<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo; Un mot, un affreux mot, r&eacute;sume une des tares les plus pernicieuses de notre syst&egrave;me actuel : celui de bachotage. C&#39;est certainement dans l&#39;enseignement primaire que le poison a p&eacute;n&eacute;tr&eacute; le moins avant : sans l&#39;avoir, je le crains, tout &agrave; fait &eacute;pargn&eacute;. L&#39;enseignement secondaire, celui des universit&eacute;s et les grandes &eacute;coles en sont tout infect&eacute;s.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ldquo;Bachotage&rdquo;. Autrement dit : hantise de l&#39;examen et du classement. Pis encore : ce qui devait &ecirc;tre simplement un r&eacute;actif, destin&eacute; &agrave; &eacute;prouver la valeur de l&#39;&eacute;ducation, devient une fin en soi, vers laquelle s&#39;oriente, dor&eacute;navant, l&#39;&eacute;ducation tout enti&egrave;re. On n&#39;invite plus les enfants ou les &eacute;tudiants &agrave; acqu&eacute;rir les connaissances dont l&#39;examen permettra, tant bien que mal, d&#39;appr&eacute;cier la solidit&eacute;. C&#39;est &agrave; se pr&eacute;parer &agrave; l&#39;examen qu&#39;on les convie. Ainsi un chien savant n&#39;est pas un chien qui sait beaucoup de choses, mais qui a &eacute;t&eacute; dress&eacute; &agrave; donner, par quelques exercices choisis d&#39;avance, l&#39;illusion du savoir.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Marc Bloch, &laquo; Sur la r&eacute;forme de l&rsquo;enseignement &raquo;, Les Cahiers politiques, &eacute;crits clandestins, 1944<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo; M&ecirc;me l&agrave; o&ugrave; il n&rsquo;y a pas eu d&rsquo;incidents, il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des &eacute;l&egrave;ves. Et nous avons tous entendu les &ldquo;Oui, je soutiens Charlie, mais&hellip;&rdquo;, les &ldquo;Deux poids, deux mesures !&rdquo;, &ldquo;Pourquoi d&eacute;fendre la libert&eacute; d&rsquo;expression ici et pas l&agrave; ?&rdquo; Ces questions nous sont insupportables, surtout quand on les entend &agrave; l&rsquo;&eacute;cole qui est charg&eacute;e de transmettre des valeurs&hellip;&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l&rsquo;&Eacute;ducation nationale,&nbsp;&nbsp;Assembl&eacute;e nationale, 14 janvier 2015<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Alors qu&rsquo;il r&eacute;fl&eacute;chissait, avant sa fin tragique, aux conditions qui rendraient possibles une nouvelle soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;apr&egrave;s-guerre (&laquo;&nbsp;Quand, apr&egrave;s la victoire prochaine, nous nous retrouverons entre Fran&ccedil;ais, sur une terre rendue &agrave; la libert&eacute;, le grand devoir sera de refaire une France neuve&nbsp;&raquo;, a-t-il &eacute;crit<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>), le grand historien Marc Bloch, qui fut &agrave; la fois cofondateur de l&rsquo;<i>&Eacute;cole des Annales</i> et un r&eacute;sistant assassin&eacute;, s&rsquo;est inqui&eacute;t&eacute; des effets pernicieux des graves insuffisances qu&rsquo;il constatait dans le syst&egrave;me de formation de son pays. Il d&eacute;plorait avant tout des cons&eacute;quences morales qui lui paraissaient probl&eacute;matiques, parmi lesquelles &laquo;&nbsp;la crainte de toute initiative, chez les ma&icirc;tres comme chez les &eacute;l&egrave;ves&nbsp;; la n&eacute;gation de toute libre curiosit&eacute;&nbsp;; le culte du succ&egrave;s substitu&eacute; au go&ucirc;t de la connaissance&nbsp;; une sorte de tremblement perp&eacute;tuel et de hargne, l&agrave; o&ugrave; devrait au contraire r&eacute;gner la libre joie d&rsquo;apprendre&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><span style="color:black">[4]</span></a></sup>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ces propos r&eacute;sonnent fortement en relation avec des situations du pr&eacute;sent. Certes, c&rsquo;est le m&ecirc;me Marc Bloch qui a soulign&eacute; que l&rsquo;histoire &eacute;tait une science du changement et des diff&eacute;rences, et qu&rsquo;il fallait se m&eacute;fier de certaines analogies s&eacute;mantiques dans la mesure o&ugrave; les acteurs du pass&eacute; n&rsquo;avaient pas l&rsquo;habitude de changer de vocabulaire chaque fois qu&rsquo;ils changeaient de m&oelig;urs<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>. Toute comparaison historienne comprend en effet &agrave; la fois des &eacute;l&eacute;ments de rupture et des &eacute;l&eacute;ments de continuit&eacute;<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>&nbsp;; quant &agrave; l&rsquo;analogie, si elle aide bien &agrave; caract&eacute;riser le pr&eacute;sent, elle trouve rarement une validit&eacute; pleinement aboutie. L&rsquo;histoire de l&rsquo;institution scolaire demeure toutefois marqu&eacute;e par des formes de permanence qui sont tout &agrave; fait significatives et qui ont fait notamment &eacute;merger des &laquo;&nbsp;st&eacute;r&eacute;otypes savants&nbsp;&raquo; au sein de contenus scolaires souvent difficiles &agrave; mettre &agrave; jour en fonction de l&rsquo;&eacute;volution de la recherche<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>. Ainsi, loin des repr&eacute;sentations outranci&egrave;res sur le fait qu&rsquo;il serait constamment en r&eacute;forme, le fonctionnement de l&rsquo;&eacute;cole se caract&eacute;rise par une dimension de conservation et de tradition qui m&egrave;ne &agrave; la fois &agrave; identifier des traces du pass&eacute; dans le pr&eacute;sent, mais aussi &agrave; relever que le pass&eacute; scolaire, comme le pass&eacute; de la pens&eacute;e sur l&rsquo;&eacute;cole, se posait ou soulevait d&eacute;j&agrave; des questions qui perdurent, ou du moins se recyclent, aujourd&rsquo;hui. En outre, ce pass&eacute; scolaire n&rsquo;&eacute;tait, &agrave; bien des &eacute;gards, ni si performant ni si traditionnel qu&rsquo;on se le repr&eacute;sente aujourd&rsquo;hui. D&egrave;s lors, avec toutes ces indispensables nuances, les r&eacute;flexions du citoyen Marc Bloch sur le syst&egrave;me de formation tel qu&rsquo;il a pr&eacute;valu jusqu&rsquo;aux ann&eacute;es 1940 n&rsquo;ont pas perdu tout leur sens en ce XXI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">L&rsquo;actualit&eacute; tragique du d&eacute;but de l&rsquo;ann&eacute;e 2015 a mis les institutions scolaires sur le devant de la sc&egrave;ne. Les attentats de <i>Charlie Hebdo </i>et de l&#39;Hyper Cacher ont notamment suscit&eacute; un cafouillage de d&eacute;clarations au plus haut sommet de l&rsquo;&Eacute;tat. Najat </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Vallaud-Belkacem, ministre de l&rsquo;&Eacute;ducation</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> nationale, avait commenc&eacute; en effet par d&eacute;clarer d&egrave;s le 7&nbsp;janvier 2015 qu&rsquo;il fallait &laquo;&nbsp;r&eacute;pondre favorablement aux besoins ou demandes d&rsquo;expression qui pourraient avoir lieu dans les classes&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><span style="color:black">[8]</span></a></sup>. Pourtant, face &agrave; l&rsquo;Assembl&eacute;e nationale, et soumise sans doute &agrave; des pressions plus politiciennes, elle fait cette d&eacute;claration d&eacute;concertante, pr&eacute;tendant qu&rsquo;il y aurait eu &laquo;&nbsp;de trop nombreux questionnements de la part des &eacute;l&egrave;ves&nbsp;&raquo; apr&egrave;s les tueries de Paris<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>. Peut-&ecirc;tre s&rsquo;est-il agi l&agrave; d&rsquo;un moment d&rsquo;&eacute;garement, dans le contexte &eacute;motionnel vraiment particulier de cette session parlementaire. Mais comment les &eacute;l&egrave;ves pourraient-ils donc poser trop de questions&nbsp;? Et comment l&rsquo;&eacute;cole pourrait-elle renoncer &agrave; les susciter et &agrave; tenter d&rsquo;y r&eacute;pondre &agrave; partir des savoirs qu&rsquo;elle dispense et d&rsquo;un dialogue constant, inscrit dans un projet d&rsquo;apprentissage&nbsp;? Il est vrai que la p&eacute;riode actuelle est marqu&eacute;e par l&rsquo;affirmation d&rsquo;une pens&eacute;e conservatrice et prescriptive dont l&rsquo;&eacute;cole est une cible privil&eacute;gi&eacute;e. Cette tendance lourde, qui ne s&rsquo;observe pas seulement en France, tend &agrave; mettre d&rsquo;abord en &eacute;vidence des contenus scolaires normatifs, &agrave; privil&eacute;gier par exemple des rituels civiques comme les hymnes nationaux sans interroger leur raison d&rsquo;&ecirc;tre, ou un d&eacute;plorable &laquo;&nbsp;devoir de m&eacute;moire&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><span style="color:black">[10]</span></a></sup> quelque peu sacralis&eacute; plut&ocirc;t qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;travail d&rsquo;histoire et de m&eacute;moire&nbsp;&raquo; qui permette aux &eacute;l&egrave;ves de construire du sens et une intelligibilit&eacute; du pass&eacute;, du pr&eacute;sent et de ce qui les relie. En outre, le fait que de telles postures normatives se donnent &agrave; voir d&rsquo;une mani&egrave;re exacerb&eacute;e dans des circonstances tragiques comme celles des &eacute;v&eacute;nements de janvier 2015 est d&rsquo;autant plus pr&eacute;occupant que cela s&rsquo;inscrit en fin de compte dans une de ces logiques d&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;exception dont il est question dans le pr&eacute;sent volume. Or, tout au contraire, ce sont justement l&rsquo;ouverture et le dialogue qui devraient pr&eacute;valoir dans de tels contextes pour que l&rsquo;&eacute;cole puisse jouer tout son r&ocirc;le.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Et c&rsquo;est l&agrave; que la r&eacute;f&eacute;rence aux r&eacute;flexions de Marc Bloch publi&eacute;es dans la clandestinit&eacute; prend tout son sens. L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve doit-il en effet &ecirc;tre amen&eacute; &agrave; se pr&eacute;parer &agrave; restituer dans un examen des savoirs constitu&eacute;s et appris comme tels ou doit-il &ecirc;tre amen&eacute; &agrave; acqu&eacute;rir des &laquo;&nbsp;connaissances dont l&rsquo;examen permettra, tant bien que mal, d&rsquo;appr&eacute;cier la solidit&eacute;&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><span style="color:black">[11]</span></a></sup>&nbsp;? Cette question de la conception de l&rsquo;apprentissage met profond&eacute;ment en jeu la nature de la formation scolaire, notamment, mais pas seulement, en mati&egrave;re de sciences sociales. Or, nous semble-t-il, les circonstances dramatiques du mois de janvier 2015 auraient pr&eacute;cis&eacute;ment d&ucirc; entra&icirc;ner l&rsquo;&eacute;cole non pas dans un repli sur des pratiques rituelles et prescriptives, mais bien plut&ocirc;t sur leur renouvellement et sur une ouverture digne de l&rsquo;ampleur des enjeux qui se sont alors pos&eacute;s sur le fond. Une s&eacute;rie de t&eacute;moignages d&rsquo;enseignants publi&eacute;s sur le site du collectif Aggiornamento histoire-g&eacute;o<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a> a montr&eacute; en particulier, au-del&agrave; des difficult&eacute;s rencontr&eacute;es pour g&eacute;rer une situation fortement &eacute;motionnelle, que le probl&egrave;me le plus d&eacute;licat qu&rsquo;ils ont d&ucirc; affronter concernait les th&eacute;ories complotistes qui ont imm&eacute;diatement surgi. Face &agrave; elles, il ne suffit plus que l&rsquo;&eacute;cole affirme des v&eacute;rit&eacute;s sans aucune r&eacute;flexion didactique. Elle doit bien s&ucirc;r faire valoir ce qui doit l&rsquo;&ecirc;tre, notamment pour ne pas c&eacute;der au relativisme sous toutes ses formes&nbsp;; mais elle doit aussi trouver le moyen de le mettre en pratique selon un dispositif cognitif qui permette aux &eacute;l&egrave;ves de faire l&rsquo;exp&eacute;rience, en &eacute;tudiant l&rsquo;histoire, du constat non seulement de l&rsquo;inanit&eacute; de certaines th&eacute;ories, mais aussi du caract&egrave;re manipulateur de ceux qui les propagent. Telle est en effet la condition premi&egrave;re d&rsquo;une v&eacute;ritable construction de cette facult&eacute; de discernement dont la place est de plus en plus centrale et cruciale au c&oelig;ur du projet de formation de l&rsquo;&eacute;cole du XXI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. Elle implique, en particulier pour l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;histoire, que des finalit&eacute;s relatives au sens critique et &agrave; la capacit&eacute; de se d&eacute;centrer et de savoir situer &agrave; leur bon niveau de lecture les diff&eacute;rents textes qui disent le monde, au sens le plus large de l&rsquo;expression, prennent clairement le dessus sur d&rsquo;autres finalit&eacute;s d&rsquo;adh&eacute;sion, de pacification sociale ou de construction identitaire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans cette perspective, l&rsquo;injonction &agrave; l&rsquo;adh&eacute;sion aux valeurs r&eacute;publicaines peut appara&icirc;tre comme un contre-discours normatif qui, en lieu et place d&rsquo;appel &agrave; la critique, ne fait que proposer une vulgate de substitution. Dans un contexte de forte d&eacute;fiance de certains &eacute;l&egrave;ves vis-&agrave;-vis du politique, l&rsquo;effet produit ne peut s&rsquo;av&eacute;rer que contre-productif.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Quelques mois &agrave; peine apr&egrave;s les &eacute;v&eacute;nements de Paris, une nouvelle controverse s&rsquo;est largement d&eacute;velopp&eacute;e dans l&rsquo;espace public fran&ccedil;ais, d&rsquo;une part sur un projet de r&eacute;forme du coll&egrave;ge, d&rsquo;autre part sur une refonte des programmes de la scolarit&eacute; obligatoire. Et ce sont justement les programmes d&rsquo;histoire qui ont suscit&eacute; le plus d&rsquo;affirmations p&eacute;remptoires et de condamnations sans appel. Nous n&rsquo;allons pas les commenter ici, si ce n&rsquo;est pour signaler l&rsquo;existence d&rsquo;une p&eacute;tition d&rsquo;historiens et d&rsquo;enseignants qui a permis de replacer ce d&eacute;bat au niveau de ses vrais enjeux&nbsp;: non pas la question de savoir si ces contenus sont chronologiques ou exhaustifs, encore moins celle de la pr&eacute;tendue pertinence de faire valoir un &laquo;&nbsp;roman national&nbsp;&raquo; sans l&eacute;gitimit&eacute; scientifique, mais celle de la mani&egrave;re de faire acqu&eacute;rir aux &eacute;l&egrave;ves une capacit&eacute; de mobiliser des savoirs d&rsquo;histoire pour mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">C&rsquo;est d&rsquo;ailleurs bien dans ce sens, celui de la construction d&rsquo;une facult&eacute; de discernement, que Marc Bloch appelait de ses v&oelig;ux, en 1944, une transformation de l&rsquo;enseignement secondaire&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Nous demandons que par un enseignement historique et g&eacute;ographique largement con&ccedil;u &ndash; j&rsquo;ajouterais volontiers, pour l&rsquo;histoire au moins, totalement refondu &ndash; on s&rsquo;attache &agrave; donner &agrave; nos jeunes une image v&eacute;ridique et compr&eacute;hensive du monde. Gardons-nous de r&eacute;duire l&rsquo;histoire, comme on a eu tendance &agrave; le faire ces derni&egrave;res ann&eacute;es, aux &eacute;v&eacute;nements purement politiques d&rsquo;une Europe, dans le temps, toute proche de nous. Le pass&eacute; lointain inspire le sens et le respect des diff&eacute;rences entre les hommes, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;il affine la sensibilit&eacute; &agrave; la po&eacute;sie des destin&eacute;es humaines. Dans le pr&eacute;sent m&ecirc;me, il importe bien davantage &agrave; un futur citoyen fran&ccedil;ais de se faire une juste image des civilisations de l&rsquo;Inde ou de la Chine que de conna&icirc;tre, sur le bout du doigt, la suite des mesures par o&ugrave; &ldquo;l&rsquo;Empire autoritaire&rdquo; se mua, dit-on, en &ldquo;Empire lib&eacute;ral&rdquo;. L&agrave; encore, comme dans les sciences physiques, un choix neuf s&rsquo;impose&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><span style="color:black">[14]</span></a></sup>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les deux d&eacute;bats s&eacute;par&eacute;s de quelques mois sont en r&eacute;alit&eacute; indissociables. Il y a fort &agrave; parier en effet que celui sur les programmes d&rsquo;histoire n&rsquo;aurait pas atteint ce seuil de violence sans les funestes attentats. Rien de nouveau &agrave; ce que les programmes d&rsquo;histoire provoquent des d&eacute;bats m&eacute;diatiques certes&nbsp;; mais, tandis que ces derniers se cantonnaient &agrave; des disputes ponctuelles et redondantes entre associations, &eacute;ditorialistes et chercheurs/ses, la derni&egrave;re pol&eacute;mique &ndash;&nbsp;non encore achev&eacute;e &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; nous &eacute;crivons ces lignes&nbsp;&ndash; p&eacute;n&egrave;tre jusqu&rsquo;au discours du 8&nbsp;mai 2015 de Fran&ccedil;ois Hollande dans lequel il d&eacute;clare que :&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;La chronologie est essentielle pour comprendre l&rsquo;&eacute;dification d&rsquo;un pays, les encha&icirc;nements successifs, les continuit&eacute;s comme les ruptures, la connaissance des faits, le partage des m&eacute;moires, la compr&eacute;hension des grands mouvements de pens&eacute;e qui font la France, qui l&rsquo;ont faite et qui continueront &agrave; la faire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On ne feuillette pas l&rsquo;Histoire en choisissant ses pages&nbsp;; on la lit dans un ordre qui construit le r&eacute;cit national, dans un ordre qui donne aussi un sens pour ce que nous avons &agrave; faire aujourd&rsquo;hui. Ce r&eacute;cit national est une ouverture au monde parce que la France, c&rsquo;est une ouverture au monde.&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><span style="color:black">[15]</span></a></sup></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Cette partie du discours est une prise de position explicite dans le d&eacute;bat en cours. Elle r&eacute;affirme la primaut&eacute; de la chronologie et du r&eacute;cit national, les deux &eacute;l&eacute;ments de cristallisation du d&eacute;bat sur l&rsquo;histoire scolaire depuis les ann&eacute;es 1980</span></span></span><a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">. Cette insistance sur l&rsquo;ordre, sur le sens donn&eacute; &agrave; l&rsquo;histoire et sur l&rsquo;agencement des &eacute;v&eacute;nements au sein d&rsquo;un r&eacute;cit national rel&egrave;ve d&rsquo;une survalorisation de la fonction identitaire de l&rsquo;enseignement de l&rsquo;histoire au d&eacute;triment de la formation intellectuelle et critique. &Eacute;nonc&eacute;e par la plus haute fonction de l&rsquo;&Eacute;tat, elle se charge ainsi d&rsquo;une dimension officielle confinant avec une m&eacute;moire d&rsquo;&Eacute;tat. C&rsquo;est en ce sens qu&rsquo;elle s&rsquo;inscrit &agrave; son tour dans une logique d&rsquo;exception.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">&Agrave; cet instant, il est impossible de statuer sur le retour ou pas d&rsquo;un r&eacute;cit national &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;; mais ces deux moments-cl&eacute;s d&rsquo;expression publique du projet nationalo-r&eacute;publicain de l&rsquo;&eacute;cole fran&ccedil;aise qu&rsquo;ont &eacute;t&eacute; les r&eacute;actions post-Charlie et les interventions sur les programmes d&rsquo;histoire marqueront ind&eacute;niablement une &eacute;tape (r&eacute;gressive) dans l&rsquo;acception des finalit&eacute;s critiques de l&rsquo;enseignement de l&rsquo;histoire.</span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Reproduit in Marc Bloch, <i>L&rsquo;Histoire, la Guerre, la R&eacute;sistance</i>, Paris, Gallimard, 2006, pp. 781-791, 783-784 pour la citation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Source&nbsp;: http://www.lcp.fr/videos/reportages/167368-najat-vallaud-belkacem-l-ecole-est-en-premiere-ligne-elle-sera-ferme, consult&eacute; le 22 mai 2015.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Marc Bloch, <i>L&rsquo;Histoire&hellip;</i>, <i>op. cit.</i>, p. 781.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid.</i>, p. 784.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &nbsp;<i>Ibid.,</i> p. 475 (dans un texte de 1937) et p. 872 (tir&eacute; de <i>l&rsquo;Apologie pour l&rsquo;histoire ou le m&eacute;tier d&rsquo;historien</i>, dont la r&eacute;daction a &eacute;t&eacute; termin&eacute;e en 1942).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Marcel Detienne, <i>Comparer l&rsquo;incomparable</i>, Paris, Seuil, 2009.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Sur ce concept de st&eacute;r&eacute;otype savant, voir Antonio Brusa, &laquo; Un recueil de st&eacute;r&eacute;otypes autour du Moyen &Acirc;ge &raquo;, <i>Le cartable de Clio</i>, Le Mont-sur-Lausanne, LEP, 2004, n&deg; 4, pp. 119-129. L&rsquo;auteur &eacute;voque notamment &agrave; ce propos les repr&eacute;sentations de la soci&eacute;t&eacute; f&eacute;odale par des pyramides telles qu&rsquo;elles perdurent dans les manuels scolaires alors qu&rsquo;elles n&rsquo;ont plus aucune validit&eacute; scientifique. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Lettre aux personnels enseignants, 7 janvier 2015, http://www.education.gouv.fr/cid85278/lettre-a-la-suite-de-l-attentat-contre-l-hebdomadaire-charlie-hebdo.html, consult&eacute; le 22 mai 2015.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir la note 2 ci-dessus. Rappelons aussi, entre autres situations, qu&rsquo;un enfant de 8 ans s&rsquo;est retrouv&eacute; au commissariat pour &laquo;&nbsp;apologie du terrorisme&nbsp;&raquo; (<i>Lib&eacute;ration</i>, 28 janvier 2015, http://www.liberation.fr/societe/2015/01/28/un-enfant-de-8-ans-au-commissariat-pour-apologie-du-terrorisme_1190778, consult&eacute; le 22 mai 2015).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir S&eacute;bastien Ledoux, <i>Enjeux d&rsquo;une &eacute;criture historienne du devoir de m&eacute;moire</i>, publi&eacute; le 13 avril 2013 sur le site du Comit&eacute; de vigilance face aux usages publics de l&rsquo;histoire (CVUH), http://cvuh.blogspot.ch/2013/04/enjeux-dune-ecriture-historienne-du.html, consult&eacute; le 22 mai 2015.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voir citation p. 125, note 1. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>L&rsquo;&eacute;cole, Charlie et les autres : entrer dans la bo&icirc;te noire des classes</i><b>, </b>avec les contributions d&rsquo;une trentaine d&rsquo;auteurs, majoritairement des coll&egrave;gues du collectif&nbsp; Aggiornamento histoire-g&eacute;o, mais aussi de l&rsquo;APSES (http://www.apses.org/) et de Questions de classes (http://www.questionsdeclasses.org),<b> </b>publi&eacute; le 15&nbsp;janvier 2015, http://aggiornamento.hypotheses.org/2538, consult&eacute; le 22 mai 2015.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i><span style="letter-spacing:-.15pt">Programmes d&rsquo;histoire&nbsp;: halte aux mensonges et aux fantasmes,</span></i><span style="letter-spacing:-.15pt"> publi&eacute; une premi&egrave;re fois le 14 mai 2015 dans Le Monde&nbsp;: http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/05/14/enseignement-de-l-histoire-au-college-halte-aux-mensonges-et-aux-fantasmes_4633649_3232.html ; et &eacute;galement disponible ici : https://www.change.org/p/enseignant-e-s-et-chercheurs-ses-historien-nes-de-tous-les-cycles-signez?recruiter=300993429&amp;utm_source=share_petition&amp;utm_medium=facebook&amp;utm_campaign=share_page&amp;utm_term=des-lg-share_petition-no_msg ; sites consult&eacute;s le 22 mai 2015.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Marc Bloch, &laquo;&nbsp;Sur la r&eacute;forme&hellip;&nbsp;&raquo;, <i>op. cit.</i>, pp. 790-791.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Discours de Fran&ccedil;ois Hollande sur le Concours national de la r&eacute;sistance et de la d&eacute;portation, http://discours.vie-publique.fr/notices/157001232.html, consult&eacute; le 22 mai 2015.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Laurence De Cock, &laquo;&nbsp;L&rsquo;histoire, mati&egrave;re indisciplin&eacute;e&nbsp;&raquo;, <i>Annales. Histoire, Sciences sociales,</i> f&eacute;vrier-avril 2015, pp. 179-189.</span></span></span></span></span></span></p>