<p><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </b><span style="font-size:16.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Raffaele Cattedra</span></span></span></span></span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="font-size:16.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">La ville m&eacute;diterran&eacute;enne en question</span></span></span></i></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&nbsp;</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Introduction : pour une d&eacute;construction du mod&egrave;le</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce texte propose une r&eacute;flexion sur le paradigme de &laquo; la ville m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo;<sup>1</sup>. La d&eacute;marche sugg&eacute;r&eacute;e ne tente pas de d&eacute;finir &laquo; la &raquo; ville m&eacute;diterran&eacute;enne en tant que telle, en lui attribuant un statut d&rsquo;acquis scientifique en soi. Paradigme &agrave; la fois fondateur et vuln&eacute;rable, ce dernier s&rsquo;affirme sur la dur&eacute;e, dans une dialectique qui articule pens&eacute;e pluridisciplinaire sur l&rsquo;urbain et invention scientifique de la M&eacute;diterran&eacute;e. Nombre de travaux sur ce th&egrave;me s&rsquo;attachent pourtant &agrave; d&eacute;crire un tel mod&egrave;le, &agrave; le justifier dans une d&eacute;marche &laquo; positive &raquo; a priori qui postule la r&eacute;alit&eacute; de l&rsquo;objet, sans expliciter autrement qu&rsquo;en termes id&eacute;ologiques les fondements th&eacute;oriques de son objectivation, de sa formalisation comme de son actualit&eacute; (si nous adoptons la terminologie de Foucault)<sup>2</sup>. Il s&rsquo;agit donc de s&rsquo;interroger sur la g&eacute;n&eacute;alogie<sup>3</sup> et l&rsquo;affirmation de ce paradigme, et de s&rsquo;attacher &agrave; en montrer les limites, les avatars, voire la dimension mythologique, au-del&agrave; des faits qui paraissent en fa&ccedil;onner la g&eacute;n&eacute;ration et la validit&eacute; &agrave; l&rsquo;heure actuelle.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mon hypoth&egrave;se est que pour interpr&eacute;ter le &laquo; succ&egrave;s &raquo; de ce paradigme, il est essentiel de le situer par rapport &agrave; un double syst&egrave;me de r&eacute;f&eacute;rences. D&rsquo;une part, par rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;volution des &eacute;tudes urbaines, dans leurs relations aux divers savoirs disciplinaires (des sciences sociales &agrave; l&rsquo;orientalisme) et d&rsquo;autre part, par rapport au processus qui a progressivement conduit, &agrave; partir de la moiti&eacute; du XIXe si&egrave;cle, &agrave; l&rsquo;&eacute;dification d&rsquo;un objet scientifique, qui en constitue le r&eacute;f&eacute;rent substantiel : la M&eacute;diterran&eacute;e. Ainsi, la ville m&eacute;diterran&eacute;enne aurait &eacute;t&eacute; &eacute;rig&eacute;e en tant que cat&eacute;gorie urbaine r&eacute;gionale, &agrave; partir d&rsquo;un objet g&eacute;ographique &laquo; artificiel &raquo; qu&rsquo;est la M&eacute;diterran&eacute;e. Dans ce texte je m&rsquo;attacherai &agrave; prendre en compte la premi&egrave;re de ces deux questions. Quant &agrave; la deuxi&egrave;me, il suffira ici de rappeler que la M&eacute;diterran&eacute;e est &agrave; saisir dans la mani&egrave;re dont elle a &eacute;t&eacute; &laquo; invent&eacute;e &raquo; et progressivement institu&eacute;e<sup>4</sup> &ndash; au-del&agrave; son statut de mer int&eacute;rieure &ndash; en tant que &laquo; r&eacute;gion g&eacute;ographique &raquo; ou &laquo; aire culturelle &raquo; autonome &agrave; travers divers crit&egrave;res (climat, v&eacute;g&eacute;tation, cultures, genres de vie&hellip;). Ces instances ont conduit &agrave; identifier la M&eacute;diterran&eacute;e en tant que &laquo; valeur &raquo; (positive et partag&eacute;e), et surtout &agrave; la proposer sous la perspective du &laquo; projet politique &raquo;.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais &agrave; bien regarder, on se rend compte qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;un paradigme monolithique. J&rsquo;avance l&rsquo;id&eacute;e que ce dernier se d&eacute;veloppe selon trois figures cl&eacute;s : une figure unitaire, bas&eacute;e sur la matrice de l&rsquo;historicit&eacute; et sur le principe de valeurs patrimoniales et civilisatrices partag&eacute;es qui engagent, &agrave; leur tours, l&rsquo;universalisme m&eacute;diterran&eacute;en ; une figure de la divergence, laquelle &agrave; tendance &agrave; opposer &ndash; tant id&eacute;ologiquement que sur le plan morphologique &ndash; diverses repr&eacute;sentations inh&eacute;rentes aux villes m&eacute;diterran&eacute;ennes ; une figure de la recomposition qui reprend certains &eacute;l&eacute;ments des figures pr&eacute;c&eacute;dentes et en sugg&egrave;re une version actualis&eacute;e dans une approche que l&rsquo;on pourrait consid&eacute;rer comme de matrice postmoderne. Le fait est que ces figures peuvent appara&icirc;tre en succession, en opposition, voire en concomitance. En fin de compte elles peuvent se manifester dans une configuration de dispersion<sup>5</sup>.</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&nbsp;</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">1. Evidences et paradoxes : les apories de la taxonomie urbaine</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Avant d&rsquo;aborder ces trois figures, arr&ecirc;tons-nous sur une &eacute;vidence et un paradoxe. La production scientifique sur le th&egrave;me de la &laquo; ville m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo; est tr&egrave;s vaste, au risque m&ecirc;me d&rsquo;une inflation &eacute;ditoriale. En me r&eacute;f&eacute;rant en particulier &agrave; la litt&eacute;rature (g&eacute;ographique) de matrice francophone, et sans pr&eacute;tention &agrave; l&rsquo;exhaustivit&eacute;, quelques travaux parus &agrave; partir des ann&eacute;es 1970 peuvent ais&eacute;ment illustrer ce fait<sup>6</sup>. Rappelons d&rsquo;ailleurs qu&rsquo;&agrave; partir de 1995, le processus de Barcelone et puis le projet d&rsquo; &laquo; Union pour la M&eacute;diterran&eacute;e &raquo;, constituent un cadre plut&ocirc;t favorable &agrave; ce genre de publications<sup>7</sup>.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cependant, face &agrave; l&rsquo;accumulation de&nbsp; cette production scientifique, si l&rsquo;on regarde en d&eacute;tail quelques ouvrages g&eacute;n&eacute;ralistes et des manuels sur la ville parus au cours des quatre derni&egrave;res d&eacute;cennies, force est de constater que la cat&eacute;gorie &laquo; ville m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo;,&nbsp; voire &laquo; villes de la M&eacute;diterran&eacute;e &raquo;, n&rsquo;en constitue aucunement une r&eacute;f&eacute;rence. Que la d&eacute;marche postul&eacute;e soit w&eacute;b&eacute;rienne, visant la comparaison des id&eacute;aux-types des structures et des fonctions politiques (Rossi, 1987), qu&rsquo;elle soit anthologique et inscrite dans l&rsquo;id&eacute;e de la &laquo; civilisation &raquo; urbaine (Roncayolo &amp; Paquot, 1992 ; Turri, 1994), qu&rsquo;elle soit historique et id&eacute;elle (Mumford, 1961), qu&rsquo;elle prenne en compte &laquo; une &eacute;tude en quelque sorte r&eacute;gionale [des] grandes types de villes dans le monde &raquo; (Pelletier et Delfante, 1989), qu&rsquo;elle adopte des crit&egrave;res de cat&eacute;gorisation &laquo; g&eacute;ographiques &raquo; pour en questionner les &laquo; caract&egrave;res sp&eacute;cifiques &raquo; (Bruyelle, 2000), qu&rsquo;elle pr&eacute;sente des &laquo; panoramas urbains &raquo; (Biget et Herv&eacute;, 1995 ; Paquot, 1996), qu&rsquo;elle &eacute;tudie les &laquo; villes et (l&rsquo;)&eacute;conomie dans l&rsquo;histoire &raquo;, et qu&rsquo;elle &eacute;nonce m&ecirc;me les points de d&eacute;part et d&rsquo;arriv&eacute;e d&rsquo;un itin&eacute;raire historique : &laquo; de J&eacute;richo &agrave; Mexico &raquo; (Bairoch, 1985), &laquo; de la M&eacute;sopotamie aux &Eacute;tats-Unis &raquo; (Delfante, 1977), &laquo; de Sparte &agrave; Las Vegas &raquo; (Sica, 1970) ou &laquo; de Babylone &agrave; Tokyo &raquo; (Moriconi-Ebrard, 2000), le fait est qu&rsquo;aucun de ces ouvrages ne pr&eacute;sente ni un chapitre, ni un article de grand auteur consacr&eacute; explicitement &agrave; la &laquo; ville m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo;.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et pourtant, si l&rsquo;on suit Pedrag Matvejevic (1987 [1995 : 22]), on remarque ais&eacute;ment que tout a pratiquement &eacute;t&eacute; dit des villes m&eacute;diterran&eacute;ennes : &laquo; de la polis et de la politique, des plans et des cadastres, des constructions et de leurs styles, de la pierre et de la fa&ccedil;on dont elle est taill&eacute;e, de la sculpture et de l&rsquo;architecture, des temples et des c&eacute;r&eacute;monies, des demeures particuli&egrave;res et des institutions publiques, des murailles et des forteresses, des places et des fontaines, de la rue et de la vie dans la rue m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo;. Et, comment ne pas tomber d&rsquo;accord avec Matvejevich, observe Alberto Clementi ? &laquo; Jamais &ndash; affirme ce dernier &ndash; tout le dicible n&rsquo;a &eacute;t&eacute; dit [comme dans le cas des villes m&eacute;diterran&eacute;ennes] ; l&rsquo;imaginaire m&ecirc;me est d&eacute;sormais satur&eacute; de repr&eacute;sentations largement partag&eacute;es au point de devenir des lieux communs aussi familiers que superficiels &raquo;. Mais d&rsquo;ajouter que d&egrave;s qu&rsquo;on est d&eacute;barrass&eacute; de ces images pr&eacute;-format&eacute;es et de ces clich&eacute;s, des doutes et des interrogations prennent place : &laquo; Existe-t-il vraiment une ville m&eacute;diterran&eacute;enne ? &raquo;. Est-il possible de proposer un mod&egrave;le synth&eacute;tique et coh&eacute;rent pour des villes, certes ouvertes sur la m&ecirc;me mer, mais appartenant &agrave; trois continents diff&eacute;rents ? Ou faut-il plut&ocirc;t dire que cette id&eacute;e est le fruit d&rsquo;une &laquo; construction intentionnelle &raquo; et d&rsquo;un &laquo; investissement symbolique &raquo; qui tente de &laquo; plier l&rsquo;insaisissable multiplicit&eacute; des situations &raquo; et des formes d&rsquo;agglom&eacute;ration humaine m&eacute;diterran&eacute;ennes ? (Clementi, 1995 : 267).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Au-del&agrave; l&rsquo;absence paradoxale de la cat&eacute;gorie &laquo; ville m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo; qu&rsquo;on vient de montrer plus haut, c&rsquo;est plus g&eacute;n&eacute;ralement la question des logiques et des matrices de cat&eacute;gorisation qu&rsquo;il convient de saisir. La &laquo; raison classificatoire &raquo; comme le dit L. Mondada&nbsp; (2000a ; 200b ; 1994) &ndash; et ici l&rsquo;identification &agrave; caract&egrave;re g&eacute;ographique, historique, morphologique, &eacute;conomique ou culturel, de cat&eacute;gories de villes ou de types de ph&eacute;nom&egrave;nes urbains &ndash; en plus de r&eacute;duire la complexit&eacute; du r&eacute;el et d&rsquo;instituer des protocoles d&rsquo;ordre, traduit tout aussi bien un effet d&rsquo;ad&eacute;quation du syst&egrave;me de la cat&eacute;gorisation propos&eacute;e &agrave; des modalit&eacute;s d&rsquo;appr&eacute;hension du monde &agrave; un moment donn&eacute;. Si l&rsquo;on suit Denis Retaill&eacute;, ce genre d&rsquo;op&eacute;ration de &laquo; signification [&hellip;.] consiste &agrave; traiter les apparences comme objets de la science, pour pouvoir simplement d&eacute;limiter, &eacute;noncer des propri&eacute;t&eacute;s, en stabilisant ce qui ne peut qu&rsquo;&ecirc;tre &eacute;ph&eacute;m&egrave;re comme la saisie de la r&eacute;alit&eacute; &raquo; (Retaill&eacute;, 2000 : 278). Et cette saisie s&rsquo;explicite, synchroniquement, par rapport aux contextes historiques de leur pr&eacute;sentation, et, chronologiquement, par rapport &agrave; un horizon de savoirs dans lesquels les auteurs pr&eacute;tendent s&rsquo;inscrire, ou par rapport auxquels ils produisent leurs discours, leurs textes et leurs cartographies (Quaini, 2005).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour tenter alors de comprendre l&rsquo;apparition d&rsquo;un mod&egrave;le ou d&rsquo;une typologie urbaine &agrave; r&eacute;f&eacute;rence m&eacute;diterran&eacute;enne, il est utile d&rsquo;observer l&rsquo;&eacute;volution des cat&eacute;gories taxonomiques, &eacute;nonc&eacute;es sous leurs divers registres (historique, culturaliste, g&eacute;ographique etc.). Ce fait participera au processus de configuration et de l&eacute;gitimation scientifique d&rsquo;un paradigme de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne. Il en repr&eacute;sentera une des instances de d&eacute;limitation et de sp&eacute;cification du syst&egrave;me, comme le dirait Foucault (1969 : 57-59).</p> <p style="text-align:justify"><strong><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">2. La figure fondatrice et unitaire : l&rsquo;universalisme de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne</span></span></span></span></span></span></span></strong></p> <p style="text-align:justify">Les h&eacute;ritages&nbsp; et l&rsquo;histoire comme fondement d&rsquo;un d&eacute;nominateur commun<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il faut convenir que c&rsquo;est la r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;histoire, &agrave; l&rsquo;h&eacute;ritage et au patrimoine, qui constitue une des matrices structurantes le paradigme de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne. Ces instances me semblent en repr&eacute;senter son d&eacute;nominateur commun soit du point de vue de sa g&eacute;n&eacute;alogie, soit du fait qu&rsquo;elles ont attribu&eacute; &agrave; la ville (au sens absolu) une fonction d&rsquo;unit&eacute; g&eacute;n&eacute;rative du mod&egrave;le.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cependant &ndash; autre paradoxe &ndash; pendant longtemps, dans l&rsquo;appr&eacute;hension de la M&eacute;diterran&eacute;e, l&rsquo;univers urbain ferait maigre figure. L&rsquo;explication qu&rsquo;avance Paul Claval (1988), dans son analyse des &eacute;tudes g&eacute;ographiques m&eacute;diterran&eacute;ennes de matrice fran&ccedil;aise, consiste &agrave; constater que, bien que la vision de Vidal de la Blache, fondateur reconnu de la g&eacute;ographie acad&eacute;mique fran&ccedil;aise, n&rsquo;ait pas sugg&eacute;r&eacute; le recours &agrave; la monographie, par la suite c&rsquo;est au contraire &laquo; la d&eacute;marche r&eacute;gionale qui prend sa revanche dans les ann&eacute;es 1940 ou 1950 &raquo;. Et celle-ci ne sera justement pas en mesure de produire une &laquo; vision d&rsquo;ensemble et une interpr&eacute;tation coh&eacute;rente des r&eacute;alit&eacute;s m&eacute;diterran&eacute;ennes &raquo;. D&rsquo;apr&egrave;s Claval, ces modalit&eacute;s de lecture de la M&eacute;diterran&eacute;e&nbsp; produites au cours de la premi&egrave;re moiti&eacute; du XXe si&egrave;cle &laquo; laissent &eacute;chapper le monde urbain et industriel &raquo; (Claval, 1988 : 400). En tout cas, pour les g&eacute;ographes qui (d)&eacute;crivent la M&eacute;diterran&eacute;e la ville n&rsquo;est pas un objet privil&eacute;gi&eacute;. En effet, celle-ci est &eacute;tudi&eacute;e ou &eacute;voqu&eacute;e de mani&egrave;re discontinue.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Parmi les premiers g&eacute;ographes &agrave; s&rsquo;occuper de la M&eacute;diterran&eacute;e il faut signaler Elis&eacute;e Reclus. Celle-ci est pr&eacute;sente chez cet auteur d&egrave;s les premi&egrave;res pages de sa Nouvelle G&eacute;ographie Universelle. Si elle revient diffus&eacute;ment dans plusieurs de ses volumes<sup>8</sup> c&rsquo;est dans le premier, d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;Europe M&eacute;ridionale, qu&rsquo;un chapitre y sera enti&egrave;rement consacr&eacute; (Chapitre III &laquo; La M&eacute;diterran&eacute;e &raquo; : 33-52)<sup>9</sup>. Cela est d&eacute;j&agrave; en soi un fait novateur, et un acte fondateur de la construction g&eacute;ographique et scientifique de la M&eacute;diterran&eacute;e comme l&rsquo;ont d&eacute;j&agrave; soulign&eacute; divers auteurs (Ruel, 1991 ; Deprest 2002, Liauzu, 1994, Fabre 2000). D&rsquo;apr&egrave;s Anne Ruel, avec Reclus la M&eacute;diterran&eacute;e devient &laquo; sujet de civilisation &raquo; : un espace g&eacute;ographique qui se m&eacute;tamorphose en &laquo; valeur &raquo; (Ruel 1991).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Claval cependant oublie fatalement qu&rsquo;Elis&eacute;e Reclus a &eacute;crit en 1895 un texte publi&eacute; intitul&eacute; &laquo; The Evolution of Cities &raquo;, et qu&rsquo;il consacrera, en reprenant ce dernier, un chapitre entier aux villes, dans l&rsquo;Homme et la Terre, sous le titre &laquo; R&eacute;partition des hommes &raquo; (1905 : IV, T. 5 : 335-376). Si d&eacute;j&agrave; quelques chantiers ont &eacute;t&eacute; ouverts sur l&rsquo;apport de Reclus &agrave; l&rsquo;analyse urbaine<sup>10</sup>, j&rsquo;&eacute;voquerai bri&egrave;vement quelques pistes concernant l&rsquo;interpr&eacute;tation qu&rsquo;il propose du monde urbain m&eacute;diterran&eacute;en, d&rsquo;apr&egrave;s ce qu&rsquo;il appelle &laquo; l&rsquo;&eacute;tude logique des villes &raquo; (1905 : 354).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il est utile de souligner en premier lieu son inspiration organiciste de la ville. Celle-ci s&rsquo;exprime &agrave; travers des formules assez &eacute;vocatrices : &laquo; comme tout organisme qui se d&eacute;veloppe, la ville tend aussi &agrave; mourir &raquo; (Reclus, 1895). Pour lui, les villes &laquo; pourront devenir des corps organiques parfaitement sains et beaux &raquo; (Reclus, 1905, T. V. : 379) ; et d&rsquo;ajouter que &laquo; le mouvement entre les cit&eacute;s [&hellip; ] peut &ecirc;tre compar&eacute; au va-et-vient du sang dans le corps humain &raquo;. Une telle vision reste cependant quelque peu ambigu&euml;<sup>11</sup>.&nbsp; Si, en ce qui concerne les villes de M&eacute;diterran&eacute;e, aucun v&eacute;ritable mod&egrave;le n&rsquo;appara&icirc;t clairement, ni de formules renvoyant &agrave; &laquo; la ville m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo;, quatre aspects saillants me paraissent int&eacute;ressants &agrave; relever (Cattedra, 2009). Il s&rsquo;agit de :&nbsp; a) l&rsquo;analyse de l&rsquo;origine et de la localisation des villes-ports ; b) l&rsquo;amorce d&rsquo;un processus de littoralisation<sup>12</sup> ; c) la mise en exergue de la dimension cosmopolite de certaines cit&eacute;s m&eacute;diterran&eacute;ennes<sup>13</sup> ; c) l&rsquo;identification d&rsquo;une dimension patrimoniale de valeur universelle. Ces &eacute;l&eacute;ments participent en quelque sorte &agrave; la configuration d&rsquo;un paradigme de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne qui se d&eacute;veloppe &agrave; partir du dernier quart du XXe si&egrave;cle.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais en revenant plus explicitement &agrave; la figure arch&eacute;typale du paradigme ici analys&eacute;, et que l&rsquo;on pourrait identifier comme le premier temps des h&eacute;ritages, celle-ci se signale au moins par trois aspects : la continuit&eacute; historique, la dimension morphologique et spatiale, le cosmopolitisme et&nbsp; l&rsquo;universalisme<span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">La continuit&eacute;</span></span></span></b><br /> <span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></span></span>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La continuit&eacute; est l&rsquo;expression de la longue dur&eacute;e historique. Elle s&rsquo;av&egrave;re le fil rouge de la figure fondatrice et exprime la particularit&eacute; pr&eacute;suppos&eacute;e de la dimension urbaine m&eacute;diterran&eacute;enne. Celle-ci se d&eacute;veloppe en articulation avec l&rsquo;id&eacute;e de la transmission du pass&eacute; et des h&eacute;ritages. Et le st&eacute;r&eacute;otype culturaliste propre de cette dimension historique est bien pr&eacute;sent, par exemple, chez les &eacute;pigones de Vidal de la Blache, comme Max Sorre et Jules Sion, dans les ann&eacute;es 1930 :&nbsp;&nbsp;</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; Les r&eacute;gions m&eacute;diterran&eacute;ennes sont toutes impr&eacute;gn&eacute;es d&rsquo;histoire. Le pass&eacute; est grav&eacute; sur leur sol par les ruines, la conqu&ecirc;te ou l&rsquo;abandon de la terre, la position des localit&eacute;s ; il se perp&eacute;tue dans les formes souvent archa&iuml;ques de l&rsquo;activit&eacute; humaine. Un Allemand s&rsquo;imagine difficilement l&rsquo;existence des Germains ; un Grec voit chaque jour, dans les champs et les ports, des sc&egrave;nes devant lesquelles il peut se croire contemporain d&rsquo;Hom&egrave;re &raquo; (Sorre &amp; Sion, 1934, I : 52 &ndash; r&eacute;dig&eacute; par Sion). </span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p>La continuit&eacute; constituera certes un r&eacute;f&eacute;rent essentiel chez Fernand Braudel :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; Aucun doute, la mer Int&eacute;rieure est p&eacute;trie de r&eacute;surgences historiques, de t&eacute;l&eacute;-histoires, de lumi&egrave;res qui lui viennent de mondes en apparence d&eacute;funts et qui cependant vivent toujours &raquo; (Braudel 1985 [1977] : 163 &laquo; l&rsquo;Histoire &raquo;).</span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&nbsp;</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">L&rsquo;id&eacute;e de la continuit&eacute; sera reprise aussi sous ces termes par Maurice Aymard :</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&laquo; Chaque civilisation a ainsi laiss&eacute; son h&eacute;ritage urbain, et contribu&eacute; &agrave; d&eacute;finir le cadre o&ugrave; les hommes continuent &agrave; vivre, aujourd&rsquo;hui encore, au milieu des contraintes du pass&eacute; alors m&ecirc;me que les conditions qui ont pr&eacute;sid&eacute; &agrave; sa cr&eacute;ation ont cess&eacute; de jouer &raquo; (Aymard, 1985 [1977] : 198 : &laquo; Espaces&raquo;). </span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p>Somme toute, ce concept est pr&eacute;sent au cours du XXe si&egrave;cle chez une multitude d&rsquo;autres auteurs, et force est de constater que l&rsquo;histoire et l&rsquo;h&eacute;ritage sont saisis comme la matrice identitaire et formelle de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne.&nbsp; Le registre de cette m&ecirc;me figure de la continuit&eacute; temporelle se d&eacute;ploie par une autre dimension, &agrave; consid&eacute;rer elle aussi comme une co-matrice structurelle : c&rsquo;est l&rsquo;id&eacute;e de la force historique, voire de la p&eacute;rennit&eacute;, du r&eacute;seau urbain m&eacute;diterran&eacute;en, dont le discours de Braudel a constitu&eacute; un des points d&rsquo;orgue, bien que lui-m&ecirc;me rappelle qu&rsquo;il doit cette r&eacute;flexion &agrave; une intuition de Lucien Febvre <sup>14</sup>.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; L&rsquo;unit&eacute; humaine, en&nbsp; M&eacute;diterran&eacute;e, c&rsquo;est &agrave; la fois cet espace routier et cet espace urbain, ces lignes et ces centres de force. Villes et routes, routes et villes ne sont qu&rsquo;un seul et m&ecirc;me &eacute;quipement humain de l&rsquo;espace. Quelles que soient sa forme, son architecture, la civilisation qui l&rsquo;&eacute;claire, la ville de M&eacute;diterran&eacute;e est cr&eacute;atrice de routes et, en m&ecirc;me temps, est cr&eacute;e par elles &raquo;. (Braudel, 1949, ed., 1982, p. 254]<sup>15</sup>.</span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></span></p> <p>Toutefois, il faut remarquer que cette repr&eacute;sentation avait &eacute;t&eacute; en effet d&eacute;j&agrave; mise en exergue en 1876 par Reclus ; c&rsquo;est-&agrave;-dire bien avant la publication de la th&egrave;se de Braudel. Cette approche, elle aussi pr&eacute;sente sous la forme d&rsquo;un constat tout au long du XXe si&egrave;cle, consiste &agrave; analyser, sur la dur&eacute;e, la sp&eacute;cificit&eacute; des &eacute;tablissements humains m&eacute;diterran&eacute;ens &agrave; l&rsquo;aune du r&eacute;seau structur&eacute; par les routes maritimes antiques, par les routes terrestres romaines, pour arriver jusqu&rsquo;aux r&eacute;seaux des nouvelles migrations internationales et aux flux immat&eacute;riels dont les villes sont les relais et les terminaux. Un r&eacute;seau qui permet aussi aux villes de d&eacute;passer le seuil strict de la M&eacute;diterran&eacute;e<sup>16</sup>. Somme toute, dans une telle perception de la chose, ainsi que l&rsquo;&eacute;crit Braudel, &laquo; l&rsquo;ordre routier et urbain est, par excellence, l&rsquo;ordre humain de la M&eacute;diterran&eacute;e &raquo; (1949, 9e &eacute;d 1990, p. 225)<sup>17</sup>.</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Localisation spatiale et forme de la ville</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La continuit&eacute;, au demeurant, se d&eacute;cline avec une s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments qui auraient caract&eacute;ris&eacute; en m&ecirc;me temps l&rsquo;origine de la Cit&eacute; M&eacute;diterran&eacute;enne, voire de la Cit&eacute; dans le monde, c&rsquo;est-&agrave;-dire des crit&egrave;res de site et de localisation. Un exemple assez diffus en est le &laquo; mod&egrave;le acropolien &raquo;, qui est pr&eacute;sent dans les reliefs surplombant de nombreuses villes comme c&rsquo;est le cas &agrave; Ath&egrave;nes, Marseille, Barcelone, Nice, S&egrave;te, G&ecirc;nes, Naples, Dubrovnik, Istanbul, Izmir, Alger, Oran, Tanger, etc. Autre &eacute;l&eacute;ment majeur rel&egrave;ve des h&eacute;ritages de matrice monumentale gr&eacute;co-romaine, dont agora, forum, temples, ar&egrave;nes, cirques et trac&eacute;s en damier constituent les dispositifs de standardisation du mod&egrave;le<sup>18</sup>. Voil&agrave; comment le d&eacute;crit Elis&eacute;e Reclus dans sa derni&egrave;re &oelig;uvre de 1905 :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; Dans la R&eacute;gion M&eacute;diterran&eacute;enne, il arrive que l&rsquo;amour de la ville, au lieu de peupler la campagne de banlieue, la d&eacute;peuple au contraire. Le grand privil&egrave;ge de pouvoir discuter les int&eacute;r&ecirc;ts publics a, par tradition, chang&eacute; tout le monde en citadins. L&rsquo;appel de l&rsquo;agora comme en Gr&egrave;ce, de la vie municipale comme en Italie, attire les habitants vers la place centrale o&ugrave; se d&eacute;battent les affaires communes, plus encore sur les promenoirs publics qu&rsquo;entre les murs sonores de la maison de ville &raquo; (Reclus, 1905, T.V, Livre IV, Chap. II, 372). </span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Or, &laquo; l&rsquo;amour de la ville &raquo; dont parlait Reclus, et qui constituerait avec ses cons&eacute;quences spatiales l&rsquo;un des morph&egrave;mes de la figure de &laquo; la ville compacte &raquo; m&eacute;diterran&eacute;enne, traduit bien &ndash; entre r&eacute;alit&eacute;, &laquo; mythe et arch&eacute;type &raquo;<sup>19</sup> &ndash; toute une importance et un int&eacute;r&ecirc;t attribu&eacute;s au &laquo; monde citadin &raquo; m&eacute;diterran&eacute;en et &agrave; l&rsquo;espace public. Dans ce m&ecirc;me sillon l&rsquo;on retrouve encore M. Sorre et J. Sion, qui &eacute;crivent en 1934 :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; Les villes ont raison de conserver jalousement les monuments de leur pass&eacute;, car elles lui doivent, non seulement l&rsquo;afflux des touristes, mais parfois d&rsquo;exister encore. Que serait devenue la Rome d&eacute;cr&eacute;pite du XIVe si&egrave;cle sans les grands souvenirs ? Ath&egrave;nes serait encore le sordide village albanais que vit Chateaubriand, sans le prestige de son nom &raquo;&nbsp; (Sorre &amp; Sion, 1934,&nbsp; I : 52 R&eacute;dig&eacute; par Sion). </span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Autre version plus &laquo; sensible &raquo; est celle qui invite &agrave; lire la s&eacute;dimentation historique et architecturale, &agrave; la mani&egrave;re de Corboz, comme un &laquo; palimpseste &raquo;. Jean-Paul Volle, consid&egrave;re comme expression des &laquo; h&eacute;ritages &raquo; ce qu&rsquo;il appelle &laquo; le topique environnemental &raquo; de la M&eacute;diterran&eacute;e. C&rsquo;est-&agrave;-dire le produit de la relation contextualis&eacute;e d&rsquo;usages et de pratiques urbanistiques : la relation entre la pierre et la construction qui produisent certaines densit&eacute;s ; l&rsquo;&eacute;troitesse des plaines et les reliefs proches de la mer, les fractures du territoire o&ugrave; s&rsquo;engendrent des structures et des formes fractionn&eacute;es d&rsquo;agglom&eacute;ration fond&eacute;es sur des &laquo; micros-cellules &raquo;<sup>20</sup>.</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Cosmopolitisme et universalisme</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;La troisi&egrave;me dimension de la figure unitaire est ax&eacute;e sur deux autres items li&eacute;s dans un rapport de r&eacute;ciprocit&eacute; : l&rsquo;universalisme et le cosmopolitisme. Dans l&rsquo;identification pr&eacute;suppos&eacute;e d&rsquo;une matrice commune de &laquo; la &raquo; ville m&eacute;diterran&eacute;enne l&rsquo;apport de diverses civilisations prend une place singuli&egrave;re : la M&eacute;diterran&eacute;e tel un palimpseste de dominations et de m&eacute;langes. Ce qu&rsquo;Albert Memmi &eacute;crit pour Tunis, on aurait pu l&rsquo;&eacute;crire pour Naples, Istanbul, Salonique, Alexandrie et tant d&rsquo;autres villes, en modifiant quelque peu les noms des peuples et des conqu&eacute;rants :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&nbsp;[Tunis :] &laquo;&nbsp; Quand je sus un peu d&rsquo;histoire, j&rsquo;en eus le vertige ; Ph&eacute;niciens, Romains, Vandales, Byzantins, Berb&egrave;res, Arabes, Espagnols, Turcs, Italiens, Fran&ccedil;ais, j&rsquo;en oublie et je dois en confondre. Cinq cents pas de promenade et l&rsquo;on change de civilisation &raquo;&nbsp; (A. Memmi, 1988, La statue de sel). </span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; A bien regarder, parmi les premiers g&eacute;ographes, avec Reclus, c&rsquo;est Paul Vidal de la Blache qui met en exergue cet aspect, dans un texte important peu connu : sa &laquo; Le&ccedil;on d&rsquo;ouverture du cours d&rsquo;histoire et de g&eacute;ographie &raquo; &agrave; la Facult&eacute; des lettres de Nancy, &eacute;crit en 1873, sous le titre de &laquo; La P&eacute;ninsule Europ&eacute;enne. L&rsquo;Oc&eacute;an et la M&eacute;diterran&eacute;e &raquo;. Un de ses passages permet de rep&eacute;rer la cristallisation du mythe du cosmopolitisme urbain de la M&eacute;diterran&eacute;e &agrave; la fin du XIXe si&egrave;cle :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; Marseille, Odessa, Alexandrie pr&eacute;sentent, malgr&eacute; la distance qui les s&eacute;pare, le m&ecirc;me spectacle : partout la vie et les affaires en plein air comme aux temps de l&rsquo;agora, l&rsquo;activit&eacute; bruyante et le fourmillement d&rsquo;une foule cosmopolite o&ugrave; se coudoient l&rsquo;Orient et l&rsquo;Occident ; &agrave; vos oreilles r&eacute;sonnent les langues les plus diverses ; et du milieu de ce Babel s&rsquo;est d&eacute;gag&eacute;e une sorte de cr&eacute;ation bizarre, ce jargon arbitraire et composite qu&rsquo;on a d&eacute;cor&eacute; du nom de langue franque. &raquo; (Vidal de la Blache, 1873, p. 16) <sup>21</sup>. </span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Or, ainsi que nous le verrons apr&egrave;s, le cosmopolitisme constituera une cl&eacute; importante de la troisi&egrave;me figure de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne. Avant Braudel, c&rsquo;est Paul Val&eacute;ry qui dans un texte consacr&eacute; au &laquo; syst&egrave;me m&eacute;diterran&eacute;en &raquo; explicite clairement, en 1933, son id&eacute;e de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; m&eacute;diterran&eacute;enne comme constituant un h&eacute;ritage et un mod&egrave;le de r&eacute;f&eacute;rence qui en structure une valeur universelle :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; Sur les bords, quantit&eacute; de populations extr&ecirc;mement diff&eacute;rentes, quantit&eacute; de temp&eacute;raments, de sensibilit&eacute;s et de capacit&eacute;s intellectuelles tr&egrave;s diverses, se sont trouv&eacute;s en contact. Gr&acirc;ce aux facilit&eacute;s de mouvements que l&#39;on a dites, ces peuples entretinrent des rapports de toute nature : guerre, commerce, &eacute;changes volontaires ou non de choses, de connaissances, de m&eacute;thodes ; m&eacute;langes de sang, de vocables, de l&eacute;gendes et de traditions. Le nombre des &eacute;l&eacute;ments ethniques en pr&eacute;sence ou en contraste, au cours des &acirc;ges, celui des m&oelig;urs, des langages, des croyances, des l&eacute;gislations, des constitutions politiques, a de tout temps, engendr&eacute; une vitalit&eacute; incomparable dans le monde m&eacute;diterran&eacute;en. La concurrence (qui est l&#39;un des traits les plus frappants de l&#39;&egrave;re moderne) a atteint de tr&egrave;s bonne heure en M&eacute;diterran&eacute;e une intensit&eacute; singuli&egrave;re : concurrence des n&eacute;goces, des influences, des religions. En aucune r&eacute;gion du globe, une telle vari&eacute;t&eacute; de conditions et d&#39;&eacute;l&eacute;ments n&#39;a &eacute;t&eacute; approch&eacute;e de si pr&egrave;s, une telle richesse cr&eacute;&eacute;e et maintes fois renouvel&eacute;e. Or, tous les facteurs de la civilisation europ&eacute;enne sont les produits de ces circonstances, c&#39;est-&agrave;-dire que des circonstances locales ont eu des effets (reconnaissables) d&#39;int&eacute;r&ecirc;t et de valeur universels. &raquo;</span></span></span></span></span></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">(Val&eacute;ry, 1933 [1960, II : 1136-1137, &sect; &laquo; Donn&eacute;es ethniques &raquo;]). </span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></span></span>Somme toute, divers auteurs, jusqu&rsquo;aux scientifiques contemporains, ont pu lire, dans les d&eacute;placements dus au commerce m&eacute;diterran&eacute;en, aux diasporas, aux affrontements militaires et aux colonisations, ainsi que dans les m&eacute;tissages anthropologiques et les brassages culturels que ces circulations ont pu engendrer sur la dur&eacute;e, l&rsquo;expression d&rsquo;un fondement commun construit dans le temps. Ils l&rsquo;ont fait en identifiant un model id&eacute;el, fait d&rsquo;apports de nombreuses civilisations. Cela fait que, tout en d&eacute;passant une telle vis&eacute;e unitaire et culturaliste, dans les ann&eacute;es 1970 m&ecirc;me le g&eacute;ographe Hildebert&nbsp; Isnard affirme le lien entre les villes, leurs formes et les h&eacute;ritages <span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">: </span></span></span></span></span></span></span></p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; Il n&rsquo;y a peut-&ecirc;tre pas de r&eacute;gions au monde que les diff&eacute;rentes civilisations aient autant marqu&eacute; de leurs conceptions urbanistiques : successivement la Gr&egrave;ce, Rome, l&rsquo;Islam, l&rsquo;Europe occidentale ont apport&eacute; leur propre contribution &agrave; l&rsquo;am&eacute;nagement de ces villes. &raquo; (Isnard, 1973, pp. 77-78)</span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Or, si, au regard de la production scientifique et litt&eacute;raire, on convient ais&eacute;ment sur la r&eacute;currence du clich&eacute; de la M&eacute;diterran&eacute;e comme lieu de la naissance des civilisations<sup>22</sup>, il y a un point qu&rsquo;il me para&icirc;t essentiel d&rsquo;&eacute;voquer : celui du rapport entre la naissance de la (des) civilisation(s) et l&rsquo;id&eacute;e de l&rsquo;universalisme. En premier lieu il serait utile de savoir de quelles civilisations on parle. La M&eacute;diterran&eacute;e a &eacute;t&eacute; tour &agrave; tour interpr&eacute;t&eacute;e comme le &laquo; berceau &raquo;, le &laquo; foyer &raquo;, le &laquo; creuset &raquo; (de diverses civilisations), les trois derni&egrave;res expressions ne recouvrant pas bien s&ucirc;r la m&ecirc;me signification<sup>23</sup>.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Si E. Reclus en identifie trois (celles des Aryens, des S&eacute;mites et les Berb&egrave;res), pour Braudel les trois civilisations sont celles de l&rsquo;Univers de l&rsquo;Occident (bas&eacute; sur l&rsquo;apport de la Romanit&eacute; et de la Chr&eacute;tient&eacute;), de l&rsquo;Univers de l&rsquo;Islam (fond&eacute; sur l&rsquo;apport assyrien, carthaginois et de l&rsquo;Egypte antique) et l&rsquo;Univers Orthodoxe<sup>24</sup> (de matrice grecque, dont Constantinople a &eacute;t&eacute; l&rsquo;expression et qui a influenc&eacute; le monde des Balkans). La vision n&eacute;oclassique a beaucoup insist&eacute; sur les apports spirituels de la M&eacute;diterran&eacute;e classique &agrave; la civilisation dite universelle : la philosophie, la naissance du rationalisme et du droit, l&rsquo;harmonie, etc&hellip;<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Et c&rsquo;est justement &agrave; ce propos, que l&rsquo;universalisme de Reclus me semble &ecirc;tre encore une fois pr&eacute;curseur : il &eacute;crit &agrave; propos des monuments de l&rsquo;Andalousie jud&eacute;o-musulmane qu&rsquo;ils &laquo; sont la propri&eacute;t&eacute; commune, non seulement des espagnols, mais aussi de tous ceux qui s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; la vie de l&rsquo;humanit&eacute;, au d&eacute;veloppement de la science et des arts &raquo;. Il &eacute;nonce ainsi,&nbsp; en quelques mots, les principes fondateurs qui g&eacute;n&eacute;reront le concept de &laquo; Patrimoine de l&rsquo;Humanit&eacute; &raquo;, que l&rsquo;Unesco introduira officiellement un si&egrave;cle apr&egrave;s, en 1972 :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; Toute d&eacute;serte que soit l&rsquo;Andalousie, en comparaison de ce qu&rsquo;elle pourrait &ecirc;tre si les ressources en &eacute;taient convenablement utilis&eacute;es, elle est pourtant une autre Italie par la gloire et la beaut&eacute; de ses villes. Les noms de Grenade, de Cordoue, de S&eacute;ville, de Cadiz, sont parmi ceux que la po&eacute;sie a le plus c&eacute;l&eacute;br&eacute;s et qui r&eacute;veillent dans l&rsquo;esprit les id&eacute;es les plus riantes. Les souvenirs de l&rsquo;histoire, plus encore que la splendeur des monuments, ont fait de ces vielles cit&eacute;s moresques&nbsp; la propri&eacute;t&eacute; commune, non seulement des Espagnols, mais aussi de tous ceux qui s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; la vie de l&rsquo;humanit&eacute;, au d&eacute;veloppement de la science et des arts &raquo;. (Reclus, NGU, 1, 1875 : 745. Nous soulignons).</span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">3. La figure de la divergence</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Un premier exemple permet de montrer, d&rsquo;entr&eacute;e de jeu, la force &eacute;vocatrice du st&eacute;r&eacute;otype de la cit&eacute; m&eacute;diterran&eacute;enne qui se d&eacute;veloppe d&rsquo;apr&egrave;s la figure que j&rsquo;appelle de la divergence. Je me contenterai de faire remarquer combien ce mod&egrave;le est pos&eacute; de mani&egrave;re acritique et tautologique, et comment la l&eacute;gitimation de ce &laquo; concept &raquo; est affirm&eacute;e en postulant - de mani&egrave;re simpliste, mais efficace - &agrave; la fois l&rsquo;universalisme m&eacute;diterran&eacute;en (mais comme appartenant exclusivement &agrave; la ville occidentale) et, d&rsquo;autre part, une divergence irr&eacute;ductible avec la &laquo; conception islamique &raquo; de la ville</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;<span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; La M&eacute;diterran&eacute;e-cit&eacute;.</span></span></span></span></span></span></span><br /> <span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Le concept de ville occidentale, en tant que centre artisanal, commercial et politique, avec des espaces publics pour l&rsquo;activit&eacute; civile et dont la disposition physique r&eacute;pond &agrave; une certaine strat&eacute;gie pr&eacute;alable [(sic) laquelle ?], est pratiquement une invention m&eacute;diterran&eacute;enne, apparue en Gr&egrave;ce et d&eacute;velopp&eacute;e par Rome. Les villes europ&eacute;ennes font partie du paysage, et plus encore, elles sont ses principaux organisateurs dans la mesure o&ugrave; c&rsquo;est la ville qui gouverne et mod&egrave;le la totalit&eacute; du territoire. Rome a &eacute;tendu l&rsquo;esprit de sa citadinit&eacute;, de sa civitas &ndash; d&rsquo;o&ugrave; civil et civiliser &ndash; en favorisant sur l&rsquo;ensemble du territoire les principes d&rsquo;am&eacute;nagement structurel de l&rsquo;urbs &ndash; d&rsquo;o&ugrave; le terme urbaniser : ainsi civiliser et urbaniser deviennent des termes corr&eacute;l&eacute;s.</span></span></span></span></span></span></span><br /> <span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Au-del&agrave; des effets constatables exerc&eacute;s par les villes sur la totalit&eacute; du territoire, le paysage urbain des villes m&eacute;diterran&eacute;ennes est tr&egrave;s caract&eacute;ristique. Dans ce paysage, la structure pr&eacute;dominante est r&eacute;ticulaire ou radiale, c&rsquo;est-&agrave;-dire toujours en relation &agrave; un centre d&eacute;termin&eacute; o&ugrave;, depuis longtemps, se concentrent les &eacute;difices du pouvoir. Souvent, dans des villes structur&eacute;es par des &eacute;tablissements militaires ou &laquo; castrum &raquo;, la trame articul&eacute;e par les axes perpendiculaires &laquo; Cardo et Decumanus &raquo; constitue la norme [&hellip;]. Port&eacute;e par l&rsquo;empire castillan, cette conception r&eacute;ticulaire fut export&eacute;e jusqu&rsquo;aux colonies am&eacute;ricaines, o&ugrave; elle existe toujours un peu partout. Du c&ocirc;t&eacute; sud-occidental, on peut percevoir la conception islamique, avec une &laquo; m&eacute;dina &raquo; centrale consacr&eacute;e au commerce, une grande bordure, bien que plus confuse, d&rsquo;&eacute;difices r&eacute;sidentiels et un grand palais de gouvernement qui peut occuper des situations diff&eacute;rentes. Ici, on ne peut pas appliquer le terme latin &laquo; centre urbain &raquo;. N&eacute;anmoins, ces centres historiques ne repr&eacute;sentent aujourd&rsquo;hui qu&rsquo;une modeste partie, voire une tr&egrave;s petite partie, de la surface totale de la ville &raquo;.&nbsp; (M.-A. Roque, 2001, p.&nbsp; 86 nous soulignons).</span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Ville arabo-musulmane versus ville occidentale</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Diversement que dans la premi&egrave;re figure unitaire, c&rsquo;est l&rsquo;opposition et le contraste entre mod&egrave;les &ndash; de matrice id&eacute;ologique, culturelle, religieuse, morphologique etc &ndash; qui fait &eacute;merger cette deuxi&egrave;me figure du paradigme de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne. Comme l&rsquo;&eacute;crit Fabre (2000 : 6), &laquo; l&rsquo;affrontement sur les repr&eacute;sentations de la M&eacute;diterran&eacute;e se joue autour des h&eacute;ritages, et notamment autour de l&rsquo;acceptation ou du refus de &laquo; l&rsquo;Orient s&eacute;mitique &raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire de l&rsquo;apport juif et arabe. &raquo; (Fabre, 2000 : 66).&nbsp; C&rsquo;est dans cet affrontement qui est strictement li&eacute; aux logiques politiques, &eacute;conomiques et id&eacute;ologiques &ndash; i.e. : imp&eacute;rialistes &ndash; du colonialisme, qu&rsquo;&eacute;merge une interpr&eacute;tation divergente du faisceau sous-jacent &agrave; l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un mod&egrave;le unitaire et universel de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il s&rsquo;agit d&rsquo;une &eacute;volution tendant explicitement &agrave; reconduire l&rsquo;universalit&eacute; vers l&rsquo;Occident et l&rsquo;Europe. L. Benevolo exprime tr&egrave;s clairement cette id&eacute;e, &agrave; propos de la ville moderne, quand il &eacute;crit que &laquo; l&rsquo;identit&eacute; entre ville europ&eacute;enne et ville moderne a &eacute;t&eacute; accept&eacute;e comme un fait, laissant de c&ocirc;t&eacute; les &eacute;normes probl&egrave;mes de compatibilit&eacute; avec les autres r&eacute;alit&eacute;s urbaines et les hybridations qui en sont issues, en Europe comme sur les autres continents. [&hellip;] Il nous faut reconna&icirc;tre que notre mod&egrave;le est seulement l&rsquo;un des mod&egrave;les possibles de la ville moderne &raquo; (Benevolo, 1993 ; cf. aussi Tosi, 1987 : 46).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L&rsquo;orientalisme a jou&eacute; un r&ocirc;le d&eacute;terminant dans les effets de disjonction de la figure unitaire de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne, en mettant en exergue la confrontation entre deux mod&egrave;les : la ville europ&eacute;enne ou occidentale et la ville arabe, musulmane ou orientale. Historiquement, l&rsquo;orientalisme se construit autour d&rsquo;une attitude id&eacute;ologique qui ne fait que formaliser un discours bas&eacute; sur le concept de la &laquo; sp&eacute;cificit&eacute; culturelle &raquo;. En &eacute;cho presque au discours de Benevolo ci-dessus, Andr&eacute; Raymond a constat&eacute; que &laquo; peut-&ecirc;tre parce qu&rsquo;excessivement enferm&eacute;s dans une optique &laquo; orientaliste &raquo;, les sp&eacute;cialistes de l&rsquo;histoire et de l&rsquo;art musulmans ont sans doute trop n&eacute;glig&eacute; le fait qu&rsquo;il existe une &laquo; sp&eacute;cificit&eacute; urbaine &raquo;, dont la ville islamique, ou arabe, ne repr&eacute;sente qu&rsquo;un aspect : les probl&egrave;mes de structure, de fonctions urbaines, qui se posent &agrave; propos des villes arabes et islamiques, peuvent tr&egrave;s souvent &ecirc;tre &eacute;clair&eacute;s par une comparaison avec les probl&egrave;mes g&eacute;n&eacute;raux que posent les villes, aussi bien que par une r&eacute;f&eacute;rence au seul impact de la civilisation islamique sur les villes du domaine arabe &raquo; (Raymond, 1985 : 14 ; cf. aussi 1995).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans un travail pr&eacute;c&eacute;dent (Cattedra 1998), je me suis plus particuli&egrave;rement interrog&eacute; sur la construction de ce dernier mod&egrave;le &agrave; travers une critique des fondements et des r&eacute;f&eacute;rences propres &agrave; divers savoirs disciplinaires (l&rsquo;orientalisme, la g&eacute;ographie et les sciences sociales) par le biais desquels cet id&eacute;al-type a &eacute;t&eacute; &eacute;rig&eacute; en paradigme et s&rsquo;est affirm&eacute;. L&rsquo;hypoth&egrave;se de cette &eacute;tude sugg&egrave;re que l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une &laquo; ville arabe / musulmane / orientale &raquo;, postul&eacute;e le plus souvent en tant que mod&egrave;le original et unique de typologie spatiale et sociale, ne repr&eacute;sente pas le produit endog&egrave;ne d&rsquo;une culture proprement dite et qui par sa r&eacute;flexivit&eacute; s&rsquo;identifie comme &laquo; arabo-musulmane &raquo;. Il aurait &eacute;t&eacute; au contraire &eacute;labor&eacute; par l&rsquo;orientalisme occidental. Ult&eacute;rieurement, cette id&eacute;e et ce mod&egrave;le auraient &eacute;t&eacute; en quelque sorte assum&eacute;s et appropri&eacute;s par le m&ecirc;me syst&egrave;me id&eacute;ologique que l&rsquo;orientalisme a fabriqu&eacute; de mani&egrave;re arbitraire (Said, 1978), et que nous nous accordons &agrave; appeler &laquo; monde arabe et/ou musulman &raquo;.<br /> S&rsquo;affirme ainsi un paradoxe qui consiste dans le fait que ce mod&egrave;le, assez pr&eacute;sent dans l&rsquo;imaginaire, devient un paradigme r&eacute;f&eacute;rentiel de la conception urbanistique comme expression d&rsquo;une culture endog&egrave;ne, tandis qu&rsquo;il est le produit d&rsquo;un processus de fabrication id&eacute;ologique formalis&eacute; par un savoir &laquo; autre &raquo;. J&rsquo;ai avanc&eacute; l&rsquo;hypoth&egrave;se que cette id&eacute;e fond&eacute;e sur la sp&eacute;cificit&eacute; culturelle, ensuite, aurait &eacute;t&eacute; re&ccedil;ue et appropri&eacute;e par les intellectuels des rives Sud de la M&eacute;diterran&eacute;e, selon une double attitude : soit parall&egrave;lement &agrave; l&rsquo;adoption g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e des valeurs occidentales, soit parce qu&#39;elle confortait les valeurs les plus anciennes de leur propre culture (Cattedra, 1998)<sup>25</sup>.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cette derni&egrave;re posture s&rsquo;est d&rsquo;ailleurs affirm&eacute;e par le truchement d&rsquo;&eacute;purations symboliques, mais essentielles, qui, justement, constituaient tout au d&eacute;but et encore jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;poque des Lumi&egrave;res, le th&egrave;me de pr&eacute;dilection de l&rsquo;orientalisme : ces &eacute;purations se fondaient sur l&rsquo;&eacute;limination d&rsquo;une continuit&eacute; &ndash; et de l&rsquo;h&eacute;ritage &ndash; de l&rsquo;Islam par rapport au monde classique, gr&eacute;co-oriental, romain et byzantin (Concina, 1990 : IX-LV ; Fantar, 1993 : 47-70). Cette &laquo; &eacute;puration &raquo; signifierait-elle que ses tenants postulent que l&rsquo;Islam introduit un hiatus, une rupture dans le cours de l&rsquo;Histoire ? En contrepartie, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque contemporaine, l&rsquo;id&eacute;ologie de certains &laquo; Etats musulmans &raquo;, ne fait &ndash; il me semble &ndash;&nbsp; que renverser cette posture, en ce qu&rsquo;ils (re)construisent et &laquo; mettent en sc&egrave;ne &raquo; (au sens de B. Anderson, 1991 et de P. Nora, 1986) une Histoire (Nationale), qui ne d&eacute;bute qu&rsquo;au VIIe si&egrave;cle, avec la naissance et la propagation de l&rsquo;Islam. Il est utile de rappeler &agrave; ces propos le passage d&rsquo;un texte de M. Rodinson dans lequel l&rsquo;auteur examine l&rsquo;&eacute;volution de la vision de l&rsquo;Orient par l&rsquo;Occident au cours des derniers si&egrave;cles :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; L&rsquo;europ&eacute;ocentrisme inconscient du XVIIIe si&egrave;cle, orient&eacute; par l&rsquo;id&eacute;ologie universaliste de cette &eacute;poque, respectait les civilisations et les peuples ext&eacute;rieurs &agrave; l&rsquo;Europe, relevait avec raison, dans leur &eacute;volution historique ou leur structure contemporaine, des traits humains universels, leur attribuant seulement, avec une na&iuml;vet&eacute; pr&eacute;-critique, les m&ecirc;mes bases sous-jacentes qu&rsquo;&agrave; la culture europ&eacute;enne, ne concevant quelque sp&eacute;cificit&eacute; qu&rsquo;&agrave; un niveau beaucoup trop superficiel. L&rsquo;europ&eacute;ocentrisme conscient et th&eacute;oris&eacute; du XIXe si&egrave;cle fait l&rsquo;erreur inverse. La sp&eacute;cificit&eacute; irr&eacute;ductible est suppos&eacute;e &agrave; tous les niveaux possibles, les motivations et les traits universels sont ni&eacute;s ou d&eacute;daign&eacute;s. Contradictoirement, la seule universalit&eacute; possible est con&ccedil;ue comme l&rsquo;adoption du mod&egrave;le europ&eacute;en sous tous ses aspects &raquo; (Rodinson,&nbsp; 1968 [1993 : 86]). </span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cela pos&eacute;, le probl&egrave;me de fond consiste &agrave; comprendre de quelle mani&egrave;re un mod&egrave;le id&eacute;al de &laquo; cit&eacute; arabo-islamique &raquo; a &eacute;t&eacute; produit et formalis&eacute; concr&egrave;tement. Evaluer par quels positionnements les orientalistes, dans une p&eacute;riode particuli&egrave;re de l&rsquo;&eacute;volution de cette pens&eacute;e disciplinaire, se sont positionn&eacute;s par rapport &agrave; cette ville &laquo; autre &raquo;, de l&rsquo;Orient, pour la constituer comme objet particulier, niant de la sorte son universalit&eacute;, et pour lui attribuer &ndash; pr&eacute;alablement et par pr&eacute;suppos&eacute; &ndash; des caract&egrave;res (suppos&eacute;s) distinctifs. Partant de l&agrave;, il est possible d&rsquo;affirmer que c&rsquo;est justement le protocole de construction ou d&rsquo;invention du paradigme explicitant la cit&eacute; arabo-musulmane qu&rsquo;il faut discuter et remettre en cause. Pour ce faire, il convient de faire appel au statut ambigu qui a superpos&eacute;, surtout au cours du XIXe si&egrave;cle (mais encore au XXe), toute une s&eacute;rie d&rsquo;&eacute;crits relatifs&nbsp; aux &laquo; cultures de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &raquo; &ndash; &eacute;crits qui r&eacute;unissent litt&eacute;rature de voyage, comptes-rendus d&rsquo;explorations scientifiques, documents arch&eacute;ologiques, travaux d&rsquo;histoire urbaine, red&eacute;couverte orientaliste de textes arabes, etc. - , qui s&rsquo;articulent subs&eacute;quemment aux divers positionnements et postures id&eacute;ologiques ou savantes des auteurs de ces textes.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Or, ce mod&egrave;le est postul&eacute; (et cela &agrave; travers l&rsquo;interpr&eacute;tation de divers approches disciplinaires) &agrave; partir d&rsquo;un certain nombre d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments et caract&egrave;res urbains constants, lesquels correspondraient &agrave; des formes architecturales, &agrave; des typo-morphologies urbanistiques particuli&egrave;res. Par une telle interpr&eacute;tation dominante, ces &eacute;l&eacute;ments et caract&egrave;res deviennent de la sorte les variables fonctionnelles instituant une (pr&eacute;suppos&eacute;e) organisation de la soci&eacute;t&eacute; urbaine dans l&rsquo;Islam , en ce qu&rsquo;ils sont consid&eacute;r&eacute;s comme fondamentaux pour le d&eacute;roulement ordinaire de la vie pratique, religieuse, culturelle, sociale, &eacute;conomique, politique des musulmans&hellip; Ces ingr&eacute;dients sont : la mosqu&eacute;e centrale, le souk ou le bazar, le hammam (le bain maure), la qasbah (la citadelle militaire) et le syst&egrave;me des remparts, auxquels s&rsquo;ajoutent les figures de l&rsquo;architecture domestique, comme les habitations &agrave; patio, le palais du gouvernement, le dessin du trac&eacute; urbain, mais aussi la sp&eacute;cialisation &eacute;conomico-productive des quartiers, leur diff&eacute;rentiation ethnique et confessionnelle. Pour autant, certaines institutions propres au syst&egrave;me municipal&nbsp; seront &eacute;galement inventori&eacute;es : l&rsquo;organisation des habous ou awq&acirc;f&nbsp; (fondations religieuses correspondant en quelque sorte au bien de mainmorte), les corporations des m&eacute;tiers, les corps administratif et juridique des oul&eacute;mas, les &eacute;coles coraniques, la magistrature (cf. en particulier : Gardet, 1954).&nbsp; J&rsquo;ai pu ainsi identifier divers crit&egrave;res majeurs intervenant pour supporter (ou critiquer) la validit&eacute; de ce paradigme.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Au support du lien privil&eacute;gi&eacute; de r&eacute;ciprocit&eacute; qui s&rsquo;&eacute;tablirait entre &laquo; la cit&eacute; et l&rsquo;Islam &raquo;, s&rsquo;inscrit la th&egrave;se avanc&eacute;e par Ira P. Lapidus, d&rsquo;apr&egrave;s laquelle la higrah, la migration qui a conduit Mahomet de La Mecque &agrave; M&eacute;dine, c&rsquo;est-&agrave;-dire celle qui symbolise la supr&eacute;matie de &laquo; La Ville &raquo; par excellence (mad&icirc;na an-Nab&icirc;&rsquo; : la cit&eacute; du Proph&egrave;te), correspond bel et bien au passage de la vie b&eacute;douine (ou rurale) &agrave; la vie citadine. Cette migration signifierait, au sens le plus profond, le moment crucial, symbolique et fondateur, celui du passage du paganisme &agrave; l&rsquo;av&egrave;nement de l&rsquo;Islam , en tant que nouvelle religion monoth&eacute;iste (Lapidus, 1973 : 53). Une autre th&egrave;se assez r&eacute;pandue postule un rapport privil&eacute;gi&eacute; et presque univoque entre &laquo; la mosqu&eacute;e et la ville &raquo;, consid&eacute;rant la premi&egrave;re comme l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment fondamental de l&rsquo;organisation de la structure urbaine, de la vie sociale et &eacute;conomique de la cit&eacute;.&nbsp; Cela a &eacute;t&eacute; envisag&eacute;, par exemple, par J. Berque (1958 et 1984), mais avant lui, c&rsquo;est G. Mar&ccedil;ais (1945), qui avance ce postulat, affirmant explicitement que &laquo; la mosqu&eacute;e cr&eacute;e la cit&eacute; musulmane &raquo;.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; C&rsquo;est notamment le g&eacute;ographe allemand Eugen Wirth qui propose une lecture critique des divers auteurs qui ont port&eacute; leur r&eacute;flexion sur la ville arabo-musulmane. Wirth exprime ainsi son d&eacute;saccord aussi bien avec William Mar&ccedil;ais (1928, &laquo;L&rsquo;islamisme et la vie urbaine &raquo;) qu&rsquo;avec Georges Mar&ccedil;ais&nbsp; (1945, &laquo; La conception des villes dans l&rsquo;Islam &raquo;), pour la raison que ces auteurs attribuent &agrave; l&rsquo;Islam une dimension &eacute;minemment citadine, &eacute;difiant de la sorte un mod&egrave;le de ville musulmane. En synth&eacute;tisant leurs positions (i.e. : que la fondation urbaine serait due exclusivement &agrave; l&rsquo;action d&rsquo;un souverain ; et qu&rsquo;il n&rsquo;y a que dans un contexte citadin qu&rsquo;un Musulman peut mener une vie conforme aux prescriptions de l&rsquo;Islam), Wirth affirme que, de cela, &laquo; il r&eacute;sulte seulement que l&rsquo;Islam en tant que religion est &eacute;troitement li&eacute; &agrave; la ville. Mais, par contre, on ne peut nullement en conclure qu&rsquo;il existe un arch&eacute;type de ville islamique &raquo; (Wirth, 1982 : 194).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Wirth proc&egrave;de &eacute;galement &agrave; une &eacute;valuation critique des positions de divers autres auteurs, remarquant alors que &laquo; si dans de telles d&eacute;finitions de la &lsquo;ville islamique&rsquo; on remplace le mot &lsquo;mosqu&eacute;e&rsquo; par &lsquo;cath&eacute;drale&rsquo; ou &lsquo;&eacute;glise&rsquo;, le nombre des caract&eacute;ristiques cit&eacute;es s&rsquo;applique aussi aux villes traditionnelles de l&rsquo;Europe occidentale. Elles ne semblent donc gu&egrave;re aptes &agrave; caract&eacute;riser les traits particuliers des villes islamiques. On ne peut trouver de r&eacute;ponse au probl&egrave;me de la &lsquo;ville islamique&rsquo; que si on arrive &agrave; d&eacute;celer entre les villes d&rsquo;Afrique du Nord et de l&rsquo;Asie occidentale des caract&egrave;res communs que l&rsquo;on ne trouve qu&rsquo;ici et non dans les villes de l&rsquo;Antiquit&eacute; classique ou de l&rsquo;Europe m&eacute;di&eacute;vale &raquo; (Wirth, 1982). Wirth estime que la sp&eacute;cificit&eacute; se situe &agrave; d&rsquo;autres niveaux, L&rsquo;auteur avance ainsi la th&egrave;se selon laquelle &laquo; pour un g&eacute;ographe, le s&ucirc;q [march&eacute;] est m&ecirc;me la caract&eacute;ristique et le signe distinctif le plus frappant des villes de culture islamique. (&hellip;)&nbsp; Ainsi le s&ucirc;q est probablement le seul crit&egrave;re d&eacute;terminant de la ville du Moyen-Orient qui peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un h&eacute;ritage culturel de l&rsquo;Islam &raquo; (ibidem pp. 197-98).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; On constatera, toutefois, que m&ecirc;me E. Wirth n&rsquo;&eacute;chappe pas au pr&eacute;suppos&eacute; de devoir rep&eacute;rer et identifier &ndash; a fortiori &ndash; les caract&egrave;res distinctifs de la &laquo; ville orientale &raquo;, ou &laquo; d&rsquo;une ville arabe &raquo;, admettant ainsi la sp&eacute;cificit&eacute; urbaine de cette aire culturelle, quoique dans sa vision qui tend &agrave; s&eacute;culariser la ville dans l&rsquo;Islam.<br /> Sur le plan urbanistique et morphologique, il faut alors remarquer que la plupart des interpr&eacute;tations classiques de la ville musulmane ont mis en exergue un autre aspect saillant : l&rsquo;&laquo; anarchie &raquo; des tissus urbains. Ruelles en impasse, cul-de-sac et trac&eacute;s tortueux sont lus le plus souvent comme &eacute;tant le signe &eacute;vident d&rsquo;un &laquo; d&eacute;sordre &raquo; incompr&eacute;hensible des m&eacute;dinas et des anciens centres-villes. Ce d&eacute;sordre s&rsquo;opposerait formellement &agrave; un pr&eacute;tendu mod&egrave;le m&eacute;diterran&eacute;en d&rsquo;ordre issu de la tradition gr&eacute;co-latine, dont la ville dite europ&eacute;enne et occidentale (qui proc&egrave;derait elle-m&ecirc;me d&rsquo;une matrice m&eacute;diterran&eacute;enne) serait une r&eacute;alisation exemplaire, et par rapport auquel la ville musulmane est consid&eacute;r&eacute;e diff&eacute;rente. Le d&eacute;sordre devient ainsi un item recourant de celle que l&rsquo;on peut d&eacute;signer comme la figure de la divergence de&nbsp; la ville m&eacute;diterran&eacute;enne. Celle-ci n&rsquo;est pas que l&rsquo;apanage des orientalistes, mais&nbsp; elle a tendance &agrave; se jumeler avec une pr&eacute;sentation m&eacute;tahistorique des &laquo; villes musulmanes &raquo;.<br /> Nombre de chercheurs ont fermement contest&eacute; ce fait et se sont attach&eacute;s &agrave; d&eacute;mystifier, non sans difficult&eacute;s ou entraves acad&eacute;miques, ces opinions pr&eacute;con&ccedil;ues et couramment accr&eacute;dit&eacute;es.</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Le corollaire du d&eacute;sordre urbain entre ville musulmane et ville du Tiers Monde</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Force est de constater, au-del&agrave; des efforts d&eacute;ploy&eacute;s par nombre de chercheurs pour d&eacute;mystifier l&rsquo;id&eacute;e pr&eacute;con&ccedil;ue de l&rsquo;anarchie spatiale comme &eacute;tant un des caract&egrave;res sp&eacute;cifiques de la ville arabo-musulmane<sup>26</sup>, que cette id&eacute;e s&rsquo;est affirm&eacute;e telle une variable pertinente et ait pens&eacute;e comme &laquo; objective &raquo; de tout un genre de litt&eacute;rature scientifique. On la retrouve facilement dans une infinit&eacute; de descriptions et d&rsquo;analyses urbaines, en passant par Lavedan (1936), Birot (1953), De Planhol (1957 ; 1968), etc.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cependant un d&eacute;passement s&rsquo;op&egrave;re. Au cours des ann&eacute;es 1960, m&ecirc;me chez des g&eacute;ographes progressistes comme Michel Drain (Blanc, Drain, Kayser, 1967, 47), le clich&eacute; du &laquo; plan irr&eacute;gulier [que] &eacute;voque le plan des villes musulmanes aux nombreuses impasses &raquo; est adopt&eacute; pour d&eacute;crire les noyaux anciens des villes du Sud de l&rsquo;Espagne en l&rsquo;Andalousie (S&eacute;ville, Cordoue, Grenade). Tandis que dans le cas de Barcelone et de Madrid, ce plan est retenu comme &laquo; refl&egrave;t[ant] un accroissement par bourgeonnement de faubourgs qu&rsquo;une nouvelle enceinte englobe post&eacute;rieurement &raquo;. On comprend bien alors la persistance de ce st&eacute;r&eacute;otype, que l&rsquo;on retrouve jusque dans le texte de M.-A Roque (2001) sur L&rsquo;espace m&eacute;diterran&eacute;en latin, cit&eacute; plus haut. Et d&rsquo;ailleurs, toute une s&eacute;rie d&rsquo;ouvrages traitant du ph&eacute;nom&egrave;ne urbain dans le monde continuent (encore) de faire r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la &laquo; sp&eacute;cificit&eacute; &raquo; de ce mod&egrave;le et &agrave; son anarchie constitutive.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le corollaire du d&eacute;sordre urbain, d&rsquo;apr&egrave;s toutes les d&eacute;clinaisons morphologiques, &eacute;conomiques et sociales, est d&rsquo;ailleurs consubstantiellement li&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une autre taxonomie urbaine qui est celle de &laquo; la ville du Tiers-Monde &raquo; (ou encore de la ville &laquo; en d&eacute;veloppement &raquo; et/ou &laquo; du Sud &raquo;) (Cattedra, 2008). Tour &agrave; tour de nombreux g&eacute;ographes, &agrave; l&rsquo;instar de Pierre George, n&rsquo;h&eacute;siterons pas dans une d&eacute;marche r&eacute;gionaliste et fonctionnaliste &agrave; classer, entre la moiti&eacute; des ann&eacute;es 1950 et les ann&eacute;es 1980, des agglom&eacute;rations de la rive nord de la M&eacute;diterran&eacute;e telles que Barcelone, Lisbonne, Naples ou Ath&egrave;nes comme appartenant (ou du moins partiellement, selon certains caract&egrave;res) &agrave; la cat&eacute;gorie des villes sous-d&eacute;velopp&eacute;es ou du Tiers Monde, bien que situ&eacute;es en terre d&rsquo;Europe.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Au-del&agrave; de la raison classificatoire &agrave; base statistique, qui a, sinon fond&eacute;, au demeurant nourri, contribu&eacute; &agrave; instituer et &agrave; reproduire le partage du monde d&rsquo;o&ugrave; a &eacute;merg&eacute; cette derni&egrave;re cat&eacute;gorie, il faudrait retenir que le syst&egrave;me dans (et par) lequel se produit l&rsquo;&eacute;mergence et l&rsquo;institution d&rsquo;un champ et d&rsquo;une cat&eacute;gorie identifiable comme &laquo; la ville m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo; repose sur un autre ordre de crit&egrave;res et de discours, bien que, &agrave; partir des ann&eacute;es 1960-70, l&rsquo;item tiers-monde s&rsquo;y retrouve inscrit en tant qu&rsquo;&eacute;l&eacute;ment sous-jacent &agrave; la figure que l&rsquo;on a d&eacute;finie de la divergence<sup>27</sup>.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; N&eacute;anmoins, d&rsquo;un point de vue plus politique, le d&eacute;bat sous-jacent &agrave; la figure de la divergence, rel&egrave;ve plus explicitement du rapport entre la ville et l&rsquo;Etat.&nbsp; J&rsquo;en signalerai deux aspects. D&rsquo;une part, le fait que beaucoup d&rsquo;auteurs ont soulign&eacute; la dimension conflictuelle qui, sur la longue dur&eacute;e, fa&ccedil;onne les rapports entre la Ville et l&rsquo;Etat. En M&eacute;diterran&eacute;e, bien souvent, les villes sont n&eacute;es avant les Etats. Et les villes portuaires de la M&eacute;diterran&eacute;e ont &eacute;t&eacute; ainsi interpr&eacute;t&eacute;es dans l&rsquo;id&eacute;e de la reproduction du mod&egrave;le grec de la Cit&eacute;-Etat. Comme l&rsquo;affirme, dans une vis&eacute;e comparative A. Tosi, &laquo; l&rsquo;analyse du rapport entre ville et syst&egrave;me devient celle de l&rsquo;opposition entre autonomie urbaine et formation de l&rsquo;Etat moderne &raquo; (Tosi, 1987, p. 40). Ainsi, La forme politique de la Commune ou celle des Municipalit&eacute;s de l&rsquo;Europe m&eacute;di&eacute;vale et moderne a &eacute;t&eacute; adopt&eacute; comme &eacute;l&eacute;ment de comparaison pour montrer la sp&eacute;cificit&eacute; ou le retard, notamment en M&eacute;diterran&eacute;e, de la &laquo; cit&eacute; musulmane &raquo; par rapport &agrave; la ville europ&eacute;enne<sup>28</sup>.</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">4. Epreuves de recomposition : la r&eacute;surgence d&rsquo;une figure unitaire de matrice post-moderne</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Plut&ocirc;t que de l&rsquo;attribuer explicitement au savoir g&eacute;ographique, il me para&icirc;t que c&rsquo;est dans le domaine de l&rsquo;histoire et dans une approche culturaliste qu&rsquo;il conviendrait d&rsquo;inscrire le champ arch&eacute;typal et privil&eacute;gi&eacute; d&rsquo;apparition du paradigme de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne. Prise ensuite dans un tropisme opposant diverses modalit&eacute;s de cat&eacute;gorisation et de partage du monde &ndash; de la &laquo; ville europ&eacute;enne &raquo; ou &laquo; occidentale &raquo;, &agrave; &laquo; la ville arabo-musulmane ou orientale &raquo; et puis &agrave; &laquo; la ville du Tiers Monde &raquo;, &laquo; sous-d&eacute;velopp&eacute;e &raquo; (&laquo; en d&eacute;veloppement &raquo; ou &laquo; ville du Sud &raquo;) &ndash; la matrice pr&eacute;sum&eacute;e unitaire du mod&egrave;le de ville m&eacute;diterran&eacute;enne a eu tendance &agrave; se d&eacute;faire. Mais, de cette deuxi&egrave;me effigie, ax&eacute;e autour de figure de la divergence ou de la fracture, resurgit encore une fois l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un mod&egrave;le m&eacute;diterran&eacute;en commun, que plusieurs auteurs consid&egrave;rent comme postmoderne.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce dernier, tout en s&rsquo;inspirant d&rsquo;une id&eacute;alit&eacute; quelque peu mythologique, s&eacute;duite pourrait-on dire par le &laquo; fantasme romantique de la M&eacute;diterran&eacute;e &raquo; (Vieille, 1986), se rapproche d&rsquo;une part du cosmopolitisme historique m&eacute;diterran&eacute;en, et met en avant d&rsquo;autre part les valeurs de l&rsquo;informalit&eacute; dans toutes ses d&eacute;clinaisons : du march&eacute; noir &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie informelle, du m&eacute;lange des groupes sociaux au m&eacute;tissage &eacute;thique, musical et de la cuisine, de l&rsquo;animation de l&rsquo;espace public au d&eacute;sordre urbain, pour finir &agrave; la fragmentation des tissus des villes. En un mot, ces derni&egrave;res instances ne sont plus identifi&eacute;es comme des clich&eacute;s n&eacute;gatifs et de stigmatisation, mais &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; comme des ressources cr&eacute;atrices et positives. Un exemple en est, entre autres, la mise en exergue des effets territoriaux des nouveaux mouvements migratoires en M&eacute;diterran&eacute;e. Cette troisi&egrave;me figure redonne ainsi vie et souffle, mais sur d&rsquo;autres valeurs d&rsquo;usage et d&rsquo;autres valeurs id&eacute;ologiques, &agrave; la matrice primitive.<br /> Si l&rsquo;on suit l&rsquo;analyse de Robert Escallier (2001) sur les m&eacute;canismes de l&rsquo;informel dans les villes m&eacute;diterran&eacute;ennes, on per&ccedil;oit une articulation entre les syst&egrave;mes d&rsquo;organisation sociale et la transition vers un syst&egrave;me post-fordiste de l&rsquo;organisation du travail.&nbsp; Ce point, me semble renvoyer &agrave; deux horizons d&rsquo;interpr&eacute;tation encore actuels du mod&egrave;le de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne. Cela renvoie d&rsquo;une part &agrave; la question du sous-d&eacute;veloppement, et donc au crit&egrave;re de fondement&nbsp; de la cat&eacute;gorie ville du Tiers Monde ou du Sud, ce qui &eacute;tablit un lien syntactique entre M&eacute;diterran&eacute;e et sous-d&eacute;veloppement. D&rsquo;autre part, &agrave;&nbsp; une lecture post-moderniste de la M&eacute;diterran&eacute;e, avanc&eacute;e plus particuli&egrave;rement par Lila Leontidou&nbsp; (1993).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Il s&rsquo;agit d&rsquo;une post-modernit&eacute; qui serait fond&eacute;e alors sur un &eacute;ventail tr&egrave;s large de manifestations de l&rsquo;informel, comme on l&rsquo;a &eacute;voqu&eacute; : de certaines expressions artistiques &agrave; la production informelle ordinaire et &laquo; spontan&eacute;e &raquo; de l&rsquo;habitat urbain ; des pratiques architecturales non codifi&eacute;es par la modernit&eacute; (s&rsquo;opposant &agrave; la r&eacute;gularit&eacute;, &agrave; la continuit&eacute;, &agrave; l&rsquo;ordre et &agrave; la norme de la ville de la Modernit&eacute;) aux formes diasporiques des migrations ci-dessus rappel&eacute;es, et &agrave; leurs effets &laquo; ethniques &raquo; dans les villes ; et, certes, &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie dite informelle. Dans une telle perspective l&rsquo;informel ne serait donc pas un signe de la pr&eacute;-modernit&eacute; : en suivant ce raisonnement, les villes de la M&eacute;diterran&eacute;e auraient anticip&eacute; en quelque sorte le paradigme souple de la postmodernit&eacute;, plut&ocirc;t que d&rsquo;en &ecirc;tre investies de l&rsquo;ext&eacute;rieur.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Somme toute, la post-modernit&eacute; urbaine de la M&eacute;diterran&eacute;e s&rsquo;affirmerait selon une double vision : soit en lien direct avec un univers pr&eacute;-moderne, du fait que les villes m&eacute;diterran&eacute;ennes, &agrave; quelques exceptions pr&egrave;s, n&rsquo;auraient en principe pas connu la Modernit&eacute;<sup>29</sup> ; soit admettant que l&rsquo;informel qui caract&eacute;rise le syst&egrave;me des villes de la M&eacute;diterran&eacute;e &ndash; en ce qu&rsquo;il s&rsquo;oppose &agrave; la figure de la continuit&eacute; ordonn&eacute;e, par une pratique &laquo; anti-planificatoire &raquo; qui se manifeste dans le &laquo; spontan&eacute;isme &raquo; de la production de l&rsquo;habitat, dans le d&eacute;s-ordre territorial, mais aussi dans la production artistique, architecturale, culturelle, musicale &ndash; serait non tant une forme pre-moderne de production, mais aurait dans la M&eacute;diterran&eacute;e anticip&eacute; la transition post-fordiste, plut&ocirc;t que d&rsquo;en &ecirc;tre une cons&eacute;quence <sup>30</sup>. Ce d&eacute;bat reste tr&egrave;s actuel.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L&rsquo;expression de ce post-modernisme constituerait en d&eacute;finitive le retour ou &laquo; l&rsquo;&eacute;mancipation retrouv&eacute;e &raquo; d&rsquo;une culture (m&eacute;diterran&eacute;enne) consid&eacute;r&eacute;e comme subordonn&eacute;e et alternative (Leontidou, 1993). Une telle interpr&eacute;tation, attribuant une valeur positive et cr&eacute;atrice &agrave; l&rsquo;informalit&eacute;, semble rejoindre la figure du mod&egrave;le unitaire et universalisant de la ville M&eacute;diterran&eacute;enne<sup>31</sup>. On remarquera cependant, que sous l&rsquo;&eacute;nonciation d&rsquo;une figure unitaire se cache encore une pluralit&eacute; de d&eacute;finitions et de cat&eacute;gorisations qui continuent de composer et recomposer les figures id&eacute;elles et mat&eacute;rielles de ce que je d&eacute;finis comme un paradigme fondateur et vuln&eacute;rable.<br /> En fin de compte, comme l&rsquo;affirme Foucault, &laquo; si unit&eacute; il y a [ici, l&rsquo;unit&eacute; du paradigme de la ville m&eacute;diterran&eacute;enne], elle n&rsquo;est point dans la coh&eacute;rence visible et horizontale des &eacute;l&eacute;ments form&eacute;s ; elle r&eacute;side bien en de&ccedil;&agrave;, dans le syst&egrave;me qui rend possible et r&eacute;git leur formation &raquo; (Foucault, 1969 : 95). Si l&rsquo;on accepte &ndash; d&rsquo;apr&egrave;s cet auteur &ndash; &laquo; le principe de multiplicit&eacute; et de dispersion &raquo;, l&rsquo;on admettra alors que &laquo; l&rsquo;un des &eacute;l&eacute;ments ou plusieurs d&rsquo;entre eux [i.e. : la ville du Tiers Monde, la ville du Sud, la ville d&rsquo;Europe M&eacute;diterran&eacute;enne, la ville d&rsquo;Afrique du Nord, la ville orientale, la ville arabe, la ville musulmane, etc.] &ndash; peuvent demeurer identiques (conserver la m&ecirc;me d&eacute;coupe, les m&ecirc;mes caract&egrave;res, les m&ecirc;mes structures), mais appartenir &agrave; des syst&egrave;mes diff&eacute;rents de dispersion [la ville occidentale, la ville du Sud et, donc, finalement la ville m&eacute;diterran&eacute;enne] et relever de lois de formations distinctes &raquo; (Foucault, 1969 : 226).<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ainsi s&rsquo;est exprim&eacute;, dans un article intitul&eacute; &laquo; M&eacute;diterran&eacute;e et les villes de la M&eacute;diterran&eacute;e &raquo;, Roland Courtot, en pr&eacute;sentant en 2001 un bilan des travaux sur les villes parus dans la revue M&eacute;diterran&eacute;e, pour le num&eacute;ro sp&eacute;cial &laquo; 40 ans de g&eacute;ographie m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo; :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">&laquo; La lecture de ces nombreuses pages sur les villes m&eacute;diterran&eacute;ennes permet-elle de r&eacute;pondre &agrave; la question de savoir s&rsquo;il existe ou non un mod&egrave;le, un arch&eacute;type de &laquo; ville m&eacute;diterran&eacute;enne &raquo;, au sens o&ugrave; il existe, dans les manuels de g&eacute;ographie urbaine, une ville &laquo; europ&eacute;enne &raquo;, &laquo; am&eacute;ricaine &raquo;, &laquo; chinoise &raquo; ? Jusqu&rsquo;ici d&rsquo;ailleurs personne parmi les g&eacute;ographes ne s&rsquo;y est risqu&eacute;, m&ecirc;me si suffisamment de caract&egrave;res sp&eacute;cifiques ont &eacute;t&eacute; point&eacute;s pour que &laquo; la &raquo; ville m&eacute;diterran&eacute;enne existe au moins dans l&rsquo;imaginaire collectif &raquo;. (Courtot,&nbsp; 2001 : 37).</span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span georgia="" style="font-family:">Bibliographie</span></span></span></b></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;Abu-Lughood J., 1987, &laquo; The Islamic City Historic Myth, Islamic Essence, and Contemporary Relevance &raquo;, Journal of Middle East Studies, n&deg; 19, pp. 155-176.</p> <p>Anderson B., 1991,<em> Imagined Communities</em>, New York, Verso.</p> <p>Arnaud J-L., 1998, <em>Le Caire, mise en place d&rsquo;une ville moderne</em>, Paris, Sindbad-Actes Sud.</p> <p>Aymard M, 1985 [1977], &laquo; Espaces &raquo;, in : Braudel F. (ed.), <em>La M&eacute;diterran&eacute;e. 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C&rsquo;est-&agrave;-dire selon Foucault la mani&egrave;re dont un &laquo; &eacute;v&eacute;nement &raquo; s&rsquo;engendre &agrave; travers un processus auquel concourent discours, pratiques, id&eacute;ologies, institutions, actions contextualis&eacute;s dans l&rsquo;histoire et le social, si bien qu&rsquo;il trouve finalement ses &laquo; conditions&nbsp; d&rsquo;apparition &raquo; dans le pr&eacute;sent (Foucault, 1969).</p> <p>&nbsp;3. Sur les rapports entre ces deux notions du vocabulaire de Foucault, la premi&egrave;re utilis&eacute;e explicitement&nbsp; dans les titres de trois ouvrages jusqu&rsquo;au d&eacute;but des ann&eacute;es 1970, la seconde posant la question de la dispersion plut&ocirc;t que de la lin&eacute;arit&eacute;/continuit&eacute; de l&rsquo;apparition des objets dans l&rsquo;histoire, et de leur actualisation dans le pr&eacute;sent &agrave; la crois&eacute;e de plusieurs champs : l&rsquo;ontologie historique, le pouvoir, l&rsquo;&eacute;thique, voir Revel, 2002 ; Foucault, 1969 : 80.</p> <p>4. Cf. &agrave; ce propos : Sinarellis&nbsp; et Bourguet (1998),&nbsp; Deprest (2002), Cattedra, 2003 ;&nbsp; 2008 ; 2009.</p> <p>5. Toujours d&rsquo;apr&egrave;s le vocabulaire de Foucault, 1969 : 80.</p> <p>6. Muscar&agrave;, 1978 ; Villes en parall&egrave;le, n&deg;30-31 1978, Lefebvre, R&eacute;gulier, 1986 ; Leontidou, 1990 et 1993 ; Serra, 1993 ; Clementi, 1995 ; Doumenc, 1995 et 1997 ; Miossec, 1997 ; Troin, 1997 ; Vallat, 1998 ; Corna-Pellegrini 1998a, 1998b ; Voiron-Canicio, 1999 ; B&eacute;themont, 2000 ; Nicolet, Ilbert et Deapule, 2000 ; Moriconi-Ebrard, 2000 ; Escallier, et Ferrier &amp; Donaint, in Lozato-Giotart, 2001;&nbsp; Plan Bleu (Chaline,&nbsp; 2001 ; Moriconi, 2001) ; Escallier, 2002 ; Froment, in Borne, Scheibling, 2002 ; Carri&egrave;re, 2002. Je n&rsquo;ai pas retenu ici les travaux ne portant que sur &laquo; une partie &raquo; de l&rsquo;aire m&eacute;diterran&eacute;enne et qui s&rsquo;attachent &agrave; analyser plus particuli&egrave;rement les villes ou les ph&eacute;nom&egrave;nes urbains de telle ou telle sous-r&eacute;gion&nbsp; (Europe m&eacute;diterran&eacute;enne, Maghreb, Proche-Orient, Balkans etc), ni, les nombreux num&eacute;ros monographiques de revues et p&eacute;riodiques plus ou moins sp&eacute;cialis&eacute;s sur la M&eacute;diterran&eacute;e. A titre indicatif : M&eacute;diterran&eacute;e. Revue g&eacute;ographique des pays m&eacute;diterran&eacute;ens; Cahiers de la M&eacute;diterran&eacute;e; Rives nord-m&eacute;diterran&eacute;ennes; Espaces et territoires. Bulletin de la soci&eacute;t&eacute; languedocienne de g&eacute;ographie; Peuples M&eacute;diterran&eacute;ens; Villes en parall&egrave;le; Confluence M&eacute;diterran&eacute;e ; Nord e Sud ; Africa e Mediterraneo, puis Afriche e Orienti ; Civilt&agrave; del Mediterraneo ; M&eacute;diterran&eacute;ennes / Mediterraneans ; La pens&eacute;e du Midi&hellip;</p> <p>7. La Fondation Ren&eacute;-Seydoux a recens&eacute; en 1999, dans son R&eacute;pertoire m&eacute;diterran&eacute;en, 800 centres ou organismes, couvrant plus de 80 domaines des sciences humaines et sociales et des sciences appliqu&eacute;es ; parmi eux, ceux qui se consacrent &agrave; l&rsquo;architecture et &agrave; l&rsquo;urbanisme, &agrave; l&rsquo;am&eacute;nagement du territoire et &agrave; la g&eacute;ographie humaine ne sont pas moins de 150 en activit&eacute;, dans 43 pays.</p> <p>8. L&rsquo;Europe M&eacute;ridionale (I, 1875), La France (II, 1877), L&rsquo;Asie Ant&eacute;rieure (IX, 1884), L&rsquo;Afrique septentrionale (X et XI, 1885 et 1886) -, ainsi que dans des chapitres de son ouvrage pr&eacute;c&eacute;dent La Terre (II Vol : 1867-1868).</p> <p>9. Ce chapitre est constitu&eacute; d&rsquo;une vingtaine de pages (33-52) et est structur&eacute; en trois parties : I &ndash; &laquo; La forme et les eaux du bassin &raquo; ; II &ndash; &laquo; La faune, la p&ecirc;che et les salines &raquo; ; III &ndash; &laquo; Commerce et navigation &raquo;.</p> <p>10. Roncayolo &amp; Paquot, 1992 ; Pelletier Ph.&nbsp; 1999 ; Boino, 1999 ; Steele T., 1999.</p> <p>11. La lecture organiciste de Reclus tout en int&eacute;grant une interpr&eacute;tation &eacute;volutionniste (du village, &agrave; la ville, &agrave; la cit&eacute;), mais &ndash; faut-il le remarquer &ndash; qui est en relation avec l&rsquo;&eacute;volution de la &laquo; lutte des classes &raquo;, est adopt&eacute;e de mani&egrave;re ambivalente, &agrave; la fois comme figure m&eacute;taphorique du discours que comme paradigme d&rsquo;analyse. La vision ou le langage organiciste fa&ccedil;onnera n&eacute;anmoins le vocabulaire urbain durant tout le XXe si&egrave;cle, en adoptant &agrave; la fois la comparaison anthropomorphe de la ville, o&ugrave; ses parties seront d&eacute;clin&eacute;es en cellules, trames, organes (c&oelig;ur, poumons&hellip;], physiologique (circulation, flux), ou patologique (macroc&eacute;phalie, d&eacute;gradation physique, morale, cancer tentaculaire&hellip; ).</p> <p>12. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne &ndash; d&eacute;j&agrave; rep&eacute;r&eacute; dans son ouvrage La Terre (1869 : T.2 : 656), &agrave; propos de la descente vers la c&ocirc;te des villages de colline en Sicile ou d&rsquo;Espagne), est &eacute;voqu&eacute; en ces termes dans L&rsquo;Homme et la Terre (1905 : T V. 336) : &laquo; L&rsquo;appel du commerce et la r&eacute;pression de la piraterie ont chang&eacute; de place beaucoup de cit&eacute;s b&acirc;ties sur le littoral rocheux de la M&eacute;diterran&eacute;e. Jadis elles &eacute;taient perch&eacute;es sur d&rsquo;&acirc;pres collines et ceintes des murailles &eacute;paisses pour se d&eacute;fendre contre les seigneurs et les corsaires ; maintenant, elles sont descendues de leurs rocs et s&rsquo;&eacute;talent largement sur le bord de la mer : partout le borgo est devenu marina ; &agrave; l&rsquo;acropole succ&egrave;de le Pir&eacute;e &raquo;.</p> <p>13. Notamment : Istanbul, Salonique, La Valette, Venise, Marseille, Tanger, Le Caire, J&eacute;rusalem.</p> <p>14. Annales d&rsquo;Histoire Sociale, 11 janvier 1940 : 70.</p> <p>15.&nbsp; Braudel reprendra cette id&eacute;e dans d&rsquo;autres essaies : &laquo; La M&eacute;diterran&eacute;e, ce sont des routes de mer et de terre, li&eacute;es ensemble, des routes autant dire des villes, les modestes, les moyennes, et les plus grandes se tenant toutes par la main &raquo; (Braudel, 1985 [1977] : 76).</p> <p>16. &laquo; On voit combien les routes de M&eacute;diterran&eacute;e ont agrandi d&eacute;mesur&eacute;ment l&rsquo;espace exploit&eacute; par les villes et les marchands de la mer Int&eacute;rieure &raquo; (Braudel, 1985 [1977] : 79).</p> <p>17. Et cette vision, h&eacute;riti&egrave;re d&rsquo;un Elis&eacute;e Reclus trop souvent oubli&eacute;, nous la retrouvons encore, dans les termes suivants, chez M. Aymard : &laquo; Bien plus encore qu&rsquo;au climat, &agrave; la g&eacute;ologie, au relief, la M&eacute;diterran&eacute;e doit son unit&eacute; &agrave; un r&eacute;seau de villes et de bourgs pr&eacute;cocement constitu&eacute; et remarquablement tenace : c&rsquo;est autour de lui que s&rsquo;est construit l&rsquo;espace m&eacute;diterran&eacute;en, c&rsquo;est lui qui l&rsquo;anime et le fait vivre. Les villes ne naissent pas de la campagne, mais la campagne des villes, qu&rsquo;elle suffit &agrave; nourrir &raquo; (Aymard, 1985 [1977] : 194 : &laquo; Espaces&raquo;).</p> <p>18. M. Aymard ([1977], 1985: 203-04 : &laquo; Espaces&raquo;) d&eacute;veloppe ainsi cette id&eacute;e: &laquo; L&rsquo;urbanisme moderne est n&eacute; en M&eacute;diterran&eacute;e, dans la Gr&egrave;ce du Ve si&egrave;cle, avec Hippodamos de Milet, inventeur des plans en damiers. Il y a triomph&eacute; &agrave; chaque &eacute;poque de standardisation culturelle, o&ugrave; la reproduction syst&eacute;matique d&rsquo;un mod&egrave;le &eacute;tabli et jug&eacute; sup&eacute;rieur, prend sur le d&eacute;veloppement spontan&eacute; une sorte de revanche : la Gr&egrave;ce hell&eacute;nistique, Rome, la Renaissance et l&rsquo;&acirc;ge baroque, notre monde contemporain. Plus que des n&eacute;cessit&eacute;s fonctionnelles, haussmanniennes avant la lettre, il y proclame la pleine transparence&nbsp; de l&rsquo;espace habit&eacute; par les hommes : la victoire de l&rsquo;ordre sur le signe de l&rsquo;esprit &raquo;.</p> <p>19. L&rsquo;expression est de F. Farinelli (2003 : 132 &sect; &laquo; Tra mito e archetipo : che cos&rsquo;&egrave; una citt&agrave; &raquo;).</p> <p>20. Table ronde &laquo; Penser la M&eacute;diterran&eacute;e : des mythes aux enjeux actuels &raquo;, Xe Universit&eacute; d&rsquo;&eacute;t&eacute; du Conseil Fran&ccedil;ais des Urbanistes en 2005 (CERTU, 2006).</p> <p>21. Sur la lingua franca en M&eacute;diterran&eacute;e voir Dakhlia, 2008.</p> <p>22. &laquo; Tout le monde le dit, tout le monde sait que les &laquo; premi&egrave;res civilisations &raquo; sont n&eacute;es dans la M&eacute;diterran&eacute;e orientale du Proche-Orient &raquo; (Braudel, 1985 [1977] : 83 : L&rsquo;Aube&raquo;).</p> <p>23. Le &laquo; foyer &raquo; constitue d&rsquo;ailleurs le deuxi&egrave;me des sept &laquo; mod&egrave;les de M&eacute;diterran&eacute;e &raquo; propos&eacute;s par Roger Brunet&nbsp; (1995) : 1 &laquo; le lac &raquo;, 3 &laquo; le d&eacute;troit &raquo;, 4 &laquo; l&rsquo;isthme &raquo;, 5 &laquo; les croissants &raquo;, 6 &laquo; la barri&egrave;re &raquo;, 7 &laquo; le chott &raquo;. Ces figures repr&eacute;sentent pour Brunet des &laquo; situations th&eacute;oriques &raquo; qui &eacute;mergent de l&rsquo;analyse g&eacute;opolitique des relations entre les structures territoriales de la M&eacute;diterran&eacute;e.</p> <p>24. Braudel &eacute;crit que &laquo; la civilisation [&hellip;] n&rsquo;est pas seulement une religion, bien que celle-ci soit au c&oelig;ur de tout syst&egrave;me culturel, elle est un art de vivre, des milliers d&rsquo;attitudes qui se r&eacute;p&egrave;tent &raquo; (Braudel, 1985 : 164&nbsp; [1977] ) ; dans ses derniers ouvrages il accordera un r&ocirc;le important au monde ph&eacute;nicien, &agrave; la suite des r&eacute;sultats des fouilles arch&eacute;ologiques conduites dans les ann&eacute;es 1960-70 et aux travaux de S. Moscati, mettant en &eacute;vidence la concurrence de ces derniers avec les Grecs (cf. aussi 1998). Mumford (1961) rappelle par ailleurs comment s&rsquo;est construit le mythe et le r&ocirc;le pr&eacute;tendu sup&eacute;rieur de la polis grecque au cours du XIXe aux d&eacute;pens d&rsquo;autres civilisations contemporaines comme celle de l&rsquo;Egypte antique.</p> <p>25. Voir &agrave; propos : Roussillon, 1990.</p> <p>26. D. Chevalier, encore &agrave; la fin des ann&eacute;es 1970, s&rsquo;effor&ccedil;ait de convaincre qu&rsquo;&laquo; une v&eacute;ritable organisation urbaine existe dans les pays arabes ; elle a &eacute;t&eacute; impos&eacute;e par le corps social et par la vie de celui-ci &raquo;. (Chevallier, 1979b : 8 ; 1972).</p> <p>27. A titre d&rsquo;exemple on rappellera les d&eacute;bats qui ont anim&eacute; le premier colloque consacr&eacute; aux &laquo; Capitales et m&eacute;tropoles m&eacute;diterran&eacute;ennes &raquo;, dont les actes furent &eacute;dit&eacute;s par la revue Villes en Parall&egrave;le en 1978 (n&deg; 30-31), et qui avait vu la participation de nombre de g&eacute;ographes et d&rsquo;urbanistes de renomm&eacute;e. Il est utile de remarquer outre la r&eacute;f&eacute;rence aux th&eacute;ories &eacute;conomiques&nbsp; &laquo; centre vs p&eacute;riph&eacute;rie &raquo;, le discours de Guy Burgel qui met en exergue l&rsquo;id&eacute;e des &laquo; analogies &raquo; entre les formes de croissance &laquo; des capitales de la M&eacute;diterran&eacute;e septentrionale &raquo; et de celles des &laquo; pays moins d&eacute;velopp&eacute;s &raquo;. Cette relation pose ainsi la question de la filiation et de la r&eacute;ciprocit&eacute; des interrogations entre le Tiers Monde et le Monde m&eacute;diterran&eacute;en &ndash; ce dernier g&eacute;n&eacute;ralement d&eacute;nomm&eacute; &laquo; bassin &raquo; au cours des d&eacute;bats. Ensuite il s&rsquo;agit de consid&eacute;rer la question du &laquo; mod&egrave;le &raquo;, &eacute;voqu&eacute;e &agrave; plusieurs reprises. Ainsi, dans la conclusion du colloque, Pierre George d&eacute;clare, quant &agrave; lui, que l&rsquo;ensemble des &laquo; caract&eacute;ristiques &raquo; soulign&eacute;es au cours de la rencontre (faiblesse des r&eacute;seaux urbains, enlisement des d&rsquo;investissements et faiblesse de l&rsquo;industrialisation, origine fonci&egrave;re de la classe dirigeante, fluidit&eacute; de la classe moyenne et reproduction du sous-prol&eacute;tariat) &laquo; &eacute;voquent incontestablement les probl&egrave;mes structurels des villes d&rsquo;Am&eacute;rique latine &raquo;. (Compte rendu des discussions du colloque in Bulletin de l&rsquo;Association des G&eacute;ographes Fran&ccedil;ais, n&deg; 454, 1978 : 247 et 255).</p> <p>28. Pour une critique de cette posture cf. Abu-Loghood, 1987.</p> <p>29. Cette id&eacute;e, souvent admise pour interpr&eacute;ter le retard ou l&rsquo;absence de l&rsquo;industrialisation, voire le sous-d&eacute;veloppement des villes du m&eacute;diterran&eacute;ennes (dans la figure de la divergence), doit &ecirc;tre bien nuanc&eacute;e, car un plusieurs d&rsquo;entre-elles ont connu dans les d&eacute;cennies &agrave; cheval entre le XIXe et le XXe si&egrave;cles des transformations et d&rsquo;importantes op&eacute;rations d&rsquo;urbanisme exp&eacute;rimentales et modernes, comme le montrent plusieurs travaux sur le Caire (Arnaud, 1998), Naples (Parisi, 2003), Barcelone (Cerd&agrave;), Marseille, Alexandrie (Ilbert, 1996), voire Alger, ou Casablanca (Cattedra, 1990).</p> <p>30. Ces th&egrave;ses, notamment la deuxi&egrave;me, sont avanc&eacute;es par des auteurs comme L. Leontidou (1990 ; 1993) ou C. Minca (2004, 2005) ; voir &agrave; ce propos : Coppola, 1996 ; Porcaro (2005 : 118-121) ; Lamberti (2004), Borghi (2008), Chambers (2007). Elles s&rsquo;inscrivent plus r&eacute;cemment dans les approches des &eacute;tudes post-coloniales de matrice anglo-saxonne.</p> <p>31. On signalera, &agrave; titre d&rsquo;exemple et de mani&egrave;re non exhaustive, les diverses interpr&eacute;tations de : Muscar&agrave;, 1978 ; Lefebre &amp; R&eacute;gulier 1986 ; Clementi, 1995 ; Kayser, 1996 ; Troin 1997 ; Cornna-Pellegrini, 1998 ; Nicolet, Ilbert, Depaule, 2000 ; Escallier, 2001 ;&nbsp; Chaline, 2001 ; Carri&egrave;re, 2002 ; Crozat, Viala, Volle, 2006 ; Viganoni, 2007.</p>