<p>J’aimerais, dans le cadre de cet article, m’interroger sur les relations que peuvent soutenir deux types de discours ou deux types d’approche de la nature : d’une part celle qui fait de l’environnement naturel un objet de préoccupation morale, et d’autre part celle qui fait de la nature un objet d’appréciation esthétique, susceptible d’être représenté. En effet, il y a un lien généalogique entre ces deux formes de sensibilité à la nature, car la contemplation de la nature comme constituant un spectacle de toute beauté a pu conduire historiquement à la préservation des sites doués d’une certaine valeur esthétique. Une étude approfondie est susceptible d'établir que la représentation paysagère de la nature a joué un rôle décisif dans l’histoire de la formation de la sensibilité écologique partout dans le monde, que l'environnementalisme contemporain plonge ses racines dans la tradition romantique du XIXe siècle, que le mouvement de préservation des parcs nationaux aux Etats-Unis a trouvé l’une de ses principales motivations dans l’appréciation esthétique de la nature sauvage. Pour prendre un exemple très précis, les séries artistiques de l’école de Barbizon ont permis d’obtenir l’annulation de coupes de vieux arbres dans la forêt de Fontainebleau, et ont conduit ultimement à classer cette forêt parmi les sites protégés. J’aimerais donc dans un premier temps étudier ce lien historique qu’entretiennent l’éthique et l’esthétique environnementale, pour ensuite m’intéresser aux relations discursives qu’une esthétique de la nature peut soutenir avec une éthique de l’environnement, avec comme question principale celle-ci: Comment peut-on passer de la considération de la beauté de la nature à l’idée selon laquelle nous aurions des devoirs à l’endroit des entités du monde naturel ?</p>
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