<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><span style="color:#404040">À partir d’expérimentations menées depuis quelques années en lycée professionnel, cet article propose de montrer en quoi un atelier slam en contexte scolaire est générateur d’empathie chez les élèves.</span></span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"> « Le slam c’est avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. C’est le moyen le plus facile de partager un texte, donc de partager des émotions et l'envie de jouer avec des mots (…) le slam est sûrement un Moment… Un moment d’écoute, un moment de tolérance, un moment de rencontres, un moment de partage. </span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">»<sup> </sup>(Grand Corps malade, in 129h, 20027 : 31)</span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">Lancer un slam, c’est construire du lien social avec l’autre. Par la voix que l’on pose et module pour donner vie au texte, pour communiquer ses sentiments, ses émotions. Par ses mots, par son corps, le slameur fait naître des émotions au plus profond de soi comme de l’autre. Slamer c’est se mettre en scène, se raconter à l’autre pour aller à sa rencontre et entrer dans une relation de partage avec lui. </span></span></span></span></span></span></p>
<p class="Default" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="color:black">Mais se raconter à l’autre, se mettre en scène devant lui, c’est aussi se mettre en danger en s’exposant à son regard et à son jugement, ce qui occasionne des émotions intenses, parfois éprouvantes, surtout à l’adolescence (Le Breton, 2016). On sait que le mal-être adolescent peut avoir des répercussions néfastes sur les comportements et les apprentissages (Gueguen, 2018). Monter un atelier slam en classe est l’occasion d’accompagner les élèves dans le dépassement de cette peur de la « confrontation » avec l’autre et dans la gestion de leurs émotions en développant leur empathie. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif"><span style="color:#151515">D’abord, lors des premières activités, dites d’échauffement, </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:"Times New Roman",serif">les élèves deviennent les témoins visuels des émotions ressenties par les camarades : rires et regards gênés, tremblements dans la voix, hésitations, mimiques ou gestuelles indiquant le malaise, le plaisir… Par un effet d’« échoïsation corporelle » (Cosnier, 1994), de mise en résonance entre les élèves, les émotions constatées chez les camarades renvoient chacun à ses propres émotions : chacun prend conscience d’un vécu et d’un ressenti partagés par le groupe qui l’amène à envisager les camarades comme d’autres versions possibles de soi (Zanna, 2016) . </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white none repeat scroll 0% 0%"><span style="font-family:"Times New Roman", serif"><span style="color:#151515">De là naît un esprit de groupe marqué par une entraide spontanée jusqu’à la fin du projet, et même au-delà. Chacun prend confiance en soi, les améliorations progressives développent un sentiment d'efficacité personnelle (Bandura, 2007) et engendrent des émotions positives (Capron Puozzo, 2013), stimulant la motivation et l’implication. Les difficultés individuelles deviennent alors des difficultés collectives que tous ont à cœur de résoudre de manière solidaire. Dans ces moments, ils apprennent à développer des compétences psychosociales : écoute et respect de l’autre, gestion des tours de parole, entraide, négociations aboutissant à des consensus… </span><span style="color:black">C’est l’occasion pour eux de réaliser que chacun est indispensable aux autres car la qualité d’une performance a tout à gagner d’un travail coopératif et collaboratif. C’est aussi l’occasion d’apprendre le respect de l’autre et de l’acceptation de la différence.</span></span></span></span></p>
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