<p><strong>Abstract :</strong> The documentary space plays an important role in building and defining otherness, particularly in academic context. Between universality and diversity, spaces, both physical and digital, structure the experience and representation of otherness. Faced with social, cultural and cognitive diversity, alternative spaces, empowering, mediating and connecting, may reshape the place given to otherness.&nbsp;</p> <p><strong>Keywords :</strong>&nbsp;otherness, documentary space, spatiality, mediation, knowledge</p> <h2>INTRODUCTION&nbsp;</h2> <p>L&rsquo;&eacute;volution r&eacute;cente des espaces documentaires est marqu&eacute;e par le passage du paradigme de l&rsquo;universalit&eacute;, &agrave; la base de la pens&eacute;e des p&egrave;res fondateurs de la documentation, &agrave; celui de la diversit&eacute;, dans la recherche de formes alternatives et diverses d&rsquo;occupation de l&rsquo;espace mat&eacute;riel et cognitif, qui laissent place &agrave; une pluralit&eacute; de publics et d&rsquo;usages. Le projet de &ldquo;Mundaneum&rdquo; de Paul Otlet (1934) visait la cr&eacute;ation d&rsquo;un espace documentaire universel, r&eacute;unissant les sciences, les arts, &ldquo;tous les penseurs de tous les temps et de tous les pays&rdquo;. Le livre<i> </i>est, dans la pens&eacute;e de Paul Otlet (1989), un support d&rsquo;&rdquo;universalit&eacute;, d&rsquo;ubiquit&eacute;, d&rsquo;&eacute;ternit&eacute;&rdquo;, et la documentation, l&rsquo;outil supr&ecirc;me de cette recherche d&rsquo;unit&eacute;. A la m&ecirc;me &eacute;poque, le banquier Albert Kahn constituait jusqu&rsquo;en 1931 les &ldquo;Archives de la Plan&egrave;te&ldquo; et plusieurs centres de documentation pionniers (Castro, 2008). Pour l&rsquo;un, l&rsquo;utopie universaliste repose sur l&rsquo;utilisation de formats partag&eacute;s de classement des connaissances, pour l&rsquo;autre sur la constitution de fonds documentaires permettant de voir, dans les images de la diversit&eacute; des hommes &agrave; travers le monde, l&rsquo;unit&eacute; de leur humanit&eacute;. Au moment o&ugrave; se cristallisait une pens&eacute;e radicalement totalitaire dans le rejet de l&rsquo;autre en Europe, les p&egrave;res de la documentation dessinaient des projets de technologie intellectuelle int&eacute;grant l&rsquo;autre dans un universel.</p> <p>Ces projets ont en commun de s&rsquo;&ecirc;tre mat&eacute;rialis&eacute;s dans des espaces con&ccedil;us autour de la relation &agrave; l&rsquo;autre, pour l&rsquo;int&eacute;grer dans un universel singulier, et faire dispara&icirc;tre son alt&eacute;rit&eacute;, ou dans un universel pluriel, et valoriser son alt&eacute;rit&eacute;. La mondialisation, la logique de flux, la vitesse et la mobilit&eacute; continuent de questionner aujourd&rsquo;hui notre regard sur l&rsquo;autre dans un vaste espace dans lequel les distances semblent affaiblies. Marc Aug&eacute; (1994) &nbsp;parle, d&egrave;s les ann&eacute;es 1990, d&rsquo;un brouillage de la cat&eacute;gorie de l&rsquo;autre et va jusqu&rsquo;&agrave; &eacute;voquer une crise de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. Pourtant, si le num&eacute;rique permet de penser les espaces de fa&ccedil;on d&eacute;cloisonn&eacute;e, sans pr&eacute;occupation m&eacute;trique ou de distance, l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; ne demeure pas moins une interrogation actuelle parce qu&rsquo;intrins&egrave;quement sociale (Jodelet, 2005).</p> <p>L&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, caract&egrave;re de ce qui est autre, est une question centrale dans la conception des espaces documentaires, de leurs formes et des cheminements qu&rsquo;ils autorisent. L&rsquo;autre, au sens anthropologique, est longtemps rest&eacute; associ&eacute; au lointain, &agrave; l&rsquo;ailleurs, &agrave; un espace inconnu, &laquo; exotique &raquo;. Pour le g&eacute;ographe Angelo Turco (2003), l&#39;alt&eacute;rit&eacute; est la &laquo;caract&eacute;ristique de ce qui est autre, de ce qui est ext&eacute;rieur &agrave; un &laquo; soi &raquo; &agrave; une r&eacute;alit&eacute; de r&eacute;f&eacute;rence : individu, et par extension groupe, soci&eacute;t&eacute;, chose, &nbsp;lieu &raquo;. L&rsquo;autre est autre au regard de mes codes, de mes valeurs, de ma culture, g&eacute;ographiquement et temporellement situ&eacute;e. Fran&ccedil;ois Jullien (2012) distingue, &agrave; ce titre, ext&eacute;riorit&eacute; et alt&eacute;rit&eacute; : l&rsquo;ext&eacute;riorit&eacute; se constate, elle est g&eacute;ographique ou linguistique, mais l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; se construit. Le philosophe, sp&eacute;cialiste de la pens&eacute;e chinoise, montre comment penser l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; en mode binaire et en termes de diff&eacute;rence constitue une impasse. Il pr&eacute;f&egrave;re engager une r&eacute;flexion fond&eacute;e sur l&rsquo;indiff&eacute;rence et les ponts, plut&ocirc;t que sur la diff&eacute;rence.</p> <p>Nous proposons de revisiter cette question de la place de l&#39;alt&eacute;rit&eacute; dans l&rsquo;espace informationnel et documentaire, &eacute;voluant vers un espace de communication dans lequel &ldquo;on recherche le m&ecirc;me, mais on n&eacute;gocie avec l&rsquo;autre&rdquo; (Wolton, 2012 : 418). Penser l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &agrave; l&rsquo;aune des espaces, c&rsquo;est consid&eacute;rer l&rsquo;espace non pas seulement comme une enveloppe ou un cadre d&rsquo;activit&eacute;s, mais aussi et surtout comme un espace v&eacute;cu, repr&eacute;sent&eacute;, imagin&eacute; et exp&eacute;riment&eacute; par des acteurs. C&rsquo;est aussi consid&eacute;rer son caract&egrave;re performatif. Penser l&#39;alt&eacute;rit&eacute; en terme de spatialit&eacute;, c&rsquo;est assumer le postulat que, dans un contexte de tension permanente entre identit&eacute; et alt&eacute;rit&eacute;, les actions des individus mobilisent des ressources spatiales, voire hyperspatiales (Lussault, 2003) pour construire des connaissances. Cette question est particuli&egrave;rement vive dans le contexte scolaire, qui se voit confront&eacute; au probl&egrave;me de la gestion de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; et des diversit&eacute;s, sociales, culturelles, cognitives.</p> <p>Notre r&eacute;flexion s&rsquo;appuie sur plusieurs travaux de recherche autour de l&rsquo;espace documentaire en coll&egrave;ge, de la notion de translitt&eacute;ratie (projet ANR Translit) au lyc&eacute;e, et de la question de la gestion de la connaissance en contexte professionnel d&rsquo;apprentissage (projet GCCPA). Elle se situe dans une perspective &eacute;pist&eacute;mologique, pour proposer quelques axes conceptuels qui nous semblent se dessiner. On verra que, face au changement du paradigme de l&rsquo;espace informationnel et &agrave; l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une alt&eacute;rit&eacute; &ldquo;du dedans&rdquo;, se reconfigurent des espaces alternatifs, m&eacute;di&eacute;s, en relation de connexit&eacute;. Cette alt&eacute;rit&eacute;, ici essentiellement sociale et culturelle, interroge l&rsquo;organisation des espaces culturels, informationnels et p&eacute;dagogiques existants et convoque de nouvelles formes de m&eacute;diations spatiales. Dans un premier temps, nous examinerons la place de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dans l&rsquo;espace documentaire et tenterons de voir dans quelle mesure il la construit. Dans un second temps, nous verrons que cet espace peut &ecirc;tre pluriel, ouvert, et faire place &agrave; la diversit&eacute;.</p> <h2><b><a id="t2"></a>LA PLACE DE L&#39;ALT&Eacute;RIT&Eacute; DANS L&rsquo;ESPACE DOCUMENTAIRE</b></h2> <p>On propose, dans un premier temps, de d&eacute;finir l&rsquo;espace documentaire dans ses dimensions performatives de construction de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; du point de vue social, cognitif et politique.</p> <h5><b>Approches relationnelles des espaces documentaires</b></h5> <p>Les sciences humaines ont renouvel&eacute; les perspectives et les mani&egrave;res de penser l&rsquo;espace ; elles introduisent la notion d&rsquo;espace relatif qui ajoute contenu et &eacute;paisseur au cadre jusqu&rsquo;alors consid&eacute;r&eacute; comme vide, et interrogent les interactions entre l&rsquo;homme et l&rsquo;espace. En tant que milieu de l&rsquo;activit&eacute; mais aussi produit et projection sociale, l&rsquo;espace incorpore les exp&eacute;riences, les m&eacute;moires et les repr&eacute;sentations des acteurs, individuels ou collectifs (Brunet, 1993). Edward T. Hall (1978), dans la notion de prox&eacute;mie, montre que l&rsquo;espace est dynamique et v&eacute;cu &agrave; travers le prisme culturel, &ldquo;dimension cach&eacute;e&rdquo; de l&rsquo;exp&eacute;rience. La prox&eacute;mique d&rsquo;Abraham Moles (1998) s&rsquo;organise autour de la th&eacute;orie des &laquo;coquilles &raquo; pour une approche psycho-sociologique de l&rsquo;espace. Ces coquilles sont autant de zones concentriques autour de chaque individu, qui rel&egrave;vent &agrave; la fois de la distance et de l&rsquo;appropriation. L&#39;espace existe dans le rapport &agrave; soi et &agrave; l&#39;autre. Il n&rsquo;est pas un objet isolable mais la mise en &ldquo;ordre des choses, leurs relation et leur agencement &ldquo; (Beaude, 2012 : 66). En ce sens, espace et action sont &eacute;troitement li&eacute;s et ne peuvent &ecirc;tre pens&eacute;s isol&eacute;ment. Pour Michel de Certeau (1990 : 173) &ldquo; <i>l&rsquo;espace est un lieu pratiqu&eacute; </i>&rdquo;, il se parcourt et se repr&eacute;sente dans la cartographie, il est le lieu de la relation au monde et de la mise en rapport de l&rsquo;&ecirc;tre avec le milieu. Michel M&eacute;lot (2004) d&eacute;crit ainsi la biblioth&egrave;que comme le lieu des liens. Pour Christian Jacob (2014), qui d&eacute;finit ce &laquo; lieu de savoir &raquo; &nbsp;comme &laquo; un syst&egrave;me de relations, entre les acteurs, entre ceux-ci et le mobilier, entre les acteurs humains et les acteurs non humains que sont les livres, les machines, les &eacute;chantillons &raquo;, l&rsquo;approche est r&eacute;solument sociale et symbolique, relationnelle et dynamique, elle fait une large place &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. C&rsquo;est ce m&ecirc;me constat que font Mariangella Roselli et Marc Perrenoud (2010) &agrave; l&rsquo;issue de leur &eacute;tude ethnographique sur les usagers d&rsquo;une des &nbsp;biblioth&egrave;ques universitaires de Toulouse, lorsqu&rsquo;ils concluent que la biblioth&egrave;que est constitu&eacute;e de relations, et non pas seulement de collections.</p> <p>Marc Aug&eacute; (1992) interroge de fa&ccedil;on plus g&eacute;n&eacute;rale les lieux dans l&rsquo;univers contemporain sous un angle anthropologique. Il oppose le lieu et le non-lieu. Si le premier est un univers clos o&ugrave; tout fait signe et qui cr&eacute;e du social organique, le second produit de la surmodernit&eacute;, et ne cr&eacute;e que de la &laquo; contractualit&eacute; solitaire &raquo;. Les non-lieux se d&eacute;finissent &eacute;galement dans les textes qu&rsquo;ils proposent et qui &eacute;noncent les conditions d&rsquo;utilisation et de circulation dans ces espaces, &agrave; l&rsquo;image de la signal&eacute;tique dans les centres de documentation et d&rsquo;information. Ils inscrivent l&rsquo;utilisateur &nbsp;dans une relation contractuelle avec le non-lieu. Dans le non-lieu, l&rsquo;autre dans sa diversit&eacute; est &nbsp;ignor&eacute; et la construction de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; ne peut avoir lieu. Mais, le lieu et le non-lieu n&rsquo;existent pas en soi ; il y a toujours dans le lieu la possibilit&eacute; d&rsquo;un non lieu : c&rsquo;est l&rsquo;exp&eacute;rience du lieu par des individus situ&eacute;s qui cr&eacute;e le non-lieu ou le lieu. Un lieu pour l&rsquo;un peut appara&icirc;tre comme un non-lieu pour un autre : &laquo; Le couple lieu/non-lieu est un instrument de mesure du degr&eacute; de socialit&eacute; et de symbolisation d&rsquo;un espace donn&eacute; &raquo; (Aug&eacute;, 2010 : 172). L&rsquo;espace documentaire peut donc &ecirc;tre cr&eacute;ateur d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dans la place qu&rsquo;il r&eacute;serve &agrave; l&rsquo;autre ou dans le fait m&ecirc;me qu&rsquo;il construit certains usagers comme autres. Dans ce sens, on peut reprendre la distinction propos&eacute;e par St&eacute;phane Vial (2014) entre l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &ldquo;en soi&rdquo;, essentialis&eacute;e, et l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &ldquo;pour soi&rdquo;, issue de l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue.</p> <h5><b>Quand l&rsquo;espace construit l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;</b></h5> <p>La biblioth&egrave;que est traditionnellement con&ccedil;ue pour un public qui cherche &agrave; travailler dans le cadre d&rsquo;une culture savante et se consacre &agrave; l&rsquo;&eacute;tude dans le silence. H&eacute;t&eacute;rotopie pour Michel Foucault (1967), elle est un espace autre qui organise le temps dans une logique d&rsquo;accumulation perp&eacute;tuelle et complexe. Umberto Eco (1986) soulignera m&ecirc;me l&rsquo;absurdit&eacute; de cette complexit&eacute; qui peut rendre la biblioth&egrave;que cauchemardesque car &eacute;sot&eacute;rique, inaccessible en dehors d&rsquo;un public initi&eacute;. Ce public est homog&egrave;ne dans sa compr&eacute;hension de la logique spatiale, il partage une identit&eacute; commune, qui repose sur la reconnaissance et le respect des principes de mise en ordre et sur les r&egrave;gles qui lui conviennent et n&rsquo;ont plus besoin d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;nonc&eacute;es. Dans les espaces documentaires traditionnels que sont les biblioth&egrave;ques, construites pour &eacute;tudier et chercher l&rsquo;information, l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; n&rsquo;a pas sa place, m&ecirc;me si le contenu des documents renvoie au monde dans sa diversit&eacute; temporelle, spatiale, culturelle et dans son universalit&eacute;. Les cadres organisationnels fondent un ordre documentaire qui exerce sur les usagers une forme de pouvoir mat&eacute;riel et symbolique. Les plans de classement permettent au biblioth&eacute;caire de devenir un &ldquo;organisateur de l&rsquo;univers&rdquo; (Manguel cit&eacute; par M&eacute;lot, 2004) selon un format partag&eacute; avec les lecteurs. Les classifications qui r&eacute;gissent les espaces informationnels physiques posent ainsi, selon Yolande Maury (2013), les principes de la relation &ldquo;entre savoir pouvoir et ordre&rdquo; : en regroupant, en organisant, et par l&agrave; m&ecirc;me en simplifiant, les classifications assignent des relations de domination et de subordination entre les savoirs. Les classifications, qui &eacute;manent de choix culturels, voire id&eacute;ologiques, laissent ainsi peu de place &agrave; des formes alternatives de pens&eacute;e. Pour Laurent Th&eacute;venot (1997), la mise en forme sert &agrave; r&eacute;gler une relation et &agrave; supprimer l&rsquo;incertitude en imposant une convention, &ldquo;permettant la mise en commun (de l&rsquo;information) dans des coordinations et des figures du collectif (ainsi que) son insertion dans une activit&eacute; qui l&rsquo;&eacute;prouve.&ldquo; Le format joue, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; sur les repr&eacute;sentations et leur coordination sociale, et de l&rsquo;autre sur les usages. L&rsquo;espace construit des cat&eacute;gorisations sociales mais aussi cognitives, &agrave; travers la logique des classements. La biblioth&egrave;que est &eacute;videmment un lieu embl&eacute;matique de la classification, qui organise le savoir dans l&rsquo;espace. Elle est structurante et spatialise le savoir au m&ecirc;me titre que la ville spatialise les relations sociales. Dans &ldquo; un lieu ordonn&eacute; par les techniques organisatrices des syst&egrave;mes &ldquo; (Certeau, 1990 : 57), cet ordre peut g&eacute;n&eacute;rer des pratiques de soumission.</p> <p>L&rsquo;espace fabrique ainsi de la contrainte. C&rsquo;est le r&ocirc;le des dispositifs analys&eacute;s par Michel Foucault, proc&eacute;dures techniques qui distribuent l&rsquo;espace pour en faire des instances de surveillance g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e, reflets de la violence symbolique ou r&eacute;elle d&rsquo;un pouvoir qui impose une discipline aux individus. L<b>&rsquo;</b>espace est injonctif, il dicte des conduites de fa&ccedil;on plus ou moins coercitive, qui peut aller jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;interdiction, selon des cat&eacute;gorisations sociales li&eacute;es au genre, &agrave; l&rsquo;&acirc;ge, aux classes sociales. Il ne laisse pas de place &agrave; la diversit&eacute; de comportements possibles. Le dispositif spatial de la biblioth&egrave;que convient &agrave; ceux qui l&rsquo;occupent, et qui partagent une repr&eacute;sentation homog&egrave;ne du savoir et de la relation au savoir. Il construit des formes de diff&eacute;renciation entre &ldquo;nous&rdquo; et &ldquo;les autres&rdquo;, qui se traduisent par le rejet de certains groupes sociaux inadapt&eacute;s &agrave; l&rsquo;espace comme aux formes du savoir (Roselli, 2014) issues de la culture savante, qui n&eacute;cessitent la ma&icirc;trise de codes issus d&rsquo;un capital culturel &eacute;lev&eacute;. Comme le rappelle Bruno Maresca (2007) dans le contexte des biblioth&egrave;ques municipales fran&ccedil;aises, m&ecirc;me apr&egrave;s le tournant d&rsquo;internet, &rdquo;pour les Fran&ccedil;ais, l&rsquo;image de la biblioth&egrave;que municipale reste tr&egrave;s directement associ&eacute;e aux formes les plus hautes de la culture, &agrave; l&rsquo;id&eacute;al de l&rsquo;encyclop&eacute;disme et &agrave; la m&eacute;moire des civilisations.&rdquo; Mariangella Roselli (2011, 2014) montre par exemple que la biblioth&egrave;que municipale, &agrave; travers ses portiques, ses zones de surveillance et de silence, impose aux usagers des comportements qu&rsquo;ils ne ma&icirc;trisent pas et qui sont &agrave; la fois socialement nivelants et genr&eacute;s : la biblioth&egrave;que reste encore emprunte de codes culturels sociaux et sexu&eacute;s qui contribuent &agrave; en faire un espace de contraintes, de prescription et d&rsquo;autorit&eacute; qui laisse peu de place &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; ; c&rsquo;est un espace f&eacute;minin qui repose sur une discipline des corps et une int&eacute;riorisation des normes adapt&eacute;es &agrave; un monde f&eacute;minin, centr&eacute; exclusivement sur le livre. Les adolescents en groupes, aux origines sociales et culturelles diverses, y sont, d&eacute;s la porte d&rsquo;entr&eacute;e, install&eacute;s dans leur extran&eacute;it&eacute;. Elle appara&icirc;t comme un univers norm&eacute; dans les postures et les comportements souvent int&eacute;rioris&eacute;s par les usagers eux-m&ecirc;mes et qui ne sont, pour l&rsquo;instant, &nbsp;que peu modifi&eacute;s par les outils num&eacute;riques (Leclaire, 2010).</p> <p>Dans les &eacute;tablissements scolaires, le CDI a les m&ecirc;mes caract&eacute;ristiques d&rsquo;un espace v&eacute;cu comme clivant. Isabelle Fabre (2009), dans ses recherches, montre qu&rsquo;il faut distinguer l&rsquo;espace par intention, construit par le professionnel dans une vis&eacute;e d&rsquo;apprentissage, et l&rsquo;espace de r&eacute;ception des usagers, &eacute;l&egrave;ves et enseignants, une distorsion pouvant exister entre les deux. Si le documentaliste vise a priori la mise &agrave; disposition d&rsquo;un espace ouvert, pluriel, adapt&eacute; &agrave; la diversit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves, ces derniers le vivent souvent bien diff&eacute;remment, et ne s&rsquo;y sentent pas &ldquo;chez eux&rdquo;. Cette &eacute;criture programmatique des espaces assure un cadre cognitif et spatial qui s&rsquo;inscrit dans une vision &nbsp;cart&eacute;sienne &nbsp;de la r&eacute;alit&eacute;. Pour les professionnels, elle r&eacute;pond &agrave; un besoin p&eacute;dagogique et didactique d&rsquo;organiser l&rsquo;espace et le savoir en les d&eacute;coupant. Nos recherches aupr&egrave;s des &eacute;l&egrave;ves de lyc&eacute;e montrent que le CDI est v&eacute;cu comme un espace informationnel accueillant, voire rassurant et familier, pour les &eacute;l&egrave;ves qui sont adapt&eacute;s aux exigences scolaires, en ont int&eacute;gr&eacute; les normes, souvent dans leur milieu familial. Il peut &ecirc;tre un v&eacute;ritable lieu de travail privil&eacute;gi&eacute; &agrave; travers la pr&eacute;sence des livres et du professionnel de la documentation consid&eacute;r&eacute; comme un m&eacute;diateur, pour certains. Mais pour d&rsquo;autres &eacute;l&egrave;ves, le CDI n&rsquo;est qu&rsquo;un lieu de passage, un non-lieu, voire un lieu d&rsquo;exclusion dans lequel ils n&rsquo;ont pas du tout leur place. Il reste un espace compl&egrave;tement &eacute;tranger, voire violent, en l&rsquo;absence de ma&icirc;trise de ses codes. Les travaux d&rsquo;Anne Cordier (2009) montrent comment les CDI des coll&egrave;ges apparaissent comme des espaces de contraintes et de prescriptions dans lesquels les pratiques non-formelles ont du mal &agrave; trouver leur place. Ces pratiques famili&egrave;res, efficaces du point de vue de la recherche d&rsquo;information, sont rel&eacute;gu&eacute;es dans les espaces informationnels personnels des &eacute;l&egrave;ves, ce qui les emp&ecirc;che de les partager, de les discuter. Les assignations spatiales sont donc souvent v&eacute;cues comme excluantes : l&rsquo;espace documentaire peut ainsi contribuer &agrave; construire l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &ldquo;en soi&rdquo;.</p> <p>Le diktat de l&rsquo;autonomie des usagers dans les espaces documentaires, qui se traduit par une recherche de lisibilit&eacute;, de transparence et de modularit&eacute;, n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; cette dimension contraignante, qui peut devenir excluante ou isolante. La logique d&rsquo;une offre &ldquo;orient&eacute;e usager&rdquo;, mais constitu&eacute;e pour un usager mod&egrave;le, plus fantasm&eacute; que r&eacute;el, ne s&rsquo;apparente-t-elle pas &agrave; un simple leurre quant &agrave; la prise en compte de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; ? C&rsquo;est cette prise de conscience dans les milieux de la documentation qui a incit&eacute; les professionnels &agrave; tenter de repenser la question de l&rsquo;espace au d&eacute;fi de l&#39;alt&eacute;rit&eacute;.</p> <h2><b><a id="t3"></a>RECONFIGURATIONS SPATIALES DE L&#39;ALT&Eacute;RIT&Eacute;</b></h2> <p>Afin d&rsquo;int&eacute;grer la probl&eacute;matique de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dans la construction, la gestion et l&rsquo;occupation des espaces documentaires, trois modalit&eacute;s d&rsquo;action apparaissent : la capacitation, la m&eacute;diation et la connexion.</p> <h5><b>Des espaces capacitants</b></h5> <p>Pour &eacute;viter l&rsquo;&eacute;cueil du d&eacute;terminisme spatial, et comme l&rsquo;ont montr&eacute; les &eacute;tudes de Marie-Claude Derouet Besson (1989) sur l&rsquo;espace scolaire, les dispositions spatiales peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es comme des ressources certes mobilisables, mais pas n&eacute;cessairement mobilis&eacute;es, qui peuvent prendre des sens diff&eacute;rents selon les projets, les contextes ou les individus. A contraintes spatiales identiques, les exp&eacute;riences de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; sont multiples. Philippe Bourdenet (2013) souligne l&rsquo;importance de l&rsquo;interm&eacute;diation au c&oelig;ur de l&rsquo;espace documentaire, vu comme un point de rencontre entre le professionnel et l&rsquo;usager, dans lequel un contrat de confiance fond&eacute; sur la culture du service doit pouvoir advenir. Dans le milieu scolaire, certains CDI font une place &agrave; l&rsquo;autre &agrave; travers la proposition d&rsquo;une diversit&eacute; d&rsquo;usages, int&eacute;grant les comp&eacute;tences en lecture, les affinit&eacute;s culturelles, la pluralit&eacute; linguistique, les handicaps physiques ou cognitifs. De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, les sites web, en tant qu&rsquo;espaces d&rsquo;information, peuvent &ecirc;tre con&ccedil;us en int&eacute;grant la question de l&rsquo;accessibilit&eacute;, qui suppose la prise en compte de la sp&eacute;cificit&eacute; des usages et la mise &agrave; disposition de services et espaces adaptables et personnalisables (Liqu&egrave;te, 2015). Les espaces construisent alors les conditions d&rsquo;une exp&eacute;rience de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; possible, et de la diversit&eacute; souhaitable.</p> <p>La fabrication d&rsquo;espaces ouverts dans lesquels les usagers sont &agrave; la fois libres et seuls, risque d&rsquo;emp&ecirc;cher les affiliations et la distribution du savoir. La suppression des espaces documentaires centr&eacute;s sur le livre et le papier dans les lieux de culture et leur remplacement par des postes informatiques imposent ainsi des pratiques informationnelles solitaires qui ne sont pas n&eacute;cessairement tr&egrave;s efficaces. Ainsi, dans nos observations des pratiques informationnelles des lyc&eacute;ens, nous avons souvent observ&eacute; leur pr&eacute;f&eacute;rence pour le CDI, pourtant souvent bruyant, d&eacute;suet, plut&ocirc;t que la salle informatique fonctionnelle. Les postures corporelles et relationnelles impos&eacute;es par le poste informatique ne sont pas v&eacute;cues comme propices &agrave; la construction d&rsquo;apprentissages en projets. Dans les institutions &eacute;ducatives, on parle d&rsquo;espaces facilitants ou capacitants, en donnant aux configurations spatiales des fonctions et des capacit&eacute;s de modifier le rapport au savoir. Concernant la conception des espaces de formation &agrave; l&rsquo;heure du num&eacute;rique, Didier Paquelin (2015) plaide pour une adaptation des espaces apprenants aux pratiques des &eacute;tudiants et aux modalit&eacute;s num&eacute;riques de l&rsquo;enseignement. Il insiste notamment sur l&rsquo;importance des espaces vides comme des espaces pleins et sur la &laquo; capabilit&eacute; des espaces &raquo;, ceux-ci devant &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;avenir plus projectifs et intentionnels que prescriptifs et normatifs. La capacitation peut r&eacute;sulter par exemple de l&rsquo;organisation pr&eacute;vue ou pas du travail en groupe dans un espace documentaire. En proposant des espaces qui se veulent multiples, flexibles, polyvalents, modulables et associ&eacute;s &agrave; des modes de travail autant qu&rsquo;&agrave; des disciplines, les learning centres visent cette capacitation (Jouguelet, 2009)</p> <h5><b>Des espaces de m&eacute;diation</b></h5> <p>Les assignations peuvent &ecirc;tre remises en question dans des espaces qui peuvent aussi accorder une plus grande place &agrave; la diversit&eacute; des postures, aux interrelations et &agrave; la pluralit&eacute; des pratiques (Liqu&egrave;te, Fabre, Gardi&egrave;s, 2010). En inventant de nouveaux arts de faire, les individus se r&eacute;approprient les espaces : les &eacute;tudiants envahissent l&rsquo;espace r&eacute;serv&eacute; aux enfants dans la biblioth&egrave;que, les groupes occupent des espaces individuels, des &laquo;bandes&raquo; fr&eacute;quentent la biblioth&egrave;que qui n&rsquo;est pas faite pour eux (Roselli, 2014). A l&rsquo;instar de la chambre rouge de D. Jakob et B. MacFarlane (2009) dans le monde des biblioth&egrave;ques, des dispositifs non programm&eacute;s donc enti&egrave;rement adaptables laissent toute leur place aux affordances, &nbsp;et font voler en &eacute;clat le mod&egrave;le de l&rsquo;assignation spatiale et organisationnelle exclusive. Si l&#39;espace documentaire est pens&eacute; et organis&eacute; dans un espace-temps scolaire balis&eacute; et institutionnalis&eacute;, la possibilit&eacute; existe de faire advenir d&rsquo;autres formes d&rsquo;espaces. Les &eacute;l&egrave;ves aussi s&rsquo;affranchissent des espaces pour (s&rsquo;) en cr&eacute;er d&rsquo;autres ou utiliser les espaces existants &agrave; des fins de braconnage et de d&eacute;tournement. Les espaces interstitiels et informels apparaissent comme des espaces privil&eacute;gi&eacute;s de construction de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. Pour Aur&eacute;lie Maurin (2010), &nbsp;l&rsquo;informel est en prise directe avec l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; : il &ldquo;peut &ecirc;tre pens&eacute; comme le r&eacute;ceptacle possible de ce que ne peut comprendre le formel : les sensations, leur expression, les corps en mouvement, l&rsquo;espace-temps de la rencontre avec soi-m&ecirc;me et avec un autre, dans sa ressemblance et dans sa diff&eacute;rence, le jeu et la cr&eacute;ativit&eacute;&rdquo;.</p> <p>&nbsp;Dans leur &eacute;tude sur les publics pr&eacute;caires &agrave; la Biblioth&egrave;que Publique d&rsquo;Information du Centre Pompidou (BPI), S. Paugam et C. Giorgetti (2013) montrent comment les publics fr&eacute;quentent, mais aussi, s&rsquo;approprient cet espace culturel l&eacute;gitim&eacute; et cod&eacute;, allant parfois jusqu&rsquo; &agrave; le privatiser, pour un repas par exemple. La politique de la BPI rend possible ce genre d&rsquo;appropriation, qui serait difficile, voire impossible, &agrave; la BNF par exemple. Quand ils passent la porte de la BPI, ces &laquo; autres &raquo; deviennent &laquo; usagers &raquo; de la biblioth&egrave;que et acc&egrave;dent en cela &agrave; un statut social diff&eacute;rent. Si la BPI est un lieu qui permet &agrave; des personnes en situation de pr&eacute;carit&eacute; de s&rsquo;informer, d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; internet, aux journaux imprim&eacute;s, ou de rythmer leur journ&eacute;e, elle appara&icirc;t aussi comme un lieu de &laquo; quasi-appartenance &agrave; une communaut&eacute; &raquo;. C&rsquo;est dans l&rsquo;espace de la biblioth&egrave;que que peut s&rsquo;&eacute;laborer un dialogue social. Ces personnes ne sont pas passives &agrave; la biblioth&egrave;que : elles essaient de se maintenir dans un r&ocirc;le social dans l&rsquo;espace public. Le dispositif spatial donne identit&eacute; au groupe. Cet exemple montre comment l&rsquo;espace participe du passage d&rsquo;une situation d&rsquo;exclusion &agrave; une situation d&#39;alt&eacute;rit&eacute; : &agrave; l&rsquo;instar du cas des malades mentaux &eacute;tudi&eacute;s par Denise Jodelet (2005), le partage d&rsquo;un espace culturel commun permet de sortir d&rsquo;une ext&eacute;riorit&eacute; radicale compl&egrave;te, dans laquelle la soci&eacute;t&eacute; veut parfois maintenir des individus.</p> <p>Les m&eacute;diath&egrave;ques renoncent &agrave; l&rsquo;usage des classifications en tant que langages documentaires &agrave; destination des usagers pour localiser les documents, elles remettent en question certaines classifications traditionnelles, entre litt&eacute;rature pour la jeunesse et pour adultes, par exemple, et bouleversent l&rsquo;organisation du savoir dans l&rsquo;espace. Les espaces documentaires tendent &agrave; faire une place &agrave; la figure de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. Les professionnels ont donc construit progressivement des formes de m&eacute;diation qui permettent de r&eacute;interroger les questions de l&rsquo;identit&eacute; et de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, en passant notamment par des d&eacute;marches d&rsquo;affiliation, &ldquo;processus par lequel un individu s&rsquo;approprie, incorpore cognitivement &nbsp;et socialement les &laquo;allant de soi&raquo;, l&rsquo;<i>habitus</i> d&rsquo;un groupe social, d&rsquo;une communaut&eacute; de pratiques, ou d&rsquo;un r&eacute;seau informationnel et/ou documentaire.&rdquo; (RUDII, 2016). Ces strat&eacute;gies d&rsquo;affiliation qui lient des pratiques informationnelles, m&eacute;diatiques &agrave; la construction de l&rsquo;identit&eacute; cognitive, donc &agrave; la gestion de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, ne peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es en dehors du num&eacute;rique.</p> <h5><b>Des espaces connect&eacute;s : les alt&eacute;rit&eacute;s r&eacute;ticulaires</b></h5> <p>Le num&eacute;rique, loin d&rsquo;&eacute;vacuer les questions socio-spatiales, les r&eacute;actualise en bousculant les bornages et en d&eacute;pla&ccedil;ant les fronti&egrave;res. Dans ce contexte, il est tentant d&rsquo;opposer l&rsquo;espace physique &agrave; l&rsquo;espace virtuel, et d&rsquo;imaginer que dans l&rsquo;espace virtuel, l&rsquo;homme est lib&eacute;r&eacute; des contraintes qui le situent socialement. Il ne s&rsquo;agit dans ce cas ni d&rsquo;opposer ni de hi&eacute;rarchiser espaces num&eacute;riques et espaces physiques mais de les consid&eacute;rer dans une relation d&rsquo;hybridation, d&rsquo;enrichissement et d&rsquo;&eacute;tayage mutuels pour penser la relation &agrave; l&rsquo;autre. La question de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; ne se poserait plus sur le web, puisque l&rsquo;identit&eacute; est mall&eacute;able. De l&rsquo;espace de contrainte sociale qu&rsquo;est la biblioth&egrave;que ou le CDI, on pourrait passer &agrave; un espace d&rsquo;autonomie sur le web, et de construction d&rsquo;identit&eacute;s multiples (Tisseron, 2012). Pourtant, le g&eacute;ographe Boris Beaude (2012), comme d&rsquo;autres, contestent la qualification d&rsquo;espace virtuel. En tant que lieu de pratiques, internet appara&icirc;t comme un espace r&eacute;el et non virtuel, dot&eacute; d&rsquo;une spatialit&eacute; et m&ecirc;me d&rsquo;une mat&eacute;rialit&eacute; qui structurent aussi efficacement que l&rsquo;espace r&eacute;el la repr&eacute;sentation de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. Elisabeth Cl&eacute;ment-Schneider (2013) a montr&eacute; comment, en &eacute;changeant des SMS avec leurs amis pendant les cours, les adolescents cr&eacute;ent des lieux, au sens g&eacute;ographique du terme, pendant l&rsquo;espace-temps scolaire, en marge d&rsquo;autres lieux institutionnellement identifi&eacute;s et circonscrits et qui les lient dans une relation de connexit&eacute;. A l&rsquo;instar des biblioth&egrave;ques, des r&eacute;seaux sociaux, des espaces d&rsquo;autoformation en ligne ou des Moocs, ces lieux, physiques ou num&eacute;riques, mais en aucun cas virtuels, permettent &agrave; tous de d&eacute;velopper &nbsp;&laquo; une action en commun : l&rsquo;interaction &raquo; (Beaude, 2012 : 9). Les espaces num&eacute;riques semblent donc favoriser une int&eacute;gration de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dans l&rsquo;activit&eacute; commune, voire &eacute;riger l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; en principe structurant &agrave; travers la diversit&eacute; des modalit&eacute;s possibles de la connaissance. Lors de nos observations en milieu scolaire, les professeurs d&eacute;plorent pourtant l&rsquo;absence de mise en commun dans l&rsquo;espace num&eacute;rique de travail qui finalement cloisonne, personnalise et rend difficile le dialogue et la confrontation avec l&rsquo;autre, pourtant essentiels dans l&rsquo;acte d&rsquo;apprendre. Ainsi pour un professeur de sciences physiques : &ldquo; ils ont leurs espaces personnels...&ccedil;a pose un probl&egrave;me parce que s&rsquo;ils sont dans des dossiers personnels, o&ugrave; est la mise en commun ? Chacun a son dossier, rentre avec un code... et o&ugrave; est la mise en commun ?&rdquo;. Dominique Wolton (2012) rappelle que r&eacute;seaux et logique d&rsquo;exclusion ne sont pas incompatibles, les &eacute;crans qui permettent potentiellement une ouverture peuvent s&rsquo;&eacute;riger en fronti&egrave;re et g&eacute;n&eacute;rer des formes d&rsquo;incommunication en ignorant la n&eacute;cessit&eacute; de construire son rapport &agrave; l&rsquo;autre.</p> <p>La d&eacute;mocratisation culturelle, la &ldquo;mondialisation&rdquo; (Wolton, 2012), et l&rsquo;av&egrave;nement du num&eacute;rique, ont profond&eacute;ment boulevers&eacute; l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; de l&rsquo;espace documentaire incarn&eacute; dans la biblioth&egrave;que, confront&eacute; au surgissement d&rsquo;une &ldquo;alt&eacute;rit&eacute; du dedans&rdquo; (Jodelet, 2005). Les acteurs, les modes et les formats de connaissance &eacute;voluent et se diversifient, allant parfois jusqu&rsquo;&agrave; cristalliser l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; au coeur des dispositifs spatiaux, qui se d&eacute;centrent et sont repens&eacute;s sur le mod&egrave;le des flux, de la circulation et de la confrontation des id&eacute;es, comme dans les espaces de travail &eacute;quip&eacute;s (&ldquo;ateliers&rdquo; Canop&eacute; ou Science Po) ou comme dans le mod&egrave;le du r&eacute;seau de liens hypertextes et d&rsquo;espaces num&eacute;riques. Dans les milieux professionnels, on peut retrouver des exemples de construction de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; assum&eacute;e dans les usages des espaces documentaires num&eacute;riques. Dans certaines communaut&eacute;s de pratique, comme celle des &eacute;co-concepteurs, le non-usage ou le faible usage des m&eacute;dias sociaux rel&egrave;ve d&rsquo;une alt&eacute;rit&eacute; revendiqu&eacute;e et d&rsquo;un souci de correspondance entre l&rsquo;espace et le temps de la rencontre avec l&rsquo;autre. On privil&eacute;gie ainsi la r&eacute;union, dont les traces sont conserv&eacute;es et document&eacute;es, dans des r&eacute;seaux internes. On peut m&ecirc;me noter avec St&eacute;phane Vial (2014) que le num&eacute;rique donne &agrave; autrui une forme ph&eacute;nom&eacute;nologique de la pr&eacute;sence techniquement construite et modelable. Les professionnels peuvent cultiver une alt&eacute;rit&eacute; qui ne les exclut pas de la vie &eacute;conomique mais leur permet au contraire de communiquer selon les modalit&eacute;s qu&rsquo;ils choisissent.</p> <p>Les contenus m&ecirc;mes des espaces r&eacute;els que sont les biblioth&egrave;que laissent une place &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dans la relation, &agrave; travers la valorisation de la dimension interculturelle de la litt&eacute;rature, par exemple, comme le montre Martine Abdallah-Pretceille (2010), qui souligne l&rsquo;importance de celle-ci dans l&rsquo;apprentissage de la diversit&eacute;. Pour prendre en compte les go&ucirc;ts des autres, et non plus seulement une culture l&eacute;gitime savante, le panel des formes culturelles s&rsquo;est &eacute;galement &eacute;largi, en atteste par exemple la place grandissante occup&eacute;e par les s&eacute;ries et les jeux vid&eacute;os dans les biblioth&egrave;ques ainsi que les pratiques transm&eacute;dia. Bernard Lahire a montr&eacute; comment les pratiques culturelles empruntent aujourd&rsquo;hui &agrave; des registres et &agrave; des genres tr&egrave;s diff&eacute;rents sans relation d&rsquo;exclusivit&eacute; ou d&rsquo;incompatibilit&eacute;, &agrave; la fois parce que l&rsquo;offre est plurielle mais aussi parce que les occasions de socialisation sont multiples, et ce dans toutes les classes sociales : une logique dissonante, plus que socialement d&eacute;termin&eacute;e, qui fait que l&rsquo;on peut aimer aussi bien &laquo; Moli&egrave;re et le karaok&eacute; &raquo; (Lahire, 2004). &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> <p>Les travaux sur les biblioth&egrave;ques en tant qu&rsquo;espaces de sociabilit&eacute; transversale (Roselli, 2014) montrent, depuis plusieurs ann&eacute;es d&eacute;j&agrave;, comment la biblioth&egrave;que veut attirer aujourd&rsquo;hui des publics longtemps rest&eacute;s sur le seuil. La cr&eacute;ation de biblioth&egrave;ques d&rsquo;outils &nbsp;ou l&rsquo;exp&eacute;rience des grainoth&egrave;ques dans les biblioth&egrave;ques ou les CDI en France qui permettent l&rsquo;&eacute;change et le partage d&rsquo;autres types de ressources sont autant de fa&ccedil;ons d&rsquo;int&eacute;grer l&rsquo;autre dans un espace commun de sociabilit&eacute; dont il &eacute;tait auparavant rest&eacute; ext&eacute;rieur et qui le cantonnait donc &agrave; ce r&ocirc;le de l&rsquo;autre, dans une logique d&rsquo;exclusion. Pour le professionnel de l&rsquo;information, l&rsquo;espace qu&rsquo;il construit et offre au public est avant tout un lieu de socialisation. Les biblioth&egrave;ques dites &laquo; troisi&egrave;me lieu &raquo; qui se multiplient depuis quelques ann&eacute;es r&eacute;pondent en partie &agrave; la volont&eacute; d&rsquo;ouvrir les espaces documentaires &agrave; tous, et de faire dialoguer des publics h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes. Notion emprunt&eacute;e &agrave; la sociologie (Oldenburg, 1989), le troisi&egrave;me lieu est distinct du premier lieu, le foyer, et du deuxi&egrave;me lieu, celui du travail. Le terme sert &agrave; d&eacute;finir un nouveau mod&egrave;le de biblioth&egrave;que &agrave; vocation plus sociale et socialisante. Un lieu qui n&rsquo;est plus seulement centr&eacute; sur les ressources mais tourn&eacute; vers la m&eacute;diation, qui repose sur des espaces ouverts, des activit&eacute;s, des services mais aussi, paradoxalement, sur un ancrage physique fort, con&ccedil;u pour &nbsp;favoriser la mixit&eacute; sociale et les &eacute;changes informels (Servet, 2010). Les &ldquo;autres&rdquo;, de fait exclus, ou qui nourrissent un sentiment d&rsquo;exclusion, sont <i>a priori</i> int&eacute;gr&eacute;s dans ce mod&egrave;le &agrave; la fois social et spatial, cens&eacute; donner une place &agrave; l&rsquo;interaction et permettre aux individus issus d&rsquo;horizons divers de cohabiter en un m&ecirc;me espace. L&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; est prise en compte au plan spatial dans la multiplicit&eacute; des parcours, le brouillage des limites fonctionnelles internes et la qualit&eacute; des vides, ce que certains architectes qualifient d&rsquo; &laquo; architecture de relations &raquo; (Badia Berger architectes, 2015). Bertrand Calenge (2015 : 48) souligne cependant que &laquo; <i>dissocier la biblioth&egrave;que de ce qui la fonde (la transmission du savoir, en particulier par le partage) pose un v&eacute;ritable probl&egrave;me de n&eacute;gation de la sph&egrave;re politique </i>&raquo;, rejoint par Christophe Evans qui redoute les effets de relecture &agrave; la fran&ccedil;aise de la notion de troisi&egrave;me lieu sur un substrat &ldquo;artisto-d&eacute;mocratique&rdquo; (2015, 60). La prise en compte des pratiques culturelles r&eacute;elles dans leur diversit&eacute;, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un projet politique partag&eacute;, appara&icirc;t donc comme une n&eacute;cessit&eacute; bien plus essentielle que l&rsquo;importation de d&eacute;marches marketing dans les biblioth&egrave;ques fussent-elles &ldquo;troisi&egrave;me lieu&rdquo;..</p> <h2><b>&nbsp;CONCLUSION</b></h2> <p>L&rsquo;espace documentaire appara&icirc;t ainsi comme une dimension incontournable dans la construction sociale et cognitive de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; &agrave; travers des dispositifs socio-techniques complexes. Qu&rsquo;ils soient physiques ou num&eacute;riques, les espaces n&rsquo;en sont pas moins r&eacute;els, et doivent permettre &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et &agrave; l&rsquo;alt&eacute;ration, au sens donn&eacute; par Ardoino (1999) de cr&eacute;ation des conditions de possibilit&eacute; de la relation intersubjective, d&rsquo;entrer dans une dynamique d&rsquo;interaction. L&rsquo;espace comme espace de relations et d&rsquo;interactions est &agrave; habiter, &agrave; occuper. Il est cr&eacute;ateur ou conservateur d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; mais cette alt&eacute;rit&eacute; peut &ecirc;tre excluante ou incluante, selon la place faite &agrave; la diversit&eacute;. Le travail de m&eacute;diation des savoirs engag&eacute; par les professionnels de l&rsquo;information r&eacute;pond &agrave; cette question de la diversit&eacute; des besoins, des &nbsp;usages et des usagers ; il s&rsquo;appuie sur des dispositifs mat&eacute;riels, techniques et humains pluriels qui visent, au-del&agrave; de la cr&eacute;ation d&rsquo;un lien (Liquete, Fabre, Gardi&egrave;s, 2010), la cr&eacute;ation d&rsquo;un lieu, espace fertile &agrave; la construction de connaissances.</p> <h2><b><a id="t5"></a>BIBLIOGRAPHIE</b></h2> <p>Abdallah-Pretceille, M. (2010). La litt&eacute;rature comme espace d&rsquo;apprentissage de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et du divers. <i>Synergies Br&eacute;sil: Litt&eacute;ratures et politiques, langues et cultures : Travers&eacute;es franco-br&eacute;siliennes</i>, p. 145-155.</p> <p>Ardoino, J. (1999). 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