<p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">Introduction</span></span></span> </span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">On entend souvent dire que le consommateur est en capacit&eacute; d&rsquo;orienter le syst&egrave;me alimentaire et qu&rsquo;en situation d&rsquo;&eacute;quilibre entre l&rsquo;offre et la demande sur un march&eacute;, cette derni&egrave;re peut inciter voire forcer les fili&egrave;res &agrave; s&rsquo;adapter sous peine de dispara&icirc;tre. En effet, si personne n&rsquo;ach&egrave;te les produits vendus, aucune rentabilit&eacute; n&rsquo;est &agrave; esp&eacute;rer. Doit-on alors conclure &agrave; ce que les consommateurs, par leurs achats, soutiennent un syst&egrave;me alimentaire qui est responsable de dommages sociaux et environnementaux colossaux&nbsp;? Nous en doutons fortement. Ce r&eacute;cit du consommateur-acteur, du vote par le portefeuille, est fond&eacute; sur deux conditions qui ne sont pas r&eacute;unies&nbsp;: une information compl&egrave;te, ou au moins suffisante, pour permettre aux consommateurs de prendre des d&eacute;cisions en toute connaissance de cause&nbsp;; et l&rsquo;id&eacute;e que les consommateurs seraient en position de choisir leur alimentation <i>in abstracto</i>. Ce qui est, en fait, loin d&rsquo;&ecirc;tre le cas car savoir, ce n&rsquo;est pas pouvoir. Cependant, cet article se penche essentiellement sur la premi&egrave;re de ces conditions, la seconde &eacute;tant ici mise de c&ocirc;t&eacute; par souci de concision et de clart&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">L&rsquo;alimentation en Europe est bien r&eacute;gie par un march&eacute;, essentiellement contr&ocirc;l&eacute; par des acteurs priv&eacute;s&nbsp;: production, transformation, transport, distribution. Ce march&eacute;, loin d&rsquo;&ecirc;tre spontan&eacute;, est enti&egrave;rement organis&eacute;&nbsp;: son cadre de fonctionnement, ce qui est permis et interdit, favoris&eacute; et limit&eacute; (comportements, r&egrave;gles, subsides, concurrences&hellip;) est un objet central du droit europ&eacute;en&nbsp;; en g&eacute;n&eacute;ral, des r&egrave;gles de fonctionnement du march&eacute; int&eacute;rieur (Trait&eacute; de Lisbonne), et en particulier, des r&egrave;gles sp&eacute;cifiques au champ alimentaire (notamment les directives sur la Politique Agricole commune et la r&egrave;glementation alimentaire g&eacute;n&eacute;rale). </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Dans cet ensemble coh&eacute;rent, l&rsquo;information est un &eacute;l&eacute;ment crucial de la relation du march&eacute; int&eacute;rieur avec les consommateurs &ndash; &agrave; c&ocirc;t&eacute; des normes, et des subsides. Le droit organise strictement ce que le consommateur doit savoir, ne doit pas savoir et comment il doit le savoir. Cet article s&rsquo;essaye &agrave; l&rsquo;exercice de clarification de ce qu&rsquo;il est permis au consommateur de savoir&nbsp;; et de se prononcer sur la suffisance de cette information, dans une optique de transformation des syst&egrave;mes alimentaires. Il commence par d&eacute;finir ce qui est entendu par &laquo;&nbsp;consommateur&nbsp;&raquo; en droit europ&eacute;en (1), puis s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la logique de la protection par l&rsquo;information (2). Il montre en quoi les normes de qualit&eacute; prot&egrave;gent sans dire comment, sauf dans la logique des produits de grande qualit&eacute; (3). Trois limites sp&eacute;cifiques du droit concernant la relation entre la consommation et la transformation des syst&egrave;mes alimentaires sont expos&eacute;es dans la derni&egrave;re partie (4).</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><b><i><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="color:#990099">1. Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un consommateur&nbsp;?</span></span></span></i></b></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Si le consommateur &eacute;tait consid&eacute;r&eacute; comme omniscient et omnipotent, il n&rsquo;aurait nul besoin de protection. Or, il ne l&rsquo;est pas et la directive vise pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; le prot&eacute;ger. En effet, il est consid&eacute;r&eacute; comme la partie faible du contrat de consommation&nbsp;: &laquo;&nbsp;le consommateur se trouve dans une position d&rsquo;inf&eacute;riorit&eacute;, en ce qu&rsquo;il doit &ecirc;tre r&eacute;put&eacute; &eacute;conomiquement plus faible et juridiquement moins exp&eacute;riment&eacute; que son cocontractant&nbsp;&raquo; (Arr&ecirc;t de la cour, aff. C-59/12 du 3 octobre 2013).</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le droit europ&eacute;en prot&egrave;ge un &laquo;&nbsp;consommateur moyen&nbsp;&raquo;, enrichi d&rsquo;un &laquo;&nbsp;consommateur vuln&eacute;rable&nbsp;&raquo;. La Cour a aussi pu juger de l&rsquo;existence d&rsquo;un &laquo;&nbsp;utilisateur averti&nbsp;&raquo; (Arr&ecirc;t de la cour, aff. C-281P du 20 octobre 2011). Il est d&eacute;fini comme&nbsp;&laquo;&nbsp;toute personne physique qui, pour les pratiques commerciales relevant de la pr&eacute;sente directive, agit &agrave; des fins qui n&rsquo;entrent pas dans le cadre de son activit&eacute; commerciale, industrielle, artisanale ou lib&eacute;rale&nbsp;&raquo; (DPCD, article 2). </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le consommateur est donc une personne physique qui n&rsquo;est pas un professionnel et qui est concern&eacute;e par une pratique commerciale. Mais comment &eacute;valuer les capacit&eacute;s d&rsquo;un consommateur &agrave; &laquo;&nbsp;se faire avoir&nbsp;&raquo; par des informations impr&eacute;cises&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p class="thselonguecitation" style="text-align:justify; margin-bottom:13px; margin-left:47px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><a name="_Hlk33866990"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:">La Cour a d&eacute;j&agrave; jug&eacute; que, en ce qui concerne le caract&egrave;re trompeur d&rsquo;une publicit&eacute;, les juridictions nationales doivent prendre en consid&eacute;ration la perception du <i>consommateur moyen</i>, normalement inform&eacute; et raisonnablement attentif et avis&eacute;</span></span></span></a><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"> (Arr&ecirc;t <i>Ving Sverige</i>, 2011, Point 23.)</span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le consommateur se voit attribuer une s&eacute;rie de qualit&eacute;s pr&eacute;sum&eacute;es. Il est &laquo;&nbsp;normalement inform&eacute;&nbsp;et raisonnablement attentif et avis&eacute;&nbsp;&raquo;. Il n&rsquo;a pas non plus de connaissances particuli&egrave;res (<span style="font-variant:small-caps">Commission europ&eacute;enne</span>, <i>Orientations concernant la mise en oeuvre de la directive 2005/29/CE relative aux pratiques commerciales d&eacute;loyales</i>, p.&nbsp;49)</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Il est postul&eacute; abstraitement comme &eacute;tant un individu rationnel capable de faire des choix d&rsquo;apr&egrave;s un calcul de co&ucirc;t et de b&eacute;n&eacute;fice. Il est un <i>homo economicus</i> dot&eacute; d&rsquo;une capacit&eacute; de calcul imparfaite. Sa rationalit&eacute; est en particulier limit&eacute;e &agrave; l&rsquo;information fournie par le professionnel dont il d&eacute;pend (Simon, 1957). Le consommateur moyen n&rsquo;est ni cr&eacute;dule ni &laquo;&nbsp;superficiel&nbsp;&raquo;, il n&rsquo;est pas non plus inform&eacute; de tout sur tout. Il s&rsquo;en remet raisonnablement au vendeur et est capable de distinguer une information manifestement cr&eacute;dible et une information manifestement trompeuse. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">L&rsquo;&eacute;cart entre ce consommateur fictif et la r&eacute;alit&eacute; empirique du consommateur, tel que cela est mesur&eacute; par les sciences sociales, n&rsquo;a eu de cesse d&rsquo;&ecirc;tre soulign&eacute; par la doctrine. Un rapport, citant le groupe consultatif des consommateurs europ&eacute;ens, soutient que le concept de consommateur fixe la barre trop haute et est irr&eacute;aliste (Commission europ&eacute;enne 2016&nbsp;: 180). En effet, les consommateurs font beaucoup d&rsquo;erreurs lors des tests objectifs de comparaison entre plusieurs offres, ou bien ne comparent pas syst&eacute;matiquement les offres. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><i><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">2</span></span></span></i><i><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099"><span style="font-weight:normal">. </span></span></span></span></i><i><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">Recevoir la bonne information</span></span></span></i></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="color:#990099">2.1 la protection g&eacute;n&eacute;rale du consommateur</span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le droit europ&eacute;en harmonise largement les l&eacute;gislations nationales en mati&egrave;re de protection des consommateurs, et sa compr&eacute;hension induit une compr&eacute;hension g&eacute;n&eacute;rale des grands principes qui r&eacute;gissent les comportements des consommateurs dans chaque Etats de l&rsquo;Union europ&eacute;enne. Plusieurs textes sont centraux pour saisir les rouages conceptuels du droit et la mani&egrave;re dont il prot&egrave;ge le consommateur. N&eacute;anmoins, deux sont particuli&egrave;rement importants parce qu&rsquo;ils en chapeautent les autres et fixent les principaux concepts&nbsp;: la l&eacute;gislation alimentaire g&eacute;n&eacute;rale 178/2002/CE, et la Directive 2005/29/CE qui r&eacute;glemente les pratiques d&eacute;loyales des professionnels vis-&agrave;-vis des consommateurs. Nous rendons compte ici de l&rsquo;&eacute;conomie g&eacute;n&eacute;rale de cette derni&egrave;re.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">L&rsquo;objectif de la directive est double&nbsp;: assurer le fonctionnement du march&eacute; int&eacute;rieur en harmonisant les r&egrave;gles nationales de protection des consommateurs, et assurer un niveau de protection &eacute;lev&eacute; du consommateur. Elle met en &oelig;uvre une m&eacute;thode d&rsquo;&eacute;valuation des pratiques commerciales qui permet de d&eacute;terminer si elles doivent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es, ou non, comme d&eacute;loyales. Si tel est le cas, elles sont interdites. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Une pratique commerciale est comprise dans le sens large de tout acte ou omission d&rsquo;un professionnel envers un consommateur en relation directe avec la promotion ou la vente d&rsquo;un produit, avant, pendant ou apr&egrave;s l&rsquo;achat. Une pratique sera interdite d&egrave;s lors qu&rsquo;elle ne passe pas l&rsquo;un des trois tests, appliqu&eacute;s en cascade et pr&eacute;vus par la directive. Il faut d&rsquo;abord voir si la pratique est interdite en soi, c&rsquo;est-&agrave;-dire r&eacute;put&eacute;e d&eacute;loyale en toute circonstance, ce qui est le cas des pratiques d&eacute;crites &agrave; l&rsquo;annexe I de la directive. Si ce n&rsquo;est pas le cas, il faut alors la juger au cas par cas. La pratique du professionnel est-elle trompeuse par action (article 6) ou par omission (article 7)&nbsp;? Est-elle agressive (articles 8 et 9)&nbsp;? Une pratique trompeuse emp&ecirc;cherait le consommateur de prendre une d&eacute;cision en connaissance de cause. &Agrave; ce titre, il s&rsquo;agira principalement de s&rsquo;assurer que toutes les informations substantielles sur le produit ont &eacute;t&eacute; mises &agrave; la connaissance du consommateur<i>. </i>Une pratique agressive consistera, en revanche, &agrave; alt&eacute;rer le comportement d&rsquo;un consommateur du fait de harc&egrave;lement, de la contrainte, y compris de la violence physique, ou d&rsquo;une influence injustifi&eacute;e. Enfin, si la pratique commerciale n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; &laquo;&nbsp;attrap&eacute;e&nbsp;&raquo; par les tests pr&eacute;c&eacute;dents, il reste &agrave; voir si elle n&rsquo;est pas susceptible d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;loyale au titre de l&rsquo;article 5, dans le cas o&ugrave; elle alt&eacute;rerait de mani&egrave;re substantielle le comportement du consommateur et qu&rsquo;elle serait contraire &agrave; la diligence professionnelle, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; une attitude d&rsquo;honn&ecirc;tet&eacute; et de bonne foi. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le droit europ&eacute;en vise &agrave; garantir au consommateur une capacit&eacute; &agrave; effectuer des choix de consommation (alimentaire), en toute connaissance de cause, &eacute;tant donn&eacute; le r&ocirc;le essentiel du professionnel (l&rsquo;entreprise, le vendeur) dans le contr&ocirc;le de l&rsquo;information re&ccedil;ue. Le droit assure que le consommateur a bien connaissance des informations essentielles sur les <i>produits</i> pour prendre des d&eacute;cisions &eacute;clair&eacute;es. Il est crucial de souligner que les informations concernent les produits, en contraste avec d&rsquo;&eacute;ventuelles informations qui pourraient &ecirc;tre communiqu&eacute;es &agrave; propos des modes de production. On saura ainsi qu&rsquo;un pot contient du &laquo;&nbsp;miel&nbsp;&raquo;, mais on ne saura pas a priori dans quel type de ferme il a &eacute;t&eacute; produit. Le consommateur doit &ecirc;tre en mesure d&rsquo;interpr&eacute;ter les cons&eacute;quences de ses choix sur lui-m&ecirc;me (sant&eacute;, go&ucirc;t, &hellip;), mais pas sur l&rsquo;ensemble de la soci&eacute;t&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="color:#990099">2.2 Une protection sp&eacute;cifique du consommateur alimentaire</span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Si la directive 2005/29/CE offre un filet de s&eacute;curit&eacute; aux consommateurs, le r&egrave;glement 178/2002 &eacute;tablit des droits sp&eacute;cifiques aux consommateurs alimentaires. L&rsquo;article 8 dit&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p class="thselonguecitation" style="text-align:justify; margin-bottom:13px; margin-left:47px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:">&laquo;&nbsp;1. La l&eacute;gislation alimentaire vise &agrave; prot&eacute;ger les int&eacute;r&ecirc;ts des consommateurs et elle leur fournit une base pour choisir en connaissance de cause les denr&eacute;es alimentaires qu&rsquo;ils consomment. Elle vise &agrave; pr&eacute;venir&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="thselonguecitation" style="text-align:justify; margin-bottom:13px; margin-left:47px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:">a) les pratiques frauduleuses ou trompeuses&nbsp;;</span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="thselonguecitation" style="text-align:justify; margin-bottom:13px; margin-left:47px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:">b) la falsification des denr&eacute;es alimentaires</span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="thselonguecitation" style="text-align:justify; margin-bottom:13px; margin-left:47px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:">c) toute autre pratique pouvant induire le consommateur en erreur.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Dans la mesure o&ugrave; la &laquo;&nbsp;fraude&nbsp;&raquo; ou la &laquo;&nbsp;falsification&nbsp;&raquo; peuvent ais&eacute;ment s&rsquo;apparenter &agrave; des pratiques d&eacute;loyales au sens de directive 2005/29/E, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit de donner une fausse impression sur la nature du produit et de cacher une caract&eacute;ristique essentielle du produit, c&rsquo;est-&agrave;-dire de faire passer aupr&egrave;s du consommateur le produit pour ce qu&rsquo;il n&rsquo;est pas, cet article recouvre les prescriptions relatives aux pratiques d&eacute;loyales. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">L&rsquo;article 16 du r&egrave;glement, quant &agrave; lui, est plus novateur. Il s&rsquo;inscrit pleinement dans le sens d&rsquo;une reconnaissance de formes de pouvoir visant &agrave; influencer les comportements des consommateurs &agrave; travers la pr&eacute;sentation des produits. Il dispose&nbsp;: &nbsp;Sans pr&eacute;judice de dispositions plus sp&eacute;cifiques de la l&eacute;gislation alimentaire, l&rsquo;&eacute;tiquetage, la publicit&eacute; et la pr&eacute;sentation des denr&eacute;es alimentaires [&hellip;], y compris leur forme, leur apparence ou leur emballage, les mat&eacute;riaux d&rsquo;emballage utilis&eacute;s, la fa&ccedil;on dont ils sont pr&eacute;sent&eacute;s et le cadre dans lequel ils sont dispos&eacute;s, ainsi que les informations diffus&eacute;es par n&rsquo;importe quel moyen, ne doivent pas induire le consommateur en erreur. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">La directive 2005/29/CE prend d&eacute;j&agrave; en compte la mani&egrave;re de pr&eacute;senter certaines informations en sugg&eacute;rant qu&rsquo;elles puissent &ecirc;tre fournies &laquo;&nbsp;de fa&ccedil;on peu claire, inintelligible, ambigu&euml; ou &agrave; contre temps&nbsp;&raquo; (article 7, &sect;2). Toutefois, le r&egrave;glement 178/2002/CE, va bien plus loin dans la caract&eacute;risation des fa&ccedil;ons dont la pr&eacute;sentation du produit peut influencer le consommateur&nbsp;: leur forme, leur apparence et leur emballage sont d&eacute;j&agrave; des &eacute;l&eacute;ments innovants&nbsp;; mais la prise en compte des mat&eacute;riaux d&rsquo;emballage, la fa&ccedil;on dont ils sont pr&eacute;sent&eacute;s et le cadre dans lequel ils sont dispos&eacute;s vont plus loin encore. L&rsquo;usage de mots aussi peu d&eacute;termin&eacute;s que &laquo;&nbsp;fa&ccedil;on&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;cadre&nbsp;&raquo; sans se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; une liste exhaustive (&laquo;&nbsp;y compris&nbsp;&raquo;) montre que le l&eacute;gislateur a voulu adopter une d&eacute;finition large de ce qui est entendu par la &laquo;&nbsp;pr&eacute;sentation&nbsp;&raquo;. La protection d&eacute;passe cette fois-ci la question de l&rsquo;information, sans la n&eacute;gliger (&laquo;&nbsp;ainsi que les informations diffus&eacute;es&hellip;&nbsp;&raquo;). </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="color:#990099">2.3 Les informations re&ccedil;ues</span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Les informations que le consommateur <i>doit</i> recevoir de la part de l&rsquo;entreprise sont clairement &eacute;num&eacute;r&eacute;es. Les informations suppl&eacute;mentaires, qui ne seront communiqu&eacute;es que si elles permettent de vanter les m&eacute;rites du produit (les entreprises ne communiquent pas, sauf si oblig&eacute;e, les informations d&eacute;favorables), ne doivent pas &ecirc;tre trompeuses. Le contr&ocirc;le est renforc&eacute; pour les all&eacute;gations nutritionnelles ou de sant&eacute; (R&egrave;glement (CE) 1924/2006).</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Les informations obligatoires sont d&eacute;taill&eacute;es dans l&rsquo;article 6 de la DPCD. Nous donnons ici une synth&egrave;se des &eacute;l&eacute;ments les plus pertinents pour un produit alimentaire&nbsp;: 1) la nature du produit&nbsp;; 2) les caract&eacute;ristiques essentielles du produit, y compris sa composition (ingr&eacute;dients)&nbsp;; 3) l&rsquo;&eacute;tendue de l&rsquo;engagement du professionnel&nbsp;; 4) le prix&nbsp;; 5) la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;un &eacute;ventuel service suppl&eacute;mentaire&nbsp;; 6) l&rsquo;identit&eacute; du vendeur&nbsp;; 7) les droits du consommateur. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Toute fausse information, ou information manquante, &agrave; propos de ces &eacute;l&eacute;ments sont s&eacute;v&egrave;rement sanctionn&eacute;s. Pour les achats en ligne, les informations sont grosso modo les m&ecirc;mes, mais les entreprises doivent &ecirc;tre particuli&egrave;rement diligentes. De plus, il existe un droit de r&eacute;tractation de 14 jours. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">En vertu de la l&eacute;gislation alimentaire g&eacute;n&eacute;rale, d&rsquo;autres informations sp&eacute;cifiques aux produits alimentaires doivent &ecirc;tre communiqu&eacute;es, et notamment la valeur nutritionnelle, le pays d&rsquo;origine pour les fruits et l&eacute;gumes ou encore la date de p&eacute;remption.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">3. La protection par les normes de qualit&eacute;</span></span></span><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:">.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><b><i><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="color:#990099">3.1 </span></span></span></i></b><b><i><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="color:#990099">la qualit&eacute; minimale est basse</span></span></span></i></b></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le r&egrave;glement 178/2002 constitue le pilier central de la l&eacute;gislation alimentaire g&eacute;n&eacute;rale. &Agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;une loi-cadre, il fixe les balises entre lesquelles s&rsquo;inscrivent les autres actes l&eacute;gislatifs. Il fonctionne &agrave; titre suppl&eacute;tif, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il ne s&rsquo;applique que si aucun autre acte l&eacute;gislatif plus sp&eacute;cifique n&rsquo;est adopt&eacute; (Arr&ecirc;t de la Cour, Aff. Jointes, du 9 juin 2005</span></span><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:120%">)</span></span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">. En ce sens, il fixe les r&egrave;gles minimales de qualit&eacute; que les produits alimentaires ordinaires doivent respecter. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Son objectif (article premier) est&nbsp;&laquo;&nbsp;d&rsquo;assurer, en ce qui concerne les denr&eacute;es alimentaires, un niveau de protection &eacute;lev&eacute; de la sant&eacute; des personnes et des int&eacute;r&ecirc;ts des consommateurs, compte tenu notamment de la diversit&eacute; de l&rsquo;offre alimentaire, y compris les productions traditionnelles, tout en veillant au fonctionnement effectif du march&eacute; int&eacute;rieur&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">La protection des consommateurs est renforc&eacute;e par la notion de niveau &eacute;lev&eacute; de protection de la sant&eacute;. L&rsquo;article 14 lie la question de la qualit&eacute; des produits, mais aussi de la sant&eacute; des consommateurs, &agrave; la question de leur s&eacute;curit&eacute;. Son premier paragraphe stipule qu&rsquo;&laquo;&nbsp;aucune denr&eacute;e alimentaire n&rsquo;est mise sur le march&eacute; si elle est dangereuse&nbsp;&raquo;. Les consommateurs doivent avoir confiance dans les produits alimentaires, et l&rsquo;assurance que ce qu&rsquo;ils ach&egrave;tent ne leur causera pas pr&eacute;judice. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Comment est d&eacute;finie cette dangerosit&eacute;&nbsp;? L&rsquo;article 3 du r&egrave;glement fournit une d&eacute;finition du &laquo;&nbsp;danger&nbsp;&raquo;&nbsp;dans les termes suivants&nbsp;: &laquo;&nbsp;un agent biologique, chimique ou physique pr&eacute;sent dans les denr&eacute;es alimentaires [&hellip;] ou un &eacute;tat de ces denr&eacute;es alimentaires [&hellip;], pouvant avoir un n&eacute;faste sur la sant&eacute;&nbsp;&raquo;. Il faut souligner que la d&eacute;finition se place dans le cas d&rsquo;une potentialit&eacute;&nbsp;: il suffit qu&rsquo;un risque soit suffisamment caract&eacute;ris&eacute; pour qu&rsquo;un produit soit qualifi&eacute; de dangereux.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">De plus, la protection doit &ecirc;tre compatible et mise en balance avec le &laquo;&nbsp;fonctionnement effectif du march&eacute; int&eacute;rieur&nbsp;&raquo;. Le niveau de protection attendu n&rsquo;est pas &laquo;&nbsp;le plus &eacute;lev&eacute; possible&nbsp;&raquo;, mais simplement &laquo;&nbsp;&eacute;lev&eacute;&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est donc une exigence qui n&rsquo;est pas absolue. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le principal pouvoir de la l&eacute;gislation alimentaire g&eacute;n&eacute;rale est de sanctionner la mise sur le march&eacute; d&rsquo;une denr&eacute;e alimentaire, laquelle est d&eacute;finie &agrave; l&rsquo;article 2 comme &eacute;tant&nbsp;&laquo;&nbsp;toute substance ou produit, transform&eacute;, partiellement transform&eacute; ou non transform&eacute;, destin&eacute; &agrave; &ecirc;tre ing&eacute;r&eacute; ou raisonnablement susceptible d&rsquo;&ecirc;tre ing&eacute;r&eacute; par l&rsquo;&ecirc;tre humain&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">S&rsquo;ensuit une liste de ce que ne sont pas des denr&eacute;es alimentaires, notamment les aliments pour animaux, les animaux vivants et les m&eacute;dicaments. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Il faut noter que ce r&egrave;glement n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; la mise en balance de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des consommateurs avec celui du d&eacute;veloppement du march&eacute; int&eacute;rieur, en particulier la libre circulation des marchandises (Titre II du TFUE, articles 28-37). En adoptant un r&egrave;glement, le l&eacute;gislateur fixe des r&egrave;gles qui doivent &ecirc;tre adopt&eacute;es directement par les &Eacute;tats membres, sans besoin de transposition. Cela est &agrave; la hauteur des enjeux soulign&eacute;s d&rsquo;embl&eacute;e dans le premier consid&eacute;rant du r&egrave;glement&nbsp;: &laquo;&nbsp;La libre circulation de denr&eacute;es alimentaires s&ucirc;res et saines constitue un aspect essentiel du march&eacute; int&eacute;rieur et contribue de fa&ccedil;on notable &agrave; la sant&eacute; et au bien-&ecirc;tre des citoyens, ainsi qu&#39;&agrave; leurs int&eacute;r&ecirc;ts &eacute;conomiques et sociaux&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">La sant&eacute; s&rsquo;&eacute;tablit comme un principe essentiel de la l&eacute;gislation alimentaire. Or, dans ce r&egrave;glement, on ne demande pas &agrave; chaque consommateur de s&rsquo;assurer de la qualit&eacute; du produit qu&rsquo;il ach&egrave;te. Il d&eacute;finit un r&eacute;gime de responsabilit&eacute; qui exempte le consommateur final de se charger de cette v&eacute;rification, &agrave; l&rsquo;article 17 dudit r&egrave;glement. D&rsquo;apr&egrave;s son paragraphe 1, ce sont les exploitants du secteur alimentaire qui doivent veiller &laquo;&nbsp;&agrave; toutes les &eacute;tapes de la production, de la transformation et de la distribution dans les entreprises plac&eacute;es sous leur contr&ocirc;le, &agrave; ce que les denr&eacute;es alimentaires [&hellip;] r&eacute;pondent aux prescriptions de la l&eacute;gislation applicable &agrave; leurs activit&eacute;s et v&eacute;rifient le respect de ces prescriptions&nbsp;&raquo;. Compl&eacute;mentairement, l&rsquo;&Eacute;tat n&rsquo;est pas d&eacute;douan&eacute; de toute responsabilit&eacute;. En effet, le paragraphe 2 pr&eacute;cise que &laquo;&nbsp;les &Eacute;tats membres assurent l&rsquo;application de la l&eacute;gislation alimentaire&nbsp;; ils contr&ocirc;lent et v&eacute;rifient le respect [&hellip;] des prescriptions applicables&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><i><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">3.2</span></span></span></i> <i><span lang="FR-BE" style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">Les &laquo;&nbsp;exceptionnels&nbsp;&raquo; produits de qualit&eacute;</span></span></span></i></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le droit europ&eacute;en pr&eacute;voit trois grands types de produit de qualit&eacute;. Les produits de qualit&eacute; sp&eacute;cifique, les produits d&rsquo;origine ou d&rsquo;appellation contr&ocirc;l&eacute;e, et les produits biologiques.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le r&egrave;glement 1151/2012 prot&egrave;ge la production de produits alimentaires de qualit&eacute; sp&eacute;cifique, et, en m&ecirc;me temps, informe correctement les consommateurs de leurs vertus. Son consid&eacute;rant 3 pr&eacute;cise sa finalit&eacute;&nbsp;: Les producteurs ne peuvent continuer &agrave; produire une gamme vari&eacute;e de produits de qualit&eacute; que s&rsquo;ils sont &eacute;quitablement r&eacute;compens&eacute;s de leurs efforts. Cela exige qu&rsquo;ils soient en mesure d&rsquo;informer les acheteurs et les consommateurs au sujet des caract&eacute;ristiques de leurs produits dans des conditions de concurrence loyale. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le r&egrave;glement instaure, &agrave; l&rsquo;article 2, un r&eacute;gime de &laquo;&nbsp;d&eacute;nominations et de mentions&nbsp;&raquo; qui &laquo;&nbsp;indiquent ou d&eacute;crivent des produits agricoles poss&eacute;dant : a) des caract&eacute;ristiques conf&eacute;rant une valeur ajout&eacute;e, ou b) des propri&eacute;t&eacute;s conf&eacute;rant une valeur ajout&eacute;e en raison des m&eacute;thodes de production ou de transformation utilis&eacute;es lors de la production ou en raison du lieu de production ou de commercialisation.&nbsp;&raquo; </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Ce r&egrave;glement d&eacute;finit &agrave; l&rsquo;article 5 notamment les &laquo;&nbsp;appellations d&rsquo;origine &raquo; et les &laquo;&nbsp;indications g&eacute;ographiques&nbsp;&raquo;, les premi&egrave;res &eacute;tant produites totalement dans une aire g&eacute;ographique d&eacute;limit&eacute;e, alors qu&rsquo;une seule &eacute;tape suffit pour la seconde. Chacune doit respecter un cahier des charges (article 6) et est soumise &agrave; un r&eacute;gime d&rsquo;autorisation (pr&eacute;vu au chapitre IV du r&egrave;glement). Les produits sont d&egrave;s lors prot&eacute;g&eacute;s (article 7) contre toute utilisation concurrente de l&rsquo;appellation, contre toute usurpation, imitation et &eacute;vocation, ou toute autre information fausse. Enfin, le produit contr&ocirc;l&eacute; est prot&eacute;g&eacute; contre &laquo;&nbsp;toute autre pratique susceptible d&rsquo;induire le consommateur en erreur quant &agrave; la v&eacute;ritable origine du produit&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><a name="_Toc37512034"></a><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">En outre, le r&egrave;glement instaure un second syst&egrave;me de qualit&eacute;, celui des &laquo;&nbsp;syst&egrave;mes traditionnels garantis&nbsp;&raquo;, qui ne se r&eacute;f&egrave;rent pas &agrave; une aire g&eacute;ographique, mais plut&ocirc;t &agrave; une pratique sp&eacute;cifique&nbsp;: &laquo;&nbsp;1. Une d&eacute;nomination peut &ecirc;tre enregistr&eacute;e en tant que sp&eacute;cialit&eacute; traditionnelle garantie lorsqu&rsquo;elle d&eacute;crit un produit ou une denr&eacute;e alimentaire sp&eacute;cifique : a) qui r&eacute;sulte d&rsquo;un mode de production, d&rsquo;une transformation ou d&rsquo;une composition correspondant &agrave; une pratique traditionnelle pour ce produit ou cette denr&eacute;e alimentaire ; ou b) qui est produit &agrave; partir de mati&egrave;res premi&egrave;res ou d&rsquo;ingr&eacute;dients qui sont ceux traditionnellement utilis&eacute;s&nbsp;&raquo;. L&agrave; aussi, le produit ou la denr&eacute;e doit respecter un cahier des charges sp&eacute;cifique et est soumis &agrave; un r&eacute;gime d&rsquo;autorisation. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">S&rsquo;inscrivant dans la m&ecirc;me logique de reconnaissance et valorisation d&rsquo;un mode de production sp&eacute;cifique, le r&egrave;glement (UE) 2018/848, fixe les r&egrave;gles relatives &agrave; la production biologique et &agrave; l&#39;&eacute;tiquetage des produits biologiques. Il est essentiel pour saisir comment le droit s&rsquo;occupe de durabilit&eacute; des syst&egrave;mes alimentaires.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">L&rsquo;article premier du r&egrave;glement 2018/848 &eacute;nonce&nbsp;: Le pr&eacute;sent r&egrave;glement &eacute;tablit les principes de la production biologique et &eacute;nonce les r&egrave;gles r&eacute;gissant la production biologique, la certification correspondante et l&rsquo;utilisation, dans l&rsquo;&eacute;tiquetage et la publicit&eacute;, d&rsquo;indications faisant r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la production biologique, ainsi que les r&egrave;gles applicables aux contr&ocirc;les en sus de ceux que pr&eacute;voit le r&egrave;glement (UE) 2017/625.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">On observe que la mise en place d&rsquo;un mode de production va de pair avec sa valorisation aupr&egrave;s du consommateur. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le r&egrave;glement 834/2007 fixe trois objectifs &agrave; la production biologique (article 3)&nbsp;: 1. &eacute;tablir un syst&egrave;me de gestion durable pour l&rsquo;agriculture&nbsp;; 2. Viser &agrave; produire des produits de haute qualit&eacute;&nbsp;; 3. <i>R&eacute;pondre &agrave; la demande concernant des biens produits par l&#39;utilisation de proc&eacute;d&eacute;s qui ne nuisent pas &agrave; l&#39;environnement, &agrave; la sant&eacute; humaine, &agrave; la sant&eacute; des v&eacute;g&eacute;taux ou &agrave; la sant&eacute; et au bien-&ecirc;tre des animaux.</i> Cette phrase est particuli&egrave;rement marquante&nbsp;: la production biologique ne vise pas &agrave; pallier aux impacts environnementaux de l&rsquo;ensemble de la production agricole, mais bien de satisfaire &laquo;&nbsp;la demande&nbsp;&raquo; de ceux pour qui ces impacts sont inacceptables. Ce r&egrave;glement s&rsquo;inscrit, en ce sens, dans une politique de segmentation du march&eacute; des produits alimentaires, les produits respectant l&rsquo;environnement &eacute;tant une gamme de haute qualit&eacute; se superposant, sans les remettre en question, aux gammes de qualit&eacute; inf&eacute;rieur ayant des impacts plus importants sur l&rsquo;environnement. Ceci est d&rsquo;une importance consid&eacute;rable pour comprendre ce qui est entendu, &agrave; ce jour, par le droit europ&eacute;en, par &laquo;&nbsp;durabilit&eacute;&nbsp;&raquo;.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Il n&rsquo;est nul besoin de s&rsquo;&eacute;tendre davantage sur le contenu de ces actes l&eacute;gislatifs visant &agrave; encourager des syst&egrave;mes de qualit&eacute; pour notre recherche. Il nous apparait &agrave; ce stade que le droit europ&eacute;en encadre la production agricole autour d&rsquo;une s&eacute;rie de principe. D&rsquo;abord, une industrialisation de la production par l&rsquo;augmentation de la productivit&eacute; par unit&eacute; de travail gr&acirc;ce &agrave; la m&eacute;canisation et les produits chimiques. Ensuite, la qualit&eacute; &agrave; laquelle doivent r&eacute;pondre les produits alimentaires ordinaires sont simplement de ne pas &ecirc;tre dangereux pour la sant&eacute;. Enfin, les produits issus de cahier des charges sup&eacute;rieurs ou plus durables sont des exceptions aux r&egrave;gles g&eacute;n&eacute;rales.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">4.&nbsp; Trois conditions &agrave; r&eacute;aliser pour donner du pouvoir aux consommateurs</span></span></span> </span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">De l&rsquo;analyse th&eacute;orique de ce cadre l&eacute;gislatif &agrave; la fois productiviste et consum&eacute;riste, plusieurs enseignements peuvent &ecirc;tre tir&eacute;s en ce qui concerne la transformation des syst&egrave;mes alimentaires vers plus de durabilit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><i><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">4.1 Subside et low-cost&nbsp;: le signal du prix&hellip; </span></span></span></i></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Nous avons vu que le prix est une information cruciale, dont la communication au consommateur doit &ecirc;tre claire. En effet, &agrave; produit comparable du point de vue des informations communiqu&eacute;es, le prix est cens&eacute; jouer un r&ocirc;le de premier plan dans un march&eacute;&nbsp;: il doit favoriser les produits, et les entreprises les plus efficaces &ndash; donc, les plus souhaitables. Or, en mati&egrave;re alimentaire, les prix sont fauss&eacute;s. De deux mani&egrave;res principales&nbsp;: &agrave; cause des subsides, et &agrave; cause de la course au prix bas (low-cost). </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">La production est sans doute la premi&egrave;re porte d&rsquo;entr&eacute;e du droit de l&rsquo;Union europ&eacute;enne dans l&rsquo;alimentation. La politique agricole commune soutient directement le revenu des paysans en fonction des <i>modes de production </i>qu&rsquo;ils d&eacute;ploient, et de ce fait de soustrait en partie, dans le prix des &laquo;&nbsp;mati&egrave;res premi&egrave;res agricoles&nbsp;&raquo;, le co&ucirc;t du travail. En France, la PAC subsidie le revenu agricole &agrave; hauteur de 70&nbsp;% en moyenne, avec d&rsquo;importantes variations en fonction des types de production. En Wallonie, on est &agrave; plus de 90&nbsp;%. On d&eacute;passe souvent les 100&nbsp;% dans l&rsquo;&eacute;levage, et on est souvent proche de 0&nbsp;% dans le mara&icirc;chage de fruits et l&eacute;gumes. Pour la p&eacute;riode 2023-2027, le montant global est de 264 milliards d&rsquo;euros, soit 52,8 milliards par an. C&rsquo;est 9,29 milliards par an pour la France, 0,58 milliards par an pour la Belgique.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><img height="565" src="https://www.numerev.com/img/ck_166_10_image-20231025122457-1.png" width="803" /></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Fait bien connu, la PAC soutient un mod&egrave;le agricole industriel, en favorisant la capitalisation des fermes (m&eacute;canisation, intrant, &eacute;conomie d&rsquo;&eacute;chelle&hellip;) au d&eacute;triment du nombre d&rsquo;unit&eacute; de main-d&rsquo;&oelig;uvre. Ce mod&egrave;le agricole &laquo;&nbsp;moderniste&nbsp;&raquo;, bas&eacute; sur la &laquo;&nbsp;r&eacute;volution verte&nbsp;&raquo;, est &eacute;galement soutenu par des trait&eacute;s de commerce internationaux, souvent dits &laquo;&nbsp;de libre &eacute;change&nbsp;&raquo;, permettant grosso modo &agrave; l&rsquo;Europe d&rsquo;importer des mati&egrave;res premi&egrave;res agricoles, soit les consommer directement, soit pour les transformer puis les revendre, ce qui permet de r&eacute;server les fili&egrave;res agricoles europ&eacute;ennes &agrave; l&rsquo;exportation de produits alimentaires &agrave; hauteur valeur ajout&eacute;e (statistique belges 2022). Le client de l&rsquo;agriculteur n&rsquo;est pas le consommateur&nbsp;: c&rsquo;est le grossiste, et derri&egrave;re lui l&rsquo;agro-industrie de transformation. En Belgique, elle est repr&eacute;sent&eacute;e par la FEVIA, qui f&eacute;d&egrave;re la plupart des multinationales agroindustrielles, et les sp&eacute;cialit&eacute;s nationales &laquo;&nbsp;embl&eacute;matiques&nbsp;&raquo;&nbsp;: chocolat, pomme de terre (chips, frites...), bi&egrave;re, sucre&hellip; Socialement, cela s&rsquo;est traduit par un laminage de la population agricole, de la culture paysanne, et par une urbanisation g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e. Le bilan en termes de durabilit&eacute; est catastrophique&nbsp;: le syst&egrave;me alimentaire &eacute;met environ 30&nbsp;% des &eacute;missions de CO2, 70&nbsp;% des &eacute;missions de m&eacute;thane, est le premier consommateur d&rsquo;eau potable... </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Pourtant, le montant des subsides est telle que les produits industriels apparaissent moins chers en supermarch&eacute; que les produits qui cherchent &agrave; int&eacute;grer les co&ucirc;ts environnementaux (en n&rsquo;exploitant pas exag&eacute;r&eacute;ment l&rsquo;environnement), sociaux (en payant dignement les salari&eacute;s au lieu de d&eacute;localiser les productions), de sant&eacute; (en proposant des produits peu transform&eacute;s). Ainsi, la diff&eacute;rence de prix se fait au moins autant en int&eacute;grant, ou non, l&rsquo;ensemble des co&ucirc;ts justes de production, qu&rsquo;en faisant r&eacute;f&eacute;rence &agrave; des efficacit&eacute;s logistiques ou op&eacute;rationnelles respectables. En externalisant certains co&ucirc;ts de production sur d&rsquo;autres acteurs, et en particulier les pouvoirs publics qui doivent ensuite soigner les effets sur la sant&eacute;, sur l&rsquo;environnement, ou sur la pr&eacute;carit&eacute; des travailleurs, les entreprises du low-cost gagnent leur comp&eacute;titivit&eacute; au d&eacute;triment de l&rsquo;ensemble de la soci&eacute;t&eacute;. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Ce qui nous importe ici de souligner est que le prix ne fournit pas une information globale sur l&rsquo;efficacit&eacute; des diff&eacute;rents mod&egrave;les de production. Au contraire, parfois un produit cher est le signe qu&rsquo;il int&egrave;gre correctement l&rsquo;ensemble de ses co&ucirc;ts... La comp&eacute;titivit&eacute; des fili&egrave;res est largement orient&eacute;e et construite par l&rsquo;usage &ndash; productiviste et industriel &ndash; qui est fait des subsides europ&eacute;ens. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">En clair, demander au consommateur d&rsquo;influencer l&rsquo;offre en faisant jouer son &laquo;&nbsp;vote du portefeuille&nbsp;&raquo; revient &agrave; lui demander de payer plus cher des produits de bonne qualit&eacute;, soit d&rsquo;agir au d&eacute;triment de son int&eacute;r&ecirc;t personnel en vue de contribuer &agrave; un int&eacute;r&ecirc;t collectif, soci&eacute;tal, plus large &ndash; sans &ecirc;tre m&ecirc;me persuad&eacute; de l&rsquo;efficacit&eacute; de son action.&nbsp; Le consommateur souhaitant inciter les acteurs &eacute;conomiques du syst&egrave;me alimentaire doit d&rsquo;abord &laquo;&nbsp;compenser&nbsp;&raquo; les subsides qui poussent vers l&rsquo;industrialisation de l&rsquo;agriculture&hellip; Ce &laquo;&nbsp;droit de passage &raquo; est hypocrite, il conduit forc&eacute;ment au statu quo en d&eacute;sactivant la possibilit&eacute; pour le consommateur d&rsquo;influencer directement l&rsquo;offre. Or, il est tr&egrave;s probable qu&rsquo;&agrave; prix &eacute;gal, le consommateur moyen pr&eacute;f&egrave;re une production biologique ou une juste r&eacute;mun&eacute;ration du producteur, que l&rsquo;inverse&hellip; Le prix comme information, signal, est fauss&eacute; si les subsides jouent &agrave; plein. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><i><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">4.2 Informer sur les modes de production</span></span></span></i></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Le second enseignement de notre analyse des concepts principaux du droit europ&eacute;en en mati&egrave;re alimentaire est que la plupart des obligations l&eacute;gales concernant les conditions de production d&rsquo;un produit alimentaire sont assorties d&rsquo;une obligation d&rsquo;information vis-&agrave;-vis du consommateur.&nbsp; Nous avons vu &agrave; quel point la production et la consommation sont pens&eacute;es de concert. Cela concerne plus particuli&egrave;rement les produits mont&eacute;s en gamme, &agrave; l&rsquo;instar de la production biologique ou des appellations d&rsquo;origine, qui se d&eacute;marquent des produits ordinaires par un cahier des charges sp&eacute;cifiques et m&eacute;lioratifs qu&rsquo;il convient de faire connaitre au consommateur pour valoriser le produit. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">En revanche, et c&rsquo;est un point extr&ecirc;mement probl&eacute;matique du point de vue de la durabilit&eacute;, le consommateur n&rsquo;est pas inform&eacute; des conditions de production <i>des produits ordinaires</i>. Le droit europ&eacute;en impose aux &Eacute;tats l&rsquo;obligation de v&eacute;rifier que les produits mis sur le march&eacute; ne sont pas dangereux pour la sant&eacute; du consommateur dans le cadre de leur utilisation raisonnable. Ou bien que les libell&eacute;s sur les produits refl&egrave;tent r&eacute;ellement le contenu de ceux-ci afin de ne pas tromper le consommateur. Mais il n&rsquo;y aucune obligation d&rsquo;informer le consommateur sur les conditions de production, transformation et distribution des produits alimentaires en g&eacute;n&eacute;ral. Ainsi tenu dans l&rsquo;ignorance, le consommateur ne peut jouer le r&ocirc;le d&rsquo;aiguillon de l&rsquo;offre que nombreux sont &agrave; lui pr&ecirc;ter &nbsp;(Pinto 2018&nbsp;; Hutt, 1940).</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">En plus d&rsquo;organiser la production agricole au niveau europ&eacute;en, la construction du march&eacute; int&eacute;rieur de l&rsquo;alimentation requiert du droit d&rsquo;&eacute;tablir la confiance du consommateur dans les produits issus de ces nouveaux modes industriels de production.<i> </i>Instaurer la confiance dans les produits du march&eacute; int&eacute;rieur est particuli&egrave;rement important pour inciter les consommateurs, justement, &agrave; consommer des produits qui sortent de leur zone de confort cognitive et identitaire &agrave; laquelle les productions nationales et locales correspondent mieux. Une t&acirc;che qui est loin d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;vidente quand on connait l&rsquo;appr&eacute;hension du consommateur pour les produits industriels. Il s&rsquo;agit entre autres d&rsquo;&eacute;tablir des r&egrave;gles pour r&eacute;pondre aux scandales alimentaires &agrave; r&eacute;p&eacute;tition qui peuvent saturer l&rsquo;espace m&eacute;diatique et attaquer la cr&eacute;dibilit&eacute; des chaines alimentaires d&eacute;sormais organis&eacute;es, nous le voyons, au niveau europ&eacute;en (sans pour autant n&eacute;gliger les accords internationaux qui sont aussi de premi&egrave;re importance). Les scandales de la vache folle et des farines animales, de la viande de cheval dans les lasagnes, du Fipronil sur les &oelig;ufs, etc., sont susceptibles de miner la confiance dans le march&eacute; int&eacute;rieur de l&rsquo;Union puisqu&rsquo;elles mettent en lumi&egrave;re la faillite du contr&ocirc;le des entreprises du syst&egrave;me alimentaire par les organes de r&eacute;gulation. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">La recherche de la confiance du consommateur pose n&eacute;anmoins une ambigu&iuml;t&eacute; majeure qui n&rsquo;est pas sans int&eacute;resser la question de la durabilit&eacute; du syst&egrave;me alimentaire. Le droit vise ainsi &agrave; donner suffisamment confiance au consommateur pour l&rsquo;inciter &agrave; consommateur, mais ne lui donne pas toutes les informations suffisantes pour &eacute;valuer ses achats en termes de mode de production. Tout n&rsquo;est pas communiqu&eacute;. La confiance est b&acirc;tie sur la communication d&rsquo;une information suffisante <i>sur le produit uniquement</i> assortie &agrave; une garantie d&rsquo;innocuit&eacute;. Or, ce manque informatif est clairement un frein &agrave; la transformation des syst&egrave;mes alimentaires. En effet, de durabilit&eacute; il n&rsquo;est par exemple question que de mani&egrave;re volontaire de la part des entreprises, qui ne communiquent &eacute;videmment que sur les bonnes pratiques et pas sur les mauvaises, ou bien &agrave; travers le label biologique, qui ne concerne qu&rsquo;une part limit&eacute;e et malheureusement &laquo;&nbsp;haut de gamme&nbsp;&raquo; de la production alimentaire. L&rsquo;absence d&rsquo;informations sur les modes de production fait croire aux yeux des consommateurs que des produits peuvent &ecirc;tre substituables du point de vue des effets du produit sur le consommateur, du point de vue de sa composition, sans &ecirc;tre comparable en r&eacute;alit&eacute; du point de vue des modes de production, y compris de la durabilit&eacute; de ces derniers. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <i><span style="color:#990099">4.3 Ne pas &laquo;&nbsp;segmenter&nbsp;&raquo; la critique politique en niches &eacute;conomiques</span></i></span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">La diffusion de l&rsquo;information telle que pr&eacute;vue par le droit europ&eacute;en concernant les produits &eacute;tablis finalement une segmentation en gamme. Les produits pour lesquels les consommateurs re&ccedil;oivent le plus d&rsquo;information constituent le haut de gamme. Ce sont les produits issus de la production biologique ou les produits d&rsquo;appellation contr&ocirc;l&eacute;s. N&eacute;anmoins, la plupart des produits alimentaires ne b&eacute;n&eacute;ficient pas d&rsquo;une r&eacute;glementation informationnelle sp&eacute;cifique. Les entreprises se voient donc laisser les marges de man&oelig;uvre pour informer le consommateur sur les aspects des produits qui leur semblent le plus prometteur, tout en &eacute;vitant &eacute;videmment les all&eacute;gations fausses ou trompeuses. Pour ceux-ci, la marque joue un r&ocirc;le d&eacute;cisif de m&eacute;diation entre le consommateur et le produit&nbsp;: elle appara&icirc;t comme l&rsquo;information centrale, porteuse d&rsquo;un message implicite savamment construit par le marketing de marque. Les produits bas de gamme sont ceux, justement, qui ne v&eacute;hiculent pas d&rsquo;autres messages que l&rsquo;information minimum l&eacute;gale&nbsp;; sauf le message bien construit de la simplicit&eacute;, affirmant lui-m&ecirc;me que le produit est le plus simple possible, sans superflu, qu&rsquo;il ne communique et n&rsquo;est rien d&rsquo;autre que lui-m&ecirc;me. Sans l&rsquo;information volontaire des entreprises, il est impossible d&rsquo;imaginer quels sont les cha&icirc;nes de production et d&rsquo;approvisionnement derri&egrave;re les produits. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Or, derri&egrave;re cette segmentation des produits &agrave; travers l&rsquo;usage de l&rsquo;information appara&icirc;t finalement des segments par modes de production dont chacun s&rsquo;adresse &agrave; des consommateurs sp&eacute;cifiques. Les produits les plus &laquo;&nbsp;bavards&nbsp;&raquo; sont donc les mieux compris, les plus pris&eacute;s et les plus chers&nbsp;; ils s&rsquo;adressent ainsi &agrave; des consommateurs ais&eacute;s ou engag&eacute;s dans leurs achats. A l&rsquo;inverse, les produits &laquo;&nbsp;muets&nbsp;&raquo; semblent les moins chers, car ils se taisent sur leurs modes de production ce qui laisserait entendre qu&rsquo;ils ont re&ccedil;u la production la plus efficace possible. Ces produits s&rsquo;adressent ainsi &agrave; des consommateurs &eacute;conomes et peu soucieux des impacts de leur consommation, s&rsquo;arrangeant fort bien de l&rsquo;ignorance dans laquelle ces produits les placent. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Cette remarque est capitale pour notre question sur la transformation des syst&egrave;mes alimentaires. En effet, il induit que les produits alternatifs, les mieux identifi&eacute;s y compris concernant les modes de production, ont &eacute;t&eacute; int&eacute;gr&eacute;s au march&eacute; de l&rsquo;alimentation comme des segments de produits s&rsquo;adressant &agrave; des publics sp&eacute;cifiques. Ceux-ci sont ainsi traduit par le march&eacute; en des consommateurs porteurs d&rsquo;une demande &agrave; satisfaire&nbsp;; et non pas, ce qui est pourtant souvent le cas, comme des produits issus de pratiques productives qui visent &agrave; transformer le syst&egrave;me alimentaire. La diff&eacute;renciation commerciale des produits alternatifs et des produits respectant uniquement le requis minimal du droit europ&eacute;en conduit &agrave; neutraliser la charge transformative de pratiques agricoles qui se veulent avant tout porteuses de changements syst&eacute;miques. Autrement dit, la transformation des modes de production alternatifs en une gamme de produits de haute qualit&eacute; permet de faire glisser des revendications politiques en revendications &eacute;conomiques (c&rsquo;est le vote avec le portefeuille) et de leur faire perdre leur capacit&eacute; disruptive. Le discours politique et critique est ainsi transform&eacute; et &eacute;cart&eacute; au profit d&rsquo;une gamme de marchandises qui r&eacute;pond &agrave; une demande d&eacute;sormais &eacute;conomique. Ainsi traduites et int&eacute;gr&eacute;es dans le march&eacute; int&eacute;rieur, les alternatives sont coopt&eacute;es et r&eacute;cup&eacute;r&eacute;es par le syst&egrave;me alimentaire qu&rsquo;elles pr&eacute;tendent vouloir transformer. </span></span></span></span></span></p> <p class="thsetitre2" style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span book="" sagona="" style="font-family:"><span style="font-weight:bold"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#990099">Conclusion</span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenormal" style="text-align:justify; text-indent:35.45pt; margin-bottom:8px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">Dans une perspective de transformation des syst&egrave;mes alimentaires vers plus de durabilit&eacute; et la r&eacute;alisation du droit humain &agrave; l&rsquo;alimentation, le droit europ&eacute;en &laquo;&nbsp;prot&eacute;geant&nbsp;&raquo; le consommateur nous appara&icirc;t, finalement, d&rsquo;abord comme un facteur important, ensuite comme un obstacle. En participant &agrave; transfigurer le mangeur en consommateur, le droit lui impose subrepticement une mise &agrave; distance cognitive qui se traduit par la soustraction d&rsquo;un savoir et d&rsquo;un pouvoir d&rsquo;agir politique sur les syst&egrave;mes alimentaires. Le consommateur alimentaire est juridiquement construit comme le d&eacute;bouch&eacute; d&rsquo;un syst&egrave;me alimentaire sur lequel il n&rsquo;a qu&rsquo;un contr&ocirc;le politique et &eacute;conomique marginal. La communication aux consommateurs d&rsquo;informations de nature sociale, &eacute;conomique et environnementale relatives aux conditions de production, de transformation et de distribution des produits alimentaires pourrait constituer un horizon interm&eacute;diaire souhaitable mais qui ne remettra pas en cause sa logique profonde. Celle-ci peut changer en rehaussant les normes de qualit&eacute;, en donnant aux consommateurs la capacit&eacute; financi&egrave;re de r&eacute;aliser leurs v&eacute;ritables pr&eacute;f&eacute;rences alimentaires, et encore en faisant des produits alimentaires int&eacute;grant les co&ucirc;ts environnements et sociaux et &eacute;tant bon pour la sant&eacute; les produits les moins chers et les plus accessibles, notamment en r&eacute;orientant la PAC. Tant que ces d&eacute;fis ne seront pas surmont&eacute;s, le vote du portefeuille de citoyen bien &eacute;duqu&eacute; restera un mythe au service du <i>statu quo</i> politique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="color:#990099">Bibliographie</span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="font-variant:small-caps">Simon</span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">, H. &laquo;&nbsp;A Behavioral Model of Rational Choice&nbsp;&raquo;, dans <i>Models of Man, Social and Rational: Mathematic Essays on Rational Human Behavior in a Social Setting</i>, New-York, Wiley, 1957</span></span><span lang="EN-GB" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">.</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="font-variant:small-caps">European Commission</span></span></span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">, Consumers, Health, Agriculture and Food Executive Agency, <i>Consumer vulnerability across key markets in the European Union &ndash; Final report</i>, Publications Office, 2016, <a href="https://data.europa.eu/doi/10.2818/056024" style="color:blue; text-decoration:underline" target="_blank">https://data.europa.eu/doi/10.2818/056024</a></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="font-variant:small-caps">Hutt, w.h., &laquo;&nbsp;</span></span></span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%">The concept of Consumers&rsquo; Sovereignity&nbsp;&raquo;, <i>The Economic Journal</i>, vol 50, n&deg;197, 1940, pp66-77</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps">Peuch, J.</span></span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">, Choisir une alimentation nutritionnellement ad&eacute;quate ? L&#39;incompl&egrave;te protection des consommateurs en droit de l&#39;Union europ&eacute;enne et ses effets sur les syst&egrave;mes alimentaires. Th&egrave;se de doctorat, soutenue le 22 juin 2022 &agrave; Universit&eacute; Catholique de Louvain, Belgique. [en ligne] <a href="https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal:264767" style="color:blue; text-decoration:underline"><span class="LienInternet" style="color:#0563c1"><span style="text-decoration:underline">https://dial.uclouvain.be/pr/boreal/object/boreal:264767</span></span></a></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span style="line-height:120%"><span calibri="" style="font-family:"><span class="LienInternet" style="color:#0563c1"><span style="text-decoration:underline"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"><span style="font-variant:small-caps">Pinto, l.,</span></span></span></span></span><span class="LienInternet" style="color:#0563c1"><span style="text-decoration:underline"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:120%"> L&rsquo;invention du consommateur, Paris&nbsp;: PUF, 2018.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span class="LienInternet" style="color:#0563c1"><span style="text-decoration:underline"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">Textes juridiques</span></span></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">- </span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">Arr&ecirc;t de la cour, aff. C-59/12 du 3 octobre 2013. <i>BKK Mobil Oil K&ouml;rperschaft des &ouml;ffentlichen Rechts contre Zentrale zur Bek&auml;mpfung unlauteren Wettbewerbs eV</i> (EU:C :2013:634), point 34.</span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">- </span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">Arr&ecirc;t de la cour, aff. C-281P du 20 octobre 2011, <i>Pepsi Co c. Grupo Promer Mon Graphic</i> (EU:C :2011:679), &sect;53</span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">- </span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">Arr&ecirc;t Ving Sverige, 2011, Point 23.</span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">- </span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">Arr&ecirc;t de la Cour, Aff. Jointes, du 9 juin 2005, HLH Warenvertriebs GmbH (C-211/03), Orthica BV (C-299/03 et C-316/03 &agrave; C-318/03) contre Bundesrepublik Deutschland (EU :C:2005:370), point 38.</span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span class="LienInternet" style="color:#0563c1"><span style="text-decoration:underline"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">- </span></span></span></span></span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">R&egrave;glement (CE) 1924/2006 du Parlement europ&eacute;en et du Conseil du 20 d&eacute;cembre 2006 concernant les all&eacute;gations nutritionnelles et de sant&eacute; portant sur les denr&eacute;es alimentaires, <em><span calibri="" style="font-family:">OJ L 404, 30.12.2006, p. 9&ndash;25</span></em></span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">- </span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">R&egrave;glement (CE) 178/2002 du Parlement europ&eacute;en et du Conseil du 28 janvier 2002 &eacute;tablissant les principes g&eacute;n&eacute;raux et les prescriptions g&eacute;n&eacute;rales de la l&eacute;gislation alimentaire, instituant l&#39;Autorit&eacute; europ&eacute;enne de s&eacute;curit&eacute; des aliments et fixant des proc&eacute;dures relatives &agrave; la s&eacute;curit&eacute; des denr&eacute;es alimentaires (JO L 31, 1.2.2002).</span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">- </span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">R&egrave;glement (UE) n&deg;1151/2012 du parlement europ&eacute;en et du conseil du 21 novembre 2012 relatif aux syst&egrave;mes de qualit&eacute; applicables aux produits agricoles et aux denr&eacute;es alimentaires (JO L 3431 du 14.12.2012).</span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">- </span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">R&egrave;glement (UE) 2018/848 du Parlement europ&eacute;en et du Conseil du 30 mai 2018 relatif &agrave; la production biologique et &agrave; l&rsquo;&eacute;tiquetage des produits biologiques, et abrogeant le r&egrave;glement (CE) 834/2007 du Conseil (OJ L 150, 14.6.2018).</span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-indent:0cm; margin-bottom:8px"><span style="font-size:9pt"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">- </span><span lang="FR-BE" style="font-size:12.0pt">R&egrave;glement (CE) 834/2007 du Conseil du 28 juin 2007 relatif &agrave; la production biologique et &agrave; l&#39;&eacute;tiquetage des produits biologiques et abrogeant le r&egrave;glement (CEE) 2092/91 (JO L 189 du 20.7.2007).</span></span></span></p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px">&nbsp;</p> <p class="thsenbp" style="text-align:justify; margin-bottom:8px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p>