<p style="text-align: center;"><span style="font-size:24px;"><strong><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les albums de litt&eacute;rature de jeunesse comme soutien</span></strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size:24px;"><strong><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">au d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie chez les jeunes enfants</span></strong></span></p> <p><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Anne-Marie Dionne<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span style="color:#000099;">[1]</span></a></span></span></p> <div style="text-align:start; text-indent:0px; -webkit-text-stroke-width:0px">&nbsp;</div> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><strong>Introduction</strong></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que suscitent les albums de litt&eacute;rature de jeunesse comme soutien au d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie chez les enfants est assez r&eacute;cent. Des avanc&eacute;es dans le domaine de la psychologie du d&eacute;veloppement, des neurosciences et des &eacute;tudes litt&eacute;raires apportent des connaissances concernant leur engagement cognitif et &eacute;motionnel lorsqu&rsquo;on leur fait la lecture de ce genre de livres. Gr&acirc;ce &agrave; ces recherches, on r&eacute;alise que ces livres offrent un terrain de jeu qui leur permet de d&eacute;velopper et d&rsquo;affiner leur exp&eacute;rience de la pens&eacute;e. En outre, par l&rsquo;entremise des albums, les enfants c&ocirc;toient des personnages en mots et en images qui les am&egrave;nent &agrave; faire l&rsquo;exp&eacute;rience de toute une gamme d&rsquo;&eacute;motions. Ces personnages peuvent m&ecirc;me leur faire vivre par procuration des situations conflictuelles, probables ou improbables, dont ils retirent de v&eacute;ritables le&ccedil;ons de vie (McTigue et <em>al</em>., 2015). Par cette exp&eacute;rience vicariante du monde de la pens&eacute;e, les enfants apprennent &agrave; &laquo;&nbsp;lire&nbsp;&raquo; les &eacute;motions et les sentiments d&rsquo;autrui, d&eacute;veloppant ainsi leur empathie cognitive et possiblement leur empathie &eacute;motionnelle.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Alors que l&rsquo;empathie &eacute;motionnelle apparait tr&egrave;s t&ocirc;t dans la trajectoire d&eacute;veloppementale des enfants, l&rsquo;empathie cognitive exige qu&rsquo;ils d&eacute;veloppent la capacit&eacute; de mentaliser et de comprendre les pens&eacute;es d&rsquo;autrui, ce qu&rsquo;ils sont en mesure d&rsquo;accomplir &agrave; partir de trois ou quatre ans (Fonagy, 2018). Deux concepts connexes qui sont associ&eacute;s au d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie cognitive sont la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit et la prise de perspective (Kucirkova, 2019). Or, nombreux sont les albums de litt&eacute;rature de jeunesse qui pr&eacute;sentent des sc&eacute;narios pouvant &ecirc;tre utiles pour guider les enfants dans l&rsquo;accroissement de ces habilet&eacute;s cognitives (M&eacute;lan&ccedil;on, 2015). N&eacute;anmoins, par la diversit&eacute; de leurs contenus, on peut penser qu&rsquo;ils n&rsquo;offrent pas tous le m&ecirc;me int&eacute;r&ecirc;t. D&egrave;s lors, on peut se demander quelles sont les caract&eacute;ristiques que devraient pr&eacute;senter les albums qui s&rsquo;av&egrave;rent les plus b&eacute;n&eacute;fiques &agrave; cet &eacute;gard. Par ailleurs, il nous semble que si les albums sont utilis&eacute;s pour soutenir le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie chez les enfants, il importe &eacute;galement de prendre en compte les interventions qui sont d&eacute;ploy&eacute;es par les adultes qui en font la lecture aux enfants. Ainsi, il y a lieu de consid&eacute;rer comment les enseignants peuvent favoriser le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie des enfants en instaurant un dialogue entourant les &eacute;motions et les &eacute;tats mentaux des personnages rencontr&eacute;s dans les albums pendant qu&rsquo;ils leur font la lecture.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&rsquo;objectif de cet article est de pr&eacute;senter un &eacute;tat des lieux de la recherche concernant le r&ocirc;le des albums de litt&eacute;rature de jeunesse dans le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie des enfants. Notre travail sera orient&eacute; par les deux p&ocirc;les mentionn&eacute;s plus haut, soit les caract&eacute;ristiques des albums et les interventions des adultes qui font la lecture aux enfants. Dans le simple but d&rsquo;exposer de fa&ccedil;on concr&egrave;te les &eacute;l&eacute;ments th&eacute;oriques qui ressortent des recherches &agrave; ce sujet, nos propos seront ponctu&eacute;s de quelques exemples rep&eacute;r&eacute;s dans des albums de litt&eacute;rature de jeunesse. Aussi, pour montrer comment les interventions des enseignantes peuvent contribuer &agrave; soutenir le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie chez leurs &eacute;l&egrave;ves en leur faisant la lecture, nous pr&eacute;senterons quelques extraits qui rapportent des interactions ayant lieu en classe pendant cette activit&eacute;. Mais avant d&rsquo;entrer dans ces consid&eacute;rations, nous faisons &eacute;tat de certaines connaissances th&eacute;oriques relatives au d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie chez les enfants.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie &ndash; &eacute;l&eacute;ments th&eacute;oriques</span></span></strong></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&rsquo;empathie est consid&eacute;r&eacute;e comme &eacute;tant une comp&eacute;tence sociale essentielle pour vivre harmonieusement en soci&eacute;t&eacute; (UNESCO, 2015). Aussi, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t croissant pour cet objet d&rsquo;&eacute;tude t&eacute;moigne du fait que l&rsquo;on reconnait de plus en plus qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un enjeu d&eacute;terminant qui contribue au bien-&ecirc;tre et m&ecirc;me &agrave; la survie de l&rsquo;humanit&eacute; (Moors et <em>al</em>., 2013). Plusieurs th&eacute;ories concernant le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie ont &eacute;merg&eacute; et les d&eacute;finitions de ce concept se sont multipli&eacute;es (de Vignemont, 2011). Une seule d&eacute;finition ne saurait parvenir &agrave; capter toutes les conceptualisations mises de l&rsquo;avant par diff&eacute;rentes &eacute;coles de pens&eacute;es. Toutefois, les perspectives d&eacute;coulant de la psychologie du d&eacute;veloppement et l&rsquo;apport des neurosciences nous semblent particuli&egrave;rement bien indiqu&eacute;es pour cadrer les propos du pr&eacute;sent article.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Une d&eacute;finition de l&rsquo;empathie</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Des chercheurs dans le domaine de la psychologie du d&eacute;veloppement d&eacute;finissent l&rsquo;empathie comme un construit multidimensionnel comportant une dimension cognitive et une dimension affective (Feshbach, Feshbach, 1982; Hoffman, 1984; Strayer, 1987). De fa&ccedil;on op&eacute;rationnelle, l&rsquo;empathie est consid&eacute;r&eacute;e comme &eacute;tant un ph&eacute;nom&egrave;ne interpersonnel qui d&eacute;note la capacit&eacute; de reconnaitre, de comprendre et de partager les &eacute;motions ressenties par une autre personne (Tousignant et <em>al</em>., 2017). La reconnaissance des &eacute;tats mentaux de l&rsquo;autre peut susciter, chez celui qui les per&ccedil;oit, l&rsquo;empathie &eacute;motionnelle et l&rsquo;empathie cognitive (Baron-Cohen, 2011; Hoffman, 2001; Perry, Shamay-Tsoory, 2013). L&rsquo;empathie &eacute;motionnelle est une r&eacute;action automatique et non intentionnelle. Par exemple, en voyant une personne qui est transport&eacute;e de joie, celui qui en est t&eacute;moin peut &eacute;prouver lui-m&ecirc;me un ressenti agr&eacute;able. Cette forme d&rsquo;empathie se manifeste tr&egrave;s t&ocirc;t dans la vie des nouveau-n&eacute;s, ce qui donne &agrave; penser qu&rsquo;elle pourrait possiblement &ecirc;tre inn&eacute;e (Sagi, Hoffman, 1976). N&eacute;anmoins, elle semble s&rsquo;affiner de plus en plus avec l&rsquo;&acirc;ge (Hoffman, 1984). L&rsquo;empathie cognitive, quant &agrave; elle, n&eacute;cessite l&rsquo;habilet&eacute; de traiter cognitivement les &eacute;motions per&ccedil;ues chez autrui, ce que les enfants acqui&egrave;rent typiquement vers l&rsquo;&acirc;ge de trois &agrave; quatre ans (Fonagy, 2018). La capacit&eacute; de s&rsquo;engager dans ce processus cognitif peut mener &agrave; comprendre le point de vue psychologique d&rsquo;une autre personne afin de savoir ce qu&rsquo;elle peut possiblement penser ou ressentir. L&rsquo;empathie cognitive exige que l&rsquo;enfant soit en mesure de comprendre les croyances et les intentions des autres personnes, requ&eacute;rant plus de ressources cognitives que l&rsquo;empathie &eacute;motionnelle (Saxe, 2006).</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Selon Kucirkova (2019), deux concepts importants qui sont directement li&eacute;s &agrave; l&rsquo;empathie cognitive sont la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit et la prise de perspective. Ces deux aptitudes cognitives de haut niveau s&rsquo;av&egrave;rent indispensables &agrave; la r&eacute;gulation des interactions sociales. Pour sch&eacute;matiser ces concepts, on peut dire que la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit est l&rsquo;aptitude &agrave; &laquo;&nbsp;lire&nbsp;&raquo; les pens&eacute;es de l&rsquo;autre alors que la prise de perspective est la capacit&eacute; &agrave; se mettre &agrave; sa place pour appr&eacute;hender sa vision du monde. Des pr&eacute;cisions et des nuances entourant ces deux concepts sont pr&eacute;sent&eacute;es dans ce qui suit.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La th&eacute;orie de l&rsquo;esprit pour lire les pens&eacute;es</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La th&eacute;orie de l&rsquo;esprit est &laquo;&nbsp;[...] la capacit&eacute; &agrave; inf&eacute;rer des &eacute;tats mentaux &agrave; soi-m&ecirc;me et &agrave; autrui, capacit&eacute; qui nous permet d&rsquo;interpr&eacute;ter et de pr&eacute;dire le comportement de nos pairs dans une situation donn&eacute;e&nbsp;&raquo; (Desgranges et <em>al</em>. 2011, p. 216). L&rsquo;enfant qui d&eacute;veloppe sa th&eacute;orie de l&rsquo;esprit parvient peu &agrave; peu &agrave; comprendre les &eacute;tats mentaux des individus, tels que leurs connaissances, leurs croyances, leurs intentions, leurs &eacute;motions ou leurs d&eacute;sirs (Premack, Woodruff, 1978). Par exemple, &acirc;g&eacute;e de trois ans, la petite Lisette comprend que son fr&egrave;re a de la peine parce qu&rsquo;il a perdu son ballon. Elle peut faire cette &laquo;&nbsp;lecture&nbsp;&raquo; &agrave; partir de divers indices, notamment le langage corporel de son fr&egrave;re, ou encore les &eacute;changes verbaux qui ont lieu entourant cet &eacute;v&egrave;nement. Par ailleurs, en d&eacute;veloppant sa th&eacute;orie de l&rsquo;esprit, l&rsquo;enfant comprend progressivement que les personnes ne pensent pas toutes de la m&ecirc;me fa&ccedil;on et que leurs croyances peuvent &ecirc;tre diff&eacute;rentes des siennes. Elles peuvent &eacute;galement diff&eacute;rer de la r&eacute;alit&eacute;. Il s&rsquo;agit alors de la compr&eacute;hension de fausses croyances. Par exemple, Ali comprend que sa m&egrave;re est heureuse parce qu&rsquo;elle croit (&agrave; tort) qu&rsquo;il a cueilli pour elle un joli bouquet de fleurs. Mais en r&eacute;alit&eacute;, il a cueilli des fleurs pour les offrir &agrave; sa grand-m&egrave;re. L&rsquo;enfant parvient &eacute;galement &agrave; comprendre que les &eacute;motions et les &eacute;tats mentaux des gens influencent leur fa&ccedil;on d&rsquo;agir (Houd&eacute;, Leroux, 2013). Ainsi, &agrave; partir de ce qu&rsquo;il est en mesure de d&eacute;celer, il peut anticiper les comportements d&rsquo;autrui dans une situation donn&eacute;e (Bejanin et <em>al</em>., 2016). Par exemple, parce qu&rsquo;il comprend que sa grand-m&egrave;re est heureuse de recevoir des fleurs, Ali pr&eacute;voit qu&rsquo;elle l&rsquo;embrassera tr&egrave;s fort.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Comme on peut le constater, l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;th&eacute;orie de l&rsquo;esprit&nbsp;&raquo; ne d&eacute;note pas une th&eacute;orie psychologique. Il s&rsquo;agit plut&ocirc;t d&rsquo;une aptitude cognitive qui permet d&rsquo;imputer des repr&eacute;sentations mentales aux individus &agrave; partir de l&rsquo;ext&eacute;riorisation de leurs expressions &eacute;motionnelles, de leurs attitudes ou de leur connaissance suppos&eacute;e de la r&eacute;alit&eacute; (Duval et <em>al</em>., 2011). Cette fonction intellectuelle est n&eacute;cessaire au d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie. Il est g&eacute;n&eacute;ralement admis que les rudiments de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit sont pr&eacute;sents chez la plupart des enfants de quatre ou cinq ans qui se d&eacute;veloppent typiquement (Gauthier, Bradmetz, 2005; Wellman et <em>al</em>., 2001). Toutefois, certains chercheurs (Buttelmann et <em>al</em>., 2014) soutiennent que certaines manifestations sont d&eacute;j&agrave; apparentes chez des enfants &acirc;g&eacute;s de 18 mois. Quoi qu&rsquo;il en soit, on peut penser que la p&eacute;riode de l&rsquo;enfance est marqu&eacute;e par des progr&egrave;s rapides et sophistiqu&eacute;s concernant le d&eacute;veloppement de diverses habilet&eacute;s qui t&eacute;moignent de l&rsquo;acquisition de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit, tout comme c&rsquo;est le cas pour la prise de perspective, un autre concept qui est &eacute;galement li&eacute; &agrave; l&rsquo;empathie.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La prise de perspective pour comprendre le point de vue de l&rsquo;autre</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Chevalier et al. (2010) d&eacute;finissent la prise de perspective comme &eacute;tant &laquo;&nbsp;la tendance &agrave; spontan&eacute;ment adopter le point de vue psychologique des autres et &agrave; imaginer comment l&rsquo;autre est affect&eacute; par sa situation sans confondre ses propres sentiments avec ceux de l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; (p. 139). Ce concept s&rsquo;apparente &agrave; la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit, bien qu&rsquo;il s&rsquo;en distingue (Abrams et <em>al</em>., 2009; Kurcikova, 2019). Comme l&rsquo;expliquent Chevalier et <em>al.</em> (2010), alors que la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit permet de comprendre les intentions ou les &eacute;tats mentaux, la prise de perspective consiste plut&ocirc;t &agrave; s&rsquo;imaginer soi-m&ecirc;me comme &eacute;tant &agrave; la place d&rsquo;une autre personne. Pour r&eacute;aliser cette op&eacute;ration cognitive, l&rsquo;enfant doit avoir acquis la capacit&eacute; de raisonner &agrave; propos de la fa&ccedil;on dont les autres per&ccedil;oivent et comprennent le monde. Par ailleurs, la prise de perspective comprend &eacute;galement l&rsquo;habilet&eacute; &agrave; utiliser sa compr&eacute;hension de la perspective d&rsquo;autrui pour ajuster sa propre vision des choses. Cette habilet&eacute; peut &ecirc;tre observ&eacute;e chez des enfants d&rsquo;environ trois ou quatre ans (Wellman, 1992; 2014), mais selon Abrams et <em>al</em>. (2009), elle continue d&rsquo;&eacute;voluer et elle s&rsquo;am&eacute;liore consid&eacute;rablement au cours des ann&eacute;es subs&eacute;quentes. Enfin, comme la prise de perspective ne se limite pas &agrave; la compr&eacute;hension de la perspective d&rsquo;autrui, mais qu&rsquo;elle implique aussi la capacit&eacute; de remettre en question ses propres id&eacute;es pr&eacute;con&ccedil;ues, elle contribue &agrave; ce que l&rsquo;enfant parvienne graduellement &agrave; se d&eacute;lester de ses vis&eacute;es &eacute;gocentriques (Galinsky, Moskowitz, 2000), ce qui est essentiel pour faire preuve d&rsquo;empathie.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">De plus en plus d&rsquo;&eacute;tudes empiriques (p. ex., Garner, Parker, 2018; LaForge et <em>al</em>., 2018; Martucci, 2016) soutiennent l&rsquo;id&eacute;e que les albums de litt&eacute;rature de jeunesse peuvent contribuer &agrave; soutenir le d&eacute;veloppement de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit des enfants. &Agrave; notre connaissance, ni la prise de perspective ni m&ecirc;me l&rsquo;empathie n&rsquo;ont &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute;es en tant que m&eacute;canismes sp&eacute;cifiques dans les &eacute;tudes portant sur les albums. Pour faire un &eacute;tat des lieux sur le sujet qui nous int&eacute;resse, des &eacute;tudes traitant particuli&egrave;rement de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit ont donc &eacute;t&eacute; recens&eacute;es. Compte tenu des liens &eacute;troits qui unissent la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit, la prise de perspective et l&rsquo;empathie, on peut penser que les connaissances d&eacute;coulant de ces recherches ont une influence tripartite sur les trois concepts. C&rsquo;est &agrave; partir de ce postulat que nous pr&eacute;sentons ci-dessous des &eacute;tudes qui permettent de cerner certaines particularit&eacute;s des albums, et par la suite, des &eacute;tudes qui portent sur les interventions des adultes qui en font la lecture aux enfants.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Des albums pour r&eacute;fl&eacute;chir au monde de la pens&eacute;e</span></span></strong></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Des &eacute;tudes portant sur des corpus d&rsquo;albums de litt&eacute;rature de jeunesse ont &eacute;t&eacute; effectu&eacute;es par diff&eacute;rents chercheurs (p.ex., Cassidy et <em>al</em>., 1998; Dyer et <em>al</em>., 2000; M&eacute;lan&ccedil;on, 2015). Ces analyses de contenu apportent des informations compl&eacute;mentaires pour faire connaitre des caract&eacute;ristiques de ces livres qui sont susceptibles de soutenir le d&eacute;veloppement de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit chez les enfants.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&rsquo;&eacute;tude de Cassidy et <em>al</em>. (1998) est l&rsquo;une des premi&egrave;res &eacute;tudes &agrave; avoir port&eacute; sur ce sujet. Ces auteurs ont analys&eacute; 317 albums de litt&eacute;rature jeunesse afin de d&eacute;terminer s&rsquo;ils pr&eacute;sentaient un contenu sollicitant des &eacute;l&eacute;ments de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit. Cette recherche a r&eacute;v&eacute;l&eacute; que dans 74% des albums analys&eacute;s, la trame narrative mettait en &eacute;vidence des &eacute;tats mentaux ou &eacute;motionnels tel que ressentir, vouloir, savoir, penser, croire, etc., 43% d&eacute;crivaient les traits de personnalit&eacute;s des personnages et 34% faisaient &eacute;tat de fausses croyances. Les auteurs sont donc arriv&eacute;s &agrave; la conclusion que les albums de litt&eacute;rature jeunesse pr&eacute;sentent un riche potentiel pour rendre visibles les &eacute;l&eacute;ments de la pens&eacute;e, ce qui permet de soutenir le d&eacute;veloppement d&rsquo;une th&eacute;orie de l&rsquo;esprit chez les enfants.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Pour leur part, Dyer et<em> al</em>. (2000) ont r&eacute;alis&eacute; une &eacute;tude comparative en examinant un corpus de 90 albums de fiction, dont la moiti&eacute; &eacute;tait destin&eacute;e &agrave; des enfants de trois &agrave; cinq ans et l&rsquo;autre moiti&eacute; &agrave; des enfants de cinq &agrave; six ans. L&rsquo;ensemble de ces ouvrages &eacute;tait tir&eacute; d&rsquo;une liste &eacute;tablie par des experts dans le domaine de la litt&eacute;rature jeunesse. Leur analyse s&rsquo;est centr&eacute;e, notamment, sur les mots et les expressions mis en &eacute;vidence dans le texte et dans les illustrations. Ils ont remarqu&eacute; que les albums qui &eacute;taient destin&eacute;s aux enfants de cinq &agrave; six ans contenaient un plus grand nombre de mots, ce qui pourrait expliquer pourquoi ils comptaient aussi un plus grand nombre de r&eacute;f&eacute;rences aux &eacute;tats mentaux. Nonobstant ce constat, ils ont conclu que le nombre de r&eacute;f&eacute;rences aux &eacute;tats mentaux &eacute;tait relativement &eacute;lev&eacute; dans les deux ensembles de livres, avec, en moyenne, une r&eacute;f&eacute;rence toutes les trois phrases. En ce qui concerne les illustrations, ils ont constat&eacute; qu&rsquo;elles apportaient rarement des informations additionnelles concernant les &eacute;tats mentaux exprim&eacute;s dans le texte. Cependant, dans plusieurs albums, l&rsquo;alliance entre le texte et les illustrations mettait en &eacute;vidence des situations n&eacute;cessitant la compr&eacute;hension de l&rsquo;ironie afin d&rsquo;&ecirc;tre en mesure de saisir le sens du sc&eacute;nario pr&eacute;sent&eacute;. En conclusion de cette &eacute;tude, les auteurs ont d&eacute;termin&eacute; que m&ecirc;me les albums les plus simples, souvent destin&eacute;s aux enfants de trois &agrave; cinq ans, peuvent offrir un contexte particuli&egrave;rement riche pour d&eacute;velopper leur compr&eacute;hension du monde de la pens&eacute;e.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dans une &eacute;tude plus r&eacute;cente, M&eacute;lan&ccedil;on (2015) a fait une analyse de 114 albums de litt&eacute;rature jeunesse de langue fran&ccedil;aise qu&rsquo;elle a rep&eacute;r&eacute;s dans les biblioth&egrave;ques de cinq classes du pr&eacute;scolaire. &Agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;une grille de cat&eacute;gorisation, traduite en fran&ccedil;ais et adapt&eacute;e &agrave; partir des travaux de Cassidy et <em>al</em>. (1998), elle a analys&eacute; ces albums en tenant compte de la pr&eacute;sence des mots faisant r&eacute;f&eacute;rence aux &eacute;motions, aux &eacute;tats mentaux, aux situations de fausses croyances et aux traits de personnalit&eacute; des personnages. Les r&eacute;sultats de cette analyse rejoignent &eacute;troitement ceux de Cassidy et <em>al.</em> (1998). Ils montrent que tout comme dans les albums de langue anglaise analys&eacute;s par ces chercheurs, la grande majorit&eacute; des albums de litt&eacute;rature jeunesse que l&rsquo;on peut trouver dans les classes du pr&eacute;scolaire sont susceptibles de contribuer &agrave; cr&eacute;er un contexte stimulant pour l&#39;&eacute;veil des jeunes enfants au monde de la pens&eacute;e, puisqu&rsquo;ils pr&eacute;sentent des contenus qui peuvent leur rendre cet univers plus accessible.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Des exemples tir&eacute;s de quelques albums</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les connaissances d&eacute;coulant des recherches que nous venons de d&eacute;crire bri&egrave;vement permettent de cerner quelques caract&eacute;ristiques des albums qui pourraient avoir le potentiel de soutenir le d&eacute;veloppement de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit des enfants. Mais, comment ces caract&eacute;ristiques apparaissent-elles dans les albums? Pour le d&eacute;montrer, nous aurions pu choisir au hasard quelques albums afin d&rsquo;en extraire des exemples. Cependant, il nous a sembl&eacute; plus signifiant d&rsquo;examiner certains albums que s&eacute;lectionnent des enseignants lorsqu&rsquo;ils font la lecture &agrave; leurs &eacute;l&egrave;ves. En tant que m&eacute;diateurs de l&rsquo;album, les choix qu&rsquo;ils exercent peuvent &ecirc;tre avoir de l&rsquo;influence sur leurs &eacute;l&egrave;ves (Kucirkova, 2019; Martucci, 2016).</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Lors d&rsquo;une recherche ant&eacute;c&eacute;dente portant sur la lecture interactive dans des classes du pr&eacute;scolaire et de l&rsquo;&eacute;l&eacute;mentaire (maternelle &agrave; la 3e ann&eacute;e), nous avons r&eacute;alis&eacute; une collecte de donn&eacute;es en faisant l&rsquo;enregistrement audio de 46 s&eacute;ances de lecture au cours desquelles des enseignantes faisaient la lecture &agrave; voix haute &agrave; leurs &eacute;l&egrave;ves. Pour chaque s&eacute;ance de lecture, elles devaient librement choisir les albums qu&rsquo;elles souhaitaient lire &agrave; leurs &eacute;l&egrave;ves. Aucune th&eacute;matique particuli&egrave;re ne leur &eacute;tait sugg&eacute;r&eacute;e pour les orienter dans leur choix. En r&eacute;pertoriant l&rsquo;ensemble des albums qu&rsquo;elles avaient alors s&eacute;lectionn&eacute;s, on obtient un corpus de 41 titres diff&eacute;rents (cinq albums ont &eacute;t&eacute; choisis par plus d&rsquo;une enseignante). Dans le cadre de cet article, nous avons analys&eacute; le contenu de ces albums dans le seul but de relever quelques exemples nous permettant de montrer explicitement des &eacute;l&eacute;ments se rapportant &agrave; l&rsquo;empathie. Le fait de consid&eacute;rer des albums ayant &eacute;t&eacute; choisis par les enseignantes pour relever ces exemples favorise la validit&eacute; &eacute;cologique de nos observations. En effet, on peut penser que leurs choix refl&egrave;tent le genre d&rsquo;albums qu&rsquo;elles lisent habituellement &agrave; leurs &eacute;l&egrave;ves.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">En nous inspirant des travaux cit&eacute;s plus haut, nous avons effectu&eacute; l&rsquo;analyse des 41 albums pour &ecirc;tre en mesure de rapporter des exemples qui nous semblent ad&eacute;quats pour monter comment des &eacute;l&eacute;ments li&eacute;s &agrave; l&rsquo;empathie se manifestent &agrave; travers les pages des albums. Tout comme les auteurs de ces travaux, nous avons consid&eacute;r&eacute; la trame narrative (Cassidy et <em>al</em>, 1998; M&eacute;lan&ccedil;on, 2015) ainsi que les mots et les expressions mis en &eacute;vidence dans le texte et dans les illustrations des albums (Dyer et<em> al.</em>, 2000) afin de relever ces exemples. Dans ce qui suit, nous nous attardons d&rsquo;abord sur les caract&eacute;ristiques mises en &eacute;vidence par Cassidy et <em>al</em>. (1998) et M&eacute;lan&ccedil;on (2015), notamment les r&eacute;f&eacute;rences aux &eacute;motions, aux &eacute;tats mentaux et aux fausses croyances. Comme il s&rsquo;agit d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments qui se rapportent pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit, nous avons voulu ajouter &agrave; cela des exemples de sc&eacute;narios dans lesquels la prise de perspective, l&rsquo;empathie ou le manque d&rsquo;empathie sont mis en &eacute;vidence. Il nous semble que ce sont l&agrave; d&rsquo;autres caract&eacute;ristiques &agrave; prendre en compte, car ces sc&eacute;narios pourraient bien mener les enfants &agrave; approfondir leur compr&eacute;hension de ces concepts importants.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les &eacute;motions</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">&Agrave; l&rsquo;instar de Cassidy et <em>al.</em> (1998) et de M&eacute;lan&ccedil;on (2015), nous observons que certains albums de litt&eacute;rature de jeunesse comptent de nombreuses r&eacute;f&eacute;rences aux &eacute;motions. &Agrave; l&rsquo;occasion, elles sont facilement identifiables par le fait qu&rsquo;elles sont exprim&eacute;es sans d&eacute;tour dans le texte. Par exemple, dans <em>La bonne humeur de Loup gris</em>, Petit mouton s&rsquo;exprime ainsi&nbsp;: &laquo;&nbsp;Loup gris, je veux bien que tu m&rsquo;attrapes, mais avant de me manger, laisse-moi chanter avec mes fr&egrave;res ma tristesse de quitter la terre. Et toi qui vas me d&eacute;vorer, chante donc ta joie d&rsquo;avoir trouv&eacute; un bon repas!&nbsp;&raquo; (Bizouerne, Badel, 2013, np), Mais en d&rsquo;autres occasions, l&rsquo;alliance entre le texte et l&rsquo;illustration doit &ecirc;tre prise en compte pour d&eacute;celer la pr&eacute;sence des &eacute;motions. Par exemple, la phrase incipit de l&rsquo;album <em>L&rsquo;ami du petit tyrannosaure </em>se lit comme suit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il &eacute;tait une fois un petit tyrannosaure qui n&rsquo;avait pas d&rsquo;amis parce qu&rsquo;il les avait tous mang&eacute;s.&nbsp;&raquo; (Seyvos, Vaugelade, 2003, np). En elle-m&ecirc;me, cette phrase ne donne aucun indice quant aux &eacute;motions pouvant accompagner cet &eacute;tat de fait. Pour comprendre l&rsquo;&eacute;motion d&eacute;coulant de cette malencontreuse situation, il faut examiner l&rsquo;illustration qui accompagne cette phrase, laquelle montre le petit tyrannosaure pleurant &agrave; chaudes larmes, ce qui permet d&rsquo;inf&eacute;rer qu&rsquo;il &eacute;prouve une grande tristesse, non pas de la joie ou de la satisfaction d&rsquo;avoir mang&eacute; ses amis, par exemple. Par ailleurs, on note que les &eacute;motions qui sont expos&eacute;es dans les albums sont aussi pr&eacute;sent&eacute;es par divers proc&eacute;d&eacute;s litt&eacute;raires, notamment par la pr&eacute;sence d&rsquo;onomatop&eacute;es ou d&rsquo;interjections. Le recours &agrave; des figures de style est &eacute;galement &eacute;vident. Par exemple, dans l&rsquo;album <em>La craie rose</em>, on comprend les &eacute;motions concernant l&rsquo;&eacute;tat de sant&eacute; de la m&egrave;re de la petite L&eacute;a &agrave; cause de l&rsquo;intensit&eacute; des expressions d&eacute;crivant d&rsquo;une part la tristesse et d&rsquo;autre part, la joie des protagonistes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Soudain, la m&egrave;re de L&eacute;a fut secou&eacute;e par une quinte de toux. Le c&oelig;ur de la fillette se serra.&nbsp;&raquo; (Chartrand, Arbona, 2010, np) et plus loin, on peut lire&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tout &agrave; coup, la maman de L&eacute;a se redressa dans son lit. Ses joues rosirent, puis <em>ses yeux brill&egrave;rent comme des saphirs</em>. Elle se leva et tendit les bras &agrave; L&eacute;a. <em>Le c&oelig;ur de la fillette chavira de bonheur</em>. Serrant tr&egrave;s fort sa craie rose, L&eacute;a se blottit, en riant, dans les bras de sa maman.&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>., np).</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les &eacute;tats mentaux</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Des r&eacute;f&eacute;rences aux &eacute;tats mentaux ont &eacute;t&eacute; relev&eacute;es dans chacun des albums que nous avons analys&eacute;s. Dans certains albums, on en retrouve jusqu&rsquo;&agrave; douze. M&eacute;lan&ccedil;on (2015) en a identifi&eacute; autant dans les albums qu&rsquo;elle a analys&eacute;s, ce qui tend &agrave; confirmer que les occasions de discuter de divers &eacute;tats mentaux &agrave; partir des albums de litt&eacute;rature de jeunesse sont multiples. Par ailleurs, les &eacute;tats mentaux qui sont &eacute;voqu&eacute;s semblent &ecirc;tre divers. Dans l&rsquo;extrait suivant, tir&eacute; de l&rsquo;album <em>L&rsquo;homme sans chaussettes </em>(Cou&euml;lle, Pelletier, 2015), on peut en compter quatre (penser, se demander, aimer, oublier) dont certains sont mentionn&eacute;s plus d&rsquo;une fois&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le soir, dans son lit, Luca pense &agrave; <em>ce qu&rsquo;a dit </em>Juliette, et <em>se demande </em>si lui&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">aussi <em>n&rsquo;aimerait pas mieux </em>que l&rsquo;homme sans chaussettes ne soit pas l&agrave;. Il&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">pense aux pieds de l&rsquo;homme sans chaussettes, &agrave; son pantalon trop court. Il&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><em>se demande</em> s&rsquo;il n&rsquo;a pas froid. &lsquo; Peut-&ecirc;tre qu&rsquo;il <em>a oubli&eacute;</em> qu&rsquo;il a grandi? Peut-</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">&ecirc;tre qu&rsquo;il a oubli&eacute; que l&rsquo;&eacute;t&eacute; est parti, que dehors c&rsquo;est l&rsquo;automne... Peut-&ecirc;tre&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">qu&rsquo;il n&rsquo;a m&ecirc;me pas de lit...&#39;. (Cou&euml;lle, Pelletier, 2015, np)</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Selon M&eacute;lan&ccedil;on (2015), les &eacute;tats mentaux qui sont les plus souvent &eacute;voqu&eacute;s dans les albums sont &laquo;&nbsp;vouloir&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;savoir/ignorer&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;penser&nbsp;&raquo;. D&rsquo;apr&egrave;s nos observations, d&rsquo;autres &eacute;tats mentaux pourraient &ecirc;tre ajout&eacute;s &agrave; cette liste, par exemple&nbsp;: comprendre, imaginer, et oublier. Aussi, il nous semble important de prendre en compte la synonymie et les expressions qui peuvent &ecirc;tre l&rsquo;&eacute;quivalence des &eacute;tats mentaux qui sont mentionn&eacute;s ici. Par exemple, on peut lire dans l&rsquo;album <em>La craie rose</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Son <em>souhait </em>avait &eacute;t&eacute; exauc&eacute;!&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Il <em>esp&eacute;rait</em> d&eacute;couvrir dans son bas les petits soldats qu&rsquo;il avait demand&eacute;s.&nbsp;&raquo; (Chartrand, Arbona, 2010, np). &Agrave; notre avis, dans les contextes d&rsquo;utilisation o&ugrave; elles se trouvent, le sens de ces deux expressions correspond &agrave; l&rsquo;&eacute;tat mental qui consiste &agrave; &laquo;&nbsp;vouloir&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les fausses croyances</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Selon Nikolajeva (2014), les albums d&eacute;crivent parfois des conflits interpersonnels qui d&eacute;coulent de l&rsquo;incompr&eacute;hension ou de la m&eacute;sinterpr&eacute;tation des &eacute;motions de l&rsquo;autre. Comme dans la r&eacute;alit&eacute;, ces m&eacute;sententes peuvent &ecirc;tre attribuables aux fausses croyances entretenues par les individus. Dans les albums que nous avons analys&eacute;s, il a &eacute;t&eacute; possible d&rsquo;identifier quelques situations o&ugrave; de fausses croyances orientaient les comportements des personnages.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Deux exemples de fausses croyances sont relev&eacute;s dans l&rsquo;album <em>Petit panda cherche un ami</em>. Dans cette histoire, un jeune panda du nom de Li cherche &agrave; attirer l&rsquo;attention d&rsquo;un petit ourson, dans le but de s&rsquo;en faire ami. Mais, ce dernier reste insensible &agrave; ses tentatives. On peut lire&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Agrave; chaque fois que Li lui fait signe, l&rsquo;ourson l&rsquo;ignore, comme s&rsquo;il &eacute;tait transparent. &lsquo;C&rsquo;est s&ucirc;rement parce que je n&rsquo;ai pas un beau pelage brun comme le sien&rsquo;, soupire-t-il.&nbsp;&raquo; (Bertholet, Vilcollet, 2011, np). Le lecteur pourra &eacute;ventuellement comprendre que Li entretient une croyance qui est fausse, car lors du d&eacute;nouement, on apprend, que le petit ourson n&rsquo;&eacute;tait pas en mesure de voir Li, car il a une mauvaise vue&nbsp;: &laquo;&nbsp;&ndash; Je voulais jouer avec toi. Et toi, tu m&rsquo;ignorais parce que j&rsquo;&eacute;tais diff&eacute;rent. &ndash; Mais non, ne crois pas &ccedil;a! Tu ne sais pas que les ours ont une tr&egrave;s mauvaise vue? En fait, je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez!&rsquo;&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>.). Un deuxi&egrave;me exemple que l&rsquo;on peut relever dans cet album montre qu&rsquo;une fausse croyance peut &ecirc;tre induite lorsque, pour tenter de ressembler &agrave; l&rsquo;ourson, Li verse sur lui de la poudre de cacao. Son subterfuge fonctionne puisque le petit ourson pense que Li est un ourson comme lui. Mais, pendant qu&rsquo;ils jouent ensemble, l&rsquo;orage &eacute;clate et la poudre de cacao d&eacute;gouline sur la fourrure de Li. Le lecteur peut comprendre que le petit ourson a entretenu une croyance qui se r&eacute;v&egrave;le fausse : &laquo;&nbsp;Oh! s&rsquo;exclame Griz. Mais... Tu es un panda!&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>.) et aussi&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Mais pourquoi as-tu fait semblant d&rsquo;&ecirc;tre un ours?&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>.).</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Comme l&rsquo;a not&eacute; Cassidy et <em>al</em>. (1998), le manque d&rsquo;information ou l&rsquo;usage d&rsquo;un d&eacute;guisement peuvent amener les individus &agrave; entretenir de fausses croyances. Les deux situations qui viennent d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;crites pourraient amener les enfants &agrave; faire ce constat. Selon ces auteurs, les tromperies, les feintes, et les changements qui sont faits &agrave; l&rsquo;insu d&rsquo;un personnage sont autant d&rsquo;autres &eacute;l&eacute;ments sur lesquels peuvent se fonder les fausses croyances. Il n&rsquo;est pas rare qu&rsquo;ils se retrouvent dans la trame narrative dans des albums de litt&eacute;rature de jeunesse.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Alors que des &eacute;tudes ont cern&eacute; des caract&eacute;ristiques des albums pouvant mener plus pr&eacute;cis&eacute;ment au d&eacute;veloppement de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit, &agrave; la lumi&egrave;re des avanc&eacute;es th&eacute;oriques dont il a &eacute;t&eacute; question pr&eacute;c&eacute;demment, il nous semble important d&rsquo;explorer d&rsquo;autres concepts qui permettent aussi d&rsquo;explorer le monde de la pens&eacute;e &agrave; l&rsquo;aide des albums. Pour ce faire, nous avons relev&eacute; des sc&eacute;narios mettant en &eacute;vidence la prise de perspective et l&rsquo;empathie. &Agrave; cela, nous ajoutons un sc&eacute;nario faisant &eacute;tat d&rsquo;un manque d&rsquo;empathie. Nous pensons qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;autres caract&eacute;ristiques des albums qui pourraient &eacute;galement amener les enfants &agrave; appr&eacute;hender le monde de la pens&eacute;e.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La prise de perspective</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dans l&rsquo;album <em>Manchots au chaud,</em> le jeune Mat&eacute;o s&rsquo;inqui&egrave;te pour les manchots, victimes innocentes d&rsquo;un d&eacute;versement de p&eacute;trole dont il a &eacute;t&eacute; t&eacute;moin. Leurs plumes sont englu&eacute;es de p&eacute;trole et leur vie est en danger. L&rsquo;extrait suivant montre qu&rsquo;il s&rsquo;imagine comment les manchots sont affect&eacute;s par cette situation&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mat&eacute;o tourne en rond dans son salon. Il n&rsquo;arr&ecirc;te pas de penser aux manchots prisonniers du p&eacute;trole. Il se demande si les manchots ont mal. Il se demande si les manchots pleurent. Il se demande si les manchots vont mourir.&nbsp;&raquo; (Poulin, Mezher, 2016, np). La prise de perspective est &eacute;vidente dans cet extrait, car le protagoniste s&rsquo;imagine comment les manchots sont affect&eacute;s par la situation. L&rsquo;accent n&rsquo;est pas mis sur ses propres &eacute;motions, mais sur celles des autres personnages, en l&rsquo;occurrence les manchots.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&rsquo;empathie</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&rsquo;empathie est mise en &eacute;vidence dans l&rsquo;album Le <em>Gentil M&eacute;chant Loup</em>. Tir&eacute; de son sommeil d&rsquo;hiver par ses petits loupiots affam&eacute;s, Papa Loup doit sortir pour leur rapporter de quoi manger. Chaque fois qu&rsquo;il pense avoir trouv&eacute; sa proie, l&rsquo;animal qu&rsquo;il s&rsquo;appr&ecirc;te &agrave; fourrer dans son sac le supplie de le laisser partir, &eacute;voquant la n&eacute;cessit&eacute; de combler les besoins de sa propre famille. Par exemple&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Plus loin, Papa Loup rep&egrave;re des traces dans le manteau neigeux. Un biquet! Il se l&egrave;che les babines et s&rsquo;abat sur le petit animal. &ndash;Piti&eacute;, Loup, ne me mange pas! supplie le biquet, terroris&eacute;. &ndash; Crotte de biche. Et pourquoi est-ce que je ne te mangerais pas? &ndash; Je ramasse du bois pour que ma vieille m&egrave;re se r&eacute;chauffe pr&egrave;s du feu. Si tu me manges... Papa Loup pense alors &agrave; sa vieille maman. Il n&rsquo;aimerait pas qu&rsquo;elle meure de froid.&nbsp;(Bind, Derullieux, 2013, np)</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">&Agrave; partir de cet extrait, on peut appr&eacute;cier le fait que Papa Loup est empathique, car il <em>reconnait, comprend</em> et <em>partage </em>les &eacute;motions que ressent le biquet envers sa maman, ce qui le m&egrave;ne &agrave; lui rendre sa libert&eacute;. Or, si l&rsquo;on reprend la d&eacute;finition de l&rsquo;empathie de Tousignant et <em>al</em>. (2017), l&rsquo;empathie est un ph&eacute;nom&egrave;ne interpersonnel qui d&eacute;note la capacit&eacute; de reconnaitre, de comprendre et de partager les &eacute;motions ressenties par une autre personne. On peut donc penser que la situation d&eacute;crite d&eacute;passe la prise de perspective, laquelle ne n&eacute;cessite pas le partage des &eacute;motions (Chevalier et <em>al</em>., 2010).</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le manque d&rsquo;empathie</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Si, dans les albums, se trouvent des sc&eacute;narios dans lesquels l&rsquo;empathie est manifeste, on trouve &eacute;galement des albums dans lesquels c&rsquo;est le manque d&rsquo;empathie qui est mis en &eacute;vidence. Il nous semble que ces sc&eacute;narios sont souvent primordiaux dans le d&eacute;veloppement de la trame narrative de tels albums. Par exemple, dans l&rsquo;album <em>Y&rsquo;a pas de place chez nous</em>, deux enfants Marwan et Tarek fuient leur pays en guerre &agrave; bord d&rsquo;un bateau surcharg&eacute; d&rsquo;autres sans-pays. Partout, on les repousse, on les ignore et on reste sourd &agrave; leur d&eacute;tresse. L&rsquo;auteure rend la situation palpable par les propos suivants&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le bateau s&rsquo;approche d&rsquo;une &icirc;le. Sur la rive, les gens crient&nbsp;: Y&rsquo;a pas de place chez nous ! Le bateau s&rsquo;approche d&rsquo;une autre &icirc;le. &ndash; &Agrave; l&rsquo;aide ! crient les sans-pays. Sur l&rsquo;&icirc;le, personne ne r&eacute;pond. &ndash; On n&rsquo;a plus de place chez nous. On peut s&rsquo;installer chez vous ? Sur l&rsquo;&icirc;le, personne ne r&eacute;pond. &ndash; On va travailler tr&egrave;s fort. Sur l&rsquo;&icirc;le, personne ne r&eacute;pond. &ndash; On n&rsquo;a plus rien &agrave; manger. Sur l&rsquo;&icirc;le, personne ne r&eacute;pond. Tarek demande &agrave; son grand fr&egrave;re&nbsp;: &ndash; Pourquoi les gens ne nous r&eacute;pondent-ils pas ? Marwan hausse les &eacute;paules et dit&nbsp;: &ndash; Peut-&ecirc;tre qu&rsquo;ils sont tous sourds... (Poulin, Lord Mariano, 2016, p. 7-9)</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La r&eacute;p&eacute;tition de la phrase &laquo;&nbsp;Sur l&rsquo;&icirc;le, personne ne r&eacute;pond.&nbsp;&raquo; est un proc&eacute;d&eacute; litt&eacute;raire que l&rsquo;auteure utilise habilement pour d&eacute;crire le manque d&rsquo;empathie que l&rsquo;on d&eacute;note dans cet extrait. C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs ce constat, exprim&eacute; plusieurs fois par l&rsquo;auteure, qui entra&icirc;ne la question de Tarek. La r&eacute;ponse de Marwan &agrave; la question de son jeune fr&egrave;re pourrait bien &ecirc;tre per&ccedil;ue comme un simple moyen d&rsquo;att&eacute;nuer la r&eacute;alit&eacute; afin de prot&eacute;ger la sensibilit&eacute; de ce dernier. Mais &agrave; notre avis, l&rsquo;expression qu&rsquo;il utilise est aussi un autre moyen de souligner avec force le manque d&rsquo;empathie des citoyens des &icirc;les qui font la sourde oreille face &agrave; la d&eacute;tresse des sans-pays. Par ailleurs, dans cet extrait, les illustrations amplifient le sens du texte. D&rsquo;une part, on peut voir le d&eacute;sarroi par les expressions faciales et les postures corporelles des sans-pays et d&rsquo;autre part, on voit les citoyens des &icirc;les qui, par des gestes mena&ccedil;ants et des regards per&ccedil;ants, leur interdisant l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la terre ferme. Heureusement, lors du d&eacute;nouement, les sans-pays trouveront une terre d&rsquo;accueil. N&eacute;anmoins, l&rsquo;extrait qui est mis en &eacute;vidence pourrait donner lieu &agrave; des discussions f&eacute;condes visant &agrave; approfondir les r&eacute;flexions des &eacute;l&egrave;ves quant &agrave; divers &eacute;l&eacute;ments menant au d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie, notamment la reconnaissance des &eacute;motions des personnages et leur prise de perspective.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les exemples ayant &eacute;t&eacute; relev&eacute;s dans ces albums de litt&eacute;rature de jeunesse donnent &agrave; penser qu&rsquo;ils offrent de multiples occasions de soutenir les habilet&eacute;s cognitives en lien avec le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie. Les r&eacute;f&eacute;rences aux &eacute;motions, aux &eacute;tats mentaux et aux fausses croyances sont des aspects fondamentaux qui les caract&eacute;risent. Aussi, la pr&eacute;sence de divers sc&eacute;narios qui exposent des concepts tels que la prise de perspective, l&rsquo;empathie et le manque d&rsquo;empathie sont aussi des caract&eacute;ristiques des albums qui semblent offrir des occasions de discuter de ces concepts avec les enfants. D&rsquo;ailleurs, comme le soulignent Peskin et Astington (2004), les discussions qui &eacute;manent pendant que l&rsquo;adulte fait la lecture d&rsquo;un album &agrave; des enfants contribuent de fa&ccedil;on particuli&egrave;re &agrave; soutenir leur compr&eacute;hension du monde de la pens&eacute;e.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les discussions autour des albums</span></span></strong></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dans une vis&eacute;e exp&eacute;rimentale, des &eacute;tudes (p. ex., Gombert et <em>al</em>., 2016; Garner, Parker, 2018; Martucci, 2016) ont port&eacute; sur des interventions r&eacute;alis&eacute;es &agrave; partir d&rsquo;albums afin de savoir comment l&rsquo;adulte peut guider les enfants vers une meilleure compr&eacute;hension du monde de la pens&eacute;e. Ces &eacute;tudes se sont int&eacute;ress&eacute;es aux conversations qui surviennent lorsque les adultes font la lecture d&rsquo;albums aux enfants. Men&eacute;es dans le contexte familial ou le contexte scolaire, elles permettent de poser un regard sur les &eacute;l&eacute;ments conversationnels qui pourraient orienter les r&eacute;flexions des enfants pour ainsi soutenir leur d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie ou des concepts qui lui sont associ&eacute;s.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Apr&egrave;s avoir s&eacute;lectionn&eacute; judicieusement un ensemble d&rsquo;albums dans lesquels les r&eacute;f&eacute;rences aux &eacute;motions et aux &eacute;tats mentaux &eacute;taient &eacute;videntes, Garner et Parker (2018) ont demand&eacute; &agrave; des parents de lire deux de ces livres &agrave; leur enfant. &Agrave; partir des enregistrements de ces lectures, les auteurs ont ensuite analys&eacute; la fa&ccedil;on dont les parents tenaient compte de ces multiples r&eacute;f&eacute;rences. Ils ont observ&eacute; que pendant qu&rsquo;il faisait la lecture, les parents avaient une forte propension &agrave; nommer les &eacute;motions ou les &eacute;tats mentaux dont il &eacute;tait question dans les albums. Cependant, ils offraient peu de d&eacute;tails additionnels et ils posaient peu de questions &agrave; l&rsquo;enfant pour guider sa r&eacute;flexion &agrave; propos des ressentis des personnages. Par ailleurs, les parents avaient tendance &agrave; relever davantage les &eacute;l&eacute;ments des albums qui &eacute;taient en lien avec la joie et &agrave; la col&egrave;re plut&ocirc;t que ceux qui se rapportaient &agrave; la peur. Bien que les interventions parentales lors de la lecture de ces albums semblent peu vari&eacute;es, les auteurs insistent sur le fait que la situation de lecture &agrave; l&rsquo;enfant est une occasion o&ugrave; les parents s&rsquo;attardent plus souvent &agrave; nommer des &eacute;motions que dans d&rsquo;autres activit&eacute;s telles que les jeux libres ou les conversations quotidiennes. Ils concluent leur &eacute;tude en soulignant qu&rsquo;il peut &ecirc;tre avantageux de recourir aux albums pour encourager les enfants &agrave; reconnaitre leurs propres &eacute;motions de m&ecirc;me que celles des autres. Les interventions parentales peuvent ainsi les aider &agrave; nommer ces diverses &eacute;motions.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Pour sa part, Martucci (2016) a r&eacute;alis&eacute; une &eacute;tude qui l&rsquo;a men&eacute; &agrave; analyser 29 s&eacute;ances de lecture au cours desquelles des enseignantes du pr&eacute;scolaire ont lu des albums de litt&eacute;rature de jeunesse &agrave; leurs &eacute;l&egrave;ves. Sans compter la lecture du texte comme telle, plus de 4 000 &eacute;changes verbaux ont eu lieu pendant ces s&eacute;ances de lecture, dont la moiti&eacute; ont &eacute;t&eacute; faites par les enfants. L&rsquo;analyse des interactions a d&eacute;montr&eacute; que par leur questionnement et leurs explications relatives aux &eacute;motions et aux &eacute;tats mentaux mis en &eacute;vidence dans les albums, les enseignantes amenaient souvent les &eacute;l&egrave;ves &agrave; &eacute;tablir des relations causales entre les d&eacute;sirs, les motivations, les pens&eacute;es et les comportements des personnages. Selon les auteurs, les questions et explications fournies par les enseignantes fournissent l&rsquo;&eacute;tayage qui est n&eacute;cessaire aux &eacute;l&egrave;ves afin de comprendre les situations de fausses croyances faisant partie de la trame narrative des histoires.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Gombert et <em>al</em>. (2016) ont &eacute;galement r&eacute;alis&eacute; une &eacute;tude dans des classes du pr&eacute;scolaire. Ils ont cr&eacute;&eacute; quatre conditions exp&eacute;rimentales dans lesquelles des interactions dirig&eacute;es par les enseignantes autour d&rsquo;albums de litt&eacute;rature de jeunesse ont eu lieu selon diff&eacute;rentes modalit&eacute;s. Apr&egrave;s une p&eacute;riode de quatre mois pendant laquelle les quatre conditions ont &eacute;t&eacute; exp&eacute;riment&eacute;es de fa&ccedil;on concomitante, ils ont d&eacute;termin&eacute; que comparativement aux &eacute;l&egrave;ves faisant partie d&rsquo;un groupe t&eacute;moin, les &eacute;l&egrave;ves des quatre groupes exp&eacute;rimentaux avaient tous fait des progr&egrave;s significatifs concernant le d&eacute;veloppement de leur th&eacute;orie de l&rsquo;esprit. Cette &eacute;tude a men&eacute; les auteurs &agrave; conclure qu&rsquo;ind&eacute;pendamment du genre d&rsquo;activit&eacute; qui est r&eacute;alis&eacute; avec les albums de litt&eacute;rature de jeunesse, le fait de les int&eacute;grer dans l&rsquo;enseignement donne des occasions de discuter des &eacute;tats mentaux, ce qui a pour effet d&rsquo;acc&eacute;l&eacute;rer chez les enfants la prise de conscience des &eacute;tats &eacute;motionnels et des croyances des individus, de m&ecirc;me que des effets qu&rsquo;ils peuvent avoir sur les comportements.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Ces trois &eacute;tudes mettent en &eacute;vidence que l&rsquo;adulte qui fait la lecture aux enfants ou qui discute avec eux concernant le contenu des albums de litt&eacute;rature de jeunesse est un m&eacute;diateur qui am&egrave;ne les enfants &agrave; d&eacute;velopper diverses habilet&eacute;s de la pens&eacute;e relatives &agrave; l&rsquo;empathie. Le fait de nommer les &eacute;motions ou les &eacute;tats mentaux, de poser des questions et de fournir des explications aux enfants semblent &ecirc;tre des interventions permettant de leur offrir un soutien &agrave; leur mesure.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Des discussions dirig&eacute;es par l&rsquo;adulte&nbsp;: deux exemples</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Nous avons port&eacute; un nouveau regard sur les transcriptions verbatims des enregistrements et sur les notes d&rsquo;observation que nous avons prises dans le cadre de notre &eacute;tude portant sur la lecture interactive dont il a &eacute;t&eacute; question pr&eacute;c&eacute;demment. Pour les fins du pr&eacute;sent article, nous avons relu l&rsquo;ensemble de ces transcriptions et de ces notes en &eacute;tant &agrave; l&rsquo;affut des interactions o&ugrave; des propos concernant le monde de la pens&eacute;e &eacute;taient perceptibles (p. ex., des &eacute;changes centr&eacute;s sur les &eacute;motions ou les &eacute;tats mentaux des personnages). Cet examen nous a permis de constater qu&rsquo;en faisant la lecture aux &eacute;l&egrave;ves, certaines enseignantes instaurent un dialogue concernant les &eacute;motions complexes et les fausses croyances qui sont mises en &eacute;vidence dans les albums de litt&eacute;rature de jeunesse. Nous avons relev&eacute; des exemples o&ugrave; l&rsquo;on constate qu&rsquo;elles nomment les &eacute;motions ou les &eacute;tats mentaux, qu&rsquo;elles ajustent leur questionnement pour guider le raisonnement des &eacute;l&egrave;ves et qu&rsquo;elles offrent des explications concernant les relations causales entre les &eacute;motions, les &eacute;tats mentaux et les comportements des personnages. Le premier exemple pr&eacute;sente une discussion visant la compr&eacute;hension d&rsquo;une &eacute;motion complexe, alors que le deuxi&egrave;me exemple est une discussion visant la compr&eacute;hension de fausses croyances.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Discussion portant sur les &eacute;motions complexes</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Les &eacute;motions complexes r&eacute;sultent g&eacute;n&eacute;ralement des relations interpersonnelles entre deux individus ou plus (Nikolajeva, 2014). De ce fait, il est possible qu&rsquo;elles soient plus difficiles &agrave; comprendre pour l&rsquo;enfant que ne le sont les &eacute;motions de base, car la situation doit &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e selon la perspective de plus d&rsquo;un personnage. N&eacute;anmoins, il n&rsquo;est pas rare que des &eacute;motions complexes soient mises en &eacute;vidence dans les albums, comme c&rsquo;est le cas dans <em>Le loup qui s&rsquo;aimait beaucoup trop</em> (Lallemand, Thuillier, 2010). Cet album relate l&rsquo;aventure de Loup qui, pour s&rsquo;assurer de remporter le concours annuel du Plus Grand M&eacute;chant Loup, n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; tricher pour gagner toutes les &eacute;preuves de la comp&eacute;tition. Apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; d&eacute;clar&eacute; le grand gagnant du concours, il se pavane dans la for&ecirc;t pour le reste de la journ&eacute;e. La nuit tomb&eacute;e, il s&rsquo;y perd et il finit par tomber dans un trou profond&nbsp;ou il doit passer le reste de la nuit. L&rsquo;illustration qui accompagne l&rsquo;extrait suivant nous laisse voir Loup, dans les profondeurs de ce trou, sa m&eacute;daille d&rsquo;or autour du cou et l&rsquo;air penaud. On peut lire&nbsp;: &laquo;&nbsp;La nuit se passe. Dans son trou, Loup r&eacute;fl&eacute;chit. Il repense &agrave; sa journ&eacute;e. Il a vraiment honte de lui.&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>.). La discussion pr&eacute;sent&eacute;e ci-dessous laisse entrevoir qu&rsquo;en nommant, en questionnant et en expliquant, l&rsquo;enseignante qui a lu cet album &agrave; ses &eacute;l&egrave;ves de 1re ann&eacute;e de l&rsquo;&eacute;cole &eacute;l&eacute;mentaire les a possiblement amen&eacute;s &agrave; approfondir leur compr&eacute;hension concernant cette &eacute;motion complexe ressentie par Loup&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Comment se sent Loup&nbsp;?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">&Eacute;l&egrave;ves&nbsp;: Il a honte.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Oui! Il n&rsquo;est plus aussi fier maintenant, n&rsquo;est-ce pas&nbsp;? Pourquoi pensez-vous qu&rsquo;il est honteux&nbsp;? Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;il a fait pour avoir honte comme &ccedil;a ? [Pas de r&eacute;ponse] Est-ce qu&rsquo;il a honte parce qu&rsquo;il est tomb&eacute; dans le trou ? [Quelques &eacute;l&egrave;ves hochent la t&ecirc;te en signe d&rsquo;assentiment ; d&rsquo;autres h&eacute;sitent en murmurant &laquo;&nbsp;non&nbsp;&raquo;. L&rsquo;enseignante donne un temps de r&eacute;flexion.]</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Moi, je pense que Loup, il a honte parce que... Oh ! Oui Lisa, tu veux nous dire pourquoi Loup est honteux ?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Louisa&nbsp;: Parce qu&rsquo;il a trich&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Oui ! Il a trich&eacute; pour gagner le concours. Est-ce qu&rsquo;il m&eacute;ritait vraiment de gagner ? Qu&rsquo;est-ce que vous en pensez?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Craig&nbsp;: Il a fait de la peine &agrave; ses amis. C&rsquo;est pour &ccedil;a.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Oui, c&rsquo;est vrai ! Il a fait de la peine &agrave; ses amis en trichant et maintenant il r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; tout &ccedil;a et il est honteux. [Elle montre l&rsquo;illustration aux &eacute;l&egrave;ves.] Qu&rsquo;est-ce que vous pensez qui se passe dans sa t&ecirc;te ?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Souad&nbsp;: Il pense c&rsquo;est pas lui qui aurait d&ucirc; gagner.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Oui ! Quoi d&rsquo;autre ?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Souad&nbsp;: Il pense que c&rsquo;est les amis qui auraient d&ucirc; gagner.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Oui, peut-&ecirc;tre que c&rsquo;est vraiment ce qu&rsquo;il pense. Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;il peut bien penser encore ?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Carlos&nbsp;: Ils sont f&acirc;ch&eacute;s de lui.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Oui, peut-&ecirc;tre qu&rsquo;il pense que ses amis sont f&acirc;ch&eacute;s, car il a trich&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">On constate qu&rsquo;il y a des diff&eacute;rences individuelles concernant le niveau de compr&eacute;hension des &eacute;l&egrave;ves concernant l&rsquo;&eacute;motion complexe dont il est question. Par exemple, certains &eacute;l&egrave;ves soutiennent sans h&eacute;siter la proposition de l&rsquo;enseignante voulant que Loup ait honte d&rsquo;&ecirc;tre tomb&eacute; dans le trou profond, alors que d&rsquo;autres pensent autrement, tout en &eacute;prouvant quelques difficult&eacute;s &agrave; pr&eacute;ciser leur pens&eacute;e. Par ailleurs, les interventions de l&rsquo;enseignante am&egrave;nent les &eacute;l&egrave;ves &agrave; comprendre qu&rsquo;en pr&eacute;sence d&rsquo;une &eacute;motion complexe telle que la honte, il importe de prendre en compte la perspective des personnages impliqu&eacute;s dans l&rsquo;histoire. M&ecirc;me si les r&eacute;ponses des &eacute;l&egrave;ves manquent parfois de justesse ou d&rsquo;exactitude, les questions et les commentaires de l&rsquo;enseignante servent d&rsquo;&eacute;tayage afin de les amener vers de nouvelles pistes de r&eacute;flexion pour consolider leur compr&eacute;hension de cette &eacute;motion complexe qu&rsquo;est la honte.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><em><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Discussion portant sur les fausses croyances</span></span></em></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dans certains albums, l&rsquo;intrigue est construite autour de fausses croyances. C&rsquo;est le cas de l&rsquo;album <em>La corde &agrave; linge magique</em> (Poulin, Arbona, 2010). Voulant att&eacute;nuer le chagrin de son petit fr&egrave;re Robin, caus&eacute; par l&rsquo;absence temporaire de leur p&egrave;re, le jeune Thomas lui fait croire que leur corde &agrave; linge est magique, puisque chaque jour, Robin y trouve une surprise qui vient suppos&eacute;ment de leur papa.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Ce soir-l&agrave;, Robin ne touche pas &agrave; son repas. Il repousse m&ecirc;me son dessert. Sa m&egrave;re jette un coup d&rsquo;&oelig;il par la fen&ecirc;tre de la cuisine et dit&nbsp;: - C&rsquo;est bizarre... Il y a une enveloppe dor&eacute;e sur la corde &agrave; linge. Robin se pr&eacute;cipite et d&eacute;croche l&rsquo;enveloppe. Il en sort un carton d&eacute;cor&eacute; de r&eacute;glisse en lacets. Les lacets forment le seul mot qu&rsquo;il sait lire&nbsp;: ROBIN. Le gar&ccedil;on sautille de joie. - Papa m&rsquo;ach&egrave;te toujours de la r&eacute;glisse rouge ! - Tu crois vraiment que c&rsquo;est lui qui t&rsquo;a laiss&eacute; ce cadeau ? demande sa m&egrave;re &eacute;tonn&eacute;e. - Notre corde &agrave; linge est peut-&ecirc;tre magique, sugg&egrave;re Thomas.&nbsp;(Poulin, Arbona, 2010, np)</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Apr&egrave;s avoir lu cet extrait de l&rsquo;album &agrave; des &eacute;l&egrave;ves de la maternelle, l&rsquo;enseignante guide la discussion avec ses &eacute;l&egrave;ves en nommant, en questionnant et en ajoutant des explications&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Regardez ici ! On voit la surprise sur le visage de Robin ! Il a l&rsquo;air curieux aussi. Les amis, est-ce que vous pensez que la corde &agrave; linge, elle est vraiment magique?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&eacute;o&nbsp;: &Ccedil;a s&rsquo;peut pas une corde &agrave; linge magique! No way!</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Claudia&nbsp;: C&rsquo;est la maman qui a mis la lettre.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Qu&rsquo;est-ce qui te fait penser que c&rsquo;est la maman de Robin qui a mis la lettre sur la corde &agrave; linge ?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Claudia&nbsp;: Pour jouer un tour au p&rsquo;tit gar&ccedil;on.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">L&eacute;o&nbsp;: C&rsquo;est Thomas! Oui, c&rsquo;est Thomas qui met la lettre.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">[L&rsquo;enseignante hoche la t&ecirc;te en signe d&rsquo;assentiment.]</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Pourquoi dit-il &agrave; son petit fr&egrave;re que la corde &agrave; linge est peut- &ecirc;tre magique ? Il sait pourtant que ce n&rsquo;est pas vrai.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Caroline&nbsp;: Elle donne des bonbons de r&eacute;glisse.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Est-ce que tu penses que la corde &agrave; linge est magique, Caroline ?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Caroline&nbsp;: [H&eacute;sitante] Non.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La discussion entre l&rsquo;enseignante et les &eacute;l&egrave;ves concernant la fausse croyance de Robin se poursuit encore vers la fin de l&rsquo;histoire apr&egrave;s l&rsquo;extrait suivant&nbsp;: &laquo;&nbsp;D&rsquo;habitude, le dimanche matin, Robin joue au soccer avec son p&egrave;re. Mais son papa ne sera pas de retour avant deux jours. Il s&rsquo;en va donc trouver Thomas. &ndash; Veux-tu jouer avec moi ? &ndash; Va chercher le ballon dans ma chambre r&eacute;pond son grand fr&egrave;re.&nbsp;&raquo; (Poulin, Arbona, 2010, np). L&rsquo;illustration qui accompagne cet extrait montre Robin qui cherche le ballon sous le lit de son grand fr&egrave;re. C&rsquo;est alors qu&rsquo;il d&eacute;couvre la v&eacute;rit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Robin trouve une boite sous le lit de Thomas. Il en sort un morceau de savon &agrave; demi sculpt&eacute;, de la r&eacute;glisse rouge, des enveloppes dor&eacute;es et des &eacute;pingles &agrave; linge.&nbsp;&raquo; (<em>ibid</em>.).</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Enseignante&nbsp;: Comment se sent Robin maintenant qu&rsquo;il sait que la corde &agrave; linge n&rsquo;est pas magique ? [Pas de r&eacute;ponse] Est-ce que Robin est content ? Est-ce qu&rsquo;il est f&acirc;ch&eacute; ?</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Natacha&nbsp;: Il va dire &laquo;&nbsp;merci Thomas pour les cadeaux&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Lucie&nbsp;: Il va &ecirc;tre f&acirc;ch&eacute; avec Thomas.</span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Caroline&nbsp;: Il est content avec Thomas.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La premi&egrave;re question de l&rsquo;enseignante semble d&eacute;passer le niveau de r&eacute;flexivit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves, car ils ne parviennent pas &agrave; anticiper une &eacute;motion que pourrait ressentir le protagoniste ; du moins, ils ne l&rsquo;expriment pas. Mais lorsque l&rsquo;enseignante pr&eacute;cise son questionnement en nommant quelques possibilit&eacute;s, les &eacute;l&egrave;ves &eacute;mettent des r&eacute;ponses plausibles. L&rsquo;enseignante a ainsi tenu compte des comp&eacute;tences des &eacute;l&egrave;ves en leur offrant un &eacute;tayage pour les amener &agrave; r&eacute;pondre &agrave; la question. Par ailleurs, m&ecirc;me si les r&eacute;ponses des &eacute;l&egrave;ves varient, ce genre de questionnement les m&egrave;ne &agrave; r&eacute;aliser qu&rsquo;une fausse croyance peut avoir de l&rsquo;influence sur les &eacute;motions des personnages. En d&eacute;couvrant la suite de l&rsquo;histoire, on peut penser qu&rsquo;ils comprendront qu&rsquo;elles ont aussi de l&rsquo;influence sur les comportements des personnages.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Conclusion</span></span></strong></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dans les soci&eacute;t&eacute;s lettr&eacute;es, la litt&eacute;rature de jeunesse dispose d&rsquo;une place de choix dans l&rsquo;univers de l&rsquo;enfance et de la jeunesse. Il est d&eacute;j&agrave; bien &eacute;tabli qu&rsquo;elle contribue de fa&ccedil;on inestimable au d&eacute;veloppement des habilet&eacute;s en lecture (Giasson, 2011; Tauveron, 2002). Mais de plus en plus, on la consid&egrave;re &eacute;galement comme &eacute;tant un outil de premi&egrave;re importance pour soutenir la socialisation des enfants et le d&eacute;veloppement de la litt&eacute;ratie &eacute;motionnelle (Nikolajeva, 2015). En outre, les albums qui sont destin&eacute;s aux jeunes enfants se d&eacute;marquent par le r&ocirc;le qu&rsquo;on leur accorde concernant l&rsquo;exp&eacute;rience de la pens&eacute;e (Chirouter, 2013). La question n&rsquo;est donc plus de savoir si les albums peuvent &ecirc;tre utiles en ce sens, mais plut&ocirc;t comment ils peuvent &ecirc;tre mis &agrave; profit pour promouvoir le d&eacute;veloppement de comp&eacute;tences telles que l&rsquo;empathie chez les enfants.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Compte tenu de l&rsquo;interd&eacute;pendance entre les aptitudes sociales, &eacute;motionnelles et scolaires des &eacute;l&egrave;ves, le d&eacute;veloppement des comportements prosociaux doit devenir l&rsquo;une des priorit&eacute;s de l&rsquo;&eacute;cole (Rose et <em>al</em>., 2020). Nous croyons que par l&rsquo;entremise des albums, il est possible de mettre en place des interventions cibl&eacute;es, tout comme il est possible d&rsquo;int&eacute;grer dans le quotidien scolaire des moments de partage pouvant avoir une incidence sur le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie des &eacute;l&egrave;ves.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Par cet article, nous avons voulu faire un rappel des caract&eacute;ristiques des albums qui peuvent &ecirc;tre utiles pour amener les enfants &agrave; d&eacute;velopper des habilet&eacute;s en lien avec l&rsquo;empathie. En plus de faire l&rsquo;&eacute;tat des lieux des connaissances &agrave; ce sujet, nous avons voulu offrir quelques exemples pour montrer que certains albums poss&egrave;dent effectivement ces caract&eacute;ristiques particuli&egrave;res qui am&egrave;nent les enfants &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir au monde de la pens&eacute;e. Ainsi, par divers proc&eacute;d&eacute;s litt&eacute;raires ou artistiques, les &eacute;motions et les &eacute;tats mentaux sont perceptibles par l&rsquo;entremise des mots et des illustrations des albums. On peut aussi rep&eacute;rer dans ces albums des exemples de fausses croyances, lesquelles peuvent constituer le tournant dans la trame narrative de certaines histoires. Ces albums peuvent aussi pr&eacute;senter des sc&eacute;narios dans lesquels il est possible de percevoir la prise de perspective des personnages, tout comme des situations qui exposent clairement l&rsquo;empathie ou le manque d&rsquo;empathie.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Nous avons &eacute;galement voulu pr&eacute;senter de fa&ccedil;on explicite des interventions que peuvent faire les enseignants afin de soutenir le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie des enfants pendant la lecture. Selon les recherches sur le sujet, des interventions qui consistent &agrave; nommer les &eacute;motions et les &eacute;tats mentaux, &agrave; fournir des explications et &agrave; questionner les &eacute;l&egrave;ves peuvent les amener &agrave; mieux comprendre les relations causales qu&rsquo;ils ont avec les comportements des individus. Ainsi, lors des s&eacute;ances de lecture que dirige l&rsquo;enseignant, les albums servent d&rsquo;objet de r&eacute;f&eacute;rence pour la conversation &agrave; propos du monde de la pens&eacute;e. Par l&rsquo;entremise des discussions de classe que nous avons rapport&eacute;es, on peut voir comment se mat&eacute;rialisent de telles interactions.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Selon Oatley (2011), le processus qui consiste &agrave; entrer dans un monde de fiction favorise le d&eacute;veloppement de l&rsquo;empathie et am&eacute;liore chez l&rsquo;individu l&rsquo;habilet&eacute; &agrave; prendre en compte la perspective d&rsquo;autrui. Ainsi, la lecture, qui de prime abord peut sembler &ecirc;tre un acte solitaire, serait plut&ocirc;t un exercice d&rsquo;interaction humaine ayant comme effet d&rsquo;affuter les comp&eacute;tences sociales des lecteurs, ce qui leur permet d&rsquo;&ecirc;tre mieux pr&eacute;par&eacute;s &agrave; entretenir des relations interpersonnelles harmonieuses. &Agrave; une &eacute;poque o&ugrave; la survie de l&rsquo;humanit&eacute; d&eacute;pend du degr&eacute; d&rsquo;empathie entre les individus (Rifkin, 2017), il importe de comprendre le potentiel des ouvrages de litt&eacute;rature de jeunesse, lesquels peuvent mener les enfants &agrave; int&eacute;grer non seulement une <em>communaut&eacute; lettr&eacute;e</em>,&nbsp;mais aussi une <em>communaut&eacute; d&rsquo;esprit </em>(M&eacute;lan&ccedil;on, 2015).</span></span></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;"><strong><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Ouvrages de litt&eacute;rature de jeunesse cit&eacute;s</span></span></strong></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bertholet Claire, Vilcollet Pascal, 2011, <em>Petit panda cherche un ami</em>, Paris, les &Eacute;ditions Auzou.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bind Julie, Derullieux Micha&euml;l, 2013, <em>Le Gentil M&eacute;chant Loup</em>, Namur, &Eacute;ditions Mijade.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bizouerne Gilles, Badel Ronan, 2013, <em>La bonne humeur de Loup Gris</em>, Paris, Didier Jeunesse.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Chartrand Lili, Arbona Marion, 2010, <em>La craie rose</em>, Saint-Lambert, Dominique et compagnie.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Cou&euml;lle Jennifer, Pelletier Ninon, 2015, <em>L&rsquo;homme sans chaussettes</em>, Montr&eacute;al, &Eacute;ditions Isatis.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Lallemand Orianne, Thuillier &Eacute;l&eacute;onore, 2010, <em>Le loup qui s&rsquo;aimait beaucoup trop</em>, Paris, Auzou.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Poulin Andr&eacute;e, Arbona Marion, 2010, <em>La corde &agrave; linge magique</em>, Montr&eacute;al, Les &eacute;ditions Imagine.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Poulin Andr&eacute;e, Lord Mariano Enzo, 2016, <em>Y&rsquo;a pas de place chez nous</em>, Montr&eacute;al, Qu&eacute;bec Am&eacute;rique.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Poulin Andr&eacute;e, Mezher Oussama, 2016, <em>Manchots au chaud</em>, Montr&eacute;al, &Eacute;ditions Isatis.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Seyvos Florence, Vaugelade Ana&iuml;s, 2003, <em>L&rsquo;ami du petit tyrannosaure</em>, Paris, L&rsquo;&eacute;cole des loisirs.</span></span></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><strong>Bibliographie&nbsp;&nbsp; </strong>&nbsp; &nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Abrams Dominic, Rutland Adam, Pelletier Joseph, Ferrell Jennifer, M.,&nbsp;2009,&nbsp;&laquo;&nbsp;Children&rsquo;s Group Nous: Understanding and Applying Peer Exclusion Within and Between Groups&nbsp;&raquo;, <em>Child Development</em>, vol. 80, no1, p. 224-243.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Baron-Cohen Simon, 2011, <em>Zero Degrees of Empathy: A New Theory of Human Cruelty and Kindness</em>, New York, Penguin Books.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bejanin Alexandre, Laillier R&eacute;mi, Caillaud Marie, Eustache Francis, Desgranges B&eacute;atrice, 2016, &laquo; Les substrats c&eacute;r&eacute;braux de la th&eacute;orie de l&rsquo;esprit &raquo;, <em>Revue de neuropsychologie</em>, vol. 8, no1, p. 6-15.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Buttelman David, Over Harriet, Carpenter Malinda, Tomasello Michael, 2014, &laquo;&nbsp;Eighteen-month-olds Understand False Beliefs in an Unexpected-Content Task &raquo;, <em>Journal of experimental child psychology</em>, vol. 119, p. 120-126.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Cassidy Kimberly W., Ball Lorraine V., Rourke Mary T., Stetson Werner Rebecca, Feeny Norah, Chu Jyne Y., Lutz Donna, J., Perkins Alexis, 1998, &laquo;&nbsp;Theory of Mind Concepts in Children&rsquo;s Literature&nbsp;&raquo;, <em>Applied Psycholinguistics</em>, vol. 19, p. 463-470.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Chevalier Coralie, Baumard Nicolas, Gr&egrave;zes Julie, Pouga Lydia, 2010, &laquo;&nbsp;Comprendre les actions, &eacute;motions et &eacute;tats mentaux d&rsquo;autrui&nbsp;: psychologie et neuroscience&nbsp;&raquo;, dans Berthoz A., Ossola C. Stock B. (dir.), <em>La pluralit&eacute; interpr&eacute;tative. Fondements historiques et cognitifs de la notion de point de vue</em>, Paris, Coll&egrave;ge de France, p. 139-152.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Chirouter, Edwige, 2013, &laquo;&nbsp;Penser le monde gr&acirc;ce &agrave; la litt&eacute;rature&nbsp;: analyse d&rsquo;une pratique &agrave; vis&eacute;e philosophique &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire&nbsp;&raquo;, <em>Revue des sciences de l&rsquo;&eacute;ducation</em>, vol. 39, no1, 91-117.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Desgranges B&eacute;atrice, Laisney Mickael, Bon Laetitia, Duval C&eacute;line, Mondou Audrey, Bejanin Alexandre, Fliss Rafika, Beaunieux H&eacute;l&egrave;ne, Eustache Francis, de Vignemont Fr&eacute;d&eacute;rique, 2011, &laquo;&nbsp;L&rsquo;empathie, des r&eacute;ponses aux questions majeures&nbsp;&raquo;, <em>Le Journal des psychologues</em>, vol. 3, no286, p. 16-19.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Duval C&eacute;line, Piolino Pascale, Bejanin Alexandre, Laisney Mickael, Eustache Francis, Desgranges B&eacute;atrice, 2011, &laquo; La th&eacute;orie de l&rsquo;esprit&nbsp;: aspects conceptuels, &eacute;valuation et effets de l&rsquo;&acirc;ge &raquo;, <em>Revue de neuropsychologie</em>, vol. 3, no1, p. 41-51.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Dyer Jennifer, R., Shatz Marilyn, Wellman Henry, M., 2000, &laquo;&nbsp;Young Children&rsquo;s Storybooks as a Source of Mental State Information&nbsp;&raquo;, <em>Cognitive Development</em>, vol. 15, p. 17-37.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Feshbach Norma, D., Feshbach Seymour, 1982, &laquo;&nbsp;Empathy Training and the Regulation of Aggression: Potentialities and Limitations &raquo;, <em>Academic Psychology Bulletin</em>, vol. 4, no3, p. 399&ndash;413.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Fonagy Peter, 2018, <em>Affect Regulation, Mentalization and the Development of the Self</em>, New York, Routledge.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Galinsky Adam D.; Moskowitz Gordon B, 2000, &laquo; Perspective-taking: Decreasing Stereotype Expression, Stereotype Accessibility, and In-group Favoritism&nbsp;&raquo;, <em>Journal of Personal and Social Psychology</em>, vol. 78, p. 708-724.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Garner Pamela W., Parker Tameka, S., 2018,&nbsp;&laquo;&nbsp;Young Children&rsquo;s Picture-books as a Forum for the Socialization of Emotion&nbsp;&raquo;, <em>Journal of Early Childhood Research</em>, vol. 16, no3, p. 291-304.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Gauthier C&eacute;cile, Bradmetz Jo&euml;l, 2005, &laquo; Le d&eacute;veloppement de la compr&eacute;hension des fausses croyances chez l&rsquo;enfant de 5 &agrave; 8 ans &raquo;, <em>Enfance</em>, vol. 57, no4, p. 353-362.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Giasson Jocelyne, 2011, <em>La lecture. Apprentissage et difficult&eacute;s</em>. Adapt&eacute; par Genevi&egrave;ve Vandecasteele, Bruxelles, De Boeck.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Gombert Anne, Bernat V&eacute;ronique, Roussey&nbsp; Jean-Yves, 2016&nbsp;&laquo; Albums de jeunesse pour le d&eacute;veloppement d&rsquo;une th&eacute;orie de l&rsquo;esprit&nbsp;&raquo;, <em>Enfance</em>, vol. 68, no3, 329-345.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Hoffman Martin L., 1984, &laquo;&nbsp;Interaction of Affect and Cognition in Empathy&nbsp;&raquo;, dans Izard C., Kagan J., Zasonc R. (dir.), <em>Emotions, Cognition, and Behavior</em>, New York, Cambridge University Press, p. 103-131.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Hoffman Martin L., 2001, <em>Empathy and Moral Development: Implications for Caring and Justice</em>. Cambridge, Cambridge University Press.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Houd&eacute; Olivier, Leroux Ga&euml;lle, 2013, <em>Psychologie du d&eacute;veloppement cognitif.</em> Paris&nbsp;: Presses Universitaires de France.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Kucirkova Natalia, 2019, &laquo; How Could Children&rsquo;s Storybooks Promote Empathy? A Conceptual Framework Based on Developmental Psychology and Literary Theory&nbsp;&raquo;, <em>Frontiers Psychology,</em> vol. 10, no121, p. 1-15.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">LaForge Christian, Perron M&eacute;lanie, Roy-Charland Annie, Roy &Eacute;milie Myriam, Carignan Isabelle, 2018, &laquo; Contributing to Children&rsquo;s Early Comprehension of Emotions: A Picture Book Approach&nbsp;&raquo;, <em>Canadian Journal of Education</em>, vol. 41, no1, p. 301-328.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Martucci, Katrina, 2016, &laquo;&nbsp;Shared Storybook Reading in the Preschool Setting and Considerations for Young Children&rsquo;s Theory of Mind Development&nbsp;&raquo;, <em>Journal of Early Childhood Research</em>, vol. 14, no1, p. 55-68.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">McTigue Erin, Douglass April, Wright Katherine, L. Hodges Tracey S., Franks Amanda D., 2015, &laquo;&nbsp;Beyond the Story Map. Inferential Comprehension via Character Perspective&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>The Reading Teacher</em>, vol. 60, no1, p. 91-101.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">M&eacute;lan&ccedil;on, Julie, 2015, &laquo;&nbsp;Le potentiel des albums jeunesse pour soutenir la compr&eacute;hension du monde de la pens&eacute;e chez l&rsquo;enfant d&rsquo;&acirc;ge pr&eacute;scolaire&nbsp;&raquo;, <em>Revue de recherches en litt&eacute;ratie m&eacute;diatique multimodale</em>, vol. 2, no5. 33 pages. Disponible en ligne&nbsp;: http://www.litmedmod.ca/sites/default/files/r2lmm/r2-lmm_vol2_melancon.pdf&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Moors Agnes, Ellsworth, Phoebe C., Scherer Klaus R., Frijda Nico H., 2013, &laquo;&nbsp;Appraisal Theories of Emotion: State of the Art and Future Development &raquo;, <em>Emotion Review</em>, vol. 5, no2, 119-124.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Nikolajeva Maria, 2014, &laquo;&nbsp;Picturebooks and Emotional Literacy&nbsp;&raquo;, <em>The Reading Teacher</em>, vol. 67, no4, 249-254.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Nikolajeva Maria, 2015, <em>Children&rsquo;s Literature Comes of Age: Toward a New Aesthetic</em>, Londres, Routledge.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Oatley Keith, 2011, &laquo;&nbsp;In the Minds of Others&nbsp;&raquo;, <em>Scientific American Mind</em>, vol. 22, no5, p. 62-67.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Perry Anat, Shamay-Tsoory Simone, 2013, &laquo; Understanding Emotional and Cognitive Empathy: A Neuropsychological Perspective &raquo;, dans Baron-Cohen S., Lombardo M.,Tager-Flusberg H. (dir.), <em>Understanding Other Minds: Perspectives From Developmental Social Neuroscience</em>, Oxford, Oxford University Press, p. 178-194.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Peskin Joan, Astington Janet, 2004, &laquo;&nbsp;The Effects of Adding Metacognitive Language to Story Texts&nbsp;&raquo;, <em>Cognitive Development</em>, vol. 19, no2, p. 253-273.&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Premack David, Woodruff Guy, 1978, &laquo; Does the Chimpanzee Have a Theory of Mind? &raquo;, <em>Behavioral and Brain Sciences</em>, vol. 1, no4, p. 515-526.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rifkin Jeremy, 2017,<em> Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Vers une civilisation de l&rsquo;empathie</em>. Paris, Les liens qui lib&egrave;rent (LLL).</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Rose Lucie, Kovarski Klara, Caetta Florent, Chokron Sylvie, 2020, &laquo;&nbsp;Effet d&rsquo;une situation extraordinaire sur le comportement altruiste de l&rsquo;enfant&nbsp;&raquo;, <em>Revue de neuropsychologie</em>, vol. 12, no2, p. 1-21.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Sagi Abraham, Hoffman Martin, L.,1976, &laquo; Empathic Distress in the Newborn&nbsp;&raquo;, <em>Developmental Psychology</em>, vol. 12, no2, p. 175-176.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Saxe Rebecca, 2006, &laquo;&nbsp;Uniquely Human Social Cognition &raquo;, <em>Current Opinion in Neurobiology</em>, vol. 16, no2, p. 235-239.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Strayer John, 1987, &laquo;&nbsp;Affective and Cognitive Perspectives on Empathy &raquo;, dans Eisenberg N., Strayer J. (dir.), <em>Cambridge Studies in Social and Emotional Development. Empathy and its Development</em>, Cambridge, Cambridge University Press, p. 218-244.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Tauveron Catherine, 2002, <em>Lire la litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Pourquoi et comment conduire cet apprentissage sp&eacute;cifique de la GS au CM&nbsp;?</em> Paris, Les &eacute;ditions Hatier.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Tousigant B&eacute;atrice, Eug&egrave;ne Fanny, Jackson Phillip L., 2017, &laquo;&nbsp;A Developmental Perspective on the Neural Bases of Human Empathy &raquo;, <em>Infant Behavior and Development</em>, vol. 48, p. 5-12.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">UNESCO, 2015,&nbsp;<em>&Eacute;ducation &agrave; la citoyennet&eacute;. Th&egrave;mes et objectifs d&rsquo;apprentissage</em>, Paris, Organisation des Nations Unies pour l&rsquo;&eacute;ducation, la science et la culture.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Wellman Henry M., 1992, <em>The Child&rsquo;s Theory of Mind</em>. Boston, The MIT Press.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Wellman Henry M., 2014, <em>Making minds: How Theory of Mind Develops</em>. Oxford, Oxford University Press.</span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Wellman Henry, Cross David, Watson Julanne, 2001, &laquo;&nbsp;Meta-analysis of Theory-of-mind Development: The Truth about False Felief &raquo;, <em>Child Development</em>, vol. 72, no3, p. 655-684.</span></span></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <div style="text-align:start; text-indent:0px; -webkit-text-stroke-width:0px"> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:18px;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><a href="applewebdata://B268CC59-7925-43EB-B01C-087173770DB2#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="color:#000099;">[1]</span></a>&nbsp;<strong>Anne-Marie Dionne</strong>,&nbsp;Professeure agr&eacute;g&eacute;e,&nbsp;Facult&eacute; d&rsquo;&eacute;ducation / Universit&eacute; d&rsquo;Ottawa, email de contact&nbsp;:&nbsp;<a href="mailto:adionne@uottawa.ca">adionne@uottawa.ca</a></span></span></p> </div> </div>