<p><strong>Abstract&nbsp;:</strong> Even if the use of big data is announced as almost miraculous, firms would be well inspired to be careful, considering the fact that they have been regularly confronted with managerial waves that foreshadow profitable tomorrows, such as knowledge management in 2000, whose actual performance calls for circumspection.<br /> French small companies are particularly exposed to this phenomenon. Overwhelmed by commercial messages and an ambient discourse, they doubtless question themselves. But we miss a real study of their understanding of the notion of big data, of their discourses on the subject, the practices they have developped, theirs expectations and their way to o measure the return on investment if they have chosen to engage in a big data strategy. This article presents the results of a qualitative study conducted with a group of 23 small companies, with analysis of the verbatim and discussion of the results. The study shows the emergence of a new self-fulfilling prophecy around big data.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Key-words :</strong> big data, small and medium size firms, self-fulfilling prophecy</p> <p>&nbsp;</p> <h2><a id="t1"></a>INTRODUCTION</h2> <p>La place d&eacute;sormais massive des discours consacr&eacute;s au <em><i>big data</i></em> dans l&rsquo;univers des entreprises et de leurs m&eacute;dias professionnels donne le sentiment que le monde du management conna&icirc;t nouvel un emballement, &agrave; l&rsquo;imitation de ce qui se passa au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000 avec le knowledge management (KM) appel&eacute;, disait-on, &agrave; transformer radicalement les organisations. Il fallut quelques ann&eacute;es avant que l&rsquo;on admette que le KM, confront&eacute; &agrave; un management qui n&rsquo;entendait pas se d&eacute;partir sans r&eacute;sistance de son pouvoir hi&eacute;rarchique, n&rsquo;&eacute;tait finalement ni aussi simple, ni aussi rapidement performant qu&rsquo;on l&rsquo;avait annonc&eacute; et que le recours aux technologies n&rsquo;en garantissait pas le succ&egrave;s (Frost, 2014). Les mises-en-garde pr&eacute;coces (McDermott, 1999&nbsp;; Wilson, 2002) n&rsquo;y avaient rien fait.</p> <p>Que disent les professionnels et les revues pro-business&nbsp;? Que les donn&eacute;es massives, parfois pr&eacute;sent&eacute;es comme des informations massives sans qu&rsquo;aucune distinction ne soit faite entre donn&eacute;e et information, peuvent se transformer en &laquo;&nbsp;or comp&eacute;titif &raquo; pour peu que l&rsquo;on d&eacute;veloppe de nouvelles habilet&eacute;s pour les traiter et un nouveau style de management adapt&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Businesses are collecting more data than they know what to do with. To turn this into competitive gold, they&rsquo;ll need new skills and a new management style&rdquo; (McAfee &amp; Brynjolfsson, 2012, p. 59). En arri&egrave;re-plan, le postulat de Deming et Drucker que ce qui ne se mesure pas ne se manage pas, posture quantitativiste classique dans le domaine des sciences de gestion.&nbsp;</p> <p>En France, le d&eacute;calage consid&eacute;rable entre l&rsquo;abondance des sources professionnelles qui pr&ocirc;nent le recours aux donn&eacute;es massives, pr&eacute;sent&eacute;es comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;arme fatale&nbsp;&raquo; de la performance concurrentielle et le faible nombre d&rsquo;articles de recherche confortant cette assertion est frappant. En t&eacute;moigne une analyse op&eacute;r&eacute;e sur la base d&rsquo;articles Cairn<sup><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftn1" id="ftnref1" name="_ftnref">[1]</a></sup> et plus largement sur <a href="http://www.scholargoogle.fr">www.scholargoogle.fr</a>. Ce dernier moteur de recherche r&eacute;pertorie environ 200 textes qui montrent des tentatives pour appr&eacute;hender l&rsquo;impact possible des donn&eacute;es massives sur une multitude de secteurs (alimentation, sant&eacute;, biologie, tourisme, transport, formation, traduction biblioth&egrave;que&hellip;), les doutes &eacute;thiques et anthropologiques des penseurs, les questionnements des chercheurs quant &agrave; l&rsquo;impact que le <i>big data</i> peut avoir sur leurs sciences.</p> <p>Certes, il est commun que les recherches consacr&eacute;es &agrave; la mesure des r&eacute;sultats r&eacute;els soient publi&eacute;es avec un d&eacute;calage temporel par rapport &agrave; la mise en &oelig;uvre des pratiques observ&eacute;es. Pour reprendre le cas du KM, celui-ci a &eacute;merg&eacute; au d&eacute;but des ann&eacute;es 1990 (Veybel &amp; Prieur, 2003), commenc&eacute; &agrave; rencontrer un v&eacute;ritable succ&egrave;s dans les entreprises au milieu de cette m&ecirc;me d&eacute;cennie et suscit&eacute; vers la fin des ann&eacute;es 90 une abondance de publications scientifiques relatives aux succ&egrave;s et insucc&egrave;s du proc&eacute;d&eacute;. Nous ne sommes donc pas surpris du questionnement port&eacute; aujourd&rsquo;hui sur le <i>big data</i> par les chercheurs et du manque de mesure du retour sur investissement. Mais nous appr&eacute;hendons les d&eacute;g&acirc;ts qu&rsquo;un enthousiasme irraisonn&eacute; pourrait causer &agrave; notre soci&eacute;t&eacute; en g&eacute;n&eacute;ral et, dans le cas particulier de cette communication, aux petits entrepreneurs.</p> <p>L&rsquo;&eacute;tude dont nous pr&eacute;sentons les r&eacute;sultats dans cet article a pour objectif d&rsquo;explorer, sur le terrain, la mani&egrave;re dont les PME s&rsquo;approprient le discours sur le <i>big data</i> et l&rsquo;int&egrave;grent dans leurs pratiques. Nous situons notre questionnement dans une r&eacute;flexion sur les proph&eacute;ties auto-r&eacute;alisatrices (1), pr&eacute;sentons ensuite la m&eacute;thode de recherche mise en &oelig;uvre (2) et donnons et interpr&eacute;tons les r&eacute;sultats obtenus en mati&egrave;re de r&eacute;ception du discours sur le <i>big data</i> (3) et de pratiques (4) dans un &eacute;chantillon de petites entreprises.&nbsp;</p> <h2><a id="t2"></a>LES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES FACE AU DILEMME D&rsquo;UNE PROPH&Eacute;TIE AUTO-R&Eacute;ALISATRICE</h2> <p>Robert K. Merton a conceptualis&eacute; &agrave; la fin des ann&eacute;es 1940 le m&eacute;canisme de la proph&eacute;tie auto-r&eacute;alisatrice (self-fulfilling prophecy)&nbsp;: une croyance a d&rsquo;autant plus de chances de voir ses cons&eacute;quences annonc&eacute;es se r&eacute;aliser que les gens y croient. La question de d&eacute;part de cet article est la suivante&nbsp;: les PME croient-elles que le <i>big data</i> est leur avenir&nbsp;? Si tel est le cas, elles vont massivement adh&eacute;rer &agrave; la d&eacute;marche, adopter ses outils, adapter leurs pratiques et, dans quelques ann&eacute;es, il aura &eacute;t&eacute; d&eacute;montr&eacute; que le <i>big data</i> &eacute;tait effectivement l&rsquo;avenir des PME puisqu&rsquo;elles se le sont appropri&eacute;&hellip;&nbsp;</p> <p>S&rsquo;il est un secteur qui croit fermement &agrave; la pertinence du <i>big data</i> pour les PME, c&rsquo;est celui des prestataires de services. Une recherche effectu&eacute;e en associant <i>big data</i> et PME fait ressortir une multitude de sites attel&eacute;s &agrave; expliquer que le <i>big data</i> n&rsquo;est pas r&eacute;serv&eacute; aux grandes entreprises. L&rsquo;argument central qui soutient ces discours, une fois avanc&eacute;es les promesses de gains de performance, est l&rsquo;existence d&rsquo;outils d&rsquo;analyse &laquo;&nbsp;tout &agrave; fait accessibles&nbsp;&raquo;. Ainsi, la CCI de Paris&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le <i>big data</i> n&rsquo;est pas seulement r&eacute;serv&eacute; aux grandes entreprises qui auraient les moyens financiers de l&rsquo;exploiter. S&rsquo;il demande certaines capacit&eacute;s de stockage et de traitement de donn&eacute;es, les co&ucirc;ts ne sont pas exorbitants : de nombreux services efficaces et fiables existent [&hellip;] pour un moindre co&ucirc;t.&nbsp;&raquo;<sup><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftn2" id="ftnref2" name="_ftnref">[2]</a></sup>&nbsp;</p> <p>Si les dirigeants de PME se fient &agrave; ces sir&egrave;nes commerciales, ils se tourneront vers les outils du <i>big data</i> et la proph&eacute;tie se r&eacute;alisera. L&rsquo;&eacute;tude men&eacute;e par Lazarfeld &agrave; l&rsquo;occasion de la campagne am&eacute;ricaine de 1940 avait montr&eacute; que les &eacute;lecteurs les moins inform&eacute;s et les plus ind&eacute;cis &eacute;taient les plus susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre influenc&eacute;s par les m&eacute;dias (Mi&egrave;ge, 2004, p. 7). Il est donc envisageable, par un m&eacute;canisme similaire, que des dirigeants de TPE de province, n&rsquo;ayant pas de comp&eacute;tences particuli&egrave;res dans le num&eacute;rique et dans les domaines que l&rsquo;on peut associer au <i>big data</i>, soient particuli&egrave;rement r&eacute;ceptifs aux discours commerciaux, largement repris dans les m&eacute;dias professionnels, &eacute;conomiques voire assez grand public et croient aux vertus de l&rsquo;exploitation massive des donn&eacute;es. Car ce n&rsquo;est pas actuellement les publications scientifiques qui peuvent les en dissuader, ni qui peuvent simplement offrir un autre angle de r&eacute;flexion. Une nouvelle recherche op&eacute;r&eacute;e sur Cairn avec la m&ecirc;me association de mots cl&eacute;s ne remonte que 43 articles dont aucun, en r&eacute;alit&eacute;, n&rsquo;associe les deux occurrences. Il nous semble donc qu&rsquo;en France aucun travail n&rsquo;est paru &agrave; ce jour qui &eacute;tudie l&rsquo;introduction des pratiques de <i>big data</i> dans les PME. Aucun r&eacute;sultat de performance, ni m&ecirc;me aucune &eacute;tude de la r&eacute;ception du discours par les dirigeants ou les cadres des PME<sup><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftn3" id="ftnref3" name="_ftnref">[3]</a></sup>. Ceux-ci sont fortement absents des &eacute;tudes parues.&nbsp;</p> <p>Cependant, pour situer notre travail, sans doute devons-nous faire r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;&eacute;tude r&eacute;alis&eacute;e par Harris Interactive aupr&egrave;s de 1500 Fran&ccedil;ais en 2016<sup><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftn4" id="ftnref4" name="_ftnref">[4]</a></sup>. Celle-ci, notamment, indique que&nbsp;:</p> <ul> <li>87 % des Fran&ccedil;ais se disent mal inform&eacute;s sur le <i>big data</i>&nbsp;;</li> <li>59 % ne savent pas ce que signifie l&rsquo;expression&nbsp;;</li> <li>6 sur 10 doutent de la capacit&eacute; des entreprises &agrave; faire un usage &laquo;&nbsp;raisonnable et responsable&nbsp;&raquo; des donn&eacute;es collect&eacute;es&nbsp;et 81 % estiment que la <i>big data</i> sera &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;un fichage des habitants.</li> <li>78 % pensent que le recours aux donn&eacute;es massives va s&rsquo;accroitre.&nbsp;</li> </ul> <h2>EPIST&Eacute;MOLOGIE DESCRIPTIVE</h2> <p>Consid&eacute;rant le manque d&rsquo;informations &eacute;voqu&eacute; ci-dessus, nous avons choisi de mener une &eacute;tude destin&eacute;e &agrave; comprendre les perceptions et pratiques des PME en mati&egrave;re de <em><i>big data</i></em>.&nbsp;</p> <p>En termes d&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie descriptive, l&rsquo;&eacute;tude a pris la forme d&rsquo;une &eacute;tude par interviews individuelles semi-qualitatives, r&eacute;alis&eacute;es par des &eacute;tudiants de master 2 form&eacute;s &agrave; la recherche qualitative<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftn5" id="ftnref5" name="_ftnref">[5]</a>, avec analyse des verbatim rassembl&eacute;s et discussion des r&eacute;sultats. 23 salari&eacute;s de petites entreprises ou organisations fran&ccedil;aises implant&eacute;es hors r&eacute;gion Ile-de-France, ont &eacute;t&eacute; interrog&eacute;s<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftn6" id="ftnref6" name="_ftnref">[6]</a>. Aucune des entreprises n&rsquo;&eacute;tait prestataire en services de type <i>big data</i>. Le verbatim de ces entretiens repr&eacute;sente 86 pages au total. 28 pages en ont &eacute;t&eacute; extraites et analys&eacute;es, en raison de leur rapport direct avec les questions pos&eacute;es.</p> <p>&nbsp;</p> <p><em>Tableau .1 Secteurs d&rsquo;activit&eacute; des entreprises ayant &eacute;t&eacute; incluses dans l&rsquo;&eacute;tude</em></p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="151">Agences de communication</td> <td valign="top" width="151">Assurance</td> <td valign="top" width="151">Commerce</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="151">Salle de sport</td> <td valign="top" width="151">Etude notariale</td> <td valign="top" width="151">Laboratoire pharmaceutique</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="151">Installation de g&eacute;nie climatique</td> <td valign="top" width="151">Structure d&rsquo;assurance maladie</td> <td valign="top" width="151">Soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;&eacute;quipement de bureau</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="151">Commerce de v&ecirc;tements en ligne</td> <td valign="top" width="151">Cr&eacute;ateur de plusieurs entreprises</td> <td valign="top" width="151">Bureau d&rsquo;&eacute;tude sp&eacute;cialis&eacute; dans les mat&eacute;riaux</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="151">Agence de d&eacute;veloppement &eacute;conomique</td> <td valign="top" width="151">Agence de formation scolaire Acadomia</td> <td valign="top" width="151">Producteur de polym&egrave;res</td> </tr> <tr> <td valign="top" width="151">Centre de danse</td> <td valign="top" width="151">Agent Immobilier</td> <td valign="top" width="151">Centre de danse</td> </tr> </tbody> </table> <p>A cet &eacute;chantillon d&rsquo;entreprises ont &eacute;t&eacute; pos&eacute;es des questions visant &agrave; comprendre la mani&egrave;re dont elles appr&eacute;hendent la notion de <i>big data</i>, le discours sur le sujet, les pratiques qu&rsquo;elles peuvent avoir engag&eacute;es, leurs choix, leurs attentes, la mani&egrave;re dont elles envisagent de mesurer le retour sur investissement si elles ont choisi de s&rsquo;y engager. Les questions pos&eacute;es, avec des formulations adapt&eacute;es pour tenir compte de la dynamique de chaque entretien, sont pr&eacute;sent&eacute;es en annexe 1.</p> <h2><a id="t3"></a>LA R&Eacute;CEPTION DU DISCOURS SUR LE <i>BIG DATA</i><sup> <a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#FTN7" id="FTNREF7" name="_FTNREF">[7]</a></sup></h2> <h6>Data et <i>big data</i>&nbsp;: une compr&eacute;hension tr&egrave;s approximative</h6> <p>Marc Vanhuele (2017, p.29) rappelle que les <i>big data</i> ont trois utilit&eacute;s principales&nbsp;: &laquo;&nbsp;r&eacute;volutionner la gestion de la relation avec le client&nbsp;&raquo; (CRM), &laquo;&nbsp;am&eacute;liorer les processus op&eacute;rationnels&nbsp;&raquo; (suivi d&rsquo;une flotte de camions ou d&rsquo;objets, usine 4.0) et constituer la base &laquo;&nbsp;de nouveaux mod&egrave;les de cr&eacute;ation de valeur&nbsp;&raquo; (sant&eacute;, assurance&hellip;).</p> <p>Globalement, les personnes interrog&eacute;es ont une bonne appr&eacute;hension du terme data, qu&rsquo;elles associent &agrave; la donn&eacute;e. En revanche, la compr&eacute;hension de la notion de <i>big data</i> est beaucoup moins assur&eacute;e et assez &eacute;loign&eacute;e des utilit&eacute;s indiqu&eacute;es par Vanhuele. La plupart des personnes interrog&eacute;es voient per&ccedil;oivent les <i>big data</i> comme une m&eacute;ga base de donn&eacute;es. Quatre r&eacute;ponses seulement &eacute;voquent l&rsquo;exploitation des donn&eacute;es&nbsp;: extraction, compilation, traitement et analyse. Aucune personne n&rsquo;&eacute;voque l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un traitement statistique des donn&eacute;es &ndash; traitement statistique qui se trouve pourtant au centre de la d&eacute;marche.</p> <h6>Des acteurs mal inform&eacute;s qui n&rsquo;appr&eacute;hendent pas les usages</h6> <p>La faible compr&eacute;hension des <i>big data</i> s&rsquo;explique principalement par le manque d&rsquo;information des interview&eacute;s. 11 personnes sur 18 &ndash; ce qui nous semble consid&eacute;rable, reconnaissent ne pas ou peu s&rsquo;informer. Le verbatim est, sur ce point, &eacute;loquent&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tu es la premi&egrave;re personne qui m&rsquo;en parle&nbsp;&raquo;&nbsp;ou &laquo;&nbsp;J&rsquo;en entend parler mais je ne m&rsquo;informe pas sp&eacute;cialement.&nbsp;&raquo;. Pr&eacute;gnance des urgences quotidiennes&nbsp;? Manque d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t&nbsp;? Difficile de r&eacute;pondre. Ceux qui ont entendu parler du sujet &eacute;voquent des m&eacute;dias g&eacute;n&eacute;ralistes comme la t&eacute;l&eacute;vision ou l&rsquo;occasion d&rsquo;une recherche sur le web. Sur ce point, les interrog&eacute;s ne s&rsquo;av&egrave;rent pas mieux inform&eacute;s que les Fran&ccedil;ais moyens.</p> <p><em>Tableau 2&nbsp; Modes d&#39;information sur le big data (R&eacute;ponses in extenso)</em></p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="453"> <ol> <li>Je ne m&rsquo;informe pas &agrave; ce sujet mais j&rsquo;en entend parler de temps en temps.</li> <li>Apr&egrave;s je m&rsquo;y int&eacute;resse beaucoup plus depuis que nous en avons parl&eacute; avec l&rsquo;asso. Je regarde beaucoup de reportages &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision, j&rsquo;ai eu l&rsquo;occasion de regarder un reportage sur le <i>big data</i> justement,</li> <li>Je vois beaucoup d&rsquo;information autour de ces sujets-l&agrave;. Par contre nous, aujourd&rsquo;hui, on n&rsquo;a pas d&rsquo;outils. &Ccedil;a nous semble hors de port&eacute;e de pouvoir faire des analyses et exploiter ces sources d&rsquo;informations, &agrave; notre &eacute;chelle.</li> <li>T&rsquo;es la premi&egrave;re personne qui m&rsquo;en parle !</li> <li>[&hellip;] Ce n&rsquo;est pas un sujet qui m&rsquo;a passionn&eacute;, je ne me suis pas plong&eacute;e dedans en gros&nbsp;</li> <li>Oh, bah, je ne connaissais pas vraiment, donc j&rsquo;ai tap&eacute; &laquo; <i>big data</i> &raquo; sur Internet. [Avant de faire tes recherches, est-ce que tu avais une vague id&eacute;e de ce que pouvait &ecirc;tre le <i>big data</i> ?] &nbsp;(Rires) Tu vois je pensais peut-&ecirc;tre &agrave; de la bouffe... Non plus s&eacute;rieusement, je savais que &ccedil;a avait peut-&ecirc;tre un rapport avec l&rsquo;informatique.</li> <li>La t&eacute;l&eacute;vision principalement</li> <li>Je m&rsquo;informe sans plus. Je surveille vite fait les grandes actualit&eacute;s mais &ccedil;a ne fait pas partie de ma veille quotidienne.</li> <li>J&rsquo;entends essentiellement parler du <i>big data</i> gr&acirc;ce &agrave; internet, la presse sp&eacute;cialis&eacute;e, et mes partenaires h&eacute;bergeurs</li> <li>Pas beaucoup d&#39;informations sur le sujet.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</li> <li>Principalement le Web. Je ne vois que le Web. &Ccedil;a, et peut-&ecirc;tre des personnes sp&eacute;cialis&eacute;es dans l&rsquo;informatique.</li> <li>Pendant une p&eacute;riode, je me suis assez document&eacute; sur les neurosciences, les technologies NBIC, l&rsquo;intelligence artificiel [&hellip;]. Tout ce qui tourne autour de Laurent Alexandre, le s&eacute;quen&ccedil;age AND. C&rsquo;est par cette vois que j&rsquo;ai pris connaissance du terme <i>big data</i>.</li> <li>Je ne m&rsquo;informe pas du tout sur le sujet.</li> <li>J&rsquo;en entends parler mais je ne m&rsquo;informe pas sp&eacute;cialement sur le sujet.&nbsp;</li> <li>Je n&rsquo;ai pas de source d&rsquo;information. Je n&rsquo;en ai pas cherch&eacute; non plus. Ce n&rsquo;est pas quelque chose de tr&egrave;s concret,</li> <li>Je n&rsquo;ai pas de sources d&rsquo;information sur le <i>big data</i>. Je ne vois pas &agrave; quoi &ccedil;a peut faire r&eacute;f&eacute;rence. [&hellip;] Le <i>big data</i> j&rsquo;en ai d&eacute;j&agrave; entendu parler, juste le mot et la notion mais je n&rsquo;ai jamais eu besoin d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; ces informations. Du moins, je ne me suis jamais pos&eacute; la question de dire &laquo; comment je vais y acc&eacute;der parce que j&rsquo;en ai besoin. &raquo; Je l&rsquo;associe plus aux informations li&eacute;es &agrave; la consommation.</li> <li>Je me suis int&eacute;ress&eacute; il y a quelques temps &agrave; tout ce qui rel&egrave;ve de la s&eacute;curit&eacute; informatique. C&rsquo;est surtout par ce biais l&agrave; que j&rsquo;ai entendu parler de <i>big data</i>. Mais plut&ocirc;t indirectement du coup. Sinon, c&rsquo;est quand m&ecirc;me un sujet de soci&eacute;t&eacute;.</li> <li>J&#39;en entends parler un peu mais, comme &ccedil;a ne m&#39;int&eacute;resse pas vraiment. J&#39;y fais pas attention en fait, tu vois&nbsp;?</li> </ol> </td> </tr> </tbody> </table> <p>Il appara&icirc;t que les personnes interrog&eacute;es ont une vision tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, pour ne pas dire h&eacute;t&eacute;roclite, de l&rsquo;utilit&eacute; des <i>big data</i>. Celles-ci sont assimil&eacute;es principalement &agrave; l&rsquo;une des utilit&eacute;s du big date,la CRM (Consumer relationship Management)&nbsp;: clients actuels, clients potentiels, fid&eacute;lisation des clients&hellip; Certains associent le <i>big data</i> &agrave; la publicit&eacute;, aux banni&egrave;res publicitaires, au marketing, voire au stockage de donn&eacute;es, &agrave; la s&eacute;curit&eacute;, &agrave; l&rsquo;espionnage&hellip; Un seul interrog&eacute; donne une approche plus fine en disant qu&rsquo;il s&rsquo;agit de &laquo;&nbsp;r&eacute;aliser des analyses pr&eacute;dictives sur les comportements des publics cibles&nbsp;&raquo;.</p> <h6>Un positionnement dans l&rsquo;entreprise logiquement mal appr&eacute;hend&eacute;.</h6> <p>Sans surprise, l&rsquo;appr&eacute;hension tr&egrave;s floue de ce que sont les <i>big data</i> conduit les interrog&eacute;s &agrave; h&eacute;siter sur l&rsquo;attribution de la responsabilit&eacute; de leur mise en &oelig;uvre dans l&rsquo;organisation. Dans la TPE (Tr&egrave;s Petite Entreprise), la responsabilit&eacute; incombe au dirigeant, &laquo;&nbsp;&eacute;videmment&nbsp;&raquo;. Comment pourrait-il en &ecirc;tre autrement&nbsp;?</p> <p>Par contre, d&egrave;s que l&rsquo;interrog&eacute; fait partie d&rsquo;une entreprise de petite taille mais n&eacute;anmoins d&eacute;j&agrave; structur&eacute;e, l&rsquo;affectation de la responsabilit&eacute; devient variable. Un tiers des interrog&eacute;s (8 sur 23) sugg&egrave;re de confier au service informatique la responsabilit&eacute; du sujet, ce qui semble assez logique &eacute;tant donn&eacute; le caract&egrave;re globalement per&ccedil;u de &laquo;&nbsp;base de donn&eacute;es&nbsp;&raquo;. Quatre sugg&egrave;rent le service marketing. Trois personnes recommandent la cr&eacute;ation d&rsquo;un &laquo;&nbsp;service d&eacute;di&eacute;&nbsp;&raquo; sous la responsabilit&eacute; d&rsquo;un &laquo;&nbsp;responsable du <i>big data</i>&nbsp;&raquo;. Deux consid&egrave;rent que le domaine rel&egrave;ve de la veille ou de l&rsquo;intelligence &eacute;conomique, avec le support d&rsquo;un personnel charg&eacute; d&rsquo;analyses prospectives et strat&eacute;giques. Pour le reste, d&rsquo;aucuns &eacute;voque le service ressources humaines, ou le service financier.</p> <p>Au final, si les <i>big data</i> rel&egrave;vent de sp&eacute;cialistes actuellement recherch&eacute;s sous le vocable de &laquo;&nbsp;data scientists&nbsp;&raquo;, aucune des personnes interrog&eacute;es ne semble le savoir.</p> <h6>Malgr&eacute; une pi&egrave;tre connaissance, la conviction que le <i>big data</i> est une opportunit&eacute;</h6> <p>D&rsquo;une mani&egrave;re qui pourrait &ecirc;tre &eacute;tonnante, mais que l&rsquo;abondance d&rsquo;un discours ambiant m&ecirc;me tr&egrave;s vaguement compris nous semble expliquer, les personnes interview&eacute;es, qui ne savent pas finalement ce qu&rsquo;est le <i>big data</i>, sont largement convaincues qu&rsquo;il s&rsquo;agit l&agrave; d&rsquo;une opportunit&eacute;. Sur les vingt avis exprim&eacute;s, neuf sont cat&eacute;goriques, ce que r&eacute;sume l&rsquo;extrait d&rsquo;entretien suivant assez d&eacute;finitif et lapidaire&nbsp;: &laquo;&nbsp;forc&eacute;ment une source d&rsquo;opportunit&eacute;s&nbsp;&raquo;. Huit autres avis voient dans le <i>big data</i> &agrave; la fois une source d&rsquo;opportunit&eacute;s et de risques. 17 personnes sur 20 ont donc une projection tr&egrave;s positive ou plut&ocirc;t positive sur l&rsquo;apport du <i>big data</i>.</p> <p>&nbsp;</p> <p><em>Tableau 3&nbsp; L&#39;opportunit&eacute; du big data pour les entreprises interrog&eacute;es (Extraits)</em></p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="453"> <ol> <li>Une opportunit&eacute;, &eacute;videmment. C&rsquo;est plus pratique, surtout pour nous.</li> <li>Pour moi source d&rsquo;opportunit&eacute;s. &Ccedil;a nous permet d&rsquo;avoir une meilleure visibilit&eacute; sur nos clients potentiels. Apr&egrave;s &ccedil;a peut &ecirc;tre risqu&eacute; d&rsquo;y consacrer trop de temps et de ne pas utiliser les bases de donn&eacute;es.</li> <li>&Ccedil;a peut &ecirc;tre les deux, un risque et b&eacute;n&eacute;fique parce que c&rsquo;est d&rsquo;ouvrir comme &ccedil;a ses flux de donn&eacute;es directement sur un cloud, un nuage ou tout &ccedil;a c&rsquo;est emb&ecirc;tant parce que c&rsquo;est quand m&ecirc;me ouvert</li> <li>C&rsquo;est les deux. C&rsquo;est une opportunit&eacute; pour ceux qui vont pouvoir faire du traitement sur des donn&eacute;es massives et c&rsquo;est un risque pour ceux qui ne le feront pas, en fait parce que c&rsquo;est une arme en fait qui va &ecirc;tre diff&eacute;renciante, qui l&rsquo;est d&eacute;j&agrave; et qui le sera de plus en plus dans les ann&eacute;es &agrave; venir.</li> <li>C&rsquo;est &agrave; la fois l&#39;un et l&rsquo;autre. (...) du gain en temps pour le travail et l&#39;analyse et du risque en termes de s&eacute;curit&eacute; et de d&eacute;personnalisation du service</li> <li>Moi j&rsquo;ai plut&ocirc;t tendance &agrave; dire que c&rsquo;est une opportunit&eacute;. [&hellip;] D&egrave;s qu&rsquo;on apporte du changement, on a peur. [&hellip;]</li> <li>J&rsquo;imagine que c&rsquo;est tr&egrave;s pratique et par moment, ces bases de donn&eacute;es, si &ccedil;a concerne chaque individu, &ccedil;a me parait aussi un peu dangereux. [&hellip;]</li> <li>&Ccedil;a ne peut pas &ecirc;tre un risque.</li> <li>Le <i>big data</i> serait pour mon entreprise une r&eacute;elle opportunit&eacute;.</li> <li>Le <i>big data</i> est &agrave; la fois une source de risques et d&#39;opportunit&eacute;s. [&hellip;]</li> <li>Pour cibler la publicit&eacute; &ccedil;a peut &ecirc;tre int&eacute;ressant. Je ne vois pas forc&eacute;ment d&rsquo;inconv&eacute;nient, vu que l&rsquo;entrepreneur est l&agrave; pour faire de l&rsquo;argent.</li> <li>C&rsquo;est forc&eacute;ment une source d&rsquo;opportunit&eacute; car tu peux avoir plein de nouvelles informations, et des donn&eacute;es que tu n&rsquo;as pas. Mais apr&egrave;s &ccedil;a peut avoir un risque de se fier uniquement &agrave; celles-ci. [&hellip;]</li> <li>Pour une activit&eacute;, c&rsquo;est une opportunit&eacute; de business, apr&egrave;s je ne connais pas toutes les utilisations qu&rsquo;on peut en faire.&nbsp;</li> <li>Le traitement automatique des donn&eacute;es est toujours un risque parce que l&rsquo;automatisme est bas&eacute; sur un certain nombre d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments d&rsquo;algorithme qui vont permettre de s&eacute;lectionner les donn&eacute;es. [&hellip;]</li> <li>Les deux. Risque dans le sens o&ugrave; &ccedil;a peut &ecirc;tre mal exploit&eacute;, mais c&rsquo;est toujours plus d&rsquo;informations [&hellip;] donc &ccedil;a peut &ecirc;tre une opportunit&eacute; pour mieux comprendre et d&eacute;celer de nouvelles opportunit&eacute;s, [&hellip;]&nbsp; Ce n&rsquo;est pas quelque chose qui me fait peur.</li> <li>Je dirais un peu des deux. Les opportunit&eacute;s, c&rsquo;est vraiment de mieux sentir la client&egrave;le selon les endroits o&ugrave; on travaille en France. [&hellip;] Le risque, apr&egrave;s, c&rsquo;est plus de comparer les diff&eacute;rents employ&eacute;s des diff&eacute;rents endroits, en ne travaillant que sur ces data l&agrave; et pas sur les facteurs d&rsquo;environnement [&hellip;]. Donc il y a quand m&ecirc;me aussi une grosse partie de risques.</li> <li>Je ne dirai ni l&#39;un ni l&#39;autre, en fait. Je ne vois pas &agrave; quoi &ccedil;a pourrait nous servir aujourd&#39;hui</li> <li>Les deux. Risque de rupture de confidentialit&eacute; et donc plaintes au tribunal, si mauvaise anonymisation ou croisement de donn&eacute;es compl&eacute;mentaires. Opportunit&eacute; de march&eacute;s par pr&eacute;diction de nouvelles tendances de consommation.</li> <li>Il s&rsquo;agira d&rsquo;opportunit&eacute; quand la formation sera plus num&eacute;rique et qu&rsquo;il sera n&eacute;cessaire de proposer &agrave; un nombre important d&rsquo;apprenants des formations en e-learning.</li> <li>C&rsquo;est une opportunit&eacute; parce que &ccedil;a permet de retrouver bien plus facilement et d&egrave;s qu&rsquo;on le souhaite.</li> </ol> </td> </tr> </tbody> </table> <h2><a id="t4"></a>LES PRATIQUES DES PETITES ENTREPRISES</h2> <h6>Un champ de pratiques fourre-tout&nbsp;?</h6> <p>La majorit&eacute; des acteurs interrog&eacute;s (14 sur 23), apr&egrave;s avoir reconnu ne rien comprendre au sujet, confie que leur entreprise n&rsquo;a pas recours &agrave; ce genre de pratique. C&rsquo;est coh&eacute;rent.</p> <p>La surprise vient plut&ocirc;t des personnes qui disent que leur entreprise recourt au <i>big data</i>. L&rsquo;on sent une h&eacute;sitation, un doute dans les propos, comme le montrent ces extraits d&rsquo;interviews&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Je ne sais pas &agrave; partir de quand on dit <i>big data</i> mais je suppose que oui.&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;On recueille des donn&eacute;es, on les garde sur nos clients, ce qu&rsquo;ils ont achet&eacute;, o&ugrave; ils habitent, etc. Maintenant on les exploite assez peu.&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Alors je ne sais pas si on peut appeler &ccedil;a faire appel au <i>big data</i> mais nous avons un classeur Excel avec l&rsquo;ensemble de nos adh&eacute;rents.&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;A partir de quand &ccedil;a devient du <i>big data</i>&nbsp;? C&rsquo;est une notion qui m&rsquo;&eacute;chappe et est assez floue.&nbsp; On traite effectivement de la donn&eacute;e.&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Je ne sais pas si on peut dire &laquo;&nbsp;Big&nbsp;&raquo; Data, mais on collecte de la donn&eacute;e provenant de nos clients, oui et on s&rsquo;en sert. Ce n&rsquo;est pas &agrave; grande &eacute;chelle parce que je ne sais pas si on peut dire que c&rsquo;est &agrave; grande &eacute;chelle pour les donn&eacute;es de 400-500 clients.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Les pratiques de collecte d&rsquo;information sont tr&egrave;s &eacute;parses. Elles vont de la collecte sur les plateformes de r&eacute;seaux &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;un fichier Excel&hellip; Le tout conforte l&rsquo;impression de manque de ma&icirc;trise qui se d&eacute;gage des &eacute;tapes pr&eacute;c&eacute;dentes. En t&eacute;moignent ces quelques citations</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Elles peuvent venir de n&rsquo;importe o&ugrave;. Du client, du vendeur, d&rsquo;une institution, d&rsquo;une mairie&hellip;&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Pour trouver ces donn&eacute;es nous utilisons notre r&eacute;seau, LinkedIn, Google, Facebook ou encore twitter comme je te l&rsquo;ai dit pr&eacute;c&eacute;demment. Nous essayons de r&eacute;colter un maximum d&rsquo;informations comme les num&eacute;ros de t&eacute;l&eacute;phone, adresse mail, nom, pr&eacute;nom, fonction ...&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Gr&acirc;ce &agrave; un classeur Excel lors de l&rsquo;inscription des nouveaux adh&eacute;rents &agrave; la salle de sport&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Alors on en collecte par de la veille client, pour savoir quand ils commandent, leur comportement d&rsquo;achat etc. On re&ccedil;oit toutes ces informations lorsqu&rsquo;ils viennent et commandent sur notre site et on essaie d&rsquo;analyser &ccedil;a.&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Sur l&rsquo;aspect recherche on utilise essentiellement les moteurs de recherche. Apr&egrave;s nous avons besoin par exemple de donn&eacute;es m&eacute;t&eacute;orologiques on fait appel aux fournisseurs donc m&eacute;t&eacute;o France, si c&rsquo;est des donn&eacute;es statistiques on va faire appel &agrave; l&rsquo;INSEE&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;Toutes nos donn&eacute;es on les demande, soit par t&eacute;l&eacute;phone, soit sur des fiches, &agrave; nos clients. Et au fur &agrave; mesure, un client qui nous appelle avec un autre num&eacute;ro de t&eacute;l&eacute;phone par exemple, nous allons le rentrer de nouveau et l&rsquo;ajouter. Apr&egrave;s on collecte aussi toutes les relations qu&rsquo;on a avec nos clients, pour que tout soit bien marqu&eacute;, pour qu&rsquo;un coll&egrave;gue qui reprend le dossier, qui re&ccedil;oit un coup de fil, n&rsquo;ait pas &agrave; tout redemander.&nbsp;&raquo;&nbsp;</p> </blockquote> <h6>Une &eacute;valuation du retour sur investissement d&eacute;licate</h6> <p>Si le <i>big data</i> &eacute;tait qualifi&eacute; de source de &laquo;&nbsp;<em>competitive gold</em>&nbsp;&raquo; par McAfee et Brynjolfsson, ainsi que nous l&rsquo;avons mentionn&eacute; plus haut dans cet article, les interview&eacute;s de notre &eacute;tude sont loin d&rsquo;en &ecirc;tre convaincus. Leur approche de l&rsquo;apport en retour sur investissement navigue entre un scepticisme assum&eacute;, une logique de mesure de r&eacute;sultat assez simple et la conviction que le retour est difficilement mesurable mais &laquo;&nbsp;doit&nbsp;&raquo; se ressentir en termes de b&eacute;n&eacute;fice strat&eacute;gique pour la direction de l&rsquo;entreprise. La s&eacute;lection extraite du verbatim pr&eacute;sent&eacute;e ci-dessous illustre ces positions.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Je ne vois pas comment &eacute;valuer un retour sur investissement dans notre cas.&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;La num&eacute;risation permet un d&eacute;veloppement exponentiel de notre activit&eacute;. Et le retour sur investissement est facile &agrave; &eacute;valuer. On compare le coup de l&rsquo;achat de la donn&eacute;e &agrave; la production r&eacute;alis&eacute;e, et voil&agrave; on sait.&nbsp;&raquo;&nbsp;</p> <p>&laquo;&nbsp;C&rsquo;est toujours difficile &agrave; &eacute;valuer. [&hellip;] Apr&egrave;s il y a aussi un co&ucirc;t. Des outils peuvent &ecirc;tre performants mais ils coutent cher.&nbsp;&raquo;</p> <p>&laquo;&nbsp;On n&#39;a pas d&rsquo;outils sp&eacute;cifiques pour &ccedil;a, on va chercher la donn&eacute;e et on la traite nous-m&ecirc;mes, donc nous n&rsquo;avons pas de r&eacute;el investissement. [&hellip;] C&rsquo;est essentiellement au niveau de la direction de l&rsquo;entreprise [&hellip;]&nbsp;Pour la strat&eacute;gie.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Les entreprises beaucoup plus b&eacute;n&eacute;ficiaires que les consommateurs</p> <p>A la question&nbsp;: &laquo;&nbsp;Selon vous, &agrave; qui profite le <i>big data</i> aujourd&rsquo;hui&nbsp;? &raquo;, les interview&eacute;s r&eacute;pondent : les grandes entreprises (9 r&eacute;ponses) ou les entreprise (7 r&eacute;ponses). Tr&egrave;s peu ont une r&eacute;ponse plus inclusive (&laquo;&nbsp;tout le monde&nbsp;&raquo;, 3 r&eacute;ponses). Surtout, nombreux sont ceux qui estiment que les entreprises seront beaucoup plus b&eacute;n&eacute;ficiaires que les consommateurs et que <i>big data</i> pose des probl&egrave;mes de s&eacute;curit&eacute; des donn&eacute;es&nbsp;: 13 personnes y d&eacute;c&egrave;lent un risque de s&eacute;curit&eacute;&nbsp;; 4 per&ccedil;oivent un probl&egrave;me de s&eacute;curit&eacute; mais estiment que &laquo;&nbsp;naturellement&nbsp;&raquo; les dispositifs sont s&eacute;curis&eacute;s&nbsp;; 6 seulement ne voient aucun probl&egrave;me de s&eacute;curit&eacute;. Les professionnels r&eacute;pondent l&agrave; comme les citoyens interrog&eacute;s par Harris Interactive.</p> <p><em>Tableau 4 A qui profite le </em>big data <em>? (Extraits)</em></p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="453"> <ol> <li>Pour moi ce sont les grandes entreprises. Pour eux c&rsquo;est une ressource indispensable dans leur strat&eacute;gie. Nous le faisons vraiment &agrave; une petite &eacute;chelle nous.</li> <li>C&rsquo;est quand m&ecirc;me les grandes entreprises, le secteur technologique. On parlait tout &agrave; l&rsquo;heure des activit&eacute;s annexes d&rsquo;intelligence artificielle, tous les algorithmes de deep learning, qui n&rsquo;ont que de sens et de valeur par la quantit&eacute; de donn&eacute;es qu&rsquo;on est capable d&rsquo;injecter. Ces donn&eacute;es l&agrave; il y a peu d&rsquo;acteurs qui les ont [&hellip;]</li> <li>Toujours les m&ecirc;mes j&rsquo;imagine. [&hellip;] &Ccedil;a va &ecirc;tre les Google et Amazon et compagnie.</li> <li>Oui des grosses entreprises qui commercialisent leur produit via les connaissances qu&rsquo;ils ont des autres.</li> <li>Principalement les grandes entreprises pour moi, des grosses bo&icirc;tes comme Carrefour doivent collecter un nombre impressionnant de donn&eacute;es sur nous je suppose.</li> <li>Clairement &agrave; l&rsquo;entreprise. Je ne suis pas s&ucirc;r que le consommateur sache ce que c&rsquo;est. Les entreprises qui ont le temps de passer &agrave; la moulinette une multitude d&rsquo;informations peuvent avoir une meilleure compr&eacute;hension du monde.</li> <li>Essentiellement aux tr&egrave;s grandes entreprises.</li> <li>Le <i>big data</i> profite aujourd&rsquo;hui aux entreprises et &agrave; l&#39;Etat au d&eacute;pend des consommateurs&nbsp;</li> <li>Pour moi, cela profite d&rsquo;autant plus aux &eacute;tats et aux entreprises. Aux &eacute;tats pour la surveillance [&hellip;] Et pour les entreprises c&rsquo;est le c&ocirc;t&eacute; &eacute;conomique qui gagne, amenant la consommation de masse, la fid&eacute;lisation gr&acirc;ce aux publicit&eacute;s cibl&eacute;es.</li> <li>Aux GAFA, principalement les am&eacute;ricains avec la Silicon Valley. [&hellip;]</li> <li>Pour moi le <i>big data</i> profite plus aux entreprises commerciales. &Ccedil;a sert vraiment par rapport au commerce pour pouvoir cibler les gens.</li> <li>Google, Facebook et autres multinationales d&#39;internet.</li> <li>Surtout aux grands groupes qui travaillent en B to C.</li> <li>Les entreprises structur&eacute;es. Plut&ocirc;t les grosses et les moyennes entreprises. Parce qu&rsquo;il y a quand m&ecirc;me un co&ucirc;t et un temps de traitement qui est important.</li> </ol> </td> </tr> </tbody> </table> <p><em>Tableau 5 Avis exprimant des doutes relatifs &agrave; la s&eacute;curit&eacute; des donn&eacute;es (Extraits)</em></p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="453"> <ol> <li>Bien s&ucirc;r. On peut se les faire voler ou les perdre. [&hellip;] Au final, il y a toujours un risque quelque part quand on traite de la donn&eacute;e sensible et importante.</li> <li>Oui je pense. Quand on voit qu&rsquo;une entreprise partenaire nous a donn&eacute; tr&egrave;s facilement sa base de donn&eacute;es on peut s&rsquo;inqui&eacute;ter de la mon&eacute;tarisation du <i>big data</i>.</li> <li>Dans n&rsquo;importe quel sens, toute donn&eacute;e doit &ecirc;tre prot&eacute;g&eacute;, par exemple jamais je ne laisserai un fichier avec les adresses des clients &agrave; la vue de tous. Chaque donn&eacute;e doit &ecirc;tre s&eacute;curis&eacute;e.</li> <li>Je pense que oui. Mais aujourd&rsquo;hui je ne pense pas qu&rsquo;on soit en mesure de se battre contre &ccedil;a.</li> <li>Mais oui c&rsquo;est quand m&ecirc;me un peu dangereux. Surtout sur nos identit&eacute;s propres, [&hellip;]</li> <li>Oui</li> <li>Bah oui, quand m&ecirc;me. Je sais tr&egrave;s bien que vos donn&eacute;es comme les miennes sont revendues un peu tout le temps. [&hellip;]</li> <li>Oui toujours, avec Yahoo qui a encore &eacute;t&eacute; pirat&eacute;. Oui il a un danger, les num&eacute;ros de cartes bancaires des individu&eacute;s. [&hellip;]</li> <li>Apr&egrave;s...qu&rsquo;est-ce que tu peux avoir comme risque &agrave; part donner tes coordonn&eacute;s bancaires ? On dit toujours faut pas donner son adresse mail ? Ok, pourquoi ?! Ok ils vont l&rsquo;utiliser, mais qu&rsquo;ils les utilisent s&rsquo;ils peuvent ! Si &ccedil;a peut les aider &agrave; cr&eacute;er des trucs plus appropri&eacute;s &agrave; chacun. Apr&egrave;s je suis peut-&ecirc;tre na&iuml;ve. [...] N&rsquo;importe o&ugrave; ils peuvent r&eacute;cup&eacute;rer des donn&eacute;es de toute fa&ccedil;on. Le moindre truc que tu fais tu es enregistr&eacute;.</li> <li>Oui vraiment. Des entreprises priv&eacute;es qui collectent des donn&eacute;es priv&eacute;es sur des priv&eacute;s c&rsquo;est toujours dangereux. Mais c&rsquo;est le jeu. Je suis un peu fataliste mais je ne vois pas comment on pourrait freiner &ccedil;a.</li> <li>Oui, si on a tout dans un m&ecirc;me endroit. Oui, n&eacute;cessairement si on est d&eacute;pendant de quelqu&rsquo;un &ccedil;a pose un risque.</li> <li>Oh oui ! Le peu que j&rsquo;ai pu regarder, &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; je m&lsquo;int&eacute;ressais &agrave; la s&eacute;curit&eacute; informatique, pour moi c&rsquo;est une catastrophe de stocker tout &ccedil;a.</li> <li>Ah bah oui ! Mais nous &ccedil;a on le sait depuis longtemps de toute fa&ccedil;on qu&#39;il n&#39;y a pas de s&eacute;curit&eacute; justement, vis &agrave; vis de nos propres donn&eacute;es.</li> <li>Oui important. Voir l&#39;histoire des donn&eacute;es anonym&eacute;es des taxis new-yorkais crois&eacute;es avec des articles de presse people qui ont permis de trouver les adresses de vedettes people.</li> <li>Oui, bien s&ucirc;r, car internet permet de &laquo; tracer &raquo; tout ce que nous faisons, toutes nos envies, cela pose un probl&egrave;me &eacute;thique.</li> </ol> </td> </tr> </tbody> </table> <p>Ceci explique sans doute le fait que tr&egrave;s majoritairement les r&eacute;pondants sont &laquo;&nbsp;&agrave; titre personnel&nbsp;&raquo; d&eacute;favorables au <i>big data</i> (12 r&eacute;ponses) ou s&rsquo;y disent favorables mais avec de solides r&eacute;serves.</p> <h6>Des limites multiples dans le recours au <i>big data</i></h6> <p>Interrog&eacute;s sur les limites qu&rsquo;ils per&ccedil;oivent au recours au <i>big data</i>, les r&eacute;pondants h&eacute;sitent quant &agrave; l&rsquo;angle d&rsquo;observation &agrave; adopter. Doivent-ils se situer en tant qu&rsquo;entrepreneurs et envisager les limites techniques ou se placer en tant que citoyens et consid&eacute;rer les enjeux &agrave; ce niveau-l&agrave;&nbsp;? Les deux registres de discours sont tr&egrave;s pr&eacute;sents, comme dans les extraits ci-dessous.</p> <p><em>Tableau 6 Discours technique et discours citoyen sur les limites du </em>big data<em> (Extraits)</em></p> <table border="1" cellpadding="0" cellspacing="0"> <tbody> <tr> <td valign="top" width="453"> <ol> <li>C&rsquo;est ce que je disais tout &agrave; l&rsquo;heure, on est d&eacute;pendant d&rsquo;une machine dans laquelle on met toutes nos donn&eacute;es confidentielles. Et puis c&rsquo;est qu&rsquo;un espace de stockage, rien de plus.</li> <li>La s&eacute;curisation de la donn&eacute;es et l&#39;exploitation qu&rsquo;on en fait de ces donn&eacute;es c&rsquo;est les limites car faut faire attention &agrave; l&rsquo;intrusion dans la vie priv&eacute;e</li> <li>On ne pourra jamais remplacer l&rsquo;intuition qu&rsquo;a un &ecirc;tre humain. Ok, on peut sortir du chiffre et des tendances mais &ccedil;a s&rsquo;arr&ecirc;te l&agrave;. L&rsquo;intuition est plus performante que les chiffres.&nbsp; Le <i>big data</i> n&rsquo;est qu&rsquo;un outil. Ce n&rsquo;est pas lui qui fait l&rsquo;analyse &agrave; votre place.</li> <li>Les limites qui me paraissent &eacute;videntes son sa maitrise et son usage le plus &eacute;thique possible.</li> <li>Pour moi les limites sont physiques. Le stockage de donn&eacute;es n&eacute;cessite des ordinateurs et des serveurs tr&egrave;s puissants avec des limites physiques. Une fois qu&#39;ils seront mis au point et syst&eacute;matis&eacute;s, les ordinateurs quantiques seront plus appropri&eacute;s pour traiter du <i>big data</i></li> <li>Je dirais qu&rsquo;il y a une question environnementale derri&egrave;re &ccedil;a. &Ccedil;a demande beaucoup d&rsquo;&eacute;nergie ces trucs-l&agrave;, non&nbsp;? Il me semble que oui et que pour l&rsquo;environnement ce n&rsquo;est pas terrible. Mais sinon en limites je ne sais pas&hellip; Le fait que &ccedil;a pousse &agrave; la consommation de masse que je trouve malsain&hellip; Mais c&rsquo;est tout.</li> <li>En fait c&rsquo;est au consommateur, de faire attention. [&hellip;]</li> <li>Justement la diffusion de toutes ces donn&eacute;es qui pourraient &ecirc;tre revendues, rec&eacute;der, ou mal g&eacute;rer. Enfin les limites du <i>big data</i> c&rsquo;est vraiment li&eacute;s &agrave; la s&eacute;curit&eacute;. &raquo;</li> <li>La qualit&eacute; des donn&eacute;es, ce n&rsquo;est pas le nombre qui compte mais la mani&egrave;re dont on va les collecter. [&hellip;]</li> <li>Pas de limite visible pour l&#39;instant except&eacute; la crainte des consommateurs</li> </ol> </td> </tr> </tbody> </table> <h2><a id="t5"></a>CONCLUSION</h2> <p>Manifestement, l&rsquo;&eacute;chantillon interrog&eacute; de mani&egrave;re relativement approfondie au moyen d&rsquo;une trame qualitative, ne fait pas preuve d&rsquo;un grand enthousiasme &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des <i>big data</i>. Il affiche une confiance tr&egrave;s moyenne dans l&rsquo;efficacit&eacute;, l&rsquo;accessibilit&eacute;, la s&eacute;curit&eacute; voire m&ecirc;me la n&eacute;cessit&eacute; des <i>big data</i> pour les petites et moyennes entreprises. Rappelons toutefois que les entreprises de notre &eacute;chantillon sont tr&egrave;s largement de petites entreprises.</p> <p>Pour autant, quinze r&eacute;pondants sur les 23 se disent convaincus que le <i>big data</i> est promis &agrave; un bel avenir et va &laquo;&nbsp;exploser&nbsp;&raquo; d&egrave;s les temps prochains. On note simplement un peu de questionnement sur l&rsquo;apr&egrave;s <i>big data</i>, pouvant signifier en creux le sentiment qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une mode qui passera. L&rsquo;une des personnes s&rsquo;interroge m&ecirc;me sur son possible effondrement.&nbsp;</p> <p>A final, il ressort de notre &eacute;tude que les <i>big data</i> se pr&eacute;sentent comme un credence service paradoxal&nbsp;: des salari&eacute;s, exer&ccedil;ant g&eacute;n&eacute;ralement des postes &agrave; responsabilit&eacute; dans des petites entreprises, tout en doutant fortement de leur pertinence pour ce qui les concerne et en reconnaissant leur m&eacute;diocre connaissance du sujet, affirment leur conviction que celles-ci vont conna&icirc;tre un tr&egrave;s grand succ&egrave;s. Nous y percevons, une nouvelle fois, un ph&eacute;nom&egrave;ne de proph&eacute;tie auto-r&eacute;alisatrice g&eacute;n&eacute;r&eacute; par la r&eacute;p&eacute;tition moutonni&egrave;re, en particulier m&eacute;diatique mais aussi des instances professionnelles, d&rsquo;un discours de gestion &laquo;&nbsp;pr&ecirc;t &agrave; penser&nbsp;&raquo;<a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftn8" id="ftnref8" name="_ftnref">[8]</a> (Zerbib, 2013, 2017), sans prise de distance critique, bien construit par un secteur d&rsquo;activit&eacute; naissant, &agrave; la recherche du d&eacute;veloppement de son business.</p> <h2><b><a id="t6"></a>Bibliographie </b></h2> <p>Akhavan P., Mostafa J., Fathian M. (2005), Exploring Failure Factors onf Implementing&nbsp;Knowledge Management Systems in Organizations, <i>Journal of Knwoledge ManagementPractice</i>, vol. 6 Disponible en ligne&nbsp;: <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2188273">https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2188273</a>&nbsp;</p> <p>Cointot J-C &amp; Eychenne Y. (2014) <i>La r&eacute;volution <i>big data</i></i>, Editions Dunod, 240 p.</p> <p>Frost A. (2014), A Synthesis of Knowledge Management Failure Factors,&nbsp;<a href="http://www.knowldege-management-tools.net">www.knowldege-management-tools.net</a> , 21 p.</p> <p>Fossion G. &amp; Faulx D. (2016) Comment la participation &agrave; une recherche contribue au&nbsp;d&eacute;veloppement professionnel&nbsp;: le cas des exemples &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, <i>Recherches Qualitatives</i>, Hors s&eacute;rie n&deg; 2, p. 221-236</p> <p>McAfee A. &amp; Brynjolfsson E. (2012) <i>big data</i>: The Management Revolution<i>, Harvard&nbsp;</i><i>Business Review</i>, october, p. 61-68</p> <p>Mc Dermott, R. (1999) Why Information Technology Inspired But Cannot Deliver&nbsp;Knowledge Management, <i>California Management Review</i>, vol 41, n&deg; 4, p. 103-117</p> <p>Mi&egrave;ge B. (2013) <i>La pens&eacute;e communicationnelle</i>, Presses Universitaires de Grenoble,&nbsp;126 p.</p> <p>Rouvroy A. (2014) Des donne&eacute;s sans personne&nbsp;: le f&eacute;tichisme de la donn&eacute;e &agrave;&nbsp;caract&egrave;re personnel &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de l&rsquo;id&eacute;ologie des <i>big data</i>, Disponible en ligne&nbsp;: http://works.bepress.com/antoine e_rouvroy/55/</p> <p>Vanhuele M., in Bouzeghoub M. &amp; Mosser R. (dir) (2017) <i>Les <i>big data</i> &agrave; d&eacute;couvert</i>,&nbsp;CNRS Editions, 364p</p> <p>Veybel L. &amp; Prieur P. (2003), <i>Le knowledge management dans tous ses &eacute;tats</i>, Editions&nbsp;Eyrolles, Paris, 129 p.</p> <p>Wilson T.D. (2002) The Nonsense of &laquo;&nbsp;Knowledge Management&nbsp;&raquo;, <i>Information&nbsp;</i><i>Research</i>, n&deg;8 n&deg;1, octobre 2002. Disponible en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.iwp.jku.at/born/mpwfst/06/nonsenseofwm/p144.html">http://www.iwp.jku.at/born/mpwfst/06/nonsenseofwm/p144.html</a></p> <p>Zerbib, R. (2013) Les modes en gestion : une arme de diffusion massive. <i>Revue&nbsp;</i><i>Internationale d&rsquo;intelligence &eacute;conomique</i>, 5(2), p. 197-216.</p> <p>Zerbib R. (2017), <i>La fabrique du pr&ecirc;t &agrave; penser. M&eacute;canismes de diffusion et adoption&nbsp;</i><i>des outils de gestion, </i>&nbsp;Editions L&rsquo;Harmattan, 160 p.</p> <hr /> <h5><b>ANNEXE 1. Trame du questionnaire d&rsquo;entretien utilis&eacute; pour l&rsquo;&eacute;tude</b></h5> <ol> <li>Je vous propose de commencer par quelques questions g&eacute;n&eacute;rales. Nous en viendrons apr&egrave;s &agrave; votre entreprise.&nbsp;</li> </ol> <p>&iexcl;&nbsp; Quand je vous dis &quot;<i>data</i>&quot;, &ccedil;a &eacute;voque quoi pour vous ?</p> <p>&iexcl;&nbsp; Et le <i><i>big data</i></i>, &ccedil;a signifie quoi, selon vous ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Quelles sont, en g&eacute;n&eacute;ral, vos sources d&#39;information sur ce sujet ?&nbsp; Si non connaissance du <i><i>big data</i></i>&nbsp;: est-ce que cela veut dire que vous n&#39;en entendez jamais parler ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Et, toujours une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, &agrave; quoi est r&eacute;put&eacute; servir le <i><i>big data</i></i> ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Selon vous, qui prend/ qui devrait prendre en charge les questions de <i><i>big data</i></i> dans une entreprise ?&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Derni&egrave;re question g&eacute;n&eacute;rale, selon vous le <i><i>big data</i></i> est-il source de risques ou au contraire d&#39;opportunit&eacute;s pour votre activit&eacute; ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>Venons-en maintenant &agrave; votre entreprise...&nbsp;</p> <ol> <li>Votre entreprise fait elle appel aujourd&#39;hui au <i><i>big data</i></i> ?</li> </ol> <p>Si OUI :&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Comment collectez-vous les donn&eacute;es ?&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Quelle exploitation en faites-vous ? Quel tri faites-vous dans les donn&eacute;es ?&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Quelles sont les donn&eacute;es que vous conservez ?&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Comment stockez-vous ces donn&eacute;es ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Avez-vous mis en place un dispositif de s&eacute;curisation des donn&eacute;es ?  </p> <p>&iexcl;&nbsp; Actuellement, qu&#39;est-ce que cela apporte &agrave; votre entreprise ? Arrivez-vous &agrave; &eacute;valuer le retour sur investissement dans ce domaine ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Comment int&eacute;grez-vous les donn&eacute;es strat&eacute;giques dans votre processus d&eacute;cisionnel ? Qui collabore dans l&#39;exploitation des donn&eacute;es ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Si NON :&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Pourquoi ne faites-vous pas appel au <i><i>big data</i></i> ? (collecte &eacute;tendue; collecte massive)&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Vous n&#39;en &eacute;prouvez pas le besoin ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Par manque de savoir-faire ?&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Manque de financement ?&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Manque de temps ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Avez-vous d&eacute;j&agrave; utilis&eacute; les <i><i>big data</i></i> ? Pourquoi avez-vous arr&ecirc;t&eacute; ? (si d&eacute;j&agrave; utilis&eacute; : quel impact ?)&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Malgr&eacute; tout, estimez-vous qu&#39;il vous serait utile de recourir au <i><i>big data</i></i> ? Pourquoi ? Qu&#39;est-ce que l&#39;utilisation du <i><i>big data</i></i> pourrait apporter &agrave; votre activit&eacute; ?&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Quelles sont les donn&eacute;es que vous pourriez conserver et exploiter ?&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Avez-vous envisag&eacute; ou pourriez-vous envisager de faire appel &agrave; une soci&eacute;t&eacute; sp&eacute;cialis&eacute;e dans ce domaine ?&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <ol> <li>J&#39;aimerais vous poser maintenant quelques questions sur l&#39;utilit&eacute; et les limites de l&#39;usage massif des donn&eacute;es.&nbsp;</li> </ol> <p>&iexcl;&nbsp; A votre avis, &agrave; qui profite le <i><i>big data</i></i> aujourd&#39;hui ? (entreprises / citoyens ou consommateurs / Etat)&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Pour vous, le recours au <i><i>big data</i></i> pose-t-il un probl&egrave;me de s&eacute;curit&eacute; des donn&eacute;es ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Dans le cadre de votre entreprise, vous est-il arriv&eacute; de renoncer &agrave; utiliser des donn&eacute;es pr&eacute;cis&eacute;ment pour un probl&egrave;me de s&eacute;curit&eacute; ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; A titre personnel, &ecirc;tes-vous favorable &agrave; la collecte et l&#39;utilisation de donn&eacute;es priv&eacute;es ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Faut-il r&eacute;guler la mon&eacute;tisation des <i>Data</i> ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&iexcl;&nbsp; Quelles sont les limites au <i><i>big data</i></i> ?&nbsp;&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Pour terminer, selon vous, quel est le devenir du <i>big data</i> ?&nbsp;&nbsp;</p> <hr size="1" width="33%" /> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftnref1" id="ftn1">[1]</a> Recherches r&eacute;alis&eacute;es le 20 janvier 2017</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftnref2" id="ftn2">[2]</a> <a href="http://www.cci-paris-idf.fr/informations-territoriales/ile-de-france/actualites/big-data-une-opportunite-pour-les-tpe-et-pme-ile-de-france">http://www.cci-paris-idf.fr/informations-territoriales/ile-de-france/actualites/big-data-une-opportunite-pour-les-tpe-et-pme-ile-de-france</a></p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftnref3" id="ftn3">[3]</a> Quant &agrave; penser que des travaux scientifiques publi&eacute;s aux Etats-Unis ou, plus g&eacute;n&eacute;ralement en langue anglaise, pourraient avoir une quelconque influence sur la r&eacute;flexion des dirigeants de PME fran&ccedil;aises, il s&rsquo;agit, nous semble-t-il, d&rsquo;une chim&egrave;re.</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftnref4" id="ftn4">[4]</a> <a href="http://harris-interactive.fr/opinion_polls/big-data-quen-pensent-les-francais/">http://harris-interactive.fr/opinion_polls/big-data-quen-pensent-les-francais/</a></p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftnref5" id="ftn5">[5]</a> Le groupe se constituait de 14 &eacute;tudiants ayant choisi de suivre un enseignement d&rsquo;introduction &agrave; la recherche en sciences de l&rsquo;information et la communication.</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftnref6" id="ftn6">[6]</a> Pour m&eacute;moire, selon l&rsquo;INSEE, 96,8 % des entreprises fran&ccedil;aises sont des TPE (Tr&egrave;s Petites Entreprises &ndash; chiffres 2012).</p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftnref7" id="ftn7">[7]</a> D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, nous faisons le choix de citer simplement entre guillemets les extraits de verbatim lorsqu&rsquo;ils ne d&eacute;passent pas cinq occurrences et que ces occurrences nous semblent repr&eacute;senter de mani&egrave;re suffisamment solide la globalit&eacute; des avis exprim&eacute;s. Quand nous semble souhaitable pour le lecteur d&rsquo;avoir acc&egrave;s &agrave; un plus grand nombre de r&eacute;ponses donn&eacute;es par les personnes interrog&eacute;es, ces r&eacute;ponses sont regroup&eacute;es dans un tableau, qu&rsquo;elles soient pr&eacute;sent&eacute;es in extenso, ou de mani&egrave;re partielle. La totalit&eacute; du verbatim est mise &agrave; disposition des chercheurs, dans sa forme brute, sur notre blog&nbsp;: <a href="http://blogs.univ-poitiers.fr/c-marcon/">http://blogs.univ-poitiers.fr/c-marcon/</a></p> <p><a href="https://revue-cossi.info/numeros/n-4-2018-big-data-thick-data/704-1-2018-revue-marcon#ftnref8" id="ftn8">[8]</a> Zerbib R., 2017, La fabrique du pr&ecirc;t &agrave; penser. M&eacute;canismes de diffusion et adoption des outils de gestion, Editions L&rsquo;Harmattan, 160 p.&nbsp;</p>