<div> <p style="text-align: right;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Mes pieds touchent la terre mais je ne la reconnais plus !<br /> Je suis rest&eacute;e celle que j&#39;&eacute;tais.<br /> Un vase rempli d&#39;un savoir qui n&#39;est pas le mien.&quot;<br /> Pier Paolo Pasolini, <em>M&eacute;d&eacute;e</em></span></span></span></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Nombreuses sont les &eacute;pist&eacute;mologies et les &eacute;tudes f&eacute;ministes qui affirment que&nbsp; l&#39;&eacute;volution du &#39;contr&ocirc;le&#39; masculin, tout au long de l&#39;histoire n&#39;a pas pu avoir lieu sans un contr&ocirc;le infaillible sur les connaissances et les savoirs des femmes. Pendant le XVIe si&egrave;cle, les femmes en Europe &eacute;taient totalement exclues de la pratique de la m&eacute;decine et de la gu&eacute;rison. Les sages-femmes, par exemple, couraient le risque d&#39;&ecirc;tre accus&eacute;es de sorcellerie. Le &#39;paradigme&#39; masculin a toujours pr&eacute;tendu d&eacute;tenir les secrets de la &#39;science&#39; et du &#39;d&eacute;veloppement&#39; tout en excluant violemment les connaissances des femmes et des cultures paysannes et tribales. La <em>chasse aux sorci&egrave;res</em> a &eacute;t&eacute; le premier exemple de criminalisation de la connaissance f&eacute;minine.&nbsp; Aujourd&#39;hui, ce ph&eacute;nom&egrave;ne, bien que dissimul&eacute; sous d&#39;autres aspects, continue. Lib&eacute;r&eacute;es du contr&ocirc;le de l&rsquo;&Eacute;glise catholique qui les diabolisait, les femmes occidentales avaient finalement la possibilit&eacute; de se r&eacute;concilier avec leurs corps et avec leur f&eacute;minit&eacute;. Pourtant, en disparaissant, le pouvoir religieux a laiss&eacute; place &agrave; un nouveau moyen de contr&ocirc;le des masses, et en particulier, des femmes&nbsp;: <em>le progr&egrave;s</em>. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">La <em>m&eacute;dicalisation des ph&eacute;nom&egrave;nes naturels</em> chez la femme comme l&#39;accouchement, la fertilit&eacute;, la m&eacute;nopause, provoque une sorte de &#39;m&eacute;canisation&#39; du corps f&eacute;minin qui devient un &#39;outil&#39; g&eacute;r&eacute; enti&egrave;rement par les experts. Ainsi, les femmes enceintes ne sont plus consid&eacute;r&eacute;es comme l&#39;origine de la r&eacute;g&eacute;n&eacute;ration humaine, mais comme la mati&egrave;re premi&egrave;re &agrave; partir de laquelle il faut &#39;extraire&#39; le produit. &quot;Les ventres des femmes sont r&eacute;duits &agrave; de simples &#39;conteneurs&#39;&quot;, affirme Vandana Shiva (1992, p. 115)</span><span style="color:#000099;">.&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Le lien organique direct est remplac&eacute; par des connaissances &eacute;tablies par des hommes et par des machines. Par exemple, gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;&eacute;chographie, les docteurs pr&eacute;tendent offrir &agrave; la m&egrave;re une opportunit&eacute; exclusive de &#39;rencontrer&#39; son futur b&eacute;b&eacute;, de communiquer avec lui, de cr&eacute;er un lien affectif avec lui avant sa naissance. Cette vision purement patriarcale exclut violemment le don &#39;naturel&#39; de la femme et l&#39;essence m&ecirc;me de l&#39;acte de la procr&eacute;ation qui est pourtant bas&eacute; sur un rapport authentique et naturellement pr&eacute;&eacute;tabli entre la m&egrave;re et son enfant. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Aujourd&#39;hui, partout dans le monde, les femmes qui refusent de consid&eacute;rer leurs corps comme de simples machines manipulables par la science sont stigmatis&eacute;es et consid&eacute;r&eacute;es comme &#39;sous-d&eacute;velopp&eacute;es&#39;. Employ&eacute;es dans les postes de travail &agrave; risque, les femmes sont soumises &agrave; des op&eacute;rations de st&eacute;rilisation chirurgicale pour pouvoir maintenir leurs postes au sein de l&#39;entreprise. Cette proc&eacute;dure dont le slogan est &#39;la protection de la vie humaine&#39;,&nbsp; mis &agrave; part la destruction irr&eacute;versible de la fertilit&eacute; de la femme, sugg&egrave;re aussi l&#39;id&eacute;e que ce qui est potentiellement dangereux pour le f&oelig;tus ne l&#39;est pas pour la m&egrave;re. Cette logique invite &agrave; contr&ocirc;ler les corps des femmes au lieu de trouver des solutions pour limiter les substances nocives.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Submerg&eacute; par tant de progr&egrave;s, le f&eacute;minisme peut-il encore proposer des solutions &#39;alternatives&#39;&nbsp;? Apr&egrave;s le f&eacute;minisme marxiste et le f&eacute;minisme lib&eacute;ral, peut-on proposer &agrave; la femme contemporaine un nouvel &eacute;quilibre, bas&eacute; sur des valeurs diff&eacute;rentes de celles propos&eacute;es par les id&eacute;ologies masculines&nbsp;? L&#39;&eacute;cof&eacute;minisme peut-il r&eacute;inscrire l&#39;identit&eacute; f&eacute;minine dans un contexte non androcentrique ni anthropocentrique&nbsp;? </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">&nbsp;La psychologie des femmes entre globalisation et &eacute;thique </span></span></span></strong></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Lina Mangiacapra, du groupe f&eacute;ministe napolitain Le Nemisiache (Les n&eacute;m&eacute;siaques), se comparait &agrave; une sorci&egrave;re :&quot; Je continue &agrave; voler, &agrave; chevaucher mon balai, je ne suis pas (l&#39;) homme.&quot; Dans les ann&eacute;es soixante-dix, des femmes italiennes r&eacute;clamaient&nbsp; un salaire pour le travail domestique</span><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span style="color:#000099;">[1]</span></a><span style="color:#000000;">. Elles furent accus&eacute;es par les f&eacute;ministes radicales de vouloir accentuer la division sexuelle du travail et l&#39;isolement des femmes au foyer en les cat&eacute;gorisant comme des &#39;m&eacute;nag&egrave;res&#39;. Tout en accusant les femmes au foyer d&#39;assurer &quot;la transmission des id&eacute;ologies conservatrices destin&eacute;es &agrave; perp&eacute;tuer la hi&eacute;rarchie &eacute;conomique et la hi&eacute;rarchie sexuelle&quot; &nbsp;(Biancamaria, 1976, p. 27)</span><span style="color:#000000;">, ces f&eacute;ministes estimaient que le travail exerc&eacute; par les femmes ne pouvait &ecirc;tre reconnu qu&#39;en ins&eacute;rant celles-ci dans la &#39;sph&egrave;re publique&#39; du travail, et donc au sein du syst&egrave;me du march&eacute;.&nbsp; Ce mouvement, qui se voulait en pol&eacute;mique avec la position &eacute;mancipatrice typique des f&eacute;ministes de l&#39;&eacute;poque, notamment celle de l&#39;urgence de l&#39;insertion professionnelle de la femme, fut tr&egrave;s vite &eacute;touff&eacute;.&nbsp; L&#39;oppression des femmes est-elle alors le produit de facteurs &quot;structurels&quot;, c&#39;est &agrave; dire &eacute;conomiques ou &quot;superstructurels&quot; c&#39;est &agrave; dire culturels ? La condition sociale des femmes est-elle d&eacute;termin&eacute;e par leur classe ou par leur genre ?</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Les f&eacute;ministes qui pr&ecirc;chent les effets &#39;lib&eacute;rateurs&#39; de la science moderne sur les corps des femmes semblent oublier que les m&eacute;decines traditionnelles consid&eacute;raient l&#39;&ecirc;tre humain comme une <em>entit&eacute; terrestre et cosmique</em>, un tout indissociable, tangible et intangible, physique et psychique, et donc &eacute;motionnel. Face &agrave; cette complexit&eacute; &#39;originaire&#39;, le scientisme a toujours proc&eacute;d&eacute; par &quot;simplification m&eacute;caniste&quot; (Rabhi, 2005, p. 239)</span><span style="color:#000099;">.</span><span style="color:#000000;"> Aujourd&#39;hui, les f&eacute;ministes lib&eacute;rales font l&rsquo;&eacute;loge des acquis sociaux de leur &eacute;mancipation et proposent &agrave; ces femmes paysannes&nbsp; de &#39;prendre leur destin en main&#39; en ayant recours &agrave; des m&eacute;thodes contraceptives pour &eacute;chapper &agrave; la domination du M&acirc;le et sauver la plan&egrave;te. Mais ont-elles r&eacute;ellement consid&eacute;r&eacute; la position &#39;moins privil&eacute;gi&eacute;e&#39; des femmes du Sud dans les hi&eacute;rarchies socio-&eacute;conomiques et dans les rapports de race&nbsp;? Pour reprendre les termes de Serge Latouche&nbsp;; ont-elles consid&eacute;r&eacute; le fait que ce projet &laquo;d&eacute;veloppementiste&raquo; ne puisse pas &ecirc;tre &laquo;&nbsp;universalisable&raquo; car il ob&eacute;it &agrave; des valeurs comme le progr&egrave;s, l&rsquo;universalisme, la ma&icirc;trise de la nature, la <em>rationalit&eacute; quantifiante</em>, qui ne sont justement pas universelles</span><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span style="color:#000099;">[2]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;?</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">&nbsp;Dans un livre intitul&eacute; <em>Une voix diff&eacute;rente: pour une &eacute;thique du care</em>,&nbsp; publi&eacute; en 1987, la psychologue am&eacute;ricaine Carol Gilligan</span><a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span style="color:#000099;">[3]</span></a><span style="color:#000000;"> se sert d&#39;arguments psychanalytiques pour d&eacute;montrer l&#39;incoh&eacute;rence du discours f&eacute;ministe lib&eacute;ral, bas&eacute; sur des th&eacute;ories de &quot;psychanalyse g&eacute;n&eacute;rale&quot;, avec la nature du &#39;care&#39; propre &agrave; la femme. Selon elle, le processus du d&eacute;veloppement de la personnalit&eacute;, les constructions pulsionnelles et psychiques, le rapport &agrave; l&#39;attachement, &agrave; l&#39;intimit&eacute;, &agrave; la s&eacute;paration et &agrave; la violence sont compl&egrave;tement et naturellement diff&eacute;rents chez les deux sexes. L&#39;&eacute;thique du <em>care </em>s&#39;est construite contre le mod&egrave;le dominant de la philosophie politique et morale contemporaine selon lequel les &ecirc;tres humains sont isol&eacute;s, ind&eacute;pendants et seule la confrontation raisonn&eacute;e serait &agrave; l&#39;origine du lien social (Laugier, 2015, p. 129)</span><span style="color:#000099;">.</span><span style="color:#000000;">&nbsp;La philosophie du<em> care</em> pose une question fondamentale que le f&eacute;minisme classique a ignor&eacute;e : &laquo;Pourquoi la voix morale dominante (masculine) est prise comme r&eacute;f&eacute;rence morale ? &raquo;&nbsp;<em>(ibid.).</em>&nbsp;L&rsquo;ind&eacute;pendance, la justice, la raison, l&#39;autonomie, l&#39;individualisme, le d&eacute;tachement et bien d&#39;autres expressions de l&#39;&eacute;thique masculine ont toujours &eacute;t&eacute; prises comme mod&egrave;les &agrave; suivre pour &laquo;l&#39;ascension&raquo; de la femme dans la soci&eacute;t&eacute;. Les exp&eacute;riences de la psychologue Carol Gilligan aupr&egrave;s de jeunes filles et de jeunes gar&ccedil;ons montrent que ces cognitions &eacute;voluent diff&eacute;remment chez les deux sexes. Et c&#39;est justement cela qui a toujours permis &agrave; l&#39;humanit&eacute; de maintenir son &eacute;quilibre entre le priv&eacute; et le public, le g&eacute;n&eacute;ral et le particulier, le d&eacute;ontologique et l&#39;important, le moral et le politique. A partir d&rsquo;une analyse approfondie du rapport entre le &#39;moi&#39; et le monde ext&eacute;rieur, g&eacute;n&eacute;ralis&eacute; chez Freud pour les deux sexes, Gilligan d&eacute;couvre que la perception de la &#39;morale&#39;&nbsp; est justifi&eacute;e chez les hommes par une &eacute;thique de &#39;droits&#39; tandis qu&#39;elle repose chez les femmes&nbsp; sur une &eacute;thique du &lsquo;<em>care</em>&rsquo;</span><a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span style="color:#000099;">[4]</span></a><span style="color:#000000;">. En effet, il semble que les hommes et les femmes vivent les exp&eacute;riences d&#39;attachement et de s&eacute;paration de diff&eacute;rentes mani&egrave;res&nbsp; et que chaque sexe per&ccedil;oit un danger l&agrave; o&ugrave; l&#39;autre n&#39;en voit pas : les hommes lorsqu&#39;il y a des liens et les femmes lorsqu&#39;il y a&nbsp; s&eacute;paration (Gilligan, 1986, p. 76)</span><span style="color:#000000;">. Gilligan explique notamment que les &#39;sch&eacute;mas&#39; psychanalytiques de &quot;la morale, de la culture et du bonheur&quot; (ibid., p. 83)&nbsp;</span><span style="color:#000000;">&eacute;tablis par Freud, Piaget et bien d&#39;autres ne prennent pas en consid&eacute;ration les &#39;exp&eacute;riences&#39; proprement f&eacute;minines et en suppriment donc la l&eacute;gitimit&eacute;.&nbsp;Dans <em>Malaise dans la civilisation </em>(1930), Freud consid&egrave;re le &quot;d&eacute;tachement du &#39;moi&#39; par rapport au monde ext&eacute;rieur&quot;, que Gilligan a constat&eacute; chez les jeunes gar&ccedil;ons, comme une tendance vers l&#39;agressivit&eacute;. En affirmant que cette agressivit&eacute;, qui est &quot;la base de tous les rapports d&#39;affection et d&#39;amour entre les personnes, est une manifestation de la &quot;peur de l&#39;attachement&quot;, Gilligan rejoint la conclusion de Freud (ibid., p. 73)</span><span style="color:#000000;">. Celui-ci reconna&icirc;t, n&eacute;anmoins, qu&#39;il existe un &eacute;tat mental qui fait exception &agrave; sa r&egrave;gle concernant les rapports humains bas&eacute;s essentiellement sur l&#39;agressivit&eacute; : celui de la m&egrave;re vers son enfant. La psychanalyse s&#39;est content&eacute;e de signaler cette <em>exception</em> qui semble pourtant remettre en question toute la th&eacute;orie psychanalytique des rapports humains. D&#39;ailleurs, la psychanalyse ne pourrait nier l&#39;influence fondamentale du r&ocirc;le maternel dans les comportements et la construction psychique de l&#39;enfant.&nbsp;Les femmes ont-elles &eacute;t&eacute;, &agrave; ce point, d&eacute;laiss&eacute;es par la psychanalyse ? Cette &quot;exception&quot; ne pourrait-elle pas constituer la base d&#39;une psychologie f&eacute;minine qui n&#39;ob&eacute;it plus &agrave; des th&eacute;ories sugg&eacute;r&eacute;es et appliqu&eacute;es par et sur des hommes ? La femme ne pourrait-elle pas avoir une psychologie qui &eacute;mane de sa propre exp&eacute;rience mentale et non pas des divers fantasmes masculins sur la &laquo;&nbsp;psychologie f&eacute;minine&nbsp;&raquo; ? </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les femmes non occidentales, encore &agrave; l&#39;abri, socialement, d&#39;une telle identification absolue dans le comportement masculin, ne peuvent se d&eacute;tacher de leur r&ocirc;le f&eacute;minin traditionnel. Toutefois, cette situation les rend incapables d&#39;adopter un jugement moral ou un choix qui &eacute;mane de leurs propres convictions et qui puisse justifier leurs actes. Une telle st&eacute;rilit&eacute; d&#39;entreprendre des choix s&#39;explique, selon Gilligan, par l&#39;incertitude quant &agrave; leur &#39;droit&#39; de faire ces choix. R&eacute;alis&eacute;s pendant les ann&eacute;es soixante et soixante-dix, les tests effectu&eacute;s par Gilligan sur des jeunes femmes am&eacute;ricaines expliquent la r&eacute;alit&eacute; psycho-sociale v&eacute;cue par les femmes non occidentales aujourd&#39;hui : </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Quand les femmes se sentent exclues des activit&eacute;s de la soci&eacute;t&eacute; auxquelles elles ne peuvent pas participer directement, elles se voient soumises &agrave; un consensus o&ugrave; &agrave; un jugement fait et appliqu&eacute; par les hommes, dont d&eacute;pend leur protection, leurs moyens d&#39;existence et leur identit&eacute;, car elles sont connues par le nom de ces hommes (ibid., p. 110-1)</span><span style="color:#000000;">.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&#39;id&eacute;e de l&#39;existence d&#39;une classe homog&egrave;ne de femmes, d&#39;une oppression universelle et d&#39;une lutte commune a &eacute;t&eacute; critiqu&eacute;e par le Black feminism et le f&eacute;minisme postcolonial. Ces derniers revendiquent la n&eacute;cessit&eacute; de reconna&icirc;tre les divergences des parcours historiques, des int&eacute;r&ecirc;ts politiques, et surtout l&rsquo;existence de plusieurs fa&ccedil;ons de d&eacute;finir l&rsquo;&eacute;mancipation ou la lib&eacute;ration de la femme. Ces th&eacute;ories posent une question fondamentale : comment penser la domination de genre sans l&rsquo;isoler des autres rapports sociaux de pouvoir ? Existent-ils justement d&#39;autres issues pour le f&eacute;minisme&nbsp;? </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le f&eacute;minisme postcolonial appelle &agrave; &#39;d&eacute;coloniser&#39; le f&eacute;minisme occidental en remettant en cause une d&eacute;finition ethnocentrique du sujet politique du f&eacute;minisme et un mod&egrave;le unique d&#39;&eacute;mancipation pr&eacute;sent&eacute; par les f&eacute;ministes des pays industrialis&eacute;s comme une avant-garde &eacute;clair&eacute;e pour les femmes du sud. Les f&eacute;ministes occidentales ont toujours pr&eacute;sent&eacute; le travail salari&eacute; comme un moyen infaillible d&#39;&eacute;mancipation f&eacute;minine. Or, beaucoup de femmes noires et indig&egrave;nes, que ce soit dans l&#39;agriculture pendant l&rsquo;esclavage ou comme domestiques chez les familles blanches, ont toujours travaill&eacute;. Pour ces femmes-l&agrave;, le message lanc&eacute; par les f&eacute;ministes occidentales et destin&eacute;, en th&eacute;orie, &agrave; toutes les femmes, ne prend pas en consid&eacute;ration leur particularit&eacute; et le fait que, pour elles, il est difficile de consid&eacute;rer le travail salari&eacute; comme un moyen susceptible de les &eacute;manciper. En outre, pour ces f&eacute;ministes occidentales, acc&eacute;der &agrave; l&#39;&eacute;galit&eacute; avec les hommes consistait surtout dans la participation des femmes &agrave; la vie publique. La pr&eacute;sence &#39;physique&#39; de la femme, dans chaque lieu o&ugrave; sont pr&eacute;sents les hommes, &eacute;tait per&ccedil;ue comme la condition pr&eacute;alable &agrave; toute &eacute;mancipation. Elles ont ainsi mesur&eacute; le statut et le pouvoir des femmes dans les soci&eacute;t&eacute;s non occidentales selon le degr&eacute; d&rsquo;acc&egrave;s des femmes &agrave; la sph&egrave;re publique et la mixit&eacute; entre les sexes. Il &eacute;tait donc difficile pour elles d&#39;envisager que ces femmes pouvaient jouir d&#39;une autre forme de pouvoir tout en vivant dans la non-mixit&eacute; avec les hommes. Les femmes arabes, par exemple, paysannes, tribales ou appartenant aux couches urbaines populaires, qui constituaient la majorit&eacute; &eacute;crasante de la population musulmane f&eacute;minine au XIXe si&egrave;cle, exer&ccedil;aient une activit&eacute; &eacute;conomique. Par ailleurs, en &Eacute;gypte, leur activit&eacute; &eacute;conomique &eacute;tait soutenue par les r&eacute;seaux locaux et informels des femmes plus ais&eacute;es. Ces r&eacute;seaux ont &eacute;t&eacute; d&rsquo;ailleurs largement affaiblis suite &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration centralisatrice de l&rsquo;&eacute;conomie &eacute;gyptienne au march&eacute; europ&eacute;en. Au dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle et contrairement &agrave; leurs homologues europ&eacute;ennes, les musulmanes restaient propri&eacute;taires de leurs biens et continuaient de les contr&ocirc;ler apr&egrave;s le mariage. Les femmes ais&eacute;es ne sortaient certes pas de chez elles du fait de leur rang social, mais interagissaient avec la soci&eacute;t&eacute;, y compris avec les producteurs et les commer&ccedil;ants. La pr&eacute;sence de ces femmes &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur du foyer &eacute;tait assur&eacute;e par leur participation &agrave; la vie caritative : la construction des fontaines, l&rsquo;&eacute;tablissement des &eacute;coles religieuses ou des bains publics qui portaient leurs noms. Il s&rsquo;agissait donc d&rsquo;une autre pratique &agrave; travers laquelle les identit&eacute;s des femmes entraient dans l&rsquo;espace public.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">En r&eacute;alit&eacute;, le mod&egrave;le lib&eacute;ral de l&#39;&eacute;mancipation des femmes occidentales ne peut pas &ecirc;tre appliqu&eacute; aux femmes du Sud car, mis &agrave; part les obstacles &eacute;conomiques, religieux et sociaux, la conscience m&ecirc;me des femmes est incapable d&#39;adopter un tel cheminement.&nbsp; A cause de l&#39;absence de la libert&eacute; de choix, de la peur des risques et des responsabilit&eacute;s morales et sociales que leurs d&eacute;cisions pourraient comporter, les femmes &#39;d&eacute;pendantes&#39; des hommes vivent constamment dans la peur d&#39;&ecirc;tre abandonn&eacute;es socialement et &eacute;conomiquement. Leur seul d&eacute;sir est, selon la psychologie du<em> care</em>, &quot;celui de plaire&quot;. Mais &quot;en &eacute;change de leur bont&eacute;, elle s&#39;attendent &agrave; &ecirc;tre aim&eacute;es et entour&eacute;es d&#39;attentions. D&#39;o&ugrave; leur d&eacute;vouement &agrave; s&#39;occuper et &agrave; prot&eacute;ger leur entourage (ibid., p. 112)</span><span style="color:#000000;">&quot;. Gilligan voit dans cette innocence qui caract&eacute;rise le rapport de ces femmes au monde un altruisme intrins&egrave;que que les femmes d&eacute;veloppent de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration. Cet &quot;altruisme en p&eacute;ril&quot;, comme le d&eacute;crit l&#39;auteure, risque de se dissoudre, de perdre son caract&egrave;re innocent et originaire pour se transformer en un altruisme rationnel guid&eacute;, non pas par des pulsions instinctives, mais par une logique individualiste de &#39;droits et devoirs&#39;. Cette aspiration &agrave; une justice objective, les femmes l&#39;auront acquise rejoignant les hommes dans leur course comp&eacute;titive vers le progr&egrave;s.&nbsp; L&#39;&eacute;thique du <em>care</em>, de l&#39;attention &agrave; l&#39;autre, que Gilligan propose, repose justement sur une logique intuitive des relations humaines, ce qui contraste avec la logique formelle d&#39;&eacute;quit&eacute; sur laquelle est fond&eacute;e la conception de justice (<em>ibid</em>., p. 121)</span><span style="color:#000000;">.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Comme nous avons d&eacute;j&agrave; not&eacute;, ce besoin de &#39;d&eacute;tachement&#39;&nbsp;qui conduit &agrave; l&#39;agressivit&eacute; dans les rapports humains, Freud ne l&#39;applique pas &agrave; la m&egrave;re qui, elle, serait pourvue d&#39;une capacit&eacute; exceptionnelle &agrave; aimer et &agrave; s&#39;attacher. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Gilligan s&#39;interroge &agrave; ce sujet :&nbsp; &quot;Pourquoi la m&egrave;re veut bien prendre le risque d&#39;aimer et de souffrir si le &#39;moi&#39; tend, naturellement, &agrave; la s&eacute;paration &agrave; travers le rejet de toute connexion affective au &#39;monde ext&eacute;rieur&#39; pour &eacute;viter &quot;des souffrances atroces&quot; (<em>ibid</em>., p. 81)</span><font color="#000099"><span style="caret-color: rgb(0, 0, 153);">&nbsp;</span></font><span style="color:#000000;">? </span><span style="color:#000000;"> </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Pour beaucoup de f&eacute;ministes de la premi&egrave;re vague, de toutes tendances, la plupart des &#39;maux&#39; dont souffrent les femmes, depuis des hi&eacute;rarchies qui r&egrave;glent les relations entre les sexes jusqu&#39;&agrave; l&#39;image f&eacute;minine &#39;moderne&#39; v&eacute;hicul&eacute;e par les st&eacute;r&eacute;otypes les plus normatifs, d&eacute;coulaient directement du r&eacute;gime patriarcal de la maternit&eacute; et de l&#39;activit&eacute; maternelle. Au d&eacute;but des ann&eacute;es soixante-dix, l&#39;assimilation de la maternit&eacute; &agrave; une forme d&#39;oppression occupait une place importante dans le discours f&eacute;ministe. Dans <em>Sputiamo su Hegel </em>(trad. &quot;Crachons sur Hegel&quot;), texte publi&eacute; en 1972, Carla Lonzi</span><a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title=""><span style="color:#000099;">[5]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;&eacute;crit, &quot; Nous ne sommes pas responsables de ce que nous avons fait de notre esclavage en enfantant l&#39;humanit&eacute;. Ce ne sont pas nos fils qui nous ont asservies, mais nos p&egrave;res.&quot; Dans la pi&egrave;ce de th&eacute;&acirc;tre norv&eacute;gienne&nbsp;<em>Une maison de poup&eacute;e </em>de Henrik Ibsen publi&eacute; en 1879, Nora, la femme &eacute;cureuil vit avec son mari comme elle a v&eacute;cu avec son p&egrave;re, submerg&eacute;e par &quot;une bont&eacute; absolue, synonyme de sacrifice&quot; (Gilligan, 1986, p. 113)</span><span style="color:#000000;">. Elle d&eacute;cide donc de se rebeller, mais sa r&eacute;volution est tellement douloureuse et d&eacute;gradante pour ses valeurs originaires qu&#39;elle d&eacute;cide de se suicider. Comme la crise &quot;a d&eacute;truit les fondements de son monde ant&eacute;rieur&quot; (ibid.)</span><span style="color:#000000;">, elle abandonne donc l&#39;id&eacute;e du suicide et d&eacute;cide de partir &agrave; la recherche de nouvelles r&eacute;ponses plus solides aux questions qu&#39;elle se pose sur son identit&eacute; et sur ses convictions morales. La r&eacute;volution manqu&eacute;e de Nora est semblable &agrave; la situation de la femme &agrave; l&#39;&egrave;re de la grande &Eacute;mancipation. &quot;La possibilit&eacute; de choisir et le fardeau de responsabilit&eacute; qui l&#39;accompagne ont envahi maintenant les replis intimes de l&#39;&acirc;me f&eacute;minine. Cette nouvelle libert&eacute; risque de provoquer une explosion similaire&quot;, explique Gilligan. L&#39;exercice d&#39;un tel choix a mis la femme en conflit avec les conventions de la nouvelle &quot;f&eacute;minit&eacute;&quot;, particuli&egrave;rement celle de &quot;l&#39;&eacute;quation morale: bont&eacute; &eacute;gale sacrifice de soi.&quot;&nbsp; Gilligan l&#39;appelle aussi &quot;le conflit entre la compassion et l&#39;autonomie&quot; ou &quot;le conflit entre la vertu et le pouvoir&quot; car lorsqu&#39;elle est&nbsp; &quot;tiraill&eacute;e entre la d&eacute;pendance passive et un altruisme actif&nbsp;(ibid., p. 134)&quot;</span><span style="color:#000000;">, la femme est immobilis&eacute;e et son initiative paralys&eacute;e: il lui devient impossible d&#39;agir ou de penser. Cette position psychique d&#39;immobilit&eacute;, Gilligan la d&eacute;finit comme un <em>nihilisme moral</em>&nbsp;: </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Le nihilisme moral est aussi la conclusion des femmes qui cherchent, par le truchement d&#39;un avortement, par exemple, &agrave; tuer leurs sentiments et leurs &eacute;motions&hellip; Elles per&ccedil;oivent leur affection (care) comme une faiblesse et assimilent la position masculine &agrave; la force et au pouvoir. Elles concluent que la &#39;morale&#39; ne pr&eacute;sente aucune utilit&eacute; aux forts de ce monde et que seuls les faibles se soucient des relations personnelles. Dans le cadre d&#39;une telle perception de la r&eacute;alit&eacute;, l&#39;avortement devient, pour la femme, une mise &agrave; l&#39;&eacute;preuve (<em>ibid.</em>, p. 200)</span><span style="color:#000000;">.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Elle continue : </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">&nbsp;La position nihiliste est celle de femmes qui ont eu une exp&eacute;rience douloureuse de sollicitude (care) et ne d&eacute;sirent se pr&eacute;occuper que de leur propre survie, dernier refuge de l&#39;instinct de conservation. Mais en tentant de survivre sans se soucier des autres, ces femmes finissent par retourner &agrave; la r&eacute;alit&eacute; et &agrave; la v&eacute;rit&eacute; des rapports avec autrui (<em>ibid.</em>, p. 203)</span><span style="color:#000000;">.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">En r&eacute;clament leurs droits &agrave; travers la notion de &#39;justice&#39; ou d&#39;&eacute;galit&eacute;&#39;, les femmes ont pris le risque de se retrouver face &agrave; un conflit opposant les nouveaux concepts de &#39;responsabilit&eacute;&#39;, de &#39;choix&#39; et de &#39;libert&eacute; individuelle&#39; &agrave; une &eacute;thique traditionnelle de &#39;sacrifice de soi pour autrui&#39;. D&#39;apr&egrave;s les r&eacute;sultats d&#39;&eacute;tudes men&eacute;es aupr&egrave;s des jeunes femmes dans les ann&eacute;es 70, Carol Gilligan souligne le r&ocirc;le que joue le concept de &#39;droits&#39; dans le d&eacute;veloppement moral f&eacute;minin contemporain. Elle explique: </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Ces descriptions soulignent la permanence, &agrave; travers les &eacute;poques, d&#39;une &eacute;thique de responsabilit&eacute; au c&oelig;ur de la pr&eacute;occupation morale des femmes, ancrant la conscience de soi dans un monde de relations, mais elles indiquent &eacute;galement comment cette &eacute;thique s&#39;est transform&eacute;e &agrave; mesure qu&#39;une approche de la justice fond&eacute;e sur les droits a &eacute;t&eacute; reconnue (<em>ibid</em>., p. 212)</span><span style="color:#000000;">. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Ce d&eacute;sir d&#39;annuler toute diff&eacute;rence entre les deux sexes, de r&eacute;clamer une justice de genre bas&eacute;e sur une reproduction de &#39;droits&#39; et de &#39;responsabilit&eacute;s&#39;, a &eacute;t&eacute; le fruit de la politique de &#39;repositionnement des fronti&egrave;res&#39; sugg&eacute;r&eacute;e par la culture postmoderne. &quot;Le post-modernisme a boulevers&eacute;, obscurci et repositionn&eacute; les fronti&egrave;res entre le priv&eacute; et le public, entre le masculin et le f&eacute;minin, entre la sph&egrave;re de l&#39;intimit&eacute;, la sexualit&eacute;, les &eacute;motions et la sph&egrave;re des relations &eacute;conomiques et politiques&quot; (Melandri, 2010, p. 6)</span><span style="color:#000000;">, explique Lea Melandri</span><a href="#_ftn25" name="_ftnref25" title=""><span style="color:#000099;">[6]</span></a><span style="color:#000000;">, &nbsp;l&#39;une des plus importantes intellectuelles f&eacute;ministes italiennes et co-fondatrice dans les ann&eacute;es soixante du magazine contre-culturel <em>L&#39;erba voglio.</em></span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">La femme contemporaine, bien que contrainte par le syst&egrave;me social &agrave; adopter une morale bas&eacute;e uniquement sur les &#39;droits&#39; et les &#39;responsabilit&eacute;s&#39;, demeure attach&eacute;e &agrave; une voix diff&eacute;rente, celle de l&#39;&eacute;thique du care: </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">L&#39;image de la femme qui parvient &agrave; l&#39;&acirc;ge m&ucirc;r aussi d&eacute;pendante d&#39;autrui qu&#39;un enfant est d&eacute;mentie par les ann&eacute;es de soins qu&#39;elle a prodigu&eacute;s et la sollicitude (care) dont elle a fait preuve pour cimenter les relations familiales. Il semble donc &eacute;vident que la d&eacute;viance apparente des femmes soit un probl&egrave;me de construction, une question de jugement plut&ocirc;t que de v&eacute;rit&eacute; (Gilligan, 1986, p. 272)</span><span style="color:#000000;">. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Invitant la femme contemporaine &agrave; &eacute;couter &#39;la voix&#39; de sa diff&eacute;rence, voire l&#39;essence m&ecirc;me de cette diff&eacute;rence, dans une perspective altruiste et non comp&eacute;titive, Gilligan affirme : </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Au lieu de concevoir son anatomie comme une cicatrice qui la destine &agrave; l&#39;inf&eacute;riorit&eacute; (comme l&#39;a r&eacute;p&eacute;t&eacute; maintes fois Freud), on peut au contraire la consid&eacute;rer comme une source d&#39;exp&eacute;riences qui illumine une r&eacute;alit&eacute; commune aux deux sexes : le fait que, dans la vie, on ne peut jamais tout avoir, que les choses que l&#39;on ne voit pas subissent des changements au fil des ann&eacute;es, que plusieurs chemins m&egrave;nent &agrave; la satisfaction, et que la fronti&egrave;re entre soi et autrui est plus floue qu&#39;elle ne para&icirc;t parfois. Ainsi, les femmes parviennent &agrave; l&#39;&acirc;ge m&ucirc;r avec un bagage psychologique &#39;diff&eacute;rent&#39; de celui des hommes, et doivent faire face &agrave; une autre r&eacute;alit&eacute; sociale, puisque leurs possibilit&eacute; de vies priv&eacute;e et professionnelle&nbsp; ne sont pas les m&ecirc;mes, mais aussi avec une exp&eacute;rience de la vie &agrave; laquelle leur connaissance des rapports humains a donn&eacute; un sens diff&eacute;rent. Puisque les femmes vivent la r&eacute;alit&eacute; des relations humaines comme un don et non pas comme un contrat auquel on a librement consenti, elles ont une compr&eacute;hension de la vie qui refl&egrave;te les limites de l&#39;autonomie et du contr&ocirc;le que l&#39;on peut exercer sur elles <em>(ibidem</em>)</span><span style="color:#000000;">.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Toutes ces perspectives de f&eacute;minisme alternatif (le <em>black feminism</em>, le f&eacute;minisme postcolonial, la philosophie du <em>care</em>&hellip;) sugg&egrave;rent l&#39;id&eacute;e d&#39;une r&eacute;&eacute;valuation de valeurs f&eacute;ministes propos&eacute;es par la soci&eacute;t&eacute; lib&eacute;rale. En voulant reprendre cette m&ecirc;me d&eacute;marche &#39;d&eacute;constructive&#39; en l&#39;associant au discours &eacute;cologiste contemporain, l&#39;&eacute;cof&eacute;minisme tente de r&eacute;inscrire la nature humaine dans la nature non humaine. A travers cette &eacute;tude, nous essayerons de d&eacute;montrer qu&#39;en ce d&eacute;but de si&egrave;cle agit&eacute; g&eacute;opolitiquement et &eacute;cologiquement, la pens&eacute;e f&eacute;ministe devrait cesser d&#39;&ecirc;tre une id&eacute;ologie pour redevenir une <em>&eacute;thique</em>.</span></span></span><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Ecof&eacute;minisme : femmes, environnement et &eacute;cologie sociale </span></span></span></strong></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les semences et les corps des femmes, en tant que centres du pouvoir r&eacute;g&eacute;n&eacute;ratif, repr&eacute;sentent, selon Vandana Shiva,&nbsp; &quot;l&#39;ultime colonie&quot;, aux yeux du capitalisme. Consid&eacute;r&eacute;s comme des lieux passifs, la semence et le corps de la femme sont &#39;le terrain&#39; o&ugrave; les experts produisent et ajoutent de la valeur. La nature, les femmes et les populations non occidentales sont consid&eacute;r&eacute;es par ces experts de &#39;la valeur ajout&eacute;e&#39; comme de la mati&egrave;re premi&egrave;re. Dans ce sens, le contr&ocirc;le externe sur les lieux de la r&eacute;g&eacute;n&eacute;ration (la nature et les corps des femmes) devient non seulement d&eacute;sirable mais n&eacute;cessaire pour la survie et le bien-&ecirc;tre humains. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La colonisation de la terre a, et aura davantage dans le futur, un impact s&eacute;rieux sur l&#39;agriculture du Tiers monde. En effet, le tissu culturel et &eacute;thique bas&eacute; sur l&#39;agriculture est sacr&eacute; dans ces pays-l&agrave; et sa transformation en une industrie mercantile risque de perturber non seulement les activit&eacute;s &eacute;conomiques et sociales mais aussi les processus fondamentaux de la vie des agriculteurs. L&#39;obstination de l&#39;industrie &agrave; transformer cet h&eacute;ritage culturel en un simple produit commercial aboutira &agrave; l&#39;expropriation des agriculteurs des pays sous-d&eacute;velopp&eacute;s non seulement du point de vue &eacute;thique et culturel mais aussi sur un plan politique.&nbsp; C&#39;est ce que Vandana Shiva a appel&eacute; le <em>terrorisme alimentaire</em>&nbsp;:&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Le vol des richesses naturelles est un ph&eacute;nom&egrave;ne perp&eacute;tr&eacute; dans tous les pays o&ugrave; les petites exploitations et les petits paysans sont pouss&eacute;s &agrave; la ruine; o&ugrave; les monocultures remplacent les polycultures fond&eacute;es sur la biodiversit&eacute;; o&ugrave; l&rsquo;agriculture, dont le r&ocirc;le &eacute;tait de produire des aliments nutritifs et vari&eacute;s, devient un march&eacute; pour les semences g&eacute;n&eacute;tiquement modifi&eacute;es, les herbicides et les pesticides. Tandis que les paysans, cessant d&rsquo;&ecirc;tre des producteurs, deviennent de simples consommateurs de produits &agrave; usage agronomique brevet&eacute;s par les firmes, que les march&eacute;s locaux et nationaux sont d&eacute;truits au profit du march&eacute; international, le mythe du libre-&eacute;change et de l&rsquo;&eacute;conomie mondialis&eacute;e devient le moyen pour les riches de d&eacute;pouiller les pauvres de leur droit &agrave; l&rsquo;alimentation et m&ecirc;me de leur droit &agrave; la vie car 70 % de la population mondiale gagne sa vie en produisant des biens alimentaires. La majorit&eacute; de ces paysans sont des femmes. En revanche, dans les pays industrialis&eacute;s, les paysans repr&eacute;sentent seulement 2 % de la population. (Shiva, 2001, p. 14)</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&#39;agriculteur devient ainsi un simple &#39;fournisseur&#39; de mati&egrave;re premi&egrave;re gratuite d&eacute;pendant de ces industries pour avoir acc&egrave;s &agrave; des produits essentiels pour son activit&eacute; comme les semences. Aux &Eacute;tats Unis, les communaut&eacute;s de couleur, souvent isol&eacute;es dans des ghettos urbains ou ruraux, ont toujours lutt&eacute; contre les injustices environnementales affectant leurs milieux, notamment le d&eacute;p&ocirc;t de d&eacute;charges toxiques&nbsp; et la pollution chimique. Leur voix fut seulement entendue lorsque, dans les ann&eacute;es 1980, le discours &eacute;cologiste blanc d&eacute;cida de les int&eacute;grer &agrave; sa lutte environnementale. En effet, les revendications&nbsp; de ces militants de couleur &eacute;taient consid&eacute;r&eacute;es, jusque-l&agrave;, simplement comme &laquo;des probl&egrave;mes communautaires&nbsp;&raquo; ou &laquo;sociaux&raquo;, les maintenant exclus du discours &eacute;cologiste.&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Ailleurs, des femmes doivent aller chercher l&rsquo;eau qui peut se trouver &agrave; quelques heures de marche. Durant l&rsquo;aller-retour quotidien, ces femmes remplissent une t&acirc;che essentielle mais non r&eacute;mun&eacute;r&eacute;e.&nbsp; Cette t&acirc;che n&#39;est-elle pas essentielle &agrave; la survie des familles ? Les t&acirc;ches accomplies par des hommes et des femmes &#39;&eacute;mancip&eacute;es&#39; dans les industries, les bureaux, ou les usines sont-elles plus essentielles ? Pourquoi les syst&egrave;mes politiques et &eacute;conomiques s&#39;obstinent-ils &agrave; d&eacute;valoriser ces activit&eacute;s? Dans les mouvements de &lsquo;justice environnementale&rsquo;, les femmes se d&eacute;finissent souvent davantage comme membres de cultures indig&egrave;nes ou de communaut&eacute;s de couleur en lutte pour leur survie que comme &lsquo;f&eacute;ministes&rsquo;. Ces femmes ne r&eacute;pondent pas &laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;appel d&rsquo;une nature abstraite, mais &agrave; une menace contre leurs familles et contre la sant&eacute; de leurs enfants&nbsp;</span><span style="color:#000000;">&raquo; (Heller, 2003, p. 48).<span style="color:#000099;"> </span>Le &#39;d&eacute;sir de nature&#39; des femmes du tiers monde est bien souvent l&#39;expression d&#39;exigences socio-&eacute;conomiques urgentes, comme la lutte pour une ind&eacute;pendance &eacute;conomique et contre le colonialisme imp&eacute;rialiste et sexiste de leurs terres. Il s&#39;agit donc pour ces femmes d&#39;une lutte de &#39;survie&#39;, d&#39;un &quot;d&eacute;sir d&#39;int&eacute;grit&eacute; &eacute;cologique</span><span style="color:#000000;">&quot; (<em>ibid</em>., p. 90). Pour beaucoup de femmes du Sud, les probl&egrave;mes &eacute;cologiques ne signifient pas seulement la pollution de l&#39;air et de l&#39;eau mais l&#39;exposition continue, dans leur milieu de travail, &agrave; des produits chimiques dangereux ainsi qu&#39;une exploitation effr&eacute;n&eacute;e de leur force de travail au sein des industries &eacute;mergentes pendant un temps de travail excessif et sous-pay&eacute;. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Certains mouvements f&eacute;ministes occidentaux ont rejet&eacute; le mod&egrave;le lib&eacute;ral pour proposer aux femmes d&#39;autres alternatives. Beaucoup de femmes noires, par exemple,&nbsp; n&#39;ont pas pu s&#39;identifier aux symboles f&eacute;minins pr&ocirc;n&eacute;s par les f&eacute;ministes blanches et pr&eacute;sent&eacute;s comme &#39;universels&#39;. D&#39;ailleurs, au milieu des ann&eacute;es quatre-vingt, des auteurs f&eacute;ministes de couleur ont mis en cause le cadre analytique d&eacute;velopp&eacute; par les f&eacute;ministes blanches d&rsquo;alors, fond&eacute; sur la dualit&eacute; espace domestique/espace public. Cette id&eacute;e d&rsquo;une cassure entre le priv&eacute; et le public remonte &agrave; la publication en 1958 du <em>Deuxi&egrave;me sexe </em>de Simone de Beauvoir, pour qui la cause universelle de l&rsquo;oppression des femmes est leur ghetto&iuml;sation dans le domaine &lsquo;charnel&rsquo; de la sph&egrave;re domestique et leur exclusion de la sph&egrave;re publique du travail et de la culture. En r&eacute;alit&eacute;, l&rsquo;id&eacute;e que toutes les femmes se lib&eacute;reraient en quittant la sph&egrave;re domestique reposait sur des pr&eacute;jug&eacute;s de classe et de race.&nbsp; Dans un essai intitul&eacute;&nbsp;<em>Rethinking the Nature of work</em>, publi&eacute; en 1984, Bell Hooks affirme&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">La position de beaucoup d&rsquo;&eacute;crits f&eacute;ministes vis-&agrave;-vis du travail traduit une d&eacute;formation bourgeoise. Les femmes des classes moyennes qui ont formul&eacute; la pens&eacute;e f&eacute;ministe sont parties du principe que le probl&egrave;me le plus urgent des femmes &eacute;tait de sortir de la maison pour travailler, de cesser de n&rsquo;&ecirc;tre que des &lsquo;femmes au foyer&rsquo;&hellip; Elles &eacute;taient aveugl&eacute;es par leur exp&eacute;rience personnelle au point d&rsquo;ignorer le fait que la grande majorit&eacute; des femmes travaillaient d&eacute;j&agrave; hors de la maison, et pour occuper des postes qui ne parvenaient ni &agrave; les lib&eacute;rer de la d&eacute;pendance vis-&agrave;-vis des hommes, ni &agrave; les rendre financi&egrave;rement autonomes. (Hooks, 2000, p. 98)</span><span style="color:#000000;">&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Les f&eacute;ministes noires consid&egrave;rent que les f&eacute;ministes blanches sont parties de leur propre exp&eacute;rience notamment d&#39;une exigence bas&eacute;e sur leurs propres revendications personnelles, d&eacute;termin&eacute;es, entre autres, par leur appartenance raciale et sociale ainsi que leur niveau &eacute;conomique de vie.&nbsp; La question de la race et de la classe venait donc compliquer les notions jusque-l&agrave; universelles de sexe et de corps li&eacute;es au projet f&eacute;ministe. &laquo;&nbsp;La femme&nbsp;&raquo; n&rsquo;&eacute;tait plus un sujet &laquo;&nbsp;universel&nbsp;&raquo;&nbsp; enferm&eacute; dans la sph&egrave;re priv&eacute;e dont il lui suffirait de s&rsquo;&eacute;chapper pour atteindre la lib&eacute;ration universelle. Les femmes de couleur qui travaillaient &#39;&agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur&#39;&nbsp; depuis des si&egrave;cles n&rsquo;avaient jamais connu une telle lib&eacute;ration.&nbsp; Le mouvement f&eacute;ministe radical avait organis&eacute; son programme autour des cat&eacute;gories&nbsp; universelles o&ugrave; la femme et la sph&egrave;re domestique &eacute;taient la g&eacute;n&eacute;ralisation de l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;un groupe de femmes blanches.&nbsp; Alors que le f&eacute;minisme radical cherchait &agrave; instaurer un nouvel ensemble de pratiques culturelles se d&eacute;finissant par opposition &agrave; ce que les femmes d&eacute;crivaient comme une soci&eacute;t&eacute; ennemie du corps, il y avait chez les &eacute;cof&eacute;ministes, un <em>d&eacute;sir de nature</em>&nbsp;implicite, une demande d&rsquo;autre chose que les valeurs purement abstraites de <em>libert&eacute;</em>&nbsp;et de&nbsp;<em>justice</em>, une tentative d&rsquo;ancrer la libert&eacute; dans les relations sociales et les pratiques culturelles qui expriment au quotidien des valeurs de collectivit&eacute;, de sensualit&eacute;, de sant&eacute; et d&rsquo;autonomie. Par exemple, alors que le f&eacute;minisme radical prenait des positions extr&ecirc;mes contre la maternit&eacute; consid&eacute;rant, comme l&rsquo;a d&eacute;clar&eacute; Simone de Beauvoir, que les femmes devaient d&eacute;passer la fonction maternelle associ&eacute;e &agrave; la sph&egrave;re domestique, les &eacute;cof&eacute;ministes, elles, soutiennent que les femmes doivent <em>redonner de la valeur au r&ocirc;le maternel et nourricier.</em>&nbsp;&nbsp; C&rsquo;est le nucl&eacute;aire qui, pendant les ann&eacute;es 1970-1980, a permis &agrave; l&rsquo;&eacute;cof&eacute;minisme d&rsquo;aborder des dimensions vraiment concr&egrave;tes, sociales et historiques de la &laquo;&nbsp;question de la nature&nbsp;&raquo;. Gr&acirc;ce &agrave; des mouvements comme WITCH&nbsp; (<em>Women&rsquo;s International Terrorist Conspiracy from Hell</em>)</span><a href="#_ftn32" name="_ftnref32" title=""><span style="color:#000099;">[7]</span></a><span style="color:#000000;">, WPA (<em>Women&rsquo;s Pentagon Action</em>)</span><a href="#_ftn33" name="_ftnref33" title=""><span style="color:#000099;">[8]</span></a><span style="color:#000000;">, le Woman Earth (<em>Woman Earth Feminist Peace Institute</em>)</span><a href="#_ftn34" name="_ftnref34" title=""><span style="color:#000099;">[9]</span></a><span style="color:#000000;"> ou&nbsp; le Camp de la paix de Greenham Common</span><a href="#_ftn35" name="_ftnref35" title=""><span style="color:#000099;">[10]</span></a><span style="color:#000000;">, les f&eacute;ministes commen&ccedil;aient &agrave; red&eacute;finir en termes &eacute;cologiques &quot;la sensibilit&eacute; organique latente&quot;</span><span style="color:#000000;">&nbsp;(Heller, 2003, p. 75)&nbsp;dans la politique du corps &eacute;voqu&eacute;e par le&nbsp; f&eacute;minisme radical, en <em>remettant justement ce corps&nbsp;f&eacute;minin au centre de son environnement &eacute;cologique</em>.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="color:#000000;">Au cours de son histoire, l&#39;&eacute;cof&eacute;minisme est pass&eacute; d&#39;un mouvement&nbsp; antimilitariste essentiellement am&eacute;ricain &agrave; un mouvement transnational centr&eacute; sur les probl&egrave;mes du d&eacute;veloppement, de justice &eacute;conomique, des droits de l&#39;homme, de la reproduction et de la paix. Dans une tentative de rapprocher l&#39;&eacute;pist&eacute;mologie f&eacute;ministe des th&eacute;ories issues de l&#39;&eacute;cologie sociale, Ynestra King</span><a href="#_ftn37" name="_ftnref37" title=""><span style="color:#000000;">[11]</span></a><span style="color:#000000;"> a &eacute;tudi&eacute; les effets historiques de la dichotomie entre nature et culture sur la construction de l&rsquo;identit&eacute; sexuelle en Occident. Pour elle, l&rsquo;analogie femme-nature &eacute;tait une construction plus sociale que biologique. Cette analogie &eacute;tait un h&eacute;ritage direct de la &lsquo;coupure&rsquo; entre nature et culture, elle-m&ecirc;me li&eacute;e &agrave; cette dichotomie entre sph&egrave;re priv&eacute;e et publique dont les f&eacute;ministes blanches d&eacute;battaient. Ynestra King appelait les femmes &agrave; &eacute;tudier la formation historique de cette dichotomie pour mieux comprendre l&rsquo;ali&eacute;nation masculine vis-&agrave;-vis des domaines &lsquo;domestiques&rsquo; de la nature et du corps, au lieu de rejoindre les hommes dans leur projet de <em>surpasser&nbsp;</em>la nature. La contribution de l&rsquo;&eacute;cologie sociale apportait au f&eacute;minisme une vision explicitement r&eacute;volutionnaire, &agrave; la fois &eacute;mancipatrice et &eacute;cologiste, pour aborder les probl&egrave;mes d&rsquo;objectivit&eacute; que les f&eacute;ministes ont traditionnellement relev&eacute; dans les th&eacute;ories psychanalytiques, scientifiques ou anthropologiques. En parlant d&rsquo;unit&eacute; dans la diversit&eacute;, l&rsquo;&eacute;cologie sociale proposait aussi un moyen de r&eacute;conciliation avec l&rsquo;autre en &eacute;non&ccedil;ant qu&rsquo;il &eacute;tait possible de reconna&icirc;tre, &agrave; la fois, les diff&eacute;rences et les liens entre les ph&eacute;nom&egrave;nes organiques. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&#39;&eacute;cof&eacute;minisme, tout en proposant une nouvelle lecture globale des probl&egrave;mes socio-environnementaux dans les pays non occidentaux,&nbsp; critique la dichotomie ontologique de la pens&eacute;e et de la science occidentales. Celles-ci, en l&eacute;gitimant le r&ocirc;le de l&#39;homme colonisateur en tant qu&#39;agent et mod&egrave;le du d&eacute;veloppement, engendre la domination de la nature et de la femme et g&eacute;n&egrave;re ce que Vandana Shiva appelle le &quot;mal-d&eacute;veloppement&quot;.&nbsp; R&eacute;&eacute;crire l&#39;histoire d&#39;un point de vue &eacute;cof&eacute;ministe signifie avant tout la renverser, reconsid&eacute;rer ses structures sociales et culturelles, r&eacute;viser ses mod&egrave;les de &#39;progr&egrave;s&#39; et d&#39;&eacute;mancipation, &agrave; partir d&#39;un angle nouveau, celui du bas, de ceux et celles qui ont toujours &eacute;t&eacute; en bas de l&#39;&eacute;chelle civilisationnelle. La pens&eacute;e &eacute;cof&eacute;ministe nous montre, d&eacute;cid&eacute;ment, qu&#39;&agrave; l&#39;&eacute;poque de la mondialisation et de l&rsquo;immense ouverture culturelle, des th&egrave;mes comme le r&eacute;enchantement de la maternit&eacute;, le rapport aux racines et &agrave; la terre-m&egrave;re, le drame du d&eacute;racinement, la rencontre entre langues, cultures et territoires peuvent &ecirc;tre partie int&eacute;grante de l&rsquo;engagement social, intellectuel et artistique. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</span></span></span></strong></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Baier&nbsp;Annette&nbsp;C, 1985, &laquo;What do Women Want in a Moral Theory?&raquo;, <em>No&ucirc;s</em>, vol. 19, n&deg; 1 (mars).</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bateson&nbsp;Gregory, [1972]2008,&nbsp;<em>Vers une &eacute;cologie de l&rsquo;esprit</em>, Paris, Seuil.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bookchin Murray, 1993, <em>Une Soci&eacute;t&eacute; &agrave; refaire</em>, Montr&eacute;al, &Eacute;cosoci&eacute;t&eacute;.&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Diouf Mamadou, 1999,&nbsp;<em>L&rsquo;historiographie indienne en d&eacute;bat. Colonialisme, nationalisme et soci&eacute;t&eacute;s postcoloniales</em>, Paris, Karthala/Sephis.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Frabotta Biancamaria, 1976, <em>La politica del femminismo</em>, Rome, Savelli.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Gilligan Carol, [1982]1986, <em>Une voix diff&eacute;rente : pour une &eacute;thique du care</em>,&nbsp;Paris, Flammarion.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Heller Chaia, 2003, <em>D&eacute;sir, nature et soci&eacute;t&eacute; : l&rsquo;&eacute;cologie sociale au quotidien</em>, Montr&eacute;al, &Eacute;cosoci&eacute;t&eacute;.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Hooks&nbsp;Bell, 2000,&nbsp;<em>Feminist Theory&nbsp;:&nbsp;from margin to center</em>, South End Press,&nbsp;Cambridge.</span></span></span></p> </div> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Latouche&nbsp;Serge, 2001, &laquo;En finir, une fois pour toutes, avec le d&eacute;veloppement&raquo;, <em>Le Monde diplomatique</em> (mai).</span></span></span></p> <p><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Leopold Aldo, 1949,&nbsp;&quot;Land Ethic&quot; dans <em>Sand county Almanac and sketches here and there</em>, Oxford University Press, New York.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Laugier Sandra, 2015, &ldquo;Care, environnement et &eacute;thique globale&rdquo;, <em>Cahiers du genre</em>, n&deg;&nbsp;59 (F&eacute;vrier).</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Laugier&nbsp;Sandra, 2013, &ldquo;L&#39;&eacute;thique du care en trois subversions&rdquo;, <em>Multitudes</em>, n&deg;&nbsp;42 (mars).</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Melandri&nbsp;Lea, 2010, <em>L&#39;emancipazione malata : sguardi femministi sul lavoro che cambia</em>, Milan,&nbsp; Editions Libera Universit&agrave; delle donne.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rabhi&nbsp;Pierre, 2005,&nbsp;<em>Graines de possible : regards crois&eacute;s sur l&#39;&eacute;cologie</em>, Paris, Calmann-L&eacute;vy.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rich Adrienne,&nbsp;Fox Keller Evelyn, 1983, &quot;Pi&ugrave; donne che uomini&quot;, <em>Sottosopra</em>, n&deg;&nbsp;4, Milan, Libreria delle Donne. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Sa&iuml;d Edward, [1978] 1980,&nbsp;<em>L&rsquo;Orientalisme : l&rsquo;Orient cr&eacute;&eacute; par l&rsquo;Occident</em>, Paris, Seuil. </span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Shiva&nbsp;Vandana,&nbsp;Mies Maria, 1998,&nbsp;<em>Ecof&eacute;minisme,</em> Paris, L&#39;Harmattan.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Shiva Vandana,&nbsp;1992, in Regidor J. R., Binel A. (dir.),&nbsp;</span></span></span><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><em>Dissenso sul mondo </em>, Campagna Nord-Sud, Terra-nuova.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Shiva Vandana, 2001, <em>Le terrorisme alimentaire : comment les multinationales affament le tiers monde</em>, Paris, Fayard.</span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#000000;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Spivak Gayatri Chakravorty, 1998, &quot;Can the subaltern speak?&quot; dans Nelson C.,&nbsp;Grossberg L. (dir.), <em>Marxism and the Interpretation of Culture</em>, University of Illinois Press.</span></span></span></p> <div> <hr size="1" /> <div id="ftn1"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span style="color:#000099;">[1]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Apr&egrave;s l&#39;exp&eacute;rience de 1968, un grand nombre de militantes&nbsp; italiennes commenc&egrave;rent &agrave; quitter les partis de la &#39;Nouvelle Gauche&#39; pour former le mouvement f&eacute;ministe social anticapitaliste &#39;l&#39;Autonomia&#39;. Ce groupe de femmes fut tr&egrave;s vite rejoint par les militantes du mouvement &quot;Op&eacute;ra&iuml;sme&quot; (Operaismo) &nbsp;et Lotta Femminista (essentiellement dirig&eacute; par Mariarosa Dalla Costa e Leopoldina Fortunati) pour cr&eacute;er une campagne en faveur d&#39;un salaire pour le travail domestique. Cette campagne, se r&eacute;pandant rapidement en Europe et en Am&eacute;rique du Nord aboutit &agrave; la fondation de l&#39;un des premiers mouvements sociaux transnationaux &quot;Des Salaires pour le Travail Domestique&quot; (DSTD). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span style="color:#000099;">[2]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">&laquo; Ces valeurs, et tout particuli&egrave;rement le progr&egrave;s, ne correspondent pas du tout &agrave; des aspirations universelles profondes. Elles sont li&eacute;es &agrave; l&rsquo;histoire de l&rsquo;Occident et recueillent peu d&rsquo;&eacute;cho dans les autres soci&eacute;t&eacute;s. Les soci&eacute;t&eacute;s animistes, par exemple, ne partagent pas la croyance dans la ma&icirc;trise de la nature. L&rsquo;id&eacute;e de d&eacute;veloppement est totalement d&eacute;pourvue de sens et les pratiques qui l&rsquo;accompagnent sont rigoureusement impossibles &agrave; penser et &agrave; mettre en &oelig;uvre parce qu&rsquo;impensables et interdites. Ces valeurs occidentales sont pr&eacute;cis&eacute;ment celles qu&rsquo;il faut remettre en question pour trouver une solution aux probl&egrave;mes du monde contemporain et &eacute;viter les catastrophes vers lesquelles l&rsquo;&eacute;conomie mondiale nous entra&icirc;ne. &raquo; (Latouche, 2001, p. 2)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span style="color:#000099;">[3]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Carol Gilligan est philosophe et psychologue f&eacute;ministe am&eacute;ricaine n&eacute;e en 1936. Elle est connue pour son travail sur les relations &eacute;thiques et le <em>care</em>. Elle est actuellement professeur &agrave; l&#39;Universit&eacute; de New York et professeur invit&eacute; &agrave; l&#39;Universit&eacute; de Cambridge. Elle est surtout connue par son ouvrage <em>Une voix diff&eacute;rente&nbsp;</em>([1982]1986).&nbsp; </span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span style="color:#000099;">[4]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Selon les tests, les hommes pr&eacute;f&egrave;rent nettement les situations moins personnelles, o&ugrave; les rapports intimes sont remplac&eacute;s par des rapports &quot;de comp&eacute;titivit&eacute; r&eacute;gis par des r&egrave;gles&quot; qui sont, aux yeux des hommes, &quot;un moyen relativement sur d&#39;&eacute;tablir un rapport avec autrui.&quot; Dans un tel rapport, les hommes se sentent plus en confiance car &quot;les limites &agrave; ne pas d&eacute;passer sont clairement d&eacute;finies et l&#39;agression contr&ocirc;l&eacute;e.&quot;&nbsp; Les femmes, en revanche, situent le danger et l&#39;agressivit&eacute; plut&ocirc;t dans des situations d&#39;isolement et de &quot;construction hi&eacute;rarchique des rapports humains.&quot; Leurs visions ne projettent aucun rapport de violence dans des situations de contact physique ou de rapport intime. Elles y voient, au contraire, un terrain propice &agrave; la confiance, &agrave; l&#39;attachement et au <em>care</em>. (Gilligan,&nbsp;1986, p. 262)</span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title=""><span style="color:#000099;">[5]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Carla Lonzi (Florence 1931-Milan 1982), critique d&#39;art et &eacute;crivaine, abandonne sa profession d&#39;enseignante &agrave; l&#39;Universit&eacute; de Florence pour se d&eacute;dier enti&egrave;rement au f&eacute;minisme en 1970 et rejoint le groupe Rivolta Femminile. Elle fut la principale repr&eacute;sentante du f&eacute;minisme de la diff&eacute;rence ainsi que du mouvement s&eacute;paratiste en Italie.&nbsp; </span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" title=""><span style="color:#000099;">[6]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Lea Melandri a fond&eacute; l&#39;Universit&eacute; Libre des Femmes avec un groupe de femmes au foyer et des intellectuelles qui menaient un travail interclassiste sur la repr&eacute;sentation des femmes dans la soci&eacute;t&eacute; capitaliste. &nbsp;</span></span></span></p> </div> <div id="ftn32"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32" title=""><span style="color:#000099;">[7]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Le mouvement WITCH (<em>Women&#39;s International Terrorist Conspiracy from Hell)</em>&nbsp;fut l&rsquo;une des premi&egrave;res actions f&eacute;ministes &agrave; formuler explicitement une sensibilit&eacute; &eacute;cologique. Ces f&eacute;ministes, &agrave; travers l&rsquo;humour et&nbsp; le th&eacute;&acirc;tre, a &eacute;difi&eacute; une premi&egrave;re analyse&nbsp; du militarisme, du capitalisme, du sexisme et du colonialisme consid&eacute;r&eacute;s comme <em>d&eacute;truisant&nbsp;la nature et la soci&eacute;t&eacute; humaine</em>.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn33"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33" title=""><span style="color:#000099;">[8]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Le <em>Women&rsquo;s Pentagon Action</em>&nbsp;(WPA) fut la premi&egrave;re action d&rsquo;un r&eacute;seau &eacute;cof&eacute;ministe issu la conf&eacute;rence <em>Women and Life on Earth </em>(1980). Cette action rassembla trois mille femmes dans une grande manifestation spectaculaire &agrave; Washington. L&rsquo;action de la WPA reliait les questions du f&eacute;minisme, du capitalisme, de l&rsquo;&eacute;cologie, de l&rsquo;antiracisme et de l&rsquo;antimilitarisme. Le WPA fut aussi &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;une nouvelle esth&eacute;tique explicitement &eacute;cof&eacute;ministe m&ecirc;lant les deux sensibilit&eacute;s &laquo;&nbsp;sorci&egrave;re&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;maternante&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn34"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34" title=""><span style="color:#000099;">[9]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;"><em>Women Earth </em>fut fond&eacute; en 1984 par un groupe de femme de couleur radicales, d&rsquo;&eacute;cof&eacute;ministes et de militantes pacifistes f&eacute;ministes dont Ynestra King, Barbara Smith. <em>Women Earth</em> fut le premier institut f&eacute;minin &agrave; &ecirc;tre organis&eacute; selon le principe de parit&eacute; raciale. <em>Women Earth</em> a marqu&eacute; un tournant important de l&rsquo;histoire de l&rsquo;&eacute;cof&eacute;minisme car ce fut le premier mouvement f&eacute;ministe &agrave; avoir mis la question du racisme et des hi&eacute;rarchies ethniques l&rsquo;une de ses priorit&eacute;s. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn35"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35" title=""><span style="color:#000099;">[10]</span></a><span style="color:#000000;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">En Angleterre, un groupe de militants pacifistes et &eacute;cologistes s&rsquo;allie avec le groupe <em>Women and Live on Earth</em> pour fonder le Camp de la Paix de Greenham Common sur la base militaire du m&ecirc;me nom.&nbsp;Greenham devint alors un symbole de l&rsquo;action directe internationale en marche, une d&eacute;monstration du travail de survie quotidienne des femmes dans un &acirc;ge nucl&eacute;aire patriarcal.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn37"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37" title=""><span style="color:#000099;">[11]</span></a><span style="color:#000099;">&nbsp;</span><span style="color:#000000;">Ynestra King est une &eacute;crivaine et th&eacute;oricienne &eacute;cof&eacute;ministe. Elle est la fondatrice du mouvement <em>Women and Life on Earth</em> et le mouvement f&eacute;ministe anti-militariste. Elle est &eacute;galement la pr&eacute;sidente du Comit&eacute; des femmes, de la population et de l&#39;environnement.&nbsp; </span></span></span></p> </div> </div>