbsp;&raquo;, <i>THEMA</i>, Juin 2017, CGDD.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Larr&egrave;re, C. (2019), &laquo;&nbsp;Agir sans subir&nbsp;: les territoires rel&egrave;vent le d&eacute;fi &eacute;cologique et social&nbsp;&raquo; Conf&eacute;rence conclusive UNADEL/IRDSU, Journ&eacute;es des territoires 2019.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Larr&egrave;re, C. (2021), &laquo; In&eacute;galit&eacute;s sociales et environnementales&nbsp;&raquo;, Journ&eacute;es d&rsquo;&eacute;tude du Carrefour des M&eacute;tiers, Nanterre, 29 novembre 2021.</span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Laurent, E (2011)&nbsp;:<i> Social-&eacute;cologie</i>, Paris: Flammarion.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Laurent, &Eacute;. (2017)&nbsp;: <i>Notre bonne fortune. Repenser la prosp&eacute;rit&eacute;</i>, Paris&nbsp;: Presses Universitaires de France, &laquo;&nbsp;Hors collection&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lavalette, M. (2011): <i>Radical Social Work today: Social Work at the crossroads</i>. Bristol: Policy Press. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ledwith, M. (2011): <i>Community development: a critical approach</i>. 2<sup>nd</sup> edition, Bristol: Policy Press.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leichenko, R.A. &amp; Silva J. (2014): &ldquo;Climate change and poverty: Vulnerability impacts and alleviation strategies&rdquo;, <i>Wiley Interdisciplinary Reviews: Climate Change</i>, July 2014.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lein, L., Angel, R., Bell, H. &amp; Beausoleil J. (2009); &ldquo;The State and civil society response to disaster: the Challenge of Coordination&rdquo;, <i>Orgnization and Environment</i> Vol 22/14: 448-457</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lejeune, C. (2018), &laquo;&nbsp;Chapitre 8&nbsp;: Face &agrave; l&#39;&eacute;preuve de la sobri&eacute;t&eacute; impos&eacute;e : capabilit&eacute;s, reconnaissance et participation au Forum permanent de l&#39;insertion&nbsp;&raquo; in Villalba, B &amp; Semal L&nbsp;; (Dirs.), <i>Sobri&eacute;t&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique</i>, Versailles&nbsp;: &eacute;ditions Quae, 141-158.</span></span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Lejeune, C. (2020), <i>&laquo;&nbsp;</i>Pour une justice environnementale et climatique&nbsp;: anticipation territoriale des basculements &eacute;cologiques&nbsp;&raquo;, <i>Comprendre</i>, Tome 4, ANCT, 14-20.</span></span></span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Muller, P. (2000)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Vers une sociologie politique de l&rsquo;action publique&nbsp;&raquo;, <i>Revue Fran&ccedil;aise de Science Politique </i>50/2, avril 2000</span></span></span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">N&auml;rhi, K. &amp; Matthies, A-L (2001): &ldquo;What is the ecological (self-) consciousness of social work? Perspectives on the relationship between social work and ecology&rdquo;, in Matthies, A-L, N&auml;rhi, K. and Ward, D. (Eds): <i>The Eco-Social approach in social work</i>, pp. 16-53. </span></span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Jyv&auml;skyl&auml;, Finland: Sophi.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ostrom, E., (2010), <i>Gouvernance des biens communs. Pour une nouvelle approche des ressources naturelles</i>, De Boeck, Traduction de Ostrom, E., 1990, <i>Governing the Commons.</i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Payne, M. (2014): <i>Modern Social Work Theory</i>, 4<sup>th</sup> edition, London: Palgrave MacMillan.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Peeters, J. (2011): The place of social work in sustainable development: towards eco-social community practice. <i>International Journal of Social Welfare</i>, 21, dec 2011 [online].</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Rambaree, K., Power, MCF, Smith, R.J. (2019): &ldquo;Ecosocial work and social change in community practice&rdquo;, <i>Journal of Community Practice</i> vol 27 n&deg;3-4, 205-212.</span></span></span></span></p> <p style="border:medium none; text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Theys, J. (2002), &laquo; L&rsquo;approche territoriale du &quot; d&eacute;veloppement durable &quot;, condition d&rsquo;une prise en compte de sa dimension sociale<i> </i>&raquo;, <i>D&eacute;veloppement durable et territoires</i> [En ligne], Dossier 1/2002, URL : </span></span><a href="http://journals.openedition.org" style="color:blue; text-decoration:underline"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">http://journals.openedition.org</span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Van Breda, A. (2018): &ldquo;A critical review of resilience theory and its relevance for social work&rdquo;, <i>Social Work/Maatskaplike Werk</i> Vol 54 No 1 / Issue 1.</span></span></span></span></p>