<h2>Introduction</h2> <p>Durant les derni&egrave;res d&eacute;cennies, la soci&eacute;t&eacute; a &eacute;t&eacute; bouscul&eacute;e par le d&eacute;veloppement des Intelligences Artificielles&nbsp; (IA) et, plus r&eacute;cemment, par l&rsquo;expansion des Intelligences Artificielles G&eacute;n&eacute;ratives (IAG), entendues comme des IA dans lesquelles les mod&egrave;les sont entra&icirc;n&eacute;s pour g&eacute;n&eacute;rer du contenu original, sur la base d&rsquo;une entr&eacute;e de donn&eacute;es en langage naturel.</p> <p>Ces technologies offrent aux soci&eacute;t&eacute;s contemporaines une multitude d&rsquo;opportunit&eacute;s. Elles s&rsquo;av&egrave;rent capables de r&eacute;aliser des t&acirc;ches r&eacute;serv&eacute;es jusque-l&agrave; &agrave; l&rsquo;&ecirc;tre humain, voire, dans certains domaines, de surpasser l&rsquo;intervention humaine, au moyen de programmes particuli&egrave;rement puissants. Les IAG transforment et &ldquo;augmentent&rdquo; notamment les processus d&rsquo;information, de compr&eacute;hension, d&rsquo;analyse, et remod&egrave;lent les concepts de cr&eacute;ation, de production et de r&eacute;ception. Elles secouent ainsi la plupart des secteurs qui structurent nos soci&eacute;t&eacute;s, qu&rsquo;ils soient &eacute;conomique, social, culturel ou technologique (emploi, &eacute;ducation, recherche, sant&eacute;, transports, divertissement&hellip;). Ainsi, &agrave; diff&eacute;rentes &eacute;chelles (macro/m&eacute;so/micro), les IAG s&#39;immiscent dans le quotidien des soci&eacute;t&eacute;s et transforment les situations et les exp&eacute;riences.</p> <p>Toutefois, les promesses d&rsquo;innovation dont les IAG sont porteuses ne vont pas sans soulever, dans le m&ecirc;me temps, diff&eacute;rentes interrogations sur les risques que peuvent introduire des outils aussi nouveaux (et donc encore peu ma&icirc;tris&eacute;s) (Julia, 2019 ; Petit, 2021). En effet, les principes algorithmiques des IAG peuvent notamment &ecirc;tre sources d&rsquo;informations erron&eacute;es ou de d&eacute;ductions trompeuses. En outre, les IAG peuvent &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;origine de d&eacute;rives, de manipulations, de d&eacute;pendance ou d&rsquo;isolement et laisser craindre, en cela, une mise &agrave; mal des normes, des valeurs et des droits qui pr&eacute;valent dans nos soci&eacute;t&eacute;s (libert&eacute;, vie priv&eacute;e, &eacute;quit&eacute;&hellip;).</p> <p>Dans le champ plus sp&eacute;cifique de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur, les IAG sont &agrave; l&rsquo;origine de nombreuses transformations, que cela soit dans les pratiques des enseignants (conception des ing&eacute;nieries p&eacute;dagogiques, &eacute;laboration des supports de cours, personnalisation des apprentissages, renouvellement des modalit&eacute;s d&rsquo;&eacute;valuation&hellip;) ou dans celle des &eacute;tudiants (recherche d&rsquo;informations, r&eacute;alisation de travaux, production de documents&hellip;). Dans ce contexte, il semble int&eacute;ressant, voire n&eacute;cessaire, de mener des exp&eacute;riences, des recherches, des &eacute;tudes pour interroger comment les IAG peuvent &ecirc;tre int&eacute;gr&eacute;es - de fa&ccedil;on ma&icirc;tris&eacute;e, responsable, &eacute;thique et durable - dans les pratiques p&eacute;dagogiques &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. Dans la pr&eacute;sente contribution, nous situons dans un premier temps, le contexte de notre recherche. Nous pr&eacute;sentons plus sp&eacute;cifiquement les secteurs de l&rsquo;&eacute;ducation et de l&rsquo;enseignement contemporains, marqu&eacute;s et bouscul&eacute;s par l&rsquo;arriv&eacute;e des IAG. Puis, dans la continuit&eacute; de cette contextualisation, nous pr&eacute;cisons l&rsquo;aspect que nous avons choisi d&rsquo;interroger : l&rsquo;int&eacute;gration des IAG dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur. Dans un deuxi&egrave;me temps, nous exposons le canevas m&eacute;thodologique que nous avons mis en place pour explorer cette question. Ce canevas repose sur la combinaison de deux techniques de recueil de donn&eacute;es : une enqu&ecirc;te (sondage) men&eacute;e aupr&egrave;s d&rsquo;&eacute;tudiants en L1 information-communication ; deux exp&eacute;rimentations p&eacute;dagogiques consistant &agrave; tester l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;une IAG dans deux enseignements. Enfin, dans un troisi&egrave;me temps, nous pr&eacute;sentons les r&eacute;sultats de notre &eacute;tude. Nous esquissons diff&eacute;rentes pistes d&rsquo;int&eacute;gration des IAG dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur. Ces pistes constituent des cl&eacute;s pour les enseignants universitaires souhaitant sensibiliser et &eacute;duquer les &eacute;tudiants &agrave; cette nouvelle technologie.</p> <h2>I. Contexte</h2> <p>De nombreux d&eacute;bats et r&eacute;flexions ont &eacute;merg&eacute;, durant les derni&egrave;res ann&eacute;es, au sujet des IA &nbsp;(Chartron et Raulin, 2002 ; Kiyindou et al., 2021 ; Kiyindou et al., 2022). Parmi ces d&eacute;bats, la question d&rsquo;assistance des humains par les IAG, soit la facult&eacute; des outils d&rsquo;IAG &agrave; assister les humains (Jullia, 2019), comme des adjuvants. Dans la m&ecirc;me perspective, des r&eacute;flexions sont apparues autour de la question d&rsquo;empowerment : ces derni&egrave;res ont interrog&eacute; &ldquo;la capacit&eacute; des IA en encapaciter les humains (Ganascia, 2017) et &agrave; accro&icirc;tre leurs facult&eacute;s, qu&rsquo;ils s&rsquo;agissent de facult&eacute;s fondamentales (calculer, percevoir, m&eacute;moriser) ou de facult&eacute;s plus complexes, telles que la capacit&eacute; au raisonnement scientifique, la cr&eacute;ativit&eacute;, artistique ou rationnelle.</p> <p>De par ces diff&eacute;rentes facult&eacute;s, les IAG ont bouscul&eacute;, de mani&egrave;re fulgurante, la plupart des sph&egrave;res et activit&eacute;s de la soci&eacute;t&eacute; contemporaine, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des activit&eacute;s quotidiennes, professionnelles (Alcantara et al., 2020), sociales (Petit, 2021), culturelles (Ganascia, 2017), cr&eacute;atives, cognitives ou intellectuelles, Ainsi, et progressivement, ce ph&eacute;nom&egrave;ne, r&eacute;cent et total, a interrog&eacute; l&rsquo;ensemble des acteurs du corps social, sur la place &agrave; accorder &agrave; ces nouveaux outils, la connaissance &agrave; en avoir, la r&eacute;gulation &agrave; en op&eacute;rer, afin que ces derniers soient compris, appropri&eacute;s et mobilis&eacute;s le plus efficacement, le plus s&ucirc;rement et le plus &eacute;thiquement possible, par les usagers qui d&eacute;cident d&rsquo;y recourir.</p> <p>Dans le pr&eacute;sent propos, nous avons choisi de nous centrer sur un secteur particuli&egrave;rement secou&eacute; par les IAG : le secteur de l&rsquo;&eacute;ducation (Balacheff et Vivet, 1994 ; Holmes et Tuomi, 2022; Romero et al., 2023 ; UNESCO, 2023) et plus pr&eacute;cis&eacute;ment celui de l&rsquo;enseignement universitaire (Bruneault et al.,&nbsp;2022). En effet, dans ce milieu, les IAG (telles que ChatGPT, MidJourney, Google Bard, Dall-e) ont soulev&eacute; de profonds bouleversements (Balacheff, 1994 ; Karsenti, 2018 ; Holmes et Tuomi, 2022). Celles-ci ont &agrave; la fois introduit, dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur, un certain nombre d&rsquo;opportunit&eacute;s&nbsp; (transformation des m&eacute;thodes et supports d&rsquo;apprentissage, personnalisation des parcours &eacute;ducatifs, automatisation de certaines t&acirc;ches p&eacute;dagogiques, analyse de donn&eacute;es massives&hellip;) et de d&eacute;fis pratiques et &eacute;thiques (confidentialit&eacute; des donn&eacute;es, fiabilit&eacute; des informations g&eacute;n&eacute;r&eacute;es par IAG, reproduction d&rsquo;in&eacute;galit&eacute;s&hellip;) (Chen et al., 2022 ; Selwyn, 2022). En outre, les IAG ont relanc&eacute; un certain nombre de questionnements, tels que le taux de financement et d&rsquo;&eacute;quipement (mat&eacute;riel) des universit&eacute;s, les disparit&eacute;s entre les &eacute;tudiants (Collin et Marceau, 2021) ou la n&eacute;cessit&eacute; de formation des enseignants, pour une adoption inform&eacute;e et critique des outils num&eacute;riques. In fine,<i> </i>l&rsquo;arriv&eacute;e des IAG - et leur d&eacute;veloppement exponentiel - a interrog&eacute; la place des enseignants, leurs pratiques (formatives, &eacute;valuatives&hellip;), le r&ocirc;le qu&rsquo;ils souhaitent donner aux technologies et la fa&ccedil;on dont ils souhaitent les int&eacute;grer dans leurs sc&eacute;narios p&eacute;dagogiques.</p> <p>Dans cette perspective, nous proposons d&rsquo;interroger, dans la pr&eacute;sente contribution, la fa&ccedil;on dont les enseignants peuvent mobiliser les IAG (en sondant au pr&eacute;alable le point de vue des &eacute;tudiants sur ces nouveaux outils). En outre, et plus largement, nous d&eacute;sirons questionner les enjeux que les IAG peuvent porter dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur, les incidences qu&rsquo;elles peuvent avoir et les changements de paradigmes qu&rsquo;elles peuvent impulser. Nous souhaitons esquisser un ensemble de pistes permettant aux enseignants universitaires d&rsquo;int&eacute;grer les IAG de fa&ccedil;on pertinente, constructive et durable. Nous ambitionnons ainsi de livrer diff&eacute;rentes recommandations sur l&rsquo;int&eacute;gration des IAG dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur, permettant de r&eacute;pondre aux r&eacute;flexions des enseignants, aux attentes des &eacute;tudiants, sans menacer les processus de cr&eacute;ation de connaissances, la capacit&eacute; d&rsquo;esprit critique et la r&eacute;flexivit&eacute;.</p> <h2>II. M&eacute;thodologie</h2> <h3>II.1. Approches convoqu&eacute;es</h3> <h4>II.1.1. Approche ethnographique, ancr&eacute;e dans une &eacute;chelle micro</h4> <p>Afin d&#39;&eacute;tayer notre propos, nous avons opt&eacute; pour une approche ethnographique (Garfinkel, 1967 ; Trudel, 1994 ; Barth&eacute;l&eacute;my et al., 2014), qui se centre sur les acteurs et se fonde sur l&rsquo;observation minutieuse de leurs usages en situation. L&rsquo;approche ethnographique pointe, en effet, la n&eacute;cessit&eacute; de recueillir les donn&eacute;es au plus pr&egrave;s des acteurs et dans des contextes av&eacute;r&eacute;s. Dans cette perspective, nous avons d&eacute;ploy&eacute; deux recueils de donn&eacute;es (questionnaire et exp&eacute;rimentations dans deux de nos enseignements) permettant de sonder le point de vue des apprenants, puis d&rsquo;exp&eacute;rimenter l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG en classe.</p> <p>Nous avons, par ailleurs, pris le parti de nous placer &agrave; un niveau micro-social d&rsquo;observation et d&rsquo;analyse. En effet, nous nous sommes concentr&eacute;es sur les pratiques d&eacute;velopp&eacute;es par des groupes d&rsquo;acteurs relativement restreints, dans des contextes sp&eacute;cifiques, afin de saisir les dynamiques et les points de vue, individuels et&nbsp; collectifs, qui pourraient &ecirc;tre perdus dans des analyses plus globales.</p> <h4>II.1.2. Approche info-communicationnelle</h4> <p>Nous avons en outre choisi d&rsquo;adopter les principes de l&rsquo;approche info-communicationnelle, qui pr&eacute;conise l&rsquo;&eacute;tude des ph&eacute;nom&egrave;nes dans leur ensemble, dans leur &eacute;paisseur et leur complexit&eacute;. Cette approche se caract&eacute;rise par une conception constructiviste des ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux, qui postule que le sens d&rsquo;une situation est co-construit par les acteurs et les objets qui y prennent part : cette conception postule en outre que les processus se structurent &agrave; travers les affordances, soit les interactions des sujets dans/avec le monde qui les entoure. Dans cette perspective, nous avons choisi de questionner &agrave; la fois les pratiques des enseignants et des &eacute;tudiants, et nous avons appr&eacute;hend&eacute; ces acteurs et leurs pratiques comme des &eacute;l&eacute;ments fondamentalement inter-reli&eacute;s. Nous avons ainsi privil&eacute;gi&eacute; une grille de lecture info-communicationnelle, prenant en compte &laquo; amont et aval, dans une dynamique o&ugrave; la modification de l&rsquo;un entra&icirc;ne des effets, voire des modifications de l&rsquo;autre &raquo; (Boukacem-Zeghmouri et Dillaerts, 2018).</p> <h4>II.1.3. Approche mixte</h4> <p>Nous avons, par ailleurs, opt&eacute; pour une approche mixte, qui repose sur l&rsquo;articulation de m&eacute;thodes quantitatives et qualitatives, afin de tirer parti des forces de chaque type de donn&eacute;es, et d&rsquo;obtenir une compr&eacute;hension plus compl&egrave;te et nuanc&eacute;e des ph&eacute;nom&egrave;nes &eacute;tudi&eacute;s (Creswell et Plano Clark, 2017 ; Tashakkori et Teddlie, 2010 ; Bryman, 2006 ; Hesse-Biber, 2010). En effet, nous avons choisi de recourir &agrave; une approche mixte, en combinant une m&eacute;thode quantitative (questionnaire) et une m&eacute;thode qualitative (exp&eacute;rimentations en classe). Cette d&eacute;marche nous a permis d&rsquo;articuler les m&eacute;thodes en fonction des besoins sp&eacute;cifiques de notre &eacute;tude et de nos questions de recherche. Elle nous a &eacute;galement permis de combiner les forces de chaque m&eacute;thode (port&eacute;e et &eacute;tendue du quantitatif, profondeur et &eacute;paisseur du qualitatif) (Anadon, 2006) et de pallier les limites qui se seraient pr&eacute;sent&eacute;es &agrave; nous si nous avions mobilis&eacute; ces m&eacute;thodes isol&eacute;ment (manque de profondeur du quantitatif, manque d&rsquo;objectivit&eacute; du qualitatif). Nous avons ainsi cherch&eacute; &agrave; renforcer la solidit&eacute; et la cr&eacute;dibilit&eacute; de nos conclusions en confrontant les r&eacute;sultats &eacute;mergeant de notre premier recueil de donn&eacute;es, quantitatif (sondage), &agrave; une deuxi&egrave;me technique de recueil, qualitative (exp&eacute;rimentations en classe). Ainsi, notre premier recueil (quantitatif) a constitu&eacute; un socle de donn&eacute;es chiffr&eacute;es, que nous avons compl&eacute;t&eacute; par un recueil qualitatif, avant d&#39;&oelig;uvrer &agrave; une interpr&eacute;tation synergique des r&eacute;sultats. La combinaison de ces techniques quantitatives et qualitatives nous a permis d&rsquo;obtenir des donn&eacute;es diversifi&eacute;es, compl&eacute;mentaires, et d&#39;&oelig;uvrer &agrave; une compr&eacute;hension holistique, plus transversale, de notre terrain.</p> <h4>II.1.4. Approche empirico-inductive</h4> <p>Enfin, nous avons mobilis&eacute; une approche empirico-inductive (Glaser et Strauss, 1967 ; Bryman, 2012), qui pr&ocirc;ne l&rsquo;ancrage dans le terrain, et plus concr&egrave;tement la r&eacute;alisation d&rsquo;observations et d&rsquo;exp&eacute;riences, visant &agrave; g&eacute;n&eacute;rer une accumulation de donn&eacute;es empiriques. En effet, le mode inductif, en &ldquo;partant de l&rsquo;observation particuli&egrave;re, [...] en reconstruit la coh&eacute;rence interpr&eacute;tative de l&rsquo;int&eacute;rieur.&rdquo; (Balslev et Saada-Robert, 2002). Il &laquo; consiste &agrave; aborder concr&egrave;tement le sujet d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t et &agrave; laisser les faits sugg&eacute;rer les variables importantes, les lois, et, &eacute;ventuellement, les th&eacute;ories unificatrices &raquo; (Beaugrand, 1988). Dans cette dynamique, nous avons ainsi recueilli des donn&eacute;es de terrain et nous avons cherch&eacute; &agrave; identifier des constantes au sein de ces donn&eacute;es, afin de formuler des g&eacute;n&eacute;ralisations et des th&eacute;orisations. Ainsi, plut&ocirc;t que de partir de th&eacute;ories ou d&rsquo;hypoth&egrave;ses pour tester des pr&eacute;dictions sp&eacute;cifiques (approche hypoth&eacute;tico-d&eacute;ductive), nous sommes parties du terrain - et des donn&eacute;es du terrain - pour &eacute;tudier, de fa&ccedil;on approfondie et contextuelle, les acteurs et les situations en pr&eacute;sence. Notre d&eacute;marche s&rsquo;est ainsi en tr&egrave;s largement ancr&eacute;e dans le terrain : en effet, et d&rsquo;une part, nous avons pris appui sur le terrain pour faire &eacute;merger nos pistes et nos recommandations. D&rsquo;autre part, nous avons pris appui sur les r&eacute;sultats &eacute;mergeant du premier recueil pour nourrir le recueil suivant.</p> <h3><br /> II.2. Recueil des donn&eacute;es&nbsp;</h3> <p>Pour ce qui est des recueils de donn&eacute;es, nous avons articul&eacute; deux recueils de donn&eacute;es compl&eacute;mentaires, au sein du d&eacute;partement information-communication de l&rsquo;universit&eacute; Paul Val&eacute;ry de Montpellier.</p> <h4>II.2.1. Sondage men&eacute; aupr&egrave;s des &eacute;tudiants</h4> <p>Ancr&eacute;s dans notre volont&eacute; de recueillir les donn&eacute;es au plus pr&egrave;s des acteurs &eacute;tudiants et enseignants, nous avons r&eacute;alis&eacute; (en janvier 2023) un sondage, et nous l&rsquo;avons adress&eacute; aux 373 &eacute;tudiants de L1. Celui-ci a consist&eacute; &agrave; interroger les &eacute;tudiants sur les IAG en g&eacute;n&eacute;ral, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment sur le recours aux IAG dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur. Nous avons transmis (par voie &eacute;lectronique) &agrave; tous les &eacute;tudiants de la cohorte (n = 373 &eacute;tudiants) un lien vers un questionnaire Google Forms. Ce dernier &eacute;tait compos&eacute; de quatre sections principales&nbsp;: (1) &laquo;&nbsp;Questions signal&eacute;tiques&nbsp;&raquo;; (2) &laquo;&nbsp;Rapport aux IAG&nbsp;&raquo;&nbsp;; (3) &laquo;&nbsp;Enjeux des IAG dans l&rsquo;enseignement&nbsp;&raquo; ; (4) &laquo;&nbsp;Des pistes pour les enseignants&nbsp;? &raquo;.</p> <h4>II.2.2. Exp&eacute;rimentations p&eacute;dagogiques</h4> <p>Outre ce sondage, nous avons r&eacute;alis&eacute; deux exp&eacute;rimentations p&eacute;dagogiques. En effet, nous avons pris en consid&eacute;ration les pistes formul&eacute;es par les &eacute;tudiants (via le sondage) pour int&eacute;grer une IAG (ChatGPT) dans deux de nos enseignements. Le premier, &ldquo;Pratiques de l&#39;&Eacute;crit et de l&rsquo;Oral&rdquo; (d&eacute;sormais not&eacute; PR&Eacute;O), est une conduite de projet-m&eacute;tier dans laquelle nous amenons les &eacute;tudiants de L1 &agrave; s&rsquo;informer sur un m&eacute;tier et &agrave; pr&eacute;parer une interview avec un professionnel exer&ccedil;ant ce m&eacute;tier. Le deuxi&egrave;me,&nbsp; &ldquo;Pratiques de la publicit&eacute;&rdquo; (d&eacute;sormais not&eacute; PDP) est un atelier publicitaire dans lequel nous amenons les &eacute;tudiants de L2 &agrave; concevoir, chaque semaine, et en &eacute;quipe, une cr&eacute;ation publicitaire de format diff&eacute;rent : print, audio, vid&eacute;o, num&eacute;rique&hellip; Durant ces exp&eacute;rimentations, nous avons pris soin de consigner, dans un journal de bord, tous les &eacute;v&eacute;nements marquant le passage &agrave; ces &ldquo;nouvelles-versions-avec-IA&rdquo; : les suggestions formul&eacute;es par les &eacute;tudiants (dans le sondage) et que nous avons prises pour rep&egrave;res, le storyboard des deux exp&eacute;rimentations que nous avons r&eacute;alis&eacute;es (sc&eacute;nario p&eacute;dagogique), les r&eacute;cits de ces exp&eacute;rimentations (observations, constats, satisfactions, difficult&eacute;s, d&eacute;ceptions, questionnements, r&eacute;flexions&hellip;), les d&eacute;cisions que avons &eacute;t&eacute; amen&eacute;es &agrave; prendre (d&eacute;cisions pratiques, choix didactiques, adaptations, r&eacute;ajustements&hellip;) et les propos exprim&eacute;s par les &eacute;tudiants (en classe ou lors des &eacute;valuations du dispositif&hellip;). Nous avons ensuite pris appui sur ce journal de bord - qui consigne les traces et les relev&eacute;s exp&eacute;rientiels de notre action - pour &eacute;tudier - dans une dynamique r&eacute;solument ethnographique - les incidences que peuvent avoir les IAG sur les enseignements universitaires.</p> <h3>II.3. Analyse des donn&eacute;es</h3> <p>Pour ce qui est de l&rsquo;analyse des donn&eacute;es, nous avons combin&eacute; d&eacute;pouillement statistique et analyse de contenu th&eacute;matique (Paill&eacute; et Mucchielli, 2005 ; Bardin, 2013&nbsp;; Miles et Huberman, 2003). Nous avons mobilis&eacute; : une analyse statistique pour analyser les parties quantitatives de l&rsquo;enqu&ecirc;te (r&eacute;ponses aux questions ferm&eacute;es) et une analyse th&eacute;matique de contenu (Paill&eacute; et Mucchielli, 2005) pour identifier les &eacute;l&eacute;ments r&eacute;currents et les points saillants dans les parties parties qualitatives du sondage (r&eacute;ponses aux questions ouvertes) et dans le journal de bord de nos exp&eacute;rimentations. Cette analyse th&eacute;matique de contenu a consist&eacute; &agrave; d&eacute;couper notre mat&eacute;riau en unit&eacute;s, puis &agrave; classer ces unit&eacute;s en cat&eacute;gories, suivant des regroupements analogiques. Cette d&eacute;marche nous a permis d&rsquo;identifier, de nommer et de classer les th&eacute;matiques majeures &eacute;mergeant de notre mat&eacute;riau, et d&rsquo;identifier les cat&eacute;gories qui le constituent.</p> <p>Enfin, nous avons confront&eacute; les r&eacute;sultats ainsi d&eacute;gag&eacute;s &agrave; diverses r&eacute;f&eacute;rences th&eacute;oriques. A travers cette double d&eacute;marche (analyses et confrontation &agrave; des travaux acad&eacute;miques), notre objectif &eacute;tait d&rsquo;interroger -scientifiquement- l&rsquo;int&eacute;gration des IAG dans les enseignements universitaires.</p> <h2>III. R&eacute;sultats</h2> <h3>III.1 Sondage aupr&egrave;s des &eacute;tudiants et pistes d&rsquo;int&eacute;gration des IAG &agrave; l&rsquo;universit&eacute; &nbsp;</h3> <p>L&rsquo;enqu&ecirc;te men&eacute;e aupr&egrave;s des &eacute;tudiants nous a appris que ces derniers avaient d&eacute;j&agrave; majoritairement utilis&eacute; des IAG (&agrave; 92%), le plus souvent ChatGPT (&agrave; 71%). En outre, en ce qui concerne les motifs de recours aux IAG, les &eacute;tudiants ont indiqu&eacute; qu&rsquo;ils les mobilisent principalement pour &ldquo;s&rsquo;informer&rdquo;, &ldquo;trouver des id&eacute;es&rdquo;, &ldquo;de l&rsquo;inspiration&rdquo;, et &ldquo;passer &agrave; la r&eacute;daction&rdquo;.&nbsp;</p> <p>Pour ce qui est des pistes d&rsquo;int&eacute;gration (p&eacute;dagogique) de ces nouveaux outils, les &eacute;tudiants ont point&eacute; la n&eacute;cessit&eacute; de &ldquo;lever les tabous&rdquo; sur les IAG &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, et de les int&eacute;grer dans les enseignements, en &ldquo;d&eacute;marrage&rdquo; d&rsquo;activit&eacute;s p&eacute;dagogiques par exemple, afin de &ldquo;sensibiliser concr&egrave;tement les &eacute;tudiants &agrave; leur potentiel et &agrave; leurs dangers&rdquo;.&nbsp;</p> <p>Nous avons pris appui sur ces diff&eacute;rentes pistes, &eacute;mergeant du sondage men&eacute; aupr&egrave;s des &eacute;tudiants, pour concevoir le sc&eacute;nario de nos exp&eacute;rimentations : en effet, nous avons int&eacute;gr&eacute; ChatGPT dans nos cours PR&Eacute;O et PDP : nous l&rsquo;avons mobilis&eacute; comme starter de s&eacute;ance, en demandant aux &eacute;tudiants de l&rsquo;utiliser pour trouver des informations et des id&eacute;es (en PR&Eacute;O: des id&eacute;es pour leur interview-m&eacute;tier, et en PDP: des id&eacute;es pour leur cr&eacute;ation publicitaire).&nbsp;Ces exp&eacute;rimentations nous ont permis d&rsquo;identifier quelques principaux atouts et d&eacute;fis inh&eacute;rents &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG dans un enseignement universitaire.</p> <h3>III.2. Atouts li&eacute;s &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG dans un enseignement universitaire</h3> <p>Les exp&eacute;rimentations que nous avons men&eacute;es au sein de nos deux enseignements nous ont premi&egrave;rement permis de saisir diff&eacute;rents atouts li&eacute;s &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG dans un enseignement universitaire.</p> <p>D&rsquo;abord, cette int&eacute;gration d&rsquo;IAG a permis de lever le tabou sur ces nouveaux outils, une attente largement formalis&eacute;e par les &eacute;tudiants (57) dans le cadre du sondage. En effet, le fait de mobiliser une IAG en classe, de pr&eacute;senter ce choix p&eacute;dagogique aux &eacute;tudiants (en d&eacute;but de s&eacute;ance) a permis d&rsquo;initier un &eacute;change, une conversation, et ainsi de lever le tabou qui pouvait exister autour de cette technologie. En outre, le fait de pousser les &eacute;tudiants &agrave; devenir usagers d&rsquo;une IAG, et &agrave; mener une r&eacute;flexion sur leurs usages, les a conduits &agrave; prendre la parole et &agrave; amorcer un processus critique sur les IAG en g&eacute;n&eacute;ral, et tout particuli&egrave;rement sur le recours aux IAG &agrave; l&rsquo;universit&eacute;.</p> <p>Outre cette lev&eacute;e de tabou, l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;une IAG au sein de notre dispositif nous a permis de moderniser notre enseignant. En effet, les &eacute;tudiants ont indiqu&eacute; avoir &ldquo;appr&eacute;ci&eacute; d&rsquo;utiliser des outils modernes&rdquo;, &ldquo;des nouvelles technologies&rdquo; et d&rsquo;avoir &ldquo;pu aborder ces outils contemporains&rdquo;, &ldquo;qui sont dans l&rsquo;air du temps&rdquo;, voire &ldquo;qui repr&eacute;sentent l&rsquo;avenir&rdquo;. En plus de la modernisation de notre enseignement, l&rsquo;int&eacute;gration de ChatGPT en starter de s&eacute;ance nous a permis de dynamiser le cours, de cr&eacute;er une situation d&rsquo;apprentissage stimulante, en utilisant l&rsquo;IAG comme un incubateur d&rsquo;id&eacute;es, d&eacute;bloquant parfois les d&eacute;marrages difficiles.&nbsp;Sur ce point, les &eacute;tudiants ont indiqu&eacute; que le recours &agrave; ChatGPT leur a permis de &ldquo;trouver de l&rsquo;inspiration&rdquo;, &ldquo;des id&eacute;es&rdquo;, de les &ldquo;d&eacute;bloquer&rdquo; et de leur permettre de &ldquo;se lancer&rdquo;.</p> <p>Par ailleurs, le recours &agrave; ChatGPT en classe a permis de sensibiliser les &eacute;tudiants aux forces et aux limites des IAG. En effet, nos exp&eacute;rimentations nous ont amen&eacute;es &agrave; d&eacute;battre, en s&eacute;ance, au sujet des atouts et des faiblesses de ces outils. Pour ce qui est des forces, nous avons notamment soulign&eacute; la capacit&eacute; des IAG &agrave; traiter un grand nombre de donn&eacute;es, &agrave; offrir en un temps tr&egrave;s court une compilation, voire, dans certains cas, une synth&egrave;se structur&eacute;e sur un sujet (en l&rsquo;occurrence : en PR&Eacute;O, des compilations sur des m&eacute;tiers et en PDP, des compilations sur des marques). Pour ce qui est des limites, nous avons abord&eacute; avec les &eacute;tudiants, le caract&egrave;re souvent standardis&eacute; et superficiel des informations g&eacute;n&eacute;r&eacute;es par les IAG, et la n&eacute;cessit&eacute; de mobiliser une capacit&eacute; de r&eacute;flexion, un recul critique, pour challenger ces informations, et concevoir des productions plus pouss&eacute;es, plus critiques, plus originales, plus personnalis&eacute;es. Notre sc&eacute;nario p&eacute;dagogique nous a enfin donn&eacute; l&rsquo;opportunit&eacute; de sensibiliser les apprenants &agrave; des usages d&rsquo;IAG qui pourraient s&rsquo;av&eacute;rer discutables, voire condamnables (non v&eacute;rification des sources, copier-coller, plagiat, non-respect de propri&eacute;t&eacute; intellectuelle&hellip;).&nbsp;</p> <p>Ainsi, nous n&rsquo;avons pas assimil&eacute; exclusivement les IAG &agrave; des opportunit&eacute;s ou &agrave; des d&eacute;rives, mais nous nous sommes employ&eacute;es &agrave; instiller dans nos enseignements une dynamique de sensibilisation et d&rsquo;&eacute;ducation aux IAG (Alexandre et al., 2023), afin d&rsquo;aiguiser l&rsquo;esprit critique des &eacute;tudiants, et leur permettre de d&eacute;velopper des usages &eacute;clair&eacute;s, raisonn&eacute;s, r&eacute;fl&eacute;chis et responsables. Nous avons cherch&eacute; &agrave; leur faire comprendre que les IAG ne sont ni strictement exemptes d&rsquo;atouts, ni strictement exemptes de failles, mais peuvent &ecirc;tre ou devenir des technologies starters, &agrave; utiliser avec prudence et intelligence. Nous avons ainsi pens&eacute; une int&eacute;gration &ldquo;&eacute;ducative&rdquo; des IAG, durable, capable de r&eacute;pondre aux besoins des &eacute;tudiants &ldquo;sans mettre en danger leur processus d&rsquo;appropriation et de cr&eacute;ation de connaissance, leur esprit critique et leur r&eacute;flexivit&eacute;&rdquo; (COSSI, 24).&nbsp;</p> <h3>III.3. D&eacute;fis inh&eacute;rents &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG dans un enseignement universitaire</h3> <p>Outre les atouts que nous venons de pointer, les deux exp&eacute;rimentations conduites dans le cadre des cours PR&Eacute;O et PDP nous ont permis d&rsquo;identifier un certain nombre de d&eacute;fis inh&eacute;rents &agrave; la convocation d&rsquo;IAG comme starters de s&eacute;ances et comme soutien &agrave; la cr&eacute;ativit&eacute; et &agrave; la production de contenus. Nous avons choisi de pr&eacute;senter ces d&eacute;fis &agrave; travers une typologie prenant appui sur les relev&eacute;s d&rsquo;observation et les verbatims d&rsquo;&eacute;tudiants. Nous avons identifi&eacute; quatre formes de r&eacute;actions d&rsquo;&eacute;tudiants ayant particuli&egrave;rement &eacute;merg&eacute; durant nos exp&eacute;rimentations. Ces r&eacute;actions esquissent &agrave; la fois diff&eacute;rentes repr&eacute;sentations, diff&eacute;rents rapports des &eacute;tudiants aux IAG, et, dans le m&ecirc;me temps, diff&eacute;rents profils d&rsquo;&eacute;tudiants-usagers des IAG.</p> <p>Le premier profil que nous avons identifi&eacute; est celui des &eacute;tudiants &ldquo;r&eacute;fractaires&rdquo;. Ces derniers refusent de recourir aux IAG pour des raisons personnelles, souvent li&eacute;es &agrave; la &ldquo;confidentialit&eacute; des donn&eacute;es&rdquo;, aux &ldquo;risques au niveau des donn&eacute;es&rdquo; et plus largement &agrave; l&rsquo;&ldquo;&eacute;thique des IA&rdquo; et &agrave; la question de la &ldquo;privacy&rdquo;. Nous retrouvons, dans ce profil de &ldquo;r&eacute;fractaires&rdquo;, un large spectre de repr&eacute;sentations et de positionnements, relativement h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes, allant des &ldquo;r&eacute;fractaires-sceptiques&rdquo; aux &ldquo;r&eacute;fractaires-boycotteurs&rdquo;. En ce qui concerne les &ldquo;sceptiques&rdquo;, nous faisons r&eacute;f&eacute;rence &agrave; des &eacute;tudiants qui s&rsquo;interrogent et s&rsquo;inqui&egrave;tent, principalement sur &ldquo;les risques des algorithmes&rdquo;, sur &ldquo;ce que vont devenir nos donn&eacute;es&rdquo;, sur &ldquo;l&rsquo;utilisation qui sera faite des donn&eacute;es qu&rsquo;on va fournir aux IA&rdquo;. Les &ldquo;boycotteurs&rdquo;, quant &agrave; eux, rejettent plus radicalement le recours aux IAG. Ces derniers sont convaincus que les IAG sont &ldquo;dangereuses&rdquo; et &ldquo;vont avoir des effets catastrophiques sur notre soci&eacute;t&eacute;&rdquo;. Ils font tout pour d&eacute;montrer qu&rsquo;elles ne sont d&rsquo;&ldquo;aucune utilit&eacute;&rdquo;, qu&rsquo;elles &ldquo;emp&ecirc;che|nt] de r&eacute;fl&eacute;chir&rdquo;, et qu&rsquo;elles enferment, &ldquo;brident les id&eacute;es&rdquo;, &ldquo;la r&eacute;flexion&rdquo;, la &ldquo;cr&eacute;ativit&eacute;&rdquo; humaines.</p> <p>Le deuxi&egrave;me profil que nous avons identifi&eacute; est celui des &eacute;tudiants &ldquo;en fracture&rdquo;. Ces derniers ne s&rsquo;opposent pas au recours aux IAG (&agrave; l&rsquo;universit&eacute; ou en dehors), mais ils rencontrent des difficult&eacute;s pour les mobiliser. Ces difficult&eacute;s peuvent &ecirc;tre li&eacute;es &agrave; des fractures techniques ou fonctionnelles (dysfonctionnements, &ldquo;probl&egrave;mes de connexion&rdquo;, &ldquo;bugs&rdquo;...), des fractures socio-&eacute;conomiques (non possession de mat&eacute;riel, d&rsquo;&eacute;quipement&hellip;) ou des fractures socio-culturelles (non possession des comp&eacute;tences ou des litt&eacute;raties requises pour mobiliser les IAG). &nbsp;</p> <p>Le troisi&egrave;me profil que nous avons identifi&eacute; est celui des &eacute;tudiants &ldquo;d&eacute;sorient&eacute;s&rdquo;. Ces derniers ne sont pas oppos&eacute;s &agrave; la mobilisation des IAG, et ne rencontrent pas de difficult&eacute;s particuli&egrave;res (techniques, socio-&eacute;conomiques ou socio-culturelles) ; mais ils &ldquo;ne [savent] pas quoi faire des r&eacute;sultats&rdquo;. Dans ce profil d&rsquo;&eacute;tudiants &ldquo;d&eacute;sorient&eacute;s&rdquo;, nous retrouvons des &eacute;tudiants qui peinent &agrave; se d&eacute;tacher des contenus g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par ChatGPT, et nous demandent s&rsquo;ils &ldquo;[peuvent] recopier les r&eacute;sultats donn&eacute;s par ChatGPT [et] les garder tels quels ou [s&rsquo;ils doivent] changer des choses&rdquo;. Ils &eacute;prouvent ainsi une difficult&eacute; &agrave; penser par eux-m&ecirc;mes, &agrave; prolonger les r&eacute;sultats g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par la plateforme, et &agrave; en d&eacute;duire, voire en produire des nouveaux, en autonomie. D&rsquo;autres &eacute;tudiants sont &eacute;galement d&eacute;sorient&eacute;s, car ils tentent de s&rsquo;approprier les contenus g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par ChatGPT, mais ils se fourvoient dans des hors-sujets ou des non-sens par rapport aux objectifs que nous avons fix&eacute;s (conception d&rsquo;un guide d&rsquo;entretien en PR&Eacute;O ; cr&eacute;ation publicitaire en PDP). Dans ces diff&eacute;rents cas de figure, le recours aux IAG peut s&rsquo;av&eacute;rer contre-productif, dans la mesure o&ugrave; les contenus g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par ChatGPT brident ou d&eacute;routent les &eacute;tudiants plus qu&rsquo;ils ne les aident. Certains &eacute;tudiants indiquent &agrave; ce titre qu&rsquo;il &ldquo;aurait &eacute;t&eacute; moins compliqu&eacute; de chercher des id&eacute;es nous-m&ecirc;mes&rdquo; et qu&rsquo;ils &ldquo;auraient &eacute;t&eacute; plus libres, plus &agrave; l&rsquo;aise si on n&rsquo;avait pas &eacute;t&eacute; oblig&eacute;s d&rsquo;utiliser ChatGPT&rdquo;.<br /> &nbsp;</p> <p>Enfin, le dernier profil que nous avons identifi&eacute; est celui des &eacute;tudiants &ldquo;techno-d&eacute;l&eacute;gateurs&rdquo;. Ces derniers d&eacute;l&egrave;guent enti&egrave;rement leur capacit&eacute; r&eacute;flexive et cr&eacute;ative &agrave; l&rsquo;IAG (ChatGPT), le plus souvent par facilit&eacute;, voire par paresse et par recherche d&rsquo;un moindre effort. Ils indiquent : (en PR&Eacute;O) &ldquo;pas besoin de se fatiguer, l&rsquo;interview propos&eacute;e par ChatGPT est top&rdquo; ou (en PDP) : &ldquo;la pub propos&eacute;e par ChatGPT &eacute;tait vraiment bien: on l&rsquo;a laiss&eacute;e telle quelle, &ccedil;a fait gagner beaucoup de temps et d&rsquo;&eacute;nergie&rdquo;. Bien s&ucirc;r, cette &ldquo;paresse apprenante&rdquo; pr&eacute;existait aux IAG, et m&ecirc;me &agrave; la technologie num&eacute;rique. Mais nous constatons que la sophistication des r&eacute;ponses apport&eacute;es par les IAG (&agrave; des requ&ecirc;tes fondamentalement diversifi&eacute;es) peut renforcer cette forme de paresse apprenante. Il convient toutefois d&rsquo;indiquer que parmi ces &ldquo;&eacute;tudiants-d&eacute;l&eacute;gateurs&rdquo;, nous pouvons distinguer les &ldquo;d&eacute;l&eacute;gateurs-complex&eacute;s&rdquo;, qui d&eacute;l&egrave;guent parce qu&rsquo;ils pensent qu&rsquo;ils &ldquo;ne saur[ont] pas faire mieux&rdquo; et les &ldquo;d&eacute;l&eacute;gateurs-d&eacute;complex&eacute;s&rdquo;, qui estiment que &ldquo;l&rsquo;&eacute;norme avantage de ChatGPT c&rsquo;est que &ccedil;a fait beaucoup moins de travail &agrave; fournir&rdquo;. En tous cas, qu&rsquo;ils soient dans une dynamique de &ldquo;d&eacute;l&eacute;gateurs-complex&eacute;s&rdquo; ou &ldquo;d&eacute;complex&eacute;s&rdquo;, ces &eacute;tudiants, en l&eacute;guant le travail de r&eacute;flexion et de cr&eacute;ativit&eacute; &agrave; l&rsquo;IAG, passent &agrave; c&ocirc;t&eacute; des objectifs principaux de notre sc&eacute;nario p&eacute;dagogique, qui cherchait &agrave; stimuler, justement, leur capacit&eacute; de r&eacute;flexion et leur cr&eacute;ativit&eacute;, et &agrave; les sensibiliser aux atouts et aux limites des IAG.</p> <p>L&rsquo;analyse du mat&eacute;riau recueilli sur le terrain nous a ainsi permis d&rsquo;identifier quatre d&eacute;fis inh&eacute;rents &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG dans un enseignement universitaire, en pointant diff&eacute;rentes r&eacute;actions, repr&eacute;sentations, et profils d&rsquo;&eacute;tudiants auxquels les enseignants peuvent faire face lorsqu&rsquo;ils recourent aux IAG dans le cadre de leur dispositifs p&eacute;dagogiques (&eacute;tudiants &ldquo;r&eacute;fractaires&rdquo;, &eacute;tudiants &ldquo;en fracture&rdquo;, &eacute;tudiants &ldquo;d&eacute;sorient&eacute;s&rdquo;, &eacute;tudiants &ldquo;techno-d&eacute;l&eacute;gateurs&rdquo;). Nous constatons que ces r&eacute;actions - et profils d&rsquo;&eacute;tudiants - rappellent les repr&eacute;sentations et les positionnements - plus ou moins technophiles, plus ou moins technophobes - qui peuvent &eacute;merger, chez les &eacute;tudiants, face aux outils num&eacute;riques en g&eacute;n&eacute;ral, lorsque les enseignants les mobilisent dans le cadre de leurs dispositifs p&eacute;dagogiques (Marty, Vasquez, 2021). En outre, les r&eacute;actions - et les profils d&rsquo;&eacute;tudiants - que nous venons de mettre au jour impliquent, selon nous, de la part des enseignants, une attention, une agilit&eacute; adaptative et une vigilance accrue, pour parvenir &agrave; transmettre les savoirs et &agrave; atteindre les objectifs p&eacute;dagogiques tout en composant avec des &eacute;tudiants &ldquo;r&eacute;fractaires&rdquo;, &ldquo;en fracture&rdquo;, &ldquo;d&eacute;sorient&eacute;s&rdquo; et &ldquo;techno-d&eacute;l&eacute;gateurs&rdquo;.&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <h2>Conclusion et perspectives</h2> <p>Partant du constat que les IAG ont r&eacute;cemment bouscul&eacute; tous les champs de la vie sociale contemporaine, et en particulier celui de l&#39;enseignement sup&eacute;rieur, nous avons choisi, dans la pr&eacute;sente recherche, d&rsquo;&eacute;tudier les incidences que peuvent avoir les IAG dans l&rsquo;enseignement universitaire, et la fa&ccedil;on dont les enseignants peuvent les int&eacute;grer dans le cadre de leurs dispositifs p&eacute;dagogiques. Pour explorer ces questions, nous avons mis en place un canevas m&eacute;thodologique, reposant sur la combinaison de deux techniques de recueil de donn&eacute;es : une enqu&ecirc;te (sondage) men&eacute;e aupr&egrave;s d&rsquo;&eacute;tudiants en L1 information-communication; deux exp&eacute;rimentations p&eacute;dagogiques consistant &agrave; tester l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;une IAG dans deux de nos enseignements (en prenant appui sur les pistes formul&eacute;es par les &eacute;tudiants dans le cadre du sondage).</p> <p>La premi&egrave;re phase de l&rsquo;enqu&ecirc;te (sondage) nous a permis de comprendre que les &eacute;tudiants mobilisent les IAG, principalement ChatGPT et estiment qu&rsquo;il serait judicieux de les int&eacute;grer dans les enseignements universitaires, comme starters de s&eacute;ances, pour la recherche d&rsquo;informations et la g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;id&eacute;es. La deuxi&egrave;me phase de l&rsquo;enqu&ecirc;te (exp&eacute;rimentations en classes) nous a permis d&rsquo;identifier diff&eacute;rents atouts de l&rsquo;int&eacute;gration des IAG dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur (lev&eacute;e des tabous autour de ces technologies, modernisation et dynamisation des cours, sensibilisation aux forces et aux limites des IAG&hellip;) mais &eacute;galement diff&eacute;rents profils d&rsquo;&eacute;tudiants, qui incarnent les d&eacute;fis auxquels les enseignants peuvent se trouver confront&eacute;s lorsqu&rsquo;ils int&egrave;grent des IAG dans leurs dispositifs p&eacute;dagogiques (&eacute;tudiants &ldquo;r&eacute;fractaires&rdquo;, &ldquo;en fracture&rdquo;, &ldquo;d&eacute;sorient&eacute;s&rdquo;, ou &ldquo;techno-d&eacute;l&eacute;gateurs&rdquo;).</p> <p>Ces diff&eacute;rents &eacute;l&eacute;ments impliquent des r&eacute;flexions concernant les r&eacute;troactions sp&eacute;cifiques (p&eacute;dagogiques, techniques, m&eacute;thodologiques, psychologiques, critiques&hellip;) que les enseignants peuvent adopter face &agrave; ces diff&eacute;rents profils d&rsquo;&eacute;tudiants. Pour les &eacute;tudiants &ldquo;r&eacute;fractaires&rdquo;, qui refusent de mobiliser les IAG, il pourra s&rsquo;agir d&rsquo;insister sur nos objectifs et intentions p&eacute;dagogiques (recours aux IAG pour sensibiliser et &eacute;duquer). Pour les &eacute;tudiants &ldquo;en fracture&rdquo;, il pourra &ecirc;tre pertinent d&rsquo;apporter un accompagnement - technique et mat&eacute;riel, notamment - capable de r&eacute;duire les fractures fonctionnelles et socio-&eacute;conomiques. Pour les &eacute;tudiants &ldquo;d&eacute;sorient&eacute;s&rdquo;, il pourra &ecirc;tre opportun d&rsquo;apporter une aide m&eacute;thodologique, susceptible de leur donner des cl&eacute;s pour exploiter les r&eacute;sultats g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par les IAG. Enfin, pour les &eacute;tudiants &ldquo;techno-d&eacute;l&eacute;gateurs&rdquo;, il pourra &ecirc;tre judicieux d&rsquo;insister sur les limites des r&eacute;sultats g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par les IAG (caract&egrave;re superficiel, impersonnel&hellip;.) et sur la plus-value de la r&eacute;flexion et la cr&eacute;ativit&eacute; humaines.</p> <p>Au-del&agrave; des atouts et des d&eacute;fis inh&eacute;rents au recours &agrave; une IAG dans un enseignement universitaire, notre travail dresse, plus largement et plus transversalement, diff&eacute;rentes pistes de r&eacute;flexion concernant l&rsquo;int&eacute;gration de ces outils dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur.</p> <p>Premi&egrave;re piste : notre travail pointe l&rsquo;importance d&rsquo;inclure, d&rsquo;int&eacute;grer les IAG - et plus largement les technologies contemporaines - dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur. Il souligne, en effet, la n&eacute;cessit&eacute; de d&eacute;ployer des pratiques p&eacute;dagogiques qui se montrent adaptatives (et constructives) vis-&agrave;-vis des IAG, et (plus g&eacute;n&eacute;ralement) vis-&agrave;-vis du progr&egrave;s technique et technologique. En effet, notre travail permet de comprendre que comme toujours, dans l&rsquo;histoire scientifique de l&rsquo;humanit&eacute;, il ne serait pas judicieux d&rsquo;ignorer, de nier ou de diaboliser le progr&egrave;s technologique, mais il conviendrait, au contraire, de s&rsquo;en emparer, de faire montre du g&eacute;nie adaptatif propre &agrave; l&rsquo;&ecirc;tre humain, afin d&rsquo;exploiter ce progr&egrave;s de mani&egrave;re constructive et formatrice. Plus sp&eacute;cifiquement, en ce qui concerne les IAG, notre propos montre combien il est important de prendre en compte ces nouveaux outils comme une nouvelle r&eacute;alit&eacute; p&eacute;dagogique, de les consid&eacute;rer, d&rsquo;en tirer b&eacute;n&eacute;fice (les utiliser pour enrichir les enseignements, &ldquo;augmenter&rdquo; les apprentissages, former les &eacute;tudiants &agrave; des comp&eacute;tences indispensables dans le monde contemporain) et de faire en sorte qu&rsquo;ils servent nos objectifs et ceux de nos &eacute;tudiants, et non l&rsquo;inverse.</p> <p>Deuxi&egrave;me piste : notre travail pointe l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de penser l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG dans une dynamique consultative, qui consiste &agrave; concerter les &eacute;tudiants et &agrave; prendre en compte leur point de vue, pour proposer des enseignements &ldquo;IA friendly&rdquo; en ad&eacute;quation avec les jeunes g&eacute;n&eacute;rations d&rsquo;apprenants et leurs attentes. En effet, l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG s&rsquo;av&egrave;re, pour nous, indissociable d&rsquo;une concertation des &eacute;tudiants: nous avons consult&eacute; ces derniers (en amont et en aval de cette int&eacute;gration) afin de concevoir une ing&eacute;nierie en phase avec leurs attentes. En cela, notre exp&eacute;rimentation a r&eacute;v&eacute;l&eacute;, selon nous, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des ing&eacute;nieries p&eacute;dagogiques consultatives, dans lesquelles les &eacute;tudiants ont la parole, sont forces de proposition, et participent, en tant qu&rsquo;acteurs, &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration des sc&eacute;narios de cours, esquissant d&egrave;s lors une dynamique de co-conception des dispositifs p&eacute;dagogiques.</p> <p>Troisi&egrave;me piste : notre travail r&eacute;v&egrave;le, &agrave; notre sens, la n&eacute;cessit&eacute; de penser l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;IAG dans une dynamique circulaire, dans laquelle enseignants et &eacute;tudiants sont interd&eacute;pendants. En effet, l&rsquo;&eacute;ducation des &eacute;tudiants aux IAG s&rsquo;est r&eacute;v&eacute;l&eacute;e consubstantielle de notre propre &eacute;ducation &agrave; ces outils : nous avons d&ucirc; nous y &eacute;duquer (former nos connaissances, acqu&eacute;rir des comp&eacute;tences, d&eacute;velopper notre esprit critique) afin d&rsquo;&ecirc;tre en mesure d&rsquo;&eacute;duquer, &agrave; leur tour, les &eacute;tudiants. De fa&ccedil;on r&eacute;ciproque, les propositions formul&eacute;es (sur les IAG) par les &eacute;tudiants ont aliment&eacute; et fait &eacute;voluer nos r&eacute;flexions, nos d&eacute;cisions, et nos exp&eacute;rimentations. Ces diff&eacute;rents &eacute;l&eacute;ments soulignent l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de penser l&rsquo;int&eacute;gration des IAG dans une dynamique circulaire, info-communicationnelle (Boukacem-Zeghmouri, Dillaerts, 2018), dans laquelle les pratiques des enseignants et des &eacute;tudiants s&rsquo;enrichissent et s&rsquo;alimentent mutuellement, dans un processus continu, assimilable &agrave; une spirale vertueuse. Nous avons particuli&egrave;rement ancr&eacute; nos investigations dans cette dynamique : en effet, dans les exp&eacute;rimentations que nous avons men&eacute;es en classe, les enseignants et les &eacute;tudiants ont aliment&eacute;, de fa&ccedil;on concomitante et r&eacute;ciproque, leurs r&eacute;flexions au sujet de ce que pourrait &ecirc;tre des &ldquo;bonnes pratiques&rdquo; des IAG.</p> <p>Quatri&egrave;me piste : notre propos souligne l&rsquo;importance de penser une int&eacute;gration critique et responsable des IAG dans l&rsquo;enseignement universitaire. En d&rsquo;autres termes, une int&eacute;gration dans laquelle l&rsquo;enseignant s&rsquo;efforce : de se questionner, de se montrer lucide, objectif et nuanc&eacute; vis-&agrave;-vis de ces outils, de consid&eacute;rer &agrave; la fois leurs atouts et leurs limites (dynamisation des enseignements, inspiration et sensibilisation des &eacute;tudiants, biais algorithmiques, protection des donn&eacute;es, vie priv&eacute;e des usagers, fractures&hellip;) afin, in fine, de se montrer capable de livrer aux &eacute;tudiants une &eacute;ducation aux IAG tout aussi critique et nuanc&eacute;e. Cette dimension critique rappelle la n&eacute;cessit&eacute; de former les enseignants aux IAG (Karsenti, 2018), d&rsquo;introduire ces nouveaux outils dans le programme de d&eacute;veloppement professionnel des personnels enseignants, afin de leur permettre de penser une int&eacute;gration des IAG ma&icirc;tris&eacute;e, coh&eacute;rente, et intelligente, et leur donner l&rsquo;opportunit&eacute; de cr&eacute;er, &agrave; leur tour, autour de ces outils, des environnements &eacute;ducatifs adapt&eacute;s et formateurs.</p> <p>Enfin, notre travail livre une cinqui&egrave;me et derni&egrave;re piste : il rappelle en effet l&rsquo;importance d&rsquo;&eacute;tudier les IAG, de mener des enqu&ecirc;tes, des exp&eacute;rimentations et des recherches sur ces outils, et plus particuli&egrave;rement sur les nombreux questionnements introduits par ces outils dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur : comment pr&eacute;parer et former les enseignants? Comment faire en sorte que les IAG facilitent le travail des enseignants et des &eacute;tudiants, tout en am&eacute;liorant leurs capacit&eacute;s ? Comment utiliser les IAG pour am&eacute;liorer les m&eacute;thodes d&rsquo;apprentissage et d&rsquo;&eacute;valuation ? Comment contr&ocirc;ler [Benzoubid, Cardon, 2000] et r&eacute;guler ces nouveaux outils ? Comment garantir un recours &eacute;quitable et inclusif aux IAG ?. Ainsi, notre propos souligne la crucialit&eacute; de d&eacute;ployer des &eacute;tudes, de mener des tests et des exp&eacute;riences, d&rsquo;en livrer des comptes-rendus, pour questionner, d&eacute;crypter et encadrer, peu &agrave; peu, ce ph&eacute;nom&egrave;ne &ldquo;en cours de constitution&rdquo;, clarifier des possibles p&eacute;dagogiques &eacute;thiques et durables, et donner des cl&eacute;s aux chercheurs et aux enseignants universitaires qui souhaitent sensibiliser et &eacute;duquer &agrave; cette nouvelle technologie.</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques<br /> &nbsp;</h2> <p>Alcantara, C., Charest, F. et Lavigne, A. (2020). IA et communication des organisations. Communication &amp; management, vol. 17, n&deg;2, 5-8.</p> <p>Alexandre, F., Comte, M.H., Lagarrigue, A. et Vi&eacute;ville, T. (2023). L&rsquo;IA pour mieux apprendre et appr&eacute;hender l&rsquo;IA. Enseigner et apprendre &agrave; l&rsquo;&egrave;re de l&rsquo;IA. 56-62.</p> <p>Anadon, M. (2006). La recherche dite &lsquo;qualitative&rsquo; : de la dynamique de son &eacute;volution aux acquis ind&eacute;niables et aux questionnements pr&eacute;sents. Recherches Qualitatives, 26(1), 5-31.</p> <p>Balacheff, N., Vivet, M. (1994). Didactique et IA. Recherche en didactique des math&eacute;matiques, 14(1-2), 9-42.</p> <p>Bardin, L. (2013). L&#39;analyse de contenu. PUF.</p> <p>Barth&eacute;lemy, T., Combessie, P., Fournier, L. et Monjaret, A. (2014). Ethnographies plurielles. D&eacute;clinaisons selon les disciplines. &Eacute;ditions du Comit&eacute; des travaux historiques et scientifiques.</p> <p>Balslev, K., Saada-Robert, M. (2002). Expliquer l&rsquo;apprentissage situ&eacute; de la litt&eacute;racie: une d&eacute;marche inductive/d&eacute;ductive. Dans : M. Saada-Robert (&eacute;d.), Expliquer et comprendre en sciences de l&#39;&eacute;ducation (p.89-110). De Boeck Sup&eacute;rieur.</p> <p>Beaugrand, J. P. (1988). D&eacute;marche scientifique et cycle de la recherche. Dans M. Robert (&eacute;d.), Fondements et &eacute;tapes de la recherche scientifique en psychologie (p.1-36). Edisem.</p> <p>Benzoubid, B., Cardon, D. (2022). Contr&ocirc;ler l&rsquo;intelligence artificielle ?. R&eacute;seaux, n&deg;232-233.</p> <p>Boukacem-Zeghmouri, C., Dillaerts, H (2018). Information scientifique et diffusion des savoirs : entre fragmentations et interm&eacute;diaires. RFSIC [En ligne], 15.</p> <p>Bruneault, F., Sabourin Laflamme, A. et Mondeaux, A. (2022). Former &agrave; l&rsquo;&eacute;thique de l&rsquo;IA en enseignement sup&eacute;rieur: R&eacute;f&eacute;rentiel de comp&eacute;tence. UQAM Montr&eacute;al.</p> <p>Bryman, A. (2006). Integrating quantitative and qualitative research: How is it done? Qualitative Research, 6(1), 97&ndash;113.</p> <p>Bryman, A. (2012). Social Research Methods. Oxford University Press.</p> <p>Chartron, G., Raulin, A. (2002). L&rsquo;intelligence artificielle. I2D &ndash; Information, donn&eacute;es &amp; documents, 2022/1 (n&deg; 1), 8-12.</p> <p>Chen, X., Zou, D., Xie, H., Cheng, G. et Liu, C. (2022). Two Decades of Artificial Intelligence in Education: Contributors, Collab., Research Topics, Challenges, and Future Directions. Educational Technology &amp; Society, 25 (1), 28-47.</p> <p>Collin, S., Marceau, E. (2021). L&rsquo;IA en &eacute;ducation : enjeux de justice. Formation et profession, 29(2), 1-4.</p> <p>COSSI (2024), Appel &agrave; communications pour le colloque &ldquo;<a href="https://cossi2024.sciencesconf.org/">Intelligence(s) artificielle(s) g&eacute;n&eacute;rative(s) et Cr&eacute;ativit&eacute;(s) : Strat&eacute;gies, Pratiques et Usages</a>&rdquo;.</p> <p>Creswell, J. W., Clark, V. L. P. (2017). Designing and Conducting Mixed Methods Research. Thousand Oaks, CA: Sage Publications.</p> <p>Ganascia, J.G (2017). IA : Vers une domination programm&eacute;e ?. Le Cavalier Bleu.</p> <p>Garfinkel, H. (1967). Studies in Ethnomethodology. Englewood Cliffs, NJ.</p> <p>Glaser, B.G., &amp; Strauss, A.L. (1967). The Discovery of Grounded Theory: Strategies for Qualitative Research. Aldine.</p> <p>Hesse-Biber, S. (2010). Qualitative Approaches to Mixed Methods Practice. Qualitative Inquiry, 16(6), 455-468.</p> <p>Holmes, W., Tuomi, I. (2022). State of the art and practice in AI in education. EJE, 57, 542-570.</p> <p>Julia, L. (2019). L&rsquo;intelligence artificielle n&rsquo;existe pas. First.</p> <p>Karsenti, T. (2018). IA en &eacute;ducation : l&rsquo;urgence de pr&eacute;parer les futurs enseignants aujourd&rsquo;hui pour l&rsquo;&eacute;cole de demain ?. Formation et profession, 26(3), 112-119.</p> <p>Kiyindou, A., Damome, E., Noble, A. (2021), Intelligence artificielle, pratiques sociales et politiques publiques. Communication, technologies et d&eacute;veloppement, 10|2021.</p> <p>Kiyindou, A., Damome, E., Noble, A. (2022). Intelligence artificielle et innovation sociale. Communication, technologies et d&eacute;veloppement, 11|2022.</p> <p>Marty, S., Thomas-Vasquez, K. (2021). Dispositifs p&eacute;dagogiques num&eacute;riques et repr&eacute;sentations technophiles/technophobes. Le cas du Projet Up, dispositif p&eacute;dagogique hybride innovant en contexte de crise sanitaire. Interfaces num&eacute;riques, 10(2).</p> <p>Miles, M.B., Huberman, A.M. (2003). Analyse des donn&eacute;es qualitatives. De Boeck, 2e &eacute;dition.</p> <p>Petit, L. (2021). Les SHS et les SIC au d&eacute;fi de l&rsquo;IA. Communication, technologies et d&eacute;veloppement [en ligne], 10|2021.</p> <p>Paill&eacute;, P., Mucchielli, A. (2005). L&rsquo;analyse qualitative en sciences humaines et sociales. Armand Colin.</p> <p>Romero, M., Heiser, L., Lepage, A. (2023). Enseigner et apprendre &agrave; l&rsquo;&egrave;re de l&rsquo;IA: acculturation, int&eacute;gration et usages cr&eacute;atifs de l&rsquo;IA en &eacute;ducation: livre blanc. MENJ.</p> <p>Selwyn, N. (2022). The future of AI and education : some cautionary notes. European Journal of Education 57(2).</p> <p>Tashakkori, A. and Teddlie, C. (2010). SAGE Handbook of Mixed Methods in Social &amp; Behavioral Research. SAGE Publications.</p> <p>Trudel, M. (1994). Des approches centr&eacute;es sur les gens : l&#39;ethnographie et la ph&eacute;nom&eacute;nologie. Dans P. Bouchard, La recherche qualitative : &eacute;tudes comparatives (p.39-61). Labraps.</p> <p>UNESCO (2023). Guidance for generative AI in education and research. 44 p.</p>