<p>&nbsp; <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Dans <i>Sirene </i>(Einaudi, 2007), tu red&eacute;couvres le mythe ancien et moderne de la sir&egrave;ne, personnage f&eacute;minin se situant entre l&rsquo;humain et l&rsquo;animal, figure aux sens multiples, image archa&iuml;que du deuil (seirin mirologousa) et de l&rsquo;impond&eacute;rable. Cela me fait penser &agrave; une r&eacute;flexion de Gilles Deleuze; le philosophe affirmait que les &eacute;crivains ont le r&ocirc;le de r&eacute;&eacute;crire les mythes oubli&eacute;s et de leur conf&eacute;rer de nouveaux sens (voir <i>L&rsquo;&icirc;le d&eacute;serte et autres essais</i>). Pourquoi la sir&egrave;ne?</span></span></span></b></span></span></span></p> </p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Je te remercie pour cette question qui me permet de faire ici des r&eacute;flexions que je fais souvent &agrave; propos du roman, surtout le roman &ldquo;de recherche&rdquo;, qui n&rsquo;est pas forc&eacute;ment exp&eacute;rimental. On &eacute;crit beaucoup de romans aujourd&rsquo;hui, et beaucoup d&rsquo;entre eux, la majorit&eacute; on peut dire, ne font pas de la recherche, ce sont des romans <i>midcult</i> o&ugrave; bien <i>mainstream</i>, et ont une fonction surtout &agrave; l&rsquo;&eacute;gard d&rsquo;un groupe social, celle de la reconnaissance&nbsp;; on peut dire que leur trait le plus marqu&eacute; c&rsquo;est d&rsquo;&ecirc;tre reconnaissable. Le roman de recherche, bien au contraire, c&rsquo;est un type de roman qui n&rsquo;a pas forc&eacute;ment un publique tout fait, qui doit cr&eacute;er son publique, sa fonction, c&rsquo;est le d&eacute;paysement (<i>straniamento</i>), et ce type de roman travaille surtout sur le tabou, sur un certain tabou, quand cela devient possible d&rsquo;imaginer qu&rsquo;on puisse le surmonter. Si l&rsquo;on pense &agrave; l&rsquo;histoire du roman moderne en tant que genre, c&rsquo;est ce qui s&rsquo;est pass&eacute; pour le <i>tabou</i> de la division de la soci&eacute;t&eacute; en classes sociales, pour l&rsquo;amour individuel, l&rsquo;amour romantique, bien des &eacute;l&eacute;ments qui devenaient romanesques au fur et &agrave; mesure que la fronti&egrave;re du tabou devenait franchissable.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Or, dans notre &eacute;poque, le tabou qui devient franchissable est le tabou qui concerne <i>les fronti&egrave;res entre l&rsquo;esp&egrave;ce humaine et le domaine du non-humain,</i> et surtout les <i>esp&egrave;ces animales</i>: &agrave; cause des recherches sur les cellules souches, par exemple, mais il n&rsquo;y a pas seulement l&rsquo;aspect scientifique de la question, il y a aussi le changement philosophique dont sont porteurs les mouvements &eacute;cologistes, et en g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;environnement, l&rsquo;<i>ecology</i> qu&rsquo;elle soit profonde ou non, qui nous emp&ecirc;che d&eacute;sormais de nous morfondre dans un anthropocentrisme tranquille. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;il devient possible de parler de ces questions, de la m&ecirc;me fa&ccedil;on qu&rsquo;il devient possible de parler &ndash; je pense par exemple &agrave; mon roman, <i>Antartide</i> &ndash; du testament biologique, de la fin de vie, du destin du corps avant et apr&egrave;s la mort, dans des fa&ccedil;ons qui n&rsquo;&eacute;taient pas pensables,&nbsp; ou alors seulement par des petits groupes, des minorit&eacute;s, il y a quelques ann&eacute;es.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Tu pourrais me dire, qu&#39;est-ce que cela a &agrave; voir avec le mythe, et ce que je peux r&eacute;pondre, ma meilleure r&eacute;ponse, c&rsquo;est que le mythe est la forme narrable du tabou, la forme dans laquelle on peut raconter le tabou. L&rsquo;&eacute;l&eacute;ment mythologique, au sens propre, dans <i>Sirene</i> c&rsquo;est un peu l&rsquo;exception dans ma narrative, en dehors de mon roman <i>La Caccia</i>,&nbsp;mais c&rsquo;est un &eacute;l&eacute;ment qui frappe l&rsquo;imagination des lecteurs.&nbsp; Il y a, pour ainsi dire, deux lectures tr&egrave;s diff&eacute;rentes qu&rsquo;on peut donner de <i>Sirene</i>, l&rsquo;une &ldquo;n&eacute;oclassique&rdquo; qui privil&egrave;gie sa d&eacute;rivation de la grecit&eacute;, de l&rsquo;imaginaire classique ancien justement, ou bien une lecture tr&egrave;s contemporaine, &ldquo;technocratique&rdquo;, qui se concentre sur les th&eacute;matiques du post-humain. (Moi, je ne me sens ni n&eacute;o-classique ni post-humaine, mais les critiques ont le droit de faire ce qu&rsquo;ils veulent). &nbsp;Je dirai que la mythologie de <i>Sirene&nbsp;</i> c&rsquo;est une mythologie biologique, son tabou est un tabou biologique. En parlant ainsi, je ne voudrais pas donner l&rsquo;impression que mon &eacute;criture soit une &eacute;criture &ldquo;&agrave; th&egrave;me&rdquo; ou bien id&eacute;ologique ou didactique, ce n&rsquo;est pas le cas. Je fais des r&eacute;flexions autour du livre, qui naissent apr&egrave;s qu&rsquo;on l&rsquo;a &eacute;crit (m&ecirc;me en phase d&rsquo;&eacute;criture bien s&ucirc;r), parce que les &eacute;crivains sont un peu comme des capteurs de l&rsquo;air du temps, cet air, ils la respirent. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Tu abordes dans ce roman la question du pouvoir des techno-sciences sur le corps humain, dans une soci&eacute;t&eacute; qui contr&ocirc;le et punit (cf. Foucault, <i>Surveiller et punir</i>), dans laquelle seulement une &eacute;lite peut gouverner. Est-ce que tu peux &eacute;claircir cette probl&eacute;matique? </span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">En r&eacute;pondant &agrave; ce genre de questions, qui sont assez fr&eacute;quentes en parlant de &nbsp;<i>Sirene</i>, j&rsquo;ai toujours &eacute;prouv&eacute; un certain effet de distanciation, mais il faut dire que c&rsquo;est vrai, que la th&eacute;matique du contr&ocirc;le est bien l&agrave;, et revient, apr&egrave;s de ann&eacute;es, dans <i>La Caccia</i>. Alors cela doit vouloir dire que cette th&eacute;matique, malgr&eacute; moi, fait partie de mon &eacute;criture, m&ecirc;me si je n&rsquo;aime pas la reconna&icirc;tre en tant que telle, et je peux ajouter que les personnages principaux de mon deuxi&egrave;me roman, <i>Quando verrai</i>, et d&rsquo;&nbsp;<i>Antartide</i>, eux aussi, ils essaient d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; des formes de contr&ocirc;le, des degr&eacute;s de contr&ocirc;le: sur le corps adolescent, le corps visionnaire, ou bien le corps mourant. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Cela dit, c&rsquo;est sous les yeux de tous, et sous mes yeux aussi, que le degr&eacute; de contr&ocirc;le g&eacute;n&eacute;ral que la soci&eacute;t&eacute; nous impose ne fait que s&rsquo;accro&icirc;tre&nbsp;: par exemple, notre int&eacute;grit&eacute; physique est aussi &eacute;valu&eacute;e en termes de ce que nous co&ucirc;tons &agrave; la soci&eacute;t&eacute; en tant que corps malade, souffrant&hellip; Si j&rsquo;ai un accident de moto avec des dommages graves, la soci&eacute;t&eacute; me demande, combien vas-tu me co&ucirc;ter d&rsquo;assurance et d&rsquo;entretien de&nbsp; ma survie&nbsp;? en m&ecirc;me temps, et c&rsquo;est quand m&ecirc;me paradoxal, si je choisis de mettre fin &agrave; ma vie du moment que celle-ci n&rsquo;est plus biologiquement soutenable, alors &ndash;&nbsp; en Italie au moins &ndash; il y a une grande partie de la soci&eacute;t&eacute; qui trouve que ce raisonnement est inacceptable, qu&rsquo;on n&rsquo;a pas le droit de disposer de son corps, alors qu&rsquo;une autre partie de la soci&eacute;t&eacute; le revendique comme un droit. Par cons&eacute;quent, la relation entre co&ucirc;t, valeur et contr&ocirc;le devient bien compliqu&eacute;e. Le roman ne trouve pas de r&eacute;ponse, mais les romans, ils sont pleins de questions. </span></span></span><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Ils nous aident &agrave; mieux poser les questions.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Je peux rajouter, en tant que femme - et femme &eacute;crivaine -, &nbsp;que la question du contr&ocirc;le de la soci&eacute;t&eacute; sur les corps des femmes, qui se pose depuis toujours, n&rsquo;a pas perdu ni d&rsquo;intensit&eacute; ni d&rsquo;importance.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Sirene est un roman apocalyptique car il parle de la fin et d&rsquo;un commencement, m&ecirc;me au sens &eacute;tymologique&nbsp;du terme: &laquo;&nbsp;apocalypsis&nbsp;&raquo; comme &laquo;&nbsp;r&eacute;v&eacute;lation&nbsp;&raquo;. Que r&eacute;v&egrave;le <i>Sirene</i>&nbsp;?</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La &ldquo;r&eacute;v&eacute;lation&rdquo; de <i>Sirene</i>, s&rsquo;il y en a une, va se perdre dans les eaux chaudes de l&rsquo;Oc&eacute;an. Mais la d&eacute;finition de roman apocalyptique bien s&rsquo;adapte &agrave; &laquo;&nbsp;<i>Sirene</i>&nbsp;&raquo;, pour les raisons que j&rsquo;ai expos&eacute;es&nbsp;: les &eacute;crivains sont des capteurs de leur &eacute;poque, des pratiquants de radiesth&eacute;sie, et notre &eacute;poque c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;poque dans laquelle le discours sur la fin du monde, l&rsquo;apocalypse &ndash; le r&eacute;chauffement climatique, la mont&eacute;e du niveau des mers, le probl&egrave;me du manque d&rsquo;eau potable pour les g&eacute;n&eacute;rations futures &ndash; est devenu un discours de tous les jours, un discours raisonnable. On parle de la fin du monde, de l&rsquo;apocalypse, mais sans mill&eacute;narisme, au cours du repas de midi, ou en regardant les &eacute;missions de t&eacute;l&eacute;&hellip; . -</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Et la fin du monde, cela d&eacute;signe non seulement la fin de la domination humaine telle qu&rsquo;on la conna&icirc;t, mais aussi la fin du discours humain tout court, de la litt&eacute;rature telle qu&rsquo;on la conna&icirc;t&nbsp;: autrement dit, dans un monde en voie d&rsquo;extinction, la promesse de l&rsquo;immortalit&eacute; de l&rsquo;&eacute;criture &eacute;tant perdue, alors, pourquoi &eacute;crire&nbsp;? Un tel &eacute;tat de choses va forc&eacute;ment travailler &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un &eacute;crivain jusqu&rsquo;&agrave; jaillir dans son &oelig;uvre&hellip;</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La figure de la femme dans ton &eacute;criture appara&icirc;t plus proche du monde naturel: y aurait-il une mise en question de la domination masculine sur la nature au cours des si&egrave;cles?</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;&eacute;quation femme = nature m&rsquo;a toujours parue dangereuse, quel que soit le point de vue philosophique qu&rsquo;on porte sur la question, parce qu&rsquo;elle me para&icirc;t descendre de la m&ecirc;me &laquo;&nbsp;cosmologie&nbsp;&raquo; dualiste qu&rsquo;on pr&eacute;tend renverser. Face &agrave; la nature et &agrave; la culture, pour moi, homme et femme sont &eacute;quidistants&nbsp;; et de la m&ecirc;me fa&ccedil;on, j&rsquo;aimerais qu&rsquo;ils soient &eacute;quidistants et &eacute;quivalents, soud&eacute;s ensemble, l&rsquo;esprit&nbsp; et le corps. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Plus que d&rsquo;un plus haut degr&eacute; de <i>naturalit&eacute;</i>, mes personnages f&eacute;minins sont porteurs d&rsquo;un plus haut degr&eacute; de <i>radicalit&eacute;</i>, je crois, au moins &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des personnages masculins, comme c&rsquo;est le cas pour Montserrat dans <i>Quando verrai</i>&nbsp; ou Miriam&nbsp;dans <i>Antartide</i>. Mais, au moins dans ce que je suis en train d&rsquo;&eacute;crire en ce moment, c&rsquo;est une s&eacute;paration qui est en train de s&rsquo;&eacute;crouler&hellip;</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le roman fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;&eacute;volution biologique de l&rsquo;esp&egrave;ce humaine dans le futur: il y a deux tendances qui s&rsquo;opposent: 1. l&rsquo;humain tendant vers l&rsquo;homme modulaire, selon les ojectifs du transhumanisme qui veut optimiser ou bien &ldquo;corriger&rdquo; les performances du vivant; 2. l&rsquo;humain reconnaissant les limites et instaurant des relations &eacute;quilibr&eacute;es avec le monde naturel &agrave; travers le recours &agrave; ses instincts archa&iuml;ques: quelle est ta position &agrave; ce sujet?</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Si l&rsquo;&eacute;quation femme = nature n&rsquo;est pas forc&eacute;ment valable, de la m&ecirc;me fa&ccedil;on la nature n&rsquo;est pas forc&eacute;ment harmonieuse ou maternelle, et les peuples archa&iuml;ques ne sont pas toujours porteurs d&rsquo;une sagesse ancestrale qui leur permettrait de bien vivre sur la Terre ou mieux de bien cohabiter avec la Terre, si l&rsquo;on pense aux Mayas et &agrave; leur agriculture qui se basait sur l&rsquo;incendie contr&ocirc;l&eacute; de grandes r&eacute;gions de for&ecirc;t tropicale, ou au r&ocirc;le jou&eacute; par les bandes de chasseurs pr&eacute;historiques dans l&rsquo;extinction de la macro-faune du futur &laquo;&nbsp;Nouveau Monde&nbsp;&raquo;, qui &eacute;tait d&eacute;j&agrave; Nouveau &agrave; l&rsquo;&eacute;poque&hellip;.Nous sommes oblig&eacute;es de reconna&icirc;tre nos limites, et il y a du potentiel dans cela, mais le chemin &agrave; parcourir pour y arriver devra forc&eacute;ment passer par une nouvelle route.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pourquoi tu fais r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Gilgames dans ton livre </span></span></span></i></b><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La mente paesaggio&nbsp;?</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span class="apple-converted-space" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="color:#2c2c2c">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La mente paesaggio</span></span></span></span></i></span><span class="apple-converted-space" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="color:#2c2c2c"> est,&nbsp; pour ainsi dire, &ldquo;mon livre du deuil&rdquo;, la travers&eacute;e du deuil suite &agrave; la perte d&rsquo;un &ecirc;tre aim&eacute;, qui est la face de l&rsquo;ombre&nbsp;&nbsp;&nbsp; de l&rsquo;&acirc;ge adulte par rapport &agrave; la jeunesse (<i>Antartide</i>, qui par ailleurs est un roman qui n&rsquo;a rien d&rsquo;autobiographique, narre la m&ecirc;me histoire, la m&ecirc;me travers&eacute;e, en prose). </span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span class="apple-converted-space" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="color:#2c2c2c">Vu &agrave; partir de cette perspective, l&rsquo;histoire de Gilgamesh, qui est l&rsquo;un des plus ancien t&eacute;moignages de l&rsquo;histoire litt&eacute;raire de l&rsquo;humanit&eacute;, bien plus ancienne qu&rsquo;Hom&egrave;re, narre justement cela&nbsp;: la d&eacute;couverte de la mortalit&eacute; par un sujet qui s&rsquo;est toujours cru immortel. C&rsquo;est l&rsquo;histoire la plus humaine qu&rsquo;on puisse avoir, et pour cela, pendant que j&rsquo;&eacute;crivais <i>La mente paesaggio</i>, qui a eu, comme tous mes livres de po&eacute;sie, une r&eacute;daction plut&ocirc;t serr&eacute;e, j&rsquo;ai ressenti l&rsquo;exigence de me confronter avec cet ancien po&egrave;me, ou du moins avec l&rsquo;une de ses versions, m&ecirc;me si j&rsquo;ai r&eacute;duit ses 12 tables &agrave; 12 fragments&hellip;..</span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Dans ton livre de po&egrave;mes on retrouve une pr&eacute;sence constante de la r&eacute;alit&eacute; du corps: le monde physique fait irruption dans l&rsquo;&eacute;criture et &agrave; la fin para&icirc;t renoncer &agrave; la langue. &laquo;&nbsp;Lingua fatti ultima&nbsp;&raquo;; &laquo;&nbsp;Lingua puoi perderti qui e non altrove&nbsp;&raquo;.</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">C&rsquo;est vrai: le corps est toujours pr&eacute;sent dans mon &oelig;uvre, le corps comme acceptation de la multiplicit&eacute; et du temps par rapport &agrave; l&rsquo;Un immat&eacute;riel et intemporel de l&rsquo;esprit, m&ecirc;me si l&rsquo;irruption du corps dans l&rsquo;esprit n&rsquo;entra&icirc;ne pas une renonciation au langage, mais plut&ocirc;t une radicalisation du langage m&ecirc;me, un d&eacute;placement en avant. Je peux dire que tout mon &oelig;uvre s&rsquo;efforce constamment de devenir plus h&eacute;raclit&eacute;en. En plus, <i>La mente paesaggio</i> parle de l&rsquo;identit&eacute;, plus exactement de ce qui advient de l&rsquo;identit&eacute; d&rsquo;un &ecirc;tre (un &ecirc;tre aim&eacute;) face &agrave; la mort, au moment o&ugrave; cette identit&eacute;, qui selon notre tradition, scientifique aussi, a ses racines dans le cerveau, se voit menac&eacute;e, m&ecirc;me gravement, le cerveau lui-m&ecirc;me &eacute;tant affaibli. De quelle fa&ccedil;on le corps peut-il conserver cette identit&eacute;&nbsp;? et conserver m&ecirc;me la partie de cette identit&eacute; que nous attribuons &agrave; l&rsquo;esprit&nbsp;? de quelle fa&ccedil;on l&rsquo;identit&eacute; n&rsquo;est pas seulement contenue dans le cerveau, mais au contraire r&eacute;pandue dans le corps, et qu&rsquo;est- ce que &ccedil;a veut dire, dans les termes du langage po&eacute;tique qui a la t&acirc;che de le dire.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Tu fais r&eacute;f&eacute;rences dans ta po&eacute;sie aux m&eacute;tamorphoses du corps: m&ecirc;me ici on rencontre la fronti&egrave;re entre humanit&eacute; et animalit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;corpo che va tramutando in volpe argentata&nbsp;&raquo;.</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Dans mon &eacute;criture il y a une esp&egrave;ce d&rsquo;osmose entre po&eacute;sie et prose, et il arrive que les images g&eacute;n&eacute;ratrices arrivent comme images de la po&eacute;sie, pour retourner apr&egrave;s, m&ecirc;me apr&egrave;s des ann&eacute;es, dans la prose&nbsp;: l&rsquo;image du renard, &laquo;&nbsp;le renard d&rsquo;or&nbsp;&raquo;, par exemple, elle affleure dans des petits po&egrave;mes du d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, puis on la retrouve dans mon livre de po&eacute;sie <i>Il colore oro</i>&nbsp;, et, apr&egrave;s des ann&eacute;es, elle revient dans mon roman <i>La Caccia</i>, en prenant la forme de la femme renard/esprit des bois/kitsune japonaise, qui est un type de f&eacute;e M&eacute;lusine &ndash; selon la distinction entre Morganes et M&eacute;lusines que trace Laurence Harf-Lancner dans son essai sur <i>La naissance des f&eacute;es au Moyen-&Acirc;ge</i>&nbsp; &ndash; qui n&rsquo;arrive pas du tout &agrave; survivre, pas m&ecirc;me un seule instant, dans le monde humain, peut-&ecirc;tre parce que le monde humain est devenu inhabitable pour l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment naturel.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">M&ecirc;me les mots ont une fonction concr&egrave;te dans ton livre: : &laquo;&nbsp;le parole affilarle come strumenti di caccia&nbsp;&raquo;;&nbsp; quelle est pour toi la fonction de l&rsquo;&eacute;criture litt&eacute;raire?</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Pour moi, la fonction de l&rsquo;&eacute;criture po&eacute;tique est de se d&eacute;placer sans cesse sur la fronti&egrave;re qui s&eacute;pare les domaines de &laquo;&nbsp;ce qui peut &ecirc;tre dit&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;ce qui ne peut pas &ecirc;tre dit&nbsp;&raquo;, en essayant d&rsquo;arracher des fragments de ce qui est impossible &agrave; dire pour les dire finalement &ndash; dans une perspective presque plus physique ou m&eacute;taphysique que psychanalytique. C&rsquo;est un &eacute;quilibre dynamique, qui se r&eacute;organise tout le temps. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Si la prose nous para&icirc;t ob&eacute;ir aux lois de la m&eacute;canique newtonienne, en tra&ccedil;ant autour de nous un monde reconnaissable &ndash; m&ecirc;me si on se trouve juste en de&ccedil;&agrave; du tabou &ndash; la po&eacute;sie dessine le monde que nous laisse imaginer la physique quantique, un monde de possibilit&eacute;s et pas de lois fix&eacute;es, o&ugrave; il y a une copr&eacute;sence de vide et de plein, de ce qui existe et de ce qui n&rsquo;existe pas, mais qui pourrait exister dans une autre configuration de probabilit&eacute;s, un monde qui est notre monde et qui &laquo;&nbsp;est un Autre&nbsp;&raquo;. Je dis &ccedil;a en pensant &agrave; mon travail en po&eacute;sie, mais je n&rsquo;ai pas du tout envie de donner des pr&eacute;ceptes&nbsp;: je crois en la d&eacute;mocratie des po&eacute;tiques.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Dans ton roman </span></span></span></b><b><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La caccia </span></span></span></i></b><b><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">nous sommes &agrave; nouveau en pr&eacute;sence de la dichotomie Nature / Culture mais avec un sens accru du myst&egrave;re. Qui est la B&ecirc;te? Peux-tu nous parler du parcours initiatique des personnages?</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;<i>La Caccia</i>&nbsp; a des affinit&eacute;es aves les contes de f&eacute;es, qui nous parlent de fant&ocirc;mes, d&rsquo;esprits. Le roman narre la rencontre entre un &ecirc;tre humain et une cr&eacute;ature qui appartient au monde du Naturel &ndash; le renard ou femme renard, qui ressemble beaucoup aux kitsunes des l&eacute;gendes et du folklore japonais, m&ecirc;me si les vrais kitsunes ont des aspects d&eacute;moniaques tr&egrave;s accentu&eacute;s. Or, cet aspect du monde naturel, dans notre monde contemporain, a fini par &ecirc;tre rang&eacute; dans le domaine du non-narrable, du pas-narrable. Dans notre &eacute;poque, on n&rsquo;a plus les moyens pour narrer cette histoire, de la m&ecirc;me fa&ccedil;on que le personnage de la kitsune ne peut survivre dans notre monde, en &eacute;tant - comme elle est et reste - un &ecirc;tre de son monde &agrave; elle &ndash; l&rsquo;effrayante montagne du Gora. En entrant dans notre monde, la kitsune meurt, c&rsquo;est ainsi, priv&eacute;e de vie, qu&rsquo;on la retrouve au d&eacute;but du roman. De leur c&ocirc;t&eacute;, les personnages humains subissent de la m&ecirc;me fa&ccedil;on l&rsquo;appel du monde naturel, du terrible Gora, o&ugrave; ils vont peut-&ecirc;tre trouver la mort. L&rsquo;histoire de ce roman, c&rsquo;est la disparition, l&rsquo;absence, la poursuite, avec le pr&eacute;dateur et la proie qui changent constamment de positions, et la poursuite de la narration m&ecirc;me qui s&rsquo;est r&eacute;fugi&eacute;e dans les profondeurs du &laquo;&nbsp;pas narrable&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;Histoire de la B&ecirc;te - qui se relie &agrave; la tradition fran&ccedil;aise du Loup du G&eacute;vaudan au XVIII&egrave;me si&egrave;cle -&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;c&rsquo;est la forme que prend la narration quand on essaie de la situer dans le contemporain sans reconna&icirc;tre qu&rsquo;on est d&eacute;sormais oblig&eacute; de d&eacute;crire une spirale autour du centre de l&rsquo;histoire, le trou noir de l&rsquo;histoire, qui reste, pour nous, impossible &agrave; joindre, comme peut-&ecirc;tre la r&eacute;alit&eacute; de la Nature elle-m&ecirc;me, &agrave; travers nos sens. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">En ce qui concerne le parcours d&rsquo;initiation des personnages du roman, du protagoniste Nord et de son fr&egrave;re Mattias, qui va suivre les traces de l&rsquo;a&icirc;n&eacute; sur la montagne, le Gora, c&rsquo;est un parcours qui doit sa validit&eacute; au fait de rester du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;humain, du c&ocirc;t&eacute; du tabou, sans justement franchir la fronti&egrave;re du mythe, en faisant attention &agrave; tout ce qui de dangereux il y a dans les s&eacute;ductions de la nature, de l&rsquo;irrationnel, de la mati&egrave;re obscure, qui peuvent jaillir de ces pages, et pour cela j&rsquo;aimerais bien citer les mots du critique Daniele Gilioli dans le suppl&eacute;ment litt&eacute;raire du <i>Corriere della Sera</i> (7/10/2012)&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne le dis pas sans crainte&nbsp;: entre le mythe et l&rsquo;homme, si c&rsquo;est le Mythe qui gagne c&rsquo;est la Mort qui gagne (le renard, la B&ecirc;te, farouche ou tendre peu importe). Ici, abandonner l&rsquo;interpr&eacute;tation tient de la sagesse. Fermer le livre, rentrer en ville, &eacute;chapper &agrave; la Milice c&rsquo;est notre m&eacute;tier&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La question que j&rsquo;ai entendue poser par certains auteurs de manuels de litt&eacute;rature, &agrave; propos des &eacute;crivains&nbsp;est&nbsp;: &laquo;&nbsp;o&ugrave; je le mets&nbsp;?&nbsp;&raquo; Quelles affinit&eacute;s tu per&ccedil;ois face aux courants litt&eacute;raires actuels ou par rapport aux &eacute;crivains italiens et &eacute;trangers&nbsp;?</span></span></span></i></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">En v&eacute;rit&eacute;, je n&rsquo;ai jamais per&ccedil;u des affinit&eacute;s marqu&eacute;es avec des tendances &ndash; italiennes ou non, mais c&rsquo;est seulement ma perception de la chose &ndash;. Aujourd&rsquo;hui, le paysage de l&rsquo;&eacute;criture en Italie me para&icirc;t plut&ocirc;t une constellation ou bien un archipel d&rsquo;&icirc;les assez diff&eacute;rentes entre elles. Cela surtout dans la prose; dans le milieu de la po&eacute;sie, je vois aussi des archipels, avec des &icirc;les distantes&nbsp;; cependant, pour la g&eacute;n&eacute;ration des po&egrave;tes qui sont n&eacute;(es) dans les ann&eacute;es Soixante-dix, il y a aussi le sentiment de faire partie d&rsquo;une m&ecirc;me communaut&eacute;, tout en ayant chacun son style et son approche, et cela aussi parce-que, au del&agrave; de ce sentiment de communaut&eacute;, il y a tr&egrave;s peu. Quant au march&eacute; de l&rsquo;&eacute;dition, en Italie, il y a un d&eacute;sint&eacute;r&ecirc;t quasi-total pour la po&eacute;sie. Dans le panorama de la narration, il y a des personnalit&eacute;s int&eacute;ressantes, mais elles me paraissent isol&eacute;es. J&rsquo;ai de l&rsquo;estime pour diff&eacute;rents &eacute;crivains &ndash; pour donner des noms, Giulio Mozzi, Simona Vinci, Valeria Vigan&ograve;, Marco Mancassola, Paolo Cognetti, et parmi les nouveaux, Alessandra Sarchi &ndash; mais je ne vois pas un parcours en commun entre eux, ou avec moi. Ceci dit, c&rsquo;est ma perception et ma r&eacute;ponse &agrave; moi, il se peut qu&rsquo;un(e) autre &eacute;crivain(e) vous donne une r&eacute;ponse tout &agrave; fait diff&eacute;rente&hellip;</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bibliographie Laura Pugno</span></span></span></i></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Romans et r&eacute;cits:</span></span></span></i></b><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> Sleepwalking, </span></span></span></i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Sironi, 2002; <i>Sirene, </i>Einaudi, Torino, 2007; <i>Quando verrai</i>, Minimum fax, 2009; <i>Antartide,</i> Minimum fax, 2011; <i>La caccia</i>, Adriano Salani - Ponte alle Grazie, Milano, 2012, <i>La ragazza selvaggia,</i> Marsilio, 2016. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:13px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;, sans-serif"><b><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Po&eacute;sie:</span></span></span></i></b><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> Bianco, </span></span></span></i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Nottetempo 2016;<i> </i></span></span></span><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">N&aacute;car, </span></span></span></i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Huerga &amp; Fierro 2016;<i> </i></span></span></span><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La mente paesaggio, </span></span></span></i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Perrone<i> </i>2010;<i> </i></span></span></span><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Il colore oro, </span></span></span></i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le Lettere 2007;<i> </i></span></span></span><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Tennis, </span></span></span></i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Nuova Editrice Magenta 2002;<br /> <i>La plaquette </i></span></span></span><i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Gilgames, </span></span></span></i><span lang="IT" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Transeuropa 2009.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:13px">&nbsp;</p>