<p><strong>Abstract :</strong> Critical situations are characterized by strong emotional pressure and time constraints, even when responding organizations are very well prepared. In such contexts, information transmission is very likely to be slowed down, when not stopped. This paper analyzes, through two distinct periods, how an inter-organizational network addressed situations of various seriousness. Relying on qualitative methods, we identify four behavioral dynamics that influence information transmission and resilience within the network. Reinventing and soldiering support but do not grant information transmission. On the contrary, abandoning and stagnating significantly impede information transmission and resilience. These dynamics both reflects and fuel tensions between affordances, practices and institutional frames that responders experience. We therefore call organizations to renew their approach to materiality in emergency situations.</p> <p><strong>Keywords :</strong> Emergency response, materiality, information transmission, resilience, inter-organizational networks</p> <h2>INTRODUCTION</h2> <p>Une large partie des &eacute;tudes pr&eacute;sente les organisations sp&eacute;cialis&eacute;es dans les situations d&rsquo;urgence comme hautement fiables (La Porte, 1996; Weick &amp; Sutcliffe, 2001) et mettent en exergue leur r&eacute;silience. Cependant, ces organisations se confrontent r&eacute;guli&egrave;rement &agrave; des situations les mettant en difficult&eacute;, voire en situation de crise. Or cet aspect de leur fonctionnement reste moins connu des gestionnaires.</p> <p>De nombreux travaux soulignent le r&ocirc;le central de l&rsquo;information dans la r&eacute;silience des syst&egrave;mes organisationnels, notamment au travers des interactions interindividuelles. Aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;information s&rsquo;av&egrave;re d&rsquo;autant plus cruciale que la digitalisation des soci&eacute;t&eacute;s catalyse la connectivit&eacute; des populations et accro&icirc;t les volumes et la diversit&eacute; des informations absorb&eacute;es par les organisations. La litt&eacute;rature pr&eacute;cise &eacute;galement l&rsquo;importance de la communication et de la circulation de l&rsquo;information dans des situations d&rsquo;urgence, y compris dans les organisations hautement fiables.</p> <p>Certains exemples, tels que le d&eacute;sastre de Mann Gulch, sugg&egrave;rent que les interactions nourrissant la r&eacute;silience des organisations peuvent p&acirc;tir de l&rsquo;abandon des objets et de l&rsquo;influence de la mat&eacute;rialit&eacute; sur la r&eacute;silience des organisations (Weick, 1993). Pourtant, les organisations ne disposent pas de grille de lecture de la mat&eacute;rialit&eacute; pour comprendre son r&ocirc;le dans leur r&eacute;silience. Nous explorons donc dans ce travail l&rsquo;influence des objets sur la transmission des informations dans les organisations se voulant r&eacute;silientes. De mani&egrave;re exploratoire, nous nous attachons &agrave; la question suivante&nbsp;:</p> <p>Dans quelle mesure la mat&eacute;rialit&eacute; constitue-t-elle un ressort de la r&eacute;silience des organisations ?</p> <p>Apr&egrave;s avoir abord&eacute; la question de recherche par un &eacute;tat des connaissances (1.), la m&eacute;thodologie est d&eacute;taill&eacute;e (2.), puis les quatre dynamiques comportementales pr&eacute;sent&eacute;es et analys&eacute;es (3.). Une discussion met en perspective les implications des r&eacute;sultats de l&rsquo;analyse ainsi que la contribution de ce travail (4.)</p> <h2><a id="t2"></a>ETAT DES CONNAISSANCES</h2> <h3>Une approche de la r&eacute;silience en &eacute;volution</h3> <p>La r&eacute;silience s&rsquo;est impos&eacute;e depuis quelques ann&eacute;es comme un cadre heuristique et normatif des risques et des crises. Ces derni&egrave;res ann&eacute;es, il s&rsquo;av&egrave;re que les syst&egrave;mes organisationnels ne parviennent pas &agrave; &eacute;viter certains risques, et ce dans une multiplicit&eacute; de secteurs. Les causes de cette &eacute;volution sont nombreuses&nbsp;: hausse des interd&eacute;pendances et de la connectivit&eacute; entre les organisations (Castells &amp; Delamare, 1998), &eacute;volutions climatiques accroissant la probabilit&eacute; de risques de ph&eacute;nom&egrave;nes climatiques destructeurs (Kunreuther et al., 2013) mais &eacute;galement introduction de nouveaux risques par certains investissements technologiques (Perrow, 1999). Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des secteurs bancaire, nucl&eacute;aire, sanitaire, pharmaceutique, le risque z&eacute;ro n&rsquo;existe donc pas. Dans ce contexte, la r&eacute;silience est devenue une grille d&rsquo;analyse appr&eacute;ci&eacute;e des organisations car elle met en &eacute;vidence l&rsquo;impact d&rsquo;un &eacute;v&eacute;nement sur un syst&egrave;me organisationnel ou inter-organisationnel et la fa&ccedil;on dont le syst&egrave;me r&eacute;pond &agrave; ce choc en retrouvant un niveau de fonctionnement satisfaisant (Hollnagel, Paries, David &amp; Wreathall, 2010).</p> <p>La notion de r&eacute;silience a fait l&rsquo;objet de nombreux travaux dans de nombreuses disciplines, allant de la psychiatrie (Rutter, 1987), l&rsquo;&eacute;cologie (Holling, 1973) en passant par la sociologie (Carver, 1998). Malgr&eacute; son apparente simplicit&eacute;, le ph&eacute;nom&egrave;ne consiste en une succession parfois rapide d&rsquo;&eacute;tapes, allant de la pr&eacute;hension d&rsquo;un risque, la reconnaissance et la r&eacute;ponse &agrave; un choc, l&rsquo;adaptation des ressources pour limiter l&rsquo;impact de ce dernier sur le fonctionnement du syst&egrave;me et le r&eacute;sorber (Altintas &amp; Royer, 2009). Traitant des situations caract&eacute;ris&eacute;es par l&rsquo;urgence ou la crise, ce travail ne prend pas en compte l&rsquo;appr&eacute;hension du risque mais se concentre sur la reconnaissance, la r&eacute;ponse et la r&eacute;sorption des effets d&rsquo;un choc.</p> <p>Dans le domaine de la gestion de l&rsquo;urgence, la r&eacute;silience implique une adaptation des ressources et des comp&eacute;tences afin de maintenir un niveau de fonctionnement satisfaisant (Comfort, Sungu, Johnson &amp; Dunn, 2001). Elle peut aussi &ecirc;tre approch&eacute;e comme un ensemble complexe d&rsquo;ajustements au sein d&rsquo;un syst&egrave;me faisant face &agrave; une situation le mettant en difficult&eacute; et dont il peut ainsi sortir renforc&eacute; et enrichi (Vogus &amp; Sutcliffe, 2007). Ce travail se fonde sur ces deux d&eacute;finitions qui mettent en &eacute;vidence les dynamiques organisationnelles sous-jacentes &agrave; la r&eacute;silience.</p> <p>Malgr&eacute; sa popularit&eacute; croissante, le concept de r&eacute;silience a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; largement d&eacute;battu, notamment au sujet de son cadre empirique originel - les syst&egrave;mes &eacute;cologiques et physiques - dont le fonctionnement diff&egrave;re d&rsquo;un syst&egrave;me organisationnel ou social (B&eacute;n&eacute;, Godfrey Wood, Newsham &amp; Davies, 2012). Par ailleurs, la th&eacute;orie de la r&eacute;silience n&rsquo;a toujours pas r&eacute;ussi &agrave; d&eacute;tailler de mani&egrave;re exhaustive les dynamiques permettant aux organisations de retrouver un niveau de fonctionnement satisfaisant tout en s&rsquo;adaptant &agrave; une situation perturbatrice, ni les conditions favorables &agrave; ces dynamiques (Boin, Comfort &amp; Demchak, 2010). Sans mieux conna&icirc;tre ces &eacute;l&eacute;ments, &eacute;riger la r&eacute;silience comme un cadre normatif incitant les acteurs d&rsquo;un syst&egrave;me &agrave; retrouver rapidement un niveau de fonctionnement semblable &agrave; celui qui le caract&eacute;risait avant le choc peut les plonger dans la confusion (Manyena, 2006) et est discutable sur le plan &eacute;thique (Boin et al., 2010). La r&eacute;silience est donc une notion probl&eacute;matique, dont il convient de mieux comprendre les ressorts.</p> <h3>Les ressorts de la r&eacute;silience des organisations face &agrave; des situations d&rsquo;urgence</h3> <p>Une grande partie des &eacute;tudes portant sur la r&eacute;silience s&rsquo;inspire des organisations hautement fiables. De ce point de vue, ces organisations constituent donc un terrain de pr&eacute;dilection pour mieux comprendre la r&eacute;silience. Toutefois, il arrive que ces organisations r&eacute;silientes s&rsquo;effondrent, comme l&rsquo;illustre le cas de Mann Gulch &eacute;tudi&eacute; par MacLean (2010) puis Weick (1993). Cette r&eacute;alit&eacute; n&rsquo;emp&ecirc;che pas un certain nombre d&rsquo;&eacute;tudes de pr&eacute;senter les cas &eacute;tudi&eacute;s comme des exemples que d&rsquo;autres organisations gagneraient &agrave; imiter (Carroll &amp; Rudolph, 2006; Duchek, 2014; Shawn Burke, Wilson &amp; Salas, 2005; Young, 2011) et &agrave; ne pas aborder les zones d&rsquo;ombre de ces organisations. Comprendre les dynamiques organisationnelles des organisations qui, malgr&eacute; leur expertise, ne parviennent pas &agrave; &ecirc;tre r&eacute;silientes s&rsquo;av&egrave;re toutefois n&eacute;cessaire pour mieux en comprendre les rouages. Quelle est l&rsquo;&eacute;tendue de notre connaissance des rouages organisationnels de la r&eacute;silience&nbsp;? Quelles en sont les limites&nbsp;?</p> <p>Tout d&rsquo;abord les organisations r&eacute;silientes face &agrave; des situations d&rsquo;urgence se caract&eacute;risent par une forte culture de l&rsquo;exp&eacute;rimentation (Weick, 1987) et du risque (Bierly &amp; Spender, 1995), un niveau important de confiance (Colquitt, LePine, Zapata &amp; Wild, 2011), un leadership souple et adapt&eacute; aux sources d&rsquo;expertise (Weick &amp; Sutcliffe, 2001), des proc&eacute;dures et des r&egrave;gles pr&eacute;cis&eacute;ment d&eacute;finies (Jahn, 2016). Toutefois la culture, la doctrine et les routines organisationnelles peuvent aussi devenir des obstacles &agrave; la r&eacute;silience si les acteurs ne parviennent pas &agrave; rapidement transformer leurs pratiques lorsque la situation ne permet pas d&rsquo;appliquer les proc&eacute;dures (Crossan, 1998; Weick &amp; Sutcliffe, 2003). La capacit&eacute; d&rsquo;innovation est donc une condition pr&eacute;alable &agrave; la r&eacute;silience (Vogus &amp; Welbourne, 2003).</p> <p>Pour cette raison, la r&eacute;silience des organisations semble d&eacute;pendre non seulement des acquis mais aussi des pratiques &eacute;mergeant de la situation. Lors des attentats du 11 septembre 2001, c&rsquo;est l&rsquo;improvisation conjointe des services de police et aux sapeurs-pompiers qui a permis le r&eacute;tablissement des r&eacute;seaux &eacute;lectriques et de t&eacute;l&eacute;communication (Wachtendorf, 2004). L&rsquo;improvisation, qui consiste en une d&eacute;viation de l&rsquo;utilisation des ressources sans planification pr&eacute;alable (Moorman &amp; Miner, 1998), ou le bricolage, qui correspond &agrave; une utilisation cr&eacute;ative des ressources &agrave; disposition, (Pina e Cunha, 2005) permettent de r&eacute;pondre &agrave; des probl&egrave;mes in&eacute;dits survenant durant la r&eacute;ponse &agrave; une urgence ou une crise et donc de pallier aux limites des ressources existantes (Gr&oslash;tan, St&oslash;rseth, R&oslash; &amp; Skjerve, 2008). La coordination est essentielle &agrave; la survie des organisations faisant face &agrave; l&rsquo;urgence (Faraj &amp; Xiao, 2006), mais les pratiques &eacute;mergentes peuvent aussi nuire &agrave; la r&eacute;silience des organisations en perturbant le cours de l&rsquo;action (Ciborra, 1996).</p> <p>Le cas du d&eacute;sastre de Mann Gulch illustre comment une improvisation peut mettre en danger la r&eacute;silience de l&rsquo;organisation (Ciborra, 1996; Weick, 1993). En effet, une fois que l&rsquo;incendie a entour&eacute; les sapeurs-pompiers, le leader de l&rsquo;&eacute;quipe a ordonn&eacute; &agrave; ses coll&egrave;gues de l&acirc;cher leur &eacute;quipement et de br&ucirc;ler le sol &agrave; leur pied. Cet ordre n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; compris au sein de l&rsquo;&eacute;quipe et la majorit&eacute; des acteurs ayant pris la fuite sont d&eacute;c&eacute;d&eacute;s.</p> <p>La r&eacute;silience d&rsquo;une organisation d&eacute;pend donc de la transmission de l&rsquo;information lorsque le syst&egrave;me est touch&eacute; par le choc. La transmission d&rsquo;une information d&eacute;pend d&rsquo;une part de l&rsquo;information &eacute;mise et per&ccedil;ue, et d&rsquo;autre part des interactions entre les individus (Watzlawick, Beavin &amp; Jackson, 1967). Face &agrave; l&rsquo;impr&eacute;vu, l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information constitue un puissant levier de mobilisation et de cr&eacute;ativit&eacute; (Akgun, Lynn &amp; Byrne, 2003; Majchrzak &amp; More, 2011; Palen, Vieweg, Sutton, Liu &amp; Hughes, 2007; Wei, Bu, Guo &amp; Gollagher, 2014) et s&rsquo;av&egrave;re donc essentiel. Toutefois l&rsquo;&eacute;mission d&rsquo;informations non conformes aux attentes des professionnels d&eacute;j&agrave; absorb&eacute;s par des probl&egrave;mes peut g&eacute;n&eacute;rer de la confusion (Comfort, 2007; Dawes, Cresswell &amp; Cahan, 2004; Reddy et al., 2009). Les interactions sont &eacute;galement essentielles pour r&eacute;pondre aux probl&egrave;mes pos&eacute;s par l&rsquo;information dans des situations critiques (Mendon&ccedil;a, Webb &amp; Butts, 2010). En effet, c&rsquo;est au gr&eacute; des interactions, notamment le boundary spanning (Tushman &amp; Scanlan, 1981), que les individus parviennent &agrave; accro&icirc;tre la pr&eacute;cision des informations &eacute;chang&eacute;es et donc la capacit&eacute; d&rsquo;adaptation collective (Comfort &amp; Kapucu, 2006; Hutchins, 1991). Dans une situation o&ugrave; les individus peinent &agrave; faire sens de l&rsquo;information, c&rsquo;est le caract&egrave;re discursif des interactions qui facilite l&rsquo;&eacute;mergence de pratiques innovantes coordonn&eacute;es (Adrot &amp; Garreau, 2010). Si les interactions s&rsquo;av&egrave;rent cruciales pour transmettre l&rsquo;information ou poursuivre l&rsquo;adaptation &agrave; une situation critique, elles sont soumises &agrave; d&rsquo;importants risques cognitifs et d&eacute;j&agrave; r&eacute;pertori&eacute;s comme la surcharge informationnelle des individus (Isaac, Campoy &amp; Kalika, 2007; Jones, Ravid &amp; Rafaeli, 2004; Sauvajol-Rialland, 2014)&nbsp; ou leur incapacit&eacute; &agrave; traiter le fond d&rsquo;une communication tout en la transmettant (Weber, 2004). La qualit&eacute; des interactions cro&icirc;t avec la vigilance et l&rsquo;engagement cognitif des acteurs. Ces ph&eacute;nom&egrave;nes ont &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute;s notamment au travers du concept de mindfulness (Argote, 2006; Weick, 2006). Malgr&eacute; l&rsquo;implication des acteurs et la qualit&eacute; des informations transmises, les interactions peuvent parfois s&rsquo;av&eacute;rer profond&eacute;ment perturbatrices pour un collectif (Seibold, Kang, Gailliard &amp; Jahn, 2009). Dans quelles conditions la transmission d&rsquo;information peut-elle donc se d&eacute;t&eacute;riorer&nbsp;?</p> <p>Le d&eacute;sastre de Mann Gulch met en exergue l&rsquo;importance des contextes organisationnels et mat&eacute;riels sur la transmission d&rsquo;information au sein de l&rsquo;&eacute;quipe. Les acteurs ont abandonn&eacute; leur &eacute;quipement, symboliquement porteur de leur identit&eacute;, et par l&agrave;-m&ecirc;me leur capacit&eacute; &agrave; survivre aux flammes. A ce moment, les ordres transmis par le leader de l&rsquo;&eacute;quipe n&rsquo;ont plus eu la m&ecirc;me signification. La majorit&eacute; des membres de l&rsquo;&eacute;quipe se sont mis &agrave; fuir chacun de leur c&ocirc;t&eacute; : La r&eacute;silience du syst&egrave;me compos&eacute; par l&rsquo;&eacute;quipe de sapeurs s&rsquo;est effondr&eacute;e. L&rsquo;analyse de la mission Apollo XIII par Rerup (2001) confirme l&rsquo;importance des objets et leur port&eacute;e symbolique: lors de la pr&eacute;paration du rapatriement des occupants de la station, les experts du centre spatial ont men&eacute; de nombreuses exp&eacute;rimentations sur les objets mobilisables par les astronautes, ces derniers ayant eux-m&ecirc;mes &eacute;labor&eacute; un registre de ces objets. Dans ce deuxi&egrave;me cas, &agrave; partir d&rsquo;un univers commun d&rsquo;objets porteur de sens et facteur de cr&eacute;ativit&eacute;, les acteurs ont d&eacute;velopp&eacute; la perception commune qu&rsquo;une solution pouvait &ecirc;tre trouv&eacute;e au fur de leurs interactions.</p> <p>Les cas de Mann Gulch ou de la mission Apollo XIII illustrent donc &agrave; quel point le rapport que les organisations entretiennent &agrave; la mat&eacute;rialit&eacute; peut influencer la transmission d&rsquo;information (Jahn, 2012). Or si la litt&eacute;rature sur les organisations fiables et la r&eacute;silience aborde la question de la mat&eacute;rialit&eacute; au travers de concepts comme l&rsquo;improvisation, la fa&ccedil;on dont les organisations appr&eacute;hendent la mat&eacute;rialit&eacute;, le lien entre la mat&eacute;rialit&eacute; et la r&eacute;silience reste peu connu. Cette &eacute;tape s&rsquo;av&egrave;re essentielle pour enrichir la litt&eacute;rature sur la r&eacute;silience qui se caract&eacute;rise par un propos prescriptif et normatif (Boin &amp; Van Eeten, 2013) et ne permettant pas d&rsquo;&eacute;claircir les circonstances de la r&eacute;silience. Quel regard la mat&eacute;rialit&eacute; propose-t-elle sur la r&eacute;silience des organisations&nbsp;?</p> <h3>Mat&eacute;rialit&eacute; et transmission d&rsquo;information</h3> <p>Un &laquo;&nbsp;tournant mat&eacute;riel&nbsp;&raquo; (De Vaujany &amp; Mitev, 2015; V&aacute;squez &amp; Plourde, 2017) semble s&rsquo;op&eacute;rer dans les sciences humaines. Progressivement, la r&eacute;flexion sociologique et organisationnelle int&egrave;gre la mat&eacute;rialit&eacute; et pose la question de son statut ontologique (Cooren et al., 2012). La mat&eacute;rialit&eacute; se caract&eacute;rise par ce qui impacte, change et p&egrave;se dans ce qui entoure mat&eacute;riellement les individus (V&aacute;squez &amp; Plourde, 2017). En effet, ce n&rsquo;est pas le caract&egrave;re tangible des choses mais davantage leur dimension symbolique, leur performativit&eacute; ou les possibilit&eacute;s d&rsquo;action qu&rsquo;elles offrent qui leur conf&egrave;rent un caract&egrave;re mat&eacute;riel. De ce fait, la mat&eacute;rialit&eacute; ne se r&eacute;duit pas forc&eacute;ment &agrave; ce qui est en soi mat&eacute;riellement saisissable. Au contraire, elle s&rsquo;&eacute;tend aux objets, artefacts, technologies mais aussi aux normes, proc&eacute;dures, etc., qui influencent la vie des organisations.</p> <p>La place de la mat&eacute;rialit&eacute; dans les organisations a &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute;e au travers de concepts diff&eacute;rents comme ceux d&rsquo;actant (Latour, 2004), d&rsquo;appropriation (Leonardi &amp; Barley, 2008; Orlikowski, 2007) ou encore de logiques institutionnelles (Boxenbaum, Huault &amp; Leca, 2016) ou dynamiques politiques (Feenberg, 2012). Ces approches mettent en &eacute;vidence la fa&ccedil;on dont la mat&eacute;rialit&eacute; participe aux interactions et &agrave; la vie de l&rsquo;organisation, et ce de deux fa&ccedil;ons&nbsp;: tout d&rsquo;abord la mat&eacute;rialit&eacute; incarne la performativit&eacute; de ce qui est implicitement &eacute;voqu&eacute; dans les interactions ou ne peut &ecirc;tre transmis &agrave; titre d&rsquo;information (Cooren et al., 2012). A titre d&rsquo;exemple, lors du d&eacute;sastre de Mann Gulch, l&rsquo;abandon de l&rsquo;&eacute;quipement a incarn&eacute; l&rsquo;abandon de l&rsquo;identit&eacute; professionnelle, qui ne pouvait &ecirc;tre ordonn&eacute; formellement. De ce point de vue, la mat&eacute;rialit&eacute; incarne un ensemble de non-dits concernant le fonctionnement ou les limites de l&rsquo;organisation. Une autre approche consiste &agrave; s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; la fa&ccedil;on dont les individus, au gr&eacute; de leurs interactions et de leurs actions, mobilisent la mat&eacute;rialit&eacute; et sa performativit&eacute; pour participer pleinement &agrave; la vie des organisations (Castor, 2016). De ce fait, l&rsquo;ontologie des organisations assemble la mat&eacute;rialit&eacute;, les interactions et actions des individus et leur contexte organisationnel.</p> <p>La litt&eacute;rature sur la r&eacute;silience a pris en compte la mat&eacute;rialit&eacute;. Tout d&rsquo;abord les concepts d&rsquo;improvisation et de bricolage ont mis en &eacute;vidence que les objets offraient de nombreuses possibilit&eacute;s en termes d&rsquo;innovation par les organisations sp&eacute;cialis&eacute;es dans l&rsquo;urgence (Wachtendorf, 2004). Du point de vue des interactions, les artefacts, comme les objets fronti&egrave;res (Fekete, Hufschmidt &amp; Kruse, 2014), semblent participer &agrave; la qualit&eacute; des interactions en influen&ccedil;ant la sensibilit&eacute;, l&rsquo;interpr&eacute;tation et l&rsquo;engagement dans les organisations hautement fiables (Carlo, Lyytinen &amp; Boland, 2004). Par ailleurs, la port&eacute;e symbolique des objets mobilis&eacute;s et mobilisables semble influencer le d&eacute;roulement des interactions entre les acteurs d&rsquo;un syst&egrave;me mis en difficult&eacute; (Boin, Hart, Stern &amp; Sundelius, 2005; Hart, 1993).</p> <p>Toutefois, le tournant mat&eacute;riel sugg&egrave;re la n&eacute;cessit&eacute; de ne pas limiter l&rsquo;analyse de la mat&eacute;rialit&eacute; &agrave; un objet et pr&eacute;sente l&rsquo;apport d&rsquo;une ontologie relationnelle &agrave; l&rsquo;analyse des organisations faisant face &agrave; l&rsquo;urgence. Nous pensons que cet apport permet de mieux comprendre les ressorts de la r&eacute;silience. Si nous consid&eacute;rons &agrave; nouveau les exemples de Mann Gulch et d&rsquo;Apollo XIII, il est ais&eacute; de constater que, malgr&eacute; la similarit&eacute; de l&rsquo;urgence vitale, les deux cas diff&egrave;rent profond&eacute;ment en termes d&rsquo;action, d&rsquo;interactions et de dynamiques collectives. Les acteurs ne font pas qu&rsquo;improviser &agrave; partir des objets mobilisables. Dans le premier cas ils baissent les bras et stoppent la communication. Dans l&rsquo;autre, ils attribuent aux objets un sens particulier, se mobilisent et poursuivent les interactions. En fonction du rapport des individus aux objets, c&rsquo;est tout un syst&egrave;me organisationnel qui s&rsquo;effondre ou parvient &agrave; r&eacute;pondre &agrave; des enjeux vitaux, contribuant ainsi &agrave; la r&eacute;silience commune.</p> <p>Ne pouvant prendre en compte l&rsquo;ensemble de la mat&eacute;rialit&eacute;, nous nous concentrons sur les objets qui peuvent &ecirc;tre d&eacute;finis comme des r&eacute;sidus visibles, audibles et tangibles de mises en sens pass&eacute;es (V&aacute;squez &amp; Plourde, 2017, p.7). Cette d&eacute;finition de l&rsquo;objet est plus large que celle de l&rsquo;outil. De ce fait elle prend en compte l&rsquo;ensemble des normes, r&egrave;gles, proc&eacute;dures et technologies manipul&eacute;es dans les organisations dont le c&oelig;ur de m&eacute;tier est l&rsquo;urgence, mais &eacute;galement la mat&eacute;rialit&eacute; qui n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; pr&eacute;alablement int&eacute;gr&eacute;e &agrave; des processus ou qui n&rsquo;est pas a priori per&ccedil;ue comme utile &agrave; l&rsquo;accomplissement des t&acirc;ches.</p> <p>Pour &eacute;tudier les objets, le concept d&rsquo;affordance, qui se d&eacute;finit par l&rsquo;ensemble des possibilit&eacute;s d&rsquo;actions offertes &agrave; un &ecirc;tre vivant par son environnement (Gibson, 1978; Greeno, 1994; Hutchby, 2001), nous semble &eacute;clairant pour &eacute;tudier les relations entretenues par les individus aux objets. Comme l&rsquo;explique Oliver, th&eacute;orie de l&rsquo;affordance a &eacute;t&eacute; initialement d&eacute;velopp&eacute;e par Gibson pour mieux comprendre le traitement de l&rsquo;information par des pilotes et se coordonner (2005). La pr&eacute;occupation &agrave; l&rsquo;origine de ce concept est donc celle de la transmission de l&rsquo;information et de la coordination.</p> <p>Aujourd&rsquo;hui, au c&oelig;ur du tournant mat&eacute;riel, le concept a fait l&rsquo;objet d&rsquo;un attrait particulier (V&aacute;squez &amp; Plourde, 2017). En effet, le concept met en &eacute;vidence qu&rsquo;un objet ne peut se limiter &agrave; ce qui le caract&eacute;rise intrins&egrave;quement, mais plut&ocirc;t les possibilit&eacute;s d&rsquo;action per&ccedil;ues ou mises en &oelig;uvre par des individus dans un contexte particulier (Datnow, Park &amp; Kennedy-Lewis, 2013; Leonardi, 2011). Dans cette relation se traduisant parfois par la concr&eacute;tisation d&rsquo;actions, l&rsquo;individu est toutefois limit&eacute; dans sa perception par un ensemble de conventions, issues de ses contextes culturel, professionnel et organisationnel (Norman, 1999). L&rsquo;ancrage th&eacute;orique de l&rsquo;affordance dans une ontologie liant le social et le mat&eacute;riel (Faraj &amp; Azad, 2012) permet d&rsquo;aborder la mat&eacute;rialit&eacute; en prenant en compte les relations que les individus entretiennent aux objets au fur de leurs interactions dans un contexte intra et inter-organisationnel.</p> <p>Dans la section suivante, nous exposons la m&eacute;thodologie que nous avons suivie pour analyser les cas &eacute;tudi&eacute;s.</p> <h2><a id="t3"></a>M&Eacute;THODOLOGIE</h2> <h3>Une approche inductive et un design qualitatif</h3> <p>Ce travail fait partie d&rsquo;un projet plus large consistant en l&rsquo;analyse des syst&egrave;mes d&rsquo;information et des flux d&rsquo;information au sein des syst&egrave;mes de r&eacute;ponse aux urgences impactant la s&eacute;curit&eacute; et la sant&eacute; civile. Pour le travail pr&eacute;sent&eacute; ici, le design de recherche qualitatif s&rsquo;av&egrave;re particuli&egrave;rement pertinent car il permet l&rsquo;observation et la prise en compte des pratiques de travail et de la nature des interactions lors de divers &eacute;v&egrave;nements. Le terrain choisi - une organisation se voulant r&eacute;siliente et experte des situations d&rsquo;urgence - permet d&rsquo;explorer les difficult&eacute;s malgr&eacute; le d&eacute;veloppement de capacit&eacute;s de r&eacute;silience et donc d&rsquo;enrichir notre compr&eacute;hension du concept.</p> <p>Par ailleurs nous avons suivi les principes de la th&eacute;orie enracin&eacute;e durant la collecte et l&rsquo;analyse des donn&eacute;es (Glaser &amp; Strauss, 1967; Strauss &amp; Corbin, 2008).&nbsp; La th&eacute;orie enracin&eacute;e constitue un ensemble de pratiques de collecte et d&rsquo;analyse des donn&eacute;es contribuant &agrave; la g&eacute;n&eacute;ration de mod&egrave;les par la mise en relation logique de codes induits des donn&eacute;es. Ces principes ont guid&eacute; notre collecte des donn&eacute;es, revue au fur de leur analyse et ont permis l&rsquo;&eacute;mergence de codes correspondant aux dynamiques pr&eacute;sent&eacute;es dans la suite de ce document.</p> <p>Notre approche se veut inductive mais inclut aussi de l&rsquo;abduction dans le sens o&ugrave; nous avons syst&eacute;matiquement mis en perspective notre analyse avec le corpus th&eacute;orique. Par ailleurs, nous avons tr&egrave;s r&eacute;guli&egrave;rement confront&eacute; les r&eacute;sultats pr&eacute;liminaires &agrave; des professionnels de l&rsquo;urgence.</p> <h3>Un terrain, deux p&eacute;riodes, trois types de situations</h3> <p>Dans notre analyse, nous prenons en compte deux terrains, en particulier la canicule de 2003 et la gestion des urgences dans un service d&eacute;partemental Incendie et Secours en France entre 2013 et 2014.</p> <p>Au travers de ces deux terrains, nous consid&eacute;rons toujours le m&ecirc;me r&eacute;seau compos&eacute; par des organisations en charge de la r&eacute;ponse aux incidents impactant la s&eacute;curit&eacute; et la sant&eacute; civile en r&eacute;gion parisienne. Ce r&eacute;seau, que nous appelons Alpha, est compos&eacute; de 60 types d&rsquo;organisations de sp&eacute;cialisations diverses, incluant les h&ocirc;pitaux, les services d&rsquo;urgence, les services de police, les sapeurs-pompiers, mais &eacute;galement les organisations en charge de l&rsquo;administration de ces services. En plus des services op&eacute;rationnels et administratifs, les institutions ont &eacute;t&eacute; &eacute;galement prises en compte dans l&rsquo;analyse, en particulier les instances d&eacute;cisionnelles permettant la coordination des services impliqu&eacute;s dans des situations d&rsquo;urgence, de l&rsquo;&eacute;chelle d&eacute;partementale &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle nationale (pr&eacute;fecture d&eacute;partementale, pr&eacute;fecture de zone, COGIC, minist&egrave;res, etc.)</p> <p>La collecte et l&rsquo;analyse de donn&eacute;es issues de deux p&eacute;riodes du fonctionnement d&rsquo;Alpha ont permis la prise en compte de trois types de situations correspondant &agrave; des niveaux de complexit&eacute; et de pr&eacute;paration divers.</p> <p>Tout d&rsquo;abord, nous abordons la situation critique au travers de la canicule de 2003 qui a impact&eacute; tr&egrave;s fortement la r&eacute;gion parisienne, dans le sens o&ugrave; elle a remis en question la capacit&eacute; du r&eacute;seau Alpha &agrave; accomplir sa mission et a impos&eacute; d&rsquo;extr&ecirc;mes contraintes temporelles et &eacute;motionnelles. En ce sens, la canicule correspond &agrave; une crise organisationnelle telle que d&eacute;finie par Hermann (1963). Par ailleurs, la canicule a surpris une large proportion des acteurs membres du r&eacute;seau. En effet, l&rsquo;&eacute;tat des connaissances sur la canicule et ses implications &eacute;tait relativement r&eacute;duit au moment o&ugrave; les temp&eacute;ratures diurnes et nocturnes ont augment&eacute;.</p> <p>Le deuxi&egrave;me type de situation correspond &agrave; une situation d&rsquo;urgence de large &eacute;chelle &agrave; laquelle Alpha s&rsquo;est relativement bien pr&eacute;par&eacute;e&nbsp;: les proc&eacute;dures et le d&eacute;roulement des op&eacute;rations font l&rsquo;objet d&rsquo;une planification qui &eacute;volue au fil des exercices r&eacute;guliers effectu&eacute;s par le r&eacute;seau. Toutefois ce type de situation est caract&eacute;ris&eacute;e par de nombreuses contraintes et est rythm&eacute;e par un ensemble d&rsquo;&eacute;v&egrave;nements inattendus, qui peuvent mettre en difficult&eacute; la r&eacute;silience d&rsquo;Alpha dans son ensemble. D&rsquo;un point de vue empirique, nous abordons ce type de situation au travers d&rsquo;un accident ferroviaire qui s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute; en r&eacute;gion parisienne en 2013 et qui s&rsquo;est caract&eacute;ris&eacute; par une forte incertitude au sujet des causes de l&rsquo;accident. Cet accident est survenu au d&eacute;but des vacances scolaires et a donc impliqu&eacute; plus de 200 personnes et le d&eacute;c&egrave;s de sept personnes. Malgr&eacute; la consid&eacute;rable ampleur des d&eacute;g&acirc;ts et la forte incertitude, l&rsquo;ensemble des impliqu&eacute;s a &eacute;t&eacute; pris en charge en moins de 6 heures. Toutefois, les contraintes op&eacute;rationnelles et institutionnelles se sont av&eacute;r&eacute;es importantes, du fait de la survenue, parfois de mani&egrave;re impromptue, de certains acteurs. &Eacute;tant donn&eacute; l&rsquo;ampleur des besoins de coordination pour l&rsquo;&eacute;vacuation des impliqu&eacute;s, les cellules de crise &agrave; &eacute;chelle d&eacute;partementale et r&eacute;gionale ont &eacute;t&eacute; activ&eacute;es. Lors de cette situation, la transmission d&rsquo;information &eacute;tait non seulement intense mais aussi tr&egrave;s diversifi&eacute;e.</p> <p>Le troisi&egrave;me type de situation que nous analysons correspond aux urgences routini&egrave;res pouvant mobiliser un nombre important d&rsquo;acteurs op&eacute;rationnels, comme les sapeurs-pompiers, les services de police et de gendarmerie, les services ambulanciers, ainsi que l&rsquo;ensemble des centres d&rsquo;appel et les d&eacute;cisionnaires &agrave; &eacute;chelles locale et d&eacute;partemental. Nous y incluons &eacute;galement les exercices, car les enjeux op&eacute;rationnels d&rsquo;un exercice restent limit&eacute;s et les acteurs ont pu se pr&eacute;parer &agrave; la situation simul&eacute;e. Ces situations font l&rsquo;objet de fiches op&eacute;rationnelles permettant &agrave; l&rsquo;ensemble des acteurs d&rsquo;identifier la s&eacute;quence des actions &agrave; entreprendre par les uns et les autres. De par leur fr&eacute;quence, ces urgences impliquent un nombre d&rsquo;acteurs fortement r&eacute;duit par rapport aux deux autres types de situation. Toutefois, notre analyse empirique r&eacute;v&egrave;le que malgr&eacute; le caract&egrave;re anodin de ce type de situation, Alpha a pu &ecirc;tre mis en difficult&eacute;, notamment par l&rsquo;accumulation de surprises ou de contraintes. Ainsi l&rsquo;&eacute;tude prend en compte des situations d&rsquo;urgence routini&egrave;re durant lesquelles les acteurs ont fait face &agrave; la conjonction de contraintes inattendues, comme l&rsquo;impossibilit&eacute; d&rsquo;acc&eacute;der au terrain. Le tableau 1 compare les trois situations &eacute;tudi&eacute;es.</p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td colspan="3" valign="top" width="453"><b>Tableau 1. Comparaison des situations &eacute;tudi&eacute;es</b></td> </tr> <tr> <td valign="top" width="246"><b>Situations</b></td> <td valign="top" width="78"><b>Complexit&eacute;</b></td> <td valign="top" width="129"><b>Degr&eacute; de pr&eacute;paration</b></td> </tr> <tr> <td valign="top" width="246">Situation critique</td> <td valign="top" width="78">+++</td> <td valign="top" width="129">--</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="246">Urgence de large-&eacute;chelle incluant de fortes contraintes</td> <td valign="top" width="78">++</td> <td valign="top" width="129">++</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="246">Exercices et urgences routini&egrave;res</td> <td valign="top" width="78">-</td> <td valign="top" width="129">+++</td> </tr> </tbody> </table> <h3><br /> La collecte des donn&eacute;es</h3> <p>Le panel de donn&eacute;es exploit&eacute;es s&rsquo;av&egrave;re relativement large car il couvre une totalit&eacute; de 28 entretiens semi-directifs centr&eacute;s (Romelaer, 2005) dont la dur&eacute;e varie de 50 minutes &agrave; 2 heures; plus de 60 heures d&rsquo;observations non participantes notamment durant des exercices et des formations. Par ailleurs, nous avons collect&eacute; un nombre cons&eacute;quent de donn&eacute;es dans des archives au sujet de la canicule mais &eacute;galement la documentation interne &agrave; Alpha, entre 2013 et 2014.</p> <p>Notre collecte des donn&eacute;es s&rsquo;est donc d&eacute;roul&eacute;e sur deux p&eacute;riodes, la premi&egrave;re allant de 2006 &agrave; 2009 et consistant en une collecte de donn&eacute;es r&eacute;trospectives, la deuxi&egrave;me allant de 2012 &agrave; 2014. Dans un premier temps, nous avons conduit des entretiens et analys&eacute; les archives relatives &agrave; la coordination du r&eacute;seau Alpha durant la canicule de 2003. Dans un deuxi&egrave;me temps, des observations et des entretiens ont &eacute;t&eacute; effectu&eacute;s aupr&egrave;s de sapeurs-pompiers et de leurs partenaires dans un d&eacute;partement de grande taille. Ce travail a permis de trianguler des donn&eacute;es collect&eacute;es aupr&egrave;s d&rsquo;un large panel d&rsquo;acteurs, mais &eacute;galement d&rsquo;identifier les diff&eacute;rents contextes rencontr&eacute;s par Alpha en termes de complexit&eacute; et de criticit&eacute;.</p> <p>La collecte des donn&eacute;es s&rsquo;est fortement appuy&eacute;e sur les observations et les entretiens, approche certes traditionnelle de l&rsquo;analyse qualitative, mais n&eacute;cessaire au vu des sp&eacute;cificit&eacute;s du terrain et des concepts abord&eacute;s. En effet, pour optimiser la qualit&eacute; des donn&eacute;es et aborder la question de l&rsquo;&eacute;chec au sein d&rsquo;organisations r&eacute;silientes, il s&rsquo;est av&eacute;r&eacute; n&eacute;cessaire d&rsquo;aller au-del&agrave; des repr&eacute;sentations institutionnelles v&eacute;hicul&eacute;es au travers des images communiqu&eacute;es par ces organisations. L&rsquo;entretien et l&rsquo;observation, permettant une proximit&eacute; et une relation de confiance avec les acteurs, contribuent &agrave; la qualit&eacute; des donn&eacute;es collect&eacute;es sur la crise, l&rsquo;&eacute;chec et l&rsquo;abandon, m&ecirc;me s&rsquo;ils impliquent un effort suppl&eacute;mentaire de gestion de biais g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par la proximit&eacute; avec les acteurs (Nunkoosing, 2005). Par ailleurs, les entretiens ont permis de collecter des donn&eacute;es sur les &eacute;motions des acteurs, et ce pour comprendre leur motivation &agrave; utiliser ou ne pas utiliser des objets, ce qui a permis l&rsquo;analyse de la dimension relationnelle de la mat&eacute;rialit&eacute; telle qu&rsquo;&eacute;voqu&eacute;e dans la revue de litt&eacute;rature et appr&eacute;hend&eacute;e au travers des donn&eacute;es. Enfin, d&rsquo;un point de vue d&eacute;ontologique, la cr&eacute;ation d&rsquo;un lien authentique et bienveillant avec les informateurs s&rsquo;impose tout d&rsquo;abord du fait de la dimension existentielle de la gestion d&rsquo;urgence ou de la crise (Billings, Milburn &amp; Schaalman, 1980; Dutton, Frost, Worline, Lilius &amp; Kanov, 2002), ce qui a justifi&eacute; le temps consacr&eacute; &agrave; la relation humaine durant la collecte de donn&eacute;es, notamment par le biais des entretiens et des observations.</p> <h3>L&rsquo;analyse des donn&eacute;es</h3> <p>L&rsquo;aire substantive &eacute;tant le r&ocirc;le des syst&egrave;mes d&rsquo;information dans le fonctionnement d&rsquo;Alpha,&nbsp; l&rsquo;analyse des donn&eacute;es s&rsquo;est faite de mani&egrave;re it&eacute;rative, selon les principes de l&rsquo;&eacute;chantillonnage th&eacute;orique, qui consiste en l&rsquo;adaptation de la collecte de donn&eacute;es au fur et &agrave; mesure de l&rsquo;&eacute;mergence du mod&egrave;le (Glaser &amp; Strauss, 1967). La sensibilit&eacute; th&eacute;orique, qui suppose une approche ouverte et dialogique des th&eacute;ories existantes au fur de l&rsquo;analyse des donn&eacute;es (Glaser, 1978), permet au chercheur de mettre en perspective son mod&egrave;le avec la th&eacute;orie tout en &eacute;vitant de possibles biais th&eacute;oriques (Suddaby, 2006). Si Glaser insiste sur la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;un regard vierge de tout biais th&eacute;orique, la probl&eacute;matique concerne davantage les modalit&eacute;s d&rsquo;utilisation de la litt&eacute;rature dans l&rsquo;analyse (Dunne, 2011). Ainsi, afin d&rsquo;&eacute;viter tout biais th&eacute;orique ou de ne concentrer l&rsquo;analyse que sur une proportion restreinte des syst&egrave;mes d&rsquo;information, le projet dans lequel ce travail s&rsquo;inscrit a impliqu&eacute; une revue des diverses dimensions des syst&egrave;mes d&rsquo;information, allant de la dimension cognitive de l&rsquo;information (Daft &amp; Lengel, 1984; Deane, 1988), &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience de la technologie (McCarthy &amp; Wright, 2004), la cybern&eacute;tique (Watzlawick et al., 1967), les interactions (Argyle, 1969; Blumer, 1936; Goffman, 1967) et les leviers de communication au sein des organisations. La mise en perspective de ces diff&eacute;rentes dimensions des syst&egrave;mes d&rsquo;information a guid&eacute; le choix de l&rsquo;interaction inter-individuelle, telle que d&eacute;finie par Bales (1950) comme unit&eacute; d&rsquo;observation dans le design de recherche car elle permettait d&rsquo;approcher les syst&egrave;mes d&rsquo;information de la fa&ccedil;on la plus englobante. Ainsi le codage a &eacute;galement &eacute;t&eacute; initi&eacute; &agrave; partir des pans de donn&eacute;es d&eacute;crivant des interactions, mise en perspective avec d&rsquo;autres donn&eacute;es primaires et des donn&eacute;es secondaires issues d&rsquo;archives et d&rsquo;observations. Si les interactions n&rsquo;apparaissent pas formellement dans les r&eacute;sultats de ce travail, elles en constituent le terreau empirique et sont davantage abord&eacute;es dans d&rsquo;autres travaux associ&eacute;s au projet.</p> <p>Le codage a en effet fait &eacute;merger des codes ne portant pas sur les interactions mais plut&ocirc;t le changement d&rsquo;attitude des acteurs vis-&agrave;-vis de l&rsquo;objet (&eacute;mergeant comme cat&eacute;gorie principale), le fonctionnement du syst&egrave;me d&rsquo;urgence &eacute;tant d&eacute;fini comme le core concern du terrain. Par la comparaison syst&eacute;matique des donn&eacute;es (Glaser &amp; Strauss, 1967) cinq puis trois puis quatre dynamiques ont &eacute;merg&eacute; du terrain. Parall&egrave;lement, les codes &laquo;&nbsp;&ecirc;tre vu et voir&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;isolement&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;se comprendre&nbsp;&raquo;, ou encore &laquo;&nbsp;valeurs professionnelles&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;frustration&nbsp;&raquo; ont &eacute;merg&eacute;. Au gr&eacute; des discussions avec des chercheurs en sciences de gestion aux profils divers, ont &eacute;merg&eacute; trois cat&eacute;gories inter-reli&eacute;es &agrave; partir de la clarification de ces codes&nbsp;: i) &laquo;&nbsp;transmission de l&rsquo;information&nbsp;&raquo;, faisant r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la fluidit&eacute; des flux d&rsquo;information au sein d&rsquo;Alpha, ii) &laquo;&nbsp;Cadre institutionnel&nbsp;&raquo;, faisant r&eacute;f&eacute;rence au regard des acteurs sur les enjeux et le cadre institutionnels d&rsquo;Alpha, iii) &laquo;&nbsp;Mission&nbsp;&raquo;, faisant r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;accomplissement de l&rsquo;action conform&eacute;ment aux valeurs professionnelles et personnelles. La mise en perspective des codes au gr&eacute; des discussions avec des pairs a permis de faire &eacute;merger les liens logiques entre les quatre cat&eacute;gories. Par exemple, une pr&eacute;sentation acad&eacute;mique a permis de mettre en &eacute;vidence que le code &laquo;&nbsp;isolement&nbsp;&raquo;, d&eacute;crivant initialement l&rsquo;absence d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information ou l&rsquo;impossibilit&eacute; de communiquer, pouvait aussi faire r&eacute;f&eacute;rence &agrave; une frustration issue au d&eacute;calage entre ce que l&rsquo;institution attend et les missions des acteurs et les moyens d&rsquo;action &agrave; leur disposition (notamment les objets). Le mod&egrave;le a ainsi &eacute;merg&eacute; au gr&eacute; de la r&eacute;flexion et l&rsquo;identification d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments empiriques portant sur les liens entre les cadres institutionnels, pratiques et exp&eacute;rientiels de l&rsquo;urgence. Ce retour vers les donn&eacute;es a mis en &eacute;vidence que la dynamique comportementale associ&eacute;e &agrave; l&rsquo;objet pouvait refl&eacute;ter ou alimenter le rapport des acteurs &agrave; leurs missions et institutions. Le concept d&rsquo;affordance a ensuite &eacute;t&eacute; mobilis&eacute; &agrave; la suite d&rsquo;une mise en perspective du mod&egrave;le &eacute;mergent avec la litt&eacute;rature.</p> <p>Pour s&rsquo;assurer de la saturation, deux strat&eacute;gies ont &eacute;t&eacute; employ&eacute;es. Tout d&rsquo;abord l&rsquo;identification de contextes diff&eacute;rents au sein d&rsquo;Alpha a permis une comparaison des dynamiques observ&eacute;es dans des situations aux niveaux de complexit&eacute; et de criticit&eacute; variables. En effet, prendre uniquement en compte une situation critique impliquait une restriction des r&eacute;sultats &agrave; des cas rares. Or, en &eacute;tendant le panel des situations &eacute;tudi&eacute;es, nous avons pu constater que les r&eacute;sultats concernaient &eacute;galement des situations en apparence moins complexes ou auxquelles Alpha se pr&eacute;parait. Cette extension a permis de mettre en &eacute;vidence que la r&eacute;silience d&rsquo;un syst&egrave;me inter-organisationnel peut &ecirc;tre mise en difficult&eacute; nonobstant le caract&egrave;re plus ou moins extr&ecirc;me d&rsquo;une situation rencontr&eacute;e. Cette comparaison a permis &agrave; un certain stade de l&rsquo;analyse de limiter le nombre de dynamiques comportementales &agrave; quatre, notamment en pr&eacute;cisant les diff&eacute;rences entre la stagnation et l&rsquo;abandon. Par ailleurs, Glaser et Strauss recommandent la confrontation du mod&egrave;le &eacute;mergent &agrave; d&rsquo;autres terrains (Glaser &amp; Strauss, 1967), pratique utilis&eacute;e lors de la collecte de donn&eacute;es sur d&rsquo;autres terrains, par exemple &agrave; l&rsquo;occasion d&rsquo;entretiens et d&rsquo;observation, ou par la confrontation des r&eacute;sultats au regard et &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience des praticiens.&nbsp; Si le nombre de dynamiques identifi&eacute;es a vari&eacute;, la comparaison syst&eacute;matique de cat&eacute;gories entre plusieurs portions de donn&eacute;es issues de contextes et de p&eacute;riodes diff&eacute;rents n&rsquo;a pas permis d&rsquo;identifier une dynamique suppl&eacute;mentaire. La prise en compte de terrains de culture fondamentalement diff&eacute;rente ou dont le c&oelig;ur de m&eacute;tier n&rsquo;est pas la gestion de l&rsquo;urgence est toutefois une perspective que nous consid&eacute;rons pour &eacute;tendre les r&eacute;sultats &agrave; d&rsquo;autres secteurs d&rsquo;activit&eacute; que l&rsquo;urgence.</p> <h2><a id="t4"></a>LES DYNAMIQUES COMPORTEMENTALES</h2> <p>Notre analyse nous a permis de mettre en &eacute;vidence quatre dynamiques comportementales. Nous d&eacute;taillons chacune d&rsquo;entre elles &agrave; l&rsquo;aune de plusieurs situations et nous mettons en lumi&egrave;re les implications de chaque dynamique sur la transmission d&rsquo;information et la r&eacute;silience d&rsquo;Alpha.</p> <h3>L&rsquo;abandon</h3> <p>L&rsquo;abandon consiste en une rupture brutale de l&rsquo;utilisation d&rsquo;un artefact permettant de transmettre l&rsquo;information par une partie des acteurs impliqu&eacute;s dans une situation relativement critique. Les donn&eacute;es empiriques mettent en &eacute;vidence le fait l&rsquo;objet abandonn&eacute; est intens&eacute;ment utilis&eacute; avant que le syst&egrave;me de r&eacute;ponse ne soit mis en difficult&eacute;. Il constitue m&ecirc;me une pierre angulaire de la transmission d&rsquo;information pour une partie des acteurs d&rsquo;Alpha. L&rsquo;abandon de ces outils ne d&eacute;pend pas exclusivement des caract&eacute;ristiques de l&rsquo;outil mais davantage du d&eacute;calage entre les possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par l&rsquo;objet et les besoins inh&eacute;rents &agrave; la situation.</p> <p>Durant la canicule de 2003, les acteurs hospitaliers ont rapidement abandonn&eacute; l&rsquo;utilisation du Programme de M&eacute;dicalisation du Syst&egrave;me d&rsquo;Information (PMSI). Ce syst&egrave;me a pour objectif une tra&ccedil;abilit&eacute; des soins apport&eacute;s aux patients en vue d&rsquo;une bonne r&eacute;partition des ressources dans le syst&egrave;me de sant&eacute;. Avant la canicule, les utilisateurs de ce syst&egrave;me avaient largement int&eacute;gr&eacute; l&rsquo;objet dans leur travail quotidien et renseignaient r&eacute;guli&egrave;rement l&rsquo;&eacute;tat des activit&eacute;s de leur service. Lorsque le nombre de patients a cru au d&eacute;but du mois d&rsquo;Ao&ucirc;t 2003, le syst&egrave;me, rapidement, n&rsquo;a plus &eacute;t&eacute; aliment&eacute; en donn&eacute;es. Les acteurs n&rsquo;ont alors pas per&ccedil;u de quelle mani&egrave;re le syst&egrave;me leur permettrait d&rsquo;accomplir leur mission. En effet, cela n&eacute;cessitait qu&rsquo;une personne abandonne ses t&acirc;ches pour saisir des donn&eacute;es concernant les patients plut&ocirc;t que r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;urgence physique. Or, m&ecirc;me si le syst&egrave;me n&rsquo;avait pas pour vocation &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de formuler des alertes ou&nbsp; de fournir une aide au pilotage op&eacute;rationnel des activit&eacute;s sur le court terme, il offrait une plus grande visibilit&eacute; sur la morbidit&eacute; des patients (Rusch, Baron, Campagne &amp; Duponchel, 2005). Son abandon a signifi&eacute; la perte d&rsquo;une source d&rsquo;information permettant un d&eacute;but de compr&eacute;hension par les d&eacute;cisionnels de la situation rencontr&eacute;e par les op&eacute;rationnels.</p> <p>En 2013, un exercice impliquant une partie relativement r&eacute;duite d&rsquo;Alpha a &eacute;galement &eacute;t&eacute; le th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;abandon d&rsquo;un outil important pour la transmission d&rsquo;information au sein du r&eacute;seau. En effet, Alpha organise une partie des &eacute;changes d&rsquo;information gr&acirc;ce &agrave; une plateforme &eacute;lectronique permettant &agrave; chaque acteur de d&eacute;poser une description des t&acirc;ches accomplies, les t&acirc;ches en cours, et le statut de la situation. L&rsquo;exercice consistait en un incendie dans une zone industrielle. Lorsque des acteurs exp&eacute;riment&eacute;s sont arriv&eacute;s sur le terrain, ils ont constat&eacute; l&rsquo;&eacute;largissement du p&eacute;rim&egrave;tre de s&eacute;curit&eacute; autour de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement&nbsp;: l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;incendie leur a alors &eacute;t&eacute; refus&eacute; pour des raisons de s&eacute;curit&eacute;. Face &agrave; ce refus, ils se sont d&eacute;tourn&eacute;s de la plateforme collaborative. Outre le sentiment de d&eacute;calage entre la l&eacute;gitimit&eacute; que leur conf&eacute;rait leur expertise et l&rsquo;attente institutionnelle d&rsquo;une pleine participation &agrave; l&rsquo;exercice d&rsquo;une part et la place qui leur a &eacute;t&eacute; effectivement faite dans la simulation de la r&eacute;ponse d&rsquo;autre part, les acteurs ne disposaient d&rsquo;aucune donn&eacute;e &agrave; partager sur la plateforme car ne pouvant acc&eacute;der au terrain. Ils ont ainsi tout simplement arr&ecirc;t&eacute; d&rsquo;utiliser la plateforme dont certains avaient &eacute;t&eacute; des utilisateurs clefs. L&rsquo;abandon ne r&eacute;sultait pas de l&rsquo;ergonomie de l&rsquo;outil mais plut&ocirc;t de la perplexit&eacute; face aux possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par l&rsquo;outil, le contexte pratique de l&rsquo;exercice et les attentes institutionnelles. Toutefois, l&rsquo;expertise de ces acteurs sur la situation du terrain &eacute;tait attendue dans la cellule de crise. A la suite de cet abandon, les membres des cellules de crise ne re&ccedil;urent plus d&rsquo;information de la part des acteurs et attendirent plusieurs heures avant de comprendre pleinement l&rsquo;&eacute;volution du terrain.</p> <p>Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;un exercice ou d&rsquo;une crise, l&rsquo;abandon au sein d&rsquo;Alpha semble s&rsquo;&ecirc;tre caract&eacute;ris&eacute; par la perception par les acteurs d&rsquo;une contradiction entre les attentes institutionnelles et leur approche de leur mission d&rsquo;une part, leur mission et ce que l&rsquo;objet leur permettrait de faire d&rsquo;autre part.</p> <h3>La r&eacute;signation</h3> <p>La r&eacute;signation correspond au maintien de l&rsquo;utilisation d&rsquo;un objet en vue de transmettre l&rsquo;information, malgr&eacute; de nombreuses difficult&eacute;s cognitives et &eacute;motionnelles. Cette dynamique, qui se caract&eacute;rise par une mont&eacute;e de la frustration de certains acteurs, permet tout de m&ecirc;me de maintenir certains processus de transmission ainsi que la coordination au sein d&rsquo;un ensemble d&rsquo;organisations. En ce sens, cette dynamique nourrit une forme de r&eacute;silience plut&ocirc;t qu&rsquo;un arr&ecirc;t des activit&eacute;s.</p> <p>Durant la canicule, les centres d&rsquo;appel du SAMU ont &eacute;t&eacute; surcharg&eacute;s d&rsquo;appels (H&eacute;mon et al., 2003) et le dispositif et les infrastructures des centres d&rsquo;appel ont r&eacute;v&eacute;l&eacute; leurs limites&nbsp;en ressources mat&eacute;rielles et humaines. De nombreux acteurs ont ainsi r&eacute;v&eacute;l&eacute; la fatigue physique et morale qui s&rsquo;est rapidement accumul&eacute;e au sein des centres, allant jusqu&rsquo;au ras-le bol collectif. Les acteurs ont soulign&eacute; que les ressources qui &eacute;taient &agrave; leur disposition, en particulier les centre d&rsquo;appels et les t&eacute;l&eacute;phones, ne leur permettaient pas de r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;afflux des requ&ecirc;tes. Malgr&eacute; la chaleur et la fatigue, leur t&acirc;che leur semblait toutefois &eacute;vidente et r&eacute;pondait aux enjeux institutionnels tels que la visibilit&eacute; de l&rsquo;organisation et sa contribution &agrave; la satisfaction des besoins des populations par Alpha. Les centres d&rsquo;appel ont maintenu une intense activit&eacute;, ce qui a &eacute;galement facilit&eacute; l&rsquo;organisation des interventions par les sapeurs-pompiers et la Croix Rouge sur le terrain et soutenu la communication de bonnes pratiques aupr&egrave;s de la population. Sans l&rsquo;utilisation du dispositif des centres d&rsquo;appels et de leurs infrastructures, l&rsquo;allocation des ressources sur le terrain devenait plus incertaine et confuse. La r&eacute;signation des centres d&rsquo;appels a donc indirectement soutenu l&rsquo;intensification de l&rsquo;activit&eacute; op&eacute;rationnelle d&rsquo;Alpha pour r&eacute;pondre &agrave; l&rsquo;augmentation des demandes, et a donc particip&eacute; &agrave; sa r&eacute;silience.</p> <p>Plus r&eacute;cemment, des retours d&rsquo;exp&eacute;rience ont mis en &eacute;vidence les difficult&eacute;s inh&eacute;rentes &agrave; ce qui est commun&eacute;ment appel&eacute; &laquo;&nbsp;la mont&eacute;e en puissance &raquo; des op&eacute;rations au sein d&rsquo;Alpha. En d&rsquo;autres termes, le d&eacute;ploiement rapide des infrastructures de communication et de d&eacute;cision, mat&eacute;rialis&eacute; sous forme de protocoles, repr&eacute;sente un processus qui peut s&rsquo;av&eacute;rer complexe et parfois chronophage, d&rsquo;autant plus que l&rsquo;urgence de large &eacute;chelle peut n&eacute;cessiter une rapide adaptation des acteurs. Malgr&eacute; la frustration g&eacute;n&eacute;r&eacute;e par la contradiction entre le temps n&eacute;cessaire &agrave; l&rsquo;&eacute;tablissement d&rsquo;un poste de commandement dit de &laquo;&nbsp;colonne&nbsp;&raquo; et les contraintes temporelles, les acteurs ont exprim&eacute; l&rsquo;importance de ce dispositif dans la r&eacute;ponse d&rsquo;Alpha et se r&eacute;signent &agrave; appliquer t&acirc;che apr&egrave;s t&acirc;che son processus de mise en place durant les exercices et les urgences de large &eacute;chelle. Par cons&eacute;quent la mont&eacute;e en puissance peut ralentir les flux d&rsquo;information, mais finit par aboutir &agrave; un maintien des flux d&rsquo;information.</p> <p>Durant les entretiens, les acteurs ont admis la frustration et le stress associ&eacute;s &agrave; la mont&eacute;e en puissance des infrastructures. Ils consid&egrave;rent que ce protocole ne r&eacute;pond pas &agrave; leur besoin de r&eacute;activit&eacute; imm&eacute;diate sur le terrain et sont conscients de leurs limites dans son application. Toutefois, ils comprennent que prendre le temps d&rsquo;adapter les infrastructures &agrave; la taille d&rsquo;un incident est n&eacute;cessaire. En particulier, le protocole est cens&eacute; les guider dans l&rsquo;agrandissement des postes de commandement afin d&rsquo;accueillir un nombre plus important d&rsquo;acteurs op&eacute;rationnels ou d&rsquo;accueillir des d&eacute;cisionnaires. Si le protocole ne leur semble pas adapter aux besoins imm&eacute;diats en op&eacute;rations, la mission d&rsquo;accueil des intervenants et l&rsquo;attente institutionnelle de perfectionnement dans l&rsquo;application du protocole est accept&eacute;e.</p> <p>La r&eacute;signation, de par la frustration qui la caract&eacute;rise, correspond &agrave; un maintien de la communication malgr&eacute; un relatif ralentissement des flux d&rsquo;informations. Les acteurs per&ccedil;oivent le sens de leur mission, nonobstant la p&eacute;nibilit&eacute; et une exp&eacute;rience &eacute;prouvante des possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par la mat&eacute;rialit&eacute;. La r&eacute;signation se caract&eacute;rise par un degr&eacute; de conscience relativement &eacute;lev&eacute; des frictions entre possibilit&eacute;s d&rsquo;action et missions. Lentement mais s&ucirc;rement, l&rsquo;adaptation &agrave; la situation par Alpha se fait, signe d&rsquo;une r&eacute;silience du syst&egrave;me.</p> <h3>La r&eacute;invention</h3> <p>Dans le cas de la r&eacute;invention, les acteurs font &eacute;voluer les pratiques autour des outils utiles &agrave; la transmission d&rsquo;information.</p> <p>Durant la canicule, des responsables d&eacute;cisionnels ont fait &eacute;voluer leurs pratiques du fax. En effet, d&egrave;s le d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;pisode d&rsquo;intense chaleur diurne et nocturne, ils ont anticip&eacute; une aggravation de la situation. Malgr&eacute; quelques doutes, ils ont pens&eacute; qu&rsquo;une mobilisation des ressources ne pourrait se faire que de mani&egrave;re informelle, car ils ne disposaient pas des pr&eacute;rogatives permettant le d&eacute;clenchement d&rsquo;un plan blanc. Ils ont alors vu une occasion de rendre la communication par fax plus engageante, notamment par l&rsquo;ajout d&rsquo;un message personnel manuscrit. Les acteurs ont ainsi identifi&eacute; de nouvelles possibilit&eacute;s d&rsquo;action. Pour ce faire, ils se sont affranchis de leur environnement institutionnel.</p> <p>Dix ans plus tard, et dans une situation beaucoup moins critique, des sapeurs-pompiers ont fait la d&eacute;couverte d&rsquo;une cinquantaine de personnes sans papier dans un immeuble en feu, un jour d&rsquo;hiver pluvieux. Face &agrave; cet &eacute;v&eacute;nement impr&eacute;vu affectant l&rsquo;urgence en apparence routini&egrave;re, ils ont collabor&eacute; avec les services de police pour d&eacute;tourner l&rsquo;usage d&rsquo;un bus public. Ils ont ainsi pu regrouper les impliqu&eacute;s dans un endroit sec, proc&eacute;dant ensuite &agrave; leur recensement. Ils ont ainsi pu s&rsquo;appuyer sur un outil tout &agrave; fait inattendu pour produire, classifier et transmettre sereinement l&rsquo;information.</p> <p>Dans ces deux cas tr&egrave;s diff&eacute;rents en termes de niveau de complexit&eacute; et de criticit&eacute;, la r&eacute;invention, fond&eacute;e sur l&rsquo;improvisation et le bricolage, a permis la transmission de l&rsquo;information au service de la coordination malgr&eacute; le manque de moyens. Les acteurs ont toutefois fait avec le contexte r&eacute;glementaire et pris le risque de privil&eacute;gier, dans un &eacute;lan pragmatique, l&rsquo;accomplissement de l&rsquo;action permise par la mat&eacute;rialit&eacute; plut&ocirc;t que des enjeux institutionnels. Dans ces deux cas, la r&eacute;invention a soutenu la r&eacute;silience d&rsquo;Alpha, tout en repr&eacute;sentant une source de risque informationnel car elle a n&eacute;cessit&eacute; davantage d&rsquo;interactions au sein d&rsquo;Alpha. Toutefois, les acteurs s&rsquo;affranchissent du contexte institutionnel de leur mission, se concentrant davantage sur les nouvelles possibilit&eacute;s d&rsquo;actions permettant de remplir leur mission.&nbsp;</p> <h2><a id="t5"></a>LA STAGNATION</h2> <p>La stagnation correspond au maintien de l&rsquo;usage routinier des objets utiles &agrave; la transmission d&rsquo;information malgr&eacute; un contexte plus &eacute;prouvant, si ce n&rsquo;est critique : Les acteurs conservent donc leurs pratiques, en apparence comme si aucune contrainte ne se posait. Contrairement &agrave; la r&eacute;invention, les acteurs r&eacute;v&egrave;lent ainsi leur attachement &agrave; certaines pratiques et usages institutionnalis&eacute;s.</p> <p>Durant la canicule de 2003, certains administratifs ont ainsi maintenu une utilisation des courriels en respectant les &eacute;tapes de validation et de transmission des messages de rigueur en situation de routine. Lorsque les temp&eacute;ratures diurnes et nocturnes ont commenc&eacute; &agrave; augmenter au d&eacute;but du mois d&rsquo;Ao&ucirc;t, le cabinet du ministre de la sant&eacute; a identifi&eacute; la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;envoyer un message urgent &agrave; destination de la Direction G&eacute;n&eacute;rale de la Sant&eacute; (DGS), par anticipation des possibles effets sur la sant&eacute; des temp&eacute;ratures. Malgr&eacute; l&rsquo;urgence de la production et de l&rsquo;envoi du message relev&eacute; per&ccedil;ue &agrave; l&rsquo;initiative, l&rsquo;ensemble des interlocuteurs impliqu&eacute;s dans le processus ont maintenu un processus routinier de validation, r&eacute;sultant en un d&eacute;lai de trois jours. Le message a donc &eacute;t&eacute; envoy&eacute; aux praticiens et &agrave; la DGS le vendredi suivant &agrave; 18h, et n&rsquo;a pas alert&eacute; les praticiens avant le d&eacute;but du weekend.</p> <p>Cette stagnation s&rsquo;est &eacute;galement r&eacute;v&eacute;l&eacute;e durant l&rsquo;accident ferroviaire &eacute;tudi&eacute; qui s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute; dix ans plus tard. Malgr&eacute; de fortes contraintes op&eacute;rationnelles et la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;agir rapidement, les troupes op&eacute;rationnelles ont d&ucirc; accueillir un ensemble de personnalit&eacute;s. Or, cet accueil a mobilis&eacute; une partie des &eacute;nergies d&eacute;ploy&eacute;es et a d&eacute;tourn&eacute; certains acteurs de la communication op&eacute;rationnelle avec le terrain. La transmission d&rsquo;information aux autorit&eacute;s, malgr&eacute; son importance, s&rsquo;est impos&eacute;e comme prioritaire par rapport &agrave; la transmission d&rsquo;information op&eacute;rationnelle. Le maintien de la communication entre le centre des op&eacute;rations et le terrain, lien essentiel &agrave; la coordination, n&rsquo;a pu &ecirc;tre maintenu pendant quelques minutes, pesant sur la r&eacute;silience d&rsquo;Alpha.</p> <p>La stagnation p&egrave;se donc sur la coordination car elle prive certains acteurs d&rsquo;une information rapidement mise &agrave; jour. Dans le cas d&rsquo;Alpha, elle a r&eacute;v&eacute;l&eacute;, malgr&eacute; l&rsquo;urgence de la situation, une attention pr&eacute;pond&eacute;rante des acteurs aux usages et enjeux institutionnels, ce qui les a conduits &agrave; r&eacute;orienter leur mission pour r&eacute;pondre aux enjeux institutionnels. En se concentrant sur le cadre institutionnel, ils ont fait abstraction du contexte de l&rsquo;urgence et ont moins clairement per&ccedil;u le hiatus entre les nouvelles orientations de la mission et les besoins imm&eacute;diats en termes d&rsquo;action d&eacute;coulant de leur mission originelle. Sans l&rsquo;exp&eacute;rience de ce hiatus, les acteurs n&rsquo;ont pas port&eacute; de regard critique ou enthousiaste sur les possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par les objets. L&rsquo;usage des protocoles et des outils est donc rest&eacute; inchang&eacute; malgr&eacute; l&rsquo;urgence, et il ne ressort aucune rupture en termes de possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par les artefacts &agrave; disposition des acteurs. Le choc exog&egrave;ne affectant le syst&egrave;me en activit&eacute; n&rsquo;a &eacute;t&eacute; alors suivi d&rsquo;aucune adaptation des flux d&rsquo;information. Dans les deux cas &eacute;tudi&eacute;s, les acteurs capables d&rsquo;allouer de nouvelles ressources ou moyens pour r&eacute;pondre &agrave; la situation n&rsquo;ont pu actionner les leviers n&eacute;cessaires &agrave; cette allocation.</p> <h2><a id="t6"></a>DISCUSSION</h2> <p>Ce travail a pour objectif de mieux comprendre les ressorts de la r&eacute;silience, en particulier l&rsquo;influence de la mat&eacute;rialit&eacute; sur la transmission d&rsquo;information alimentant la r&eacute;silience. L&rsquo;analyse men&eacute;e au sein de ce travail met en lumi&egrave;re quatre dynamiques comportementales pouvant &eacute;merger dans des syst&egrave;mes organisationnels lorsque ceux-ci sont mis en difficult&eacute;&nbsp;: i) l&rsquo;abandon, ii) la r&eacute;invention, iii) la r&eacute;signation, iv) la stagnation. Ces dynamiques caract&eacute;risent la nature de l&rsquo;usage d&rsquo;objets par les acteurs pouvant participer &agrave; la transmission d&rsquo;information. Ces dynamiques affectent profond&eacute;ment la coordination des syst&egrave;mes et leur r&eacute;silience. Elles peuvent soutenir ou a contrario ralentir, voire mettre en &eacute;chec la transmission d&rsquo;information. Elles n&rsquo;&eacute;mergent pas en fonction du niveau de criticit&eacute; de la situation rencontr&eacute;e par le syst&egrave;me de r&eacute;ponse aux urgences. Au contraire, les donn&eacute;es mettent en &eacute;vidence l&rsquo;importance de l&rsquo;exp&eacute;rience des acteurs au sein de l&rsquo;organisation et de leur syst&egrave;me d&rsquo;action.</p> <p>Plus pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;analyse enracin&eacute;e de ces dynamiques et de leur mat&eacute;rialit&eacute; met en &eacute;vidence le fait qu&rsquo;elles r&eacute;sultent de l&rsquo;imbrication de trois dimensions essentielles et interd&eacute;pendantes de la r&eacute;ponse &agrave; l&rsquo;urgence&nbsp;: i) les possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par un objet &agrave; un acteur - qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;objet me permet de faire imm&eacute;diatement&nbsp;? &ndash; ii) le contexte pratique des acteurs &ndash; que dois-je accomplir dans le cadre de ma mission ? &ndash; iii) le contexte institutionnel &ndash; Que me propose l&rsquo;institution et qu&rsquo;attend-t-elle de moi&nbsp;? Une approche relationnelle de la mat&eacute;rialit&eacute; permet d&rsquo;identifier l&rsquo;imbrication de ces trois dimensions et enrichit notre compr&eacute;hension de la r&eacute;silience des organisations.</p> <p>La figure ci-dessous repr&eacute;sente les quatre dynamiques comportementales mais &eacute;galement les trois dimensions interd&eacute;pendantes et imbriqu&eacute;es de la r&eacute;ponse &agrave; l&rsquo;urgence. Le noyau correspond &agrave; la perception des possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par les objets aux acteurs. Le cercle englobant ce noyau correspond au contexte de l&rsquo;action, en particulier la mission des acteurs, qui, au regard de la situation, peut &ecirc;tre remplie (ou non) par l&rsquo;accomplissement de leurs t&acirc;ches. Ces t&acirc;ches d&eacute;pendent elles-m&ecirc;mes de la perception des possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par un objet. Enfin, le troisi&egrave;me cercle concentrique fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la fa&ccedil;on dont les acteurs per&ccedil;oivent et vivent le cadre institutionnel qui borde leurs actions (contraintes, usages, enjeux, etc.). Le cadre institutionnel dans lequel un acteur &eacute;volue est intimement li&eacute; au contexte pratique de l&rsquo;acteur mais aussi aux possibilit&eacute;s d&rsquo;action per&ccedil;ues par l&rsquo;acteur au gr&eacute; de sa relation avec l&rsquo;objet. C&rsquo;est par rapport &agrave; leur appr&eacute;ciation du cadre institutionnel que les acteurs d&eacute;finissent leurs missions et identifient les possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par un objet. Par ailleurs, un objet dont un acteur peut s&rsquo;emparer pour accomplir sa mission peut le conduire &agrave; ne pas respecter les conventions &eacute;tablies par les institutions, comme d&eacute;taill&eacute; dans le cas de la r&eacute;invention.</p> <p>Chaque dynamique r&eacute;sulte de tensions entre les trois dimensions pr&eacute;sent&eacute;es dans la figure. L&rsquo;abandon se caract&eacute;rise par une double contradiction (repr&eacute;sent&eacute;e dans la figure par les symboles de sens interdit) entre les possibilit&eacute;s d&rsquo;action et la mission d&rsquo;une part, et entre la mission et le cadre institutionnel d&rsquo;autre part. Les acteurs se r&eacute;signant &eacute;prouvent de grandes difficult&eacute;s &agrave; accomplir leurs missions compte tenu des possibilit&eacute;s d&rsquo;action per&ccedil;ues, mais n&rsquo;&eacute;prouvent pas pour autant une contradiction entre ces deux aspects de la r&eacute;ponse &agrave; l&rsquo;urgence. Par ailleurs, ils comprennent la fa&ccedil;on dont la mission s&rsquo;inscrit dans le contexte institutionnel. Dans le cas de la r&eacute;invention, les acteurs identifient de nouvelles opportunit&eacute;s d&rsquo;action afin de remplir leur mission, s&rsquo;affranchissant par ailleurs du cadre institutionnel. Dans le cas du fax, la perception des possibilit&eacute;s d&rsquo;action du fax participe &agrave; cet affranchissement. Enfin, la stagnation se caract&eacute;rise par la pr&eacute;gnance des attentes institutionnelles, qui guident l&rsquo;approche de la mission, mais sans adaptation de l&rsquo;action et sans r&eacute;action aux possibilit&eacute;s d&rsquo;action offertes par un objet.&nbsp;&nbsp;</p> <p>Ainsi il appara&icirc;t sur la figure que les diff&eacute;rences entre les quatre dynamiques peuvent &ecirc;tre parfois l&eacute;g&egrave;res. Certes, l&rsquo;abandon se diff&eacute;rencie nettement des trois autres dynamiques par l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;une contradiction radicale entre les trois dimensions de l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;urgence&nbsp;- contradiction entre les possibilit&eacute;s per&ccedil;ues et la mission d&rsquo;une part et contradiction entre mission et l&rsquo;attente institutionnelle d&rsquo;autre part. La r&eacute;invention, elle, se caract&eacute;rise par l&rsquo;identification de possibilit&eacute;s d&rsquo;action, ainsi qu&rsquo;un affranchissement des acteurs de leur cadre institutionnel. L&rsquo;objet permet donc de remplir ses t&acirc;ches tout en &eacute;vitant d&rsquo;&ecirc;tre critiqu&eacute; par l&rsquo;institution ou s&rsquo;accommodant des contraintes. C&rsquo;est le cas de la r&eacute;invention du fax, qui permet d&rsquo;&eacute;viter de mobiliser les acteurs tout en respectant les pr&eacute;rogatives des uns et des autres. A la diff&eacute;rence de l&rsquo;abandon et de la r&eacute;invention, la r&eacute;signation et la stagnation se caract&eacute;risent par un alignement de la mission au cadre institutionnel. Les diff&eacute;rences entre ces deux dynamiques sont plus t&eacute;nues. En effet, la stagnation diverge de la r&eacute;signation du fait d&rsquo;un d&eacute;calage beaucoup moins pr&eacute;gnant entre ce que permet l&rsquo;objet et la mission d&rsquo;un individu (repr&eacute;sent&eacute; sous forme d&rsquo;&eacute;clair dans la figure). Or la stagnation se caract&eacute;rise aussi une moindre transmission de l&rsquo;information.</p> <h3>La r&eacute;silience, une simple affaire d&rsquo;information et d&rsquo;objet&nbsp;?</h3> <p>Ce travail sugg&egrave;re que la r&eacute;silience ne repose pas uniquement sur les caract&eacute;ristiques d&rsquo;un objet ou d&rsquo;une information mais plut&ocirc;t sur la mise en ad&eacute;quation par les organisations de trois dimensions essentielles de la r&eacute;ponse &agrave; l&rsquo;urgence et qui illustrent le caract&egrave;re ontologiquement relationnel de la mat&eacute;rialit&eacute; en situation d&rsquo;urgence.</p> <p>Tout d&rsquo;abord la perception par des individus des limites d&rsquo;un objet dans l&rsquo;accomplissement de leur mission ne constitue pas forc&eacute;ment un obstacle fondamental &agrave; la transmission de l&rsquo;information et &agrave; la r&eacute;silience d&rsquo;un syst&egrave;me de r&eacute;ponse rompu aux situations d&rsquo;urgence. Il semblerait qu&rsquo;au contraire, la prise de conscience des limites d&rsquo;un objet, comme c&rsquo;est le cas durant la r&eacute;signation, soit pr&eacute;f&eacute;rable &agrave; l&rsquo;absence d&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;un d&eacute;calage entre objet et mission. Par ailleurs, la mise en perspective des t&acirc;ches qu&rsquo;un objet permet d&rsquo;accomplir avec les enjeux organisationnels associ&eacute;s &agrave; la mission, caract&eacute;ristique de la r&eacute;invention et de la r&eacute;signation, semble soutenir la transmission de l&rsquo;information. Une conscience aiguis&eacute;e des &eacute;ventuelles divergences entre possibilit&eacute; d&rsquo;action, mission et cadre institutionnel appara&icirc;t donc comme facteur de r&eacute;silience.</p> <p>En allant plus loin, notre analyse r&eacute;v&egrave;le que la r&eacute;silience d&rsquo;une organisation d&eacute;pend de la capacit&eacute; de ses acteurs &agrave; r&eacute;soudre les n&oelig;uds inh&eacute;rents &agrave; leur appr&eacute;hension des objets, de l&rsquo;action et du cadre institutionnel dans lequel ils &eacute;voluent. Cette capacit&eacute; d&eacute;pend en grande partie du rapport que les acteurs entretiennent avec le cadre institutionnel de leur organisation et la mat&eacute;rialit&eacute;, dimensions qui restent relativement peu explor&eacute;es dans la litt&eacute;rature sur la r&eacute;silience mais d&eacute;j&agrave; analys&eacute;es dans la litt&eacute;rature n&eacute;o-institutionnelle. Ce r&eacute;sultat fait en effet &eacute;cho aux r&eacute;centes &eacute;tudes mettant en &eacute;vidence la pr&eacute;gnance des dynamiques institutionnelles dans le rapport que les individus entretiennent avec les objets (Monteiro &amp; Nicolini, 2014). Une analyse plus approfondie de la dimension institutionnelle de la r&eacute;silience s&rsquo;av&egrave;re donc n&eacute;cessaire pour poursuivre cette analyse.</p> <p>Au-del&agrave; d&rsquo;une meilleure compr&eacute;hension de la dimension institutionnelle de la r&eacute;silience d&eacute;j&agrave; affirm&eacute;e dans d&rsquo;autres travaux (Rosenthal &amp; Kouzmin, 1996), il ressort de ce travail que la r&eacute;silience des organisations semble se nourrir de l&rsquo;autonomie de ses membres dans leur exploitation du caract&egrave;re ontologiquement relationnel de la mat&eacute;rialit&eacute;. En effet, les deux dynamiques aux effets les plus destructeurs en termes de r&eacute;silience &ndash; l&rsquo;abandon et la stagnation &ndash; se caract&eacute;risent par l&rsquo;impression qu&rsquo;ont les acteurs de subir leur cadre institutionnel et les moyens que l&rsquo;institution met &agrave; leur disposition pour accomplir leurs t&acirc;ches. Ce r&eacute;sultat co&iuml;ncide avec l&rsquo;id&eacute;e de la pr&eacute;sence importante de la mat&eacute;rialit&eacute; dans la n&eacute;gociation des r&egrave;gles, mise en &eacute;vidence dans les p&eacute;riodes d&rsquo;apprentissage des organisations hautement fiables par Jahn (2016). Il ressort donc de ce travail la n&eacute;cessit&eacute; pour les organisations visant une plus grande r&eacute;silience d&rsquo;offrir &agrave; ses membres des espaces de n&eacute;gociation autour des objets, des missions et du cadre institutionnel. La prise en compte de l&rsquo;ontologie de la mat&eacute;rialit&eacute; par les praticiens, en particulier dans le domaine de l&rsquo;urgence, constitue, en ce sens, un enjeu majeur.</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;<em><img alt="2017 revue adrot" src="https://numerev.com/images/revue-cossi/images/images-revue/2017-revue-adrot.png" style="width: 500px; height: 358px;" /></em></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 1. Mise en perspective des dynamiques comportementales et de leurs dimensions</em></p> <h3>Contribution</h3> <p>Les travaux existants ont soulign&eacute; la vuln&eacute;rabilit&eacute; des organisations &agrave; des risques informationnels, propres aux modalit&eacute;s de transmission de l&rsquo;information (rapidit&eacute;, volumes). Ce travail analyse quatre dynamiques comportementales impliquant la mat&eacute;rialit&eacute;, qui peuvent mettre en difficult&eacute; ou soutenir les flux d&rsquo;information n&eacute;cessaires &agrave; la r&eacute;silience des organisations. En ce sens, ce travail contribue &agrave; la connaissance sur la r&eacute;silience de deux mani&egrave;res.</p> <p>La premi&egrave;re contribution de ce travail est d&rsquo;&eacute;largir l&rsquo;&eacute;tude de dynamiques &eacute;mergentes participant &agrave; la r&eacute;silience. La litt&eacute;rature a principalement mis en lumi&egrave;re l&rsquo;improvisation et le bricolage comme dynamiques intrins&egrave;ques &agrave; la r&eacute;silience (Cunha &amp; Cunha, 2006; Gr&oslash;tan et al., 2008). En mettant en perspective quatre dynamiques aux implications diff&eacute;rentes, ce travail &eacute;tend notre connaissance de l&rsquo;adaptation inh&eacute;rente &agrave; la r&eacute;silience. L&rsquo;analyse empirique met en effet en perspective l&rsquo;improvisation, ph&eacute;nom&egrave;ne &agrave; pr&eacute;sent connu et largement document&eacute;, avec d&rsquo;autres dynamiques comme l&rsquo;abandon, la r&eacute;signation ou la stagnation. Cette ouverture vers d&rsquo;autres dynamiques donne certainement une image moins idyllique de l&rsquo;&eacute;mergence, mais elle nous para&icirc;t essentielle pour &eacute;viter l&rsquo;effondrement de syst&egrave;mes. A l&rsquo;instar du d&eacute;sastre de Mann Gulch, l&rsquo;&eacute;mergence peut s&rsquo;exprimer de mani&egrave;re particuli&egrave;rement brutale, entra&icirc;nant une rupture de la coordination au sein de syst&egrave;mes d&eacute;j&agrave; mis en difficult&eacute;. De cette mani&egrave;re, ce travail prend le contrepoint d&rsquo;une logique d&rsquo;imitation qui se concentre sur les points forts des organisations ici &eacute;tudi&eacute;es. L&rsquo;enjeu est au contraire de s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; l&rsquo;ensemble des dynamiques de la r&eacute;silience, ce qui participe pleinement &agrave; son apprentissage.</p> <p>La deuxi&egrave;me contribution de ce travail est de mettre en &eacute;vidence la n&eacute;cessit&eacute; pour les organisations de comprendre les syst&egrave;mes pratiques et institutionnels des acteurs, les dynamiques comportementales associ&eacute;es aux objets et leur impact sur leur r&eacute;silience.&nbsp; En effet, nous nous effor&ccedil;ons dans ce travail de prendre en compte des situations diverses en termes de complexit&eacute; et de pr&eacute;paration pour identifier des ressorts fondamentaux de la r&eacute;silience que la litt&eacute;rature n&rsquo;aurait pas pleinement abord&eacute;s. Ce travail met en perspective les situations de crise, d&rsquo;urgence de large &eacute;chelle et routini&egrave;res rencontr&eacute;es par Alpha, organisation r&eacute;siliente. Par ailleurs, notre &eacute;tude prend en compte deux contextes diff&eacute;rents correspondant &agrave; deux &eacute;tapes distinctes de la digitalisation des organisations. Entre 2003 et 2013, les infrastructures digitales ont profond&eacute;ment &eacute;volu&eacute;, ainsi que l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;information par les organisations. Or, les dynamiques comportementales vis-&agrave;-vis des outils susceptibles de participer au syst&egrave;me d&rsquo;information, semblent similaires entre 2003 et 2013.&nbsp; Le point commun de la diversit&eacute; de ces contextes est la dimension endog&egrave;ne des difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par Alpha. Quel que soit le facteur exog&egrave;ne mettant en difficult&eacute; le syst&egrave;me ou l&rsquo;intensit&eacute; de cette mise en difficult&eacute;, malgr&eacute; l&rsquo;expertise d&rsquo;Alpha dans la gestion de l&rsquo;urgence et des situations critiques ou son &eacute;quipement technologique, cette organisation reste caract&eacute;ris&eacute;e par des dynamiques qui peuvent encore remettre en question sa r&eacute;silience. Certes, les enjeux endog&egrave;nes de la r&eacute;silience ne sont pas nouveaux&nbsp;: la d&eacute;finition m&ecirc;me de la r&eacute;silience met en &eacute;vidence sa dimension dynamique et le r&ocirc;le pr&eacute;pond&eacute;rant des ressources et capacit&eacute;s inh&eacute;rentes &agrave; l&rsquo;organisation (Altintas &amp; Royer, 2009; Comfort et al., 2001). Toutefois ce travail met en &eacute;vidence l&rsquo;influence diffuse de la mat&eacute;rialit&eacute;, d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute;e mais rarement analys&eacute;e, sur les dynamiques pouvant soutenir comme d&eacute;truire la r&eacute;silience d&rsquo;Alpha, notamment gr&acirc;ce &agrave; la th&eacute;orisation enracin&eacute;e et une approche holistique du fonctionnement du syst&egrave;me - dimensions mat&eacute;rielle, pratique et institutionnelle. Il souligne &eacute;galement la n&eacute;cessit&eacute; de r&eacute;fl&eacute;chir aux dynamiques institutionnelles et comportementales qui alimentent l&rsquo;activit&eacute; de ces organisations &agrave; l&rsquo;aune du concept de la mat&eacute;rialit&eacute;. Il permet de mettre en &eacute;vidence le fait que les objets ne sont pas toujours per&ccedil;us comme des tremplins pour l&rsquo;innovation op&eacute;rationnelle et que leur mat&eacute;rialit&eacute;, au contraire, peuvent cristalliser un ensemble de tensions que les organisations ne peuvent se permettre d&rsquo;ignorer.</p> <p>Toutefois, cette recherche pr&eacute;sente des limites qui seront lev&eacute;es dans ses d&eacute;veloppements futurs. Certes, nous identifions des dynamiques et les comparons. Mais il reste &agrave; &eacute;valuer l&rsquo;importance relative des divers ressorts organisationnels que nous identifions &agrave; l&rsquo;origine de ces dynamiques et que nous &eacute;voquons ici. La recherche future aura pour objet un affinement de cette partie de l&rsquo;analyse afin de fournir une explication de l&rsquo;&eacute;mergence ici &eacute;tudi&eacute;e.</p> <h2><b><a id="t7"></a>BIBLIOGRAPHIE</b></h2> <p>Adrot, A., &amp; Garreau, L. (2010). 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