<p><strong>Abstract :</strong> Our field study analyzes ordinary relationship practices in public transportation equipments, especially in trams from Montpellier and Regional Express Trains in the Languedoc-Roussillon Region. In a context of urban redevelopment, modernization of equipment, and reconceptualization of individualized services, which are offered to mobile connected individuals, we describe and analyze, with an ethnographic study, different types of interactions and communication processes. This study highlights different forms of hospitality to others and the Other, and shows bursting contexts of rejection, exclusion, and also the emergence of behavioral changes and experiential learning of social life.</p> <p><strong>Keywords :&nbsp;</strong>Relationship practices, Mobility places, Public transportation equipments, Interactional affordances, Commitment regimes, Relationship mobility<br /> &nbsp;</p> <h2>INTRODUCTION</h2> <p>Notre terrain d&rsquo;enqu&ecirc;te concerne les dispositifs de transport collectif en Languedoc, en particulier le &laquo;&nbsp;Train Express R&eacute;gional&nbsp;&raquo; (TER) et le &laquo;&nbsp;tramway&nbsp;&raquo;, dans le contexte de leur red&eacute;ploiement territorial. Ces dispositifs, qui mettent en situation de co-pr&eacute;sence une vari&eacute;t&eacute; d&rsquo;utilisateurs, se sont consid&eacute;rablement transform&eacute;s depuis une quinzaine d&rsquo;ann&eacute;es, et sont maintenant consid&eacute;r&eacute;s comme des lieux de vie et de socialisation (Beillerot &amp; Masconi, 2006&nbsp;; Devaux &amp; Oppenchaim, 2012). Mais comment les interactions dans ces lieux m&egrave;neraient-elles vers la rencontre de l&rsquo;Autre, l&rsquo;acceptation de la diff&eacute;rence, et l&rsquo;apprentissage social, plut&ocirc;t que la discrimination, l&rsquo;exclusion&nbsp;? L&rsquo;objectif de cet article consiste &agrave; d&eacute;crire et analyser les pratiques relationnelles quotidiennes des usagers. Nous cherchons &agrave; comprendre la diversit&eacute; des formes d&rsquo;engagement en jeu dans ces interactions, ainsi que les processus communicationnels menant &agrave; la reconnaissance d&rsquo;autrui, mais aussi &agrave; sa mise &agrave; distance, &agrave; la rencontre ou &agrave; l&rsquo;exclusion, &agrave; l&rsquo;apprentissage ou &agrave; l&rsquo;alt&eacute;ration de la vie sociale.</p> <p>Men&eacute;e depuis huit ann&eacute;es, dans les trains languedociens, et dans les tramways de Montpellier, l&rsquo;&eacute;tude de terrain mobilise des techniques d&rsquo;enqu&ecirc;te ethnographique de recueil de donn&eacute;es privil&eacute;giant la participation observante et l&rsquo;observation participante, d&rsquo;inspiration ethnom&eacute;thodologique (Garfinkel, 2007&nbsp;; Thibaud, 2002). Nous devons souligner le caract&egrave;re empirique de cette recherche, qui nous a amen&eacute;e d&rsquo;abord &agrave; observer et &agrave; interviewer des usagers, puis &agrave; confronter notre recueil et nos inductions &agrave; des apports conceptuels issus d&rsquo;autres disciplines, comme la g&eacute;ographie, la sociologie de la traduction, la sociologie urbaine. Cependant, pour faciliter la lecture de cet article, nous pr&eacute;senterons d&rsquo;abord certains principes de conception de ces dispositifs, tels qu&rsquo;ils sont pens&eacute;s par des chercheurs en sociologie urbaine et am&eacute;nageurs, avant de r&eacute;capituler les &eacute;tapes it&eacute;ratives de notre recherche.</p> <p>Nous &eacute;tudierons les prescriptions interactionnelles de ces lieux de mobilit&eacute;, leur agentivit&eacute; sociale, pour les mettre en lien avec les pratiques relationnelles des usagers. Nous d&eacute;gagerons enfin diff&eacute;rents processus de communication menant &agrave; la reconnaissance d&rsquo;autrui et &agrave; la rencontre, &agrave; l&rsquo;incompr&eacute;hension, voire &agrave; l&rsquo;altercation, &agrave; la mise &agrave; distance et &agrave; la discrimination, &agrave; l&rsquo;apprentissage de la vie sociale ou &agrave; l&rsquo;exclusion.&nbsp;</p> <h3><a id="t2"></a>DES ESPACES DE TRANSPORT AUX LIEUX DE MOBILIT&Eacute;&nbsp;: QUELS PRINCIPES DE CONCEPTION, POUR QUELLES INTERACTIONS SOCIALES ?</h3> <p>En rupture avec le mod&egrave;le classique orient&eacute; vers l&rsquo;optimisation des flux, la fluidification des espaces, et la r&eacute;duction d&rsquo;un temps de d&eacute;placement consid&eacute;r&eacute; comme &laquo;&nbsp;mort&nbsp;&raquo;, diff&eacute;rentes conceptions visent &agrave; red&eacute;finir les dispositifs de mouvement. Ceux-ci sont ainsi appr&eacute;hend&eacute;s tour &agrave; tour comme des espaces urbains, comme des lieux d&rsquo;activit&eacute; individuelle, comme des territoires de socialisation et de sociabilit&eacute;, comme l&rsquo;expression mat&eacute;rialis&eacute;e d&rsquo;une nouvelle norme soci&eacute;tale, et comme vecteurs de rencontres.</p> <h4>De la gestion des flux &agrave; une offre de services situ&eacute;s</h4> <p>La fa&ccedil;on dont les dispositifs de transport collectif sont pens&eacute;s a consid&eacute;rablement &eacute;volu&eacute;, particuli&egrave;rement avec la r&eacute;flexion impuls&eacute;e par Isaac Joseph, qui fut enseignant-chercheur &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Lyon 2, puis de Paris 10 Nanterre, et chercheur associ&eacute; &agrave; la R&eacute;gie Autonome des Transports Parisiens (RATP). A partir des ann&eacute;es 1980, c&rsquo;est un v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;tournant pragmatiste&nbsp;&raquo; (Clot-Goudard &amp; Tillous, 2008, p.107) qu&rsquo;initie ce penseur et am&eacute;nageur, contribuant &agrave; renouveler la conception des r&eacute;seaux de transport, en s&rsquo;appuyant sur les apports de l&rsquo;&eacute;cole de Chicago et de l&rsquo;interactionnisme de Goffman. Sa r&eacute;flexion sur le changement de paradigme du secteur des transports sera poursuivie par Georges Amar, &eacute;galement membre de la RATP, puis chercheur associ&eacute; de la chaire d&rsquo;innovation de l&rsquo;&Eacute;cole des Mines Paris Tech, directeur de projets de complexes d&rsquo;&eacute;changes urbains.</p> <p>La conception des r&eacute;seaux de transport ne doit plus &ecirc;tre fond&eacute;e sur l&rsquo;optimisation de la gestion des flux, le &laquo;&nbsp;lissage&nbsp;&raquo; des espaces, la fluidification de la circulation pour assurer un service rapide, uniforme et r&eacute;gulier aupr&egrave;s des usagers (Clot-Goudard &amp; Tillous, 2008, p.115). Le d&eacute;placement n&rsquo;est plus consid&eacute;r&eacute; comme &laquo;&nbsp;un trajet tendu entre deux points (domicile-travail; par exemple), mais comme un encha&icirc;nement&nbsp;&raquo;&nbsp;(Joseph, 1997, p.135). Les &laquo;&nbsp;espaces de mouvement&nbsp;&raquo; doivent au contraire retrouver des &laquo;&nbsp;adh&eacute;rences&nbsp;&raquo;, un contact avec le territoire, permettant de &laquo;&nbsp;connecter plusieurs activit&eacute;s dans un m&ecirc;me trajet&nbsp;&raquo; (ibid.). Les entreprises de transport deviennent alors des prestataires de services urbains, qui sc&eacute;narisent des espaces pour les rendre accessibles au public, en prenant en compte leur cheminement.</p> <h4>Concevoir des espaces hospitaliers protecteurs de l&rsquo;&eacute;tranger</h4> <p>Pour Isaac Joseph, (1998), le transporteur et la collectivit&eacute; doivent proposer &laquo; un ordre de visibilit&eacute; destin&eacute; &agrave; recevoir une pluralit&eacute; d&rsquo;usages ou de perspectives, impliquant une profondeur, comme un lieu sensible dans lequel l&rsquo;&eacute;tranger serait accueilli dans l&rsquo;indiff&eacute;rence&nbsp;&raquo;. Isaac Joseph revalorise, dans la ville devenue territoire comme dans les complexes d&rsquo;&eacute;changes ou &laquo;&nbsp;lieux-mouvements&nbsp;&raquo;, les gestes &laquo;&nbsp;d&rsquo;engagement minimal&nbsp;&raquo;, supports de la force des liens faibles et constitutifs de la culture de l&rsquo;hospitalit&eacute; urbaine. Les engagements de courtoisie reposent sur une tension paradoxale&nbsp;: &laquo;&nbsp;accueillir ou prot&eacute;ger l&rsquo;&eacute;tranger, c&rsquo;est se pr&eacute;occuper en m&ecirc;me temps de &laquo;&nbsp;sa face positive&nbsp;&raquo; (droit &agrave; la consid&eacute;ration) et de sa &laquo;&nbsp;face n&eacute;gative&nbsp;&raquo; (droit &agrave; la tranquillit&eacute;) (Joseph, 1997, p.139).</p> <p>Les dispositifs de transport font ainsi partie int&eacute;grante d&rsquo;un espace public urbain, d&rsquo;un espace de repr&eacute;sentation r&eacute;gi par &laquo;&nbsp;un droit de regard&nbsp;&raquo;, o&ugrave; sont cependant pr&eacute;serv&eacute;es des zones d&rsquo;opacit&eacute; permettant au citadin de ne pas empi&eacute;ter &laquo;&nbsp;sur le domaine d&rsquo;autrui&nbsp;&raquo; (S&eacute;minaire de r&eacute;flexion Isaac Joseph, 2007, p.4), permettant &laquo;&nbsp;aux &eacute;tranget&eacute;s de ne pas avoir &agrave; d&eacute;cliner leur identit&eacute;&nbsp;&raquo; (Jamar, 2014, p.158). Isaac Joseph (1997, p.135-137 ; 1999, p.103) souligne l&rsquo;importance de la norme de &laquo;&nbsp;l&rsquo;inattention civile&nbsp;&raquo;, d&eacute;finie comme suit par &nbsp;Goffman (1963, trad.2013)&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Une premi&egrave;re personne donne &agrave; une seconde personne suffisamment d&rsquo;informations visuelles pour lui montrer qu&rsquo;elle a reconnu sa pr&eacute;sence (et cette derni&egrave;re admet ouvertement l&rsquo;avoir vue), mais l&rsquo;instant suivant, elle retire son attention afin de signifier que cette seconde personne ne constitue pas une cible particuli&egrave;re de curiosit&eacute; ou ne fait pas partie de ses plans&raquo;&nbsp;(Goffman, 1963, trad.2013, p. 74).</p> </blockquote> <p>L&rsquo;usager des gares d&eacute;veloppe des comp&eacute;tences d&rsquo;appartenance, de &laquo;&nbsp;membre&nbsp;&raquo;, des ethnom&eacute;thodes (Garfinkel, 2007 ; Fornel &amp; Qu&eacute;r&eacute;, 1999; Thibaud, 2002), mais aussi des comp&eacute;tences de rassemblement (Joseph, 1997, p.136 ; Goffman, 1963, trad.2013) en accordant, par exemple, sa confiance &laquo;&nbsp;&agrave; un collectif suppos&eacute; comp&eacute;tent&nbsp;&raquo;, dot&eacute; &laquo;&nbsp;d&rsquo;un pouvoir de r&eacute;gulation de l&rsquo;activit&eacute;&nbsp;&raquo;, ce qui lui procure &laquo;&nbsp;un droit &agrave; la distraction&nbsp;&raquo; (Joseph, 1999, p.7).</p> <h4>Vers une accessibilit&eacute; individuelle, pratique et cognitive, cens&eacute;e produire une &laquo;&nbsp;hybridation culturelle&nbsp;&raquo;</h4> <p>Isaac Joseph souligne l&rsquo;importance des &laquo;&nbsp;indices&nbsp;de toutes sortes avec lesquels l&rsquo;usager des transports peut interagir&nbsp;&raquo;, non seulement dans les conduites des personnes pr&eacute;sentes, mais aussi dans &laquo;&nbsp;les espaces, le mobilier urbain, ou les &eacute;quipements, et objets techniques&nbsp;&raquo;, qui doivent proposer des &laquo;&nbsp;prises&nbsp;&raquo; ou&nbsp;&laquo;affordances&nbsp;&raquo; (Gibson, 1967) d&eacute;finies comme &laquo;&nbsp;disponibilit&eacute;s pratiques dans un contexte et une activit&eacute; donn&eacute;s&nbsp;&raquo; (Joseph, 1997, p.134). L&rsquo;usager anonyme, le voyageur, &eacute;volue d&eacute;sormais dans un univers d&rsquo;intelligence distribu&eacute;e, avec des affordances vari&eacute;es, offertes &agrave; une &laquo;&nbsp;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; rassembl&eacute;e des populations&nbsp;&raquo;, mais sans &laquo;&nbsp;diff&eacute;rentialisme culturaliste&nbsp;&raquo; (Joseph, 1997, p.139).</p> <p>Cependant, Isaac Joseph, en insistant sur l&rsquo;activit&eacute; situ&eacute;e du voyageur individuel, met progressivement l&rsquo;accent sur la dimension cognitive de cet environnement, &laquo;&nbsp;qui permet de cadrer l&rsquo;exp&eacute;rience du d&eacute;placement et de la rendre confortable sur les plans cognitif et pratique&nbsp;&raquo; (ibid. p.135). L&rsquo;accessibilit&eacute; est physique et cognitive, plut&ocirc;t que sociale (Clot-Goudard &amp; Tillous, 2008, p.123). L&rsquo;environnement de &laquo;&nbsp;cognition distribu&eacute;e&nbsp;&raquo; (Hutchins, 1994) lib&egrave;re l&rsquo;usager de contraintes attentionnelles, cette &eacute;conomie cognitive le rendant disponible pour d&rsquo;autres activit&eacute;s et interactions. Mais, au sein de ces espaces r&eacute;gis par des interactions minimales entre individus, cette &laquo;&nbsp;hybridation culturelle&nbsp;&raquo;, ce &laquo;&nbsp;mixage culturel des mani&egrave;res de faire et de parler&nbsp;&raquo; (Joseph, 1997, p.137) ne risquent-ils pas de se r&eacute;duire &agrave; des h&eacute;t&eacute;rogen&egrave;ses superficielles, au prix de la n&eacute;gation des appartenances ?</p> <h4>Des lieux mobiles &agrave; la soci&eacute;t&eacute; de la mobilit&eacute;</h4> <p>Consid&eacute;r&eacute;s auparavant comme des lieux &laquo;&nbsp;en creux&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;non-lieux&nbsp;&raquo; (Aug&eacute;, 1992), (et des temps &laquo;&nbsp;morts&nbsp;&raquo;), ces espaces temporaires de co-pr&eacute;sence, &agrave; la conjonction du circuler et de l&rsquo;habiter, sont requalifi&eacute;s comme des &laquo;&nbsp;lieux de mobilit&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;: lieux d&rsquo;activit&eacute;, lieux de vie, habitats temporaires. Ariane Verderosa (2004) d&eacute;finit le train comme &laquo;&nbsp;un h&eacute;bergement provisoire&nbsp;&raquo;, &laquo; une soci&eacute;t&eacute; en miniature, momentan&eacute;ment transhumante, enferm&eacute;e dans un huis clos temporaire &raquo;. Compte tenu de l&rsquo;augmentation massive du volume de d&eacute;placements de toutes sortes, de leur &eacute;talement horaire, du temps pass&eacute; en transport<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a>, ces espaces collectifs sont red&eacute;ploy&eacute;s et r&eacute;nov&eacute;s (les trains, les Transports Collectifs en Site Propre, et en particulier les tramways qui s&rsquo;implantent en France depuis les ann&eacute;es 2000, les gares).</p> <p>La mobilit&eacute;, souvent v&eacute;cue comme une contrainte, une obligation conditionnant l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;emploi (Orfeuil, 2010, p.11) est aussi un droit, dont sont encore souvent exclues, avec la m&eacute;tropolisation, les populations rurales. C&rsquo;est d&eacute;sormais une activit&eacute; sociale ordinaire pour un grand nombre de Fran&ccedil;ais. La mobilit&eacute; g&eacute;ographique est aussi cognitive et normative&nbsp;: elle &laquo;&nbsp;fait advenir une soci&eacute;t&eacute; &agrave; individus mobiles et proc&egrave;de &agrave; une recomposition des pratiques et des valeurs assign&eacute;es aux lieux g&eacute;ographiques&nbsp;&raquo; (Stock, 2004, p.1). Elle se caract&eacute;rise par &laquo;&nbsp;des pratiques associ&eacute;es &agrave; des lieux distincts du lieu de r&eacute;sidence [&hellip;] n&eacute;cessitant des circulations entre un grand nombre de lieux&nbsp;&raquo; (ibid.).</p> <p>Des lieux, aux pratiques, puis aux individus, c&rsquo;est alors dans une nouvelle norme, voire un nouveau &laquo;&nbsp;paradigme de la mobilit&eacute;&nbsp;&raquo;, d&eacute;clin&eacute; dans toutes ses dimensions, du lieu-temps &agrave; la personne (munie d&rsquo;un smartphone, connect&eacute;e), &agrave; la vie, &agrave; la ville (Amar, 2016) que la conception de ces nouveaux am&eacute;nagements s&rsquo;inscrit. La mobilit&eacute; est un droit, une comp&eacute;tence, mais aussi une exp&eacute;rience ; c&rsquo;est un mode de vie ; c&rsquo;est la qualit&eacute; d&rsquo;un territoire. Georges Amar nous invite &agrave; repenser les cat&eacute;gories modales classiques. Par exemple, le transport public n&rsquo;est pas seulement collectif. Avec l&rsquo;offre de v&eacute;los en location, c&rsquo;est le TPI (Transport Public Individuel) qui se d&eacute;ploie.</p> <p>D&rsquo;apr&egrave;s Georges Amar, la valeur de la mobilit&eacute; est la &laquo;&nbsp;reliance&nbsp;&raquo;, la cr&eacute;ation &laquo;&nbsp;de liens et d&rsquo;opportunit&eacute;s&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;de relations f&eacute;condes&nbsp;&raquo;. Le vrai voyage, c&rsquo;est la rencontre. Mais qu&rsquo;en est-il dans les pratiques quotidiennes des usagers&nbsp;?</p> <h4>Les lieux de mobilit&eacute; comme espaces fonctionnels, comme lieux de rencontre ou comme territoires de socialisation ?</h4> <p>Ont ainsi &eacute;t&eacute; d&eacute;gag&eacute;es &agrave; grands traits, et mises en tension, dans les propos qui pr&eacute;c&egrave;dent, diff&eacute;rentes conceptions de l&rsquo;accessibilit&eacute;, et des dispositifs de mobilit&eacute;, privil&eacute;giant tour &agrave; tour certaines dimensions&nbsp;: cognitive, individuelle et interactive ; culturelle, interactionnelle, exp&eacute;rientielle ; sociale, territoriale. En tant qu&rsquo;espaces potentiels, ils favorisent l&rsquo;autonomie individuelle et la r&eacute;gulation de ses activit&eacute;s par l&rsquo;usager mobile ; ils le prot&egrave;gent tout en lui donnant la possibilit&eacute; de rencontres et d&rsquo;exp&eacute;riences nouvelles ; ils le socialisent en lui permettant de s&rsquo;approprier un territoire et de s&rsquo;int&eacute;grer dans une collectivit&eacute;.</p> <p>Un espace fonctionnel interagit avec un individu cognitif, mobile et situ&eacute;, et vise &agrave; &laquo;&nbsp;lisser&nbsp;&raquo; son parcours, &agrave; effacer toute rugosit&eacute; dans un environnement &laquo;&nbsp;intelligent&nbsp;&raquo; et intermodal, standardis&eacute; et personnalisable, afin que chacun puisse circuler tout en se livrant &agrave; ses activit&eacute;s.</p> <p>Une conception diff&eacute;rente met l&rsquo;accent sur la dimension de co-pr&eacute;sence a-territoriale, qui caract&eacute;rise les espaces publics denses. L&rsquo;usager &eacute;tant vuln&eacute;rable, il doit &ecirc;tre prot&eacute;g&eacute; par un ensemble de r&egrave;gles lui garantissant une hospitalit&eacute; minimale, &laquo;&nbsp;contre le risque d&rsquo;une cl&ocirc;ture communautaire ou privative&nbsp;&raquo; (Stavo-Debauge, 2003, p.8). Mais cette &laquo;&nbsp;normativit&eacute; g&eacute;n&eacute;rique&nbsp;&raquo; de l&rsquo;espace public le constitue &eacute;galement comme &laquo;&nbsp;alt&eacute;rable&nbsp;&raquo; (ibid.). La co-existence peut &ecirc;tre aussi une source de trouble, engageant l&rsquo;acteur social &laquo;&nbsp;dans des processus d&rsquo;interpr&eacute;tation, d&rsquo;intervention et de r&eacute;paration&nbsp;&raquo;, qui &laquo;&nbsp;t&eacute;moignent de sa cr&eacute;ativit&eacute;&nbsp;&raquo; (S&eacute;minaire de r&eacute;flexion Isaac Joseph, 2007, p.2). En poursuivant cette id&eacute;e, si l&rsquo;on veut favoriser l&rsquo;&eacute;mergence de nouveaux usages, d&rsquo;exp&eacute;riences diversifi&eacute;es et de &laquo;&nbsp;rencontres avec de l&rsquo;&eacute;tranget&eacute;&nbsp;&raquo;, il faut alors renforcer &laquo;&nbsp;cette exposition aux troubles&nbsp;&raquo; (Stavo-Debauge, 2003, p.8), introduire des &laquo;&nbsp;possibilit&eacute;s d&rsquo;accident de mobilit&eacute;&nbsp;&raquo;, des asp&eacute;rit&eacute;s au sein des espaces lisses, des zones d&rsquo;ombre dans leur visibilit&eacute;, des stases au milieu des flux, des discontinuit&eacute;s, des &laquo;zones floues&nbsp;&raquo; qui ne soient pas seulement protectrices (Jamar, 2014, p.155-157).</p> <p>Mais l&rsquo;on peut aussi privil&eacute;gier la dimension &laquo;&nbsp;habitante&nbsp;&raquo; de ces dispositifs, leurs inscriptions territoriales, et leur redonner de l&rsquo;&eacute;paisseur sociale en les consid&eacute;rant comme des lieux &laquo;&nbsp;de formation et d&rsquo;ancrage d&rsquo;une collectivit&eacute;&nbsp;&raquo; (Clot-Goudard &amp; Tillous, 2008, p.123). La fr&eacute;quentation des transports collectifs est alors appr&eacute;hend&eacute;e comme &laquo;&nbsp;un processus d&rsquo;int&eacute;gration dans la collectivit&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;le voyageur est d&rsquo;abord &eacute;tranger au territoire du r&eacute;seau, puis il se l&rsquo;approprie progressivement en m&ecirc;me temps qu&rsquo;il s&rsquo;int&egrave;gre dans la collectivit&eacute;&nbsp;&raquo; (ibdi. p.124). Devaux &amp; Oppenchaim, (2012, p.4) pr&eacute;cisent que la mobilit&eacute; est une exp&eacute;rience socialisante pour les jeunes, pour autant qu&rsquo;ils parviennent &agrave; ma&icirc;triser d&rsquo;autres codes que ceux de leur milieu r&eacute;sidentiel. Mais alors la mobilit&eacute; devient la capacit&eacute; &agrave; assumer &laquo;&nbsp;des identit&eacute;s plurielles&nbsp;&raquo; (Lahire, 1998), &agrave; ma&icirc;triser une pluralit&eacute; de codes, en fonction des espaces fr&eacute;quent&eacute;s, qui restent encore fragment&eacute;s.&nbsp;</p> <h4><a id="t3"></a>PROJET ET DISPOSITIF DE RECHERCHE&nbsp;: AFFORDANCES INTERACTIONNELLES, PRATIQUES RELATIONNELLES, PROCESSUS COMMUNICATIONNELS</h4> <p>Notre projet de recherche vise &agrave; comprendre le sens donn&eacute;, principalement par des usagers navetteurs<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a>, &agrave; leur pratique de ces lieux mobiles, et plus largement, &agrave; leur mobilit&eacute;. Nous nous concentrerons dans cet article, sur l&rsquo;analyse de pratiques relationnelles des usagers, pour d&eacute;gager diff&eacute;rents modes d&rsquo;engagement vers autrui, au quotidien, dans ces lieux mobiles.</p> <p>Tels qu&rsquo;ils sont pens&eacute;s par les chercheurs et/ou les am&eacute;nageurs, ces dispositifs sont dot&eacute;s d&rsquo;une agentivit&eacute;&nbsp;: ils sont cens&eacute;s contraindre &agrave; la cohabitation avec autrui, en favorisant l&rsquo;accueil de l&rsquo;&eacute;tranger, mais aussi une mixit&eacute; sociale propice aux rencontres. Mais nous ne mobilisons pas &laquo;&nbsp;a priori&nbsp;&raquo; les apports conceptuels qui pr&eacute;c&egrave;dent, concernant les dispositifs tels qu&rsquo;ils sont &laquo;&nbsp;pens&eacute;s&nbsp;&raquo; par les sociologues urbains et am&eacute;nageurs. L&rsquo;enqu&ecirc;te de terrain empirique nous conduit d&rsquo;abord &agrave; relever les types d&rsquo;interactions qui sont propos&eacute;s par ces lieux de mobilit&eacute;, puis &agrave; observer et questionner ces diff&eacute;rentes interactions, telles qu&rsquo;elles se manifestent au quotidien.</p> <p>Des dispositifs prescripteurs de quelles interactions sociales ?</p> <p>Nous cherchons &agrave; comprendre en quoi et comment l&rsquo;am&eacute;nagement fonctionnel de ces espaces est porteur d&rsquo;une performativit&eacute; sociale (De Lavergne &amp; Heid, 2012). En effet, les relations entre usagers s&rsquo;incarnent dans des dispositifs r&eacute;nov&eacute;s, porteurs de normes de fonctionnement, et prescripteurs d&rsquo;usages renouvel&eacute;s. Il nous importe donc d&rsquo;observer empiriquement de quels types d&rsquo;interaction ces espaces sont concr&egrave;tement prescripteurs ou facilitateurs. Nous proposons d&rsquo;appr&eacute;hender le dispositif &laquo;&nbsp;au repos&nbsp;&raquo;, comme un op&eacute;rateur stabilisant, prescripteur, proposant certaines actions et interactions, des &laquo;affordances&nbsp;&raquo; et en contraignant d&rsquo;autres (Gibson, 1967; Norman, 1988).</p> <h4>Des prescriptions aux interactions entre usagers</h4> <p>Cependant, les usagers ne se conforment pas tout bonnement &agrave; ces &laquo;&nbsp;scripts&nbsp;&raquo; (Akrich, 1993), &agrave; cette prox&eacute;mie (Hall, 1971) inscrits dans le dispositif, ils peuvent aussi improviser d&rsquo;autres usages non pr&eacute;vus. Les &laquo;affordances&nbsp;&raquo; cadrent des possibilit&eacute;s d&rsquo;interactions. Encore faut-il que celles-ci soient per&ccedil;ues comme telles par les usagers, (Norman, 1988 ; Bardini, 1996), et qu&rsquo;ils s&rsquo;en emparent, en situation. Il s&rsquo;agit donc ici d&rsquo;observer et de d&eacute;crire les interactions entre usagers, au sein de ces lieux mobiles.</p> <h4>Des interactions minimales aux processus communicationnels</h4> <p>Enfin, ces pratiques relationnelles peuvent &ecirc;tre envisag&eacute;es sous diff&eacute;rentes dimensions. L&rsquo;ethnom&eacute;thodologie les lit comme des accomplissements pratiques, routiniers, concourant &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une performance collective, ainsi qu&rsquo;&agrave; la re-production d&rsquo;un ordre macro-social (Garfinkel, 2007 ; Thibaud, 2002). Les agents sont dot&eacute;s de comp&eacute;tences de &laquo;&nbsp;membres&nbsp;&raquo; de ces dispositifs, et construisent ensemble, dans l&rsquo;action, une r&eacute;alit&eacute; intersubjective de sens commun. Ils ma&icirc;trisent aussi des comp&eacute;tences de rassemblement (Goffman, 1963, trad.2013), en adoptant des conduites appropri&eacute;es tout en pr&eacute;servant leur &laquo;&nbsp;face&nbsp;&raquo;. Les interactions &laquo;&nbsp;non focalis&eacute;es&nbsp;&raquo; (Goffman, 1963, trad. 2013, p.24), non verbales et para-verbales, se manifestent au moyen &laquo;&nbsp;d&rsquo;idiomes corporels&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;signes expressifs incarn&eacute;s&nbsp;&raquo; (ibid. p. 32). Mais, une fois les usagers, &laquo;&nbsp;install&eacute;s&nbsp;&raquo; dans ces espaces transitoires, &laquo;&nbsp;l&rsquo;engagement dominant&nbsp;&raquo; est &agrave; venir&nbsp;: il s&rsquo;agit de satisfaire &agrave; des obligations sociales en arrivant &agrave; temps et sans encombres au lieu de destination. Ils peuvent donc se livrer individuellement &agrave; des &laquo;&nbsp;engagements principaux&nbsp;&raquo;, plus ou moins prenants (ibid. p.45).</p> <p>C&rsquo;est donc &agrave; ces modes d&rsquo;engagement des acteurs dans les dispositifs, et &agrave; leurs manifestations dans les interactions sociales que nous nous int&eacute;ressons. Se situant dans le champ des SIC notre approche doit, de notre point de vue, prendre en compte des processus d&rsquo;individuation dans l&rsquo;activit&eacute;. Nous nous int&eacute;ressons non seulement aux processus menant &agrave; l&rsquo;intercompr&eacute;hension et &agrave; l&rsquo;intelligence collective, mais aussi aux diff&eacute;rentes d&eacute;finitions d&rsquo;une m&ecirc;me situation par des acteurs pluriels, qui peuvent les amener &agrave; n&eacute;gocier la cohabitation, &agrave; s&rsquo;ouvrir &agrave; l&rsquo;autre, ou au contraire les conduire &agrave; l&rsquo;incompr&eacute;hension, voire au conflit ou au rejet de l&rsquo;autre.</p> <h4>Terrain et dispositif d&rsquo;enqu&ecirc;te</h4> <p>Nous menons, depuis 2007, une &eacute;tude de terrain portant sur les interactions dans les Trains Express R&eacute;gionaux (TER) en Languedoc, en provenance ou &agrave; destination de Montpellier, ainsi que dans les tramways de Montpellier.</p> <p>Notre travail de recherche empirique et inductif mobilise, de fa&ccedil;on interactive et non s&eacute;quentielle, le recueil documentaire des rapports et communications r&eacute;alis&eacute;s par les transporteurs et les collectivit&eacute;s, la participation observante, et la conduite d&rsquo;entretiens. Nous tentons de d&eacute;gager, &agrave; partir de nos corpus, diff&eacute;rentes cat&eacute;gories de processus de communication, sans les construire a priori. Nous pouvons mobiliser ensuite, le cas &eacute;ch&eacute;ant, diff&eacute;rents &eacute;clairages th&eacute;oriques, pour confronter des pratiques prescrites par les dispositifs, des pratiques effectives des usagers, et des pratiques imagin&eacute;es par les penseurs et concepteurs.</p> <p>Le dispositif de recueil, d&rsquo;inspiration ethnom&eacute;thodologique, privil&eacute;gie la participation observante et l&rsquo;observation participante. En tant que membre, et praticienne-chercheure de ces dispositifs, nous accordons une attention particuli&egrave;re &agrave; la double d&eacute;marche d&rsquo;immersion et de distanciation requise par cette posture de recherche. Cette distanciation s&rsquo;effectue par l&rsquo;observation syst&eacute;matique, gr&acirc;ce &agrave; la diversification des pratiques routini&egrave;res du chercheur, qui doit &eacute;duquer son regard pour varier les points de vue. Nous tentons de porter attention aux d&eacute;tails (Kohn, 1998; Peneff, 2009; Piette, 1996) avec l&rsquo;aide d&rsquo;un carnet de bord et de prises de photographies.</p> <p>Ces observations nous permettent de d&eacute;crire les dispositifs &laquo;&nbsp;au repos&nbsp;&raquo;, et de relever leurs affordances. Nous mettons &agrave; profit pour cela des &laquo;&nbsp;moments&nbsp;&raquo; pendant lesquels ces lieux mobiles sont peu fr&eacute;quent&eacute;s, voire quasiment d&eacute;serts. En situation de fr&eacute;quentation normale ou intense, dans la lign&eacute;e de l&rsquo;ethnom&eacute;thodologie, nous sommes attentive &agrave; tous les micro-incidents quotidiens, comme r&eacute;v&eacute;lateurs de normes sous-jacentes, mais aussi de distorsions possibles entre diff&eacute;rents modes d&rsquo;engagement dans une situation.</p> <p>Nous pouvons mettre en relation, au moyen d&rsquo;entretiens, certains gestes signifiants des acteurs, avec des descriptions de pratiques, et du sens qu&rsquo;elles rev&ecirc;tent pour eux. Il nous faut toutefois rester vigilante, car les personnes interview&eacute;es ne sont majoritairement pas les m&ecirc;mes que celles que nous avons observ&eacute;es. Nous mobilisons pour cela, les techniques d&rsquo;entretien d&rsquo;explicitation (Vermersch, 2006), en nous concentrant sur les domaines de verbalisation de la r&eacute;alit&eacute; agie, sur les plans proc&eacute;dural, sensoriel et &eacute;motionnel. Nous avons &eacute;galement recours &agrave; la technique du &laquo;&nbsp;sketchmap&nbsp;&raquo;, qui consiste &agrave; demander &agrave; l&rsquo;interview&eacute; de dessiner &agrave; main lev&eacute;e, hors de l&rsquo;espace concern&eacute;, ses connaissances spatiales sous forme d&rsquo;un plan (Lynch, 1999).</p> <h4><a id="t4"></a>PRESCRIPTIONS SOCIALES ET AFFORDANCES INTERACTIONNELLES DES DISPOSITIFS DE MOBILIT&Eacute;</h4> <p>Il faut souligner l&rsquo;ampleur consid&eacute;rable des am&eacute;nagements et r&eacute;novations de ces dispositifs, en R&eacute;gion et en m&eacute;tropole. Nous r&eacute;capitulons succinctement les &eacute;tapes de ces actions. Une prescription sociale majeure peut &ecirc;tre relev&eacute;e&nbsp;: le design de ces lieux mobiles les institue comme vitrines d&rsquo;une identit&eacute; territoriale, symboles de r&eacute;novation urbaine et d&rsquo;accessibilit&eacute; sociale. Mais la diversification fonctionnelle des espaces red&eacute;finit aussi les services propos&eacute;s comme des offres d&rsquo;activit&eacute;s individualis&eacute;es, des affordances interactionnelles diversifi&eacute;es s&rsquo;adressant &agrave; des individus mobiles et connect&eacute;s.</p> <p>La m&eacute;tropole &laquo;&nbsp;Montpellier M&eacute;diterran&eacute;e&nbsp;&raquo;, et la R&eacute;gion sont toutes deux les autorit&eacute;s organisatrices des transports en commun, pour les territoires desservis. Elles en confient respectivement par d&eacute;l&eacute;gation l&rsquo;exploitation &agrave; la TaM (en partenariat avec Transdev), et &agrave; la SNCF.</p> <p>La m&eacute;tropole &laquo;&nbsp;Montpellier M&eacute;diterran&eacute;e&nbsp;&raquo;&nbsp; regroupe 31 communes, et compte 434 309 habitants, dont 272&nbsp;345 pour la ville de Montpellier. Elle est dot&eacute;e d&rsquo;une forte population &eacute;tudiante&nbsp;: 50% de sa population a moins de 34 ans, et exerce une forte attractivit&eacute; puisqu&rsquo;elle accueille chaque mois plus de 300 arrivants&nbsp;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a>. Compte tenu de cette pression d&eacute;mographique, la croissance urbaine est orient&eacute;e &laquo;&nbsp;vers des zones accessibles aux transports publics&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;84 stations de tramway permettent de desservir 45 % des emplois et 50 % de la population&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref">[4]</a>. L&rsquo;accessibilit&eacute; sociale est ainsi mise en avant pour les habitants, notamment aux personnes &agrave; mobilit&eacute; r&eacute;duite, suivie de la protection de l&rsquo;environnement. Mais le tramway est aussi d&eacute;fini comme un outil de &laquo;&nbsp;r&eacute;novation urbaine&nbsp;&raquo;, de &laquo;&nbsp;la transformation des quartiers&nbsp;&raquo;, favorisant &laquo;&nbsp;la coh&eacute;sion sociale entre les quartiers&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref">[5]</a>.</p> <p>Apr&egrave;s les lignes 1 et 2, dont le design a &eacute;t&eacute; con&ccedil;u par Garouste et Bonetti, deux nouvelles lignes dessin&eacute;es par Christian Lacroix ont &eacute;t&eacute; inaugur&eacute;es en 2012. Quatre lignes de tramway &laquo;&nbsp;innervent le territoire&nbsp;&raquo;, dans une logique de &laquo;&nbsp;r&eacute;seau en &eacute;toile&nbsp;&raquo;, en se croisant devant la gare<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref">[6]</a>. En 2013, leurs fr&eacute;quentations moyennes respectives &eacute;taient de 120 000 voyageurs par jour pour la ligne 1, de 51&nbsp;000 pour la ligne 2, de 59&nbsp;000 pour la ligne 3 et de 20&nbsp;000 pour la ligne 4<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn7" id="ftnref7" name="_ftnref">[7]</a>. Le projet de construction d&rsquo;une cinqui&egrave;me ligne, un temps suspendu, est relanc&eacute;, avec la constitution d&rsquo;un collectif citoyen.</p> <p>Le territoire de la nouvelle grande R&eacute;gion, d&eacute;sormais nomm&eacute;e &laquo;&nbsp;Occitanie / Pyr&eacute;n&eacute;es-M&eacute;diterran&eacute;e&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref">[8]</a>&nbsp;a accueilli, en 2014, 20,8 millions de voyageurs par an, soit une fr&eacute;quentation en hausse de 60 % par rapport &agrave; celle de 2002<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn9" id="ftnref9" name="_ftnref">[9]</a>. Du 21 avril au 7 juillet 2016, se sont tenus les &laquo;&nbsp;&Eacute;tats G&eacute;n&eacute;raux de l&rsquo;Intermodalit&eacute;&nbsp;&raquo;, proposant des r&eacute;unions publiques et un questionnaire en ligne. Le plan de r&eacute;novation des Trains Express R&eacute;gionaux (TER) a pris de l&rsquo;ampleur &agrave; partir de 2006, avec l&rsquo;acquisition de 25 Autorails de grande capacit&eacute; dits AGC (ou ZGC dans leur version &eacute;lectrique) Bombardier, en compl&eacute;ment des 21 d&eacute;j&agrave; acquis. Les rames de type Z2 et les voitures Corail ont &eacute;t&eacute; progressivement r&eacute;nov&eacute;es.</p> <h4>La construction d&rsquo;une identit&eacute; territoriale&nbsp;par les lieux mobiles</h4> <p>Ce sont dor&eacute;navant les lieux mobiles qui constituent l&rsquo;identit&eacute; visuelle, l&rsquo;image et la notori&eacute;t&eacute; d&rsquo;une ville ou d&rsquo;un territoire d&eacute;clin&eacute; &agrave; partir de la mobilit&eacute;, en convergence avec les perspectives trac&eacute;es par Georges Amar. Ces objets spatiaux visibles, par tous, et pratiqu&eacute;s au quotidien, constituent d&eacute;sormais un cadre de r&eacute;f&eacute;rence commun, valorisant et valoris&eacute;, cens&eacute; fonder, par l&rsquo;exp&eacute;rience, la fiert&eacute; d&rsquo;une appartenance territoriale commune, et susceptible de produire du lien social (Fourny, 2008). Les tramways de Montpellier, sont une attraction touristique, un &laquo;&nbsp;lieu&nbsp;&raquo; &agrave; visiter&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn10" id="ftnref10" name="_ftnref">[10]</a>, des objets-affiches- &eacute;v&eacute;nements de marketing territorial, comme en t&eacute;moigne, par exemple, l&rsquo;apparition du tramway rose &laquo;&nbsp;French Tech&nbsp;&raquo;, suite &agrave; la labellisation de Montpellier.</p> <p>Gr&acirc;ce &agrave; la pr&eacute;sence de vitres panoramiques, le s&eacute;jour dans ces transports renouvelle l&rsquo;appartenance au territoire. Le tramway est une vitrine, qui donne &agrave; voir la ville comme un spectacle. Nos observations ont recueilli de nombreuses manifestations de cet effet. Un couple de touristes regarde par la vitre du tramway de la ligne 1. L&rsquo;homme dit &agrave; sa compagne &laquo;&nbsp;c&rsquo;est joli, Montpellier&nbsp;&raquo;, et tous les regards avoisinants se reportent vers le paysage urbain. &raquo;. Un passager d&eacute;signe &agrave; un coll&egrave;gue ou voisin une rue dans laquelle il a auparavant s&eacute;journ&eacute;. Une interview&eacute;e nous dit &laquo;&nbsp;dans le train je me place du c&ocirc;t&eacute; o&ugrave; je peux voir la mer&nbsp;&raquo;. Le voyage dans l&rsquo;espace est aussi un voyage dans le temps. Une interview&eacute;e nous dit &laquo;&nbsp;je regarde quand le train passe &agrave; proximit&eacute; d&rsquo;un village o&ugrave; j&rsquo;ai habit&eacute;&nbsp;&raquo;.</p> <p>La livr&eacute;e des trains est plus classique&nbsp;: l&rsquo;ensemble est progressivement pr&eacute;sent&eacute; aux couleurs de la r&eacute;gion&nbsp;: en rouge, jaune et gris. L&rsquo;int&eacute;rieur des voitures r&eacute;nov&eacute;es est &eacute;galement habill&eacute; de rouge&nbsp;: si&egrave;ges et rideaux. En t&ecirc;te des nouvelles rames de TER, l&rsquo;on peut lire l&rsquo;inscription &laquo;&nbsp;Vivre en Languedoc Roussillon&nbsp;&raquo;, dont on peut relever l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; : le train, d&eacute;sign&eacute; comme lieu de vie pour les citoyens mobiles de la r&eacute;gion, leur est-il r&eacute;serv&eacute; ? Ou est-il un moyen, pour des touristes ou &eacute;trangers, de s&rsquo;immerger dans la vie r&eacute;gionale ?</p> <p>Nous pouvons donc retrouver, dans le design de ces &eacute;quipements, certaines intentionnalit&eacute;s esquiss&eacute;es ci-dessus&nbsp;: celle de d&eacute;velopper une &laquo;&nbsp;adh&eacute;rence&nbsp;&raquo; au territoire ch&egrave;re &agrave; Isaac Joseph, mais aussi de valoriser et de promouvoir une identit&eacute; territoriale commune et de favoriser la socialisation par l&rsquo;appartenance au territoire (Clot-Goudard &amp; Tillous, 2008, p.123 ; Devaux &amp; Oppenchaim, 2012, p.4).</p> <h4>Mobilit&eacute; connect&eacute;e et individus mobiles&hellip;&eacute;quip&eacute;s et comp&eacute;tents</h4> <p>Les nouveaux trains TER et les tramways proposent un acc&egrave;s de plain pied, facilitateur pour les personnes &agrave; mobilit&eacute; r&eacute;duite, les voyageurs munis de bagages lourds, de poussettes ou de v&eacute;los. L&rsquo;orientation est facilit&eacute;e une signal&eacute;tique pluri-sensorielle&nbsp;: en particulier par des affichages digitaux et des messages sonores. Plus globalement, la mobilit&eacute; se manifeste comme un syst&egrave;me de connexion entre des individus et des &eacute;quipements. La facilitation d&rsquo;une mobilit&eacute; physique et cognitive, se fait au moyen de dispositifs num&eacute;riques implant&eacute;s dans le mobilier urbain, et d&rsquo;environnements num&eacute;riques auxquels se connectent des individus mobiles.</p> <p>Des environnements num&eacute;riques et applications mobiles facilitent l&rsquo;intermodalit&eacute; et la gestion de la cha&icirc;ne de d&eacute;placement. Une application mobile TER permet de rechercher les horaires de trains, mais aussi de &laquo;&nbsp;visualiser un parcours, porte &agrave; porte, quel que soit le mode de transport&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn11" id="ftnref11" name="_ftnref">[11]</a>. La TaM, &laquo;&nbsp;conseiller en mobilit&eacute;&nbsp;&raquo;, propose depuis le 23 mai 2016, un &laquo;&nbsp;espace mobilit&eacute;&nbsp;&raquo; en ligne, accessible &eacute;galement sur 10 bornes interactives, ainsi qu&rsquo;une nouvelle application mobile permettant de v&eacute;rifier &laquo;&nbsp;la disponibilit&eacute; des v&eacute;los en v&eacute;lostations, le nombre de places de parking disponibles, la disponibilit&eacute; des stations d&rsquo;autopartage&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn12" id="ftnref12" name="_ftnref">[12]</a>.</p> <p>Cette individualisation du d&eacute;placement se mat&eacute;rialise aussi par la disparition progressive des banquettes, tant dans les tramways que dans les trains. Aux banquettes traditionnelles des voitures coach Corail se substituent des si&egrave;ges individuels c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te. Il en est de m&ecirc;me dans les tramways. Les &eacute;quipements am&eacute;liorent le confort, mais canalisent aussi des usages en dissuadant les usagers d&rsquo;occuper deux places (position allong&eacute;e, sacs pos&eacute;s &agrave; c&ocirc;t&eacute; de soi&hellip;).</p> <p>L&rsquo;individu mobile est d&eacute;sormais &eacute;quip&eacute; d&rsquo;un smartphone, d&rsquo;une carte bleue (les automates dans les gares n&rsquo;acceptent pas de billets, les guichets sont ferm&eacute;s t&ocirc;t le matin et le soir). Il est cens&eacute; savoir se servir de diff&eacute;rents automates, lire les panneaux lumineux. Nos observations dans les gares ont relev&eacute; les difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par des personnes ne disposant pas de ces objets ou de ces comp&eacute;tences, &eacute;tant contraintes de demander l&rsquo;aide d&rsquo;autrui.</p> <h4>D&rsquo;un temps disponible &agrave; une offre d&rsquo;activit&eacute;s connect&eacute;es dans des espaces fonctionnels</h4> <p>Si l&rsquo;optimisation de la gestion des flux est encore une priorit&eacute;, elle se conjugue maintenant avec la revalorisation du temps de d&eacute;placement, auparavant consid&eacute;r&eacute; comme un temps mort. Le transporteur devient pourvoyeur d&rsquo;un temps utilisable, mais aussi d&rsquo;activit&eacute;s possibles pour occuper ce temps. Le flux doit pouvoir se combiner avec la stase. Le temps de d&eacute;placement devient un temps d&rsquo;activit&eacute; &agrave; part enti&egrave;re. La gare de Montpellier, r&eacute;nov&eacute;e, est am&eacute;nag&eacute;e avec des boutiques, des caf&eacute;s, des espaces dot&eacute;s de tables avec des prises &eacute;lectriques. Comme dans une centaine de gares, un piano est &agrave; la disposition du public depuis novembre 2014. L&rsquo;espace se red&eacute;finit comme un lieu de culture en accueillant des concerts, des expositions photographiques.</p> <p>Il s&rsquo;adapte aussi &agrave; de nouvelles normes d&rsquo;usage d&rsquo;objets connect&eacute;s. Le wifi gratuit est accessible dans certaines gares de la r&eacute;gion. La SNCF pr&eacute;voit que tous les trains, y compris les TER, soient connect&eacute;s au wifi pour fin 2016. Dans les nouveaux TER AGC, des prises &eacute;lectriques sont disponibles, dans les espaces sur&eacute;lev&eacute;s, sous les tablettes des si&egrave;ges en vis-&agrave;-vis. Dans les voitures Corail r&eacute;nov&eacute;es, elles sont accessibles pour toutes les places situ&eacute;es du c&ocirc;t&eacute; fen&ecirc;tre.</p> <p>Le matin, &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e et &agrave; la sortie de la gare, des journaux gratuits sont distribu&eacute;s aux voyageurs. Ces journaux sont &eacute;galement &agrave; disposition aux stations de tramway, soit par distribution, soit en acc&egrave;s libre. Cette offre marque aussi une continuit&eacute; d&rsquo;appartenance territoriale. L&rsquo;on peut d&rsquo;ailleurs retrouver ces journaux laiss&eacute;s sur les tablettes des trains ou les si&egrave;ges des trams. Dans une quinzaine de rames TER, la R&eacute;gion propose, apr&egrave;s la Lorraine, une biblioth&egrave;que num&eacute;rique d&rsquo;ouvrages courts, lisibles gratuitement en flashant les QRcodes coll&eacute;s sur les tablettes au dos des si&egrave;ges.<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn13" id="ftnref13" name="_ftnref">[13]</a></p> <p>Dans les tramways et les TER, la diversification fonctionnelle des espaces facilite la gestion de ces activit&eacute;s. Une plateforme de plain pied accueille les voyageurs munis d&rsquo;objets encombrants de toutes sortes. Dans les tramways, des repose-fesses apportent du confort tout en gagnant de la place. Dans les rames de TER, une vari&eacute;t&eacute; dans l&rsquo;agencement des niveaux et dans l&rsquo;am&eacute;nagement int&eacute;rieur sp&eacute;cifie des usages&nbsp;: garage &agrave; v&eacute;los, vestibule, salon ou salle &agrave; manger, bureau ou chambre... La rectilignit&eacute; et la sym&eacute;trie syst&eacute;matique sont abandonn&eacute;es. Des si&egrave;ges de formes diff&eacute;rentes sont ajout&eacute;s aux si&egrave;ges individuels en baquets (strapontin, banquette droite, banquette en arc de cercle). Enfin, certains des si&egrave;ges sont dispos&eacute;s perpendiculairement, et non dans le sens de la marche. L&rsquo;acc&egrave;s &agrave; une prise &eacute;lectrique devient progressivement une norme.</p> <h4><a id="t5"></a>DES PROPOSITIONS D&rsquo;INTERACTIONS AUX PRATIQUES RELATIONNELLES ORDINAIRES DES USAGERS</h4> <h5>La distribution cognitive et sociale d&rsquo;un ordre quotidien</h5> <p>Trains TER et tramways pr&eacute;sentent tous deux une particularit&eacute; commune&nbsp;: celle de la d&eacute;volution conjointe, aux agencements de l&rsquo;espace et aux usagers, du placement dans ces dispositifs, et de la gestion quotidienne de l&rsquo;ordre social. Il n&rsquo;y a pas de place pr&eacute;cise attribu&eacute;e par r&eacute;servation, ni de personnel pr&eacute;sent, pendant toute la dur&eacute;e du trajet, dans chaque voiture ou dans chaque module. Les contr&ocirc;leurs des tramways p&eacute;n&egrave;trent en groupe &agrave; un arr&ecirc;t dans la rame, et l&rsquo;immobilisent, contr&ocirc;lent les voyageurs et font sortir chaque personne qui ne pr&eacute;sente pas un ticket ou un abonnement valide. Leur r&ocirc;le de conseiller est donc tr&egrave;s restreint. Les &laquo;&nbsp;commerciaux &agrave; bord des trains&nbsp;&raquo;<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn14" id="ftnref14" name="_ftnref">[14]</a>&nbsp;doivent, non seulement contr&ocirc;ler les &laquo;&nbsp;clients&nbsp;&raquo;, mais veiller au confort et &agrave; la s&eacute;curit&eacute; des voyageurs. Ils circulent dans le train, renseignent les voyageurs et contr&ocirc;lent les op&eacute;rations d&rsquo;arr&ecirc;t et de d&eacute;part. Des agents de s&ucirc;ret&eacute; ferroviaire sont aussi maintenant pr&eacute;sents dans les gares ou dans les trains. Au sein des dispositifs, l&rsquo;ordre social &laquo;&nbsp;ordinaire&nbsp;&raquo; est donc cognitivement distribu&eacute; (Hutchins, 1994) par l&rsquo;am&eacute;nagement des espaces, inducteurs de normes sociales. Il est cependant aussi ren&eacute;goci&eacute; au quotidien.</p> <h4>Les accomplissements pratiques et les normes de civilit&eacute; ordinaire</h4> <p>Dans ces deux dispositifs (le tramway et les nouvelles rames de TER), les doubles portes, ainsi que les plateformes &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e facilitent le flux, &eacute;vitent la congestion. Il importe cependant que chacun se dirige rapidement vers la place qu&rsquo;il a choisie pour ne pas bloquer le flux et l&rsquo;installation des autres voyageurs &agrave; bord. Les utilisateurs, membres de ces dispositifs, ma&icirc;trisent des savoirs pratiques, des ethnom&eacute;thodes sp&eacute;cifiques (Garfinkel, 2001&nbsp;; 2007), qui leur permettent de se coordonner, sans y penser, dans des interactions non focalis&eacute;es, et quasiment sans &eacute;change verbal. Nos observations syst&eacute;matiques montrent que ces ethnom&eacute;thodes sont nombreuses, et qu&rsquo;elles int&egrave;grent des relations de politesse, voire d&rsquo;entraide, mobilisant des rituels d&rsquo;inattention civile &eacute;voqu&eacute;s plus haut (Goffman, 1963, trad.2013, p. 74). Ne pas s&rsquo;asseoir &agrave; c&ocirc;t&eacute; de quelqu&rsquo;un s&rsquo;il reste des doubles places vacantes, ne pas g&ecirc;ner le passage, respecter les &laquo;&nbsp;tours&nbsp;&raquo; d&rsquo;entr&eacute;e et de sortie, &eacute;viter le contact et ajuster sa distance &agrave; l&rsquo;autre (Hall, 1971), manifester sans &eacute;change verbal &agrave; son voisin que l&rsquo;on va descendre &agrave; la prochaine station, tenir la poign&eacute;e et maintenir ouverte la porte &agrave; fermeture automatique pour la personne suivante, par exemple, sont des normes de comportement majoritairement respect&eacute;es (De Lavergne, 2013, p.295-297). Ces rituels, mobilisant des gestes et des idiomes corporels, constituent des accomplissements pratiques permettant d&rsquo;&eacute;viter ou de limiter les interactions verbales, et d&rsquo;assumer collectivement la co-pr&eacute;sence dans ces dispositifs.</p> <h5>Les rituels positifs et les &eacute;changes confirmatifs</h5> <p>La ma&icirc;trise de comp&eacute;tences se manifeste aussi, par exemple, dans l&rsquo;action de pousser un piston pour maintenir en position ouverte la porte int&eacute;rieure d&rsquo;une voiture TER, en facilitant ainsi la sortie d&rsquo;un autrui &laquo;&nbsp;n&rsquo;importe qui&nbsp;&raquo; (Mead, 2006)&nbsp;: tous ceux qui doivent descendre. Ce geste va au-del&agrave; de la politesse &eacute;l&eacute;mentaire et t&eacute;moigne de la conscience d&rsquo;une communaut&eacute; d&rsquo;appartenance. Nous avons &eacute;galement fr&eacute;quemment observ&eacute;, au sein des tramways et des TER, l&rsquo;action de presser, de l&rsquo;int&eacute;rieur, sur le bouton d&rsquo;ouverture de la porte d&rsquo;acc&egrave;s, pour diff&eacute;rer la fermeture et permettre &agrave; un usager retardataire (un autrui anonyme) de p&eacute;n&eacute;trer en urgence. Ce &laquo;&nbsp;rituel positif&nbsp;&raquo; est g&eacute;n&eacute;ralement suivi d&rsquo;une &laquo;&nbsp;manifestation de gratitude&nbsp;&raquo; dans un &laquo;&nbsp;&eacute;change confirmatif&nbsp;&raquo; (Goffman, 1973, p.74-76). Une sollicitude particuli&egrave;re est manifeste envers une personne &acirc;g&eacute;e, &agrave; laquelle on c&egrave;de spontan&eacute;ment sa place, si celle-ci ne la revendique pas (Gayet-Viaud, 2006, p.64). Les b&eacute;b&eacute;s dans leur poussette font aussi l&rsquo;objet d&rsquo;attentions spontan&eacute;es, quel que soit l&rsquo;&acirc;ge des personnes co-pr&eacute;sentes (ibid.). Nous avons observ&eacute; des adolescents et des &eacute;tudiants ramasser et restituer un jouet, une peluche, un chausson, redresser une capuche. La connaissance des lieux et des itin&eacute;raires permet aussi de renseigner un inconnu, dans &laquo;&nbsp;un engagement de face&nbsp;&raquo; (Goffman, 1963, trad.2013, p. 113), sur son parcours, si celui-ci en manifeste la demande, sans que celle-ci soit n&eacute;cessairement formul&eacute;e dans un langage verbal. Nous avons observ&eacute; que des &eacute;trangers &agrave; ces dispositifs ma&icirc;trisent des comp&eacute;tences de rassemblement qui leur donnent la capacit&eacute; de s&rsquo;int&eacute;grer dans le dispositif de co-pr&eacute;sence, soit en se fondant dans la masse, soit &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; en manifestant leur incomp&eacute;tence. Par exemple un couple de personnes &acirc;g&eacute;es issu d&rsquo;une zone rurale s&rsquo;assied imm&eacute;diatement tout pr&egrave;s de la sortie ; &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; une dame marocaine dit &agrave; un jeune voisin qu&rsquo;elle ne prend jamais le train, puis qu&rsquo;elle ne sait pas lire, et lui demande d&rsquo;indiquer l&rsquo;arr&ecirc;t de Montpellier (De Lavergne, 2013, p.298).&nbsp;</p> <h5>L&rsquo;individualisation des espaces, et les doubles formes d&rsquo;engagement</h5> <p>Si la fr&eacute;quentation est faible ou normale, l&rsquo;am&eacute;nagement des espaces permet aux personnes seules de choisir la place la plus confortable en fonction de leurs pr&eacute;f&eacute;rences&nbsp;: en voiture sur&eacute;lev&eacute;e (classe de premi&egrave;re, accessible pour tous les voyageurs dans les TER de la R&eacute;gion), du c&ocirc;t&eacute; fen&ecirc;tre, pr&egrave;s de la sortie, du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;all&eacute;e pour pouvoir &eacute;tirer ses jambes&hellip; Nous avons d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute; l&rsquo;individualisation des &eacute;quipements&nbsp;: si&egrave;ges s&eacute;par&eacute;s, inclinables, hauts dossiers limitant le champ de vision, barri&egrave;res perceptives propices au rel&acirc;chement dans le r&ocirc;le social. Chacun s&rsquo;approprie son espace en l&rsquo;am&eacute;nageant avec ses objets r&eacute;serv&eacute;s pour une activit&eacute; privative&nbsp;: livre, dossier, journal ou magazine, ordinateur, smartphone, tablette, thermos, g&acirc;teaux, &eacute;couteurs&hellip;retrouvant ainsi le repos confiant et routinier d&rsquo;un &laquo;&nbsp;engagement de familiarit&eacute;&nbsp;&raquo; (Th&eacute;venot, 1994 ; 2006) dans lequel il peut s&rsquo;absorber. Mais l&rsquo;am&eacute;nagement de cet environnement peut aussi &ecirc;tre un pr&eacute;alable &agrave; des formes de double pr&eacute;sence dans la situation. &laquo; L&rsquo;homme n&rsquo;apporte dans toute relation sociale qu&rsquo;une partie de lui-m&ecirc;me et est toujours, en m&ecirc;me temps, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur et &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur d&rsquo;une telle relation &raquo; (Sch&uuml;tz, 1987, p. 53). Il ne faut pas &laquo;&nbsp;appara&icirc;tre en train de ne rien faire&nbsp;&raquo; (Goffman, 1963, trad.2013, p. 47), il faut aussi avoir quelque chose &agrave; faire, ne pas risquer de s&rsquo;ennuyer. Une fois cet am&eacute;nagement r&eacute;alis&eacute;, la plupart de nos interview&eacute;s nous confirment qu&rsquo;il est d&eacute;licieux de se laisser aller un moment &agrave; la r&ecirc;verie, &agrave; la somnolence, mais ils gardent une &laquo; perception subsidiaire de cet &ldquo;autour&rdquo; comme sans importance &raquo; (Piette, 2009, p. 14). Ils &eacute;coutent ou observent les autres, mais cet engagement s&rsquo;effectue en &laquo;&nbsp;mode mineur&nbsp;&raquo; (Piette, 1996, p. 183). Notre recueil documente ces formes plurielles d&rsquo;engagement comme un balancement entre l&rsquo;aisance de la routine. (Beveglieri, 2004, p.19), et la conscience du caract&egrave;re public de l&rsquo;environnement. Le rep&eacute;rage de l&rsquo;oubli d&rsquo;un objet ou d&rsquo;un v&ecirc;tement sur un si&egrave;ge t&eacute;moigne de cette veille p&eacute;riph&eacute;rique, et d&rsquo;un engagement latent envers autrui, rendu manifeste par l&rsquo;alerte, voire la poursuite de la personne distraite, jusqu&rsquo;&agrave; restitution de son bien. L&rsquo;abandon par un voyageur de cette attention p&eacute;riph&eacute;rique, s&rsquo;il devient manifeste, l&rsquo;am&egrave;ne &agrave; se justifier ou &agrave; s&rsquo;excuser. Par exemple, un voyageur endormi, soudain r&eacute;veill&eacute; par le contr&ocirc;leur qui lui touche l&rsquo;&eacute;paule, exprime en retour &laquo;&nbsp;je suis d&eacute;sol&eacute;, j&rsquo;&eacute;tais compl&egrave;tement parti&nbsp;&raquo;.</p> <p>Certains de nos interview&eacute;s &eacute;voquent l&rsquo;importance de la routine, conjointement au besoin de rompre avec l&rsquo;ennui de gestes r&eacute;p&eacute;titifs. L&rsquo;on trouve la s&eacute;curit&eacute; d&rsquo;un environnement habitable, mais l&rsquo;on attend aussi de celui-ci qu&rsquo;il fasse advenir une nouveaut&eacute;, une &laquo;&nbsp;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo; (ibid. p.25).</p> <h5>La polyvalence des espaces, la vari&eacute;t&eacute; des affordances, comme opportunit&eacute;s relationnelles ?</h5> <p>Cependant, des am&eacute;nagements sont aussi poly-fonctionnels, proposant une pluralit&eacute; d&rsquo;usages, ce qui peut g&eacute;n&eacute;rer des n&eacute;gociations, voire des tensions entre utilisateurs. Les affordances sont donc plurielles pour les voyageurs. Par exemple, au sein des nouvelles rames de TER, d&rsquo;apr&egrave;s nos observations et nos entretiens, les personnes voyageant seules pr&eacute;f&egrave;rent s&rsquo;installer &agrave; une place &eacute;loign&eacute;e des ensembles de quatre si&egrave;ges en duo vis-&agrave;-vis, voulant &eacute;viter la proximit&eacute; sonore de conversations au sein d&rsquo;un groupe. Mais ces configurations, appropri&eacute;es pour les &laquo;&nbsp;coll&egrave;gues de travail&nbsp;&raquo;, ou les &laquo;&nbsp;coll&egrave;gues de train&nbsp;&raquo;, sont pourvues de tablettes stables et de prises &eacute;lectriques c&ocirc;t&eacute; fen&ecirc;tre, et aussi propices &agrave; une activit&eacute; de travail individuel, n&eacute;cessitant la manipulation de documents, d&rsquo;un ordinateur. L&rsquo;affordance peut aussi &ecirc;tre simplement de charger une batterie de smartphone, les autres places n&rsquo;&eacute;tant pas pourvues de prises.</p> <p>Cette co-pr&eacute;sence d&rsquo;activit&eacute;s diverses est donc soumise &agrave; la construction/n&eacute;gociation d&rsquo;une texture sonore collective, tr&egrave;s variable d&rsquo;un moment &agrave; l&rsquo;autre, d&rsquo;une voiture &agrave; l&rsquo;autre.</p> <p>Enfin, en temps de fr&eacute;quentation dense, toute sp&eacute;cialisation fonctionnelle dispara&icirc;t, les porte-bagages deviennent des si&egrave;ges, les marches, les all&eacute;es des aires sur&eacute;lev&eacute;es silencieuses des espaces disponibles, les soufflets des refuges, les strapontins entre les porte-v&eacute;los des opportunit&eacute;s pour s&rsquo;asseoir, et peut-&ecirc;tre pour converser avec des usagers cyclistes (Akrich, 1993).</p> <p>Faut-il alors consid&eacute;rer, comme &eacute;nonc&eacute; plus haut, ces affordances plurielles, cette d&eacute;-sp&eacute;cialisation des usages, ces dysfonctionnements d&eacute;gradant les conditions de s&eacute;jour dans ces dispositifs, comme des &laquo;&nbsp;expositions aux troubles&nbsp;&raquo; (Stavo-Debauge, 2003, p.8), des &laquo;&nbsp;zones floues&nbsp;&raquo; (Jamar, 2014, p.155-157) favorisant la rencontre avec l&rsquo;autre et l&rsquo;hybridation culturelle ?</p> <p>Il nous faut maintenant analyser, au-del&agrave; des pratiques relationnelles minimales, les processus communicationnels qui m&egrave;nent &agrave; des interactions de face, &agrave; la rencontre, &agrave; l&rsquo;entraide, ou &agrave; la discrimination, voire &agrave; l&rsquo;exclusion.</p> <h4><a id="t6"></a>DES PRATIQUES RELATIONNELLES AUX PROCESSUS COMMUNICATIONNELS</h4> <p>A partir, et au-del&agrave; des interactions minimales, les pratiques relationnelles peuvent d&eacute;boucher sur des rencontres &eacute;ph&eacute;m&egrave;res ou durables avec des inconnus, mais aussi &agrave; des interactions engageant le savoir-vivre ensemble, pouvant mener &agrave; l&rsquo;ouverture ou &agrave; l&rsquo;exclusion. Quatre grandes cat&eacute;gories de processus communicationnels seront distingu&eacute;es et illustr&eacute;es par des exemples.</p> <h5>Processus menant vers la rencontre de l&rsquo;autre, des autres</h5> <p>La rencontre de l&rsquo;autre se produit &agrave; partir d&rsquo;une proximit&eacute; de hasard, d&rsquo;un dysfonctionnement (retard de train, changement soudain de quai), d&rsquo;une co-pr&eacute;sence entre habitu&eacute;s. Elle suppose que les interactants franchissent le pas, au-del&agrave; des r&egrave;gles d&rsquo;interaction minimale, et qu&rsquo;ils montrent une ouverture, ou leur intention de sortir de l&rsquo;aisance de la routine, pour les navetteurs. Des rituels de politesse peuvent se transformer progressivement en interaction de face et d&eacute;boucher sur une rencontre, &eacute;ph&eacute;m&egrave;re ou durable, Dans une voiture de TER qui se remplit d&rsquo;arr&ecirc;t en arr&ecirc;t, les voyageurs doivent alors prendre place &agrave; c&ocirc;t&eacute; ou en face d&rsquo;une personne d&eacute;j&agrave; install&eacute;e. Nous avons constat&eacute; une vari&eacute;t&eacute; d&rsquo;expressions au moment de ce placement, en particulier si l&rsquo;espace vacant est occup&eacute; par le sac ou le v&ecirc;tement de la personne install&eacute;e. Certains se positionnent &agrave; c&ocirc;t&eacute; de la place en silence, manifestant l&rsquo;attente d&rsquo;une lib&eacute;ration de l&rsquo;espace. D&rsquo;autres demandent &laquo;&nbsp;il y a quelqu&rsquo;un ?&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;la place est libre ?&nbsp;&raquo; ou &laquo;bonjour,&nbsp;je peux m&rsquo;asseoir ?&nbsp;&raquo;. Nous pouvons noter que les formes de reconnaissance d&rsquo;autrui diff&egrave;rent selon les messages&nbsp;: exigence, revendication d&rsquo;un droit, demande d&rsquo;hospitalit&eacute;. L&rsquo;autre est une non-personne, l&rsquo;autre doit satisfaire un droit l&eacute;gitime, l&rsquo;autre peut accueillir un nouveau voisin. Quelques &laquo;&nbsp;banalit&eacute;s d&rsquo;usage&nbsp;&raquo; (Joseph, 1997, p.138) peuvent aussi &ecirc;tre &eacute;chang&eacute;es. Elles sont &eacute;ph&eacute;m&egrave;res, si l&rsquo;un des deux interactants signifie, en consultant son smartphone, en ouvrant son livre, par exemple, &nbsp;que cet engagement conversationnel n&rsquo;est que &laquo;&nbsp;lat&eacute;ral&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;subordonn&eacute; &agrave; une activit&eacute;&nbsp;&raquo; &agrave; r&eacute;aliser ou en cours (Goffman, 1963, trad.2013, p. 95).</p> <p>Elles peuvent aussi se prolonger pendant toute la dur&eacute;e du trajet. Par exemple, un vendredi soir, parmi les navetteurs qui rentrent de Montpellier chez eux, une dame &agrave; la retraite qui vient de Lille, est assise &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une dame anglaise ; elles conversent pendant toute la dur&eacute;e du trajet jusqu&rsquo;&agrave; B&eacute;ziers. Les &eacute;changes portent successivement sur les itin&eacute;raires respectifs, les r&eacute;sidences, leurs familles et leurs m&eacute;tiers, et l&rsquo;actualit&eacute; politique compar&eacute;e en France et en Grande Bretagne. La rencontre est &eacute;ph&eacute;m&egrave;re. Parfois l&rsquo;objet du voyage n&rsquo;est sp&eacute;cifi&eacute; qu&rsquo;au moment de l&rsquo;arriv&eacute;e. Dans une autre situation analogue, mais en sens inverse, c&rsquo;est une dame qui converse avec le monsieur en face d&rsquo;elle. Ce n&rsquo;est qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;arriv&eacute;e &agrave; Montpellier que les motifs du d&eacute;placement sont &eacute;voqu&eacute;s&nbsp;: la dame a&nbsp; des ennuis de sant&eacute; et se rend &agrave; une visite m&eacute;dicale. Les deux interactants prennent cong&eacute; avant la descente du train.</p> <p>Prenons un autre exemple, cette fois sur le quai de la gare de Narbonne. Le train est annonc&eacute; avec du retard. Vaut-il mieux miser sur le train suivant, qui ne part que quinze minutes plus tard, mais dessert tous les arr&ecirc;ts ? Une jeune femme m&rsquo;interpelle. Nous engageons la conversation sur le quai, &eacute;change qui durera jusqu&rsquo;&agrave; son arriv&eacute;e &agrave; S&egrave;te. Elle est professeur stagiaire en anglais et va bient&ocirc;t &ecirc;tre inspect&eacute;e. En chemin, elle me montre des exemples de supports p&eacute;dagogiques, me fait part de ses difficult&eacute;s &agrave; faire accepter ses innovations p&eacute;dagogiques et me demande conseil.</p> <p>Nos interview&eacute;s nous ont d&eacute;clar&eacute; s&rsquo;&ecirc;tre faits des camarades, voire des amis dans le train. Dans un cas, c&rsquo;est une relation amoureuse qui s&rsquo;est nou&eacute;e. D&rsquo;autres ont &laquo;&nbsp;des coll&egrave;gues de train&nbsp;&raquo;, qui travaillent dans des organisations diff&eacute;rentes, avec qui ils voyagent tous les jours, et qui sont qui sont devenus des amis. La relation perdure, m&ecirc;me si l&rsquo;un ou l&rsquo;autre est amen&eacute; &agrave; changer de destination, de moyen de mobilit&eacute;, ou d&rsquo;horaire. Ces &laquo;&nbsp;coll&egrave;gues de train&nbsp;&raquo; forment un groupe constitu&eacute;, s&rsquo;installant &agrave; une place habituelle, avec des rituels faisant alterner, pendant le trajet, les conversations et les activit&eacute;s individuelles.</p> <h5>Processus menant &agrave; la solidarit&eacute; et &agrave; l&rsquo;intercompr&eacute;hension</h5> <p>Ce processus est initi&eacute; par des situations per&ccedil;ues collectivement comme injustes, discriminatoires ou &eacute;prouvantes. Il survient lors de conditions d&eacute;grad&eacute;es de transport, et est amplifi&eacute; par le manque d&rsquo;information &eacute;manant du transporteur. Depuis le d&eacute;but de nos observations, en 2007, nous avons constat&eacute; une &eacute;volution notoire dans la communication d&rsquo;informations sur les dysfonctionnements, qui est faite &agrave; ce jour de fa&ccedil;on beaucoup plus syst&eacute;matique. La perception de la d&eacute;pendance vis-&agrave;-vis du transporteur, dans une solidarit&eacute; de condition, se manifeste par l&rsquo;expression d&rsquo;un m&eacute;contentement, mais aussi par l&rsquo;humour. Les actions et interactions solidaires m&egrave;nent &agrave; des &eacute;changes compr&eacute;hensifs, dans le respect de la diversit&eacute;.</p> <p>Prenons l&rsquo;exemple d&rsquo;une situation per&ccedil;ue comme &eacute;prouvante. Nous sommes quai E de la gare de Montpellier, un vendredi soir fin avril, &agrave; 18h45. Le train se remplit, il est bond&eacute;, des sacs envahissent l&rsquo;entr&eacute;e, il n&rsquo;y a plus de place assise. Des voyageurs, tour &agrave; tour, prennent des initiatives, sur le plan logistique pour ranger les sacs et laisser le passage, pour installer une dame &acirc;g&eacute;e. Le haut parleur annonce que le train TER num&eacute;ro XXXX va partir. Coup de sifflet. Signal de d&eacute;part. Cependant il ne part pas. Cinq, dix minutes se passent. Aucune annonce n&rsquo;est faite. Le contr&ocirc;leur est invisible. Au bout de vingt minutes, le train s&rsquo;&eacute;branle dans un tonnerre d&rsquo;applaudissements. Les applaudissements s&rsquo;adressent ostensiblement &agrave; l&rsquo;agent rest&eacute; sur le quai&hellip;Cet &eacute;pisode d&eacute;bouche sur une conversation entre les voyageurs. Assis sur quatre si&egrave;ges en vis-&agrave;-vis, trois femmes et un homme &eacute;changent d&rsquo;abord &agrave; propos des retards de trains, puis parlent de leur travail. La conversation d&eacute;bouche m&ecirc;me sur une m&eacute;ta-communication, lorsque l&rsquo;une des jeunes femmes affirme que &laquo;&nbsp;la vraie rencontre c&rsquo;est bien celle-ci, dans ce train, entre des individus r&eacute;els qui s&rsquo;&eacute;coutent et qui &eacute;changent&nbsp;&raquo;. Les trois interlocuteurs acquiescent, et l&rsquo;une des deux femmes qui travaille dans un centre d&rsquo;appel ajoute que &ccedil;a lui fait du bien d&rsquo;&eacute;changer comme cela, apr&egrave;s une journ&eacute;e d&rsquo;assistance t&eacute;l&eacute;phonique. La relation avec le client est totalement d&eacute;shumanis&eacute;e, c&rsquo;est la course contre la montre.</p> <p>Ce peut &ecirc;tre aussi la situation de contr&ocirc;le qui est per&ccedil;ue comme discriminatoire ou injuste. Voici un exemple d&rsquo;une situation de ce type, que nous ne pouvons narrer dans le d&eacute;tail. Deux jeunes SDF, avec un gros chien sont dans un compartiment (les trains Corail sont &eacute;quip&eacute;s de voitures coach et de compartiments). A l&rsquo;arriv&eacute;e du contr&ocirc;leur, ils montrent leurs billets, ils sont en r&egrave;gle. C&rsquo;est alors que le contr&ocirc;leur leur demande de payer une amende, car ils n&rsquo;ont pas pay&eacute; la place du chien. Les jeunes protestent, disant que cela fait d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s cher, que le chien est par terre et n&rsquo;occupe pas une place&hellip;Un voisin rench&eacute;rit, puis les autres occupants (dont moi) en disant que le chien ne d&eacute;range pas. Le contr&ocirc;leur marque un temps d&rsquo;h&eacute;sitation. &laquo;&nbsp;Bon, pour cette fois&nbsp;&hellip;., mais attention&nbsp;&raquo;&hellip;, et tourne les talons.</p> <p>Il faut noter cependant que cette expression de solidarit&eacute; peut &ecirc;tre s&eacute;lective. Nous avons vu, dans le tramway, un jeune, en entendant le &laquo;&nbsp;bip&nbsp;&raquo; aigu significatif d&rsquo;une anomalie de compostage, parcourir tous les modules de la rame pour aider un autre jeune qui compostait son billet &agrave; l&rsquo;envers. Juste avant que les portes ne se ferment, trois contr&ocirc;leurs &eacute;taient mont&eacute;s discr&egrave;tement dans le tram, par la porte &eacute;troite, &agrave; l&rsquo;avant. A l&rsquo;oppos&eacute;, deux personnes &acirc;g&eacute;es ont compost&eacute; leur billet &agrave; l&rsquo;envers, sans s&rsquo;en apercevoir. Personne alentour ne s&rsquo;est manifest&eacute;.</p> <h5>Processus menant &agrave; l&rsquo;incompr&eacute;hension, voire au rejet</h5> <p>Ces processus sont li&eacute;s &agrave; des &eacute;carts de perception d&rsquo;une diff&eacute;rence, mais r&eacute;v&egrave;lent des conflits entre des normes existantes et des normes &eacute;mergentes. Les &eacute;volutions sociales et techniques remettent en question les normes de civilit&eacute;, de savoir-vivre de la vie sociale. Nous illustrons ce processus avec deux situations observ&eacute;es, dans le tramway.</p> <p>Une dame demande des indications sur son itin&eacute;raire &agrave; un jeune situ&eacute; &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;elle. Celui-ci a deux &eacute;couteurs dans les oreilles, il est visiblement absorb&eacute; par la musique qu&rsquo;il &eacute;coute. Il fait signe &agrave; la dame qu&rsquo;il n&rsquo;entend pas, puis enl&egrave;ve ensuite une oreillette pour l&rsquo;&eacute;couter, car la dame continue de lui parler. Cette courte situation met en &eacute;vidence deux normes qui s&rsquo;entrechoquent&nbsp;: l&rsquo;assistance &agrave; autrui qui en fait la demande, a fortiori au sujet d&rsquo;un itin&eacute;raire ; la mise en visibilit&eacute; d&rsquo;un r&eacute;gime d&rsquo;indisponibilit&eacute;, signifiant &agrave; autrui que l&rsquo;on n&rsquo;est pas accessible &agrave; l&rsquo;interaction. Cette indisponibilit&eacute; n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; per&ccedil;ue, les oreillettes ainsi que les cordons &eacute;tant partiellement masqu&eacute;s par la chevelure et par l&rsquo;habillement du jeune. Notons que le r&eacute;gime de disponibilit&eacute;, en se modifiant, reste limit&eacute;, puisqu&rsquo;une seule oreillette a &eacute;t&eacute; retir&eacute;e. Cette situation finale t&eacute;moigne de l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une norme d&rsquo;attention divis&eacute;e, qui se d&eacute;veloppe avec l&rsquo;usage quasi-permanent des smartphones.</p> <p>Voici une autre situation dans le tramway&nbsp;: une jeune &eacute;tudiante, voyant une dame debout pr&egrave;s d&rsquo;elle dans l&rsquo;all&eacute;e, alors qu&rsquo;il n&rsquo;y a plus de places assises disponibles, se l&egrave;ve, et lui propose de s&rsquo;asseoir. Mais la dame r&eacute;pond, d&rsquo;un ton sec et agressif &laquo;&nbsp;non merci, &ccedil;a va tr&egrave;s bien&nbsp;&raquo;. Elle regarde de fa&ccedil;on hostile la jeune fille, puis se tourne en lui montrant le dos. La dame, un peu plus de la soixantaine, plut&ocirc;t mince, est habill&eacute;e de fa&ccedil;on sportive&nbsp;: T shirt, petit sac &agrave; dos, pantalon court et baskets l&eacute;g&egrave;res.</p> <p>L&rsquo;action de la jeune fille est port&eacute;e par des normes &eacute;l&eacute;mentaires de respect de personnes plus &acirc;g&eacute;es qu&rsquo;elle. Pour la dame, cette communication constitue quasiment une insulte en public, puisqu&rsquo;elle est de ce fait d&eacute;sign&eacute;e comme vieille et vuln&eacute;rable, dans une soci&eacute;t&eacute; qui pr&ocirc;ne les valeurs de la jeunesse. Le regard port&eacute; par la jeune fille sape l&rsquo;image qu&rsquo;elle pensait donner d&rsquo;elle. Goffman nous rappelle qu&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;il est moins g&ecirc;nant de demander un bien gratuit &agrave; un inconnu que d&rsquo;en offrir un spontan&eacute;ment&nbsp;&raquo; (Goffman, 1973, p.76).</p> <h5>Processus de mise &agrave; distance voire de discrimination d&rsquo;autrui</h5> <p>Ces processus sont li&eacute;s &agrave; la labilit&eacute; et &agrave; la combinaison des formes d&rsquo;engagement dans la situation (Th&eacute;venot, 2006&nbsp;; Piette, 1996&nbsp;; 2009), &eacute;voqu&eacute;s plus haut. Ils r&eacute;v&egrave;lent des conflits d&rsquo;enjeux, et se manifestent particuli&egrave;rement lors du placement, de l&rsquo;entr&eacute;e ou de la sortie des dispositifs. La confrontation de nos observations et de nos entretiens montre que le placement, m&ecirc;me contraint par le manque de places disponibles, ne s&rsquo;effectue pas au hasard. On &eacute;vitera, par exemple, un placement en face &agrave; face, on pr&eacute;f&eacute;rera un placement aupr&egrave;s d&rsquo;une personne de m&ecirc;me sexe.</p> <p>Nous relevons d&rsquo;autres diff&eacute;rences dans les conduites de placement&nbsp;: sur les si&egrave;ges en duo c&ocirc;t&eacute; &agrave; c&ocirc;te, certains voyageurs n&rsquo;occupent que leur place, accueillant ainsi implicitement un autrui virtuellement pr&eacute;sent ; d&rsquo;autres posent leurs affaires &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;eux, en s&rsquo;installant du c&ocirc;t&eacute; fen&ecirc;tre. Cette territorialisation rituelle, est une activit&eacute; de &laquo;&nbsp;nidification&nbsp;&raquo;, dans un refuge, une coquille, un coin (Gay, 1995 ; Lussault, 2009). C&rsquo;est aussi une construction de distance par pr&eacute;servation de l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; corporelle, d&rsquo;&eacute;vitement de l&rsquo;intimit&eacute; physique avec un &eacute;tranger (Hall, 1971).</p> <p>Lors de l&rsquo;afflux de nouveaux voyageurs, la rationalit&eacute; de l&rsquo;acteur en situation est maintenant contextuelle, et d&eacute;finie en fonction des enjeux, des valeurs, de la nature de l&rsquo;activit&eacute; qu&rsquo;il est en train d&rsquo;effectuer (Fornel (de) &amp; Qu&eacute;r&eacute;, 1999). Les uns ram&egrave;nent ostensiblement leurs affaires sur eux ou &agrave; leurs pieds, avant qu&rsquo;une demande ne se manifeste, agissant ainsi dans un r&eacute;gime de justification civique (Boltanski &amp; Th&eacute;venot, 1991). Les autres adoptent une tactique pour conserver leur accommodement personnel (Th&eacute;venot, 1994 ; 2006) et ne pas s&rsquo;auto-contraindre (Lemieux, 2009)&nbsp;: ils feignent d&rsquo;&ecirc;tre absorb&eacute;s, pour diff&eacute;rer le partage d&rsquo;un espace restreint.</p> <p>Des comportements vont aussi au-del&agrave; d&rsquo;une tactique pour retarder l&rsquo;accueil de l&rsquo;autre avec l&rsquo;adoption de conduites dissuasives. Le recueil de nos entretiens montre que le placement du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;all&eacute;e, avec les affaires pos&eacute;es &agrave; c&ocirc;t&eacute; de soi, motiv&eacute; parfois par la possibilit&eacute; d&rsquo;&eacute;tirer ses jambes ou de laisser sa valise dans l&rsquo;all&eacute;e, est aussi exprim&eacute; comme une action d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e pour dissuader autrui de prendre place &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s.</p> <p>Le non respect de r&egrave;gles, tout particuli&egrave;rement lorsqu&rsquo;il y a un risque d&rsquo;atteinte &agrave; la libert&eacute; de mouvement, peut &eacute;galement initier des expressions de rappel &agrave; l&rsquo;ordre, de r&eacute;probation, voire des propos discriminatoires. Dans un contexte de d&eacute;volution de la mobilit&eacute; individuelle au transporteur, et &agrave; ses prescriptions horaires, une r&eacute;duction suppl&eacute;mentaire de cette autonomie, si elle est caus&eacute;e par des comportements individuels, et non des circonstances communes, peut devenir intol&eacute;rable. Les deux exemples qui suivent montrent que l&rsquo;escalade peut survenir, soit &agrave; partir d&rsquo;un engagement tactique, et d&rsquo;une ma&icirc;trise, &agrave; son profit, de la situation de flux, soit d&rsquo;une absorption totale dans une activit&eacute; (Th&eacute;venot, 1994 ; Piette, 2009),</p> <p>Nous avons fr&eacute;quemment observ&eacute;, dans les tramways et dans les trains, le non respect de la r&egrave;gle qui consiste &agrave; attendre la fin de la descente avant de monter &agrave; bord<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn15" id="ftnref15" name="_ftnref">[15]</a>. Les usagers habitu&eacute;s ma&icirc;trisent des ethnom&eacute;thodes leur permettant d&rsquo;anticiper tactiquement leur placement pr&egrave;s de la porte la plus proche &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t du train, de comparer quantitativement d&rsquo;un coup d&rsquo;oeil les attroupements d&rsquo;une porte &agrave; l&rsquo;autre, tout en tenant compte, non seulement de l&rsquo;ampleur de la queue, mais aussi des objets encombrants (v&eacute;los, gros sacs, poussettes). Mais les doubles portes coulissantes sont aussi une affordance, pour des usagers tacticiens, de se glisser insidieusement par le c&ocirc;t&eacute; pour p&eacute;n&eacute;trer dans la voiture et s&rsquo;attribuer une &laquo;&nbsp;bonne&nbsp;&raquo; place. Les rappels &agrave; l&rsquo;ordre peuvent s&rsquo;exprimer dans le r&eacute;gime de la justification, rappelant la priorit&eacute; accord&eacute;e &agrave; la descente (Boltanski &amp; Th&eacute;venot, 1991). Ils peuvent aussi se traduire en invectives personnalis&eacute;es &laquo;&nbsp;vous pourriez au moins laisser descendre&nbsp;&raquo;, voire en propos discriminants &laquo;&nbsp;vous les jeunes, vous ne respectez rien&nbsp;&raquo;.</p> <p>Une dame est mont&eacute;e dans une voiture Corail &agrave; Narbonne, et s&rsquo;installe tout au fond de la demi-voiture, contre la s&eacute;paration vitr&eacute;e, avec une valise &agrave; roulettes pos&eacute;e &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;elle. Elle somnole, le corps tourn&eacute; vers la fen&ecirc;tre. Il n&rsquo;y a qu&rsquo;une dizaine de personnes, l&rsquo;espace est silencieux. A l&rsquo;autre bout de la voiture, un jeune est assis du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;all&eacute;e. Il joue sur son smartphone. Le train arrive en gare de S&egrave;te, et s&rsquo;arr&ecirc;te. La tranquillit&eacute; r&egrave;gne toujours, personne n&rsquo;a boug&eacute;. Mais soudain, la dame qui somnolait se l&egrave;ve comme un ressort et empoigne sa valise &agrave; la h&acirc;te, la tirant dans l&rsquo;all&eacute;e centrale vers la sortie. Les roulettes viennent buter contre le pied et la jambe du jeune homme qui leur barrent le passage. Furieuse, la dame &agrave; la valise roulante &nbsp;invective &agrave; voix forte le jeune qui, plong&eacute; dans son jeu, n&rsquo;a pas rentr&eacute; sa jambe. &laquo;&nbsp;Voil&agrave;, voil&agrave;, ne vous &eacute;nervez pas Madame&nbsp;&raquo;, r&eacute;pond le jeune, en d&eacute;gageant l&rsquo;all&eacute;e. Mais la dame ne se calme pas et continue de pester contre &laquo;&nbsp;ces jeunes qui n&rsquo;ont aucun respect&nbsp;des autres&raquo;, tout en se pr&eacute;cipitant vers la sortie.</p> <h5>Processus menant &agrave; la soustraction, &agrave; l&rsquo;exclusion ou &agrave; l&rsquo;apprentissage de la vie sociale</h5> <p>Face &agrave; des comportements a-typiques, invasifs, &agrave; des territorialisations de l&rsquo;espace physique ou sonore, les usagers se livrent &agrave; des strat&eacute;gies d&rsquo;&eacute;vitement qui deviennent des op&eacute;rations de soustraction, alors que l&rsquo;ordre moral, les r&egrave;gles d&rsquo;une vie commune sont en jeu. Les injonctions frontales conduisent &agrave; l&rsquo;exclusion mutuelle. Mais des interactions inter-individuelles de voisinage peuvent conduire &agrave; des apprentissages, prenant alors une dimension d&rsquo;&eacute;ducation &agrave; la vie civique.</p> <p>Dans un train qui n&rsquo;est pas bond&eacute;, s&rsquo;ils voient un individu allong&eacute; ou un occupant ayant investi deux places c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te, les nouveaux arrivants passent leur chemin, &agrave; la recherche d&rsquo;une place signifi&eacute;e comme libre, quitte &agrave; changer de voiture. Il en est de m&ecirc;me dans le tramway. Le comportement &laquo;&nbsp;d&rsquo;indiff&eacute;rence civile&nbsp;&raquo; &eacute;voqu&eacute; plus haut est aussi dominant lorsque l&rsquo;on a un voisin bruyant (utilisation du t&eacute;l&eacute;phone portable, &eacute;couteurs r&eacute;gl&eacute;s avec le son &agrave; fond). Cependant, si ces comportements individuels deviennent g&ecirc;nants, non seulement pour le voisinage imm&eacute;diat, mais pour le collectif, ce sont alors d&rsquo;autres expressions qui prennent le relais, avec des regards de complicit&eacute; r&eacute;probatrice ou des manifestations d&rsquo;humour entre ceux qui subissent cette alt&eacute;ration de leur espace physique ou sonore. En l&rsquo;absence d&rsquo;intervention des voisins proches, ces expressions ne conduisent pas, toutefois, vers une interaction de face avec le responsable de ce trouble, qui ne modifie donc pas sa conduite.</p> <p>Dans le voisinage proche, quelqu&rsquo;un peut aussi r&eacute;agir. Cette interaction peut d&eacute;boucher sur un &laquo;&nbsp;travail de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; au sein de l&rsquo;exp&eacute;rience de soi&nbsp;&raquo;, un apprentissage exp&eacute;rientiel (Jodelet, 2005, p. 29). Deux exemples ci-dessous mettent en relief deux strat&eacute;gies de communications diff&eacute;rentes&nbsp;: le conseil amical ou la n&eacute;gociation.</p> <p>C&rsquo;est encore un vendredi soir, il y a foule. Dans un compartiment de premi&egrave;re, une jeune fille s&rsquo;est install&eacute;e, en posant son sac sur le si&egrave;ge &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;elle. Les arrivants passent devant le compartiment, et poursuivent leur chemin, sans rien dire. Une dame en face d&rsquo;elle lui dit &agrave; mi-voix, en se penchant vers elle &laquo;&nbsp;vous pouvez enlever votre sac, il y a du monde&nbsp;&raquo;. La jeune fille ram&egrave;ne son sac sur ses genoux sans dire un mot. La dame qui est intervenue a exploit&eacute; sa position de proximit&eacute;, face &agrave; la jeune fille, et a pris un ensemble de pr&eacute;cautions&nbsp;: elle s&rsquo;est pench&eacute;e vers son interlocutrice, et lui a parl&eacute; &agrave; mi-voix, instaurant une relation inter-individuelle, et non une communication adress&eacute;e &agrave; l&rsquo;ensemble des occupants de ce compartiment. Elle n&rsquo;a pas prononc&eacute; sa phrase sur le ton du reproche, mais plut&ocirc;t sur celui du conseil &laquo;&nbsp;maternel&nbsp;&raquo;, n&rsquo;&eacute;voquant pas un ordre ou une injonction, alliant la douceur et la certitude r&eacute;f&eacute;rentielle, sans tournure interrogative.</p> <p>La deuxi&egrave;me interaction se d&eacute;roule dans une aire sur&eacute;lev&eacute;e, des nouveaux TER, une voiture dite &laquo;&nbsp;de premi&egrave;re&nbsp;&raquo;. Cette fois-ci, la fr&eacute;quentation est normale, un jour de semaine, en fin d&rsquo;&rsquo;apr&egrave;s-midi. Un voyageur, environ trente-cinq ans, est assis sur le si&egrave;ge unique, juste apr&egrave;s la porti&egrave;re int&eacute;rieure et travaille avec son ordinateur portable. De l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;all&eacute;e, &agrave; son niveau, se tient une jeune fille assise c&ocirc;t&eacute; fen&ecirc;tre avec son sac pos&eacute; &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;elle. La jeune fille prend son mobile et commence une conversation t&eacute;l&eacute;phonique &agrave; voix tr&egrave;s forte. C&rsquo;est alors qu&rsquo;intervient le voyageur, sur un ton d&rsquo;injonction ferme mais polie&nbsp;:</p> <ul> <li><em>&laquo;&nbsp;Excusez-moi Mademoiselle. Vous pourriez parler moins fort ou sortir s&rsquo;il vous pla&icirc;t&nbsp;?&nbsp;&raquo;</em></li> <li><em>&laquo;&nbsp;Pourquoi&nbsp;? Non, je ne sors pas. Je parle moins fort, mais je ne sors pas&nbsp;&raquo;.</em></li> <li><em>&laquo;&nbsp;C&rsquo;est interdit de t&eacute;l&eacute;phoner ici, vous voyez&nbsp;! Il faut t&eacute;l&eacute;phoner l&agrave;-bas&nbsp;&raquo;</em>&nbsp;(et il montre le logo du t&eacute;l&eacute;phone portable endormi, proche de lui, puis la plateforme &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e)</li> <li><em>&laquo;&nbsp;Je savais pas&nbsp;&raquo;</em></li> </ul> <p>La jeune fille reprend sa conversation t&eacute;l&eacute;phonique, cette fois en murmurant. Mais elle conclut rapidement l&rsquo;appel&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Est-ce que je peux te rappeler ce soir&nbsp;?&nbsp;</em>&raquo;</p> <p>Une fois le t&eacute;l&eacute;phone raccroch&eacute;, le voyageur reprend&nbsp;(sur un ton presque amical) :</p> <ul> <li><em>&laquo;&nbsp;Vous comprenez, cela d&eacute;range. Vous parlez tr&egrave;s fort au t&eacute;l&eacute;phone.&nbsp;&raquo;</em></li> <li><em>&laquo;&nbsp;Ah oui, je me rends pas compte, je parle fort, quand je parle, je m&rsquo;entends pas&nbsp;&raquo;.</em></li> </ul> <p>Le processus est initi&eacute; par une injonction, minimis&eacute;e par les formules de politesse, et par l&rsquo;espace de choix laiss&eacute; &agrave; l&rsquo;interlocutrice. Cette marge de libert&eacute;, est ensuite contextualis&eacute;e par le voyageur, rappelant la norme du r&egrave;glement. La conduite de la jeune fille change, puisqu&rsquo;elle r&eacute;duit le volume de sa voix. Mais c&rsquo;est alors qu&rsquo;elle per&ccedil;oit la pr&eacute;sence de ce voisin, elle s&rsquo;entend t&eacute;l&eacute;phoner, et met fin &agrave; son appel. Le voyageur am&egrave;ne ensuite son interlocutrice &agrave; &laquo;r&eacute;-entendre&nbsp;&raquo; sa voix dans un contexte de proximit&eacute; physique avec d&rsquo;autres. Le changement de comportement d&eacute;bouche sur une prise de conscience.</p> <p>Lorsqu&rsquo;un groupe territorialise l&rsquo;espace physique et sonore, avec les pieds pos&eacute;s sur les si&egrave;ges, le poste de musique allum&eacute; &agrave; fond sans &eacute;couteurs, les canettes renvers&eacute;es sur les tablettes&hellip;l&rsquo;indiff&eacute;rence civile devient &laquo;&nbsp;une op&eacute;ration de soustraction&nbsp;&raquo; (Jamar, 2014, p.152). Il s&rsquo;agit alors &laquo;&nbsp;de se concentrer absolument &agrave; ne rien voir de tel groupe et &agrave; le montrer&nbsp;&raquo; (ibid.).</p> <p>Si un individu seul intervient pour r&eacute;prouver de tels comportements groupaux, nous avons alors observ&eacute; des processus d&rsquo;escalade vers la violence verbale. Ainsi, dans le tramway, une femme demande, sur un ton s&eacute;v&egrave;re, &agrave; des lyc&eacute;ennes de se tenir correctement. La r&eacute;ponse est d&rsquo;abord indirecte, l&rsquo;une des lyc&eacute;ennes s&rsquo;adresse &agrave; ses camarades &laquo;&nbsp;mais qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;elle a, celle-l&agrave;, de quoi je me m&ecirc;le&nbsp;&raquo;. La dame renouvelle son injonction &agrave; voix forte &laquo;&nbsp;tenez-vous tranquille&nbsp;&raquo;. La lyc&eacute;enne reprend, toujours en s&rsquo;adressant &agrave; ses copines &laquo;&nbsp;n&rsquo;importe quoi, mais elle est compl&egrave;tement folle, celle-l&agrave;&nbsp;&raquo;. Dans l&rsquo;entourage imm&eacute;diat, personne ne se manifeste. En redessinant le territoire, les tramways rapprochent le centre ville historique, les quartiers, les communes avoisinantes, sans pour autant favoriser automatiquement la socialisation. On s&rsquo;approprie &laquo;&nbsp;sa&nbsp;&raquo; ligne de tramway<a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftn16" id="ftnref16" name="_ftnref">[16]</a>., on manifeste ostensiblement un droit d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; des territoires mobiles, dont on se sent encore plus ou moins exclu.&nbsp;</p> <h2><a id="t7"></a>CONCLUSION</h2> <p>Les dispositifs de mobilit&eacute; sont con&ccedil;us comme des espaces fonctionnels permettant &agrave; des individus mobiles, connect&eacute;s, dot&eacute;s de comp&eacute;tences cognitives et tactiques, de circuler tout en se livrant confortablement aux activit&eacute;s qu&rsquo;ils ont choisies, s&rsquo;ils respectent les r&egrave;gles d&rsquo;interactions minimales. La polyvalence des am&eacute;nagements et l&rsquo;espace sonore commun, limitant les accommodations personnelles, am&egrave;nent les usagers &agrave; se positionner vis-&agrave;-vis d&rsquo;autrui, en mobilisant diff&eacute;rentes formes d&rsquo;engagement, pouvant mener &agrave; la soustraction, voire &agrave; la discrimination ou &agrave; l&rsquo;exclusion, ou au contraire &agrave; l&rsquo;apprentissage de la vie sociale. La proximit&eacute; de voisinage prescrite par les &eacute;quipements et la densit&eacute; de fr&eacute;quentation favorise l&rsquo;&eacute;mergence de conduites individuelles tactiques, ou de rencontres &eacute;ph&eacute;m&egrave;res ou durables. Ce sont bien les &laquo;&nbsp;expositions aux troubles&nbsp;&raquo; &eacute;manant des dispositifs qui am&egrave;nent les usagers &agrave; outrepasser la &laquo;&nbsp;norme d&rsquo;indiff&eacute;rence civile&nbsp;&raquo;, mais ces processus peuvent conduire &agrave; l&rsquo;ouverture &agrave; l&rsquo;autre ou au rejet. Ce sont enfin les dysfonctionnements importants, les situations &eacute;prouvantes qui font &eacute;merger des conduites solidaires et m&egrave;nent &agrave; l&rsquo;intercompr&eacute;hension. La &laquo;&nbsp;mobilit&eacute; contextuelle&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas seulement spatiale et temporelle, c&rsquo;est aussi la capacit&eacute; &agrave; se d&eacute;placer &laquo;&nbsp;vers autrui&nbsp;&raquo; (Buchot, 2014, p.73). Ainsi la mobilit&eacute; doit aussi &ecirc;tre d&eacute;finie comme un apprentissage de pratiques relationnelles d&rsquo;accueil, de respect et d&rsquo;entraide.&nbsp;</p> <h2><a id="t8"></a>BIBLIOGRAPHIE</h2> <p>Akrich, M. (1993). Les utilisateurs, acteurs de l&rsquo;innovation. In (&Eacute;d.) Akrich, M&nbsp;; Callon, M. &amp; Latour, B.&nbsp;<i>Sociologie de la traduction. Textes fondateurs.&nbsp;</i>Paris&nbsp;: Presses de l&rsquo;&eacute;cole des Mines de Paris, p. 253-265.</p> <p>Amar, G. (2016).&nbsp;<i>Homo mobilis. Une civilisation du mouvement</i>. 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Paris : ESF.&nbsp;</p> <hr size="1" width="33%" /> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref1" id="ftn1">[1]</a>&nbsp;Selon Orfeuil (2010, p.6.) &laquo;&nbsp;le Fran&ccedil;ais moyen, toutes classes d&rsquo;&acirc;ge confondues, parcourait en 2010, 40 km par jour dont un peu plus de 25 pour sa vie quotidienne et un peu moins de 15 lors de d&eacute;placements &agrave; longue distance&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref2" id="ftn2">[2]</a>&nbsp;Les usagers navetteurs effectuent des trajets r&eacute;guliers entre leur domicile et leur lieu de travail ou d&rsquo;&eacute;tude</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref3" id="ftn3">[3]</a>&nbsp;Office du tourisme et des congr&egrave;s, Montpelier M&eacute;diterran&eacute;e M&eacute;tropole. Chiffres cl&eacute;s/Observatoire&nbsp;<a href="http://www.montpellier-tourisme.fr/Preparer-Reserver/Pro-Presse/Chiffres-cles-Observatoire">http://www.montpellier-tourisme.fr/Preparer-Reserver/Pro-Presse/Chiffres-cles-Observatoire</a>&nbsp;(consult&eacute; le 15-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref4" id="ftn4">[4]</a>&nbsp;Mairie de Montpellier. Grands projets d&rsquo;urbanisme&nbsp;<a href="http://www.montpellier.fr/373-grands-projets-urbains.htm">http://www.montpellier.fr/373-grands-projets-urbains.htm</a>&nbsp;(consult&eacute; le 15-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref5" id="ftn5">[5]</a>&nbsp; Minist&egrave;re du d&eacute;veloppement durable. 1er appel &agrave; projets transports urbains. Conf&eacute;rence de presse du 30 avril 2009&nbsp;<a href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Pages_de_tous_les_projets1-17_cle0321e1.pdf">http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Pages_de_tous_les_projets1-17_cle0321e1.pdf</a>&nbsp;(consult&eacute; le 15-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref6" id="ftn6">[6]</a>&nbsp;Montpellier Agglom&eacute;ration. Lignes 3 et 4 de tramway. Dossier de presse. 6 avril 2012.&nbsp;<a href="http://kportal.montpellier-agglo.com/medias/fichier/l3l4-version-2_1333723225145.pdf">http://kportal.montpellier-agglo.com/medias/fichier/l3l4-version-2_1333723225145.pdf</a>&nbsp;(consult&eacute; le 15-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref7" id="ftn7">[7]</a>&nbsp;Tramway de Montpellier. Site ind&eacute;pendant&nbsp;<a href="https://tramwaydemontpellier.net/2013/06/13/13-juin-2013-les-derniers-chiffres-de-la-frequentation-du-reseau-de-tramways-de-montpellier/">https://tramwaydemontpellier.net/2013/06/13/13-juin-2013-les-derniers-chiffres-de-la-frequentation-du-reseau-de-tramways-de-montpellier/</a>&nbsp;(consult&eacute; le 15-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref8" id="ftn8">[8]</a>&nbsp; Dans le cadre de la r&eacute;forme territoriale, le nom d&eacute;finitif de la R&eacute;gion &eacute;largie a &eacute;t&eacute; choisi le 24 juin 2016, apr&egrave;s une consultation citoyenne&nbsp;<a href="http://www.laregionoccitanie.fr/">http://www.laregionoccitanie.fr/</a>&nbsp;(consult&eacute; le 29-07-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref9" id="ftn9">[9]</a>&nbsp;R&eacute;gion Occitanie / Pyr&eacute;n&eacute;es-M&eacute;diterran&eacute;e. 80 jours pour imaginer la mobilit&eacute; de demain.&nbsp;<a href="http://www.regionlrmp.fr/rail">http://www.regionlrmp.fr/rail</a>&nbsp;(consult&eacute; le 15-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref10" id="ftn10">[10]</a>&nbsp;A noter que le design pr&eacute;vu pour la ligne 5 a &eacute;t&eacute; remis en cause par le Minist&egrave;re des Transports. &laquo;&nbsp;Il est express&eacute;ment demand&eacute; aux municipalit&eacute;s d&rsquo;utiliser des couleurs neutres et de limiter la fantaisie dans tout ce qui pourrait rentrer dans le champ visuel urbain&nbsp;&raquo;. Voir Noury S. Montpellier, la fin du tramway sexy. Inspirations Urbaines Design + Deco , 20 d&eacute;cembre 2014.&nbsp;<a href="http://inspirationsurbaines.com/montpellier-la-fin-du-tramways-sexy/">http://inspirationsurbaines.com/montpellier-la-fin-du-tramways-sexy/</a>&nbsp;(consult&eacute; le 15-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref11" id="ftn11">[11]</a>&nbsp;SNCF. Votre application mobile TER&nbsp;<a href="http://www.sncf.com/fr/trains/ter/application-mobile-ter">http://www.sncf.com/fr/trains/ter/application-mobile-ter</a></p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref12" id="ftn12">[12]</a>TAM. De nouveaux services 100 % num&eacute;riques. 19 mai 2016&nbsp;<a href="http://www.tam-voyages.com/evenement/?rub_code=3">http://www.tam-voyages.com/evenement/?rub_code=3</a>&nbsp;(consult&eacute; le 28-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref13" id="ftn13">[13]</a>&nbsp;SNCF. Une biblioth&egrave;que digitale &agrave; bord des TER Languedoc-Roussillon. 2 f&eacute;vrier 2015&nbsp;<a href="http://www.sncf.com/fr/presse/article/bibliotheque-digitale-ter-languedoc-roussillon-86246">http://www.sncf.com/fr/presse/article/bibliotheque-digitale-ter-languedoc-roussillon-86246</a></p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref14" id="ftn14">[14]</a>&nbsp;SNCF. Commercial(e) &agrave; bord des trains&nbsp;<a href="http://www.sncf.com/fr/groupe/emploi/fiche-metier/a-bord-des-trains">http://www.sncf.com/fr/groupe/emploi/fiche-metier/a-bord-des-trains</a>&nbsp;(consult&eacute; le 28-05-2016)</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref15" id="ftn15">[15]</a>&nbsp;Cette r&egrave;gle est maintenant rappel&eacute;e par haut-parleur sur les quais de la gare&nbsp;: &laquo;&nbsp;merci de laisser descendre avant de monter &agrave; bord&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="https://www.revue-cossi.info/numeros/n-2-2017-l-information-la-communication-et-les-organisations-au-defi-de-l-alterite/586-2017-revue-de-lavergne#ftnref16" id="ftn16">[16]</a>&nbsp;On peut lire des tweets sur ces appropriations&nbsp;:&nbsp; &laquo;apr&egrave;s j&#39;dois prendre le 3 pour aller au bahut, c&#39;est celui que tt le monde prend, celui qu&#39;a pas de personnalit&eacute;&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;les trams on dirait une classe wllh entre celui qui a pas de personnalit&eacute;, le riche, celui qui sert &agrave; rien, le bledard&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="https://twitter.com/Seok_Hime/status/658794907981754372">https://twitter.com/Seok_Hime/status/658794907981754372</a>&nbsp; (consult&eacute; le 28-05-2016)</p>