<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L&rsquo;homme peut-il encore habiter le monde &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de la modernit&eacute;&nbsp;? Cette question induit que l&rsquo;on s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la repr&eacute;sentation de la ville, qui est un lieu oblig&eacute; du moderne et une sorte de m&eacute;tonymie du monde. Nous nous interrogerons &eacute;galement sur la perception du corps dans cet espace en mutation. Pour ce faire, nous nous appuierons sur diff&eacute;rentes &oelig;uvres po&eacute;tiques et picturales qui se situent entre la fin du <span style="font-variant:small-caps">xix</span><sup>e</sup> si&egrave;cle et la premi&egrave;re guerre mondiale. Et nous &eacute;voquerons les noms de Camillo Sbarbaro, de Thomas Stearns Eliot, de Mario Sironi, de Giorgio De Chirico et de quelques futuristes, parmi lesquels Filippo Tommaso Marinetti, Antonio Sant&rsquo;Elia, Giacomo Balla ou encore Umberto Boccioni. Ensuite nous tenterons de montrer quels sont les prolongements actuels de cette vision nouvelle de l&rsquo;homme et du monde qui s&rsquo;&eacute;labore autour de cette &laquo;&nbsp;c&eacute;sure essentielle de notre temps<a href="#_edn1" name="_ednref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; qu&rsquo;est la premi&egrave;re guerre mondiale. C&eacute;sure que, pour notre part, nous qualifions volontiers d&rsquo;anthropologique et d&rsquo;historiale.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Ce monde moderne se manifeste avec force &agrave; travers la ville que Baudelaire n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; qualifier de &laquo;&nbsp;grand d&eacute;sert d&rsquo;hommes<a href="#_edn2" name="_ednref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. La ville est &agrave; consid&eacute;rer ici sous l&rsquo;angle de la n&eacute;gativit&eacute;. Nouvelle Babylone, la ville de la modernit&eacute; d&eacute;fie le ciel par ses tours et ses architectures audacieuses, mais les dieux ont d&eacute;sert&eacute; le ciel, de m&ecirc;me que s&rsquo;est perdu un certain art de vivre jusque sur les pourtours de la M&eacute;diterran&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt">&nbsp;</p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:18pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Toute de ciment, de verre et de b&eacute;ton, la ville moderne n&rsquo;appelle plus &agrave; la fl&acirc;nerie ni &agrave; l&rsquo;h&eacute;donisme, mais elle &eacute;voque les villes am&eacute;ricaines avec leurs tours vertigineuses et leur architecture qui semblent, aux yeux d&rsquo;un Europ&eacute;en du d&eacute;but du <span style="font-variant:small-caps">xx</span><sup>e</sup> si&egrave;cle, d&eacute;fier le sens commun et renvoyer &agrave; un monde autre, radicalement &eacute;tranger &agrave; l&rsquo;humain. Dans ses <i>Studi per edifici monumentali</i> (1912-13) l&rsquo;architecte futuriste italien Sant&rsquo;Elia s&rsquo;inspire de l&rsquo;Am&eacute;rique pour concevoir des immeubles qui &eacute;voquent tout &agrave; la fois Manhattan, le progr&egrave;s industriel, la volont&eacute; de rupture, la n&eacute;gation de la tradition et l&rsquo;essor de la modernit&eacute;. Il faut relire, &agrave; ce sujet, le passage de <i>Voyage au bout de la nuit</i> de Louis-Ferdinand C&eacute;line, o&ugrave; le narrateur, stup&eacute;fait par ce qui se pr&eacute;sente &agrave; ses yeux, d&eacute;crit l&rsquo;arriv&eacute;e &agrave; New York, par bateau, au tout d&eacute;but des ann&eacute;es trente&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p class="cit" style="text-align:justify; margin-left:76px">&nbsp;</p> <p class="cit" style="text-align:justify; margin-left:76px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Pour une surprise, c&rsquo;en fut une. &Agrave; travers la brume, c&rsquo;&eacute;tait tellement &eacute;tonnant ce qu&rsquo;on d&eacute;couvrait soudain que nous nous refus&acirc;mes d&rsquo;abord &agrave; y croire et puis tout de m&ecirc;me quand nous f&ucirc;mes en plein devant les choses, tout gal&eacute;rien qu&rsquo;on &eacute;tait on s&rsquo;est mis &agrave; bien rigoler, en voyant &ccedil;a, droit devant nous&hellip; </span></span></span></span></p> <p class="cit" style="text-align:justify; margin-left:76px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Figurez-vous qu&rsquo;elle &eacute;tait debout leur ville, absolument droite. New York c&rsquo;est une ville debout. On en avait d&eacute;j&agrave; vu nous des villes bien s&ucirc;r, et des belles encore, et des ports et des fameux m&ecirc;me. Mais chez nous, n&rsquo;est-ce pas, elles sont couch&eacute;es les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s&rsquo;allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-l&agrave; l&rsquo;Am&eacute;ricaine, elle ne se p&acirc;mait pas, non elle se tenait bien raide, l&agrave;, pas baisante du tout, raide &agrave; faire peur.<a href="#_edn3" name="_ednref3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></a> </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt">&nbsp;</p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:14.2pt"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans cette ville &laquo;&nbsp;absolument droite&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;raide &agrave; faire peur&nbsp;&raquo;, les hommes sont r&eacute;duits &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre que foule, multitude, agr&eacute;gat d&rsquo;individus qui remplissent le d&eacute;sert de pierre. D&rsquo;o&ugrave; le spleen, l&rsquo;ennui, la m&eacute;lancolie ou encore la nostalgie. Bref, la catastrophe permanente au d&eacute;but du <span style="font-variant:small-caps">xx</span><sup>e</sup> si&egrave;cle avec des &oelig;uvres marqu&eacute;es au sceau de l&rsquo;irr&eacute;versible et de l&rsquo;irr&eacute;m&eacute;diable. Nous employons &agrave; dessein ces deux adjectifs baudelairiens car on a souvent privil&eacute;gi&eacute; l&rsquo;aspect le plus d&eacute;senchant&eacute; de la pens&eacute;e du po&egrave;te en l&rsquo;associant &agrave; une autre divinit&eacute; tut&eacute;laire pr&eacute;sidant &agrave; cette vision du monde &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de la modernit&eacute;, Nietzsche. Souvent, en effet, le cri nietzsch&eacute;en de la mort de Dieu et de la fin des valeurs se traduit &ndash; dans la litt&eacute;rature et les arts &ndash; par une image d&eacute;grad&eacute;e et d&eacute;sesp&eacute;rante de la ville moderne. La ville est montr&eacute;e comme impossible demeure. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;poque de la modernit&eacute; la ville devient le lieu de l&rsquo;anonymat, de l&rsquo;errance, de l&rsquo;inhabitable o&ugrave; se rencontrent vagabonds, prostitu&eacute;es, ivrognes, automates, employ&eacute;s press&eacute;s et somnambules. &Agrave; partir de quoi se posera &eacute;galement le probl&egrave;me des rapports entre foule et individu.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Mais commen&ccedil;ons par nous arr&ecirc;ter sur la repr&eacute;sentation de la ville dans les tableaux m&eacute;taphysiques de Giorgio De Chirico qui remettent fortement en cause l&rsquo;unit&eacute; perspective de l&rsquo;espace pictural<a href="#_edn4" name="_ednref4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></a>. Dans les &oelig;uvres de ce peintre n&eacute; &agrave; Volo, en Gr&egrave;ce, la perspective est d&eacute;routante. Tout est perdu de l&rsquo;harmonie du monde. En effet, compl&egrave;tement fauss&eacute;e et pervertie, la perspective lin&eacute;aire classique est allong&eacute;e, &eacute;tir&eacute;e et anormalement profonde. Bien souvent la stabilit&eacute; du sol est compromise par l&rsquo;inclinaison excessive des plans, ce qui donne une d&eacute;sagr&eacute;able impression d&rsquo;instabilit&eacute;. De plus, on assiste au bouleversement des &eacute;chelles de mesure&nbsp;: objets hypertrophi&eacute;s et silhouettes ridiculement petites occupent l&rsquo;espace sans l&rsquo;habiter. D&rsquo;ailleurs, comment habiter un espace sans v&eacute;ritable profondeur, sans assise stable et sans perspective atmosph&eacute;rique&nbsp;? Peu d&rsquo;effet de ronde-bosse et un model&eacute; r&eacute;duit sugg&egrave;rent un espace impraticable, inhospitalier et d&eacute;pourvu de fondement. Les choses s&rsquo;y tiennent comme par miracle, oublieuses des lois de la gravit&eacute;. Quant &agrave; la lumi&egrave;re, elle ne rayonne ni ne vibre, comme s&rsquo;il n&rsquo;y avait pas d&rsquo;air. D&rsquo;ailleurs, la rar&eacute;faction de l&rsquo;air s&rsquo;accompagne souvent d&rsquo;une lumi&egrave;re verd&acirc;tre et mena&ccedil;ante dont on ne conna&icirc;t pas l&rsquo;origine. L&rsquo;illumination myst&eacute;rieuse et illogique &ndash; si l&rsquo;on se r&eacute;f&egrave;re aux r&egrave;gles traditionnelles de la peinture h&eacute;rit&eacute;es des artistes de la Renaissance &ndash; cr&eacute;e une atmosph&egrave;re onirique et &eacute;nigmatique que l&rsquo;ombre, en violente opposition avec la lumi&egrave;re, vient renforcer. Chez De Chirico l&rsquo;ombre, en ses multiples &eacute;piphanies, poss&egrave;de sa propre existence. La plupart du temps, puissante, dure et &eacute;paisse, elle &laquo;&nbsp;d&eacute;coupe ses triangles et trap&egrave;zes noirs sur le sol des places et des rues ensoleill&eacute;es<a href="#_edn5" name="_ednref5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Hostile, elle n&rsquo;accueille pas, ne rafra&icirc;chit pas. Elle rend la vision encore plus &eacute;nigmatique et dysharmonique, surtout quand sa pr&eacute;sence opaque s&rsquo;impose avec une force plus grande que celle de l&rsquo;objet qui lui donne naissance. Parfois m&ecirc;me elle semble ne rendre compte d&rsquo;aucun corps solide ou bien elle laisse deviner des pr&eacute;sences cach&eacute;es &agrave; notre regard. D&rsquo;autres fois encore, comme dans <i>M&eacute;lancolie et myst&egrave;re d&rsquo;une rue</i> (1914), l&rsquo;ombre n&rsquo;a pas plus de consistance que la silhouette de la petite fille que l&rsquo;on dirait imprim&eacute;e sur la chauss&eacute;e. L&rsquo;ombre qui devrait donner la preuve de la r&eacute;alit&eacute; et de la solidit&eacute; des choses n&rsquo;apporte ici aucune certitude, ni aucune confirmation de cette r&eacute;alit&eacute;. D&rsquo;o&ugrave; le sentiment d&rsquo;&eacute;tranget&eacute; et l&rsquo;inqui&eacute;tude accompagn&eacute;e de m&eacute;lancolie qui en d&eacute;coulent.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Quant aux paysages urbains<b> </b>que Mario Sironi peint autour des ann&eacute;es vingt, ils ne sont pas plus accueillants. Sironi, en effet, aime &agrave; peindre des p&eacute;riph&eacute;ries sans &acirc;me, des banlieues vides et tristes avec leurs routards, leurs mendiants et leurs buveurs tout aussi tristes et solitaires. Dans ces tableaux, d&eacute;solation et tragique quotidien renvoient &agrave; une inqui&eacute;tante modernit&eacute; et au d&eacute;senchantement d&rsquo;un monde d&rsquo;o&ugrave; les Dieux se sont enfuis et o&ugrave; le nouveau Dieu n&rsquo;est pas encore venu<a href="#_edn6" name="_ednref6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[6]</span></span></span></span></a>. Dans cet entre-deux il n&rsquo;y a pas de place pour l&rsquo;harmonie, la pl&eacute;nitude, la s&eacute;r&eacute;nit&eacute; et le bonheur. Au temps de la d&eacute;tresse<a href="#_edn7" name="_ednref7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[7]</span></span></span></span></a>, l&rsquo;homme est &agrave; l&rsquo;image de la ville moderne, tel ce <i>Buveur</i> (1929) enferm&eacute; en lui-m&ecirc;me, pareil &agrave; une forteresse de solitude et d&rsquo;indiff&eacute;rence, tout comme la p&eacute;riph&eacute;rie industrielle dont il est embl&eacute;matique. Et l&rsquo;on ne s&rsquo;&eacute;tonnera pas, en regardant ce tableau, que Sironi qu&rsquo;on qualifie volontiers de peintre du R&eacute;gime fasciste n&rsquo;ait pas toujours &eacute;t&eacute; tenu en odeur de saintet&eacute; par ce m&ecirc;me R&eacute;gime qui aimait par-dessus tout les fanfaronnades et les postures h&eacute;ro&iuml;ques.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">C&rsquo;est dans cet espace d&eacute;shumanis&eacute; et d&eacute;vitalis&eacute; que doit &ecirc;tre pens&eacute; le probl&egrave;me des rapports entre foule et individu qui plonge ses racines dans le <span style="font-variant:small-caps">xviii</span><sup>e</sup> si&egrave;cle, mais qui se pose avec force &agrave; la fin du <span style="font-variant:small-caps">xix</span><sup>e</sup> si&egrave;cle avec l&rsquo;affirmation du capitalisme industriel et le triomphe de la technique. Au c&oelig;ur de cette mutation sociale, politique et anthropologique, l&rsquo;individu tend &agrave; perdre sa qualit&eacute; de sujet pour se fondre dans la masse. Dans cette optique, la multitude a comme corollaire &laquo;&nbsp;l&rsquo;homme commun, l&rsquo;homme anonyme et indiff&eacute;renci&eacute;<a href="#_edn8" name="_ednref8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[8]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;&nbsp;; en un mot, l&rsquo;homme de la masse dont l&rsquo;espace oblig&eacute; est la ville. Or la ville devient de plus en plus inqui&eacute;tante, vivant de sa vie propre, en total d&eacute;calage avec la vie de ceux qui l&rsquo;habitent, comme en t&eacute;moigne Baudelaire avec <i>Le cygne</i>&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left: 240px;">Le vieux Paris n&rsquo;est plus (la forme d&rsquo;une ville<br /> Change plus vite, h&eacute;las ! que le c&oelig;ur d&rsquo;un mortel) ;</p> <p style="margin-left: 240px;">Je ne vois qu&rsquo;en esprit tout ce camp de baraques,<br /> Ces tas de chapiteaux &eacute;bauch&eacute;s et de f&ucirc;ts,<br /> Les herbes, les gros blocs verdis par l&rsquo;eau des flaques,<br /> Et, brillant aux carreaux, le bric-&agrave;-brac confus.<span style="font-size:12pt"><span style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">s.<a href="#_edn9" name="_ednref9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:3cm">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Avec ces deux vers, un peu comme chez les futuristes, nous avons l&rsquo;image d&rsquo;une ville en pleine transformation et il est int&eacute;ressant, dans les deux cas, de remarquer que la ville se met &agrave; vivre de sa vie propre. Pensons un instant &agrave; un c&eacute;l&egrave;bre tableau d&rsquo;Umberto Boccioni<b> </b>au titre dynamique, &laquo;&nbsp;La ville monte&nbsp;&raquo; (<i>La citt&agrave; sale</i>), peint dans les ann&eacute;es 1910-1911. R&eacute;v&eacute;lateur du dynamisme de la ville moderne qui, telle une divinit&eacute; pa&iuml;enne, absorbe l&rsquo;individu et se nourrit de son &eacute;nergie, ce tableau donne &agrave; voir, &laquo;&nbsp;en un bric-&agrave;-brac confus&nbsp;&raquo;, la fr&eacute;n&eacute;sie des grandes m&eacute;tropoles industrielles que privil&eacute;gient les futuristes. Loin de tout souci de vraisemblance naturaliste, Boccioni s&rsquo;attache &agrave; montrer et &agrave; faire sentir l&rsquo;&eacute;nergie, la vitalit&eacute; et le mouvement qui animent la ville en une spirale sans fin. Quant au grand cheval en diagonale qui tire une charrette, il repr&eacute;sente la force et la vigueur sans lesquelles ne monteraient pas &eacute;chafaudages, &eacute;difices et chemin&eacute;es d&rsquo;usines que l&rsquo;on aper&ccedil;oit dans le fond. Dans ce tableau aux couleurs fauves, animaux, hommes et choses sont pris dans un m&ecirc;me tourbillon ascensionnel. Cependant, paradoxalement, la ville moderne, tumultueuse et surpeupl&eacute;e, est &laquo;&nbsp;le grand d&eacute;sert d&rsquo;hommes&nbsp;&raquo; dont parle Baudelaire, lui qui, &laquo;&nbsp;perdu dans ce vilain monde, coudoy&eacute; par les foules<a href="#_edn10" name="_ednref10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[10]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, se sent rejet&eacute;, car l&rsquo;humain devient &eacute;tranger &agrave; la ville. Et le cygne est l&rsquo;all&eacute;gorie de cette inhabitabilit&eacute; au moment m&ecirc;me o&ugrave; la ville, historiquement parlant, s&rsquo;impose comme le lieu o&ugrave; l&rsquo;homme est somm&eacute; d&rsquo;habiter. Baudelaire a bien saisi l&rsquo;essence de la ville moderne&nbsp;: une ville en continuelle transformation, une ville dynamique, mais une ville qui est un lieu de d&eacute;r&eacute;liction et de solitude, qu&rsquo;il suffise de rappeler la n&eacute;gresse amaigrie et phtisique pi&eacute;tinant la boue parisienne et &laquo;&nbsp;donnant&nbsp;&raquo;, en quelque sorte, &laquo;&nbsp;la main<a href="#_edn11" name="_ednref11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[11]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; &agrave; une autre exil&eacute;e, Andromaque. D&rsquo;o&ugrave; la formulation apparemment paradoxale, mais fondamentalement juste, de la ville comme &laquo;&nbsp;grand d&eacute;sert d&rsquo;hommes&nbsp;&raquo; o&ugrave; l&rsquo;individu, anonyme, est renvoy&eacute; &agrave; sa solitude et &agrave; son irr&eacute;ductible alt&eacute;rit&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dans cette perspective, deux po&egrave;tes qui commencent &agrave; publier dans les ann&eacute;es 1910 ont requis notre attention, il s&rsquo;agit de Camillo Sbarbaro et Thomas Stearns Eliot. Si nous avons r&eacute;uni ces deux po&egrave;tes qu&rsquo;<i>a priori</i> tout oppose, hormis l&rsquo;accueil d&rsquo;une partie de l&rsquo;h&eacute;ritage baudelairien, c&rsquo;est parce que nous est apparue dans l&rsquo;&oelig;uvre de chacun d&rsquo;eux la dimension paradoxale de la d&eacute;sertification et de la solitude inextricablement li&eacute;es &agrave; la multitude dans un monde o&ugrave; les choses, ayant perdu tout lien rationnel, deviennent des fragments ne renvoyant plus &agrave; une totalit&eacute;<a href="#_edn12" name="_ednref12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[12]</span></span></span></span></a>. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Comme chez Baudelaire, celui qui dit &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo;, dans <i>Pianissimo</i> de Sbarbaro, se trouve confront&eacute; &agrave; la foule de la ville. La multitude appara&icirc;t dans son &oelig;uvre comme une force m&eacute;canique avec laquelle le po&egrave;te se confond. L&rsquo;individu se d&eacute;fait de sa singularit&eacute; et s&rsquo;annule dans la masse au d&eacute;triment de tout principe de responsabilit&eacute; et d&rsquo;identification. Pour Sbarbaro, l&rsquo;immersion dans la foule signifie la mort de l&rsquo;individu. Le po&egrave;te, lui aussi, est homme de la masse et donc du d&eacute;sert, car la foule est la caricature de toute communaut&eacute;, quand le monde ne peut plus &ecirc;tre pens&eacute; comme totalit&eacute; fond&eacute;e sur l&rsquo;harmonie. &Agrave; l&rsquo;&eacute;poque de la modernit&eacute;, la foule n&rsquo;est que le r&eacute;sultat du principe quantitatif d&rsquo;agr&eacute;gation. C&rsquo;est pourquoi, lorsqu&rsquo;il d&eacute;ambule, seul, dans la ville, le po&egrave;te rencontre des figures grotesques, &eacute;trang&egrave;res et famili&egrave;res tout &agrave; la fois, qu&rsquo;il montre suivant les modalit&eacute;s expressionnistes d&rsquo;une d&eacute;formation hallucin&eacute;e<a href="#_edn13" name="_ednref13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[13]</span></span></span></span></a>&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="margin-left: 240px;">Fronti calve di vecchi, inconsapevoli<br /> occhi di bimbi, facce consuete<br /> di nati a faticare e a riprodursi,<br /> facce volpine stupide beate,<br /> facce ambigue di preti, pitturate<br /> facce di meretrici, entro il cervello<br /> mi s&rsquo;imprimono dolorosamente<span style="font-size:12pt"><span style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">.<a href="#_edn14" name="_ednref14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">[14]</span></span></span></span></a> </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Zoomorphes, stupides, heureux, ambigus ou fard&eacute;s, les visages sont reconductibles &agrave; une typologie qui nie radicalement l&rsquo;individu. C&rsquo;est pourquoi, &agrave; la fin du po&egrave;me auquel nous venons de faire r&eacute;f&eacute;rence, le po&egrave;te se dit effray&eacute; &laquo;&nbsp;de voir que les hommes sont si nombreux<a href="#_edn15" name="_ednref15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[15]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Et &agrave; la quantit&eacute;, notion que nous retrouverons chez Eliot, correspond l&rsquo;uniformisation du destin&nbsp;: na&icirc;tre, peiner et se reproduire, sans autre but, car exister est une condamnation dont le terme est l&rsquo;obscurit&eacute; du n&eacute;ant<a href="#_edn16" name="_ednref16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[16]</span></span></span></span></a>. Aux leurres qui font vivre les hommes, Sbarbaro, dans la lign&eacute;e de Leopardi, oppose une impitoyable lucidit&eacute;. Sans illusions face aux valeurs mortes et &agrave; la crise advenue, Sbarbaro sait qu&rsquo;il n&rsquo;est plus de communaut&eacute; pr&eacute;sente ou &agrave; venir et que la ville, dans son immobilit&eacute; de pierre, est le lieu embl&eacute;matique de la soci&eacute;t&eacute; de masse et d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; p&eacute;trifi&eacute;e. La &laquo;&nbsp;ville de pierre&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;immens&eacute;ment vaste et vide<a href="#_edn17" name="_ednref17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[17]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; est un espace inhabit&eacute; o&ugrave; l&rsquo;on est irr&eacute;m&eacute;diablement seul malgr&eacute; le tumulte<a href="#_edn18" name="_ednref18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[18]</span></span></span></span></a> de la foule, des trams et des taxis qui &ndash; au lieu de r&eacute;unir les hommes &ndash; les excluent, au risque de les &eacute;craser<a href="#_edn19" name="_ednref19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[19]</span></span></span></span></a>. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ainsi donc, on observe chez Sbarbaro l&rsquo;exact renversement de l&rsquo;id&eacute;al futuriste du vitalisme, de l&rsquo;urbanisme et du machinisme triomphant. Quand les futuristes proclament leur foi dans le monde m&eacute;canique et exaltent la machine, la vitesse et l&rsquo;&eacute;nergie, Sbarbaro met l&rsquo;accent sur l&rsquo;immobilit&eacute; et la d&eacute;sertification. Le mythe positif des futuristes se retourne en processus de d&eacute;gradation, la machine devenant en quelque sorte le double de l&rsquo;homme, automate et somnambule, raval&eacute; au rang d&rsquo;objet<a href="#_edn20" name="_ednref20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[20]</span></span></span></span></a>. C&rsquo;est pourquoi, dans la ville sans &acirc;me ni m&eacute;moire, ne peut na&icirc;tre qu&rsquo;un sentiment existentiel d&rsquo;&eacute;tranget&eacute; et d&rsquo;ali&eacute;nation, de solitude et de non-sens, qui n&rsquo;est pas sans rappeler les tableaux m&eacute;taphysiques de Giorgio De Chirico. C&rsquo;est pourquoi aussi, loin des mots d&rsquo;ordre et des injonctions des futuristes qui, sans esprit critique, manifestaient leur volont&eacute; de participer au processus de transformation de la soci&eacute;t&eacute;, Sbarbaro compose une &oelig;uvre &eacute;trang&egrave;re au f&eacute;tichisme du moderne et du nouveau.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; S&rsquo;il est un autre lieu po&eacute;tique o&ugrave; l&rsquo;&eacute;l&eacute;vation, la transparence et l&rsquo;azur sont forclos, c&rsquo;est bien la ville d&rsquo;Eliot, telle qu&rsquo;elle appara&icirc;t dans le po&egrave;me <i>The waste land</i> dont la premi&egrave;re partie se termine par l&rsquo;adresse au lecteur de Baudelaire&nbsp;: &laquo;&nbsp;You&nbsp;! hypocrite lecteur&nbsp;! &mdash; mon semblable, &mdash; mon fr&egrave;re&nbsp;!<a href="#_edn21" name="_ednref21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[21]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Avec Eliot &eacute;galement, il sera question de la ville et de la terre &laquo;&nbsp;gastes&nbsp;&raquo;, comme on le disait au Moyen &acirc;ge, et il est fort probable qu&rsquo;au moment de donner un titre &agrave; son po&egrave;me Eliot avait pr&eacute;sent &agrave; l&rsquo;esprit le &laquo;&nbsp;paese guasto&nbsp;&raquo; du chant XIV de l&rsquo;<i>Enfer</i> de Dante<a href="#_edn22" name="_ednref22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[22]</span></span></span></span></a> dont il &eacute;tait un fin connaisseur.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans ce po&egrave;me d&rsquo;Eliot publi&eacute; en 1922, soit quelques ann&eacute;es apr&egrave;s la catastrophe que fut la premi&egrave;re guerre mondiale, se fait jour un v&eacute;ritable mythe de la d&eacute;gradation et de l&rsquo;aridit&eacute;. Dans cette perspective, la ville appara&icirc;t comme une ville fant&ocirc;me, irr&eacute;elle dans le &laquo;&nbsp;fauve brouillard&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;heure violette<a href="#_edn23" name="_ednref23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[23]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. De la &laquo;&nbsp;fourmillante cit&eacute; pleine de r&ecirc;ves, o&ugrave; le spectre en plein jour raccroche le passant&nbsp;&raquo;, comme le disait Baudelaire<a href="#_edn24" name="_ednref24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[24]</span></span></span></span></a>, il ne reste que tristesse et d&eacute;solation. Dans l&rsquo;atonie g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e d&rsquo;un espace inhospitalier, vaste et confus, la ville devient, comme chez Sbarbaro, le lieu o&ugrave; multitude et solitude se confondent, car la grande m&eacute;tropole de la modernit&eacute; est travers&eacute;e par des masses anonymes de morts-vivants&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="margin-left: 240px;">Unreal City,<br /> Under the brown fog of a winter dawn,<br /> A crowd flowed over London Bridge, so many,<br /> I had not thought death had undone so many.<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_edn25" name="_ednref25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">[25]</span></span></span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&Agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, dans cette grande m&eacute;tropole moderne, la foule se substitue au sujet dont l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; est plus que menac&eacute;e puisqu&rsquo;il est en exil de lui-m&ecirc;me, c&rsquo;est-&agrave;-dire en proie &agrave; l&rsquo;ali&eacute;nation et &agrave; la d&eacute;personnalisation. D&rsquo;o&ugrave;, lorsqu&rsquo;il n&rsquo;y a plus aucune valeur &agrave; partager ni aucune transcendance, la st&eacute;rilit&eacute; des rapports humains et l&rsquo;incommunicabilit&eacute;&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="margin-left: 280px;"><br /> &lsquo;My nerves are bad to - night. Yes, bad. Stay with me.<br /> &lsquo;Speak to me. Why do you never speak. Speak.<br /> &lsquo;What are you thinking of ? what thinking ? What ?<br /> &lsquo;I never know what you are thinking. Think.&rsquo;</p> <p style="margin-left: 280px;">I think we are in rats&rsquo; alley<br /> Where the dead men lost their bones.<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_edn26" name="_ednref26" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">[26]</span></span></span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">N&eacute;ant affectif, n&eacute;ant social, n&eacute;ant urbain, la ville, comme dans l&rsquo;<i>Ulysse</i> de Joyce, devient le lieu embl&eacute;matique de l&rsquo;ali&eacute;nation et de la d&eacute;r&eacute;liction. Quant aux fant&ocirc;mes qui la peuplent, ils n&rsquo;ont pas de nom pour la plupart et sont reconductibles &agrave; une typologie sociale compl&egrave;tement d&eacute;shumanis&eacute;e (la dactylo, le gratte-papier&hellip;) dans le quotidien terne et &eacute;triqu&eacute; de la ville d&eacute;sertifi&eacute;e<a href="#_edn27" name="_ednref27" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[27]</span></span></span></span></a>. Mais cette n&eacute;gativit&eacute; ne p&egrave;se pas que sur la ville et sur ceux qui y restent tels des automates et des morts-vivants, elle p&egrave;se &eacute;galement sur la nature et l&rsquo;univers tout entier. Comme on peut le constater aussi chez les expressionnistes, la nature n&rsquo;est pas un contrepoint positif &agrave; la ville&nbsp;: &laquo;&nbsp;le fleuve sue le mazout et la poix<a href="#_edn28" name="_ednref28" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[28]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, est-il dit. La nature n&rsquo;est plus source de vie ni de r&eacute;g&eacute;n&eacute;ration. &laquo;&nbsp;Les nymphes s&rsquo;en sont all&eacute;es<a href="#_edn29" name="_ednref29" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[29]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; et la pluie ne vient plus vivifier une terre d&eacute;vitalis&eacute;e par la s&eacute;cheresse&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left: 280px;">Here is no water but only rock<br /> Rock and no water and the sandy road<br /> [&hellip;]<br /> There is not even silence in the mountains<br /> But dry sterile thunder without rain<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="#_edn30" name="_ednref30" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">[30]</span></span></span></span></span></a></span></span></span></p> <p class="cit" style="text-align:justify; margin-left:76px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span>And voices singing out of empty cisterns and exhausted wells.<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">.</span><a href="#_edn31" name="_ednref31" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">[31]</span></span></span></span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Ici appara&icirc;t avec force &laquo;&nbsp;le pouvoir destructeur du moderne<a href="#_edn32" name="_ednref32" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[32]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; qui fait non seulement de la ville, mais de la terre tout enti&egrave;re, le lieu de l&rsquo;anonymat, de la solitude, de la d&eacute;r&eacute;liction et de l&rsquo;ali&eacute;nation humaines. Et c&rsquo;est bien &agrave; une catastrophe de l&rsquo;humain que nous assistons dans ce po&egrave;me. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Quelques d&eacute;cennies plus tard, tr&egrave;s pr&eacute;cis&eacute;ment aujourd&rsquo;hui, Paul Virilio dresse un constat sans appel&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p class="cit" style="text-align:justify; margin-left:76px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">VILLES PANIQUES qui signalent, mieux que toutes les th&eacute;ories urbaines sur le chaos, le fait que <i>la plus grande catastrophe du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle a &eacute;t&eacute; la ville</i>, la m&eacute;tropole contemporaine des d&eacute;sastres du Progr&egrave;s.<a href="#_edn33" name="_ednref33" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span arial="" style="font-family:">[33]</span></span></span></span></a></span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dans cette ville anonyme et inhospitali&egrave;re, &laquo;&nbsp;<i>la plus grande catastrophe du <span style="font-variant:small-caps">xx</span><sup>e</sup> si&egrave;cle</i>&nbsp;&raquo;, &agrave; quelles repr&eacute;sentations de l&rsquo;humain sommes-nous confront&eacute;s&nbsp;? Nous avons &eacute;voqu&eacute; les rapports entre individu et foule qui induisent l&rsquo;errance, la solitude et la d&eacute;vitalisation d&rsquo;&ecirc;tres fantomatiques ayant perdu toute individualit&eacute;. L&rsquo;&ecirc;tre de la modernit&eacute; n&rsquo;est plus &ecirc;tre sociable, mais chose parmi les choses, infiniment seul et anonyme dans la ville de pierre. C&rsquo;est un monde d&eacute;vitalis&eacute; qui se donne &agrave; voir, jusqu&rsquo;au corps de l&rsquo;homme qui est priv&eacute; de chair et qui est per&ccedil;u bien souvent comme une ombre ou une m&eacute;canique. Avec leur antihumanisme chevill&eacute; au corps, les futuristes privil&eacute;gient le machinisme et vont jusqu&rsquo;&agrave; affirmer que &laquo;&nbsp;la douleur d&rsquo;un homme est aussi int&eacute;ressante que la douleur d&rsquo;une lampe &eacute;lectrique qui souffre avec des sursauts spasmodiques et crie avec les plus d&eacute;chirantes expressions de la douleur<a href="#_edn34" name="_ednref34" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[34]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Et Giacomo Balla n&rsquo;a pas manqu&eacute; de peindre une <i>Lampada ad arco</i> qui t&eacute;moigne de l&rsquo;amour des Futuristes pour la lumi&egrave;re &eacute;lectrique. Ici Balla a utilis&eacute; la technique divisionniste pour peindre des &eacute;clats de lumi&egrave;re avec un effet de plumes ocel&eacute;es. On distingue, et ce n&rsquo;est pas sans ironie de la part du peintre, un croissant de lune perdu tout en haut, &agrave; droite, et emprisonn&eacute; dans la lampe &agrave; arc. Or, on sait la haine que vouaient les futuristes au trop romantique et d&eacute;liquescent clair de lune, sans oublier leur incompr&eacute;hension de la nature. Et m&ecirc;me s&rsquo;il ne s&rsquo;agit l&agrave; que de postures id&eacute;ologiques, il n&rsquo;en reste pas moins que ce d&eacute;ni de la nature et des sentiments est r&eacute;v&eacute;lateur d&rsquo;un antihumanisme exacerb&eacute; qui alimentera, pendant la seconde guerre mondiale, l&rsquo;entreprise &ndash; rationnellement pens&eacute;e et organis&eacute;e &ndash; d&rsquo;extermination de populations enti&egrave;res que l&rsquo;on pouvait d&eacute;truire sans culpabilit&eacute; ni &eacute;tats d&rsquo;&acirc;me puisqu&rsquo;on leur d&eacute;niait toute humanit&eacute;<a href="#_edn35" name="_ednref35" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[35]</span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Se pr&eacute;sentant sous forme d&rsquo;un &laquo;&nbsp;ensemble plastique&nbsp;&raquo;, <i>l&rsquo;Autoportrait de Marinetti</i> est &eacute;galement r&eacute;v&eacute;lateur d&rsquo;un d&eacute;ni d&rsquo;humanit&eacute; puisque la figure humaine est r&eacute;duite &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre qu&rsquo;une m&eacute;canique g&eacute;om&eacute;trique, un pantin articul&eacute;. On assiste, avec un peu d&rsquo;ironie, certes, &agrave; la volont&eacute; de liquidation du sentimentalisme, du psychologisme et, plus g&eacute;n&eacute;ralement, de l&rsquo;humanisme. On sait, par ailleurs, que Marinetti r&ecirc;vait d&rsquo;une &laquo;&nbsp;nouvelle sensibilit&eacute; futuriste&nbsp;&raquo; pour un homme nouveau futuriste dont le prototype est Gazurmah, le &laquo;&nbsp;h&eacute;ros sans sommeil&nbsp;&raquo;, l&rsquo;homme-machine qui vole toujours plus haut dans les airs, le fils m&eacute;canique, engendr&eacute; sans le secours de la femme, par Mafarka-le-Futuriste (h&eacute;ros &eacute;ponyme du roman de Marinetti).</span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">M&ecirc;me Boccioni (peut-&ecirc;tre le plus humaniste des futuristes) avec <i>Forme uniche della continuit&agrave; nello spazio</i> (1913) envisage le corps comme m&eacute;canique. Il veut repr&eacute;senter les effets a&eacute;rodynamiques du mouvement, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;&eacute;nergie, la force qui s&rsquo;identifie &agrave; la forme. C&rsquo;est pourquoi Umberto Boccioni &eacute;tudie les effets physiques de la comp&eacute;n&eacute;tration du corps et de l&rsquo;atmosph&egrave;re, les pressions exerc&eacute;es en fonction de la vitesse. D&rsquo;o&ugrave; la d&eacute;formation &eacute;lastique de certaines parties du corps &agrave; cause de la r&eacute;sistance de l&rsquo;air, la mise en relief des articulations et enfin un effet de d&eacute;doublement d&ucirc; &agrave; la permanence des images sur la r&eacute;tine.</span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyText" style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Revenons &eacute;galement &agrave; De Chirico. Concernant la figure humaine, ou ce qu&rsquo;il en reste, entre 1910 et 1918 elle subit un processus continu de d&eacute;shumanisation et de r&eacute;ification qui ne fera que s&rsquo;accentuer pour en arriver aux fameux mannequins. Petite silhouette noire d&eacute;sincarn&eacute;e, ombre de son ombre, sans visage et sans yeux, tout comme les marionnettes &agrave; venir, mannequins parodiques et monstrueux parce que morcel&eacute;s et agenc&eacute;s de bric et de broc avec r&egrave;gles, &eacute;querres, ch&acirc;ssis, planchettes de bois et autres instruments d&rsquo;ing&eacute;nieur, l&rsquo;humain s&rsquo;absente. Engrenages m&eacute;caniques, &laquo;&nbsp;dieux orthop&eacute;diques&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;expression de Roberto Longhi, <i>Hector et Andromaque</i> se servent mutuellement d&rsquo;&eacute;tais pour une impossible embrassade. Ce tableau de 1917 n&rsquo;est pas sans rappeler ces mutil&eacute;s, gueules cass&eacute;es de la Grande Guerre, condamn&eacute;s au mutisme et aux b&eacute;quilles, rejet&eacute;s &agrave; cause de la monstruosit&eacute; de leurs blessures, interdits d&rsquo;humanit&eacute;. Quant aux<i> Muses inqui&eacute;tantes</i>, elles sont abandonn&eacute;es sur les planches d&rsquo;un th&eacute;&acirc;tre. Leur nature ambigu&euml; et composite de colonnes, de statues et de mannequins renforce l&rsquo;impression de r&eacute;ification et de d&eacute;sert humain. L&rsquo;homme est absent et les dieux se sont enfuis. D&rsquo;ailleurs, le souffle du dieu pourrait-il encore traverser la muse et inspirer l&rsquo;artiste&nbsp;? Le monde, en une m&eacute;taphore baroque, est une sc&egrave;ne de th&eacute;&acirc;tre et les hommes des marionnettes en &eacute;quilibre instable, une fois de plus, sur un plan trop inclin&eacute; vers l&rsquo;avant dans un silence persistant et ironiquement solennel. Et l&rsquo;une des muses a tout bonnement pos&eacute; sa t&ecirc;te &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;elle, &agrave; moins qu&rsquo;elle ne l&rsquo;ait jamais eue sur ses &eacute;paules. &Agrave; l&rsquo;&eacute;poque de la totalit&eacute; perdue et de l&rsquo;impossible vis&eacute;e vers l&rsquo;intemporel et l&rsquo;&eacute;ternel qui sont le signe profond du classicisme, le mythe a perdu sa force de vie et de v&eacute;rit&eacute;. R&eacute;duit &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre que le r&eacute;ceptacle vide du sens <i>in absentia</i>, le mythe n&rsquo;est plus fondateur. Reste la nostalgie. Et le sens, lui aussi, a d&eacute;sert&eacute; le monde. Un monde st&eacute;rile, min&eacute;ral et fossilis&eacute; qui se donne &agrave; voir dans les villes mortes, n&eacute;cropoles g&eacute;om&eacute;triquement spectrales, aux places d&eacute;sertes et silencieuses avec leurs b&acirc;timents absurdes sous un ciel lourd qui &laquo;&nbsp;p&egrave;se comme un couvercle<a href="#_edn36" name="_ednref36" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[36]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;espace cl&ocirc;tur&eacute; et fragment&eacute; par ces &eacute;difices qui tiennent de la fortification et non du lieu habitable est un <i>no man&rsquo;s land</i> hallucinant de solitude. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; De Chirico, malgr&eacute; le culte qu&rsquo;il voue &agrave; la Gr&egrave;ce antique &ndash; il est n&eacute; &agrave; Volo, patrie des Argonautes &ndash; sait bien que l&rsquo;homme moderne se trouve en pr&eacute;sence d&rsquo;un h&eacute;ritage culturel dont l&rsquo;intelligibilit&eacute; est perdue, car d&rsquo;assemblage en assemblage, le monde ressemble &agrave; un grand bric-&agrave;-brac dont on ne per&ccedil;oit plus le sens. Et De Chirico parlera du &laquo;&nbsp;monde imb&eacute;cile et insens&eacute; qui nous accompagne dans cette vie t&eacute;n&eacute;breuse&nbsp;&raquo;. Dans d&rsquo;autres &eacute;crits, il reviendra &agrave; plusieurs reprises sur l&rsquo;id&eacute;e de non-sens&nbsp;: &laquo;&nbsp;non-sens de l&rsquo;univers&nbsp;&raquo; et vie comme &laquo;&nbsp;pur non-sens<a href="#_edn37" name="_ednref37" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[37]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:18pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Vie comme pur non-sens, ville de pierre, hommes m&eacute;caniques. Apr&egrave;s avoir travers&eacute; jusqu&rsquo;&agrave; la postmodernit&eacute;, dans quelle g&eacute;n&eacute;alogie sommes-nous par rapport &agrave; cette repr&eacute;sentation du monde et de l&rsquo;humain&nbsp;? N&rsquo;y aurait-il pas quelques rapprochements &agrave; faire, au moins avec les futuristes&nbsp;? Vitesse, instantan&eacute;it&eacute;, simultan&eacute;it&eacute;, ubiquit&eacute; sont des concepts que les nouvelles technologies &ndash; et en particulier les nanotechnologies &ndash; mettent en &oelig;uvre par le biais des ordinateurs, des GPS, des satellites et des t&eacute;l&eacute;phones portables. Paul Virilio affirme que &laquo;&nbsp;ce qui monte maintenant [et il est int&eacute;ressant qu&rsquo;il reprenne le titre du tableau de Boccioni], c&rsquo;est l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une &lsquo;omnipolis&rsquo;&nbsp;: une ville qui est partout et nulle part [&hellip;]&nbsp;&raquo;, une ville qui consistera de plus en plus en &laquo;&nbsp;une connexion ou un r&eacute;seau de ports, d&rsquo;a&eacute;roports, de gares, de t&eacute;l&eacute;coms, etc.&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est ce qu&rsquo;il nomme aussi &laquo;&nbsp;l&rsquo;OUTRE-VILLE&nbsp;&raquo;. D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;id&eacute;e qui lui est ch&egrave;re selon laquelle ailleurs commence ici puisque ailleurs et ici, c&rsquo;est pareil. Le local est donc mis &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du global et l&rsquo;individu est finalement un corps bard&eacute; de technologies de plus en plus performantes qui permettent de l&rsquo;identifier et de le localiser &agrave; chaque instant et en tout lieu, sans compter que le parc des cam&eacute;ras de vid&eacute;osurveillance s&rsquo;est consid&eacute;rablement d&eacute;velopp&eacute; dans un monde o&ugrave; &laquo;&nbsp;la tra&ccedil;abilit&eacute; remplace l&rsquo;identit&eacute; territoriale et familiale<a href="#_edn38" name="_ednref38" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[38]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Ces technologies ont donn&eacute; l&rsquo;id&eacute;e &agrave; certains artistes contemporains comme Stelarc d&rsquo;amplifier leur corps par le biais de ces m&ecirc;mes technologies, non pas en les portant sur eux comme nous le faisons avec nos portables, nos t&eacute;l&eacute;phones et nos cartes bancaires, mais par le biais d&rsquo;implantations et de syst&egrave;mes les reliant &agrave; des machines et des robots.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;artiste australien Stelarc, consid&eacute;r&eacute; comme l&rsquo;un des &laquo;&nbsp;artistes post-humains&nbsp;&raquo;, a acquis sa notori&eacute;t&eacute;, dans un premier temps, en pr&eacute;sentant des performances o&ugrave; il se suspendait par des crochets pour &eacute;prouver l&rsquo;&eacute;lasticit&eacute; de la peau. Poussant le body-Art jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;automutilation et la torture du corps, Stelarc a voulu aller plus loin et devenir l&rsquo;homme bionique de l&rsquo;&egrave;re post-industrielle. Quelques exemples de performances devraient suffire pour la d&eacute;monstration&nbsp;: Stelarc s&rsquo;est fait greffer une troisi&egrave;me oreille sur son avant-bras gauche. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une structure poreuse qui permet aux cellules de la peau de pousser &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur pour que l&rsquo;oreille finisse par faire partie biologiquement de son bras. Lors de l&rsquo;intervention chirurgicale, il avait &eacute;galement fait implanter un micro dans l&rsquo;oreille, connect&eacute; par <i>blue tooth</i> qui devait permettre une connexion &agrave; distance &agrave; son oreille via internet, mais &agrave; la suite d&rsquo;une infection le micro a &eacute;t&eacute; retir&eacute;. Par la suite il a d&eacute;velopp&eacute; un troisi&egrave;me bras robotis&eacute; interagissant avec son corps ou avec d&rsquo;autres facteurs comme des informations venant d&rsquo;internet. Il a aussi pr&eacute;sent&eacute; son exosquelette &agrave; six pattes, un robot mis au point avec des ing&eacute;nieurs de Hambourg qui le fait ressembler &agrave; un homme-machine propuls&eacute; par air comprim&eacute;. Stelarc explique que &laquo;&nbsp;tous [ses] projets et performances se penchent sur l&rsquo;augmentation proth&eacute;sique du corps, que ce soit une augmentation par la machine, une augmentation virtuelle ou par des processus biologiques, comme l&rsquo;oreille suppl&eacute;mentaire, ce sont des manifestations du m&ecirc;me concept&nbsp;: l&rsquo;id&eacute;e du corps comme architecture &eacute;volutive et l&rsquo;exploration d&rsquo;une structure anatomique alternative&nbsp;&raquo;. Et il ajoute&nbsp;: &laquo;&nbsp;je ne vois pas le corps comme le site de la psych&eacute; ou de l&rsquo;inscription sociale qui pr&eacute;suppose une sorte de moi, mais comme un appareil biologique qu&rsquo;on peut redesigner&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p class="MsoBodyTextIndent" style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:18pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">D&eacute;passant les r&ecirc;ves les plus fous de Marinetti, l&rsquo;homme devient donc machine en interaction avec les nouvelles technologies. Et, dans cette optique, il est bien &eacute;vident que, pour Stelarc, il faut adapter l&rsquo;homme aux technologies et non les technologies &agrave; l&rsquo;homme et il affirme m&ecirc;me qu&rsquo;il faut commencer par implanter un t&eacute;l&eacute;phone cellulaire dans chaque corps humain pour qu&rsquo;il soit en relation permanente avec les satellites<a href="#_edn39" name="_ednref39" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[39]</span></span></span></span></a>. L&rsquo;&ecirc;tre humain se r&eacute;duit &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre plus qu&rsquo;un objet, corps manipulable et modifiable, soumis aux technologies et aux exp&eacute;rimentations g&eacute;n&eacute;tiques. Tout comme les futuristes, Stelarc ne s&rsquo;interroge pas sur l&rsquo;aspect &eacute;thique<a href="#_edn40" name="_ednref40" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[40]</span></span></span></span></a> de ses performances ni sur leurs implications &eacute;conomiques et politiques, &agrave; savoir l&rsquo;homme soumis &agrave; la comp&eacute;tition sociale et &eacute;conomique qui devra &ecirc;tre de plus en plus performant et comp&eacute;titif. Par le biais de modifications de toutes sortes de son corps, il aura le devoir d&rsquo;&ecirc;tre plus r&eacute;sistant aux fl&eacute;aux anciens et nouveaux, mieux adapt&eacute; &agrave; des cadences infernales, &agrave; la pollution, &agrave; la radioactivit&eacute;, etc. Comme le souligne Paul Virilio, un tel projet &laquo;&nbsp;endocolonisateur&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;n&rsquo;est plus d&rsquo;entourer de ses soins le corps du patient, mais de le transformer en mati&egrave;re premi&egrave;re, faire de l&rsquo;homme surexcit&eacute; un rat de laboratoire&hellip; Du surhomme &eacute;volutionniste du si&egrave;cle dernier &agrave; l&rsquo;homme surexcit&eacute; et post-&eacute;volutionniste du si&egrave;cle qui vient, il n&rsquo;y avait qu&rsquo;un pas &agrave; franchir, un pas de plus vers les t&eacute;n&egrave;bres d&rsquo;un obscurantisme post-scientifique&nbsp;<a href="#_edn41" name="_ednref41" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[41]</span></span></span></span></a>&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Reste &agrave; savoir si ce processus peut encore s&rsquo;inverser et si nous saurons encore nous donner les moyens d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; l&rsquo;enfer technologique, &agrave; la tyrannie de la performance, &agrave; l&rsquo;antihumanisme d&eacute;lirant, &agrave; la fi&egrave;vre de l&rsquo;ubiquit&eacute; et &agrave; la fr&eacute;n&eacute;sie de l&rsquo;instantan&eacute;it&eacute;<a href="#_edn42" name="_ednref42" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">[42]</span></span></span></span></a>. Rien n&rsquo;est moins s&ucirc;r, mais rien n&rsquo;appara&icirc;t plus urgent.</span></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right">&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="edn1"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref1" name="_edn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></a> <span arial="" style="font-family:">Selon la formule de Georges Bensoussan, <i>Auschwitz en h&eacute;ritage&nbsp;? Du bon usage de la m&eacute;moire</i>, Paris, Mille et une nuits, 1998, p.&nbsp;87.</span></span></span></p> </div> <div id="edn2"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref2" name="_edn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Charles Baudelaire, &laquo;&nbsp;La Modernit&eacute;&nbsp;&raquo;, in <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes</i>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;, 1976, vol.&nbsp;II, p.&nbsp;694.</span></span></span></p> </div> <div id="edn3"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref3" name="_edn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Louis-Ferdinand C&eacute;line, <i>Voyage au bout de la nuit</i>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Le livre de poche&nbsp;&raquo;, 1952, p.&nbsp;186.</span></span></span></p> </div> <div id="edn4"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref4" name="_edn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir, par exemple, des &oelig;uvres peintes entre 1912 et 1917&nbsp;: <i>M&eacute;lancolie</i>, <i>La statue silencieuse</i>, <i>L&rsquo;apr&egrave;s-midi d&rsquo;Ariane</i>, <i>La grande tour</i>, <i>L&rsquo;incertitude du po&egrave;te</i>, <i>La conqu&ecirc;te du philosophe</i>, <i>Le voyage angoiss&eacute;</i>, <i>La nostalgie de l&rsquo;infini</i>, <i>Gare Montparnasse</i>, <i>La caserne du marin</i>, <i>L&rsquo;&eacute;nigme d&rsquo;une journ&eacute;e</i>, <i>Le grand m&eacute;taphysicien</i>.</span></span></span></p> </div> <div id="edn5"> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref5" name="_edn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> Voir Philippe Dagen, </span></span><span arial="" style="font-family:"><a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1997/12/31/l-improbable-rencontre-avec-giorgio-de-chirico_3802699_1819218.html" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt">https://www.lemonde.fr/archives/article/1997/12/31/l-improbable-rencontre-avec-giorgio-de-chirico_3802699_1819218.html</span></a></span><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:"> (consult&eacute; le 26 f&eacute;vrier 2021).</span></span></span></span></p> </div> <div id="edn6"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref6" name="_edn6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[6]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir Martin Heidegger, traduit de l&rsquo;allemand par Henry Corbin, Michel Deguy, Fran&ccedil;ois F&eacute;dier et Jean Launay, Parid, Gallimard, &laquo;&nbsp;<i>nrf</i>&nbsp;&raquo;, 1973, p.&nbsp;60&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais en fondant de nouveau l&rsquo;essence de la po&eacute;sie, H&ouml;lderlin commence par d&eacute;terminer ainsi un temps nouveau. C&rsquo;est le temps des dieux enfuis <i>et</i> du dieu qui va venir. C&rsquo;est le temps de la <i>d&eacute;tresse</i>, parce que ce temps est marqu&eacute; d&rsquo;un double manque et d&rsquo;une double n&eacute;gation&nbsp;: le &lsquo;ne plus&rsquo; des dieux enfuis et le &lsquo;pas encore&rsquo; du dieu qui va venir.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> </div> <div id="edn7"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref7" name="_edn7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[7]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir Friedrich H&ouml;lderlin, &laquo;&nbsp;Le pain et le vin&nbsp;&raquo;, in <i>&OElig;uvres</i>, &eacute;dition publi&eacute;e sous la direction de Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;<i>nrf</i>&nbsp;&raquo;, 1967, p.&nbsp;813&nbsp;: &laquo;&nbsp;&ndash; et pourquoi, dans ce temps d&rsquo;ombre mis&eacute;rable, des po&egrave;tes&nbsp;?&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="edn8"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref8" name="_edn8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[8]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Umberto Fiori<span style="font-variant:small-caps">, </span><i>Poesia italiana del Novecento</i>, Milano, Mondadori, 1995, p.&nbsp;95&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;uomo comune, l&rsquo;uomo anonimo e indifferenziato&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="edn9"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref9" name="_edn9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Charles Baudelaire<span style="font-variant:small-caps">, </span>&laquo;&nbsp;Le cygne&nbsp;&raquo;, <i>op. cit.</i> , vol.&nbsp;</span><span arial="" style="font-family:">I, p.&nbsp;85-86.</span></span></span></p> </div> <div id="edn10"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref10" name="_edn10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[10]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, &laquo;&nbsp;Fus&eacute;es&nbsp;&raquo;, vol.&nbsp;</span><span arial="" style="font-family:">I, p.&nbsp;667.</span></span></span></p> </div> <div id="edn11"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref11" name="_edn11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[11]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid</i>., &laquo;&nbsp;Le cygne&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;86-87. Formulation de Claude Pichois, p.&nbsp;1006. </span></span></span></p> </div> <div id="edn12"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref12" name="_edn12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[12]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir Friedrich Nietzsche, <i>Le cas Wagner</i>, in <i>&OElig;uvres</i>, Paris, Robert Laffont, Collection &laquo;&nbsp;Bouquins&nbsp;&raquo;, 1993, vol.&nbsp;2, p.&nbsp;911.</span></span></span></p> </div> <div id="edn13"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref13" name="_edn13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[13]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Concernant cette question des rapports entre masse et individu, nous reprenons et synth&eacute;tisons l&rsquo;analyse d&rsquo;Umberto Fiori, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;95-96.</span></span></span></p> </div> <div id="edn14"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref14" name="_edn14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[14]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Camillo Sbarbaro, &laquo;&nbsp;Pianissimo&nbsp;&raquo;, in <i>L&rsquo;opera in versi e in prosa</i>, Milano, Garzanti, 1985, p.&nbsp;32. </span></span></span></p> </div> <div id="edn15"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref15" name="_edn15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[15]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid. </i>p.&nbsp;33&nbsp;: &laquo;&nbsp;a vedere che gli uomini son tanti&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="edn16"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref16" name="_edn16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[16]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, p.&nbsp;32&nbsp;: &laquo;&nbsp;E conosco l&rsquo;inganno pel qual vivono, / il dolore che mise quella piega / sul loro labbro, le speranze sempre / deluse, / e l&rsquo;inutilit&agrave; della lor vita / amara e il lor destino ultimo, il buio.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> </div> <div id="edn17"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref17" name="_edn17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[17]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, p.&nbsp;25&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] immensamente vasta e vuota / una citt&agrave; di pietra [&hellip;]&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="edn18"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref18" name="_edn18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[18]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, p.&nbsp;32&nbsp;: &laquo;&nbsp;Talor, mentre cammino per le strade / della citt&agrave; tumultuosa solo,&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="edn19"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref19" name="_edn19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[19]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, &laquo;&nbsp;Trucioli&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;384. Citons l&rsquo;exemple de ce vieux conservateur de mus&eacute;e&nbsp;: &laquo;&nbsp;La sua esistenza che nell&rsquo;ombra del museo tiene appena, qui all&rsquo;aperto tutto la pone in dubbio, la scarta&nbsp;: dall&rsquo;indaffarato che lo sgomita non vedendolo, al tass&igrave; avventato in salita che gli ingiunge di togliersi di mezzo, di sparire.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> </div> <div id="edn20"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref20" name="_edn20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[20]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir l&rsquo;analyse de Vittorio Boarini et Pietro Bonfiglioli in <i>Avanguardia e restaurazione</i>, vol.&nbsp;I, Bologna, Zanichelli, 1976, p.&nbsp;125&nbsp;; ainsi que celle de Vincenzo Mengaldo in <i>Poeti italiani del Novecento</i>, Milano, Mondadori, p.&nbsp;320.</span></span></span></p> </div> <div id="edn21"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref21" name="_edn21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[21]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Thomas Stearns Eliot, &laquo;&nbsp;The burial of the dead&nbsp;&raquo;, in <i>Po&eacute;sie</i>, &eacute;dition bilingue, Paris, Seuil, 1969, p.&nbsp;60.</span></span></span></p> </div> <div id="edn22"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref22" name="_edn22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[22]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Dante Alighieri, <i>La Divina Commedia</i>, &laquo;&nbsp;Inferno&nbsp;&raquo;, ch.&nbsp;<span style="font-variant:small-caps">xiv</span>, v.&nbsp;94, Milano, Ulrico Hoepli, 1983, p.&nbsp;112.</span></span></span></p> </div> <div id="edn23"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref23" name="_edn23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[23]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Thomas Stearns Eliot, &laquo;&nbsp;The fire sermon&nbsp;&raquo;, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;72&nbsp;: &laquo;&nbsp;Under the brown fog&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;At the violet hour&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="edn24"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref24" name="_edn24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[24]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Charles Baudelaire, &laquo;&nbsp;Les sept vieillards&nbsp;&raquo;, <i>op. cit.</i>, vol.&nbsp;I, p.&nbsp;87. Les vers cit&eacute;s nous rappellent que Baudelaire est loin d&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;ductible au d&eacute;senchantement du monde, lui qui &eacute;crit, entre autres&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] il est beaucoup plus commode de d&eacute;clarer que tout est absolument laid dans l&rsquo;habit d&rsquo;une &eacute;poque, que de s&rsquo;appliquer &agrave; en extraire la beaut&eacute; myst&eacute;rieuse qui y peut &ecirc;tre contenue, si minime ou si l&eacute;g&egrave;re qu&rsquo;elle soit.&nbsp;&raquo;, <i>Ibid.</i>, Paris, Gallimard, 1976, vol. </span><span arial="" style="font-family:">II, p.&nbsp;694-95.</span></span></span></p> </div> <div id="edn25"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref25" name="_edn25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[25]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Thomas Stearns Eliot<span style="font-variant:small-caps">,</span> &laquo;&nbsp;The burial of the dead&nbsp;&raquo;, <i>op. cit.</i>, p.&nbsp;60-61.</span></span></span></p> </div> <div id="edn26"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref26" name="_edn26" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[26]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, &laquo;&nbsp;A game of chess&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;65.</span></span></span></p> </div> <div id="edn27"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref27" name="_edn27" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[27]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir l&rsquo;analyse de Vittorio Boarini et Pietro Bonfiglioli<span style="font-variant:small-caps">, </span><i>op. cit.</i>, vol.&nbsp;2<span style="font-variant:small-caps">, </span>p<span style="font-variant:small-caps">.&nbsp;228.</span></span></span></span></p> </div> <div id="edn28"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref28" name="_edn28" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[28]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Thomas Stearns Eliot, &laquo;&nbsp;The fire sermon&nbsp;&raquo;, <i>op. cit</i>., p.&nbsp;76&nbsp;: &laquo;&nbsp;The river sweats / oil and tar&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="edn29"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref29" name="_edn29" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[29]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, p.&nbsp;70&nbsp;: &laquo;&nbsp;The nymphs are departed.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> </div> <div id="edn30"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref30" name="_edn30" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[30]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, &laquo;&nbsp;What the thunder said&nbsp;&raquo;, p.&nbsp;82.</span></span></span></p> </div> <div id="edn31"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref31" name="_edn31" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[31]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid.</i>, p.&nbsp;86.</span></span></span></p> </div> <div id="edn32"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref32" name="_edn32" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[32]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Romano Luperini<span style="font-variant:small-caps">,</span> Pietro Cataldi<span style="font-variant:small-caps">,</span> Lidia Marchiani, <i>La scrittura e l&rsquo;interpretazione</i>, vol.&nbsp;6, t.&nbsp;1, Palermo, Palumbo, p.&nbsp;202.</span></span></span></p> </div> <div id="edn33"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref33" name="_edn33" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[33]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Paul Virilio, <i>Ville panique, Ailleurs commence ici</i>, Paris, Galil&eacute;e, 2004, p.&nbsp;94.</span></span></span></p> </div> <div id="edn34"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref34" name="_edn34" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[34]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Manifeste des peintres futuristes</i> (1910).</span></span></span></p> </div> <div id="edn35"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref35" name="_edn35" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[35]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir Stephan Zweig, <i>Le Monde d&rsquo;hier. Souvenirs d&rsquo;un Europ&eacute;en</i>, traduction de Serge Ni&eacute;metz, Paris, Belfond, 1993, p.&nbsp;13&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tous les chevaux livides de l&rsquo;Apocalypse se sont ru&eacute;s &agrave; travers mon existence&nbsp;: r&eacute;volution et famine, d&eacute;valorisation de la monnaie et terreur, &eacute;pid&eacute;mies et &eacute;migration&nbsp;; j&rsquo;ai vu cro&icirc;tre et se r&eacute;pandre sous mes yeux les grandes id&eacute;ologies de masse, fascisme en Italie, national-socialisme en Allemagne, bolchevisme en Russie, et avant tout cette plaie des plaies, le nationalisme, qui a empoisonn&eacute; la fleur de notre culture europ&eacute;enne. Il m&rsquo;a fallu &ecirc;tre le t&eacute;moin sans d&eacute;fense et impuissant de cette inimaginable rechute de l&rsquo;humanit&eacute; dans un &eacute;tat de barbarie qu&rsquo;on croyait depuis longtemps oubli&eacute;, avec son dogme antihumaniste consciemment &eacute;rig&eacute; en programme d&rsquo;action.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> </div> <div id="edn36"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref36" name="_edn36" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[36]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Charles Baudelaire, &laquo;&nbsp;Spleen&nbsp;&raquo;, <i>op. cit</i>., vol.&nbsp;I, p.&nbsp;74.</span></span></span></p> </div> <div id="edn37"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref37" name="_edn37" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[37]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Giorgio De Chirico, <i>L&rsquo;Art m&eacute;taphysique</i>, textes r&eacute;unis et pr&eacute;sent&eacute;s par Giovanni Lista, L&rsquo;&eacute;choppe, Paris, 1994, p.&nbsp;91, 119 et 124.</span></span></span></p> </div> <div id="edn38"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref38" name="_edn38" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[38]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Concernant cette citation et tout ce qui renvoie &agrave; Virilio, voir les sites (consult&eacute;s le 26 f&eacute;vrier 2021)&nbsp;: </span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><a href="https://www.lemonde.fr/culture/article/2008/12/15/paul-virilio-le-sedentaire-est-desormais-partout-chez-lui_1131307_3246.html" style="color:blue; text-decoration:underline">https://www.lemonde.fr/culture/article/2008/12/15/paul-virilio-le-sedentaire-est-desormais-partout-chez-lui_1131307_3246.html</a> </span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><a href="https://www.la-croix.com/Culture/Paul-Virilio-Je-suis-pas-revolutionnaire-revelationnaire-2018-09-18-1200969633" style="color:blue; text-decoration:underline">https://www.la-croix.com/Culture/Paul-Virilio-Je-suis-pas-revolutionnaire-revelationnaire-2018-09-18-1200969633</a>.</span></span></span></p> </div> <div id="edn39"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref39" name="_edn39" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[39]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Concernant tout ce qui a trait &agrave; Stelarc dans ce paragraphe et dans le paragraphe pr&eacute;c&eacute;dent, nous avons eu recours aux sites (consult&eacute;s le 26 f&eacute;vrier 2021)&nbsp;: </span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><a href="http://www.artwiki.fr/cours/technoromantisme/stelarc.html" style="color:blue; text-decoration:underline">http://www.artwiki.fr/cours/technoromantisme/stelarc.html</a> <a href="http://lesnodulesetranges.blogspot.com/2007/04/texte-stelarc.html" style="color:blue; text-decoration:underline">http://lesnodulesetranges.blogspot.com/2007/04/texte-stelarc.html</a> <a href="https://www.liberation.fr/culture/2007/10/12/le-corps-amplifie-de-stelarc_103649/" style="color:blue; text-decoration:underline">https://www.liberation.fr/culture/2007/10/12/le-corps-amplifie-de-stelarc_103649/</a><span class="MsoHyperlink" style="color:blue"><span style="text-decoration:underline">.</span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn40"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref40" name="_edn40" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[40]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir Jean Clair, <i>La responsabilit&eacute; de l&rsquo;artiste, les avant-gardes entre terreur et raison</i>, Paris, Gallimard, 1997.</span></span></span></p> </div> <div id="edn41"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times=""><a href="#_ednref41" name="_edn41" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[41]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Cit&eacute; sur le site <a href="http://www.artwiki.fr/cours/technoromantisme/stelarc.html" style="color:blue; text-decoration:underline">http://www.artwiki.fr/cours/technoromantisme/stelarc.html</a> (consult&eacute; le 26 f&eacute;vrier 2021). Voir &eacute;galement Paul Virilio, <i>Discours sur l&rsquo;horreur de l&rsquo;art</i>. </span><span arial="" style="font-family:">/&nbsp;<i>Enrico Baj, Paul Virilio</i>&nbsp;;&nbsp;entretiens traduits de l&rsquo;italien et pr&eacute;sent&eacute;s par Jean-Manuel Traimond</span><span arial="" style="font-family:">, Lyon, Atelier de cr&eacute;ation libertaire, 2003.</span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:" times="">&nbsp;<a href="#_ednref42" name="_edn42" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span arial="" style="font-family:"><span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span arial="" style="font-family:">[42]</span></span></span></span></span></a><span arial="" style="font-family:"> Voir Paul Virilio, <i>Le Futurisme de l&rsquo;instant</i>, Paris, Galil&eacute;e, 2009.</span></span></span></p> </div> </div>