<p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Question&nbsp;:</span></span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> Au lendemain des attentats du 11&nbsp;septembre 2001, plusieurs intellectuels (sociologues, politistes et philosophes) ont soutenu que les strat&eacute;gies adopt&eacute;es par les &Eacute;tats de droit d&eacute;mocratiques afin de lutter contre le terrorisme (on peut bien s&ucirc;r penser au <i>Patriot Act</i>) &eacute;taient enclines &agrave; d&eacute;savouer le principe m&ecirc;me de ces r&eacute;gimes en cr&eacute;ant des &laquo;&nbsp;<i>legal black holes</i>&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire en recourant &agrave; des solutions extra-l&eacute;gales. Ces chercheurs et intellectuels condamnent le fait que ces &laquo;&nbsp;mesures exceptionnelles&nbsp;&raquo; seraient en passe de se g&eacute;n&eacute;raliser, de se banaliser, si bien que nos &Eacute;tats de droit, lib&eacute;raux et d&eacute;mocratiques, tomberaient progressivement sous la coupe du r&egrave;gne infaillible de l&rsquo;exception faisant d&eacute;sormais loi (sur ce point, certains mobilisent surtout Carl Schmitt, d&rsquo;autres Walter Benjamin dans une perspective sans doute oppos&eacute;e).</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Est-ce que le concept d&rsquo;&laquo;&nbsp;exception&nbsp;&raquo; (de situation exceptionnelle, de mesures exceptionnelles, d&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;exception) vous semble appropri&eacute; pour appr&eacute;hender ces nouvelles r&eacute;alit&eacute;s auxquelles est confront&eacute; notre &Eacute;tat de droit d&eacute;mocratique&nbsp;? Et, plus encore, est-ce que l&rsquo;affirmation suivant laquelle nous vivrions &agrave; pr&eacute;sent sous la menace d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&eacute;tat d&rsquo;exception permanent&nbsp;&raquo; (pour reprendre l&rsquo;expression que Giorgio Agamben emprunte &agrave; Benjamin) vous para&icirc;t soutenable&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Jean-Marc Ferry&nbsp;:</span></span></b><i> </i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le bon sens n&rsquo;est peut-&ecirc;tre pas la chose du monde la mieux partag&eacute;e chez les philosophes. Nos &Eacute;tats de droit d&eacute;mocratiques disposent d&rsquo;institutions de contr&ocirc;le, telles que le Conseil constitutionnel dont la saisine, bien qu&rsquo;&eacute;troite, est quand m&ecirc;me assez ouverte pour qu&rsquo;il puisse intervenir en cas de d&eacute;rogation aux droits et libert&eacute;s fondamentales des ressortissants. Aux dispositifs des &Eacute;tats nationaux s&rsquo;ajoutent ceux de l&rsquo;Europe, que ce soit au niveau de Luxembourg (la Cour europ&eacute;enne de Justice) ou de Strasbourg (la Convention de sauvegarde des droits de l&rsquo;homme et des libert&eacute;s fondamentales). Il n&rsquo;est en tout cas pas raisonnable de soup&ccedil;onner nos gouvernants de n&rsquo;attendre qu&rsquo;une bonne occasion de suspendre les libert&eacute;s.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Maintenant, on peut consid&eacute;rer qu&rsquo;une</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> situation structurelle affecte nos politiques &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la mondialisation &eacute;conomique. En Europe, les gouvernants ont, d&egrave;s les ann&eacute;es 1980 et avant, fait la cruelle exp&eacute;rience d&rsquo;une impuissance politique, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;une incapacit&eacute; d&rsquo;agir isol&eacute;ment de fa&ccedil;on efficace sur le destin de leur nation. On peut supposer que cette situation induise un syndrome o&ugrave; se m&ecirc;lent des blessures narcissiques et une volont&eacute; de compenser cette &laquo;&nbsp;&eacute;clipse&nbsp;&raquo; du politique, cette perte de puissance par une forme de moralisme r&eacute;pressif, la politique faisant insidieusement place &agrave; une police des m&oelig;urs qui l&eacute;gif&egrave;re tous azimuts &agrave; l&rsquo;encontre d&rsquo;addictions diverses et vari&eacute;es. Sans donner dans la parano&iuml;a, il est quand m&ecirc;me loisible de d&eacute;celer quelques signes de cette d&eacute;rive, dont une certaine dictature du politiquement correct n&rsquo;est qu&rsquo;un aspect encore soft.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au total, il nous revient, je crois, d&rsquo;assumer qu&rsquo;en Europe le politique se trouve en crise latente &agrave; beaucoup d&rsquo;&eacute;gards. Cette situation appelle des gestes r&eacute;solument froids, orient&eacute;s vers des propositions constructives plut&ocirc;t que des soup&ccedil;ons ou d&eacute;nonciations qui servent surtout &agrave; flatter des egos d&rsquo;intellectuels.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Giorgio Agamben va m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; affirmer que les tendances &agrave; la banalisation des pratiques exceptionnelles trouveraient leur origine dans la d&eacute;mocratie lib&eacute;rale elle-m&ecirc;me. &Eacute;tienne Balibar pr&eacute;f&egrave;re parler quant &agrave; lui d&rsquo;une &laquo;&nbsp;face d&rsquo;exception&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&Eacute;tat lib&eacute;ral. Le fonctionnement &laquo;&nbsp;normal&nbsp;&raquo; de l&rsquo;ordre lib&eacute;ral impliquerait, dit-il, une part d&rsquo;ombre intrins&egrave;que &agrave; la fonction de l&rsquo;&Eacute;tat, qui demeure garant d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts communautaires et particuliers. Il est certes &laquo;&nbsp;&Eacute;tat de droit&nbsp;&raquo;, un &Eacute;tat d&rsquo;int&eacute;gration des individus &agrave; la communaut&eacute; des citoyens, mais il est <i>aussi</i>, observe Balibar, &Eacute;tat de police, &Eacute;tat s&eacute;curisant, c&rsquo;est-&agrave;-dire un &Eacute;tat qui <i>exclut</i> l&rsquo;anormalit&eacute;.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;&Eacute;tat lib&eacute;ral et d&eacute;mocratique renfermerait-il une part de ce &laquo;&nbsp;mal&nbsp;&raquo; exceptionnel&nbsp;? Doit-il trouver en lui-m&ecirc;me la source de son propre reniement&nbsp;? Nous aimerions conna&icirc;tre votre avis sur ces th&egrave;ses qui localisent l&rsquo;origine des d&eacute;viances exceptionnalistes tant&ocirc;t dans l&rsquo;&Eacute;tat de droit (Agamben), tant&ocirc;t dans les fonctions &laquo;&nbsp;naturelles&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&Eacute;tat (Balibar) &ndash; en pr&eacute;sentant la d&eacute;mocratie comme l&rsquo;une des victimes de ces d&eacute;rives.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Au fond, cette question pose &eacute;galement, sans doute, celle de l&rsquo;articulation entre l&rsquo;&Eacute;tat de droit lib&eacute;ral et la d&eacute;mocratie. Ces deux notions sont-elles solidaires au sein de l&rsquo;&Eacute;tat contemporain&nbsp;? &Agrave; votre avis, peut-on concevoir un &Eacute;tat de droit non d&eacute;mocratique, ou une d&eacute;mocratie qui ne r&eacute;pondrait pas aux r&eacute;quisits de l&rsquo;&Eacute;tat de droit&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;: </span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">D&rsquo;abord, sur le dernier point de votre vaste question&nbsp;: les &laquo;&nbsp;&Eacute;tats de droit d&eacute;mocratiques&nbsp;&raquo;, comme l&rsquo;indique l&rsquo;expression, vivent et se reproduisent sur un &eacute;quilibre d&eacute;licat entre &Eacute;tat de droit et d&eacute;mocratie, et donc, dans une tension entre, d&rsquo;une part, un p&ocirc;le &laquo;&nbsp;lib&eacute;ral&nbsp;&raquo; des droits fondamentaux et de la justice politique, d&rsquo;autre part, un p&ocirc;le &laquo;&nbsp;r&eacute;publicain&nbsp;&raquo; de la souverainet&eacute; populaire et de l&rsquo;autonomie civique. <i>In thesi,</i> les deux p&ocirc;les &agrave; &eacute;quilibrer l&rsquo;un par l&rsquo;autre sont r&eacute;ellement essentiels, c&rsquo;est-&agrave;-dire consubstantiels &agrave; nos &Eacute;tats. Cette r&eacute;flexion est d&eacute;j&agrave; ancienne, m&ecirc;me si la th&eacute;orie politique contemporaine a tent&eacute; de lui trouver de nouvelles formulations.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans les faits, l&rsquo;&eacute;quilibre entre les deux p&ocirc;les est plus ou moins r&eacute;ussi. Il est clair qu&rsquo;aucun &Eacute;tat n&rsquo;atteint la situation id&eacute;ale d&rsquo;une d&eacute;mocratie radicale alli&eacute;e &agrave; une pleine satisfaction des droits fondamentaux. Mais voyez que, m&ecirc;me dans une telle situation id&eacute;ale, les clauses constitutionnelles d&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;exception seraient requises&nbsp;; et il faut bien aussi qu&rsquo;une autorit&eacute; politique puisse d&eacute;cider de la situation exceptionnelle, quitte &agrave; devoir rendre des comptes par la suite. Pardonnez le c&ocirc;t&eacute; trivial de ma r&eacute;ponse, mais je ne vois aucune contradiction entre la version la mieux accomplie de l&rsquo;&Eacute;tat de droit d&eacute;mocratique et la pr&eacute;vision de mesures d&rsquo;exception. En cela, oui, les auteurs que vous &eacute;voquez auraient raison, si toutefois leur geste ne pr&eacute;tendait d&eacute;masquer une &laquo;&nbsp;v&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo; occult&eacute;e sous la &laquo;&nbsp;belle apparence&nbsp;&raquo; d&eacute;mocratique. Il n&rsquo;existe &agrave; mes yeux aucune raison valable de pr&eacute;senter cette r&eacute;alit&eacute; comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;un cadavre dans le placard.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &Agrave; la suite des attentats meurtriers des 7 et 9&nbsp;janvier derniers, commis &agrave; la r&eacute;daction de <i>Charlie Hebdo</i> et &agrave; l&rsquo;&eacute;picerie casher &agrave; Paris, on a vu le gouvernement fran&ccedil;ais proposer rapidement toute une s&eacute;rie de mesures, prises en &laquo;&nbsp;situation d&rsquo;urgence&nbsp;&raquo;, afin de contenir &laquo;&nbsp;la menace terroriste&nbsp;&raquo;, identifi&eacute;e &agrave; la mont&eacute;e de l&rsquo;islam radical. La rh&eacute;torique d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&eacute;tat de guerre&nbsp;&raquo; semble dominer les d&eacute;clarations officielles et l&rsquo;opinion publique. La question se pose notamment d&rsquo;interdire la consultation de sites internet faisant l&rsquo;apologie de l&rsquo;<span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>tat islamique ou du djihadisme en g&eacute;n&eacute;ral. Une r&eacute;action politique comparable a eu lieu en Belgique, apr&egrave;s les &eacute;v&eacute;nements de Verviers, lors desquels les forces de police belges ont d&eacute;jou&eacute; les plans d&rsquo;une cellule djihadiste. Le gouvernement Michel a alors avanc&eacute; douze mesures, qui vont de la pr&eacute;sence temporaire de l&rsquo;arm&eacute;e dans les rues &agrave; la d&eacute;ch&eacute;ance de nationalit&eacute;, en passant par le retrait de passeport de tout individu suppos&eacute; dangereux.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Aujourd&rsquo;hui, ne se trouve-t-on pas face au risque de voir &eacute;merger un <i>Patriot Act</i></span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &agrave; l&rsquo;europ&eacute;enne&nbsp;? Que peut-on penser de telles mesures, prises en France et en Belgique&nbsp;? Sont-elles compatibles avec l&rsquo;affirmation des principes lib&eacute;raux de l&rsquo;&Eacute;tat de droit&nbsp;? Plus g&eacute;n&eacute;ralement, l&rsquo;id&eacute;e de mesures exceptionnelles est-elle conciliable avec notre horizon lib&eacute;ral-d&eacute;mocratique&nbsp;? Peuvent-elles trouver un principe de l&eacute;gitimit&eacute; au sein de nos d&eacute;mocraties lib&eacute;rales&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;: </span></span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&nbsp;Je ne peux r&eacute;pondre globalement sur l&rsquo;ensemble des r&eacute;actions qui ne sont pas du m&ecirc;me ordre. La rh&eacute;torique de l&rsquo;&eacute;tat de guerre me semble fallacieuse, outranci&egrave;re, m&ecirc;me s&rsquo;il existe un r&eacute;el danger de d&eacute;stabilisation du &laquo;&nbsp;monde des d&eacute;mocraties&nbsp;&raquo; par le terrorisme salafiste. La notion de guerre ne doit pas &ecirc;tre galvaud&eacute;e. Or, elle est utilis&eacute;e souvent &agrave; tort, lorsque, par exemple, on parle de la &laquo;&nbsp;premi&egrave;re guerre du Golfe&nbsp;&raquo;, ou de la &laquo;&nbsp;guerre du Kosovo&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit plut&ocirc;t d&rsquo;op&eacute;rations de police internationale (pas la seconde intervention en Irak de George Bush fils&nbsp;!), en accord avec l&rsquo;esprit de la Charte des Nations unies, sinon </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">toujours avec sa lettre (Kosovo). Les r&eacute;cents &eacute;v&eacute;nements de France et du Danemark</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> ne sont pas &agrave; regarder </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">comme des &laquo;&nbsp;actes de guerre&nbsp;&raquo;, sauf si l&rsquo;on tient &agrave; cautionner les ambitions des terroristes, comme lorsque l&rsquo;on ose parler de &laquo;&nbsp;l&rsquo;&Eacute;tat islamique&nbsp;&raquo; ou m&ecirc;me d&rsquo;&laquo;&nbsp;ex&eacute;cution&nbsp;&raquo; des otages, autant de contresens philosophiquement trompeurs et politiquement irresponsables</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">.</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Quant aux mesures de police elles-m&ecirc;mes, je ne mettrais pas sur le m&ecirc;me plan l&rsquo;interdiction de consultations de sites internet et la pr&eacute;sence de l&rsquo;arm&eacute;e dans les rues. Par elle-m&ecirc;me, cette derni&egrave;re ne porte pas atteinte &agrave; des droits fondamentaux. Il n&rsquo;en va pas de m&ecirc;me de l&rsquo;interdiction de consulter des sites internet, si elle r&eacute;sulte d&rsquo;une simple mesure administrative non couverte par une d&eacute;cision de justice. Ma crainte n&rsquo;est pas que nos &Eacute;tats instaurent un &eacute;tat d&rsquo;exception quasi permanent, mais qu&rsquo;encore une fois ils se laissent tenter par un moralisme r&eacute;pressif insinuant le d&eacute;lit d&rsquo;opinion.</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Le concept d&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;exception a refait surface dans les travaux de chercheurs, juristes, politologues et &eacute;conomistes, qui entendaient &eacute;clairer le comportement de l&rsquo;Union europ&eacute;enne &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la Gr&egrave;ce et des pays du sud m&eacute;diterran&eacute;en. Depuis le premier M&eacute;morandum de 2010 dict&eacute; par la &laquo;&nbsp;Tro&iuml;ka&nbsp;&raquo; (la Banque centrale europ&eacute;enne, la Commission et le Fonds mon&eacute;taire international), les diff&eacute;rentes mesures qui ont &eacute;t&eacute; d&eacute;cid&eacute;es par le gouvernement grec pour satisfaire les exigences des cr&eacute;anciers ont pu &ecirc;tre regard&eacute;es par certains chercheurs comme la sanctification d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&eacute;tat d&rsquo;exception&nbsp;&raquo; &ndash; comme l&rsquo;imposition <i>de facto</i> d&rsquo;une situation exceptionnelle &ndash;, qui autoriserait le contournement de la Constitution grecque et des r&egrave;gles &eacute;l&eacute;mentaires du fonctionnement d&eacute;mocratique.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&Agrave; votre sens, dans ce cas pr&eacute;cis, est-ce l&agrave; un concept utile, &agrave; m&ecirc;me de nous aider &agrave; comprendre et &agrave; &eacute;valuer ce qui est en train d&rsquo;avoir lieu et ce qui est en jeu depuis 2010&nbsp;? Le cas &eacute;ch&eacute;ant, existe-t-il un risque que cet &laquo;&nbsp;&eacute;tat d&rsquo;exception&nbsp;&raquo; suppos&eacute; devienne &laquo;&nbsp;permanent&nbsp;&raquo;&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;: </span></span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">&nbsp;Nous gagnerions, je crois, &agrave; limiter l&rsquo;acception de l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;&eacute;tat d&rsquo;exception&nbsp;&raquo; &agrave; des situations juridiquement bien d&eacute;finies. Je reconnais que l&rsquo;attitude de la Tro&iuml;ka &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de l&rsquo;Italie, hier, de la Gr&egrave;ce, aujourd&rsquo;hui, mais aussi, de l&rsquo;Espagne et du Portugal, fait pr&eacute;valoir une orthodoxie mon&eacute;tariste, d&rsquo;ailleurs techniquement douteuse, sur la d&eacute;mocratie. Lorsqu&rsquo;ainsi on parle d&rsquo;une tentation ou d&eacute;rive &laquo;&nbsp;postd&eacute;mocratique&nbsp;&raquo;, l&rsquo;expression n&rsquo;est pas d&eacute;plac&eacute;e. Pourtant, je ne d&eacute;sesp&egrave;re pas de nos opinions publiques pour exercer des pressions susceptibles de redresser la barre. C&rsquo;est peut-&ecirc;tre un peu optimiste. Mais il devient clair qu&rsquo;aucun &eacute;conomiste honn&ecirc;te ne peut soutenir la d&eacute;r&eacute;gulation&nbsp;; qu&rsquo;aucun politique responsable ne peut s&rsquo;obstiner &agrave; pr&eacute;coniser une &laquo;&nbsp;rigueur&nbsp;&raquo; financi&egrave;re dont les mesures ne font qu&rsquo;accentuer les maux qu&rsquo;elle pr&eacute;tend gu&eacute;rir. Le pr&eacute;sident Obama faisait d&rsquo;ailleurs r&eacute;cemment remarquer qu&rsquo;on ne saurait imposer l&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; &agrave; un pays qui vient de conna&icirc;tre une chute de 25&nbsp;% de son PIB en quatre ans. &Agrave; ce prix aberrant il n&rsquo;est pas &eacute;tonnant de retrouver un &eacute;quilibre des comptes nationaux (abstraction faite des charges de la dette). Le temps du triomphe de la doctrine jusqu&rsquo;alors dominante dans l&rsquo;Union me semble </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">bient&ocirc;t r&eacute;volu. Mais, enfin, voyons la fa&ccedil;on dont la Tro&iuml;ka et ses alli&eacute;s s&rsquo;y prendront pour c&eacute;der sans en avoir trop l&rsquo;air devant les justes r&eacute;clamations d&rsquo;&Eacute;tats surendett&eacute;s qui refusent</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt"> de mourir gu&eacute;ris.</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Depuis plusieurs ann&eacute;es d&eacute;j&agrave;, ce qu&rsquo;on a appel&eacute; le &laquo;&nbsp;d&eacute;ficit d&eacute;mocratique&nbsp;&raquo; des institutions m&eacute;tanationales, et singuli&egrave;rement des institutions de l&rsquo;Union europ&eacute;enne, figurait au centre des pr&eacute;occupations d&rsquo;un grand nombre d&rsquo;observateurs. Or, depuis le d&eacute;clenchement de la crise en 2008, ces m&ecirc;mes observateurs ont insist&eacute; sur le fait que les centres de d&eacute;cision se seraient progressivement d&eacute;plac&eacute;s des institutions repr&eacute;sentatives charg&eacute;es de d&eacute;lib&eacute;rations publiques vers des lieux informels et des r&eacute;unions ad hoc, o&ugrave; quelques hommes (des chefs d&rsquo;&Eacute;tat et des technocrates de la haute finance) d&eacute;cideraient, &agrave; huis clos, des choix et des orientations politiques qui affectent le quotidien et <span style="letter-spacing:-.2pt">les destin&eacute;es de millions de citoyens europ&eacute;ens. Nous savons par exemple que, lors des r&eacute;centes crises gouvernementales en Gr&egrave;ce et en Italie (en 2011-2012), quelques chefs d&rsquo;&Eacute;tat ont d&eacute;cid&eacute;, sous la conduite de Mme&nbsp;Merkel, </span>de la mise en place dans ces pays de gouvernements d&rsquo;urgence, largement extraparlementaires, alors que leur l&eacute;gitimit&eacute; &eacute;tait grandement contest&eacute;e dans l&rsquo;opinion publique.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Que faut-il penser de telles pratiques gouvernementales&nbsp;? Quels sont leurs effets sur le plan de l&rsquo;&Eacute;tat de droit, des r&egrave;gles et des principes de la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;: </span></span></b><i>&nbsp;</i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Je pense avoir &agrave; peu pr&egrave;s r&eacute;pondu plus haut. Dans la zone euro, beaucoup de d&eacute;cisions concernant le principal de la politique sont prises en dehors des circuits d&eacute;lib&eacute;ratifs. C&rsquo;est l&agrave; une atteinte au p&ocirc;le &laquo;&nbsp;souverainet&eacute; populaire&nbsp;&raquo; de nos &Eacute;tats de droit d&eacute;mocratiques (ou suppos&eacute;s tels). On peut en outre y voir une atteinte au droit des &Eacute;tats, en tant que cosouverains jouissant d&rsquo;un statut paritaire. C&rsquo;est pourquoi on peut parler d&rsquo;une d&eacute;rive postd&eacute;mocratique large. Cependant, je n&rsquo;irais pas jusqu&rsquo;&agrave; comparer le &laquo;&nbsp;r&eacute;gime europ&eacute;en&nbsp;&raquo; &agrave; celui d&rsquo;un empire, une id&eacute;e &agrave; la mode chez certains intellectuels. Dans son principe, l&rsquo;Union europ&eacute;enne est une union transnationale dont le paradigme ou mod&egrave;le profond est la d&eacute;mocratie cosmopolitique, post&eacute;tatique. Cela veut dire que l&rsquo;Union europ&eacute;enne fonctionne &ndash;&nbsp;devrait fonctionner&nbsp;&ndash; sur un principe de concertation &eacute;galitaire et coop&eacute;rative entre les &Eacute;tats membres, mais non pas sur un principe de subordination de ces &Eacute;tats &agrave; une puissance supranationale qui, au surplus, est, dans les faits, au moins autant form&eacute;e d&rsquo;agences priv&eacute;es que d&rsquo;instances publiques. Le seul renforcement du Parlement europ&eacute;en ne saurait, &agrave; mon avis, suffire au n&eacute;cessaire r&eacute;&eacute;quilibrage institutionnel. Il me semble urgent d&rsquo;agencer une interconnexion effective, sur l&rsquo;espace europ&eacute;en, de tous les parlements nationaux, voire r&eacute;gionaux, horizontalement entre eux, et verticalement, mais dans les deux sens, avec le Parlement europ&eacute;en, lequel appara&icirc;trait alors comme la cl&eacute; de vo&ucirc;te d&rsquo;un syst&egrave;me des Parlements europ&eacute;ens et le lieu de synth&egrave;se, bilans et perspectives, des r&eacute;clamations et propositions &eacute;manant du r&eacute;seau parlementaire de l&rsquo;Union. Ainsi le pouvoir de celle-ci aurait-il quelque chance de se reconnecter aux opinions nationales.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Dans le prolongement de notre question pr&eacute;c&eacute;dente, on observe de fa&ccedil;on globale un divorce qui va en s&rsquo;approfondissant entre, d&rsquo;une part, la <i>l&eacute;galit&eacute;</i> des d&eacute;cisions politiques prises au niveau des institutions europ&eacute;ennes &ndash; l&eacute;galit&eacute; qui d&eacute;coule essentiellement de l&rsquo;application des divers trait&eacute;s europ&eacute;ens liant les &Eacute;tats membres &ndash; et, d&rsquo;autre part, leur <i>l&eacute;gitimit&eacute;</i> aux yeux de pans de plus en plus larges des populations europ&eacute;ennes. La victoire historique de Syriza aux &eacute;lections grecques du 25&nbsp;janvier dernier semble t&eacute;moigner de cet &eacute;cart&nbsp;; de m&ecirc;me que la mont&eacute;e de Podemos dans les sondages en Espagne (cr&eacute;dit&eacute; &agrave; pr&egrave;s de 30&nbsp;% par le quotidien <i>El Pa&iacute;s</i>).</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Certains observateurs soutiennent par exemple que, si l&rsquo;&Eacute;tat de droit moderne est cens&eacute; assurer la production de la l&eacute;gitimit&eacute; par le biais de la l&eacute;galit&eacute;, la condition de validit&eacute; de ce pr&eacute;suppos&eacute; est la stricte observance des proc&eacute;dures qui sont propres &agrave; la d&eacute;mocratie d&eacute;lib&eacute;rative. Or, aujourd&rsquo;hui, de leur avis, ces principes d&eacute;mocratiques seraient, tant sur le plan des &Eacute;tats-nations qu&rsquo;au niveau des institutions europ&eacute;ennes, sinon bafou&eacute;s, &agrave; tout le moins largement court-circuit&eacute;s. Comment, selon vous, la crise actuelle &eacute;claire-t-elle les rapports entre l&eacute;galit&eacute; et l&eacute;gitimit&eacute;&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;: </span></span></b><i>&nbsp;</i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Nous retrouvons la th&eacute;matique de cet &eacute;quilibre d&eacute;licat entre les p&ocirc;les en tension au sein m&ecirc;me des &Eacute;tats de droit d&eacute;mocratiques. Cependant, il conviendrait d&rsquo;&ecirc;tre clair sur ce que nous attendons de l&rsquo;Union europ&eacute;enne. Si nous la regardons comme une &eacute;bauche d&rsquo;&Eacute;tat supranational, alors nos attentes d&eacute;mocratiques &agrave; son endroit seront syst&eacute;matiquement d&eacute;&ccedil;ues. Si, en revanche, nous attendons d&rsquo;elle qu&rsquo;elle pr&eacute;serve et promeuve les synth&egrave;ses d&eacute;mocratiques r&eacute;alis&eacute;es dans nos espaces nationaux, alors les exigences et critiques &agrave; son &eacute;gard seront mieux ajust&eacute;es. Une difficult&eacute; est que les responsables de l&rsquo;Union, ceux qui sont visibles au Conseil europ&eacute;en, sortent de leur r&ocirc;le en se profilant comme un gouvernement&nbsp;; ce qu&rsquo;ils ne sont pas et ne doivent pas &ecirc;tre, du fait que, seule, la Commission est politiquement responsable (devant le Conseil et le Parlement europ&eacute;ens). Elle devrait d&eacute;tenir l&rsquo;<i>autorit&eacute;</i> afin d&rsquo;agencer efficacement la concertation et la coop&eacute;ration entre &Eacute;tats, mais non pas la <i>souverainet&eacute;,</i> qui doit revenir aux peuples, quant &agrave; la source, et &agrave; leurs repr&eacute;sentants, quant &agrave; l&rsquo;exercice. Aussi la l&eacute;gitimit&eacute; sera-t<span style="letter-spacing:-.1pt">-elle en retard par rapport &agrave; la l&eacute;galit&eacute;, tant qu&rsquo;au niveau de l&rsquo;Union les chefs d&rsquo;&Eacute;tat et de gouvernement continueront de court-circuiter largement les proc&eacute;dures parlementaires nationales et, plus g&eacute;n&eacute;ralement, celles d&rsquo;une authentique d&eacute;mocratie d&eacute;lib&eacute;rative.</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Dans le d&eacute;bat th&eacute;orique relatif &agrave; la construction europ&eacute;enne, deux interpr&eacute;tations &eacute;taient en concurrence&nbsp;: certains intellectuels soutenaient que l&rsquo;Union europ&eacute;enne devait &ecirc;tre comprise comme un <i>accompagnement</i> adaptatif &agrave; la mondialisation &eacute;conomique (ils suspectaient ici une collusion entre l&rsquo;&laquo;&nbsp;Europe&nbsp;&raquo; et le capitalisme financiaris&eacute; agressif). D&rsquo;autres affirmaient la proposition &ndash; davantage normative que constative &ndash; suivant laquelle l&rsquo;Union pourrait signifier un rattrapage <i>politique</i> de cette m&ecirc;me mondialisation &eacute;conomique, en tendant &agrave; contrecarrer l&rsquo;arbitraire des march&eacute;s financiers. Entre l&rsquo;une et l&rsquo;autre, la d&eacute;cision pratique ne semblait pas prise. Mais, aujourd&rsquo;hui, face &agrave; l&rsquo;av&egrave;nement des gouvernements d&rsquo;urgence, face &agrave; la prolif&eacute;ration des mesures d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute;, peut-on penser que l&rsquo;Union europ&eacute;enne se serait d&eacute;cid&eacute;e en faveur de l&rsquo;interpr&eacute;tation d&rsquo;un <i>accompagnement </i>adaptatif &agrave; la mondialisation&nbsp;? Est-il possible de lire la situation actuelle de mani&egrave;re diff&eacute;rente&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;: </span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;Union europ&eacute;enne n&rsquo;a rien d&eacute;cid&eacute; du tout, et c&rsquo;est aussi un probl&egrave;me. &Eacute;vitons d&rsquo;identifier assez &eacute;troitement l&rsquo;Union europ&eacute;enne &agrave; la Tro&iuml;ka &eacute;paul&eacute;e par le (suppos&eacute;) tandem franco-allemand. La situation est bien plus complexe. Le Royaume-Uni et ses satellites slaves ne sont pas impliqu&eacute;s dans le projet d&rsquo;une union politique. Les &Eacute;tats m&eacute;diterran&eacute;ens au sens large (Portugal inclus) souhaitent une alternative politique qu&rsquo;ils peinent cependant &agrave; formuler. La France est divis&eacute;e entre deux leaderships&nbsp;: l&rsquo;un avec l&rsquo;Allemagne et l&rsquo;autre sur le sud de la zone euro. Le clivage travaille les partis gouvernementaux eux-m&ecirc;mes, moins d&rsquo;ailleurs sur le projet philosophique europ&eacute;en, soit le principe d&rsquo;une &laquo;&nbsp;union toujours plus &eacute;troite entre les peuples d&rsquo;Europe&nbsp;&raquo;, que sur l&rsquo;orientation des politiques communes et, vous avez vu juste, le rapport &agrave; la mondialisation. Je pense qu&rsquo;&agrave; terme assez proche une majorit&eacute; se dessinera pour r&eacute;cuser le sch&eacute;ma n&eacute;olib&eacute;ral d&rsquo;une adaptation pure et simple &agrave; la mondialisation &eacute;conomique. On devrait s&rsquo;accorder au moins sur le principe d&rsquo;une reconqu&ecirc;te politique supposant que l&rsquo;Union p&egrave;se de tout son poids dans les grandes organisations internationales, afin de domestiquer les march&eacute;s sans en briser les m&eacute;canismes, de faire pr&eacute;valoir aussi des options proprement &laquo;&nbsp;europ&eacute;ennes&nbsp;&raquo; dans les domaines de l&rsquo;environnement, de l&rsquo;humanitaire, d&rsquo;une concurrence loyale sinon &eacute;quitable, de la transition &eacute;nerg&eacute;tique, voire du d&eacute;veloppement africain et d&rsquo;une Union euro-m&eacute;diterran&eacute;enne. Cette vue prospective peut sembler trop optimiste, mais je pense qu&rsquo;est devenue flagrante l&rsquo;inanit&eacute; des t&eacute;l&eacute;guidages par des r&egrave;gles rigides et aveugles aux situations. Par rapport aux repr&eacute;sentations du Raisonnable la d&eacute;connexion est si patente, les politiques d&eacute;flationnistes r&eacute;v&eacute;lant d&rsquo;elles-m&ecirc;mes leur &eacute;chec, que la Dogmatique officielle devra op&eacute;rer ses &laquo;&nbsp;r&eacute;visions d&eacute;chirantes&nbsp;&raquo;, ce qu&rsquo;elle commence d&rsquo;ailleurs d&rsquo;amorcer discr&egrave;tement, depuis l&rsquo;investiture de Jean-Claude Juncker.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Par ailleurs, a-t-on raison de voir dans ces mesures d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; ou de rigueur un danger pour la d&eacute;mocratie europ&eacute;enne&nbsp;? On pourrait pousser la chose encore plus loin et se demander s&rsquo;il existe une compatibilit&eacute; ou non entre la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative et le n&eacute;olib&eacute;ralisme tel qu&rsquo;il s&rsquo;incarnerait dans un supra-pouvoir &eacute;conomico-financier. C&rsquo;est une question qui a &eacute;merg&eacute; dans le d&eacute;bat public et nous souhaiterions conna&icirc;tre votre point de vue &agrave; ce sujet.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;: </span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Entre, d&rsquo;une part, la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative, inspir&eacute;e par le lib&eacute;ralisme politique et, d&rsquo;autre part, l&rsquo;av&egrave;nement n&eacute;olib&eacute;ral d&rsquo;un m&eacute;tapouvoir &eacute;cofinancier, il n&rsquo;y a pas &agrave; proprement parler d&rsquo;incompatibilit&eacute;, mais il n&rsquo;existe &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence aucune harmonie. Depuis les ann&eacute;es 1980, il est devenu clair que le capitalisme non seulement est compatible avec des r&eacute;gimes autoritaires, comme la Chine, mais qu&rsquo;il est par l&agrave; m&ecirc;me ind&eacute;pendant du lib&eacute;ralisme politique, m&ecirc;me si certains pr&eacute;sentateurs TV s&rsquo;obstinent &agrave; affirmer que &laquo;&nbsp;la Chine a opt&eacute; pour le lib&eacute;ralisme&nbsp;&raquo;. Quant &agrave; la gouvernance europ&eacute;enne actuelle, elle est trop perm&eacute;able aux int&eacute;r&ecirc;ts particuliers non parlementaris&eacute;s (les lobbies), et trop ferm&eacute;e aux mouvements d&rsquo;opinion dont elle remet la gestion aux gouvernements nationaux. Le plaisir de la puissance favorise le fantasme d&rsquo;une politique en deux temps&nbsp;: on d&eacute;cide au sommet des orientations et l&rsquo;on s&rsquo;entend pour qu&rsquo;au retour dans sa nation chaque leader mobilise la communication politique pour que la d&eacute;cision soit ent&eacute;rin&eacute;e par &laquo;&nbsp;son&nbsp;&raquo; opinion. Certes, l&rsquo;usage strat&eacute;gique de la communication publique est vieux comme <span style="letter-spacing:.2pt">la d&eacute;mocratie. Mais, dans l&rsquo;Union, la distance entre les instances d&eacute;cisionnelles et les opinions nationales, associ&eacute;e &agrave; l&rsquo;impression consensuelle qu&rsquo;entretiennent les rencontres r&eacute;guli&egrave;res et volontiers conviviales entre chefs d&rsquo;&Eacute;tat et de </span><span style="letter-spacing:-.1pt">gouvernement, incite &agrave; traiter la d&eacute;mocratie d&rsquo;opinion comme une variable externe, un peu sur le m&ecirc;me plan qu&rsquo;une contrainte technique de gestion</span><span style="letter-spacing:-.2pt">.</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Les r&eacute;sultats des &eacute;lections europ&eacute;ennes du mois de mai&nbsp;2014 ont fait l&rsquo;objet de nombreux commentaires politiques et journalistiques. Cependant, aussi bien le taux d&rsquo;abstention pr&eacute;occupant qui a &eacute;t&eacute; enregistr&eacute; que la pouss&eacute;e inqui&eacute;tante des partis eurosceptiques et d&rsquo;extr&ecirc;me droite, x&eacute;nophobes et anti-immigr&eacute;s, n&rsquo;ont trouv&eacute; d&rsquo;autre explication de la part des porte-parole autoris&eacute;s des institutions europ&eacute;ennes que celle d&rsquo;un regrettable d&eacute;faut de &laquo;&nbsp;p&eacute;dagogie&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;communication&nbsp;&raquo; des dirigeants et des responsables europ&eacute;ens. On peut avoir le sentiment que tout se passe comme si la d&eacute;saffection croissante d&rsquo;un grand nombre de citoyens &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du projet europ&eacute;en et la mont&eacute;e en puissance des r&eacute;flexes nationalistes &eacute;taient simplement dues aux effets contreproductifs d&rsquo;une &laquo;&nbsp;rh&eacute;torique&nbsp;&raquo; de persuasion d&eacute;fectueuse&hellip; Ce faisant, est-ce que les questions de fond relatives &agrave; la politique men&eacute;e par les institutions europ&eacute;ennes depuis le d&eacute;but de la crise n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; purement et simplement &eacute;vacu&eacute;es&nbsp;? Quelle serait votre analyse &agrave; cet &eacute;gard&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> En l&rsquo;esp&egrave;ce il n&rsquo;y a pas lieu de s&eacute;parer la &laquo;&nbsp;communication&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;on la nomme &laquo;&nbsp;p&eacute;dagogie&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;rh&eacute;torique&nbsp;&raquo;, des questions de fond. Il est exact qu&rsquo;un penchant irritant de la classe politique (ou d&rsquo;une certaine partie de cette caste) est d&rsquo;imputer les &eacute;checs &eacute;lectoraux &agrave; un d&eacute;faut d&rsquo;explication &ndash; comme si les tribuns ou &laquo;&nbsp;d&eacute;magogues&nbsp;&raquo; au sens litt&eacute;ral <span style="letter-spacing:.1pt">du mot &eacute;taient des p&eacute;dagogues et les citoyens, des &eacute;l&egrave;ves. Cependant, l&rsquo;Europe,</span> le projet europ&eacute;en comme le processus europ&eacute;en, est une question non &eacute;lucid&eacute;e, car fort mal trait&eacute;e dans les d&eacute;bats m&eacute;diatiques. Invariablement, on met en sc&egrave;ne les &laquo;&nbsp;pour&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;contre&nbsp;&raquo; de ce que, de fa&ccedil;on simpliste, on nomme &laquo;&nbsp;l&rsquo;Europe&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;&ecirc;tes-vous pour ou contre l&rsquo;Europe&nbsp;?&nbsp;&raquo; est la mauvaise question par excellence. Le d&eacute;bat est alors coinc&eacute; dans un face-&agrave;-face entre europ&eacute;o-f&eacute;d&eacute;ralistes et nationaux-souverainistes. &Agrave; mon avis le bon d&eacute;bat sur l&rsquo;Europe se situe ailleurs. Les Europ&eacute;ens sont de toute fa&ccedil;on embarqu&eacute;s dans le projet d&rsquo;union. Cependant, ils n&rsquo;ont jamais jusqu&rsquo;alors fait entre eux le clair sur ce qu&rsquo;ils attendent de &laquo;&nbsp;l&rsquo;Europe&nbsp;&raquo;. Certains ne visent rien de plus qu&rsquo;un march&eacute; commun. D&rsquo;autres r&ecirc;vent d&rsquo;un &Eacute;tat f&eacute;d&eacute;ral supranational. Quelques-uns veulent restaurer les fronti&egrave;res nationales et les monnaies nationales, m&ecirc;me s&rsquo;ils acceptent une monnaie commune &ndash;&nbsp;non unique&nbsp;&ndash; et des accords de coop&eacute;ration. Parmi ceux, enfin, qui envisagent sinc&egrave;rement une union politique, une explication est n&eacute;cessaire quant &agrave; la forme de cette union&nbsp;: veut-on un &Eacute;tat europ&eacute;en disposant d&rsquo;un quasi-monopole de la l&eacute;gislation l&eacute;gitime et donc de la souverainet&eacute;&nbsp;? Ou envisage-t-on plut&ocirc;t une int&eacute;gration r&eacute;alis&eacute;e sur le principe &laquo;&nbsp;horizontal&nbsp;&raquo; de concertations r&eacute;guli&egrave;res et de coop&eacute;rations entre &Eacute;tats (toujours) souverains, mais d&eacute;sormais cosouverains, et non pas sur le principe &laquo;&nbsp;vertical&nbsp;&raquo; de la subordination des &Eacute;tats membres &agrave; une puissance publique supranationale&nbsp;? Je me prononce pour la voie horizontale d&rsquo;une concertation et coop&eacute;ration inter&eacute;tatiques, agenc&eacute;es par une autorit&eacute; communautaire puissante mais non souveraine. C&rsquo;est une voie longue et difficile, mais &agrave; mon sens la seule qui ait de l&rsquo;avenir.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cela &eacute;tant, la question demeure&nbsp;: comment associer les peuples, les opinions nationales au projet europ&eacute;en et<i> avant cela </i>&agrave; la d&eacute;finition ou &laquo;&nbsp;co-construction&nbsp;&raquo; d&eacute;mocratiquement satisfaisante de ce projet&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">C&rsquo;est l&agrave; que la &laquo;&nbsp;question de fond&nbsp;&raquo; rejoint la &laquo;&nbsp;communication&nbsp;&raquo;. Ce qui manque au politique europ&eacute;en, aujourd&rsquo;hui, c&rsquo;est la mise en ar&egrave;ne publique du vrai d&eacute;bat. J&rsquo;entends, encore une fois, non pas la sempiternelle et lancinante opposition entre f&eacute;d&eacute;ralistes et souverainistes &ndash; &agrave; ce jeu les europ&eacute;istes classiques finiront par perdre la partie dans l&rsquo;opinion, en passant pour des complices du n&eacute;olib&eacute;ralisme &ndash; mais un d&eacute;bat plus s&eacute;rieux sur les missions ou fonctions souhaitables de l&rsquo;Union face &agrave; la mondialisation. &Agrave; cet &eacute;gard une question premi&egrave;re se pr&eacute;sente sous forme d&rsquo;alternative pour l&rsquo;Union par rapport &agrave; la mondialisation &eacute;conomique&nbsp;: adaptation pure et simple, ou rattrapage, reconqu&ecirc;te politique&nbsp;? Inutile de pr&eacute;ciser que la seconde option propose un programme plus exaltant que la premi&egrave;re.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Q.&nbsp;:</span></span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> Malgr&eacute; les nuances et la diversit&eacute; des arguments qui caract&eacute;risent les discussions en cours au sein des formations politiques et dans l&rsquo;espace public citoyen, le d&eacute;blocage, si ce n&rsquo;est la sortie de la crise que nous vivons, est envisag&eacute;, sch&eacute;matiquement et pratiquement parlant, de deux fa&ccedil;ons. Soit &laquo;&nbsp;par le bas&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire par des strat&eacute;gies de reconqu&ecirc;te des proc&eacute;dures d&eacute;mocratiques et de ruptures sises entre les mains d&rsquo;un ou de plusieurs &Eacute;tats membres (d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;&eacute;lan d&rsquo;espoir qu&rsquo;a suscit&eacute; la victoire importante de Syriza aux r&eacute;centes &eacute;lections grecques et sa volont&eacute; de r&eacute;sister &agrave; la Tro&iuml;ka)&nbsp;; soit &laquo;&nbsp;par le haut&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire par des strat&eacute;gies et des interventions au niveau des institutions europ&eacute;ennes visant &agrave; des changements &agrave; la fois au niveau de leurs champs de comp&eacute;tence, de leurs modes de d&eacute;signation, de leurs proc&eacute;dures de d&eacute;cision et des r&eacute;orientations de leur politique g&eacute;n&eacute;rale qui entend, au mieux, r&eacute;guler l&rsquo;arbitraire des march&eacute;s financiers.</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Quelle serait votre position au sein de ce sch&eacute;ma&nbsp;? Comment situeriez-vous vos propositions&nbsp;? Est-on vraiment prisonnier de cette alternative &agrave; deux branches&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;:</span></span></span></b><i> </i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Les deux strat&eacute;gies, consid&eacute;r&eacute;es s&eacute;par&eacute;ment ou isol&eacute;ment, p&ecirc;chent l&rsquo;une et l&rsquo;autre par na&iuml;vet&eacute;, chacune &agrave; sa fa&ccedil;on</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">. Ni le romantisme de la strat&eacute;gie &laquo;&nbsp;par le bas&nbsp;&raquo;, ni le r&eacute;formisme de la strat&eacute;gie &laquo;&nbsp;par le haut&nbsp;&raquo; ne sont vraiment cr&eacute;dibles. Si douteux, d&rsquo;un point de vue philosophique, que puisse para&icirc;tre le vieux th&egrave;me de la &laquo;&nbsp;ruse de la raison&nbsp;&raquo;, l&rsquo;heuristique en </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">est bonne, car c&rsquo;est bien lui qui, quand m&ecirc;me, ouvre les perspectives d&rsquo;espoir</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt"> les moins improbables. Qu&rsquo;est-ce &agrave; dire&nbsp;? Nous constatons que, comme toujours, les politiques ne commencent &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir et &agrave; agir<i> que </i>lorsque le torchon br&ucirc;le. H&eacute;las&nbsp;!, il faut bien souvent attendre que la situation devienne vraiment alarmante pour que la politique se rende &agrave; la raison, revienne sur ses ent&ecirc;tements idiots, comme c&rsquo;est le cas, encore maintenant, avec la gestion des d&eacute;ficits et de la crise en zone euro. M&ecirc;me l&rsquo;actuelle crise grecque, du moins dans sa phase actuelle, ne para&icirc;t pas suffire &agrave; d&eacute;-rigidifier les positions doctrinales du c&ocirc;t&eacute; des &Eacute;tats du Nord, tandis que les grands endett&eacute;s du Sud ne voient pas pourquoi on exempterait les Grecs des sacrifices qu&rsquo;on a impos&eacute;s aux autres jusqu&rsquo;au redressement d&eacute;finitif. On en vient &agrave; pr&eacute;f&eacute;rer le principe de &laquo;&nbsp;la m&ecirc;me r&egrave;gle pour tous&nbsp;&raquo; &agrave; une r&eacute;vision intelligente de r&egrave;gles inadapt&eacute;es et injustes.</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pour r&eacute;pondre directement &agrave; votre question&nbsp;: si les Grecs ne sont pas soutenus au sud de la zone, et pas davantage par la France, alors ils perdront la bataille, et la Tro&iuml;ka continuera de ronronner sur ses dogmes. Mais si Tsipras parvient &agrave; tenir sa partie de poker sans &laquo;&nbsp;Grexit accidentel&nbsp;&raquo; et &agrave; mobiliser les opinions europ&eacute;ennes sur le fond de pertinence et de justice que rec&egrave;lent ses r&eacute;clamations, alors les &laquo;&nbsp;grands&nbsp;&raquo; de l&rsquo;Union europ&eacute;enne n&rsquo;auront plus qu&rsquo;&agrave; n&eacute;gocier l&rsquo;indispensable restructuration, en sauvant les apparences d&rsquo;un compromis synallagmatique. Si une telle hypoth&egrave;se se v&eacute;rifiait (on le saura bient&ocirc;t, &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; je tente de vous r&eacute;pondre), alors, peut-&ecirc;tre, suivront les id&eacute;es propres &agrave; nourrir une r&eacute;vision des pr&eacute;jug&eacute;s dominants&hellip; et d&eacute;l&eacute;t&egrave;res en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;quilibre comptable.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Q.&nbsp;:</span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Revenons sur la l&eacute;gitimit&eacute; de nos institutions, non pas europ&eacute;ennes mais internationales cette fois. Dans l&rsquo;imm&eacute;diat apr&egrave;s-guerre de 1940-45, toute une s&eacute;rie d&rsquo;institutions internationales ont &eacute;t&eacute; mises en place, en &eacute;tant directement associ&eacute;es &agrave; l&rsquo;Organisation des Nations unies (ONU), sous la forme d&rsquo;agences sp&eacute;cialis&eacute;es&nbsp;: le FMI, le GATT (devenu plus tard l&#39;OMC), la Banque mondiale (l&rsquo;OIT int&eacute;grera &eacute;galement cette constellation). &Agrave; l&rsquo;origine, la l&eacute;galit&eacute; et la l&eacute;gitimit&eacute; de toutes ces institutions proc&eacute;daient de conventions internationales sign&eacute;es entre des &Eacute;tats souverains.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Aujourd&rsquo;hui, cependant, plus d&rsquo;un demi-si&egrave;cle plus tard, ces m&ecirc;mes institutions internationales se sont compl&egrave;tement &eacute;mancip&eacute;es de l&rsquo;institution-m&egrave;re, l&rsquo;ONU, et ont acquis une r&eacute;elle ind&eacute;pendance. Si, &agrave; la limite, leur l&eacute;galit&eacute; formelle demeure en raison des conventions internationales fondatrices, on doit constater que leur l&eacute;gitimit&eacute; est, en revanche, fortement contest&eacute;e. Elles sont devenues des structures de d&eacute;cision largement domin&eacute;es par des experts et des technocrates, d&eacute;pourvues de toute l&eacute;gitimit&eacute; &eacute;lective. Leurs proc&eacute;dures de d&eacute;cision semblent &eacute;chapper au moindre contr&ocirc;le politique et social.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Quel est votre point de vue &agrave; ce sujet&nbsp;? Ces institutions vous semblent-elles toujours l&eacute;gitimes aujourd&rsquo;hui&nbsp;? Dans le cas contraire, comment pourrait-on s&rsquo;y prendre afin de les <i>re-l&eacute;gitimer</i>&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;: </span></span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ces institutions nous gouve</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">rnent assez largement sans &ecirc;tre l&eacute;gitim&eacute;es de fa&ccedil;on d&eacute;mocratique. Elles symbolisent les tendances postd&eacute;mocratiques qui pointent &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la mondialisation. L&rsquo;Union europ&eacute;enne, pour revenir &agrave; elle, peut m&ecirc;me appara&icirc;tre comme une sorte de courroie de transmission des politiques d&eacute;cid&eacute;es dans leurs grandes lignes par ces agences m&eacute;tanationales. Elles ont pourtant leur utilit&eacute; et m&ecirc;me leur n&eacute;cessit&eacute;<i> fonctionnelle. </i>Par exemple, la situation serait pire sans l&rsquo;OMC, quel que soit le reproche qu&rsquo;on lui fasse. Il existe un vrai probl&egrave;me de gouvernance&nbsp;: d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, c&rsquo;est vrai que les id&eacute;aux d&eacute;mocratiques n&rsquo;y trouvent pas leur compte, &agrave; commencer par le principe selon lequel &laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo; exigeons de nous sentir quelque part les auteurs des normes dont nous sommes destinataires&nbsp;; nous entendons &ecirc;tre toujours politiquement ma&icirc;tres du destin collectif. Reconnaissons que c&rsquo;est aussi l&agrave; une source de motivation, illusoire mais sympathique, pour un repli sur la nation&nbsp;: les leaders nationalistes que l&rsquo;on nomme &laquo;&nbsp;populistes&nbsp;&raquo; font aussi r&eacute;sonner une corde d&eacute;mocratique&hellip; Mais, d&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, justement, la posture souverainiste-nationale et antimondialiste est path&eacute;tique, outre qu&rsquo;elle s&rsquo;&eacute;pargne la difficult&eacute; de devoir penser une compatibilit&eacute; possible entre le n&eacute;cessaire changement d&rsquo;&eacute;chelle, qui justifierait la formation d&rsquo;unit&eacute;s politiques quasi continentales, et le maintien, &agrave; la fois &eacute;largissement et approfondissement, des cultures et proc&eacute;dures de nos &Eacute;tats de droit d&eacute;mocratiques.</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Q.&nbsp;:</span></span></span></b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt"> La notion de &laquo;&nbsp;crise&nbsp;&raquo; signale cette situation <i>limite,</i> o&ugrave; ce qui est &laquo;&nbsp;en crise&nbsp;&raquo; soit se r&eacute;tablit, soit tr&eacute;passe. Or, la crise actuelle ne r&eacute;pond absolument pas &agrave; cette configuration. La crise non seulement s&rsquo;installe durablement, mais prend aussi les traits d&rsquo;un v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;r&eacute;gime&nbsp;&raquo;. Tout semble indiquer que nous sommes en train de passer d&rsquo;une &laquo;&nbsp;crise syst&eacute;mique&nbsp;&raquo; &agrave; une crise qui est devenue &laquo;&nbsp;syst&egrave;me&nbsp;&raquo;, voire un mode in&eacute;dit d&rsquo;existence, sociale et historique. Que pensez-vous d&rsquo;un tel diagnostic&nbsp;? Et, si cela venait &agrave; se confirmer, peut-on appr&eacute;hender les effets d&rsquo;une telle transformation sur le plan &eacute;l&eacute;mentaire de notre fa&ccedil;on d&rsquo;&ecirc;tre et d&rsquo;agir&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">J.-M.&nbsp;F.&nbsp;:</span></span></b><i> </i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il y a crise, d&rsquo;un point de vue syst&eacute;mique, lorsque le syst&egrave;me r&eacute;clame pour se maintenir plus de r&eacute;ponses qu&rsquo;il ne peut en donner ou en admettre. De ce point de vue l&rsquo;eurozone est en crise. Cependant, la r&eacute;cente politique de <i>quantitative easing, </i>d&eacute;clench&eacute;e par Mario Draghi &agrave; la Banque centrale europ&eacute;enne, cr&eacute;e un espace inattendu, h&eacute;t&eacute;rodoxe, qui assouplit le syst&egrave;me et en proroge la viabilit&eacute;. Dans quelle mesure&nbsp;? Pour combien de temps&nbsp;? D&eacute;verser des tombereaux de liquidit&eacute;s par h&eacute;licopt&egrave;re n&rsquo;est pas vraiment une solution, car l&rsquo;eurozone n&rsquo;est nullement en crise de liquidit&eacute;s. Le probl&egrave;me syst&eacute;mique est ailleurs et, &agrave; premi&egrave;re vue, il est assez classique. C&rsquo;est le probl&egrave;me du &laquo;&nbsp;creux de la vague&nbsp;&raquo; o&ugrave; les uns ne bougent pas (n&rsquo;investissent pas et n&rsquo;emploient pas) parce que les autres ne bougent pas (ne consomment pas ou n&rsquo;importent pas) et r&eacute;ciproquement. C&rsquo;est vrai au sein de nos nations entre partenaires &eacute;conomiques (m&eacute;nages et entreprises, notamment) ainsi qu&rsquo;entre les nations de l&rsquo;eurozone (par exemple, entre la France et l&rsquo;Allemagne, et plus g&eacute;n&eacute;ralement entre le sud et le nord de la zone).</span></span></span></span></p> <p class="textecourant" style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Donc, on peut assouplir le syst&egrave;me. Mais je pense que ses dispositifs institutionnels sont la principale cause du blocage, en particulier l&rsquo;instauration d&rsquo;une monnaie unique dans une zone d&eacute;cloisonn&eacute;e mais &eacute;conomiquement h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne et d&eacute;pourvue de m&eacute;canismes de remplacement pour compenser l&rsquo;absence d&rsquo;ajustements par les taux de change, tandis que les banques centrales nationales ne peuvent plus faire, comme nagu&egrave;re, des avances de tr&eacute;sorerie &agrave; leurs &Eacute;tats, de sorte que ceux-ci doivent se plier aux diktats des march&eacute;s. De fait, les &Eacute;tats de la zone sont d&eacute;poss&eacute;d&eacute;s des moyens autonomes d&rsquo;une politique mon&eacute;taire et budg&eacute;taire concert&eacute;e de fa&ccedil;on intelligente. J&rsquo;entends une politique inverse de celle qui, comme pr&eacute;sentement, consiste en l&rsquo;imposition de r&egrave;gles communes, uniformes et arbitraires. Il s&rsquo;agirait, au contraire, d&rsquo;organiser une synchronisation des relances &eacute;conomiques et des restrictions budg&eacute;taires en fonction des situations &ndash; aujourd&rsquo;hui, clairement&nbsp;: relance &eacute;conomique interne au Nord et poursuite des &eacute;quilibres financiers au Sud, dont les exportations vers le Nord seraient alors stimul&eacute;es. C&rsquo;est par l&agrave; que la rigueur n&eacute;cessaire ne se paierait pas d&rsquo;une r&eacute;cession &eacute;conomique doubl&eacute;e d&rsquo;une r&eacute;gression sociale. Or, la situation d&eacute;flationniste que nous connaissons fut bel et bien politiquement impos&eacute;e. Elle est toujours officiellement b&eacute;tonn&eacute;e par le &laquo;&nbsp;syst&egrave;me&nbsp;&raquo; que repr&eacute;sentent les <span style="letter-spacing:.1pt">dispositions du Trait&eacute; (TSCG</span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">*), du M&eacute;canisme</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> (MES</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">*), de la R&egrave;gle d&rsquo;or, etc. L&agrave; r&eacute;side le ferment d&rsquo;une crise qui n&rsquo;est pas encore r&eacute;ellement d&eacute;clar&eacute;e&nbsp;; une crise qui ne serait pas seulement, comme ce fut jusqu&rsquo;alors le cas, bancaire, mon&eacute;taire et financi&egrave;re. J&rsquo;indiquais d&egrave;s 2012 que la crise europ&eacute;enne, que l&rsquo;on commen&ccedil;ait &agrave; dire &laquo;&nbsp;derri&egrave;re nous&nbsp;&raquo;, est en v&eacute;rit&eacute; devant nous&nbsp;; que les aspects mon&eacute;taires et financiers sont les prodromes d&rsquo;une crise &eacute;conomique dont la cause profonde est politique&nbsp;: crise &eacute;thique et institutionnelle de solidarit&eacute; et de coresponsabilit&eacute; entre les Dix-Neuf&nbsp;; et que cela risque de pr&eacute;cipiter une crise historique de l&eacute;gitimation du projet europ&eacute;en lui-m&ecirc;me. Les dispositifs techniques que je viens de mentionner &agrave; propos de la zone euro (TSCG, MES, Six Pack</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">*, etc.) reposent fondamentalement sur la m&eacute;fiance mutuelle. Elles sont contraires &agrave; l&rsquo;esprit de solidarit&eacute; et de coresponsabilit&eacute;, qui devrait marquer le processus d&rsquo;int&eacute;gration europ&eacute;enne. Il est temps qu&rsquo;&eacute;clate l&rsquo;imposture mon&eacute;tariste d&rsquo;un n&eacute;olib&eacute;ralisme technocratique qui fait tort &agrave; la cause europ&eacute;enne.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span style="font-family:Helvetica">Merci beaucoup pour votre temps et pour vos r&eacute;ponses, Monsieur Ferry.</span></i></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">*</span></span></b><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> Le Trait&eacute; sur la stabilit&eacute;, la coordination et la gouvernance (TSCG) est un m&eacute;canisme visant &agrave; la convergence de l&rsquo;union &eacute;conomique et mon&eacute;taire des &Eacute;tats membres de l&rsquo;Union europ&eacute;enne, notamment au sein de la zone euro. En clair, il s&rsquo;agit d&rsquo;un ensemble de mesures budg&eacute;taires (la &laquo; R&egrave;gle d&rsquo;or &raquo;) limitant drastiquement le d&eacute;ficit structurel.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Souvent compar&eacute; &agrave; une sorte de &laquo; FMI europ&eacute;en &raquo;, le M&eacute;canisme europ&eacute;en de stabilit&eacute; (MES) a pour but de fournir une aide financi&egrave;re sous conditions aux &Eacute;tats membres de la zone euro qui connaissent ou qui risquent de conna&icirc;tre de graves probl&egrave;mes de financement. Cela peut notamment passer par le sauvetage de banques priv&eacute;es, afin d&rsquo;essayer de limiter les taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts des pays en difficult&eacute;s.&nbsp;</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica">Le &laquo; Six Pack &raquo; est un renforcement du Pacte de stabilit&eacute; et de croissance, dont l&rsquo;essentiel (quatre articles sur six) r&eacute;side dans l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; de mesures disciplinaires et de sanctions. Il a pour objectif de pallier les insuffisances apparues &agrave; l&rsquo;occasion de la crise de la dette dans la zone euro [ndlr].</span></span></span></span></p>