<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">E</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">n sauvant les institutions financi&egrave;res priv&eacute;es de la faillite (Fortis, Dexia, KBC et Ethias) &agrave; partir de l&rsquo;automne 2008, l&rsquo;&Eacute;tat belge a vu sa dette fortement augmenter<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>. Ces sauvetages ont pris deux formes&nbsp;: la recapitalisation financi&egrave;re et l&rsquo;octroi de garanties d&rsquo;&Eacute;tat pour couvrir leurs dettes. Dexia b&eacute;n&eacute;ficie des deux. Une premi&egrave;re garantie est accord&eacute;e conjointement par les gouvernements belge, fran&ccedil;ais et luxembourgeois en 2008 suivie d&rsquo;une </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">deuxi&egrave;me octroy&eacute;e par ces m&ecirc;mes </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">acteurs en 2011 dans le cadre du deuxi&egrave;me</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt"> sauvetage de la banque. Cette deuxi&egrave;me garantie a fait l&rsquo;objet de deux recours devant le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat introduits par trois associations&nbsp;: CADTM, ATTAC Bruxelles 2 et ATTAC Li&egrave;ge<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>, et par deux d&eacute;put&eacute;es f&eacute;d&eacute;rales&nbsp;: Zo&eacute; Genot et Meyrem Almaci<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Ensemble, ils demandent l&rsquo;annulation de la garantie de l&rsquo;&Eacute;tat belge sur les dettes de Dexia&nbsp;SA (surnomm&eacute;e &laquo;&nbsp;bad bank&nbsp;&raquo;) au motif que les actes pris par l&rsquo;ex&eacute;cutif pour accorder cette garantie sont ill&eacute;gaux. Cette affaire a oppos&eacute;, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, les associations et les d&eacute;put&eacute;es et, de l&rsquo;autre, l&rsquo;&Eacute;tat belge et Dexia SA associ&eacute;e &agrave; la proc&eacute;dure. Les enjeux autour de l&rsquo;annulation de cette garantie sont multiples&nbsp;: &eacute;conomiques, sociaux, politiques, et touchent aux fondements m&ecirc;mes de la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Dans la premi&egrave;re partie de ce texte, nous revenons sur les diff&eacute;rentes &eacute;tapes du naufrage du groupe Dexia et sur l&rsquo;adoption des deux arr&ecirc;t&eacute;s relatifs &agrave; la garantie d&rsquo;&Eacute;tat attaqu&eacute;e en justice. Dans la deuxi&egrave;me partie, nous expliquons en quoi ce cas Dexia constitue un v&eacute;ritable coup d&rsquo;&Eacute;tat contre le pouvoir l&eacute;gislatif et judiciaire. Dans la troisi&egrave;me partie, nous donnons des perspectives politiques et juridiques suite au vote des parlementaires validant <i>a posteriori</i> les arr&ecirc;t&eacute;s ill&eacute;gaux du gouvernement.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase"><span style="letter-spacing:-.1pt">Br&egrave;ve histoire du &quot;naufrage Dexia&quot;</span></span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le groupe Dexia (Dexia SA) est n&eacute; en 1996 de la fusion entre le <i>Cr&eacute;dit communal de Belgique</i> (privatis&eacute;e la m&ecirc;me ann&eacute;e<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>) et le<i> Cr&eacute;dit local de France</i>, avec l&rsquo;objectif de devenir le leader mondial dans le financement des collectivit&eacute;s locales. Dexia SA est organis&eacute;e autour d&rsquo;une maison m&egrave;re holding et de trois filiales situ&eacute;es en France (Dexia Cr&eacute;dit Local), Belgique (DBB) et Luxembourg (Dexia BIL).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les ann&eacute;es 2000 marquent un tournant dans l&rsquo;expansion du groupe Dexia avec l&rsquo;achat de nombreuses soci&eacute;t&eacute;s financi&egrave;res<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a> partout dans le monde. Dexia se lance alors dans des op&eacute;rations de plus en plus risqu&eacute;es, notamment dans l&rsquo;acquisition de produits d&eacute;riv&eacute;s tels que les <i>subprimes</i><a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">[6]</span></span></sup></a>. En d&eacute;cembre&nbsp;2007, la crise des <i>subprimes </i>&eacute;clate aux &Eacute;tats-Unis. Malgr&eacute; l&rsquo;&eacute;clatement de cette crise qui a logiquement des r&eacute;percussions importantes sur le groupe Dexia, la direction poursuivra tout au long du premier semestre 2008 ses op&eacute;rations sp&eacute;culatives.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">En septembre&nbsp;2008, la crise financi&egrave;re s&rsquo;aggrave avec la chute aux &Eacute;tats-Unis de la banque d&rsquo;investissement <i>Lehman Brothers</i>. D&egrave;s lors, le march&eacute; interbancaire cesse de fonctionner. Les banques, se m&eacute;fiant les unes des autres, rechignent &agrave; se faire des pr&ecirc;ts entre elles. Or, Dexia a besoin de 100&nbsp;milliards d&rsquo;euros par jour<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a> pour se financer. La chute de Dexia devient alors imminente, mettant au jour l&rsquo;extr&ecirc;me dangerosit&eacute; de son mod&egrave;le de fonctionnement en plus de ses op&eacute;rations sp&eacute;culatives. En effet, le &laquo;&nbsp;mod&egrave;le Dexia&nbsp;&raquo; est extr&ecirc;mement dangereux puisque la banque accorde des pr&ecirc;ts sur le long terme (notamment des cr&eacute;dits toxiques aux collectivit&eacute;s locales<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>) alors qu&rsquo;elle se finance &agrave; tr&egrave;s court terme sur les march&eacute;s. Cette dangerosit&eacute; se mesure &eacute;galement &agrave; la taille du bilan de Dexia en comparaison avec le Produit int&eacute;rieur brut (PIB) de la Belgique (Dexia a un bilan de 1&nbsp;000 milliards d&rsquo;euros, soit presque trois fois le PIB belge<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>) et aux fonds propres de la banque (seulement 5,6&nbsp;milliards d&rsquo;euros, c&rsquo;est-&agrave;-dire moins de 1&nbsp;% de ses actifs).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Face au risque d&rsquo;effondrement de Dexia, les pouvoirs publics belges, fran&ccedil;ais et luxembourgeois viennent une premi&egrave;re fois la sauver en septembre&nbsp;2008. Cette op&eacute;ration prend deux formes&nbsp;: d&rsquo;une part, une recapitalisation de 6,4&nbsp;milliards d&rsquo;euros par les trois &Eacute;tats (dont 3&nbsp;milliards &agrave; charge de la Belgique) et, d&rsquo;autre part, l&rsquo;octroi d&rsquo;une garantie par ces m&ecirc;mes &Eacute;tats sur les emprunts du groupe bancaire arrivant &agrave; &eacute;ch&eacute;ance au plus tard au 31&nbsp;octobre 2014.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En mai&nbsp;2011, alors que la situation financi&egrave;re de Dexia est loin d&rsquo;&ecirc;tre assainie, la crise bancaire s&rsquo;approfondit. Les <i>Money Market Funds</i><a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a> sur lesquels Dexia se finance stoppent leurs pr&ecirc;ts, mettant Dexia dans une situation tr&egrave;s critique malgr&eacute; la garantie des &Eacute;tats. <span style="letter-spacing:-.3pt">Contrairement aux d&eacute;clarations de la banque, la crise des dettes publiques en Europe n&rsquo;est pas &agrave; l&rsquo;origine des probl&egrave;mes de Dexia. Pour le v&eacute;rifier, il suffit de comparer le montant de ses cr&eacute;ances sur les pays du Sud de l&rsquo;Europe</span> (moins de 19&nbsp;milliards d&rsquo;euros au 31&nbsp;d&eacute;cembre 2011) avec les dettes de la banque (413&nbsp;milliards de dettes imm&eacute;diatement exigibles)<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En octobre&nbsp;2011 se met en place le deuxi&egrave;me sauvetage de Dexia. Le groupe est d&eacute;mantel&eacute;. Le 10&nbsp;octobre 2011, l&rsquo;&Eacute;tat belge rach&egrave;te <i>Dexia Banque Belgique</i> (devenue <i>Belfius</i>) pour 4&nbsp;milliards d&rsquo;euros. Les &Eacute;tats belges, fran&ccedil;ais et luxembourgeois d&eacute;cident &eacute;galement de cr&eacute;er une structure de d&eacute;faisance du groupe afin d&rsquo;isoler les actifs &agrave; risque, d&rsquo;o&ugrave; le terme de &laquo;&nbsp;bad bank&nbsp;&raquo; (Dexia SA) pour la d&eacute;signer, et d&eacute;cident de garantir les emprunts de cette bad bank.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La strat&eacute;gie de la bad bank soutenue par les gouvernements consiste &agrave; vendre un minimum d&rsquo;actifs (pour limiter les pertes) et &agrave; laisser progressivement s&rsquo;&eacute;teindre les cr&eacute;dits de portefeuille et les obligations. Vu la dur&eacute;e extr&ecirc;mement longue du portefeuille d&rsquo;investissement, le montant exact de ses pertes support&eacute;es par les &Eacute;tats garants ne se r&eacute;v&eacute;lera que dans de nombreuses ann&eacute;es (dans l&rsquo;hypoth&egrave;se o&ugrave; cette garantie n&rsquo;est pas annul&eacute;e).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Pour &laquo;&nbsp;sceller&nbsp;&raquo; cette garantie, le gouvernement belge, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque en affaires courantes, prend le 18&nbsp;octobre </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">2011 un arr&ecirc;t&eacute; royal par lequel il s&rsquo;engage &agrave; garantir jusqu&rsquo;en 2031 les dettes de la bad bank pour un montant de 54,45&nbsp;milliards d&rsquo;euros, sans compter les int&eacute;r&ecirc;ts et accessoires. Ce montant sera ensuite r&eacute;duit &agrave; 43,7&nbsp;milliards d&rsquo;euros (plus les int&eacute;r&ecirc;ts et les accessoires) suite &agrave; l&rsquo;adoption d&rsquo;un nouvel arr&ecirc;t&eacute; pris cette fois par un gouvernement de plein exercice le 12&nbsp;d&eacute;cembre 2012 modifiant l&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; d&rsquo;octobre&nbsp;2011. Ce montant repr&eacute;sente l&rsquo;&eacute;quivalent de 20&nbsp;% du budget de l&rsquo;&Eacute;tat f&eacute;d&eacute;ral. Pour comparaison, les allocations de ch&ocirc;mage repr&eacute;sentent 3&nbsp;% des d&eacute;penses publiques.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Le 23&nbsp;d&eacute;cembre 2011, les trois associations repr&eacute;sent&eacute;es par les avocats Olivier Stein et Pierre Robert introduisent devant le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat une premi&egrave;re requ&ecirc;te en annulation de l&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; royal du 18&nbsp;octobre 2011<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>. Suite &agrave; la publication du deuxi&egrave;me arr&ecirc;t&eacute; en d&eacute;cembre&nbsp;2012<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>, une deuxi&egrave;me</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt"> requ&ecirc;te est introduite par les m&ecirc;mes associations et par les deux d&eacute;put&eacute;es pour demander l&rsquo;annulation des arr&ecirc;t&eacute;s royaux, de la convention de garantie autonome sign&eacute;e le 24&nbsp;janvier 2013<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a> par les ministres des finances belge, fran&ccedil;ais et luxembourgeois ainsi que de tous les actes post&eacute;rieurs pris par le gouvernement belge sur la base des arr&ecirc;t&eacute;s et de la convention.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Le coup d&rsquo;&Eacute;tat de l&rsquo;ex&eacute;cutif contre le pouvoir l&eacute;gislatif et judiciaire</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les associations et les d&eacute;put&eacute;es demandent l&rsquo;annulation des arr&ecirc;t&eacute;s au motif qu&rsquo;ils violent notamment le principe de s&eacute;paration des pouvoirs inscrit dans la Constitution<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>. L&rsquo;usurpation des comp&eacute;tences du Parlement par le gouvernement &agrave; deux reprises au moment de l&rsquo;adoption des arr&ecirc;t&eacute;s&nbsp;(1) ne peut &ecirc;tre justifi&eacute;e par la mise en &oelig;uvre des pouvoirs sp&eacute;ciaux par le gouvernement, telle que pr&eacute;vue par la loi du 22&nbsp;f&eacute;vrier 1998 fixant le statut organique de la banque nationale (2). Enfin, la convention de garantie autonome sign&eacute;e par les ministres des finances le 24&nbsp;janvier 2013 viole &eacute;galement ce principe de s&eacute;paration des pouvoirs en ce que les tribunaux sont emp&ecirc;ch&eacute;s d&rsquo;intervenir (3).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Violation du principe de s&eacute;paration des pouvoirs inscrit dans la Constitution</span></span></i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ce principe fondamental d&rsquo;un &Eacute;tat de droit est inscrit aux articles&nbsp;33, 74&nbsp;(3&deg;), 105, 108 et 174 de la Constitution. Tous ces articles ont &eacute;t&eacute; viol&eacute;s par le gouvernement au moment de la prise des arr&ecirc;t&eacute;s. Selon ces articles, il appartient au Parlement f&eacute;d&eacute;ral d&rsquo;intervenir dans les mati&egrave;res budg&eacute;taires (telles que l&rsquo;octroi de garanties d&rsquo;&Eacute;tat) qui lui sont r&eacute;serv&eacute;es. Or, le Parlement n&rsquo;a m&ecirc;me pas &eacute;t&eacute; consult&eacute; avant l&rsquo;adoption de ces arr&ecirc;t&eacute;s et ne le sera pas jusqu&rsquo;en 2031 en vertu de ces arr&ecirc;t&eacute;s qui conf&egrave;rent au seul ministre des finances le pouvoir de conclure en toute opacit&eacute; et en dehors de tout contr&ocirc;le parlementaire des conventions de garanties avec les cr&eacute;anciers de Dexia SA.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;article&nbsp;33 de la Constitution constitue le fondement m&ecirc;me du syst&egrave;me d&eacute;mocratique repr&eacute;sentatif. Une de ses applications essentielles est le droit de vote des citoyens. Afin que cet article&nbsp;33 soit respect&eacute;, il est n&eacute;cessaire, non seulement que les citoyens puissent &eacute;lire leurs repr&eacute;sentants, mais &eacute;galement que ces repr&eacute;sentants disposent d&rsquo;un pouvoir r&eacute;el et effectif. Cela vaut pour tous les &Eacute;tats dits d&eacute;mocratiques.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Dans son arr&ecirc;t du 7&nbsp;septembre 2011<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>, la Cour constitutionnelle allemande souligne que&nbsp;: </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&laquo;&nbsp;Le droit de vote est viol&eacute; si le Parlement allemand renonce &agrave; sa responsabilit&eacute; en mati&egrave;re de budget d&rsquo;une mani&egrave;re telle que lui-m&ecirc;me, ou tout parlement futur, ne peut plus exercer un contr&ocirc;le sur le budget.&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;La d&eacute;cision sur les revenus et les d&eacute;penses d&rsquo;un Gouvernement constitue une partie substantielle de l&rsquo;auto-d&eacute;termination d&eacute;mocratique dans un &eacute;tat constitutionnel (&hellip;). Le Parlement allemand doit d&eacute;cider des revenus et des d&eacute;penses en &eacute;tant responsable devant le peuple. Le droit d&rsquo;exercer un contr&ocirc;le sur le budget repr&eacute;sente donc un &eacute;l&eacute;ment central du processus de d&eacute;cision d&eacute;mocratique.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les conditions de la d&eacute;l&eacute;gation des pouvoirs sp&eacute;ciaux ne sont pas r&eacute;unies</span></span></i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Dans le cadre d&rsquo;une r&eacute;forme du syst&egrave;me de surveillance du secteur financier, un arr&ecirc;t&eacute; royal du 3&nbsp;mars 2011 a ins&eacute;r&eacute; un nouvel article&nbsp;36/24 dans la loi du 22&nbsp;f&eacute;vrier 1998. Cet article donne au Roi (c&rsquo;est-&agrave;-dire au gouvernement) le pouvoir de prendre une s&eacute;rie de mesures exceptionnelles &laquo;&nbsp;sur avis de la banque (nationale), en cas de crise soudaine sur les march&eacute;s financiers ou en cas de menace grave de crise syst&eacute;mique, aux fins d&rsquo;en limiter l&rsquo;ampleur ou les effets&nbsp;&raquo;. Parmi ces mesures exceptionnelles figure l&rsquo;octroi d&rsquo;une garantie d&rsquo;&Eacute;tat.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les termes de &laquo;&nbsp;crise soudaine sur les march&eacute;s financiers ou menace grave de risque syst&eacute;mique&nbsp;&raquo; ne sont pas d&eacute;finis dans la loi. Toutefois, l&rsquo;expos&eacute; des motifs du projet de loi du 14&nbsp;octobre 2008 instituant en particulier une garantie d&rsquo;&Eacute;tat relative aux cr&eacute;dits octroy&eacute;s dans le cadre de la stabilit&eacute; financi&egrave;re en d&eacute;limite les contours&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cette garantie concerne exclusivement les risques li&eacute;s &agrave; la mission nationale de contribuer &agrave; la stabilit&eacute; du syst&egrave;me financier.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La question est d&egrave;s lors de savoir si la garantie accord&eacute;e &eacute;tait n&eacute;cessaire pour pr&eacute;server la stabilit&eacute; du syst&egrave;me financier belge. Vu les effets raisonnablement pr&eacute;visibles engendr&eacute;s par cette garantie, sa stabilit&eacute; est, au contraire, lourdement affect&eacute;e pour au moins quatre raisons</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">a)<i> Le montant&nbsp;: </i>Les arr&ecirc;t&eacute;s attaqu&eacute;s permettent au ministre d&rsquo;engager jusqu&rsquo;&agrave; 20&nbsp;% du budget de l&rsquo;&Eacute;tat f&eacute;d&eacute;ral, outre les int&eacute;r&ecirc;ts et accessoires. Or, le paiement d&rsquo;un tel montant mettrait l&rsquo;&Eacute;tat dans l&rsquo;impossibilit&eacute; d&rsquo;accomplir une part essentielle de ses missions de service public et augmenterait tr&egrave;s fortement sa dette.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">b)<i> La dur&eacute;e</i>&nbsp;<i>:</i> Les arr&ecirc;t&eacute;s peuvent produire ses effets durant vingt ans, d&eacute;passant ainsi largement le cadre des mesures conservatoires destin&eacute;es &agrave; limiter les effets de la crise.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">c) Tous les cr&eacute;anciers sont prot&eacute;g&eacute;s sans distinction&nbsp;:</span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Le gouvernement refuse de donner la liste nominative de ces cr&eacute;anciers, y compris aux d&eacute;put&eacute;s qui en font la demande, en violation du principe de publicit&eacute; qui constitue aussi un argument du recours.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">d) L&rsquo;al&eacute;a moral</span></span></i>&thinsp;<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.15pt">[17]</span></span></span></sup></a><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;: </span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il est cr&eacute;&eacute; par le fait que la garantie est payable &agrave; premi&egrave;re demande sans aucune condition r&eacute;elle. En habilitant le ministre des finances &agrave; garantir sans conditions les dettes de la bad bank, les arr&ecirc;t&eacute;s envoient un signal clair aux banques et aux fonds d&rsquo;investissement tent&eacute;s par une sp&eacute;culation pouvant leur rapporter de forts gains et pouvant, le cas &eacute;ch&eacute;ant, provoquer une nouvelle crise financi&egrave;re. Ils leur indiquent que l&rsquo;&Eacute;tat interviendra toujours en dernier ressort pour les rembourser en toutes circonstances, y compris lorsque ces dettes sont ill&eacute;gales comme l&rsquo;indique explicitement la Convention de garantie autonome de janvier&nbsp;2013.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il ne fait donc aucun doute que les conditions pour l&rsquo;exercice de pouvoirs sp&eacute;ciaux par le gouvernement ne sont pas r&eacute;unies. Celui-ci ne peut valablement pr&eacute;tendre avoir pris des mesures conservatoires visant &agrave; limiter les effets de la crise dans le cadre des pouvoirs sp&eacute;ciaux. Au contraire, la garantie renforce le risque de crise syst&eacute;mique. La violation des droits des parlementaires par l&rsquo;ex&eacute;cutif est manifeste et est aggrav&eacute;e par le fait qu&rsquo;au moment du premier arr&ecirc;t&eacute; en octobre&nbsp;2011, le gouvernement &eacute;tait en affaires courantes.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Coup d&rsquo;&Eacute;tat contre les tribunaux</span></span></i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les tribunaux belges sont d&eacute;poss&eacute;d&eacute;s de leur fonction par l&rsquo;article&nbsp;2 (a)de la Convention de garantie autonome de janvier&nbsp;2013<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. En vertu de cet article, l&rsquo;&Eacute;tat, par la voix de son ministre des Finances, se porte garant de toutes les dettes de la bad bank, y compris celles qui sont ill&eacute;gales, et doit les payer dans un d&eacute;lai de cinq jours ouvrables (article&nbsp;6) en cas de d&eacute;faut de paiement de Dexia.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Si par hypoth&egrave;se une transaction garantie &eacute;tait consid&eacute;r&eacute;e comme ill&eacute;gale par les autorit&eacute;s &eacute;trang&egrave;res, le cr&eacute;ancier vis&eacute; pourrait alors se retourner contre l&rsquo;&Eacute;tat belge qui a renonc&eacute; &agrave; tout moyen de d&eacute;fense, en vertu de cette convention. Un tel m&eacute;canisme am&egrave;nerait l&rsquo;&Eacute;tat lui-m&ecirc;me &agrave; violer des r&egrave;gles internationales ou &agrave; honorer des obligations r&eacute;sultant d&rsquo;une activit&eacute; frauduleuse ou criminelle. Cette <span style="letter-spacing:-.2pt">hypoth&egrave;se n&rsquo;est pas th&eacute;orique. En effet, les d&eacute;lits et les crimes commis par de grandes banques priv&eacute;es ces derni&egrave;res ann&eacute;es sont d&rsquo;une gravit&eacute; extr&ecirc;me&nbsp;: escroquerie &agrave; l&rsquo;encontre des clients (notamment dans la vente de produits structur&eacute;s et de cr&eacute;dits hypoth&eacute;caires)&nbsp;; organisation de l&rsquo;&eacute;vasion fiscale &agrave; tr&egrave;s grande &eacute;chelle&nbsp;; manipulation</span> en bande<span style="letter-spacing:.2pt">organis&eacute;e des taux d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts et des march&eacute;s de change&nbsp;; faux et usage de faux&nbsp;; d&eacute;lits d&rsquo;initi&eacute;s&nbsp;; manipulation du march&eacute; physique des mati&egrave;res premi&egrave;res et des aliments&nbsp;; blanchiment d&rsquo;argent du crime organis&eacute;&nbsp;; complicit&eacute; dans des crimes de guerre, etc</span>.<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le ministre des finances ne peut, au nom de l&rsquo;&Eacute;tat, prendre de tels engagements sans violer les principes g&eacute;n&eacute;raux de droit qui imposent d&rsquo;agir dans le respect de la l&eacute;galit&eacute; et de la s&eacute;paration des pouvoirs. C&rsquo;est pourquoi les requ&eacute;rants ont &eacute;galement demand&eacute; au Conseil d&rsquo;&Eacute;tat l&rsquo;annulation de cette convention et de tous les actes post&eacute;rieurs pris sur sa base.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Synth&egrave;se des arguments du gouvernement et de Dexia</span></span></i></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il est frappant de constater que, face &agrave; ces arguments juridiques, le gouvernement belge et la direction de Dexia&nbsp;SA r&eacute;pondent essentiellement par l&rsquo;urgence avec laquelle il fallait agir et par des arguments de nature &eacute;conomique li&eacute;s aux r&eacute;actions des march&eacute;s financiers. Pr&eacute;cisons d&rsquo;abord que ces consid&eacute;rations n&rsquo;ont pas de cons&eacute;quences sur l&rsquo;ill&eacute;galit&eacute; des actes attaqu&eacute;s devant le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ensuite, l&rsquo;urgence ne saurait justifier les multiples violations d&rsquo;autant que le gouvernement les a commises &agrave; deux reprises &agrave; plus d&rsquo;un an d&rsquo;intervalle. Notons que l&rsquo;urgence ne justifiait pas non plus d&rsquo;octroyer une garantie absolue aux dettes de Dexia SA s&rsquo;&eacute;talant sur vingt ans dont l&rsquo;effet est de menacer la stabilit&eacute; de tout le syst&egrave;me financier belge, comme nous l&rsquo;avons d&eacute;velopp&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Aucune alternative &agrave; la garantie n&rsquo;a &eacute;t&eacute; envisag&eacute;e par le gouvernement, qui a notamment exclu l&rsquo;option de la mise en faillite de la banque car elle aurait, selon lui et la direction de Dexia, d&eacute;stabilis&eacute; les march&eacute;s secondaires de la dette souveraine en provoquant la liquidation impromptue du portefeuille d&rsquo;obligations souveraines d&eacute;tenu par Dexia SA. Contrairement &agrave; cette affirmation, il n&rsquo;y a pourtant aucun m&eacute;canisme automatique entre le non-octroi de garantie et la &laquo;&nbsp;liquidation impromptue&nbsp;&raquo; du portefeuille de titres souverains. Rien n&rsquo;oblige des instances en charge d&rsquo;une mise en faillite ordonn&eacute;e d&rsquo;une banque de revendre imm&eacute;diatement sur le march&eacute; secondaire son portefeuille de titres souverains.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une seconde raison avanc&eacute;e pour exclure la proc&eacute;dure de mise en faillite est tir&eacute;e de l&rsquo;existence m&ecirc;me de la garantie d&rsquo;&Eacute;tat. Cet argument rel&egrave;ve manifestement de la mauvaise foi dans la mesure o&ugrave; la garantie d&eacute;fendue par la direction de Dexia a justement &eacute;t&eacute; prise par le gouvernement et que l&rsquo;action devant le Conseil d&rsquo;Etat vise pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; annuler cette garantie et donc l&rsquo;obligation pour l&rsquo;&Eacute;tat de payer les montants engag&eacute;s.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pourtant, Dexia et le gouvernement n&rsquo;h&eacute;sitent pas &agrave; utiliser le risque d&rsquo;activation de cette garantie comme pr&eacute;texte pour justifier devant l&rsquo;opinion publique les recapitalisations et ainsi &eacute;viter tout d&eacute;bat. Citons &agrave; titre d&rsquo;exemple l&rsquo;ancien Premier ministre Elio Di Rupo (&eacute;galement ancien membre du Conseil d&rsquo;administration de Dexia SA), en fonction lors de la prise de l&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; de d&eacute;cembre&nbsp;2012, qui d&eacute;clarait le 8&nbsp;novembre 2012 que &laquo;&nbsp;<i>Si nous participons &agrave; une recapitalisation ce n&#39;est pas par plaisir mais parce que nous y sommes oblig&eacute;s si nous ne voulons pas voir activer les garanties&nbsp;&raquo;</i><a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><sup><span style="color:black">[20]</span></sup></a>. En f&eacute;vrier&nbsp;2015<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><sup><span style="color:black">[21]</span></sup></a>, les recapitalisations de Dexia ont d&eacute;j&agrave; co&ucirc;t&eacute; &agrave; la Belgique 10&nbsp;milliards d&rsquo;euros. Le gouvernement proc&egrave;de donc par recapitalisations successives pour &eacute;viter l&rsquo;activation des garanties. La strat&eacute;gie du gouvernement revient &agrave; &eacute;taler dans le temps le sauvetage de Dexia SA.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Face &agrave; cette campagne m&eacute;diatique du gouvernement et de Dexia, les trois associations ont cr&eacute;&eacute; un comit&eacute; de soutien &agrave; leur recours en justice compos&eacute; d&rsquo;une centaine de personnalit&eacute;s venant du monde universitaire, associatif, syndical et politique dans le but de sensibiliser l&rsquo;opinion publique au danger repr&eacute;sent&eacute; par cette garantie et aux alternatives. Un film a &eacute;galement &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><sup><span style="color:black">[22]</span></sup></a>. Des tribunes de ce comit&eacute; ont &eacute;t&eacute; publi&eacute;es dans les journaux. Des conf&eacute;rences de presse et d&eacute;bats publics ont &eacute;t&eacute; organis&eacute;s. Les parlementaires ont &eacute;t&eacute; directement interpell&eacute;s par les associations requ&eacute;rantes afin qu&rsquo;ils votent contre le projet de loi d&eacute;pos&eacute; par le gouvernement en 2013 visant &agrave; faire valider par les d&eacute;put&eacute;s de mani&egrave;re r&eacute;troactive les deux arr&ecirc;t&eacute;s<a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><sup><span style="color:black">[23]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Malgr&eacute; cela, le parlement f&eacute;d&eacute;ral a vot&eacute; le 16&nbsp;mai 2013 ce projet de loi<a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a> mettant fin &agrave; la proc&eacute;dure devant le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat puisque l&rsquo;argument majeur du recours tombe. On peut parler de capitulation des d&eacute;put&eacute;s sous la menace des march&eacute;s financiers<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a>. Le pr&eacute;ambule du projet de loi est explicite&nbsp;: &laquo;&nbsp;La ratification l&eacute;gislative serait la seule mesure qui soit &agrave; m&ecirc;me de lever la m&eacute;fiance des investisseurs du fait de l&rsquo;existence des recours.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Perspectives politiques et juridiques suite &agrave; la capitulation du parlement</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Cette <span style="letter-spacing:-.1pt">man&oelig;uvre politique d&eacute;montre deux faits importants. <i>Primo</i>,<i> </i>en demandant aux d&eacute;put&eacute;s de valider <i>a posteriori</i> les arr&ecirc;t&eacute;s attaqu&eacute;s, le gouvernement donne raison aux arguments des requ&eacute;rants. <i>Secundo</i>, elle montre que la suj&eacute;tion de la puissance publique</span> aux int&eacute;r&ecirc;ts financiers est telle qu&rsquo;elle n&rsquo;est m&ecirc;me plus masqu&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative est &eacute;galement suspendue sous l&rsquo;effet de cette loi pour les autres garanties &agrave; venir. Cette loi indique, en effet, que le gouvernement peut octroyer de nouvelles garanties d&rsquo;&Eacute;tat pour un montant de 25&nbsp;milliards d&rsquo;euros par institution financi&egrave;re sans que le parlement ne soit consult&eacute;. Le 20 f&eacute;vier 2015, le CEO de Dexia SA, Karel De Boeck<a name="_ftnref26"></a><a href="#_ftn26"><sup><span style="color:black">[26]</span></sup></a>, a d&rsquo;ailleurs d&eacute;clar&eacute; que la garantie d&rsquo;&Eacute;tat sur la bad bank devra &ecirc;tre renouvel&eacute;e dans les cinq ann&eacute;es &agrave; venir<a name="_ftnref27"></a><a href="#_ftn27"><sup><span style="color:black">[27]</span></sup></a>. L&rsquo;&eacute;p&eacute;e de Damocl&egrave;s pourrait donc durer au-del&agrave; de 2031, &agrave; moins que cette garantie soit annul&eacute;e par une d&eacute;cision politique.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le fait que le recours devant le Conseil d&rsquo;&Eacute;tat ait &eacute;t&eacute; interrompu par le vote des d&eacute;put&eacute;s ne signifie pas que cette garantie est irr&eacute;vocable. Le gouvernement pourrait prendre un acte souverain d&rsquo;annulation de cette garantie en utilisant l&rsquo;argument d&eacute;velopp&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment selon lequel son engagement &agrave; garantir des dettes ill&eacute;gales constitue une violation manifeste des principes g&eacute;n&eacute;raux de bonne administration qui lui imposent d&rsquo;agir dans le respect de la l&eacute;galit&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Son action politique pourrait &eacute;galement s&rsquo;appuyer sur l&rsquo;argument de l&rsquo;&laquo;&nbsp;ill&eacute;gitimit&eacute;&nbsp;&raquo; qui est li&eacute; &agrave; la notion d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral. Cette garantie est certes devenue l&eacute;gale, elle n&rsquo;en reste pas moins ill&eacute;gitime car elle va &agrave; l&rsquo;encontre de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral. Elle fait peser sur la population tous les risques, prot&egrave;ge de mani&egrave;re absolue les cr&eacute;anciers et verrouille tout d&eacute;bat sur les alternatives aux recapitalisations de Dexia SA. En annulant cette garantie, les pouvoirs publics pourraient alors r&eacute;cup&eacute;rer de la marge de man&oelig;uvre et mettre la bad bank en faillite sans craindre l&rsquo;activation de la garantie.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Des poursuites en justice devraient &eacute;galement &ecirc;tre engag&eacute;es contre les responsables de la d&eacute;b&acirc;cle&nbsp;: notamment les administrateurs et autorit&eacute;s de contr&ocirc;le (pr&eacute;sident de la FSMA<a name="_ftnref28"></a><a href="#_ftn28"><sup><span style="color:black">[28]</span></sup></a>, gouverneur de la Banque nationale, ministre de tutelle) comme le recommande la Cour fran&ccedil;aise des comptes. Elle souligne que &laquo;&nbsp;la mise en cause de la responsabilit&eacute; des anciens dirigeants n&rsquo;a &eacute;t&eacute; recherch&eacute;e ni par les nouveaux dirigeants nomm&eacute;s en 2008, ni par les actionnaires d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sents ou entr&eacute;s au capital en 2008, ni par les &Eacute;tats. Les anciens dirigeants ont certes &eacute;t&eacute; &eacute;vinc&eacute;s, mais ils ont pu conserver le b&eacute;n&eacute;fice d&rsquo;avantages financiers substantiels, parmi lesquels, pour les dirigeants fran&ccedil;ais, des dispositifs contestables de retraites chapeaux&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref29"></a><a href="#_ftn29"><sup><span style="color:black">[29]</span></sup></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le cas islandais prouve qu&rsquo;il est possible de poursuivre en justice les dirigeants de banques et de les mettre en faillite pour prot&eacute;ger la population. Il est important de souligner, d&rsquo;une part, que ces mesures ont &eacute;t&eacute; prises sous la pression populaire et que, d&rsquo;autre part, la Cour de justice de l&rsquo;Association europ&eacute;enne de libre-&eacute;change a rappel&eacute; dans son jugement opposant l&rsquo;Islande au Royaume-Uni et aux Pays-Bas que rien n&rsquo;oblige les autorit&eacute;s publiques &agrave; assumer les engagements des institutions priv&eacute;es<a name="_ftnref30"></a><a href="#_ftn30"><sup><span style="color:black">[30]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Rappelons qu&rsquo;en droit international, l&rsquo;obligation pour les &Eacute;tats de rembourser les dettes est subordonn&eacute;e au respect des droits humains<a name="_ftnref31"></a><a href="#_ftn31"><sup><span style="color:black">[31]</span></sup></a> et qu&rsquo;elle ne vaut que pour celles contract&eacute;es dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral de la collectivit&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire les dettes l&eacute;gitimes<a name="_ftnref32"></a><a href="#_ftn32"><sup><span style="color:black">[32]</span></sup></a>. Remettre en cause le paiement des dettes ill&eacute;gitimes constitue une urgence car c&rsquo;est au nom du remboursement de la dette que les mesures d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; sont appliqu&eacute;es, affectant des millions de personnes.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Comme le souligne l&rsquo;anthropologue David Graeber, la d&eacute;mocratie implique le pouvoir de r&eacute;agencer les choses autrement<a name="_ftnref33"></a><a href="#_ftn33"><sup><span style="color:black">[33]</span></sup></a><i>. </i>Or, c&rsquo;est le contraire qu&rsquo;on constate en Europe avec le paiement int&eacute;gral des dettes publiques et l&rsquo;application continue des politiques d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; par les gouvernements sous la pression du FMI, de la Commission et de la Banque centrale europ&eacute;enne, quel que soit le r&eacute;sultat des &eacute;lections au niveau national.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">Alors que tous les budgets sont affect&eacute;s par des coupes, le paiement de la dette, qui constitue pourtant la premi&egrave;re d&eacute;pense de l&rsquo;&Eacute;tat belge (deux fois le budget de l&rsquo;&eacute;ducation) n&rsquo;est absolument pas discut&eacute; par les &eacute;lus politiques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Face &agrave; ce tabou, une plateforme citoyenne s&rsquo;est constitu&eacute;e en 2013 pour mener l&rsquo;audit de la dette de la Belgique et de ses cr&eacute;ances sur les autres pays<a name="_ftnref34"></a><a href="#_ftn34"><sup><span style="color:black">[34]</span></sup></a>. Cette plateforme poursuit trois objectifs. Le premier est de sensibiliser la population sur les m&eacute;canismes de la dette et son origine.<i> D&rsquo;o&ugrave; vient la dette publique belge&nbsp;? A-t-elle r&eacute;ellement servi les int&eacute;r&ecirc;ts de la population&nbsp;?</i> comptent parmi les questions essentielles.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le deuxi&egrave;me objectif est de trouver des donn&eacute;es qui appuient les propositions alternatives au paiement aveugle de la dette et qui permettent d&rsquo;identifier des responsabilit&eacute;s. Parmi ces mesures figure l&rsquo;annulation de la part ill&eacute;gitime de la dette, assortie d&rsquo;une discrimination positive en faveur des petits &eacute;pargnants dont une partie de l&rsquo;&eacute;conomie est plac&eacute;e dans des titres de la dette.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le troisi&egrave;me objectif est de pratiquer un contr&ocirc;le citoyen permanent sur l&rsquo;utilisation de l&rsquo;argent public. Ce sujet a tellement d&rsquo;impact sur nos vies que nous ne pouvons le laisser aux seuls &eacute;lus et aux dirigeants de banques priv&eacute;es envers qui les &Eacute;tats s&rsquo;endettent.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">Le m&eacute;tier de la banque est tellement crucial qu&rsquo;il doit &ecirc;tre soumis aux r&egrave;gles d&rsquo;un service public et les revenus que son activit&eacute; g&eacute;n&egrave;re doivent &ecirc;tre utilis&eacute;s pour le bien commun. Pour y parvenir, se pose in&eacute;vitablement la question de la socialisation du secteur bancaire et des assurances, c&rsquo;est-&agrave;-dire son placement sous contr&ocirc;le citoyen&nbsp;: des salari&eacute;s des banques, des clients, des associations et des repr&eacute;sentants des acteurs publics locaux.</span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">33 milliards d&rsquo;euros de dettes ont &eacute;t&eacute; contract&eacute;s par l&rsquo;&Eacute;tat pour sauver ces institutions, auxquels il faut encore ajouter les int&eacute;r&ecirc;ts et le co&ucirc;t de la garantie sur les emprunts de Dexia SA.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Les trois associations ont &eacute;t&eacute; repr&eacute;sent&eacute;es tout au long de la proc&eacute;dure par les avocats Pierre Robert (cabinet Dayez) et Olivier Stein (cabinet Progress Lawyers Network).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Repr&eacute;sent&eacute;es par l&rsquo;avocat Luc Walleyn.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">La privatisation est men&eacute;e par Jean-Luc Dehaene, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque Premier ministre de la Belgique. Il sera de 2008 &agrave; 2011 le pr&eacute;sident du CA de Dexia SA.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Parmi elles, on trouve donc la banque isra&eacute;lienne Otzar Hashilton Hamekomi (devenue Dexia Isra&euml;l), qui finance des colonies dans les territoires palestiniens occup&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Emprunts risqu&eacute;s propos&eacute;s par les banques &eacute;tasuniennes &agrave; des emprunteurs peu solvables en contrepartie d&rsquo;un taux &eacute;lev&eacute;. Pour se d&eacute;barrasser du risque, les banques pr&ecirc;teuses titrisaient ces pr&ecirc;ts pour les revendre &agrave; d&rsquo;autres banques, dont des fonds de placement ou des soci&eacute;t&eacute;s d&rsquo;assurances. Les banques europ&eacute;ennes dont Dexia ont &eacute;t&eacute; parmi les principaux acqu&eacute;reurs de ces titres hypoth&eacute;caires toxiques.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Pierre-Henri Thomas, <i>Dexia&nbsp;: Vie et Mort d&rsquo;un monstre bancaire, </i>Les petits matins, Paris, 2012, p.&nbsp;68.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Patrick Saurin, <i>Les Pr&ecirc;ts toxiques&nbsp;: une affaire d&rsquo;&Eacute;tat,</i> D&eacute;mopolis, Paris, 2013.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://www.banquepublique.be/archives/9026</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Ce sont des fonds mutuels qui investissent dans des titres de dette &agrave; court terme jug&eacute;s comme s&ucirc;rs, comme les titres de la dette des &Eacute;tats-Unis. Ces fonds jouent un r&ocirc;le central dans l&rsquo;approvisionnement en liquidit&eacute;s pour les march&eacute;s de bons &agrave; court terme.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">En outre, les titres souverains que Dexia d&eacute;tient dans son portefeuille lui permettent d&rsquo;avoir acc&egrave;s aux pr&ecirc;ts de la Banque centrale europ&eacute;enne car ils servent de collat&eacute;raux aux emprunts que Dexia effectue aupr&egrave;s d&rsquo;elles. De plus, Dexia pr&ecirc;te aux &Eacute;tats du Sud de l&rsquo;Europe &agrave; des taux sup&eacute;rieurs &agrave; 4% alors qu&rsquo;elle emprunte &agrave; la Banque centrale europ&eacute;enne &agrave; un taux de 1%.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://www.etaamb.be/fr/arrete-royal-du-18-octobre-2011_n2011003357.html</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://www.etaamb.be/fr/arrete-royal-du-19-decembre-2012_n2012003390.html</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://www.nbb.be/DOC/DQ/warandia/pdf/garantie_FR.pdf</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">D&rsquo;autres arguments ont &eacute;t&eacute; soulev&eacute;s mais, pour des raisons d&rsquo;espace, nous ne pouvons les d&eacute;velopper.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">R&eacute;f&eacute;rence 2 BvR 987/10 - 2 BvR 1485/10 - 2 BvR 1099/10</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">L&rsquo;al&eacute;a moral consiste dans le fait qu&rsquo;une personne ou une entreprise assur&eacute;e contre un risque se comporte de mani&egrave;re plus aventureuse que si elle &eacute;tait totalement expos&eacute;e &agrave; ce risque, car si ce dernier survient, elle escompte que ses pertes seront prises en charge par une autre entit&eacute; ou institution.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Extraits&nbsp;: &laquo;&nbsp;La Garantie est autonome et payable &agrave; premi&egrave;re demande (&hellip;) les &Eacute;tats renoncent d&egrave;s lors (sans pr&eacute;judice de leurs droits envers DCL) &agrave; invoquer tout moyen de d&eacute;fense ou toute exception relatifs aux Obligations Garanties (...). En particulier, les obligations des &Eacute;tats en vertu de la pr&eacute;sente Garantie ne seront pas &eacute;teintes ou affect&eacute;es par (....) (ii) l&rsquo;ill&eacute;galit&eacute; des Obligations Garanties&nbsp;; (iii) l&rsquo;ill&eacute;galit&eacute; des obligations d&rsquo;un autre &Eacute;tat en vertu de la pr&eacute;sente Garantie&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">&Eacute;ric Toussaint, <i>Bancocratie</i>, Aden, Bruxelles, 2014, p.&nbsp;225.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[20]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-recapitalisation-de-dexia-n-est-pas-un-choix-mais-une-obligation?id=7871011</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Au moment de l&rsquo;&eacute;criture de ce texte.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://www.zintv.org/Dexia-democratie-confisquee</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Article 119 de cette loi entr&eacute;e en vigueur le 17 juin 2013&nbsp;: http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi_loi/change_lg.pl?language=fr&amp;la=F&amp;cn=2013061706&amp;table_name=loi</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">86 ont vot&eacute; pour et 49 contre (majorit&eacute; contre opposition). Voir http://www.lachambre.be/doc/PCRI/html/53/ip142x.html</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">On trouve des similitudes frappantes avec le projet de loi du gouvernement fran&ccedil;ais relatif &agrave; la &laquo;&nbsp;s&eacute;curisation des contrats de pr&ecirc;ts structur&eacute;s par les personnes morales de droit public&nbsp;&raquo; valid&eacute; par le parlement le 10 juillet 2014. L&rsquo;objet de ce texte est de valider r&eacute;troactivement les emprunts toxiques ill&eacute;gaux dont ceux contract&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de Dexia Cr&eacute;dit Local et de priver ainsi les collectivit&eacute;s locales en France de toute possibilit&eacute; d&rsquo;action en justice contre les banques.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn26"></a><a href="#_ftnref26"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[26]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Ancien membre du comit&eacute; de direction de la banque Fortis et Chief Risk Officer du groupe au moment de la d&eacute;b&acirc;cle de Fortis en 2007.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn27"></a><a href="#_ftnref27"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[27]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://www.rtbf.be/info/economie/detail_dexia-pouvons-nous-enfin-dormir-en-paix?id=8911528</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn28"></a><a href="#_ftnref28"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[28]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Autorit&eacute; des services et march&eacute;s financiers en Belgique.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn29"></a><a href="#_ftnref29"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[29]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://www.ccomptes.fr/Actualites/Archives/Dexia-un-sinistre-couteux-des-risques-persistants</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn30"></a><a href="#_ftnref30"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[30]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">http://cadtm.org/Le-tribunal-de-l-AELE-rejette-les#nb2-1</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn31"></a><a href="#_ftnref31"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[31]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">Principes directeurs relatifs &agrave; la dette ext&eacute;rieure et aux droits de l&rsquo;homme. Annexe au rapport de l&rsquo;expert ind&eacute;pendant Cephas Lumina du 10 avril 2012 (A/HCR/20/23).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn32"></a><a href="#_ftnref32"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[32]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">David Ruzi&eacute;, <i>Droit international public, </i>Dalloz, Paris, 2004, p.&nbsp;93.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn33"></a><a href="#_ftnref33"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[33]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">David Graeber, <i>Dette&nbsp;: 5000 ans d&rsquo;Histoire, Les liens qui lib&egrave;rent,</i> Paris, 2013, p.&nbsp;477.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn34"></a><a href="#_ftnref34"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:blue">[34]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"> <span style="color:black">www.auditcitoyen.be</span></span></span></span></span></p>