<p>Article</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps"><span style="color:black">introduction</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Face aux nouveaux d&eacute;fis climatiques et environnementaux, les politiques de transition &eacute;nerg&eacute;tique en France se sont progressivement d&eacute;centralis&eacute;es au profit des pouvoirs publics locaux en mati&egrave;re de &laquo;&nbsp;d&eacute;veloppement des &eacute;nergies renouvelables et de ma&icirc;trise de la consommation&nbsp;&raquo; (Bertrand &amp; Richard, 2014). Cette territorialisation des politiques &eacute;nerg&eacute;tiques est depuis pr&egrave;s d&rsquo;une quinzaine d&rsquo;ann&eacute;es inscrite dans la loi, avec trois temps forts&nbsp;: d&rsquo;abord celui des lois Grenelle 2009 (plans climat-&eacute;nergie territoriaux) et 2010 (sch&eacute;mas r&eacute;gionaux climat-air-&eacute;nergie), suivi en 2014 par la loi de &laquo;&nbsp;modernisation de l&rsquo;action publique territoriale et d&rsquo;affirmation des m&eacute;tropoles&nbsp;&raquo;, puis en 2015 par la &laquo;&nbsp;loi relative &agrave; la transition &eacute;nerg&eacute;tique pour la croissance verte&nbsp;&raquo; (Chailleux &amp; Hourcade, 2021). Dans ce contexte, les objectifs de sobri&eacute;t&eacute; en mati&egrave;re de construction et de transports sont devenus un pilier des politiques de gestion locale de l&rsquo;&eacute;nergie, au m&ecirc;me titre que l&rsquo;exploitation territoriale des ressources renouvelables. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">On peut cependant situer l&rsquo;apparition et le d&eacute;veloppement de politiques territoriales incitatives &agrave; la sobri&eacute;t&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique &agrave; une p&eacute;riode ant&eacute;rieure, o&ugrave; les risques nucl&eacute;aires deviennent alors une pr&eacute;occupation majeure. Pautard (2007) explique ainsi que les politiques de Ma&icirc;trise de la Demande en Electricit&eacute; (MDE) des ann&eacute;es 1980 &agrave; 1990 visaient d&eacute;j&agrave; &agrave; inciter les m&eacute;nages &agrave; une &laquo;&nbsp;consommation &eacute;lectrique plus sobre qui contribuerait indirectement &agrave; g&eacute;n&eacute;rer moins de d&eacute;chets radioactifs&nbsp;&raquo;, et qui &eacute;viterait aussi, dans certaines parties du territoire, les risques de <i>black-out</i> li&eacute;s aux hausses annuelles de consommation. L&rsquo;auteur s&rsquo;attache &eacute;galement ici &agrave; rappeler les doutes nourris du c&ocirc;t&eacute; des acteurs politiques locaux eux-m&ecirc;mes pour communiquer aupr&egrave;s de l&rsquo;opinion publique sur les vertus de la sobri&eacute;t&eacute; &eacute;lectrique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Port&eacute; par quelques mouvements associatifs, cette conception semble le plus souvent relever d&#39;une douce utopie id&eacute;aliste, h&eacute;rit&eacute;e des &eacute;crits d&#39;Ivan Illich et de Jacques Ellul. D&#39;abord d&eacute;sign&eacute; par le terme de d&eacute;consommation, ce courant de pens&eacute;e va par la suite s&#39;approprier la notion de d&eacute;croissance (Georgescu-Roegen N., 1979)&nbsp;&raquo; (p. 124). D&rsquo;autant que, poursuit-il, dans le cadre de la d&eacute;centralisation, les d&eacute;cisions territoriales peuvent se heurter &agrave; des risques de fragmentation, le niveau local mobilisant des acteurs aux identit&eacute;s et int&eacute;r&ecirc;ts potentiellement divergents (eg &laquo;&nbsp;urbains vs. ruraux, milieu &eacute;cologiste vs. EDF, administratifs vs. ing&eacute;nieurs, &eacute;lus vs. citoyens...&nbsp;&raquo;). De m&ecirc;me que la communication publique en direction des citoyens s&rsquo;av&egrave;re plus difficile, plus d&eacute;licate pour les pouvoirs locaux, les nouveaux discours de sensibilisation &agrave; la sobri&eacute;t&eacute; transitant par une multitude de relais (&laquo;&nbsp;m&eacute;diatiques, associatifs, professionnels ou techniques&nbsp;&raquo;) d&rsquo;une part, et visant &agrave; responsabiliser les particuliers dans de nouvelles formes de prise de conscience et d&rsquo;engagement individuels face &agrave; des enjeux &eacute;cologiques internationaux d&rsquo;autre part. Plus globalement, appeler les citoyens, les particuliers &agrave; une consommation sobre, c&rsquo;est prendre un risque en mati&egrave;re de communication, puisque &laquo;&nbsp;la consommation raisonn&eacute;e de l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute;&nbsp;&raquo; (&hellip;) &laquo;&nbsp;renvoie souvent &agrave; l&#39;id&eacute;e de restriction, de privation, voire de r&eacute;gression&nbsp;&raquo;, affirme l&rsquo;auteur. Face &agrave; ces d&eacute;fis, beaucoup d&rsquo;&eacute;lus locaux d&rsquo;alors ont d&rsquo;ailleurs pr&eacute;f&eacute;r&eacute; engager leur territoire dans des solutions techniques alternatives d&rsquo;am&eacute;lioration de la production &eacute;lectrique, plut&ocirc;t que miser sur les changements de consommation de leurs administr&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">L&rsquo;objectif de cet article est double&nbsp;: premi&egrave;rement, identifier diff&eacute;rents registres &eacute;nonciatifs d&rsquo;information et de communication durables (Mallowan &amp; Marcon, 2019), de durabilit&eacute; environnementale (<span style="background:white">Partid&aacute;rio &amp; Sheate, 2013) et d&rsquo;attractivit&eacute; durable des territoires (Olszak, 2010&nbsp;; Musson, 2010)</span>&nbsp;; deuxi&egrave;mement, appr&eacute;hender les glissements s&eacute;mantiques de la durabilit&eacute; &agrave; la sobri&eacute;t&eacute;, notamment dans le domaine du num&eacute;rique, et les d&eacute;clinaisons de la sobri&eacute;t&eacute; &agrave; l&rsquo;aune du paradigme contemporain de gouvernance territoriale (Leloup, Moyart &amp; Pecqueur, 2005).<a name="_Hlk120171815"></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps"><span style="color:black">I. la durabilit&eacute;&nbsp;</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-variant:small-caps"><span style="color:black">I.1. en information-communication&nbsp;: quelle utopie des discours et des pratiques&nbsp;de durabilit&eacute;&nbsp;?</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Le th&egrave;me central de cet article peut s&rsquo;&eacute;noncer par une question&nbsp;: &laquo;&nbsp;comment les discours de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique se sont invit&eacute;s dans la communication durable et l&rsquo;attractivit&eacute; des territoires&nbsp;?&nbsp;&raquo; Avant de pr&eacute;senter quelques-unes des r&eacute;flexions acad&eacute;miques en guise de r&eacute;ponses non exhaustives &agrave; ce questionnement, il est utile de rappeler que dans la chronologie des discours sur la finitude des ressources &eacute;nerg&eacute;tiques et l&rsquo;imp&eacute;ratif d&rsquo;une croissance plus soutenable sur un plan environnemental, le lexique du d&eacute;veloppement durable pr&eacute;c&egrave;de la s&eacute;mantique actuelle de sobri&eacute;t&eacute; et de frugalit&eacute; &eacute;nerg&eacute;tiques et num&eacute;riques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Mallowan &amp; Marcon (2019, p. 60) renvoient ainsi dans leur ouvrage <i>Information et communication durables</i> &agrave; deux rapports qui ont marqu&eacute; successivement, au cours des ann&eacute;es 1970 et 1980, l&rsquo;av&egrave;nement de discours critiques sur les co&ucirc;ts environnementaux de la croissance &eacute;conomique dans les d&eacute;bats public et politique&nbsp;: le premier, qui alors ne donnera pas de suite lieu &agrave; une large conscientisation publique et politique, est le rapport commandit&eacute; par le Club de Rome et paru en 1972 sous le titre anglais <i>The Limits of Growth</i>, puis en 1973 en fran&ccedil;ais sous le titre <i>Halte &agrave; la croissance</i> (connu aussi sous le nom du rapport Meadows [1])<i>&nbsp;</i>; le second, qui signe cette fois-ci v&eacute;ritablement l&rsquo;entr&eacute;e des probl&eacute;matiques de d&eacute;veloppement durable dans les sph&egrave;res de r&eacute;flexion politique, acad&eacute;mique et citoyenne, est le rapport Brundtlandt, texte onusien paru en 1987. On peut ici rappeler qu&rsquo;est donn&eacute;e par l&rsquo;auteur &eacute;ponyme du rapport, Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norv&eacute;gien d&rsquo;alors, la premi&egrave;re d&eacute;finition du d&eacute;veloppement durable comme &laquo;&nbsp;un d&eacute;veloppement qui r&eacute;pond aux besoins du pr&eacute;sent sans compromettre la capacit&eacute; des g&eacute;n&eacute;rations&nbsp;futures &agrave; r&eacute;pondre aux leurs&nbsp;&raquo; [2]. Les deux auteurs signalent n&eacute;anmoins des traits discursifs saillants du rapport en termes de co-occurrences et de th&eacute;matiques de durabilit&eacute; sous l&rsquo;angle sp&eacute;cifique de l&rsquo;information et de la communication. Premi&egrave;rement, le terme &laquo;&nbsp;information&nbsp;&raquo; pr&eacute;domine par rapport &agrave; celui de la &laquo;&nbsp;communication&nbsp;&raquo;, avec cinquante et une occurrences pour le premier contre seulement vingt-quatre pour le second. Les deux termes renvoient &eacute;galement &agrave; des univers s&eacute;mantiques sp&eacute;cifiques&nbsp;: l&rsquo;information &eacute;tant con&ccedil;ue au prisme &laquo;&nbsp;d&rsquo;une ressource n&eacute;cessaire&nbsp;&raquo;, ou comme &laquo;&nbsp;un moyen, un outil, un besoin collectif, une contribution &agrave; la productivit&eacute;&nbsp;&raquo;, et la communication &agrave; l&rsquo;aune de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;change d&rsquo;information n&eacute;cessaire &agrave; tout progr&egrave;s&nbsp;&raquo; (p. 61). Par contre, poursuivent Mallowan &amp; Marcon, le rapport ne questionne jamais l&rsquo;information et la communication &laquo;&nbsp;sous l&rsquo;angle de leur propre durabilit&eacute;&nbsp;&raquo;, ou comme pouvant constituer elles-m&ecirc;mes des ressources limit&eacute;es (ibid). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Encore un peu plus de trente ann&eacute;es apr&egrave;s la parution du rapport Brundtland, l&rsquo;origine de l&rsquo;oubli ou de l&rsquo;invisibilisation de la pollution engendr&eacute;e par le d&eacute;ploiement des TIC, est &agrave; rechercher, d&eacute;veloppent les auteurs, du c&ocirc;t&eacute; des imaginaires et de la r&eacute;ception tr&egrave;s favorable aupr&egrave;s du grand public de la communication sur les bienfaits environnementaux de la num&eacute;risation de l&rsquo;information (p. 62), en particulier par rapport &agrave; l&rsquo;&egrave;re ant&eacute;rieure du tout papier. Malgr&eacute; tout, il semble que les principaux acteurs concern&eacute;s dans le secteur de la communication tiennent davantage compte de la pression de citoyens, consommateurs et usagers de plus en plus sensibilis&eacute;s et de mieux en mieux inform&eacute;s en mati&egrave;re d&rsquo;enjeux environnementaux, pour mieux &eacute;viter la tentation de <i>greenwahsing</i>. N&eacute;anmoins, une question demeure&nbsp;: la formule &laquo;&nbsp;d&eacute;veloppement durable&nbsp;&raquo; ne d&eacute;signe-t-elle rien d&rsquo;autre qu&rsquo;une expression oxymorique &ndash; le d&eacute;veloppement renvoyant &laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;expansion des activit&eacute;s humaines&nbsp;&raquo; (p. 65) avec son cort&egrave;ge de perturbations sur les &eacute;cosyst&egrave;mes, alors que l&rsquo;adjectif &laquo;&nbsp;durable&nbsp;&raquo; implique une id&eacute;e de stabilit&eacute; dans le temps. Cette critique radicale du concept d&eacute;bouche sur un constat lui aussi sans appel&nbsp;: s&rsquo;il rel&egrave;ve de l&rsquo;illusion th&eacute;orique, alors il s&rsquo;av&egrave;re aussi utopique en termes de programmes d&rsquo;action pour lutter contre les causes anthropiques de la pollution. Le caract&egrave;re contradictoire et utopique du concept est soulign&eacute; avec plus d&rsquo;acuit&eacute; encore d&egrave;s lors qu&rsquo;on l&rsquo;envisage &agrave; l&rsquo;aune des discours et pratiques des professionnels de la communication, insistent les m&ecirc;mes auteurs. Encore faut-il, comme ils le signalent, distinguer diverses acceptions, pratiques et univers de &laquo;&nbsp;communication durable&nbsp;&raquo;&nbsp;: parle-t-on de &laquo;&nbsp;communication environnementale&nbsp;&raquo;, qui consiste pour diverses organisations &agrave; d&eacute;ployer des politiques de communication (incluant la production de rapports) de responsabilit&eacute; sociale des entreprises, approche la plus expos&eacute;e aux risques de <i>greenwahing</i>&nbsp;? Ou alors d&rsquo;une pratique de communication ax&eacute;e sur l&rsquo;usage de produits &eacute;cocon&ccedil;us, dont le bilan environnemental positif est pour les entreprises concern&eacute;es facilement objectivable, mesurable et diffusable aupr&egrave;s des citoyens, des consommateurs, des partenaires &eacute;conomiques, des pouvoirs publics ? Ou enfin encore de &laquo;&nbsp;communication responsable&nbsp;&raquo; qui elle engage les communicants dans des pratiques &eacute;thiques d&rsquo;information visant &agrave; sensibiliser (et responsabiliser) les citoyens dans leurs actes de consommation&nbsp;? &nbsp;Or, la communication durable ne se confond pas en particulier avec la communication responsable (p. 70), en ce sens que la durabilit&eacute; dont il est question pour les auteurs a davantage &agrave; voir avec l&rsquo;id&eacute;e de soutenabilit&eacute; du d&eacute;veloppement. Ainsi con&ccedil;ue, la communication durable rel&egrave;ve davantage de ce que les auteurs nomment non pas un &laquo;&nbsp;objectif&nbsp;&raquo; &agrave; atteindre, mais un &laquo;&nbsp;horizon&nbsp;&raquo; vers lequel tendre, ou encore un &laquo;&nbsp;d&eacute;fi&nbsp;&raquo; dont ils revendiquent la nature intrins&egrave;quement utopique, mais &laquo;&nbsp;une utopie concr&egrave;te au sens que lui donne Ernst Bloch, une utopie permettant une transition dans les pratiques&nbsp;&raquo; (p. 71). Et cette transition ne peut s&rsquo;inscrire que dans un &laquo;&nbsp;horizon&nbsp;&raquo; temporel ou, &eacute;crivent encore les auteurs, une &laquo;&nbsp;dimension &eacute;cologique temporelle&nbsp;&raquo; (p. 74) qui r&eacute;habilitent le sens m&ecirc;me du terme &laquo;&nbsp;durabilit&eacute;&nbsp;&raquo;, aux antipodes du r&egrave;gne de l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute; et de la r&eacute;activit&eacute; info-communicationnelles contemporaines. Ces derni&egrave;res sont <i>de facto</i> coupl&eacute;es, concluent les auteurs, &agrave; des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;exc&egrave;s, de &laquo;&nbsp;trop-plein technologique&nbsp;(trop d&rsquo;applications (&hellip;) trop de flux (&hellip;) trop de (&hellip;) data&hellip;)&nbsp;&raquo; (p.78). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Courier New&quot;"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">Une premi&egrave;re conclusion s&rsquo;impose ici&nbsp;: la critique de l&rsquo;exc&egrave;s, de la surabondance technologique est d&rsquo;embl&eacute;e inscrite dans les r&eacute;flexions<br /> acad&eacute;miques sur la durabilit&eacute; info-communicationnelle, quand bien m&ecirc;me elle ne d&eacute;bouche pas sur un appel explicite &agrave; plus de sobri&eacute;t&eacute;. Nous discuterons ult&eacute;rieurement dans cet article des raisons plausibles de ce glissement s&eacute;mantique du d&eacute;veloppement durable &agrave; la sobri&eacute;t&eacute;.&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <pre style="text-align:justify"> <span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Courier New&quot;"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">I.2. <span style="font-variant:small-caps">durabilit&eacute; et attractivit&eacute; territoriale&nbsp;: divergence ou convergence&nbsp;?</span> </span></span></span></span></span></pre> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">A l&rsquo;instar de Mallowan &amp; Marcon (2019), <a name="_Hlk119614382"><span style="background:white">Partid&aacute;rio</span><span style="background:white"> &amp;&nbsp;Sheate (2013) </span></a>font leur la d&eacute;finition originelle du d&eacute;veloppement durable et de la durabilit&eacute; contenue dans le rapport Brundtlandt de 1987, et plus sp&eacute;cifiquement &agrave; la seconde partie de la d&eacute;finition qui &laquo;&nbsp;contient un imp&eacute;ratif social et environnemental fort&nbsp;&raquo; (p. 197), et qui permet de ce fait, selon ces auteurs, de d&eacute;velopper sur le terrain des pratiques fond&eacute;es sur une approche plus &laquo;&nbsp;holistique, interdisciplinaire et int&eacute;grative&nbsp;&raquo; (ibid) de la durabilit&eacute;. Comme Mallowan &amp; Marcon, ils pointent &eacute;galement l&rsquo;&eacute;cart entre th&eacute;orie et pratique d&egrave;s lors que se pose la question de l&rsquo;&eacute;valuation sur le terrain de la durabilit&eacute;. Ce hiatus tient &agrave; la nature plurielle de l&rsquo;exercice - que ce soit sur les plans disciplinaire, conceptuel ou encore sectoriel, et &agrave; la complexit&eacute; des d&eacute;cisions et processus de gouvernance qu&rsquo;il convoque, int&eacute;grant &laquo;&nbsp;des niveaux, des responsabilit&eacute;s et des int&eacute;r&ecirc;ts diff&eacute;rents&nbsp;&raquo; (p. 198). Leur r&eacute;flexion est &eacute;tay&eacute;e par des exemples concrets d&rsquo;&eacute;valuation de la durabilit&eacute; dans le cadre de diff&eacute;rents projets nationaux (les <i>eco-towns</i> en Angleterre, le plan d&rsquo;am&eacute;nagement de l&rsquo;espace maritime au Portugal, un programme de recherche europ&eacute;en consacr&eacute; &agrave; la gestion de la biodiversit&eacute; et des paysages ruraux dans diverses r&eacute;gions montagneuses d&rsquo;Europe d&eacute;ploy&eacute; dans six pays (Norv&egrave;ge, Ecosse, France, Suisse, Slovaquie et Gr&egrave;ce). Sans entrer dans le d&eacute;tail des analyses men&eacute;es par les auteurs sur ces divers projets, ou encore des diff&eacute;rences conceptuelles qu&rsquo;ils font entre &laquo;&nbsp;&eacute;valuation de la durabilit&eacute;&nbsp;&raquo; (ED) et &laquo;&nbsp;&eacute;valuation environnementale strat&eacute;gique&nbsp;&raquo; (EES) &nbsp;nous pouvons n&eacute;anmoins extraire de leurs propos un &eacute;l&eacute;ment de conclusion synth&eacute;tique : la voie qu&rsquo;ils pr&eacute;conisent en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;valuation de la durabilit&eacute; et de la soutenabilit&eacute; environnementales, par certains aspects, n&rsquo;est pas sans rappeler la&nbsp; notion d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;horizon&nbsp;&raquo; de Mallowan &amp; Marcon. Ils d&eacute;signent ainsi un mod&egrave;le, celui des &laquo;&nbsp;facteurs critiques de d&eacute;cision&nbsp;(&hellip;) d&eacute;finis en fonction d&rsquo;une vision du futur&nbsp;&raquo; (p. 206), et qui semble adapt&eacute; &agrave; diff&eacute;rentes &eacute;chelles et &eacute;cosyst&egrave;mes de d&eacute;cision. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">N&eacute;anmoins, ce type d&rsquo;approche globale n&rsquo;a pas &eacute;clips&eacute;, loin s&rsquo;en faut, les perspectives locales et territoriales de durabilit&eacute; environnementale. Parmi l&rsquo;abondante production acad&eacute;mique dans ce champ d&rsquo;&eacute;tudes, nous retiendrons ici plus sp&eacute;cifiquement un domaine de recherche&nbsp;: celui qui lie d&eacute;veloppement durable et attractivit&eacute; territoriale, notions oppos&eacute;es au premier abord. Ont &eacute;t&eacute; ici s&eacute;lectionn&eacute;es pour discuter et illustrer le propos des recherches et travaux qui se situent &agrave;&nbsp;des &eacute;chelons territoriaux diff&eacute;rents. Nous commencerons par pr&eacute;senter une &eacute;tude de Olszak (2010) qui s&rsquo;appuie sur un &laquo;&nbsp;travail m&eacute;thodologique et statistique, visant &agrave; caract&eacute;riser &agrave; la fois le d&eacute;veloppement durable territorial et l&rsquo;attractivit&eacute; territoriale&nbsp;&raquo; (p. 281) &agrave; une &eacute;chelle de comparaison nationale. L&rsquo;auteur pose la question de la convergence et de la divergence entre les deux notions, qu&rsquo;il commence par d&eacute;finir : en ce qui concerne le d&eacute;veloppement durable, comme les auteurs pr&eacute;c&eacute;demment cit&eacute;s, il se rapporte &agrave; nouveau &agrave; la d&eacute;finition du rapport Brundlandt&nbsp;; quant &agrave; l&rsquo;attractivit&eacute; territoriale, elle renvoie, &eacute;crit l&rsquo;auteur, en se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; une d&eacute;finition de la Direction G&eacute;n&eacute;rale du Tr&eacute;sor et de la Politique &Eacute;conomique (2006), &agrave; &laquo;&nbsp;un concept pertinent pour mesurer la capacit&eacute; d&rsquo;un territoire pour&nbsp;: attirer l&rsquo;implantation de nouveaux &eacute;tablissements&nbsp;; attirer les capitaux&nbsp;; attirer la main d&rsquo;&oelig;uvre hautement qualifi&eacute;e&nbsp;&raquo; (p. 282). Bien qu&rsquo;elle ne recouvre pas exactement la m&ecirc;me chose que la comp&eacute;titivit&eacute; territoriale, dans les approches &eacute;conomique et g&eacute;ographique, l&rsquo;attractivit&eacute; territoriale rel&egrave;ve &laquo;&nbsp;d&rsquo;un syst&egrave;me de production localis&eacute; (SPL)&nbsp;et de la pr&eacute;sence d&rsquo;un milieu innovateur&nbsp;&raquo; (p. 284). Le premier &eacute;l&eacute;ment, le SPL, d&eacute;signe des activit&eacute;s interd&eacute;pendantes, r&eacute;unies sur un m&ecirc;me territoire, et organis&eacute;es sur les plans technique et &eacute;conomique&nbsp;; le second correspond &agrave; un milieu dont la capacit&eacute; d&rsquo;ouverture sur l&rsquo;ext&eacute;rieur &ndash; soit sur l&rsquo;environnement technologique et de march&eacute;, le dote non seulement de &laquo;&nbsp;savoir-faire&nbsp;&raquo;, mais aussi de &laquo;&nbsp;r&egrave;gles, normes et valeurs&nbsp;&raquo; qui facilitent l&rsquo;int&eacute;gration &laquo;&nbsp;d&rsquo;informations et des ressources&nbsp;&raquo; favorables &agrave; l&rsquo;innovation du SPL. L&rsquo;avantage comp&eacute;titif d&rsquo;une zone g&eacute;ographique donn&eacute;e d&eacute;coule donc logiquement de la conjugaison de ces deux &eacute;l&eacute;ments, mais l&rsquo;attractivit&eacute; territoriale d&eacute;pend aussi d&rsquo;autres facteurs plus &laquo;&nbsp;sociologiques&nbsp;&raquo; comme l&rsquo;identit&eacute; et l&rsquo;histoire industrielles locales (l&rsquo;auteur prend l&rsquo;exemple de l&rsquo;industrie chimique et pharmaceutique du territoire lyonnais) (p. 285), ou encore bien s&ucirc;r du capital r&eacute;putationnel des entreprises du territoire, facilement amplifi&eacute; &agrave; l&rsquo;&egrave;re num&eacute;rique par les r&eacute;seaux sociaux (il cite ici l&rsquo;exemple embl&eacute;matique de la Silicon Valley) (p. 286). &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Mais en quoi et comment des indicateurs de d&eacute;veloppement durable peuvent constituer des op&eacute;rateurs d&rsquo;attractivit&eacute; territoriale&nbsp;? L&rsquo;auteur reprend alors dans sa d&eacute;marche d&rsquo;investigation les dix crit&egrave;res de d&eacute;veloppement durable classiquement retenus par l&rsquo;Union Europ&eacute;enne, qui sont ceux de &laquo;&nbsp;d&eacute;veloppement socio-&eacute;conomique, de consommation soutenable et production, de coh&eacute;sion sociale, de changement d&eacute;mographique, de sant&eacute; publique, de changement climatique et &eacute;nergie, de transports durables, de ressources naturelles, de partenariat global et de bonne pratique de gouvernance&nbsp;&raquo; (p. 290), l&rsquo;objectif &eacute;tant de voir quels sont les crit&egrave;res qui, dans deux zones g&eacute;ographiques distinctes - l&rsquo;agglom&eacute;ration du grand Montr&eacute;al d&rsquo;une part et l&rsquo;Europe des 27 d&rsquo;autre part, servent aussi d&rsquo;indicateurs d&rsquo;attractivit&eacute; territoriale. Au final, l&rsquo;auteur retient deux indicateurs synth&eacute;tiques int&eacute;grant plusieurs de ces dimensions - &agrave; la fois pertinents &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle nationale, consensuels sur le plan acad&eacute;mique, et objectivables ou mesurables&nbsp;: d&rsquo;une part un indicateur &laquo;&nbsp;repr&eacute;sentatif de la dimension environnementale du d&eacute;veloppement durable&nbsp;&raquo;, celui &laquo;&nbsp;d&rsquo;empreinte &eacute;cologique&nbsp;&raquo; (cf. Wackernagel &amp; Rees (1996), cit&eacute;s p. 294), et d&rsquo;autre part un indicateur &eacute;tabli par le Programme des Nations Unies pour le D&eacute;veloppement (PNUD), &laquo;&nbsp;l&rsquo;indice de d&eacute;veloppement humain&nbsp;&raquo; (IDH [3], combinant esp&eacute;rance de vie, niveau d&rsquo;instruction de la population et PIB r&eacute;el par habitant). Nous retiendrons ici principalement une tendance g&eacute;n&eacute;rale qui se d&eacute;gage des r&eacute;sultats, et ce pour les deux zones g&eacute;ographiques&nbsp;: si le d&eacute;veloppement socio-&eacute;conomique est un indicateur retenu comme pertinent de l&rsquo;attractivit&eacute; territoriale, ce n&rsquo;est pas le cas de l&rsquo;indicateur relatif &agrave; l&rsquo;environnement ou &agrave; l&rsquo;empreinte &eacute;cologique. Ce constat d&eacute;coulant d&rsquo;un travail d&rsquo;analyse statistique sur des indicateurs mesurables ou objectiv&eacute;s permet-il de conclure de fa&ccedil;on p&eacute;remptoire ou d&eacute;finitive qu&rsquo;attractivit&eacute; territoriale et durabilit&eacute; environnementale sont inconciliables&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Une revue de litt&eacute;rature sur les deux types d&rsquo;indicateurs, parue la m&ecirc;me ann&eacute;e que l&rsquo;&eacute;tude de Olszak, et r&eacute;dig&eacute;e par une autre &eacute;conomiste, Musson (2010), d&eacute;bouche sur les m&ecirc;mes conclusions. La lecture de cette revue de la litt&eacute;rature permet aussi de constater la profusion d&rsquo;indicateurs, parfois divergents, visant &agrave; d&eacute;finir et mesurer l&rsquo;attractivit&eacute; territoriale et le d&eacute;veloppement durable (indicateurs simples, indices composites, combinaisons d&rsquo;indicateurs traduits en tableaux de bords) : pr&egrave;s d&rsquo;une dizaine sont ainsi r&eacute;pertori&eacute;s par l&rsquo;auteur en ce qui concerne la notion d&rsquo;attractivit&eacute;, et un peu plus d&rsquo;une quinzaine en ce qui concerne la notion de d&eacute;veloppement durable. Ces indicateurs et indices &eacute;manent &eacute;galement d&rsquo;une multitude d&rsquo;organisations - <i>publiques et priv&eacute;es (agences), institutionnelles, expertes (think tank)</i>&hellip;<i> </i>Pour l&rsquo;attractivit&eacute;, dont la d&eacute;finition donn&eacute;e par l&rsquo;auteur renvoie &agrave; &laquo; la capacit&eacute; des territoires &agrave; fournir, gr&acirc;ce &agrave; leurs ressources, des conditions d&rsquo;implantations plus int&eacute;ressantes que celles des territoires concurrents pour les projets mobiles &raquo; (Hatem, 2004a, cit&eacute; par Musson), elle retient les indices et indicateurs &eacute;labor&eacute;s par une douzaine d&rsquo;organismes et d&rsquo;organisations&nbsp;: la Conf&eacute;rence des Nations Unies pour le Commerce et de D&eacute;veloppement (CNUCED), la Commission Europ&eacute;enne, l&rsquo;Agence Fran&ccedil;aise pour les Investissements Internationaux, l&rsquo;agence Forbes, l&rsquo;IMD Lausanne, le Forum Economique Mondiale, AT Kearney, Cushman&amp;Wakefield, Ernst&amp;Young (trois cabinets priv&eacute;s), la Banque Mondiale, l&rsquo;<i>Heritage Foundation</i> (un think tank am&eacute;ricain conservateur), <i>Transparency International</i>. Pour le d&eacute;veloppement durable, elle cite pas moins de huit organismes ou organisations, comme le Programme des Nations Unis pour le D&eacute;veloppement (PNUD), le <i>Colorado Center for Healthy Communities</i>, l&rsquo;Organisation de Coop&eacute;ration et de D&eacute;veloppement Economique (OCDE), l&rsquo;organisation de chercheurs du <em><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">Redefining Progress</span></em>, un groupe de chercheurs de Yale et de Columbia, la Commission Europ&eacute;enne, l&rsquo;Institut National de la Statistiques et des Etudes Economiques (INSEE), le <em><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">National Geographic</span></em> (en collaboration avec l&rsquo;institut de sondage <em><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">Globescan), auxquels s&rsquo;ajoutent les noms de six chercheurs individuels. </span></em></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">En d&eacute;pit de la diversit&eacute; conceptuelle, m&eacute;thodologique et des sources, au final, les classements des pays montrent &agrave; nouveau, comme dans l&rsquo;&eacute;tude de </span></span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Olszak, une divergence entre attractivit&eacute; territoriale (du c&ocirc;t&eacute; des pays d&eacute;velopp&eacute;s), sous-tendue principalement par des crit&egrave;res de performance &eacute;conomique, et d&eacute;veloppement durable (du c&ocirc;t&eacute; des pays en voie de d&eacute;veloppement et les moins avanc&eacute;s), arrim&eacute; &agrave; la prise en compte des externalit&eacute;s n&eacute;gatives (l&rsquo;empreinte &eacute;cologique) et positives (progr&egrave;s humains) engendr&eacute;es par les activit&eacute;s &eacute;conomiques. L&rsquo;auteur appelle alors de ses v&oelig;ux &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;un nouveau concept, celui &laquo;&nbsp;d&rsquo;attractivit&eacute; durable&nbsp;&raquo;, qui viserait non plus la comp&eacute;tition mais la coop&eacute;ration des territoires&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dans un contexte classique de th&eacute;orie des jeux, la coop&eacute;ration permettrait alors de stopper la course &agrave; la d&eacute;r&eacute;glementation, et, d&egrave;s lors, de ne plus opposer les soutenabilit&eacute;s sociale et environnementale &agrave; une attractivit&eacute; &eacute;lev&eacute;e. Au-del&agrave; de cette notion de soutenabilit&eacute;, l&rsquo;association du d&eacute;veloppement durable &agrave; l&rsquo;attractivit&eacute; permettrait la construction d&rsquo;une attractivit&eacute; durable, au sens premier et litt&eacute;ral du terme. &raquo; (p.183). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">La menace que constitue le changement climatique constitue-t-elle un acc&eacute;l&eacute;rateur ou un facilitateur de l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une telle convergence&nbsp;? Des actions et programmes locaux de d&eacute;veloppement durable en faveur du climat, dans quelques &laquo;&nbsp;territoires pionniers&nbsp;&raquo;, int&egrave;grent ainsi une nouvelle grammaire de l&rsquo;&laquo;&nbsp;attractivit&eacute; territoriale&nbsp;&raquo;, fond&eacute;e sur &laquo;&nbsp;la comp&eacute;titivit&eacute; de territoires plus sobres, moins d&eacute;pendants, plus r&eacute;silients, plus s&ucirc;rs&nbsp;&raquo; (Bertrand &amp; Richard, 2014, p. 197). Pourquoi et comment le lexique de la sobri&eacute;t&eacute; s&rsquo;est-il invit&eacute; dans la communication sur la durabilit&eacute; environnementale et l&rsquo;attractivit&eacute; territoriale, et son usage (politique, institutionnel, acad&eacute;mique, m&eacute;diatique&hellip;) est-il en passe de remplacer la notion de &laquo;&nbsp;d&eacute;veloppement durable&nbsp;&raquo; ? C&rsquo;est ce que nous allons discuter maintenant dans la seconde partie de cet article.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">II. <span style="font-variant:small-caps">la sobri&eacute;t&eacute;</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">II.1. <span style="font-variant:small-caps">concurrence ou coexistence des univers de la sobri&eacute;t&eacute; et du d&eacute;veloppement durable&nbsp;?</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Le concept de d&eacute;veloppement durable est-il confront&eacute; &agrave; une crise, au point d&rsquo;&ecirc;tre menac&eacute; de caducit&eacute; et en voie de se voir remplacer par d&rsquo;autres terminologies plus en phase avec les pr&eacute;occupations &eacute;cologiques et &eacute;nerg&eacute;tiques contemporaines&nbsp;? Theys (2014) pose clairement la question et affirme que &laquo;&nbsp;beaucoup voudraient lui substituer d&rsquo;autres notions (&hellip;) comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;conomie verte&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;la transition &eacute;cologique&nbsp;&raquo; (ou &eacute;nerg&eacute;tique), &laquo;&nbsp;la r&eacute;silience&nbsp;&raquo; &hellip; ou &laquo;&nbsp;la d&eacute;croissance&nbsp;&raquo;. De m&ecirc;me qu&rsquo;il attribue sa d&eacute;su&eacute;tude &agrave; diverses causes&nbsp;: &nbsp;d&rsquo;abord &agrave; son ambigu&iuml;t&eacute; m&ecirc;me&nbsp;(terminologique, d&eacute;finitionnelle et normative ; quant &agrave; son origine et &agrave; sa formule oxymorique&hellip;), puis aux d&eacute;ceptions engendr&eacute;es par l&rsquo;&eacute;cart entre les promesses qu&rsquo;il a suscit&eacute;es et la r&eacute;alit&eacute; des r&eacute;sultats sur le terrain&hellip; Il recense aussi des critiques plus radicales &eacute;manant de divers chercheurs. Krieg-Planque (2010) ne voit ainsi dans le concept rien d&rsquo;autre qu&rsquo;une &laquo;&nbsp;formule&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;un op&eacute;rateur de neutralisation de la conflictualit&eacute;&nbsp;&raquo; des probl&eacute;matiques environnementales dans les d&eacute;bats publics. D&rsquo;autres encore fustigent la &laquo;&nbsp;duplicit&eacute; id&eacute;ologique&nbsp;&raquo; de la formule, qui r&eacute;unit dans une m&ecirc;me &laquo;&nbsp;rh&eacute;torique consensuelle&nbsp;&raquo; autant les voix &eacute;cologistes pr&ocirc;nant la d&eacute;croissance que celles des lib&eacute;raux d&eacute;fendant le maintien de la comp&eacute;titivit&eacute; &eacute;conomique. Theys n&rsquo;identifie pas pour autant ces attaques comme le signe d&rsquo;une remise en question radicale et irr&eacute;vocable de l&rsquo;usage du concept, qu&rsquo;il qualifie m&ecirc;me en conclusion &laquo;&nbsp;d&rsquo;ind&eacute;passable&nbsp;&raquo;, ce pour diverses raisons&nbsp;: d&rsquo;abord dans un contexte de crise &eacute;conomique et de l&rsquo;emploi, les champs lexicaux relevant d&rsquo;un &laquo;&nbsp;imp&eacute;ratif de d&eacute;croissance&nbsp;&raquo; risquent de susciter la d&eacute;fiance voire le rejet d&rsquo;une grande partie de l&rsquo;opinion publique, mais aussi parce que le terme &laquo;&nbsp;environnement&nbsp;&raquo; r&eacute;appara&icirc;t dans les champs scientifiques consacr&eacute;s &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;cologie et &agrave; l&rsquo;&eacute;conomie des ressources&nbsp;&raquo;. Theys qualifie le concept de d&eacute;veloppement durable &laquo;&nbsp;d&rsquo;illusion motrice&nbsp;&raquo; dont les ressources n&rsquo;ont pas encore toutes &eacute;t&eacute; totalement exploit&eacute;es. Il rec&egrave;le in&eacute;vitablement, dans le discours comme dans l&rsquo;action, une part &laquo;&nbsp;d&rsquo;utopie concr&egrave;te&nbsp;&raquo; que Mallowan &amp; Marcon (2019), comme on l&rsquo;a vu, envisagent &eacute;galement comme vecteur de transition des pratiques.&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Quid alors de l&rsquo;&eacute;mergence et de la diffusion des lexiques de d&eacute;croissance, tels ceux de sobri&eacute;t&eacute;, de frugalit&eacute;, dans les probl&eacute;matiques environnementales depuis une vingtaine d&rsquo;ann&eacute;es&nbsp;? Entrent-ils en concurrence avec les notions de durabilit&eacute; et d&rsquo;environnement au point d&rsquo;en d&eacute;tr&ocirc;ner l&rsquo;usage&nbsp;? Ou au contraire assiste-t-on &agrave; une forme de coexistence des deux univers s&eacute;mantiques, dans les textes comme dans les discours contemporains (institutionnels, acad&eacute;miques, politiques, organisationnels, m&eacute;diatiques&hellip;) de transition &eacute;cologique ? Et enfin, relativement &agrave; une probl&eacute;matique qui nous pr&eacute;occupe ici, quelles sont les relations qu&rsquo;entretiennent d&eacute;sormais les deux univers de sens dans les probl&eacute;matiques r&eacute;centes d&rsquo;attractivit&eacute; territoriale&nbsp;? </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">II.2.<span style="font-variant:small-caps"> la</span> <span style="font-variant:small-caps">sobri&eacute;t&eacute; a l&rsquo;&egrave;re de la transition &eacute;cologique&nbsp;: subie ou choisie&nbsp;?</span> </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">La sobri&eacute;t&eacute;, rappelle Defontaine (2020), tout comme l&rsquo;am&eacute;lioration de &laquo;&nbsp;l&rsquo;efficacit&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique&nbsp;&raquo; (des &eacute;quipements, des b&acirc;timents, du transport&hellip;) et le &laquo;&nbsp;d&eacute;veloppement des &eacute;nergies renouvelables&nbsp;&raquo;, est convoqu&eacute;e comme l&rsquo;un des &laquo;&nbsp;piliers de la transition &eacute;cologique&nbsp;&raquo; (p. 153) dans les programmes actuels de r&eacute;duction de l&rsquo;empreinte environnementale des activit&eacute;s humaines. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Convoquant tour &agrave; tour les consid&eacute;rations de Jacques Ellul, d&rsquo;Ivan Illich, d&rsquo;Andr&eacute; Gorz ou encore de Serge Latour, l&rsquo;auteur replace la notion de sobri&eacute;t&eacute; dans les paradigmes et discours acad&eacute;miques et politiques qui &eacute;rigent &laquo; la frugalit&eacute; et la mod&eacute;ration&nbsp;&raquo; (p. 153-154) choisies dans nos modes de vie et comportements de consommation comme des remparts face aux risques d&rsquo;une aust&eacute;rit&eacute; contrainte ou subie dans un contexte d&rsquo;urgence &eacute;cologique. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">La sobri&eacute;t&eacute; peut se d&eacute;ployer &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle micro - elle consiste alors &agrave; changer, massivement, nos habitudes individuelles de vie et de consommation - comme aux &eacute;chelles m&eacute;so et macro - elle implique dans ce cas des transformations organisationnelles et structurelles importantes &laquo;&nbsp;des villes, des transports et des entreprises&nbsp;&raquo; (p. 154). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Tout comme l&rsquo;un des auteurs de r&eacute;f&eacute;rence de la sobri&eacute;t&eacute;, Flipo (2020), Defontaine pointe d&rsquo;une part l&rsquo;origine ancienne du terme qui puise sa source chez les philosophes antiques - aussi bien sto&iuml;ciens qu&rsquo;&eacute;picuriens, et souligne d&rsquo;autre part, dans le monde actuel, &laquo;&nbsp;l&rsquo;exigence&nbsp;&raquo; (Flipo parle d&rsquo;&laquo;&nbsp;imp&eacute;ratif&nbsp;&raquo;) de sobri&eacute;t&eacute; comme solution, &agrave; court et long termes, &laquo;&nbsp;la plus rationnelle et la plus accessible&nbsp;&raquo; (p. 155) comparativement aux solutions techniques (&eacute;coconception, r&eacute;novation thermique, voiture &eacute;lectrique&hellip;) propos&eacute;es dans les paradigmes de &laquo;&nbsp;croissante verte&nbsp;&raquo; (ibid). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Les discours de sobri&eacute;t&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique figurent donc, au m&ecirc;me titre que ceux d&rsquo;efficacit&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique, dans les politiques de transition &eacute;cologique, et ils ne rel&egrave;vent plus d&eacute;sormais exclusivement de courants politiques et id&eacute;ologiques pr&ocirc;nant la d&eacute;croissance ou le rejet des progr&egrave;s techniques. Les sc&eacute;narios contemporains de ma&icirc;trise de l&rsquo;&eacute;nergie adoss&eacute;s &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de sobri&eacute;t&eacute;, d&eacute;sormais &eacute;rig&eacute;e au rang de &laquo;&nbsp;principe d&rsquo;organisation sociale, &agrave; la fois individuel et collectif&nbsp;&raquo;, visent toujours des changements de &laquo;&nbsp;modes de vie&nbsp;&raquo; d&rsquo;ampleur d&eacute;coulant principalement de l&rsquo;&eacute;volution des comportements individuels (Maresca &amp; Dujin, 2014). Selon Maresca &amp; Dujin (2014), ces conceptions demeurent n&eacute;anmoins ancr&eacute;es dans des approches microsociales qui minorent les d&eacute;terminants structurels susceptibles d&rsquo;entraver ou au contraire de faciliter &agrave; termes l&rsquo;engagement comportemental individuel dans des modes de vie moins &eacute;nergivores et moins polluants&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pas plus que les recherches sur les &laquo;&nbsp;comportements &eacute;mergents&nbsp;&raquo; ne sont en capacit&eacute; de faire &eacute;merger l&rsquo;<em><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">homo durabilis</span></em>, la sociologie des modes de vie ne peut pr&eacute;tendre penser le syst&egrave;me structurel qui fera advenir un mode de vie &laquo;&nbsp;durable&nbsp;&raquo; (p. 21). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">D&rsquo;autres voix acad&eacute;miques expriment cependant sur ce plan un point de vue divergent et d&eacute;fendent l&rsquo;id&eacute;e que des politiques de sobri&eacute;t&eacute; structurelle n&rsquo;ont rien d&rsquo;utopique. Bonnet, Landivar &amp; Monnin (2021) proposent la voie non plus d&rsquo;une transition &eacute;cologique, mais d&rsquo;une v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;redirection &eacute;cologique&nbsp;&raquo; qui &laquo;&nbsp;sugg&egrave;re, au contraire, qu&rsquo;un horizon &eacute;ventuel de conciliation passe d&rsquo;abord par un alignement des organisations publiques et priv&eacute;es sur les limites que l&rsquo;anthropoc&egrave;ne met en &eacute;vidence (limites climatiques, g&eacute;ologiques, plan&eacute;taires, mais aussi zones critiques, situations &eacute;cologiques territoriales, agencements ontologiques et politiques territoriaux,&nbsp;etc.)&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Dans la m&ecirc;me veine, le sociologue et &eacute;conomiste Pierre Veltz promeut un mod&egrave;le de &laquo;&nbsp;bifurcation &eacute;cologique&nbsp;&raquo; (2022) initi&eacute; dans le cadre d&rsquo;une &laquo;&nbsp;&eacute;conomie d&eacute;sirable&nbsp;&raquo; (2021), qui vise &agrave; faire des progr&egrave;s pour mieux articuler les diff&eacute;rentes &eacute;chelles territoriales de production &eacute;nerg&eacute;tique, du local au global, et avec l&rsquo;ambition de r&eacute;orienter l&rsquo;&eacute;conomie vers des objectifs davantage centr&eacute;s sur des besoins humains fondamentaux - en mati&egrave;re de sant&eacute;, d&rsquo;&eacute;ducation, d&rsquo;alimentation, de loisirs&hellip; - que sur l&rsquo;accumulation d&rsquo;objets. Ce projet soci&eacute;tal, pr&eacute;cise l&rsquo;auteur, n&eacute;cessite de d&eacute;cider &eacute;galement de la place et de la fonction du num&eacute;rique dans cette transition &eacute;conomique et &eacute;cologique : &laquo;&nbsp;Ce choix entre une &eacute;conomie des capabilit&eacute;s et de la relation humaine, utilisant le num&eacute;rique &agrave; bon escient, et une &eacute;conomie fond&eacute;e sur la d&eacute;sinterm&eacute;diation num&eacute;rique g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e et la captation de valeur par les seules plates-formes, dessine une ligne de fracture majeure. Il sera au c&oelig;ur des batailles de demain, avec des implications soci&eacute;tales mais aussi &eacute;cologiques tr&egrave;s lourdes.&nbsp;&raquo; (Veltz, 2022, p. 17). L&rsquo;auteur rappelle &agrave; ce propos que le num&eacute;rique a d&eacute;pass&eacute; aujourd&rsquo;hui la pollution de l&rsquo;aviation civile. Dans ses rapports, <i>The Shift Project</i> (2020) [4] &eacute;value en effet l&rsquo;&eacute;mission de gaz &agrave; effet de serre (GES) annuelle du num&eacute;rique en 2019 &agrave; 4% du total des GES au niveau international, pourcentage qui pourrait doubler d&egrave;s 2025. L&rsquo;apparition et le d&eacute;ploiement de la notion de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique apparaissent donc comme une r&eacute;ponse aux nouveaux enjeux environnementaux et &eacute;nerg&eacute;tiques pos&eacute;s par les usages et la production num&eacute;riques. &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">II.3.<span style="font-variant:small-caps"> la</span> <span style="font-variant:small-caps">sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">En sus de la sobri&eacute;t&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique, la sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique (Bordage, 2019&nbsp;; Flipo, 2020) rel&egrave;ve d&eacute;sormais d&rsquo;une terminologie fr&eacute;quente dans les discours de gouvernance environnementale. A une p&eacute;riode qui a encens&eacute; les m&eacute;rites de la d&eacute;carbonation gr&acirc;ce &agrave; la d&eacute;mat&eacute;rialisation et la num&eacute;risation croissantes des activit&eacute;s de production, a succ&eacute;d&eacute; une p&eacute;riode de doutes sur les cons&eacute;quences &eacute;nerg&eacute;tiques et environnementales &agrave; termes du d&eacute;ploiement des &laquo;&nbsp;TIC vertes&nbsp;&raquo;. Ces derni&egrave;res ont jusqu&rsquo;&agrave; une p&eacute;riode r&eacute;cente, selon Flipo (2017) constitu&eacute; un angle mort du d&eacute;veloppement durable&nbsp;: &laquo;&nbsp;La question des &laquo; TIC vertes &raquo; se construit &agrave; l&rsquo;interface entre num&eacute;rique et d&eacute;veloppement durable. Vus de loin, les liens entre les deux semblent &eacute;vidents (&hellip;) Pourtant, dans les faits, les deux domaines se sont construits de mani&egrave;re largement disjointe, que ce soit au niveau des n&eacute;gociations internationales, des minist&egrave;res, des r&eacute;glementations, et m&ecirc;me des mouvements sociaux.&nbsp;&raquo; (p. 105). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Malgr&eacute; tout, le terme de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique a &eacute;t&eacute; introduit en 2008 par la communaut&eacute; des acteurs du num&eacute;rique responsable, Green IT [5], qui en font un des piliers de la transition &eacute;conomique vers l&rsquo;&eacute;co-conception et le <i>low tech</i>. La sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique est d&eacute;sormais &eacute;rig&eacute;e comme r&eacute;f&eacute;rent conceptuel par des <i>think tank</i> de la transition &eacute;nerg&eacute;tique, comme par exemple le <i>think tank </i>europ&eacute;en <i>The Shift Project</i> [6], dont l&rsquo;objectif est d&rsquo;envisager des sc&eacute;narios de production et de consommation permettant une &laquo;&nbsp;synergie entre transition num&eacute;rique et transition &eacute;nerg&eacute;tique&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Une meilleure connaissance et une prise de conscience de la pollution num&eacute;rique et des enjeux environnementaux et g&eacute;opolitiques du d&eacute;veloppement des TIC se font jour. Elles ne se r&eacute;duisent plus aujourd&rsquo;hui aux probl&eacute;matiques de gaz &agrave; effet de serre inh&eacute;rentes aux <i>data centers</i> dans le cadre de l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration de nos usages num&eacute;riques (mails, vid&eacute;os en ligne, stockage, cloud&hellip;), mais elles concernent aussi la production et la consommation des terminaux - ordinateurs, smartphones, objets connect&eacute;s&hellip; Les probl&eacute;matiques d&rsquo;approvisionnement en terres rares et de d&eacute;pendance/ind&eacute;pendance &eacute;nerg&eacute;tique nationale &agrave; ces m&eacute;taux critiques se diffusent d&eacute;sormais de mani&egrave;re concentrique des milieux journalistique (Pitron, 2018, 2021) et acad&eacute;mique (<i>eg</i> B&eacute;rub&eacute;, 2017&nbsp;; Chen, 2020&nbsp;; Fontanel, 2021&nbsp;; Rhodain &amp; Fallery, 2010&nbsp;; Rhodain, Rhodain, Fallery &amp; Galy, 2017&nbsp;; Zeller &amp; Alidra, 2019) aux acteurs publics, politiques, &eacute;conomiques et aux citoyens. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Flipo, Deltour &amp; Dobl&eacute; (2016) par exemple ont &eacute;tudi&eacute; les repr&eacute;sentations des enjeux des &laquo;&nbsp;TIC vertes&nbsp;&raquo; chez des acteurs de ce secteur comme les &laquo;&nbsp;&eacute;quipementiers, distributeurs, consommateurs, associations, &eacute;cologistes et autorit&eacute;s publiques&nbsp;&raquo;. Les r&eacute;sultats de leurs enqu&ecirc;tes qualitatives sur les usages &eacute;cologiques de l&rsquo;ordinateur personnel et du t&eacute;l&eacute;phone portable corroborent leur hypoth&egrave;se, quels que soient les acteurs concern&eacute;s, de sp&eacute;cificit&eacute;s repr&eacute;sentationnelles li&eacute;es d&rsquo;une part &agrave; des pr&eacute;occupations &eacute;conomiques, mais &eacute;galement d&rsquo;autre part &agrave; leur plus grande sensibilisation aux cons&eacute;quences environnementales de la consommation et de l&rsquo;usage des TIC.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">D&rsquo;autres auteurs analysent l&rsquo;av&egrave;nement des discours de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique dans le champ de la transition &eacute;cologique comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un <a name="_Hlk119615203">nouveau mod&egrave;le normatif&nbsp;&raquo; (Hoang, Mellot &amp; Prodhomme, 2022)</a> qui viendrait bouleverser voire supplanter les formules et programmes classiques de d&eacute;veloppement durable. Hoang, Mellot &amp; Prodhomme (2022) affirment ainsi que &laquo;&nbsp;<span class="fontstyle01" style="font-family:&quot;TimesNewRoman&quot;, serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">l&rsquo;&eacute;mergence du mod&egrave;le normatif de la sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique, issue du</span></span></span></span></span></span> <span class="fontstyle01" style="font-family:&quot;TimesNewRoman&quot;, serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">rapport du think tank </span></span></span></span></span></span><span class="fontstyle01" style="font-family:&quot;TimesNewRoman&quot;, serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><i><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">The Shift project</span></span></i></span></span></span></span><span class="fontstyle01" style="font-family:&quot;TimesNewRoman&quot;, serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black"> publi&eacute; en 2018, contribue &agrave; r&eacute;orienter</span></span></span></span></span></span> <span class="fontstyle01" style="font-family:&quot;TimesNewRoman&quot;, serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">l&rsquo;action publique et son mod&egrave;le de transition num&eacute;rique d&eacute;sormais vou&eacute;</span></span></span></span></span></span> <span class="fontstyle01" style="font-family:&quot;TimesNewRoman&quot;, serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">&agrave; converger avec la question &eacute;cologique&nbsp;&raquo; (p. 17). Cette norme de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique est donc d&eacute;sormais prise en charge politiquement, et appara&icirc;t dans des &laquo;&nbsp;&eacute;nonc&eacute;s d&rsquo;Etat&nbsp;&raquo; &eacute;manant de la commission s&eacute;natoriale de l&rsquo;am&eacute;nagement du territoire et du d&eacute;veloppement durable et du Conseil national du num&eacute;rique (ibid).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span class="fontstyle01" style="font-family:&quot;TimesNewRoman&quot;, serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">Nous allons alors aborder la derni&egrave;re partie de cet article&nbsp;&agrave; propos de l&rsquo;inscription officielle de la sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique dans les politiques territoriales de transition &eacute;cologique. Institutionnalis&eacute;e depuis maintenant un an avec la parution d&rsquo;un texte de loi en novembre 2021, elle fixe d&eacute;sormais comme obligation pour les politiques locales de transition &eacute;nerg&eacute;tique et &eacute;cologique l&rsquo;atteinte d&rsquo;objectifs de responsabilit&eacute; et de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;riques. </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">III. <span style="font-variant:small-caps">sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique, attractivit&eacute;, durabilit&eacute; et gouvernance territoriales&nbsp;: quel &laquo;&nbsp;horizon&nbsp;&raquo;&nbsp;?&nbsp;</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Les politiques de transition &eacute;nerg&eacute;tique int&egrave;grent d&eacute;sormais des objectifs de r&eacute;duction de l&rsquo;empreinte environnementale du num&eacute;rique. Ces derniers sont inscrits dans la l&eacute;gislation depuis le 16 novembre 2021, et la loi Reen <span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super">[</span>7] enjoint d&eacute;sormais les collectivit&eacute;s territoriales &agrave; concilier transitions num&eacute;rique et &eacute;cologique, ce qui se traduit pour elles par l&rsquo;introduction de d&eacute;marches d&rsquo;&eacute;coresponsabilit&eacute; num&eacute;rique dans le d&eacute;veloppement des services publics. D&egrave;s 2023, les communes et intercommunalit&eacute;s de plus de 50 000 habitants <span class="MsoEndnoteReference" style="vertical-align:super">[</span>8] ont ainsi pour t&acirc;che de r&eacute;pertorier les acteurs concern&eacute;s et de dresser un bilan environnemental du num&eacute;rique sur leur territoire, afin de leur permettre de d&eacute;ployer &agrave; terme une strat&eacute;gie num&eacute;rique responsable ou de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique [9]. Cette derni&egrave;re s&rsquo;appuie sur une s&eacute;rie de mesures, fixant par d&eacute;cret, pour 2025, les objectifs d&rsquo;application de &laquo;&nbsp;la commande publique locale et durable, dans une d&eacute;marche de r&eacute;emploi, de r&eacute;paration et de lutte contre l&rsquo;obsolescence ; la gestion durable et de proximit&eacute; du cycle de vie du mat&eacute;riel informatique, l&rsquo;&eacute;co-conception des sites et services num&eacute;riques, la sensibilisation des &eacute;lus, agents publics et citoyens de l&rsquo;impact environnemental du num&eacute;rique&nbsp;&raquo; [10]. Ce cadre l&eacute;gislatif encourage en outre ces collectivit&eacute;s &agrave; opter pour <em><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">&laquo;&nbsp;une d&eacute;marche de territoire connect&eacute; et durable en lien avec une d&eacute;marche d&#39;ouverture et de valorisation des donn&eacute;es&nbsp;&raquo;, en s&rsquo;appuyant le cas &eacute;ch&eacute;ant sur les &laquo;&nbsp;</span></em>appels &agrave; projets territoires intelligents et durables (TID) &raquo; [11] lanc&eacute;s par la Banque des Territoires. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">L&rsquo;adoption de plus en plus fr&eacute;quente de la terminologie de la sobri&eacute;t&eacute;, et son synonyme, la frugalit&eacute;, est un fait marquant des textes et programmes officiels les plus r&eacute;cents relatifs aux strat&eacute;gies nationales de durabilit&eacute; territoriale, notamment celles arrim&eacute;es aux dispositifs d&rsquo;intelligence artificielle (IA). L&rsquo;appel &agrave; projet TID du 14 septembre 2022 par exemple met ainsi &agrave; l&rsquo;honneur l&rsquo;&laquo;&nbsp;intelligence artificielle frugale au service des objectifs de d&eacute;carbonation et de transition &eacute;nerg&eacute;tique des territoires&nbsp;&raquo;. Le Labo Soci&eacute;t&eacute; Num&eacute;rique, dispositif du </span></span><span style="font-size:12.0pt"><a href="https://societenumerique.gouv.fr/fr/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Programme Soci&eacute;t&eacute; Num&eacute;rique</span></span></span></a><span style="color:black"> de l&#39;</span><a href="https://agence-cohesion-territoires.gouv.fr/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">Agence Nationale de la Coh&eacute;sion des Territoires</span></span></span></a><span style="color:black">, insiste pour sa part sur l&rsquo;importance de poursuivre les engagements en mati&egrave;re de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique dans le socle d&rsquo;&laquo;&nbsp;objectifs communs des territoires intelligents&nbsp;&raquo; [12].</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">A noter &eacute;galement dans le cadre de notre r&eacute;flexion ici que ces nouvelles strat&eacute;gies de durabilit&eacute; territoriale ax&eacute;es sur des pratiques de responsabilit&eacute;, sobri&eacute;t&eacute; ou frugalit&eacute; num&eacute;rique se d&eacute;ploient dans un contexte o&ugrave; la depuis la fin des ann&eacute;es 1990 et le d&eacute;but des ann&eacute;es 2000, la gouvernance territoriale implique un &laquo;&nbsp;mode d&rsquo;organisation et de gestion territoriale&nbsp;&raquo; qui d&eacute;sormais convoque &laquo;&nbsp;l&rsquo;implication croissante des acteurs<br /> locaux - priv&eacute;s, publics, associatifs - dans les dynamiques de d&eacute;veloppement, dans leur<br /> capacit&eacute; &agrave; se mobiliser et &agrave; se prendre en charge&nbsp;&raquo; (Leloup, Moyart &amp; Pecqueur, 2005, p. 322). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">La gouvernance territoriale de responsabilit&eacute; et de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;riques n&rsquo;&eacute;chappe donc pas &agrave; cette dynamique. C&rsquo;est aussi dans ce contexte que la loi Reen devra s&rsquo;appliquer dans les mois qui viennent pour les collectivit&eacute;s territoriales. Quel &laquo;&nbsp;horizon&nbsp;&raquo; alors se dessine quant aux nouvelles attentes, nouveaux espoirs de convergence entre durabilit&eacute; et attractivit&eacute; territoriales &agrave; l&rsquo;&egrave;re de cette nouvelle norme de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique, de cet &laquo;&nbsp;hyperbien &eacute;cologique&nbsp;&raquo; (Hoang, Mellot &amp; Prodhomme, 2022)&nbsp;contemporain&nbsp;? </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">Qu&rsquo;en disent les acteurs de terrain eux-m&ecirc;mes&nbsp;? Une consultation rapide de quelques d&eacute;clarations publiques r&eacute;centes paraissant dans la presse professionnelle peut fournir ici quelques indications &eacute;clairantes. Dans un article r&eacute;cent du 5 octobre 2022 paru sur le site de la <i>Revue Fudiciaire</i>, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;</span></span><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">Sobri&eacute;t&eacute;, durabilit&eacute;, transition num&eacute;rique et attractivit&eacute; sont les d&eacute;fis actuels des experts-comptables&nbsp;&raquo; [13], il est question du r&ocirc;le qui est d&eacute;sormais d&eacute;volu &agrave; ces professionnels du secteur des activit&eacute;s comptables dans les strat&eacute;gies de durabilit&eacute; environnementale et d&rsquo;attractivit&eacute; territoriale. On peut y lire que &laquo;&nbsp;Jean-Marc Jancovici, cr&eacute;ateur du Bilan Carbone, a d&#39;ailleurs soulign&eacute;, au terme de son expos&eacute; sur les diff&eacute;rents sc&eacute;narii du changement climatique, le r&ocirc;le primordial des experts-comptables dans l&rsquo;acculturation des entreprises &agrave; la sobri&eacute;t&eacute;, notamment via la formation et les missions &agrave; mener en mati&egrave;re de Bilan Carbone.&nbsp;&raquo; Ces professionnels sont ainsi promus au rang d&rsquo;ambassadeurs de la sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique aupr&egrave;s de leur propre profession mais aussi aupr&egrave;s d&rsquo;autres acteurs professionnels du tissu &eacute;conomique local, l&agrave; o&ugrave; ils exercent&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le pr&eacute;sident de l&rsquo;Ordre des experts-comptables, Lionel Canesi, a r&eacute;affirm&eacute; la l&eacute;gitimit&eacute; des experts-comptables &agrave; s&rsquo;exprimer sur les mutations soci&eacute;tales et la durabilit&eacute; (&hellip;). Pour ce faire, ils devront : aider les entreprises &agrave; prendre conscience de leur impact environnemental (&hellip;) ; les accompagner dans le diagnostic et l&rsquo;audit de leurs outils de production ; les inciter &agrave; l&rsquo;action gr&acirc;ce &agrave; des dispositifs d&#39;incitation fiscale vertueux (&hellip;).&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">La gouvernance territoriale de la sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique ob&eacute;it donc bien &agrave; ce que Leloup, Moyart &amp; Pecqueur (2005) d&eacute;signent comme une &laquo;&nbsp;forme particuli&egrave;re de gouvernance (qui) sous-tend une proximit&eacute; multiple puisqu&rsquo;elle combine proximit&eacute; g&eacute;ographique et proximit&eacute; organisationnelle et institutionnelle des acteurs&nbsp;&raquo; (p. 330). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif"><span style="color:black">La loi Reen et sa mise en application dans le cadre de cette forme particuli&egrave;re de gouvernance territoriale d&eacute;bouchera-t-elle sur une nouvelle &laquo;&nbsp;utopie concr&egrave;te&nbsp;&raquo; des discours et pratiques de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique&nbsp;? Sans doute, si on admet que les nouveaux discours normatifs de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique empruntent d&eacute;j&agrave; les m&ecirc;mes t&acirc;tonnements, se heurtent d&rsquo;embl&eacute;e aux m&ecirc;mes ambigu&iuml;t&eacute;s et aux m&ecirc;mes d&eacute;fis conceptuels, m&eacute;thodologiques et pratiques que ceux de d&eacute;veloppement durable, ce quelle que soit l&rsquo;&eacute;chelle territoriale o&ugrave; ils se d&eacute;ploient, face &agrave; l&rsquo;ampleur des enjeux &eacute;cologiques et environnementaux contemporains. </span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">Notes</span></span></u></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[1] Voir dans l&rsquo;article du <i>Monde Diplomatique</i>, &laquo;&nbsp;Mani&egrave;re de Voir&nbsp;&raquo; #167, octobre-novembre 2019, &laquo;&nbsp;En 1972, l&rsquo;avertissement du Club de Rome&nbsp;&raquo;&nbsp;: https://www.monde-diplomatique.fr/mav/167/DESCAMPS/60401&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[2] https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1644</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[3] https://www.vie-publique.fr/fiches/274930-quest-ce-que-lindice-de-developpement-humain-idh-et-autres-indices</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[4] &laquo;&nbsp;D&eacute;ployer la sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, rapport du <i>Shift Project </i>d&rsquo;octobre 2020. En ligne&nbsp;: https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2020/10/Deployer-la-sobriete-numerique_Rapport-complet_ShiftProject.pdf</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[5] </span></span><span style="font-size:12.0pt"><a href="https://www.greenit.fr/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://www.greenit.fr/</span></span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[6] https://theshiftproject.org/</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[7] Loi de R&eacute;duction de l&#39;Empreinte Environnementale du Num&eacute;rique&nbsp;: </span></span><span style="font-size:12.0pt"><a href="https://www.vie-publique.fr/loi/278056-loi-15-novembre2021-reen-reduire-empreinte-environnementale-du-numerique" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://www.vie-publique.fr/loi/278056-loi-15-novembre2021-reen-reduire-empreinte-environnementale-du-numerique</span></span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[8] <em><span style="font-family:&quot;Calibri&quot;,sans-serif">Communes de plus de 50 000 habitants&nbsp;: </span></em></span></span><span style="font-size:12.0pt"><a href="https://parolesdelus.com/actualites/citoyen-et-societe/environnement/loi-reen-une-strategie-numerique-responsable-avant-2023-pour-les-communes-de-plus-de-50-000-habitants/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://parolesdelus.com/actualites/citoyen-et-societe/environnement/loi-reen-une-strategie-numerique-responsable-avant-2023-pour-les-communes-de-plus-de-50-000-habitants/</span></span></span></a><em> </em></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[9] &laquo;&nbsp;Les communes somm&eacute;es d&rsquo;adopter une strat&eacute;gie de sobri&eacute;t&eacute; num&eacute;rique&nbsp;&raquo;, <i>Acteurs publics</i>, 22 ao&ucirc;t 2022&nbsp;: https://acteurspublics.fr/articles/les-communes-sommees-dadopter-une-strategie-de-sobriete-numerique</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[10] &laquo;&nbsp;Les implications de la loi REEN pour les collectivit&eacute;s territoriales&nbsp;&raquo;, Caroline Xu, Conseill&egrave;re coordination des programmes num&eacute;riques &agrave; l&#39;ANACT :<b> </b></span><a href="https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/publications/videos-vers-un-numerique-ecoresponsable/episode-9-loi-reen-et-collectivites-territoriales/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/publications/videos-vers-un-numerique-ecoresponsable/episode-9-loi-reen-et-collectivites-territoriales/</span></span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[11] Voir dans ce cadre le dernier appel &agrave; projet en cours (jusqu&rsquo;au 7 novembre 2022)&nbsp;: https://www.banquedesterritoires.fr/territoires-intelligents-et-durables</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[12] [Dossier] &laquo;&nbsp;Territoires &quot;intelligents&quot; : quels objectifs, quelles valeurs, quel cadre strat&eacute;gique ?&nbsp;&raquo;, 7 avril 2022&nbsp;:</span></span><span style="font-size:12.0pt"> <a href="https://labo.societenumerique.gouv.fr/fr/articles/dossier-territoires-intelligents-quels-objectifs-quelles-valeurs-quel-cadre-stratégique/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://labo.societenumerique.gouv.fr/fr/articles/dossier-territoires-intelligents-quels-objectifs-quelles-valeurs-quel-cadre-strat&eacute;gique/</span></span></a></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[13] https://www.revue-fiduciaire.com/actualite/article/sobriete-durabilite-transition-numerique-et-attractivite-sont-les-defis-actuels-des-experts-comptables</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p>