Résumé Nous faisons face à un effondrement écologique, qui nécessite un changement radical de paradigme pour redéfinir le partage de la terre entre l’humain et le vivant. L’écologie (comme rapport sensible au monde), doit selon nous être appréhendée par le prisme de l’art, de la science et de l’éducation populaire. Afin de sortir de notre « dissociété » caractérisée par un réductionnisme incapacitant (Généreux, 2006 ; Stiegler, 2008) et une norme statistique médiocratisante (Danchin, 2016 ; Deneault, 2014), il nous faut capaciter les citoyens dans leur démarche d’émancipation par l’interdépendance et la reliance empathique, en inventant à l’échelle locale des mondes locaux culturellement différenciés mais porteurs d’un code culturel commun supportant une vision écologique et sociale du progrès. Pour y parvenir, nous avons conçu un modèle théorique et pratique d’intelligence collective qui vise à faciliter l’acquisition, l’hybridation et la valorisation de savoir commun afin de permettre un métissage culturel pour une créolisation du réel (Barrau, 2020). Ce modèle permet d’acquérir un savoir-faire que nous nommons MAGI (pour « Maîtrise de l’Art de l’Intelligence Glocagénitive »). Il renvoie à la capacité de régénérer les biotopes par le développement de cultures différenciantes et reliantes grâce à un code commun basé sur la culture libre. Celui-ci s’acquiert par l’utilisation de matrices élaborées sous la forme de questionnaires, que nous expérimentons actuellement en région Bigorre dans le cadre d’une recherche-action que nous avons entamée durant notre thèse (portant sur l’intelligence collective pour appréhender l’effondrement écologique et soutenue en janvier 2021). Ce savoir-faire permet d’inventer de manière coopérative (sur une base de pair-à-pair) des prototopies (Rumpala, 2018), comme territoires expérimentaux définis par des communautés locales auto-organisées et &oelig;uvrant en collaboration pour régénérer les biotopes et alimenter un bassin culturel commun universel reflétant une diversité culturelle essentielle à la résilience sociale. En d’autres termes, il vise à faciliter la création de contextes locaux émancipateurs par l’art et la science afin de stimuler le désir commun d’évoluer en poursuivant une vision désirable et soutenable pour le vivant sur Terre. Dans un premier temps, nous présenterons le contexte problématique qui nous a amené à développer le concept de MAGI. Ensuite, nous présenterons ce concept de MAGI et la méthodologie que nous avons développée pour initier les individus à ce savoir-faire, via une pratique éducative populaire et imaginieriale (Nijs, 2014) mobilisant une démarche artistique et scientifique pour l’émancipation citoyenne et la transformation sociale. Enfin, nous introduirons un projet de recherche-action que nous menons actuellement en Bigorre. Ce projet se décline sous la forme d’un livre pour enfants visant à impulser l’esprit critique et la reliance empathique nécessaires au développement d’un rapport sensible au monde à une citoyenneté planétaire (Morin, 2016). Ce projet collaboratif mobilise des personnes aux profils variés (chercheurs, artistes, traductrice). La problématique que nous explorerons est la suivante : Comment faciliter l’acquisition de savoir-faire permettant de se relier aux autres pour alimenter une dynamique collaborative synergique permettant d’appréhender l’effondrement écologique ?