<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo; I. PR&Eacute;SENTATION DU T&Eacute;MOIN</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ces pages seront-elles jamais publi&eacute;es ? Je ne sais. Il est probable, en tout cas, que, de longtemps, elles ne pourront &ecirc;tre connues, sinon sous le manteau, en dehors de mon entourage imm&eacute;diat. Je me suis cependant d&eacute;cid&eacute; &agrave; les &eacute;crire. L&rsquo;effort sera rude : combien il me semblerait plus commode de c&eacute;der aux conseils de la fatigue et du d&eacute;couragement ! Mais un t&eacute;moignage ne vaut que fix&eacute; dans sa premi&egrave;re fra&icirc;cheur et je ne puis me persuader que celui-ci doive &ecirc;tre tout &agrave; fait inutile. [&hellip;]</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Je n&rsquo;&eacute;cris pas ici mes souvenirs. Les petites aventures personnelles d&rsquo;un soldat, parmi beaucoup, importent en ce moment assez peu et nous avons d&rsquo;autres soucis que de rechercher le chatouillement du pittoresque ou de l&rsquo;humour. Mais un t&eacute;moin a besoin d&rsquo;un &eacute;tat-civil. Avant m&ecirc;me de faire le point de ce que j&rsquo;ai pu voir, il convient de dire avec quels yeux je l&rsquo;ai vu. &raquo;</span></span></span></span></p> <p align="right" style="text-align:right; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Marc Bloch, introduction de <i>L&rsquo;<span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>trange D&eacute;faite</i><a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le rapport entre histoire et t&eacute;moignages rel&egrave;ve de l&rsquo;interaction constante entre histoire et m&eacute;moires et soul&egrave;ve la question de l&rsquo;usage public de l&rsquo;histoire et du pass&eacute;, qui est souvent un m&eacute;susage. Comment les sp&eacute;cialistes de ce pass&eacute; appr&eacute;hendent-ils toutes ces expressions qui ne viennent pas forc&eacute;ment de leur s&eacute;rail et qui troublent parfois la biens&eacute;ance qu&rsquo;ils aimeraient pr&eacute;server dans leur tour d&rsquo;ivoire&nbsp;? Si une doxa tyrannise &agrave; souhait le travail de l&rsquo;histoire critique, elle ne concerne qu&rsquo;une partie seulement des manifestations de l&rsquo;usage public du pass&eacute;, et les t&eacute;moignages y tiennent une part sans doute modeste. D&rsquo;ailleurs, parmi les postures probl&eacute;matiques les plus p&eacute;rilleuses, il en est aussi qui proviennent non pas de t&eacute;moins, mais d&rsquo;historiens. N&rsquo;est-ce pas en effet un docteur en histoire de la Sorbonne particuli&egrave;rement &eacute;gar&eacute; qui a qualifi&eacute; de &laquo;&nbsp;gangue m&eacute;morielle&nbsp;&raquo; la part des t&eacute;moignages dans un ouvrage r&eacute;cent et d&eacute;plorable consacr&eacute; au maquis des Gli&egrave;res, ce haut-lieu de la R&eacute;sistance situ&eacute; non loin de Gen&egrave;ve<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;? </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Et que dire de ces attaques surprenantes, mais encore <span style="letter-spacing:.1pt">r&eacute;centes, contre l&rsquo;&oelig;uvre de Jean Norton</span> Cru, par un autre auteur</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;?</span></span> <span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Non content de s&rsquo;en prendre &agrave; une pr&eacute;tendue rigidit&eacute; de la m&eacute;thode critique de Cru, en confondant &agrave; dessein la critique</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> des t&eacute;moignages par un t&eacute;moin de son temps avec la mise &agrave; <span style="letter-spacing:-.1pt">distance qu&rsquo;effectue potentiellement le travail d&rsquo;histoire quelques d&eacute;cennies plus tard, il &eacute;crit par exemple que &laquo;&nbsp;tout se passe comme si Norton Cru anticipait les m&eacute;canismes propres au n&eacute;gationnisme n&eacute; dans les ann&eacute;es 1950 du constat av&eacute;r&eacute; de contradictions et d&rsquo;outrances inscrites dans certains t&eacute;moignages d&rsquo;anciens d&eacute;port&eacute;s. Il n&rsquo;est [d&egrave;s lors] gu&egrave;re surprenant de constater que Paul Rassinier s&rsquo;est appuy&eacute; sur l&rsquo;exemple de Cru&nbsp;&raquo;</span><sup> <a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><span style="color:black">[3]</span></a></sup><span style="letter-spacing:-.1pt">.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le fait d&rsquo;&ecirc;tre revenu &agrave; nouveau, encore dans les ann&eacute;es 2000, sur cette association inacceptable de Jean Norton Cru et du n&eacute;gationnisme ne m&eacute;riterait pas la moindre attention de notre part si cela ne nous disait pas quelque chose de fort sur le travail de Cru et sur l&rsquo;actualit&eacute; de son travail de t&eacute;moin agissant, de t&eacute;moin-chercheur <span style="letter-spacing:-.2pt">et participant, pour reprendre une belle formule de Marie-Jos&eacute; Chombart </span>de Lauwe<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a>. En effet, tout cela n&rsquo;est pas d&ucirc; au hasard et s&rsquo;inscrit bien dans un air du temps. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la m&eacute;thode d&rsquo;authentification d&eacute;velopp&eacute;e dans <i>T&eacute;moins</i>, qui a sans doute un caract&egrave;re scientifique sans &ecirc;tre pour autant sp&eacute;cifiquement historienne, consiste justement &agrave; vouloir pr&eacute;server une exigence de v&eacute;rit&eacute;, par fid&eacute;lit&eacute; aux camarades tomb&eacute;s au front, mais aussi pour ne pas laisser les traces de cette exp&eacute;rience traumatique collective en d&eacute;naturer le sens au fil du temps. La construction du corpus de t&eacute;moignages et de sa critique constitue ainsi une exp&eacute;rience et une source d&rsquo;une grande richesse.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Une question se pose toutefois&nbsp;: pourquoi tant de haine et tant de hargne&nbsp;? Sans doute parce que l&rsquo;actualit&eacute; de <i>T&eacute;moins</i> consiste pr&eacute;cis&eacute;ment, encore et toujours, &agrave; contrarier des discours contemporains sur les acteurs, sur leurs exp&eacute;riences et sur leurs sentiments qui s&rsquo;inspirent davantage des productions culturelles de l&rsquo;&eacute;poque que de ce qu&rsquo;ils nous ont laiss&eacute;. &Agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, le t&eacute;moin et le t&eacute;moignage peuvent contrecarrer et d&eacute;ranger des points de vue historiographiques du pr&eacute;sent&nbsp;; et une &oelig;uvre comme celle de Cru contribue &agrave; prolonger ce ph&eacute;nom&egrave;ne bien au-del&agrave; de l&rsquo;existence de ces acteurs et t&eacute;moins.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Rappelons aussi que Jean Norton Cru n&rsquo;entendait pas &eacute;crire l&rsquo;histoire, mais la pr&eacute;parer par des mat&eacute;riaux. C&rsquo;est l&agrave; une pr&eacute;cision importante qui nous ram&egrave;ne &agrave; cette interaction constructive possible et souhaitable entre histoire et m&eacute;moires, loin des tours d&rsquo;ivoire historiennes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous croyons donc, &eacute;crit-il en effet<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>, que notre &eacute;poque est la meilleure pour entreprendre la pr&eacute;paration des mat&eacute;riaux. L&rsquo;avenir, trouvant des mat&eacute;riaux abondants, divers et pr&ecirc;ts &agrave; servir, aura sur nous un avantage incontestable pour travailler &agrave; l&rsquo;histoire proprement dite.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&Agrave; partir notamment des r&eacute;flexions de deux t&eacute;moins de la Grande Guerre, Marc Bloch et Jean Norton Cru, la question se pose alors de savoir dans quelle mesure les fausses nouvelles et les innombrables bobards de la guerre pr&eacute;sentent un int&eacute;r&ecirc;t pour l&#39;apprentissage de l&#39;histoire. Et lequel. Cette th&eacute;matique porte en elle toute la question du rapport &agrave; la v&eacute;rit&eacute; en histoire et des possibilit&eacute;s de l&#39;examiner &agrave; l&#39;&eacute;chelle des acteurs dans le pass&eacute; comme dans le pr&eacute;sent. Elle est donc centrale pour l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;histoire.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">&laquo;&nbsp;Pr&eacute;sentation du t&eacute;moin&nbsp;&raquo;</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Quand Marc Bloch ouvre <i>L&rsquo;<span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>trange <span style="text-transform:uppercase">d</span>&eacute;faite</i> en se pr&eacute;sentant d&rsquo;embl&eacute;e comme un t&eacute;moin, il fait valoir au moins deux id&eacute;es fondamentales. La premi&egrave;re, c&rsquo;est que l&rsquo;histoire rel&egrave;ve bien d&rsquo;une interrogation du pass&eacute; &agrave; partir de questions du pr&eacute;sent, ce qui vaut d&rsquo;abord dans ses &eacute;tudes sur la p&eacute;riode m&eacute;di&eacute;vale, mais aussi pour des essais sur un pass&eacute; tr&egrave;s proche auquel il applique des m&eacute;thodes d&rsquo;analyse de m&ecirc;me nature. La seconde, c&rsquo;est que la parole testimoniale, qui doit &eacute;videmment &ecirc;tre d&ucirc;ment identifi&eacute;e, remise dans son contexte et soumise &agrave; la critique historienne, n&rsquo;en constitue pas moins de fait une source qui est potentiellement int&eacute;ressante.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Or, telle est bien l&agrave; la question fondamentalement pos&eacute;e en premier lieu au travail d&rsquo;histoire&nbsp;: par quel moyen, par quel support, par quel interm&eacute;diaire est-il le mieux possible de percevoir la r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;un pass&eacute; dans son pr&eacute;sent&nbsp;? Une question qui, sur le plan scolaire, se pose en d&rsquo;autres termes, mais en fin de compte pour la m&ecirc;me finalit&eacute;. Comment permettre en effet aux &eacute;l&egrave;ves, non sans avoir pr&eacute;alablement &eacute;veill&eacute; leur curiosit&eacute;, d&rsquo;imaginer et de comprendre autant que possible des situations du pass&eacute; dans lesquelles des acteurs et actrices ont eu &agrave; agir, &agrave; faire des choix&nbsp;? Les r&eacute;ponses &agrave; cette question vont tellement peu de soi qu&rsquo;elles suscitent parfois des r&eacute;ponses qui peuvent se r&eacute;v&eacute;ler &agrave; la fois g&eacute;n&eacute;reuses, sans doute bien intentionn&eacute;es, mais non moins probl&eacute;matiques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Parmi celles-ci, il y a par exemple cette exp&eacute;rience de la construction d&rsquo;une tranch&eacute;e de la Premi&egrave;re Guerre mondiale dans la cour d&rsquo;une &eacute;cole secondaire<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a>. &laquo;&nbsp;Ceux qui se trouveront dans la tranch&eacute;e devront garder l&rsquo;&oelig;il bien ouvert&nbsp;! Les filles sont s&ucirc;res que </span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&ldquo;</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Les profs vont nous attaquer&nbsp;!&rdquo;<b> </b>Un brancard est d&rsquo;ailleurs pr&eacute;vu, au cas o&ugrave;. Un gar&ccedil;on s&rsquo;inqui&egrave;te&nbsp;: </span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&ldquo;</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On ne va quand m&ecirc;me pas nous envoyer du gaz moutarde&nbsp;!&rdquo;&nbsp;&raquo; Au-del&agrave; de toutes les bonnes intentions qui se manifestent ici, est-il vraiment pertinent et utile de faire passer une nuit dehors en pleine saison froide &agrave; des &eacute;l&egrave;ves pour qu&rsquo;ils comprennent vraiment, ou autant que faire se peut, ce qui s&rsquo;est pass&eacute; pendant la Grande Guerre, et surtout ce qu&rsquo;y ont v&eacute;cu les poilus</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;? </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ici, la grande le&ccedil;on de Marc Bloch, reprise par Carlo Ginzburg<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>, s&rsquo;impose sans doute&nbsp;:</span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black"> &laquo;&nbsp;</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[&hellip;] au grand d&eacute;sespoir des historiens, les hommes n&rsquo;ont pas coutume, chaque fois qu&rsquo;ils changent de m&oelig;urs, de changer de vocabulaire&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><span style="color:black">[8]</span></a></sup>. Le chemin tortueux <span style="letter-spacing:-.1pt">reliant notre pr&eacute;sent &agrave; ceux du pass&eacute; n&rsquo;est parcourable qu&rsquo;au prix de pas de c&ocirc;t&eacute;, de mises &agrave; distance, d&rsquo;un processus intellectuel que le m&ecirc;me Ginzburg a qualifi&eacute; d&rsquo;&laquo;&nbsp;estrangement&nbsp;&raquo;, cet &laquo;&nbsp;antidote efficace &agrave; un risque qui nous guette tous</span>&nbsp;<span style="letter-spacing:-.1pt">: celui de tenir la r&eacute;alit&eacute; (nous compris) pour s&ucirc;re&nbsp;&raquo;&nbsp;</span><a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a><span style="letter-spacing:-.1pt">. La perception du pass&eacute;, pour qu&rsquo;elle soit aussi authentique que possible, implique ainsi de prendre vraiment conscience de l&rsquo;in&eacute;vitable d&eacute;calage qui la caract&eacute;rise forc&eacute;ment. Ce qui ne plaide pas vraiment pour des activit&eacute;s avec la classe qui sugg&eacute;reraient avec trop d&rsquo;insistance l&rsquo;illusion d&rsquo;un contact r&eacute;el avec ce pass&eacute;, comme c&rsquo;est le cas </span><span style="letter-spacing:.1pt">dans l&rsquo;exemple susmentionn&eacute;. Mais ce qui n&rsquo;emp&ecirc;che pas pour autant qu&rsquo;un travail de comparaison distinguant et inventoriant ressemblances et dissemblances &agrave; travers le temps soit bien effectu&eacute; dans un autre cadre, &agrave; partir d&rsquo;une documentation ad&eacute;quate, avec une certaine &laquo;&nbsp;attention au r&eacute;p&eacute;titif&nbsp;&raquo;, pour reprendre la formule de Nicole Loraux dans son &laquo;&nbsp;&Eacute;loge de l&rsquo;anachronisme en histoire</span>&nbsp;<span style="letter-spacing:.1pt">&raquo;</span><sup> <a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><span style="color:black">[10]</span></a></sup><span style="letter-spacing:.1pt">. Ou au moins une attention &agrave; l&rsquo;&eacute;cho potentiel du pass&eacute; dans le pr&eacute;sent, comme Carlo Ginzburg, encore lui, le met en &eacute;vidence dans un fort bel ouvrage qui compare, en interrogeant leurs ressemblances, les m&eacute;thodes et les proc&egrave;s en sorcellerie de l&rsquo;Inquisition aux XVI<sup>e</sup> et XVII<sup>e</sup></span>&nbsp;<span style="letter-spacing:.1pt">si&egrave;cles et celles que les autorit&eacute;s polici&egrave;res et judiciaires italiennes ont r&eacute;serv&eacute;es il y a quelques ann&eacute;es &agrave; son ami Adriano Sofri</span></span></span>&thinsp;<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Ce probl&egrave;me surgit tout autant dans la classe lorsqu&rsquo;un t&eacute;moin y est invit&eacute; &agrave; s&rsquo;exprimer aupr&egrave;s des &eacute;l&egrave;ves. Le contact direct et son potentiel &eacute;motionnel n&rsquo;invitent pas spontan&eacute;ment &agrave; la mise &agrave; distance, mais ils induisent plut&ocirc;t un effet de v&eacute;rit&eacute; qu&rsquo;il n&rsquo;est pas &eacute;vident, lorsque c&rsquo;est n&eacute;cessaire, de d&eacute;construire apr&egrave;s coup. Ainsi, la dimension de t&eacute;moignage, sp&eacute;cialement dans les cas de contact direct, comprend &agrave; la fois la possibilit&eacute; d&rsquo;avoir acc&egrave;s &agrave; des informations in&eacute;dites et inaccessibles par d&rsquo;autres voies et le risque d&rsquo;une illusion relative &agrave; cette accessibilit&eacute;. </span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">&laquo;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Bien entendu, &eacute;crit Laurent Douzou, au-del&agrave; de l&rsquo;illusion d&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute; que l&rsquo;on a souvent en face d&rsquo;un t&eacute;moin, son propos n&rsquo;est vraiment intelligible que si un travail approfondi a &eacute;t&eacute; effectu&eacute; au pr&eacute;alable avec les &eacute;l&egrave;ves. L&rsquo;&eacute;motion vive qu&rsquo;on rechercherait en ne pr&eacute;parant pas les &eacute;l&egrave;ves exposerait &agrave; un d&eacute;ficit total d&rsquo;&eacute;motion et de compr&eacute;hension. Il faut avoir bien travaill&eacute; avec les &eacute;l&egrave;ves pour que le t&eacute;moignage porte, pour qu&rsquo;il donne tous les fruits qu&rsquo;on peut en attendre.&nbsp;&raquo;</span></span></span><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><span style="color:black">[12]</span></a></span></span></sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.2pt">Du coup, l&rsquo;usage des t&eacute;moins et des t&eacute;moignages dans l&rsquo;histoire scolaire n&eacute;cessite une mise &agrave; distance &agrave; l&rsquo;&eacute;gard d&rsquo;&eacute;motions qui ne devraient pas prendre toute la place, m&ecirc;me s&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas non plus de tout refroidir et de tout neutraliser de ce qui est transmis.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo; L&rsquo;autre enseignement troublant de la confrontation avec les t&eacute;moins<i>,</i> &eacute;crit encore Laurent Douzou, c&rsquo;est le constat que, pass&eacute;e la premi&egrave;re impression de proximit&eacute;, le t&eacute;moin et l&rsquo;historien puisent dans des horizons extr&ecirc;mement diff&eacute;rents, que les mots qu&rsquo;ils emploient en croyant spontan&eacute;ment les comprendre parce qu&rsquo;ils leur sont communs, renvoient &agrave; des repr&eacute;sentations tr&egrave;s diff&eacute;rentes. Par l&agrave;, c&rsquo;est l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; un pass&eacute; enfoui qui est rendu partiellement possible.&nbsp;&raquo;&nbsp;<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a> Dans cette perspective, la p&eacute;dagogie testimoniale se r&eacute;v&egrave;le aussi dans toute sa potentialit&eacute; historienne comme une qu&ecirc;te de la diff&eacute;rence et de l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; du t&eacute;moin dans le pr&eacute;sent du pass&eacute; qu&rsquo;il &eacute;voque. Elle se situe alors au c&oelig;ur de la grammaire du questionnement de l&rsquo;histoire scolaire pour sa capacit&eacute; potentielle &agrave; mobiliser aussi bien l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; du pass&eacute; que la reconstruction des pr&eacute;sents du pass&eacute;, mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre dans leur pr&eacute;sent, et leurs incertitudes, avec les acteurs du pass&eacute;, dans une perspective de contextualisation et d&rsquo;intelligibilit&eacute;<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase"><span style="letter-spacing:-.2pt">Deux petits ouvrages qui pourraient &ecirc;tre &eacute;tudi&eacute;s en classe</span></span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">R&eacute;flexions d&rsquo;un historien sur les fausses nouvelles de la guerre</span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">, de Marc Bloch<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15"><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;; </span></span><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Du t&eacute;moignage</span></span></i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">, de Jean Norton Cru<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16"><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;: </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">ces deux textes &eacute;crits par deux anciens combattants de la Grande Guerre ont en commun d&rsquo;appliquer une m&eacute;thode critique, fond&eacute;e sur les comp&eacute;tences respectives des deux auteurs, pour mettre &agrave; distance l&rsquo;exp&eacute;rience de guerre, en proposer une analyse critique et fournir des crit&egrave;res d&rsquo;&eacute;valuation de la v&eacute;racit&eacute; des faits et des r&eacute;cits.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans une certaine mesure, la posture critique et scientifique adopt&eacute;e par ces t&eacute;moins rappelle celle d&rsquo;une Germaine Tillion, qui tentait d&eacute;j&agrave; sur place d&rsquo;expliquer le projet &eacute;conomique de Ravensbr&uuml;ck &agrave; ses camarades de d&eacute;portation, et qui s&rsquo;est affirm&eacute;e ensuite comme une t&eacute;moin-chercheuse<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17"><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>, &agrave; l&rsquo;instar de l&rsquo;exemple d&eacute;j&agrave; cit&eacute; de Marie-Jos&eacute; Chombart de Lauwe. Ainsi, cette posture brise la s&eacute;paration entre les t&eacute;moins et les chercheurs par la n&eacute;cessit&eacute;, du point de vue des survivants, de rendre compte des faits traumatiques qu&rsquo;ils ont connus au nom de la m&eacute;moire de celles et ceux de leurs camarades qui ont disparu. Elle introduit d&egrave;s lors une forme de porosit&eacute; bienvenue qui remet en cause les lieux communs confinant en fin de compte les chercheurs dans leur tour d&rsquo;ivoire. Elle nourrit aussi utilement la r&eacute;flexion sur les usages et les m&eacute;susages du pass&eacute; dans l&rsquo;espace public.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La courte r&eacute;flexion de Marc Bloch est d&rsquo;une grande richesse et d&rsquo;une originalit&eacute; qui annoncent de belles &eacute;tudes ult&eacute;rieures, que ce soit par exemple sa th&egrave;se sur <i>Les Rois thaumaturges</i><a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18"><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>, centr&eacute;e sur l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;une croyance, ou le d&eacute;sormais classique <i>La Grande Peur</i>, de Georges Lefebvre<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19"><sup><span style="color:black">[19]</span></sup></a>, qui ouvre la voie &agrave; l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;une histoire des rumeurs. Ce texte testimonial et critique du cofondateur des <i>Annales</i> d&eacute;crypte les m&eacute;canismes de la circulation des fausses nouvelles, car, &laquo;&nbsp;parmi toutes les questions de psychologie sociale que les &eacute;v&eacute;nements de ces derniers temps peuvent aider &agrave; &eacute;lucider, celles qui se rattachent &agrave; la fausse nouvelle sont au premier plan. Les fausses nouvelles&nbsp;! pendant <span style="letter-spacing:.1pt">quatre ans et plus, partout, dans tous les pays, au front comme &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re, on les vit na&icirc;tre et pulluler&nbsp;; elles troublaient les esprits, tant&ocirc;t surexcitant et tant&ocirc;t abattant les courages&nbsp;: leur vari&eacute;t&eacute;, leur bizarrerie, leur force</span> <span style="letter-spacing:.1pt">&eacute;tonnent quiconque sait se souvenir et se souvient d&rsquo;avoir cru. Le vieux proverbe</span> allemand a raison&nbsp;: <i>Kommt der Krieg ins Land, Dann gibt&rsquo;s L&uuml;gen wie Sand</i>.&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20"><span style="color:black">[20]</span></a></sup></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Plus loin, apr&egrave;s avoir d&eacute;velopp&eacute; une s&eacute;rie d&rsquo;exemples, l&rsquo;auteur pr&eacute;cise sa pens&eacute;e et les enjeux de cette surench&egrave;re de repr&eacute;sentations&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;&Eacute;tudier l&rsquo;action des diff&eacute;rents milieux, aux diff&eacute;rentes &eacute;poques de la guerre, sur la naissance, la diffusion, les transformations des r&eacute;cits para&icirc;t une des t&acirc;ches les plus importantes qui s&rsquo;offrent aujourd&rsquo;hui aux personnes curieuses de psychologie collective. La guerre de position a eu ses fausses nouvelles&nbsp;; la guerre de mouvement a eu les siennes qui n&rsquo;&eacute;taient sans doute pas du m&ecirc;me type. Les erreurs de l&rsquo;arri&egrave;re et celles du front ne furent point pareilles. Dans chacune des arm&eacute;es alli&eacute;es ou ennemies un folklore particulier s&rsquo;&eacute;panouit.&nbsp;&raquo;<sup> <a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21"><span style="color:black">[21]</span></a></sup></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;historien insiste ici &agrave; juste titre sur la diversit&eacute; des situations, des espaces et des temporalit&eacute;s qui ont marqu&eacute; cette si longue guerre. Il avait d&rsquo;ailleurs pris soin auparavant de souligner combien &laquo;&nbsp;les raisons pour lesquelles la guerre a &eacute;t&eacute; si f&eacute;conde en fausses nouvelles sont pour la plupart trop &eacute;videntes pour qu&rsquo;il vaille la peine d&rsquo;y insister. On ne dira jamais assez &agrave; quel point l&rsquo;&eacute;motion et la fatigue d&eacute;truisent le sens critique. [&hellip;] Le doute m&eacute;thodique est d&rsquo;ordinaire le signe d&rsquo;une bonne sant&eacute; mentale&nbsp;; <span style="letter-spacing:.1pt">c&rsquo;est pourquoi des soldats harass&eacute;s, au c&oelig;ur troubl&eacute;, ne pouvaient le pratiquer.&nbsp;&raquo;</span><sup> <a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22"><span style="color:black">[22]</span></a></sup></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">De son c&ocirc;t&eacute;, Jean Norton Cru d&eacute;nonce &laquo;&nbsp;la guerre vue d&rsquo;en haut&nbsp;&raquo; et fustige les points de vue des &eacute;tats-majors dans une perspective de critique des sources tout &agrave; fait pertinente&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&laquo;&nbsp;Cela veut dire que les &eacute;tats-majors, voyant par les yeux des autres, voient parfois ce qui n&rsquo;est pas, car ils interpr&egrave;tent les rapports, d&eacute;j&agrave; arrang&eacute;s pour leur plaire, &agrave; la lumi&egrave;re des id&eacute;es pr&eacute;con&ccedil;ues et des pures th&eacute;ories d&rsquo;avant la guerre. Les &eacute;tats-majors, n&rsquo;&eacute;tant pas t&eacute;moins des faits, ne peuvent pas bien les conna&icirc;tre. [&hellip;] Les militaires qui ne vivent pas avec la troupe ont cette facult&eacute; &eacute;trange de croire &agrave; une science militaire <i>a priori</i> qui, suivant un mot d&eacute;licieux, &quot;n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; d&eacute;mentie que par les faits&quot;.&nbsp;&raquo;</span></span></span><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <a name="_ftnref23"></a><a href="#_ftn23"><span style="color:black">[23]</span></a></span></span></sup></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il d&eacute;nonce aussi &laquo;&nbsp;la fascination exerc&eacute;e par les grandes batailles sur les historiens militaires et sur leurs lecteurs&nbsp;&raquo;</span></span>&thinsp;<span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <a name="_ftnref24"></a><a href="#_ftn24"><sup><span style="color:black">[24]</span></sup></a>. Au contraire, s&rsquo;exclame-t-il, &laquo;&nbsp;qu&rsquo;on n&rsquo;aille donc pas reprocher aux souvenirs de guerre d&rsquo;&ecirc;tre pauvres en faits militaires, parce que c&rsquo;est justement ce qui recommande leur sinc&eacute;rit&eacute;, et la fid&eacute;lit&eacute; de l&rsquo;image qu&rsquo;ils peignent de la guerre&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref25"></a><a href="#_ftn25"><sup><span style="color:black">[25]</span></sup></a>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Dans cette perspective critique, Jean Norton Cru propose alors une typologie des bobards et des lieux communs qu&rsquo;il entend fustiger dans les t&eacute;moignages qu&rsquo;il soumet &agrave; son impitoyable critique des mauvais r&eacute;cits de la Grande Guerre. On y retrouve notamment&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; l&rsquo;id&eacute;e de la lutte (l&rsquo;homme au combat devrait avoir du go&ucirc;t pour la lutte)&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; celle de charge, de choc (la ru&eacute;e en nombre et en masse)&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; les attaques en rangs serr&eacute;s&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; les monceaux de morts&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; les flots de sang&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&ndash; la ba&iuml;onnette, arme favorite du poilu&nbsp;;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; le courage des bons, la peur des mauvais soldats&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; l&rsquo;expression &quot;Debout les morts&nbsp;!&quot; (qui auraient d&eacute;fendu la tranch&eacute;e)&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&ndash; la tranch&eacute;e des ba&iuml;onnettes.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">C&rsquo;est donc en particulier &agrave; partir de ces crit&egrave;res que Jean Norton Cru en arrive &agrave; mal noter un Henri Barbusse alors qu&rsquo;il pl&eacute;biscite un Maurice Genevoix, ce qui d&eacute;montre, soit dit en passant, qu&rsquo;il n&rsquo;a pas fustig&eacute; sans discernement les &oelig;uvres litt&eacute;raires. La relecture de l&rsquo;&oelig;uvre de Genevoix nous montre d&rsquo;ailleurs fort bien ce qui a jou&eacute; dans cette appr&eacute;ciation&nbsp;: il y avait suffisamment d&rsquo;horreur comme cela dans cette guerre, il n&rsquo;y avait vraiment pas besoin d&rsquo;en rajouter&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Ces deux petits ouvrages m&eacute;ritent en fin de compte un traitement scolaire parce qu&rsquo;ils soul&egrave;vent des questions fondamentales pour l&rsquo;histoire comme science sociale et pour la transmission d&rsquo;une intelligibilit&eacute; du pass&eacute;. Ils interrogent en effet le rapport de cette science sociale &agrave; la v&eacute;rit&eacute;, ou &agrave; sa qu&ecirc;te constamment n&eacute;cessaire, en montrant l&rsquo;un et l&rsquo;autre, chacun &agrave; leur mani&egrave;re, combien cette v&eacute;rit&eacute; est complexe et n&eacute;cessite forc&eacute;ment un renouvellement des questions de recherche.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Pour conclure</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Parmi toutes les publications historiographiques et m&eacute;morielles, ce qui se produit et se publie ne pr&eacute;sente pas toujours la m&ecirc;me qualit&eacute;, ni le m&ecirc;me int&eacute;r&ecirc;t, dans une perspective didactique. Il nous semble par contre que ces deux petits textes de Marc Bloch et Jean Norton Cru sont &agrave; la fois accessibles et susceptibles de nourrir chez les &eacute;l&egrave;ves une r&eacute;flexion sur le r&ocirc;le de l&rsquo;histoire dans la soci&eacute;t&eacute;. Et qu&rsquo;il serait donc int&eacute;ressant de les faire entrer dans la classe d&rsquo;histoire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">La question de l&rsquo;examen, de la distinction et de la d&eacute;signation des genres de textes, ou de la nature des textes, rev&ecirc;t par ailleurs une dimension fondamentalement critique, au c&oelig;ur de l&rsquo;enseignement des sciences sociales et de l&rsquo;histoire. Elle concerne en effet tout autant des enjeux comme ceux qui tournent autour des l&eacute;gendes, des mythes, des rumeurs, de la propagande, de la manipulation, etc. Il s&rsquo;agit toutefois de les traiter dans une posture de qu&ecirc;te de v&eacute;rit&eacute; qui tourne le dos &agrave; tout relativisme et n&rsquo;induise pas non plus, en m&ecirc;me temps, un doute permanent qui fasse perdre aux &eacute;l&egrave;ves le contact avec la qu&ecirc;te du r&eacute;el. Chez Marc Bloch, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;ventail amplifi&eacute; des questionnements possibles sur des faits v&eacute;cus, mais c&rsquo;est aussi la densit&eacute; de leur mise &agrave; distance r&eacute;flexive, qui incite &agrave; aller dans cette direction&nbsp;; chez Jean Norton Cru, c&rsquo;est la lecture critique d&rsquo;un corpus de r&eacute;cits pour interroger leur degr&eacute; de v&eacute;ridicit&eacute; en relation avec une exp&eacute;rience testimoniale.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ce que montrent en particulier ces deux ouvrages, c&rsquo;est que cette qu&ecirc;te de v&eacute;rit&eacute; passe non seulement par une critique rigoureuse des sources, y compris des sources orales et testimoniales, mais aussi par un &eacute;largissement, un renouvellement des questions &agrave; poser aux situations et aux acteurs d&rsquo;hier et aujourd&rsquo;hui. D&egrave;s lors, il y a sans doute quelque chose &agrave; en tirer pour apprendre &agrave; des &eacute;l&egrave;ves, ou pour les y rendre sensibles, ce que sont les questionnements sp&eacute;cifiques et les apports potentiels de l&rsquo;histoire &agrave; la compr&eacute;hension du monde.</span></span></span></span></p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></sup></a><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> </span></span></span></span><span style="color: black;"><font face="Helvetica"><span style="font-size: 9pt;">Reproduit dans Marc Bloch, </span></font><i style="font-family: Helvetica; font-size: 9pt;">L&rsquo;Histoire, La Guerre, la R&eacute;sistance</i><font face="Helvetica"><span style="font-size: 9pt;">, Paris, Quarto</span></font>&nbsp;</span><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Gallimard, 2006, p.&nbsp;525. Ce texte a &eacute;t&eacute; r&eacute;dig&eacute; en 1940 et publi&eacute; apr&egrave;s la guerre et l&rsquo;ex&eacute;cution de l&rsquo;auteur par les Allemands.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Claude Barbier, <i>Le Maquis de Gli&egrave;res. Mythe et r&eacute;alit&eacute;</i>, Paris, Perrin, 2014, p.&nbsp;19.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Christophe Prochasson, &laquo;&nbsp;Les mots pour le dire&nbsp;: Jean-Norton Cru, du t&eacute;moignage &agrave; l&rsquo;histoire.&nbsp;&raquo;, <i>Revue d&rsquo;histoire moderne et contemporaine</i> 4/2001 (n<sup>o</sup></span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;4</span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">8-4), pp.&nbsp;160-189 (163 pour la citation). URL&nbsp;: www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2001-4-page-160.htm, consult&eacute; le 20&nbsp;octobre 2015.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Notamment dans son intervention au colloque de la Fondation pour la m&eacute;moire de la d&eacute;portation de 2012 qui portait sur les t&eacute;moins. Voir l&rsquo;enregistrement vid&eacute;o, en particulier tout &agrave; la fin&nbsp;: https</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;:</span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">//www.youtube.com/watch?v=3REy_F83Sxc, consult&eacute; le 20&nbsp;octobre 2015. Voir aussi Marie-Jos&eacute; Chombart de Lauwe, <i>R&eacute;sister toujours. M&eacute;moires</i>, Paris, Flammarion, 2015, notamment le chapitre&nbsp;VII, &laquo;&nbsp;Mon combat pour l&rsquo;enfance&nbsp;&raquo;, pp. 257-277.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jean Norton Cru, <i>T&eacute;moins</i>, pr&eacute;face et postface de Fr&eacute;d&eacute;ric Rousseau, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2006 (1929), p.&nbsp;26.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Une exp&eacute;rience qui a &eacute;t&eacute; effectu&eacute;e au Coll&egrave;ge exp&eacute;rimental Anne-Frank, au Mans, en novembre 2014. Voir &agrave; ce propos https</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;:</span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">//www.youtube.com/watch?v=PNVouZwBGxM et http://www.20minutes.fr/insolite/1495787-20141206-video-mans-collegiens-creusent-tranchee-revivre-grande-guerre, consult&eacute; le 20 octobre 2015.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> En ouverture de Carlo Ginzburg, &laquo;&nbsp;Nos mots et les leurs. Une r&eacute;flexion sur le m&eacute;tier d&rsquo;historien aujourd&rsquo;hui&nbsp;&raquo;, in <i>L&rsquo;<span style="text-transform:uppercase">e</span>strangement&nbsp;: Retour sur un th&egrave;me de Carlo Ginzburg, Essais. Revue interdisciplinaire d&rsquo;Humanit&eacute;s. </i>Bordeaux, &Eacute;cole doctorale Montaigne-Humanit&eacute;s, hors-s&eacute;rie, 2013, pp. 191-210.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Marc Bloch, <i>L&rsquo;Histoire&hellip;, op. cit.</i>, p.&nbsp;872 [tir&eacute; d&rsquo;<i>Apologie pour l&rsquo;histoire ou m&eacute;tier d&rsquo;historien</i>, &eacute;crit en 1942]. Il &eacute;crit aussi que &laquo;&nbsp;la chimie [a] le grand avantage de s&rsquo;adresser &agrave; des r&eacute;alit&eacute;s incapables de se nommer elles-m&ecirc;mes. Le langage de la perception confuse, qu&rsquo;elle a rejet&eacute;, n&rsquo;[est] pas moins ext&eacute;rieur aux choses et, en ce sens, moins arbitraire que celui de l&rsquo;observation class&eacute;e et contr&ocirc;l&eacute;e qu&rsquo;elle lui a substitu&eacute;&nbsp;: qu&rsquo;on dise vitriol ou acide sulfurique, le corps n&rsquo;y est jamais pour rien. Il en va tout autrement d&rsquo;une science de l&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;&raquo; (<i>ibid.</i>, p 959).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Carlo Ginzburg, <i>&Agrave; distance. Neuf essais sur le point de vue en histoire,</i> Paris, Gallimard, 2001 (&eacute;d. or. 1998), p.&nbsp;36.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Nicole Loraux, &laquo;&nbsp;&Eacute;loge de l&rsquo;anachronisme en histoire&nbsp;&raquo;, in <i>La trag&eacute;die d&rsquo;Ath&egrave;nes. La politique. Entre l&rsquo;ombre et l&rsquo;utopie</i>, Paris, Seuil, 2005, pp. 173-190, 240-242 pour les notes, 188 pour la citation. La premi&egrave;re &eacute;dition de ce texte remonte &agrave; 1993, dans <i>L&rsquo;Ancien et le Nouveau. Le genre humain</i>, n&deg;</span>&nbsp;<span style="letter-spacing:-.05pt">27, Paris, Seuil, pp. 23-29.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Carlo Ginzburg, <i>Le Juge et l&rsquo;historien. Consid&eacute;rations en marge du proc&egrave;s Sofri</i>, Lagrasse, Verdier, 1997 (r&eacute;&eacute;d., 2007&nbsp;; &eacute;dition originale, 1991). L&rsquo;historien s&rsquo;exprime &eacute;galement sur cette question dans une vid&eacute;o disponible sur le site de son &eacute;diteur fran&ccedil;ais&nbsp;: http://editions-verdier.fr/livre/le-juge-et-lhistorien/, consult&eacute; le 8 novembre 2015&nbsp;; ainsi que dans le film de Jean-Louis Comolli,<i> L&rsquo;Affaire Sofri</i>, 2001.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Laurent Douzou, &laquo;&nbsp;Des t&eacute;moins mille fois entendus&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>Le cartable de Clio</i>, Lausanne, Antipodes, n&deg;</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;8</span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">, 2008, pp. 99-104, 99 pour la citation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &nbsp;<i>Ibid.</i>, p.&nbsp;103.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> La grammaire du questionnement de l&rsquo;histoire scolaire est pr&eacute;sent&eacute;e sur le site de l&rsquo;&Eacute;quipe de didactique de l&rsquo;histoire et de la citoyennet&eacute; (&Eacute;DHICE) de l&rsquo;Universit&eacute; de Gen&egrave;ve&nbsp;: https</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;:</span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">//www.unige.ch/fapse/edhice/docref/grammaire/, consult&eacute; le 7 novembre 2015. Voir aussi Charles Heimberg &amp; Val&eacute;rie Op&eacute;riol, &laquo;&nbsp;La didactique de l&rsquo;histoire. Actions scolaires et apprentissages entre l&rsquo;intelligibilit&eacute; du pass&eacute; et la probl&eacute;maticit&eacute; du monde et de son devenir&nbsp;&raquo;, in Marie-Laure Elalouf &amp; al. (dir.), <i>Les Didactiques en questions. &Eacute;tat des lieux et perspectives pour la recherche et la formation</i>, Bruxelles, De Boeck, 2012,<br /> pp. 78-88.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[15]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Nous parlons ici de l&rsquo;&eacute;dition Paris, Allia, 1999, 57 pages. La premi&egrave;re publication de ce texte remonte &agrave; 1921 dans la <i>Revue de synth&egrave;se historique</i>. Il est aussi disponible dans Marc Bloch, <i>L&rsquo;Histoire&hellip;, op. cit.</i>, pp. 293-316.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[16]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &Eacute;dition Paris, Allia, 1997, 153 pages. Une &eacute;dition ant&eacute;rieure, Jean Norton Cru, Paris, Allia, 1989, de 222&nbsp;pages, comprenait la bibliographie, avec une mise &agrave; jour, pour 1930, des ouvrages pris en consid&eacute;ration dans <i>T&eacute;moins</i>, ainsi qu&rsquo;un texte biographique, <i>Jean Norton Cru</i>, r&eacute;dig&eacute; par H&eacute;l&egrave;ne Vogel. L&rsquo;&eacute;dition originale de 1930 comprenait une version remani&eacute;e de l&rsquo;introduction de <i>T&eacute;moins</i> (1929), reprise en 1997, ainsi qu&rsquo;une &laquo;&nbsp;Esquisse de la guerre d&rsquo;apr&egrave;s quelques bons t&eacute;moins&nbsp;&raquo; et une bibliographie qui ne sont pas reproduits dans cette r&eacute;&eacute;dition de 1997.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[17]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Bernhard Strebel, &laquo;&nbsp;Une page encore ouverte&nbsp;: Germaine Tillion et la recherche sur les camps de concentration&nbsp;&raquo;, in <i>Les Armes de l&rsquo;esprit. Germaine Tillion, 1939-1954</i>, Besan&ccedil;on, Mus&eacute;e de la R&eacute;sistance et de la D&eacute;portation, 2015, pp. 97-102 (publication dans le cadre de l&rsquo;exposition de la Citadelle de Besan&ccedil;on, mai-septembre 2015).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[18]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Marc Bloch, <i>Les Rois thaumaturges. &Eacute;tude sur le caract&egrave;re surnaturel attribu&eacute; &agrave; la puissance royale, particuli&egrave;rement en France et en Angleterre</i>, Paris, Gallimard, 1983 (&eacute;dition originale, 1924).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[19]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Georges Lefebvre, <i>La Grande Peur de 1789</i>, Paris, Armand Colin, 2014 (&eacute;dition originale, 1934).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[20]</span></span></span></sup></a> <span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;</span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Quand la guerre survient, Pullulent les mensonges comme du sable</span></span></span><span dir="RTL" lang="AR-YE" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="color:black">&nbsp;&raquo;. </span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Pour la citation de Marc Bloch&nbsp;: <i>R&eacute;flexions&hellip;</i>, <i>op. cit</i>., p.&nbsp;20.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[21]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> &nbsp;<i>Ibid.</i>, p.&nbsp;54.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[22]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid.</i>, pp. 49-50. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn23"></a><a href="#_ftnref23"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[23]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Jean Norton Cru, <i>Du t&eacute;moignage</i>, <i>op. cit.,</i> pp. 36-37.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn24"></a><a href="#_ftnref24"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[24]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid.</i>, p.&nbsp;39.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn25"></a><a href="#_ftnref25"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[25]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <i>Ibid.</i>, p. 39.</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>