<p><b>Abstract:&nbsp;</b>The nuclear sector is confronted with the question of sustainability by the nature of the waste produced, by its toxicity, by its lifespan and by the need for its management and supervision. Several international standards apply to nuclear danger signaling - the famous black and yellow &quot;trefoil&quot; (ISO 361), which has been supplemented since 2007 by a second symbol (ISO 21482) to be understood more universally. But for high-level waste, the solution now widely accepted - deep geological disposal - raises a question of communication: if the waste is confined underground for millions of years, how can we prevent the existence and location of these sites in order to avoid any future human intrusion, be it voluntary or accidental? What can the standardization process be when the subject of the standard - here, nuclear waste - and the challenge of the standard - here, the proper management of this waste, the preservation of the way of life of future generations - extend over a period of one million years? How can a standard be established for &quot;users&quot; about whom one knows nothing? Faced with this double need/impossibility of standardization, the various international (IAEA or NEA) or national (Andra) actors have recourse to the contribution of the human sciences, but without necessarily benefiting from their work, particularly the communication sciences, the research on the recipient of these warning symbols and communication with a missing recipient.</p> <p><b>Keywords&nbsp;:&nbsp;</b>sustainability ; nuclear waste storage ; hazard symbols ; standardization ; recipient&nbsp;; user.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a><a id="t1"></a>INTRODUCTION&nbsp;: LA DURABILIT&Eacute; AU COEUR DE LA NORMALISATION</h2> <p>Le secteur du nucl&eacute;aire est confront&eacute; &agrave; la question de la durabilit&eacute; par la nature des d&eacute;chets produits, par leur toxicit&eacute;, par leur dur&eacute;e de vie et par la n&eacute;cessit&eacute; &ndash; commun&eacute;ment admise depuis la conf&eacute;rence de Monaco en 1959 &ndash; de leur gestion et de leur supervision. Pour les d&eacute;chets de haute activit&eacute; &agrave; vie longue, la solution majoritairement admise aujourd&rsquo;hui &ndash; le stockage g&eacute;ologique en couche profonde &ndash; pose une question de communication&nbsp;: si les d&eacute;chets sont confin&eacute;s sous terre pour des millions d&rsquo;ann&eacute;es, comment pr&eacute;venir de l&rsquo;existence et de l&rsquo;emplacement de ces sites afin d&rsquo;&eacute;viter toute intrusion humaine future, volontaire ou accidentelle&nbsp;? Quel peut &ecirc;tre le processus de normalisation quand l&rsquo;objet de la norme &ndash; ici, le d&eacute;chet nucl&eacute;aire &ndash; et l&rsquo;enjeu de la norme &ndash; ici, la bonne gestion de ce d&eacute;chet, la pr&eacute;servation du mode de vie des g&eacute;n&eacute;rations futures &ndash; s&rsquo;&eacute;tendent sur une p&eacute;riode d&rsquo;un million d&rsquo;ann&eacute;es&nbsp;? Comment &eacute;tablir une norme destin&eacute;e &agrave; des &laquo;&nbsp;usagers&nbsp;&raquo; dont on ne sait rien&nbsp;? Face &agrave; cette double n&eacute;cessit&eacute;/impossibilit&eacute; de normaliser, les diff&eacute;rents acteurs internationaux &ndash; Agence internationale de l&rsquo;&eacute;nergie atomique (AIEA) ou Agence de l&rsquo;&eacute;nergie nucl&eacute;aire (AEN) &ndash; ou nationaux &ndash; Agence nationale pour la gestion des d&eacute;chets radioactifs (Andra) &ndash; ont cr&eacute;&eacute; des groupes de travail qui, avec des m&eacute;thodes et des moyens diff&eacute;rents, visent &agrave; r&eacute;soudre ce &laquo;&nbsp;forever problem&nbsp;&raquo; (Healey, 2013).</p> <p>Nous entendons montrer dans cet article comment ces acteurs internationaux ont proc&eacute;d&eacute; pour &eacute;laborer des normes de s&eacute;curit&eacute; informant du danger de la radioactivit&eacute;, puis comment, analysant les incompr&eacute;hensions et &eacute;checs rencontr&eacute;s, ils ont su s&rsquo;amender pour s&rsquo;adapter aux usagers et mettre en place une nouvelle signalisation. Nous montrerons ensuite comment, pour ce qui concerne la protection de sites sur des &eacute;chelles de temps beaucoup plus longues, le fait que l&rsquo;usager soit absent et, par nature, insaisissable pousse ces institutions &agrave; d&eacute;velopper des mod&egrave;les th&eacute;oriques paradoxaux, qui consid&egrave;rent qu&rsquo;il est &agrave; la fois n&eacute;cessaire et inutile d&rsquo;anticiper les usages du site et de conna&icirc;tre l&rsquo;usager.</p> <p>&nbsp;</p> <p>Pour le l&eacute;gislateur fran&ccedil;ais, la normalisation para&icirc;t associ&eacute;e &agrave; la durabilit&eacute; dans sa d&eacute;finition m&ecirc;me. Ainsi, le d&eacute;cret&nbsp;n&deg;&nbsp;2009-697 du&nbsp;16&nbsp;juin 2009&nbsp;relatif &agrave; la normalisation la d&eacute;finit comme suit&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;La normalisation est une activit&eacute; d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral qui a pour objet de fournir des documents de r&eacute;f&eacute;rence &eacute;labor&eacute;s de mani&egrave;re consensuelle par toutes les parties int&eacute;ress&eacute;es, portant sur des r&egrave;gles, des caract&eacute;ristiques, des recommandations ou des exemples de bonnes pratiques, relatives &agrave; des produits, &agrave; des services, &agrave; des m&eacute;thodes, &agrave; des processus ou &agrave; des organisations. Elle vise &agrave; encourager le d&eacute;veloppement &eacute;conomique et l&rsquo;innovation tout en prenant en compte des objectifs de d&eacute;veloppement durable.&nbsp;&raquo; (nous soulignons)</p> </blockquote> <p>On peut trouver un exemple de norme &laquo;&nbsp;prenant en compte des objectifs de d&eacute;veloppement durable&nbsp;&raquo; avec la norme ISO&nbsp;24113 s&rsquo;appliquant aux d&eacute;bris spatiaux. Alors que des dizaines de milliers d&rsquo;objets de plus de dix centim&egrave;tres ont pu &ecirc;tre rep&eacute;r&eacute;s par des radars et t&eacute;lescopes, la norme ISO&nbsp;24113, adopt&eacute;e en 2013, &laquo;&nbsp;a pour objectif de garantir que la conception, l&rsquo;exploitation et l&rsquo;&eacute;limination des engins spatiaux et des &eacute;tages des lanceurs qui servent &agrave; leur mise en orbite (et sont &eacute;ject&eacute;s apr&egrave;s propulsion) ne g&eacute;n&egrave;rent pas de d&eacute;bris dans leur dur&eacute;e de vie en orbite&nbsp;&raquo; (Tranchard, 2013). Cet imp&eacute;ratif engendre des surco&ucirc;ts et, afin d&rsquo;&eacute;viter toute concurrence d&eacute;loyale entre acteurs, seule une action de normalisation consensuelle et adopt&eacute;e internationalement peut contraindre les diff&eacute;rentes parties prenantes &agrave; accepter d&rsquo;assumer le surco&ucirc;t li&eacute; &agrave; la pr&eacute;servation de l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me spatial (Wheeler, 2016).</p> <p>Par ailleurs, sur ce volet de la durabilit&eacute; et de l&rsquo;articulation existant entre normalisation et d&eacute;veloppement durable, il faut noter la place &agrave; part qu&rsquo;occupe la norme ISO&nbsp;26&nbsp;000 &ndash; adopt&eacute;e en 2010 par la quasi-totalit&eacute; des pays du globe, en compl&eacute;ment du Pacte mondial &eacute;labor&eacute; par l&rsquo;Organisation des Nations unies en 2000. Concernant la responsabilit&eacute; soci&eacute;tale des organisations, elle regroupe un ensemble de bonnes pratiques que les organisations (entreprises, collectivit&eacute;s, etc.) peuvent adopter en mati&egrave;re de lutte contre la corruption, de respect des droits de l&rsquo;homme, de conditions de travail. L&rsquo;une des sept &laquo;&nbsp;questions centrales de responsabilit&eacute; soci&eacute;tale&nbsp;&raquo; concerne la pr&eacute;servation de l&rsquo;environnement et la norme elle-m&ecirc;me a pour objectif &laquo;&nbsp;de contribuer au d&eacute;veloppement durable&nbsp;&raquo; (ISO, 2014). Non certifiable (contrairement &agrave; la norme ISO&nbsp;14001 sur le management environnemental), elle fait office de &laquo;&nbsp;<i>m&eacute;ta-norme&nbsp;</i>&raquo;, de ligne directrice exprimant la centralit&eacute; du d&eacute;veloppement durable pour la normalisation.</p> <p>Le d&eacute;veloppement durable se trouve ainsi plac&eacute; au c&oelig;ur de la d&eacute;finition de la normalisation, et l&rsquo;action de normalisation se trouve plac&eacute;e au c&oelig;ur des pratiques visant &agrave; assurer &agrave; l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me terrestre un d&eacute;veloppement durable.</p> <p>Comment cette articulation, qui semble donc principielle, entre d&eacute;veloppement durable et normalisation joue-t-elle dans le secteur du nucl&eacute;aire&nbsp;? Si d&egrave;s 1946, des efforts sont entrepris pour chercher &agrave; limiter la prolif&eacute;ration nucl&eacute;aire (c&rsquo;est l&rsquo;objet du plan Baruch, propos&eacute; &agrave; la pr&eacute;sidence am&eacute;ricaine), le fait est que le d&eacute;veloppement du nucl&eacute;aire militaire et, depuis les ann&eacute;es&nbsp;1950, du nucl&eacute;aire civil a d&eacute;sormais produit l&rsquo;&eacute;quivalent de 22&nbsp;000 m&egrave;tres cubes de &laquo;&nbsp;d&eacute;chets ultimes&nbsp;&raquo;, qui restent hautement radioactifs pendant plusieurs centaines de milliers d&rsquo;ann&eacute;es (World Nuclear Association, 2017&nbsp;; Monsaingeon, 2017). C&rsquo;est l&rsquo;Agence internationale de l&rsquo;&eacute;nergie atomique (AIEA) qui est charg&eacute;e d&rsquo;&eacute;dicter les normes de s&ucirc;ret&eacute;, par le biais de sa Commission des normes de s&ucirc;ret&eacute; (Commission on Safety Standards, CSS). L&rsquo;AIEA travaille depuis longtemps en partenariat avec l&rsquo;Organisation internationale de normalisation (International Standard Organization, ISO).</p> <h2><a id="t2"></a>COMMUNIQUER LE DANGER AUJOURD&rsquo;HUI</h2> <p>Dans l&rsquo;arsenal des normes qui r&eacute;gissent l&rsquo;ensemble des pratiques des acteurs du secteur du nucl&eacute;aire, nous nous int&eacute;resserons particuli&egrave;rement ici &agrave; celles qui visent &agrave; pr&eacute;venir du danger des mati&egrave;res radioactives. En effet, si depuis les bombardements d&rsquo;Hiroshima et de Nagasaki, l&rsquo;humanit&eacute; doit vivre avec la possibilit&eacute; de son annihilation, de sa destruction totale (Anders, 2008), il s&rsquo;est depuis ajout&eacute; l&rsquo;&eacute;ventualit&eacute; d&rsquo;une destruction lente, par une mauvaise exploitation des d&eacute;chets produits et stock&eacute;s. La communication autour du danger et des &laquo;&nbsp;signes du danger&nbsp;&raquo; (Van Wyck, 2004) rev&ecirc;t donc une importance essentielle. Il existe actuellement deux normes compl&eacute;mentaires r&eacute;gissant cette signalisation du risque de radiation ionisante.</p> <h3>La norme ISO 361</h3> <p>Invent&eacute; aux &Eacute;tats-Unis, dans le laboratoire de radiologie de l&rsquo;universit&eacute; Berkeley, en 1946 et g&eacute;n&eacute;ralis&eacute; en 1948, le tr&egrave;fle est le symbole le plus connu. Apr&egrave;s quelques &eacute;volutions (il &eacute;tait &agrave; l&rsquo;origine bleu et magenta, le magenta ayant &eacute;t&eacute; choisi pour son co&ucirc;t &eacute;lev&eacute;, qui en faisait une couleur relativement rare), il a &eacute;t&eacute; stabilis&eacute; dans les ann&eacute;es&nbsp;1950 (et le jaune, plus commun, a &eacute;t&eacute; adopt&eacute;, parce que visible de plus loin). Il fait l&rsquo;objet d&rsquo;une norme internationale ISO&nbsp;361 depuis 1975. C&rsquo;est le signe de r&eacute;f&eacute;rence. Mais est-il suffisamment explicite&nbsp;? C&rsquo;est &laquo;&nbsp;un motif suppos&eacute; repr&eacute;senter l&rsquo;activit&eacute; &eacute;manant d&rsquo;un atome&nbsp;&raquo; (Nels Garden, lettre de 1952), mais plusieurs exemples au cours du dernier demi-si&egrave;cle ont montr&eacute; qu&rsquo;il &eacute;tait trop ambigu pour &ecirc;tre imm&eacute;diatement compr&eacute;hensible.</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2018 revue rochefort1" src="https://www.revue-cossi.info/images/images-revue/2018-revue-rochefort1.png" />&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 1 : La norme ISO&nbsp;361</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Parmi les incidents nucl&eacute;aires plus ou moins importants qui se produisent chaque ann&eacute;e, certains sont pr&eacute;cis&eacute;ment li&eacute;s &agrave; un tel manque de clart&eacute;, &agrave; un probl&egrave;me de communication, un malentendu (Servais et Servais, 2009). Ainsi, en janvier et en f&eacute;vrier&nbsp;2000, en Tha&iuml;lande, un appareil de radioth&eacute;rapie au cobalt&nbsp;60 (qui n&rsquo;avait pas &eacute;t&eacute; utilis&eacute; depuis 1974) a &eacute;t&eacute; vol&eacute; dans un entrep&ocirc;t et les voleurs n&rsquo;ont pas su d&eacute;chiffrer le pictogramme. La source avait une activit&eacute; de 16TBq. Les voleurs ont transport&eacute; l&rsquo;appareil, des dizaines de personnes y ont &eacute;t&eacute; expos&eacute;es pendant plusieurs jours. Le bilan humain de cette incompr&eacute;hension du sens du pictogramme fut &eacute;lev&eacute;&nbsp;: trois morts et des dizaines de bless&eacute;s.</p> <p>Cet incident nucl&eacute;aire a &eacute;t&eacute; analys&eacute; par l&rsquo;AIEA, qui y a vu&nbsp;: 1) les limites du tr&egrave;fle pour symboliser le danger&nbsp;; 2) le besoin d&rsquo;un symbole compl&eacute;mentaire de mise en garde. (AIEA, 2002)</p> <p>L&rsquo;analyse des enqu&ecirc;teurs est sans concession&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;The trefoil symbol on the source containers failed to convey the potential radiation hazard. The signs and warning labels that were present were not understood by the individuals who gained access to these containers. There is a need for an international review of the usefulness of the trefoil symbol and the possible need for a more intuitively understandable warning sign for Category 1 or 2 sources. If words are used in addition to symbols, they need to be in a language which is understandable to the local public and workers<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref1">[1]</a>.&nbsp;&raquo; (Ibid.)</p> </blockquote> <p>Ainsi, pour l&rsquo;AIEA, la compr&eacute;hension du danger par&nbsp;<i>l&rsquo;usager potentiel</i>&nbsp;est essentielle pour de tels signes, quels que soient sa culture, sa langue, son niveau d&rsquo;&eacute;ducation.</p> <h3>La nouvelle norme ISO&nbsp;21482</h3> <p>Suite &agrave; cette prise de conscience, un groupe de travail international a &eacute;t&eacute; mis en place pour &eacute;laborer un nouveau symbole. L&rsquo;Agence a con&ccedil;u plusieurs symboles, avec diff&eacute;rents motifs, diff&eacute;rentes formes, diff&eacute;rentes couleurs, et apr&egrave;s quelques tests, en a retenu cinq. L&rsquo;institut Gallup a ensuite &eacute;t&eacute; charg&eacute; d&rsquo;une enqu&ecirc;te dans 11 pays pour &laquo;&nbsp;tester&nbsp;&raquo; l&rsquo;efficacit&eacute; de ces logos et retenir celui qui serait le plus universel. &laquo;&nbsp;La vaste majorit&eacute; des personnes interrog&eacute;es dans onze pays n&rsquo;avaient aucune id&eacute;e de ce que le symbole [du tr&egrave;fle] repr&eacute;sentait et ignoraient tout des rayonnements. En fait, seuls 6&nbsp;% des personnes interrog&eacute;es en Inde, au Br&eacute;sil et au Kenya ont reconnu le symbole pour ce qu&rsquo;il repr&eacute;sentait.&nbsp;&raquo; (<i>Bulletin de l&rsquo;AIEA</i>, 2007).</p> <p>Apr&egrave;s cette phase de test, et conform&eacute;ment aux r&eacute;sultats de l&rsquo;&eacute;tude men&eacute;e par Gallup, le nouveau symbole, qui vient compl&eacute;ter le pr&eacute;c&eacute;dent, est annonc&eacute; le 15&nbsp;f&eacute;vrier 2007 conjointement par l&rsquo;AIEA et l&rsquo;ISO. Le tr&egrave;fle a &eacute;t&eacute; conserv&eacute;, mais assorti de fl&egrave;ches laissant comprendre la notion de rayonnement. Deux autres pictogrammes le compl&egrave;tent. Le &laquo;&nbsp;skull and crossbones&nbsp;&raquo; a &eacute;t&eacute; retenu comme symbole universel de mort<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref2">[2]</a>, et le personnage courant vers la sortie apporte &agrave; cette signalisation une dimension qui &eacute;tait jusqu&rsquo;alors seulement implicite&nbsp;: face &agrave; ce danger, il faut fuir. On pourrait lire ce nouveau symbole comme mat&eacute;rialisant en un regard l&rsquo;alternative suivante&nbsp;: face aux &eacute;missions radioactives, il faut s&rsquo;&eacute;chapper ou mourir.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2018 revue rochefort2" src="https://www.revue-cossi.info/images/images-revue/2018-revue-rochefort2.png" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 2 : La norme ISO&nbsp;21482</em></p> <p>Tels sont donc les deux symboles aujourd&rsquo;hui retenus au niveau international pour prot&eacute;ger les populations du danger de l&rsquo;irradiation. Mais si l&rsquo;on peut d&eacute;j&agrave; constater l&rsquo;importance de la diversit&eacute; culturelle dans l&rsquo;&eacute;laboration du symbole, comment concevoir un signe capable de mettre en garde des populations qui seraient non pas d&rsquo;une autre culture mais d&rsquo;une autre &eacute;poque&nbsp;? Comment avertir les g&eacute;n&eacute;rations futures&nbsp;?&nbsp;</p> <h2><a id="t3"></a>LES AGENCES ET LE PROBL&Egrave;ME D&rsquo;UNE NORME DE S&Ucirc;RET&Eacute; &Eacute;TERNELLE</h2> <p>Si le d&eacute;veloppement durable est bien au c&oelig;ur de la d&eacute;marche de normalisation, comment trouver une norme applicable &laquo;&nbsp;pour l&rsquo;&eacute;ternit&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;? Comment les diff&eacute;rents acteurs impliqu&eacute;s r&eacute;pondent-ils &agrave; cette probl&eacute;matique&nbsp;? Nous allons pr&eacute;senter ici les actions mises en place par deux agences internationales (AIEA et AEN) et une agence nationale (Andra) et montrer leurs diff&eacute;rentes approches de cette m&ecirc;me question.</p> <h3>L&rsquo;AIEA</h3> <p>Parmi l&rsquo;ensemble des &laquo;&nbsp;principes fondamentaux de s&ucirc;ret&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;AIEA, dont l&rsquo;objectif &laquo;&nbsp;est d&rsquo;&eacute;tablir l&rsquo;objectif fondamental de s&ucirc;ret&eacute;, et les principes et notions de s&ucirc;ret&eacute; qui constituent les bases des normes de s&ucirc;ret&eacute; de l&rsquo;AIEA&nbsp;&raquo; (AIEA, 2007, p.&nbsp;12), le septi&egrave;me s&rsquo;applique &agrave; la &laquo;&nbsp;protection des g&eacute;n&eacute;rations actuelles et futures&nbsp;&raquo;.</p> <p>Il est en effet de la responsabilit&eacute; de l&rsquo;agence d&rsquo;&eacute;tablir des normes de s&ucirc;ret&eacute; applicables</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;&agrave; toutes les circonstances donnant lieu &agrave; des risques radiologiques [...] applicables, selon que de besoin, pendant la dur&eacute;e de vie de toutes les installations et activit&eacute;s, existantes et nouvelles, utilis&eacute;es &agrave; des fins pacifiques ainsi qu&rsquo;aux mesures de protection visant &agrave; r&eacute;duire les risques radiologiques existants. Ils fournissent la base pour les prescriptions et les mesures de protection des personnes et de l&rsquo;environnement contre les risques radiologiques, et de s&ucirc;ret&eacute; des installations et des activit&eacute;s pouvant &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;origine de tels risques, notamment les installations nucl&eacute;aires et les utilisations des rayonnements et des sources radioactives, le transport de mati&egrave;res radioactives et la gestion des d&eacute;chets radioactifs.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Le champ de responsabilit&eacute; de l&rsquo;agence s&rsquo;&eacute;tend donc sur toute la dur&eacute;e de vie des installations, allant jusqu&rsquo;&agrave; la gestion des d&eacute;chets radioactifs &ndash; et implique donc au niveau r&eacute;glementaire une responsabilit&eacute; vis-&agrave;-vis des usagers futurs.</p> <p>L&rsquo;un des quatre domaines de comp&eacute;tence de la Commission on Safety Standards concerne cette gestion du stockage des d&eacute;chets, &agrave; travers le Waste Safety Standards Committee (Wassc). La sous-commission qui nourrit les travaux du Wassc et qui se r&eacute;unit sp&eacute;cifiquement pour &eacute;laborer des r&egrave;gles de s&eacute;curit&eacute; et de signalisation applicables aux g&eacute;n&eacute;rations futures et pour mettre en place les conditions permettant d&rsquo;emp&ecirc;cher toute intrusion humaine &agrave; l&rsquo;avenir sur un site o&ugrave; seraient stock&eacute;es des mati&egrave;res radioactives est le groupe Hidra (Human Intrusion in the Context of Disposal of Radioactive Waste), dont les travaux ont commenc&eacute; en 2012, en deux cycles&nbsp;: Hidra&nbsp;1 (2012-2014) et Hidra (2016-). L&rsquo;objectif est de nourrir les r&eacute;flexions de l&rsquo;Agence pour la p&eacute;riode suivant la fermeture des sites d&rsquo;enfouissement de d&eacute;chets nucl&eacute;aires, et apr&egrave;s leur phase de surveillance institutionnelle, lorsque ces sites entrent dans la phase dite &laquo;&nbsp;passive&nbsp;&raquo;, mais &eacute;galement, et peut-&ecirc;tre principalement, de donner des &eacute;l&eacute;ments pour faire &eacute;voluer la r&eacute;glementation et les normes de s&eacute;curit&eacute; &eacute;dict&eacute;es par l&rsquo;Agence.</p> <h3>L&rsquo;AEN</h3> <p>C&rsquo;est pour r&eacute;pondre &agrave; ce m&ecirc;me probl&egrave;me qu&rsquo;a &eacute;t&eacute; mis en place en 2011 un groupe &laquo;&nbsp;Preservation of Records, Knowledge and Memory&nbsp;&raquo; (RK&amp;M) au sein de l&rsquo;Agence de l&rsquo;Organisation de coop&eacute;ration et de d&eacute;veloppement &eacute;conomiques pour l&rsquo;&eacute;nergie nucl&eacute;aire (AEN-OCDE). D&egrave;s 2011, lors d&rsquo;un de ses premiers ateliers, la question de la standardisation des dispositifs de communication est pos&eacute;e&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Standardization of messages may be useful when considering records for the farther future - that is, for the time when national programmes may no longer be extant. One may want to: maximize visual and diagrammatic content; minimise textual presentation; prepare records in host language and major regional languages; and standardize content and the order of material to allow interpretation of fragmentary records. Also, it would be useful to have an international document on markers&rsquo; messages<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref3">[3]</a>.&nbsp;&raquo; (AEN, 2011).</p> </blockquote> <p>L&agrave; encore, le besoin de normalisation est mis en avant, mais aucune solution consensuelle n&rsquo;a encore &eacute;t&eacute; trouv&eacute;e ou propos&eacute;e. L&rsquo;AEN organise des colloques internationaux, r&eacute;unit des experts, anime des groupes de travail. Son optique est plus th&eacute;orique que l&rsquo;AIEA, moins orient&eacute;e vers la cr&eacute;ation de normes de s&eacute;curit&eacute; que vers l&rsquo;aide &agrave; la d&eacute;cision pour les pays membres. Il s&rsquo;agit pour l&rsquo;essentiel de &laquo;&nbsp;satisfaire la demande des pays membres d&eacute;sireux de faciliter les &eacute;changes et de nourrir leurs r&eacute;flexions&nbsp;&raquo; (site AEN/RKM).</p> <h3>L&rsquo;Andra</h3> <p>En France, l&rsquo;Andra est l&rsquo;agence charg&eacute;e par l&rsquo;&Eacute;tat d&rsquo;une double mission&nbsp;: organiser une r&eacute;flexion publique et institutionnelle, et mettre en place la politique d&rsquo;enfouissement. L&rsquo;agence a mis en place un &laquo;&nbsp;programme M&eacute;moire&nbsp;&raquo;, qui collabore avec RK&amp;M, avec lequel a &eacute;t&eacute; notamment co-organis&eacute; en 2014 un colloque international &laquo;&nbsp;Constructing Memory&nbsp;&raquo; (Andra/AEN, 2014).</p> <p>Ce colloque r&eacute;unissait, au-del&agrave; des sp&eacute;cialistes du nucl&eacute;aire, des philosophes, des g&eacute;ographes, des s&eacute;miologues (Centre de recherches s&eacute;miotiques de l&rsquo;universit&eacute; de Limoges, Ceres), des chercheurs en SIC, des arch&eacute;ologues et des artistes.</p> <p>La p&eacute;rennit&eacute; physique des archives de l&rsquo;Andra est assur&eacute;e par l&rsquo;usage de papier permanent (norme ISO&nbsp;9&nbsp;706, puis ISO&nbsp;11&nbsp;108)&nbsp;; des recherches sont actuellement conduites sur un disque de saphir capable de stocker 40&nbsp;000 pages, lisible durant un million d&rsquo;ann&eacute;es. Les recherches sur la p&eacute;rennit&eacute; physique du stockage et sur la p&eacute;rennit&eacute; s&eacute;miotique du message vont ainsi de pair.</p> <p>&nbsp;</p> <p>La finalit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale est la m&ecirc;me pour ces trois acteurs (assurer la s&eacute;curit&eacute; des sites et emp&ecirc;cher toute intrusion future), mais les trois groupes n&rsquo;ont pas les m&ecirc;mes enjeux&nbsp;: Hidra doit alimenter un document normatif international (&laquo;&nbsp;provide recommendations to Wassc&nbsp;for future updates of safety standards&nbsp;&raquo;, AIEA, 2017)&nbsp;; l&rsquo;Andra doit concevoir sa propre solution, en respectant le cadre r&eacute;glementaire international&nbsp;; RK&amp;M a un r&ocirc;le davantage consultatif&nbsp;: faire avancer la r&eacute;flexion pour alimenter les travaux des diff&eacute;rents acteurs nationaux.</p> <p>Par le travail compl&eacute;mentaire de ces diff&eacute;rents acteurs, le processus de normalisation est en cours et le groupe Hidra, tout comme le groupe RK&amp;M, devraient pr&eacute;senter des r&eacute;sultats au cours de l&rsquo;ann&eacute;e&nbsp;2018 afin de nourrir les travaux de l&rsquo;AIEA et de l&rsquo;AEN.</p> <h2><a id="t4"></a>L&rsquo;USAGER ABSENT</h2> <p>Les agences internationales et nationales sont donc confront&eacute;es &agrave; la m&ecirc;me probl&eacute;matique et mettent toutes en place des commissions et groupes de travail&nbsp;<i>ad hoc</i>&nbsp;pour trouver une solution efficace. Mais la situation &eacute;tudi&eacute;e poss&egrave;de un caract&egrave;re exceptionnel&nbsp;: la norme sur laquelle un consensus sera &eacute;tabli ne commencera &agrave; s&rsquo;appliquer qu&rsquo;apr&egrave;s la fermeture des sites de stockage et &agrave; la fin de leur phase de surveillance, quand ils entreront dans leur phase passive &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire au plus t&ocirc;t dans 500 ans (quelques centaines d&rsquo;ann&eacute;es apr&egrave;s la fin de p&eacute;riode de surveillance du site).</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2018 revue rochefort3" src="https://www.revue-cossi.info/images/images-revue/2018-revue-rochefort3.png" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 3 : Les grandes &eacute;tapes du projet Cig&eacute;o. &copy; Andra&nbsp;2018.</em></p> <p>Au regard de ce que sont une norme et une pratique de normalisation, le secteur du nucl&eacute;aire poss&egrave;de des caract&eacute;ristiques uniques. Comment les organismes internationaux et nationaux peuvent-ils &eacute;tablir non pas une norme durable, mais une norme qui pr&eacute;serve (et rende possible) la durabilit&eacute; de l&rsquo;information&nbsp;?</p> <h3>Un paradoxe&nbsp;: une norme efficace seulement si elle n&rsquo;est pas appliqu&eacute;e</h3> <p>Si la normalisation vise &agrave; encadrer la production d&rsquo;objets ou de pratiques r&eacute;pandues, tel n&rsquo;est pas le cas ici&nbsp;: il s&rsquo;agit non seulement d&rsquo;encadrer une pratique tr&egrave;s rare (aucun site de stockage g&eacute;ologique profond n&rsquo;est encore ferm&eacute; &agrave; ce jour, et il n&rsquo;y en existera que peu &agrave; terme, en tout &eacute;tat de cause), mais d&rsquo;une normalisation&nbsp;<i>ex ante&nbsp;</i>: il n&rsquo;est pas question de&nbsp;<i>mettre de l&rsquo;ordre&nbsp;</i>dans des pratiques, mais de&nbsp;<i>donner naissance&nbsp;</i>&agrave; une pratique, dont les acteurs n&rsquo;auront pas un usage &laquo;&nbsp;commun et r&eacute;p&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; (ISO/CEI, 2004) mais unique et &eacute;ternel. Plus encore, la finalit&eacute; du message de mise en garde &agrave; &eacute;laborer repr&eacute;sente un paradoxe, une &laquo;&nbsp;injonction paradoxale&nbsp;&raquo; au sens de l&rsquo;&eacute;cole de Palo Alto (Watzlawick, 1972)&nbsp;: en effet, le sens du message d&rsquo;avertissement autour des sites de stockage visant &agrave; &eacute;viter toute intrusion est le suivant&nbsp;: &laquo;&nbsp;Look&nbsp;! Here lies nothing&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Regardez&nbsp;! Ici, il n&rsquo;y a rien&nbsp;&raquo;, Van Wyck, 2004).</p> <p>Par ailleurs, l&rsquo;efficacit&eacute; du dispositif &ndash; qui ne pourra de toute fa&ccedil;on jamais &ecirc;tre &eacute;valu&eacute;e par ceux qui l&rsquo;ont &eacute;tabli &ndash; sera maximale si&nbsp;<i>personne</i>&nbsp;ne vient sur le site de stockage, si personne ne fore dans le sol, mettant en danger la s&eacute;curit&eacute; du site.</p> <p>D&egrave;s lors, le but de la norme est qu&rsquo;il n&rsquo;y ait pas d&rsquo;usager de la norme, que personne ne vienne sur ces sites, ou que ceux qui viennent en repartent aussit&ocirc;t. En somme, il s&rsquo;agit d&rsquo;une norme qui concerne une situation qui, id&eacute;alement, ne doit pas se produire.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> <h3>Qui est l&rsquo;usager de cette norme&nbsp;?</h3> <p>Si une norme d&eacute;finit un langage commun entre producteurs, ainsi qu&rsquo;entre producteurs et usagers, comment normaliser en l&rsquo;absence d&rsquo;usagers&nbsp;? Si l&#39;on reprend l&#39;exemple de l&#39;accident tha&iuml;landais, l&#39;AIEA &eacute;crivait&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;There is a history of people, in particular those persons with insufficient technical education or background, receiving serious injuries or fatalities from handling large sealed radioactive sources and not correctly understanding the meaning of the basic ionizing radiation symbol on the source. The ability to interpret and understand the symbol is of crucial importance for all people<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref4">[4]</a>.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Mais si l&rsquo;agence a pu effectuer des tests dans onze pays pour v&eacute;rifier l&rsquo;universalit&eacute; de la compr&eacute;hension avant de mettre &agrave; jour ses normes de mises en garde, il est bien &eacute;videmment impossible de proc&eacute;der de la m&ecirc;me fa&ccedil;on avec d&rsquo;&eacute;ventuels &laquo;&nbsp;usagers&nbsp;&raquo; futurs. Pourtant, la norme n&rsquo;est-elle pas cens&eacute;e organiser &laquo;&nbsp;les pratiques et les syst&egrave;mes de repr&eacute;sentations des individus appel&eacute;s &agrave; l&rsquo;utiliser et &agrave; l&rsquo;approprier&nbsp;&raquo; (R&eacute;gimbeau, 2013)&nbsp;? En somme, la difficult&eacute; &agrave; &eacute;laborer ici un message d&rsquo;avertissement unique et qui fasse l&rsquo;unanimit&eacute; s&rsquo;explique certainement par le fait que, par d&eacute;finition, il n&rsquo;y a pas d&rsquo;utilisateur pour &eacute;prouver la norme, se l&rsquo;approprier.</p> <p>En l&rsquo;absence d&rsquo;utilisateurs, il ne peut y avoir de logique d&rsquo;usage qui soit prise en compte. Pourtant, selon Jacques Perriault (2015), &laquo;&nbsp;Les seuls espaces de n&eacute;gociation [&hellip;] sont aujourd&rsquo;hui bien en amont du service, au niveau des commissions de normes et standards (ISO, W3C). De 2000 &agrave; 2010, ces instances ont progressivement int&eacute;gr&eacute; des param&egrave;tres prenant en compte usage et logique de l&rsquo;usage.&nbsp;&raquo;</p> <p>Pour pallier l&rsquo;absence de cet usager, les institutions anticipent alors deux types d&rsquo;usagers diff&eacute;rents, et optent en cons&eacute;quence pour deux strat&eacute;gies, qui peuvent &ecirc;tre compl&eacute;mentaires dans la strat&eacute;gie&nbsp;<i>dual-track</i>&nbsp;promue par l&rsquo;Agence de l&rsquo;&eacute;nergie nucl&eacute;aire (AEN, 2014)&nbsp;: dans le premier axe, l&rsquo;accent sera mis sur les archives, sur la m&eacute;moire institutionnelle, sur une transmission m&eacute;di&eacute;e de l&rsquo;information au sujet de la localisation du site, de ses caract&eacute;ristiques, etc.&nbsp;; dans le second cas, l&rsquo;accent sera mis sur le site m&ecirc;me, par des &laquo;&nbsp;barri&egrave;res&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;marqueurs&nbsp;&raquo;, des messages de mise en garde&nbsp;<i>in situ</i>. Dans le premier cas, ce qui importe, c&rsquo;est la robustesse de l&rsquo;archive, sa redondance, sa multiplication, afin de pr&eacute;server l&rsquo;information et de la transmettre de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration&nbsp;; dans le second cas, ce qui importe, c&rsquo;est la compr&eacute;hension imm&eacute;diate par la personne qui acc&eacute;dera au site pendant toute la phase passive, quel que soit le moment de la &laquo;&nbsp;rencontre&nbsp;&raquo; avec le message.</p> <p>Par ailleurs, les diff&eacute;rentes agences adoptent une approche par sc&eacute;nario &ndash; avec toutefois de fortes disparit&eacute;s m&eacute;thodologiques entre elles &ndash;, toujours dans le but de d&eacute;finir l&rsquo;usager du site et le destinataire des marqueurs d&rsquo;avertissement.</p> <p>Le groupe RK&amp;M se livre &agrave; une analyse des risques pouss&eacute;e. On trouve ainsi un tableau recensant dix types de risques &agrave; anticiper, parmi lesquels la curiosit&eacute;, la cupidit&eacute;, la n&eacute;gligence, l&rsquo;ignorance ou le sens des responsabilit&eacute;s. Pour chacun d&rsquo;entre eux, est d&eacute;crite la motivation principale&nbsp;: la recherche de profit, la pauvret&eacute; qui pousse &agrave; rechercher des mati&egrave;res rares, emp&ecirc;cher un site de contaminer son environnement, l&rsquo;indiff&eacute;rence. Dans chacun des dix cas, les analystes &eacute;valuent la perception des risques par le destinataire&nbsp;: cela va de &laquo;&nbsp;nulle&nbsp;&raquo; pour le risque li&eacute; &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;ignorance&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;tr&egrave;s forte&nbsp;&raquo; pour le risque li&eacute; au &laquo;&nbsp;sens des responsabilit&eacute;s&nbsp;&raquo;. Est ensuite d&eacute;crite la forme d&rsquo;intrusion associ&eacute;e &agrave; chaque risque&nbsp;: intrusion d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e et violente, exploration de l&rsquo;environnement souterrain par forage, etc. Enfin, ce tableau &eacute;tant dress&eacute;, c&rsquo;est l&rsquo;efficacit&eacute; du marquage qui est d&eacute;crit&nbsp;: effet important contre la curiosit&eacute; ou le sens des responsabilit&eacute;s, effet limit&eacute; pour l&rsquo;ignorance, effet faible pour l&rsquo;avarice. On remarque que sur les cinq crit&egrave;res retenus, quatre concernent l&rsquo;&laquo;&nbsp;usager&nbsp;&raquo; du site (type de risque, motivation, perception du risque, moyens mis en &oelig;uvre), et un seul l&rsquo;&eacute;metteur (effet du marquage).</p> <p style="text-align: center;"><img alt="2018 revue rochefort4" src="https://www.revue-cossi.info/images/images-revue/2018-revue-rochefort4.png" /></p> <p style="text-align: center;"><img alt="2018 revue rochefort5" src="https://www.revue-cossi.info/images/images-revue/2018-revue-rochefort5.png" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 4 : Un exemple de tableau anticipant les risques selon l&rsquo;approche par sc&eacute;nario (Buser/AEN, 2013)</em></p> <p>Un autre tableau analyse sp&eacute;cifiquement le risque d&rsquo;intrusion dans un site qui serait situ&eacute; mille m&egrave;tres sous terre. L&agrave; encore, treize sc&eacute;narios sont con&ccedil;us, allant de la construction de tunnels au forage profond, de l&rsquo;ouverture du site pour stocker de nouveaux d&eacute;chets &agrave; l&rsquo;exploration arch&eacute;ologique. L&agrave; encore, les motivations des g&eacute;n&eacute;rations futures sont d&eacute;crites &agrave; chaque fois (recycler des ressources, recherche de mati&egrave;res brutes, fanatisme), ainsi que les technologies n&eacute;cessaires &agrave; l&rsquo;intrusion. Enfin, l&rsquo;utilit&eacute; du marquage est &eacute;valu&eacute;e pour chacun des cas, ainsi que sa localisation (en surface, dans le site souterrain, marquage inutile, etc.). Trois des cat&eacute;gories concernent l&rsquo;usager, ses motivations, tandis qu&rsquo;une seule concerne le marquage. On notera enfin que parmi les 23 sc&eacute;narios envisag&eacute;s par RK&amp;M, 18 concernent des intrusions intentionnelles.</p> <p>&Agrave; l&rsquo;inverse, le groupe Hidra s&rsquo;int&eacute;resse exclusivement, par choix, aux intrusions non intentionnelles. Dans la mesure o&ugrave; il est impossible de pr&eacute;voir ou d&rsquo;anticiper toute action humaine future, &laquo;&nbsp;the only reasonable and credible approach is to assume present-day technology and habits<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;&raquo; (AIEA, 2017b). Les experts d&eacute;veloppent donc des &laquo;&nbsp;stylized scenario&nbsp;&raquo; afin de ne pas &laquo;&nbsp;introduire des sc&eacute;narios trop sp&eacute;culatifs&nbsp;&raquo;, simplifiant volontairement &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me les hypoth&egrave;ses. Pour ce faire, ils con&ccedil;oivent un pays fictif, Hidrania, &agrave; partir duquel ils d&eacute;veloppent leur analyse des risques. Leur rapport retient finalement trois sc&eacute;narios&nbsp;: forage profond, minage profond, minage non conventionnel. L&rsquo;accent est plac&eacute; sur le risque sanitaire&nbsp;: qui est touch&eacute; en premier&nbsp;? Quelles sont les cons&eacute;quences pour la sant&eacute; de chacun des trois sc&eacute;narios&nbsp;?</p> <p>La question th&eacute;orique de l&rsquo;usager ou du destinataire absent int&eacute;resse peu les acteurs, qui la chassent en consid&eacute;rant qu&rsquo;il s&rsquo;agit de &laquo;&nbsp;sp&eacute;culations gratuites&nbsp;&raquo; (AIEA, 2017b). Elle est trait&eacute;e &agrave; travers les sc&eacute;narios, qui visent &agrave; circonscrire le destinataire, &agrave; le faire entrer dans une typologie. Mais le paradoxe de l&rsquo;incertitude radicale autour de sa nature se lit dans le raisonnement suivant&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;The question regarding the recipients of a message or a warning about a repository was undoubtedly identified at an early stage, but seems to be of only limited interest, as it does not involve any additional input for instruction on how to act. Systematic analysis of scenario could, however, provide important information on how to design information depending on to whom it is addressed to in the future (i.e. primitive versus advanced civilisation)<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref6">[6]</a>.&nbsp;&raquo; (Buser, 2013, p.&nbsp;37, nous soulignons)</p> </blockquote> <p>Ainsi, la question du destinataire des messages sur lesquels les diff&eacute;rents acteurs travaillent afin d&rsquo;aboutir &agrave; un r&eacute;sultat norm&eacute; au niveau international et dans le temps long a &eacute;t&eacute; identifi&eacute;e d&egrave;s le d&eacute;but des travaux de ces organismes, mais &eacute;cart&eacute;e comme &eacute;tant non pertinente du point de vue op&eacute;rationnel. Toutefois, l&rsquo;approche par sc&eacute;nario &ndash; qui, sous des formes diverses, reste la m&eacute;thode la plus largement adopt&eacute;e pour aider les organismes &agrave; prendre des d&eacute;cisions concernant le temps long &ndash; repose largement sur l&rsquo;anticipation du destinataire. &Agrave; ce stade, les agences travaillent avec ce paradoxe et ne l&rsquo;ont pas encore d&eacute;pass&eacute;.&nbsp;</p> <h2><a id="t5"></a>CONCLUSION : METTRE DE L&rsquo;ORDRE DANS L&rsquo;INCERTITUDE DU DEVENIR, UNE T&Acirc;CHE IMPOSSIBLE ?</h2> <p>&Agrave; l&rsquo;image de ce que Jacques Perriault (2011) affirme pour la normalisation num&eacute;rique, la cr&eacute;ation de normes peut-elle se passer ici de l&rsquo;apport des sciences sociales&nbsp;? En analysant les travaux de l&rsquo;AIEA, de l&rsquo;AEN et de l&rsquo;Andra, nous entendons &eacute;tudier une situation de recherche de consensus dans un champ technique qui a largement recours &agrave; l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;, aux sciences humaines. Mais si l&rsquo;apport des sciences humaines est syst&eacute;matiquement convoqu&eacute; pour prendre en compte la durabilit&eacute; de la norme &agrave; &eacute;tablir, c&rsquo;est souvent pour cr&eacute;er un effet de vertige, de longue dur&eacute;e &ndash; et finalement tr&egrave;s peu pour un &eacute;ventuel apport conceptuel. Il en va de m&ecirc;me pour la litt&eacute;rature&nbsp;: si des auteurs sont invit&eacute;s &agrave; participer &agrave; des groupes de travail, ce sera en vertu des capacit&eacute;s d&rsquo;imagination et d&rsquo;anticipation qu&rsquo;on leur suppose&nbsp;&ndash; d&rsquo;o&ugrave; la pr&eacute;sence r&eacute;guli&egrave;re d&rsquo;auteurs de science-fiction (Benford, 1994, revient sur cette exp&eacute;rience et sur les diff&eacute;rents sc&eacute;narios &eacute;tablis).</p> <p>Les groupes de travail d&eacute;veloppent une pens&eacute;e par sc&eacute;nario, par &eacute;valuation des risques potentiels, des destinataires potentiels du message d&rsquo;avertissement. L&rsquo;apport de recherches sur la nature de la communication avec un destinataire absent (Douy&egrave;re, 2011&nbsp;; 2012&nbsp;; Derrida, 1980) n&rsquo;est pas du tout pris en compte &ndash; puisqu&rsquo;au contraire, la pens&eacute;e par sc&eacute;nario vise &agrave; figer les destinataires possibles et &agrave; concevoir un message en fonction de ces situations et de ces profils pr&eacute;d&eacute;termin&eacute;s. Une recherche th&eacute;orique sur cette &laquo;&nbsp;communication avec l&rsquo;absent&nbsp;&raquo; reste donc &agrave; mener et ses r&eacute;sultats pourraient se r&eacute;v&eacute;ler fructueux pour le secteur du nucl&eacute;aire, confront&eacute; &agrave; ce redoutable d&eacute;fi&nbsp;: &eacute;tablir une norme consensuelle sans conna&icirc;tre l&rsquo;usager &agrave; qui elle s&rsquo;appliquera.</p> <h2><a id="t5"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>AEN/OCDE,&nbsp;<em>Risques li&eacute;s &agrave; l&rsquo;intrusion humaine sur les sites d&rsquo;&eacute;vacuation de d&eacute;chets nucl&eacute;aires</em>, Paris, AEN/OCDE, 1989.</p> <p>AEN, Expert Group on Preservation of Records, Knowledge and Memory across Generations, The Preservation of Records,&nbsp;<em>Knowledge and Memory (RK&amp;M) Across Generations Workshop Proceedings</em>, AEN, Issy-Les-Moulineaux, 11-13 oct. 2011.</p> <p>AEN,&nbsp;<em>Glossary of terms</em>, Vienne, AEN, 2014.</p> <p>AIEA,&nbsp;<em>The Radiological Incident in Samut Prakarn</em>, Vienne, AIEA, 2002.</p> <p>AIEA<em>, Principes fondamentaux de s&ucirc;ret&eacute;</em>, coll. &laquo;&nbsp;Normes de s&ucirc;ret&eacute; de l&rsquo;AIEA&nbsp;&raquo;, Vienne, AIEA, 2007.</p> <p>AIEA,&nbsp;<em>Hidra report</em>, final draft, Vienne, AIEA, 2017.</p> <p>AIEA,&nbsp;<em>Bulletin de l&rsquo;AIEA</em>, vol.&nbsp;48, n&deg;&nbsp;2, mars 2007, p.&nbsp;70. 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En ligne sur&nbsp;: &lt;<a href="http://www.iso.org/fr/news/2013/10/Ref1784.html" target="_blank">www.iso.org/fr/news/2013/10/Ref1784.html</a>&gt;, page consult&eacute;e le 30/06/2018.</p> <p>Unesco,&nbsp;<em>D&eacute;claration sur les responsabilit&eacute;s des g&eacute;n&eacute;rations pr&eacute;sentes envers les g&eacute;n&eacute;rations futures</em>, 12 nov. 1997.</p> <p>Van Wyck,&nbsp;<em>Signs of Danger. Waste, Trauma and Nuclear Threat</em>, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2004.</p> <p>Watzlawick, P. 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En ligne sur&nbsp;: &lt;<a href="http://www.world-nuclear.org/information-library/nuclear-fuel-cycle/nuclear-wastes/radioactive-waste-management.aspx" target="_blank">www.world-nuclear.org/information-library/nuclear-fuel-cycle/nuclear-wastes/radioactive-waste-management.aspx</a>&gt;, consult&eacute; le 14/01/2018.</p> <hr size="1" width="33%" /> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftnref1" id="ftn1">[1]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Le symbole du tr&egrave;fle sur les containers n&rsquo;a pas r&eacute;ussi &agrave; communiquer le danger potentiel de radiation. Les signes et &eacute;tiquettes d&rsquo;avertissement qui &eacute;taient pr&eacute;sents n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; compris par les individus qui ont acc&eacute;d&eacute; &agrave; ces containers. Nous avons besoin d&rsquo;une &eacute;tude internationale sur l&rsquo;utilit&eacute; du symbole du tr&egrave;fle et sur l&rsquo;&eacute;ventuel besoin d&rsquo;un signe d&rsquo;avertissement compr&eacute;hensible de fa&ccedil;on plus intuitive pour les sources de cat&eacute;gorie 1 et 2. Si des mots sont utilis&eacute;s en plus de symboles, ils doivent &ecirc;tre dans une langue compr&eacute;hensible par les populations et les travailleurs locaux.&nbsp;&raquo; [notre traduction]</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftnref2" id="ftn2">[2]</a>&nbsp;Van Wyck (2004) remet toutefois en cause cette apparente universalit&eacute; du symbole, citant notamment les festivit&eacute;s associ&eacute;es au Dia de los Muertos au Mexique. Il parle d&rsquo;&laquo;&nbsp;aveuglement culturel&nbsp;&raquo; (p. 83) et estime que, dans ces festivit&eacute;s, le symbole a une connotation positive bien plus que dissuasive.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftnref3" id="ftn3">[3]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;La standardisation des messages peut s&rsquo;av&eacute;rer utile quand il s&rsquo;agit d&rsquo;archives pour le futur plus lointain&nbsp;&ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire pour le moment o&ugrave; les programmes nationaux n&rsquo;existeront plus. On pourrait donc envisager de&nbsp;: maximiser le contenu visuel et diagrammatique&nbsp;; minimiser la pr&eacute;sentation textuelle&nbsp;; pr&eacute;parer des archives dans la langue h&ocirc;te et dans les principales langues r&eacute;gionales&nbsp;; et standardiser le contenu et l&rsquo;ordre du mat&eacute;riau pour permettre l&rsquo;interpr&eacute;tation d&rsquo;archives fragmentaires. Par ailleurs, il serait utile d&rsquo;avoir un document international sur les messages des marqueurs.&nbsp;&raquo; [notre traduction]</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftnref4" id="ftn4">[4]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;On recense plusieurs cas de personnes &ndash; en particulier avec une &eacute;ducation ou une exp&eacute;rience techniques insuffisantes&nbsp;&ndash; qui ont eu des blessures s&eacute;rieuses ou des accidents mortels parce qu&rsquo;elles avaient manipul&eacute; des sources radioactives scell&eacute;es et n&rsquo;avaient pas bien compris le sens du symbole de radiation ionisante sur la source. La capacit&eacute; &agrave; interpr&eacute;ter et comprendre le symbole est d&rsquo;une importance cruciale pour tous.&nbsp;&raquo; [notre traduction]</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftnref5" id="ftn5">[5]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;la seule approche raisonnable et cr&eacute;dible consiste &agrave; partir des technologies et habitudes actuelles&nbsp;&raquo; [notre traduction].</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-5-2018-processus-normalisation-durabilite-information/1059-notes-de-recherche/736-5-2018-rochefort#ftnref6" id="ftn6">[6]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;La question du destinataire d&rsquo;un message ou d&rsquo;un avertissement au sujet des sites de stockage a clairement &eacute;t&eacute; identifi&eacute;e &agrave; un stade pr&eacute;coce, mais semble d&rsquo;un int&eacute;r&ecirc;t limit&eacute;, dans la mesure o&ugrave; elle n&rsquo;implique pas de donn&eacute;es additionnelle pour les instructions d&rsquo;action. L&rsquo;analyse syst&eacute;matique de sc&eacute;nario pourrait cependant fournir d&rsquo;importantes informations sur la fa&ccedil;on de pr&eacute;senter l&rsquo;information&nbsp;<i>en fonction de ceux &agrave; qui elle est destin&eacute;e dans le futur&nbsp;</i>(c&rsquo;est-&agrave;-dire une civilisation primitive ou avanc&eacute;e)&nbsp;&raquo; [notre traduction&nbsp;; nous soulignons]&nbsp;</p>