<p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L<span style="letter-spacing:-.1pt">a place de la r&eacute;flexion sur l&rsquo;erreur est centrale en philosophie, en science et en droit. En r&eacute;alit&eacute;, l&rsquo;erreur est une composante centrale de toute r&eacute;flexion sur le vrai, le juste et le bien. En histoire comme en historiographie, le risque d&rsquo;erreur hante les esprits et justifie les pr&eacute;cautions m&eacute;thodologiques. Il existe, du reste, un grand nombre de types d&rsquo;erreurs&nbsp;: l&rsquo;erreur morale, l&rsquo;erreur de jugement, l&rsquo;erreur de droit, l&rsquo;erreur typographique, l&rsquo;erreur de cat&eacute;gorie, pour ne citer que quelques-unes<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><b><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></b></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">La notion d&rsquo;erreur poss&egrave;de au moins deux grands types de d&eacute;finitions&nbsp;: un sens actif et un sens passif. Au sens actif, l&rsquo;erreur est un <i>acte</i> de l&rsquo;esprit qui juge vrai ce qui est faux ou inversement. Le sens passif est celui, non d&rsquo;un acte, mais d&rsquo;un <i>&eacute;tat</i> d&rsquo;esprit qui juge vrai ce qui est faux ou inversement. Dans le sens actif, on <i>commet </i>une erreur&nbsp;; au sens passif, on <i>est</i> dans l&rsquo;erreur. Cette double d&eacute;finition appelle trois remarques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">Premi&egrave;rement, l&rsquo;erreur est manifestement d&eacute;finie en prenant en compte le vrai et le faux, or ce choix n&rsquo;est pas automatique<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>. En effet, il semble que l&rsquo;erreur soit ici d&eacute;finie (au sens actif comme au sens passif) comme en opposition au vrai&nbsp;: l&rsquo;erreur est un type de jugement faux. Par comparaison, il n&rsquo;est pas certain que d&rsquo;autres notions proches de l&rsquo;erreur soient &agrave; d&eacute;finir comme discours ou jugement faux&nbsp;: la fiction, l&rsquo;illusion ou le mensonge ne requi&egrave;rent pas autant que l&rsquo;erreur la composante de fausset&eacute;. En outre, si une erreur dans l&rsquo;ex&eacute;cution d&rsquo;un morceau de musique peut &eacute;ventuellement se laisser d&eacute;crire comme une erreur s&eacute;mantique (une inad&eacute;quation avec le texte de la partition), il en va diff&eacute;remment d&rsquo;une erreur de strat&eacute;gie, au sens d&rsquo;une erreur quant &agrave; la meilleure strat&eacute;gie &agrave; adopter, laquelle doit s&rsquo;appr&eacute;cier non pas en termes de vrai ou de faux mais en termes d&rsquo;opportunit&eacute; et d&rsquo;efficacit&eacute;. Il n&rsquo;est pas faux, aux &eacute;checs, de sortir les tours avant les cavaliers, c&rsquo;est pourtant bel et bien consid&eacute;r&eacute;, en g&eacute;n&eacute;ral, comme une erreur de tactique ou de strat&eacute;gie &eacute;chiqu&eacute;enne.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">Deuxi&egrave;mement, l&rsquo;erreur est con&ccedil;ue tant&ocirc;t comme un acte (de l&rsquo;esprit) tant&ocirc;t comme un &eacute;tat (d&rsquo;esprit). Ces deux sens sont li&eacute;s&nbsp;; en effet, un &eacute;tat d&rsquo;esprit peut conduire quelqu&rsquo;un &agrave; poser un acte. Le cas le plus simple est celui d&rsquo;une personne qui <i>est</i> dans l&rsquo;erreur et qui de ce fait <i>commet</i> une erreur en exprimant son &eacute;tat d&rsquo;esprit. Pour autant, il est indispensable de maintenir la dualit&eacute; acte/esprit, parce que le sens actif devrait inclure les erreurs que l&rsquo;on commet m&ecirc;me sans parler, celles qui consistent &agrave; se tromper en prenant un objet &agrave; la place d&rsquo;un autre (c&rsquo;est le sens de <i>mistake</i> en anglais<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3"><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Troisi&egrave;mement, s&rsquo;il est manifeste qu&rsquo;une erreur consiste dans un &eacute;cart entre deux &eacute;l&eacute;ments (l&rsquo;esprit et le monde, l&rsquo;esprit et l&rsquo;acte, la volont&eacute; et le contrat cens&eacute; exprimer cette volont&eacute;), il n&rsquo;est pas toujours &eacute;vident de savoir lequel porte la responsabilit&eacute;. En effet, lorsqu&rsquo;un homme a fait ses courses et se rend compte que sa liste d&rsquo;achat ne correspond pas &agrave; l&rsquo;ensemble des achats effectu&eacute;s, plusieurs cas sont envisageables. Il peut s&rsquo;agir d&rsquo;une erreur commise lors des courses (du beurre achet&eacute; au lieu de la margarine), mais il peut &eacute;galement s&rsquo;agir d&rsquo;une autre chose&nbsp;: peut-&ecirc;tre que l&rsquo;erreur avait &eacute;t&eacute; commise lors de la r&eacute;daction de la liste des courses, auquel cas c&rsquo;est la liste qu&rsquo;il faut corriger<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4"><sup><span style="color:black">[4]</span></sup></a> (Anscombe 1957).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Nous aurons &agrave; revenir sur chacun de ces points.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Erreur et v&eacute;rit&eacute;</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Si l&rsquo;erreur se d&eacute;finit souvent par rapport au vrai, encore faut-il s&rsquo;entendre sur ce que recouvre cette notion de <span style="letter-spacing:-.1pt">v&eacute;rit&eacute;. Dominicy distingue la v&eacute;rit&eacute; s&eacute;mantique</span>, qui d&eacute;pend du r&eacute;el, et la v&eacute;rit&eacute; repr&eacute;sentationnelle (Dominicy 2011&nbsp;: 155). Si, voulant parler de Dupont, je dis &laquo;&nbsp;Durant est biologiste&nbsp;&raquo; (ce qui n&rsquo;est pas vrai de Durant mais l&rsquo;est de Dupont), la v&eacute;rit&eacute; s&eacute;mantique est assur&eacute;e, mais non la v&eacute;rit&eacute; repr&eacute;sentationnelle. Cette opposition permet de maintenir un lien avec le r&eacute;el et d&rsquo;expliquer la diff&eacute;rence entre plusieurs types d&rsquo;erreurs (s&eacute;mantiques ou repr&eacute;sentationnelles). Selon le pragmatiste F.C.S. Schiller, la v&eacute;rit&eacute; et l&rsquo;erreur ne sont pas des pr&eacute;dicats d&eacute;termin&eacute;s par le rapport au monde (comme &laquo;&nbsp;chien&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;chat&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;vert&nbsp;&raquo;) mais sont des pr&eacute;dicats de valeur (comme &laquo;&nbsp;bon&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;ing&eacute;nieux&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;malsain&nbsp;&raquo;) (Schiller 1910&nbsp;: 145)&nbsp;; en outre, selon cet auteur, une th&eacute;orie de l&rsquo;erreur est requise par toute th&eacute;orie de la v&eacute;rit&eacute;. Malheureusement, trop souvent, les th&eacute;ories de la v&eacute;rit&eacute; ont &eacute;t&eacute; &eacute;labor&eacute;es sans faire r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;erreur, du moins sans distinguer suffisamment l&rsquo;erreur du faux en g&eacute;n&eacute;ral. Schiller ajoute qu&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; ne peut pas en soi constituer une erreur&nbsp;: &laquo;<span style="letter-spacing:.1pt">&nbsp;No judgment, therefore, can be an error <i>per se</i>. </span></span></span><span lang="EN-GB" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">It is an error in retrospect only, after it has been corrected.</span></span></span><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&nbsp;&raquo;</span></span></span> <span lang="FR-CA" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">(Schiller 1910&nbsp;: 150). Ce point est int&eacute;ressant, </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">bien que l&rsquo;on ne comprenne pas bien pourquoi l&rsquo;erreur devrait absolument &ecirc;tre identifi&eacute;e <i>r&eacute;trospectivement</i>. En effet, ne peut-on pas entendre un &eacute;nonc&eacute; erron&eacute; et l&rsquo;identifier imm&eacute;diatement comme tel&nbsp;? </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Toujours est-il que Schiller annonce une notion qui sera opportun&eacute;ment cit&eacute;e</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> pour jeter quelque lumi&egrave;re sur le ph&eacute;nom&egrave;ne<span style="letter-spacing:.1pt"> de l&rsquo;erreur&nbsp;: la notion de polyphonie (Ducrot 1980 et 1984). </span><span style="letter-spacing:-.1pt">Selon cette derni&egrave;re, plusieurs <i>voix</i>, plusieurs points de vue, se font entendre dans les &eacute;nonc&eacute;s des langues naturelles<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5"><sup><span style="color:black">[5]</span></sup></a>. La d&eacute;signation d&rsquo;erreur est &eacute;galement un ph&eacute;nom&egrave;ne polyphonique&nbsp;dans la mesure o&ugrave; un point de vue d&eacute;crit un autre point de vue comme erron&eacute;&nbsp;: si Pierre dit &laquo;&nbsp;Paul pense &agrave; tort qu&rsquo;il pleut&nbsp;&raquo;, Pierre prend position sur le caract&egrave;re erron&eacute; de la pens&eacute;e de Paul. En ce sens, on comprend mieux Schiller&nbsp;: la d&eacute;signation d&rsquo;une erreur est une d&eacute;si</span>gnation faite par <i>autrui</i> (qu&rsquo;il soit chronologiquement post&eacute;rieur ou non). Une erreur suppose un <i>point de vue</i> port&eacute; par un agent sur les repr&eacute;sentations d&rsquo;un autre agent (y compris le m&ecirc;me agent &agrave; un moment ant&eacute;rieur). Il n&rsquo;est donc pas &eacute;tonnant qu&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; comme &laquo;&nbsp;Je suis en train de me tromper en disant cela&nbsp;&raquo; soit performativement contradictoire<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6"><sup><span style="color:black">[6]</span></sup></a> au point de rappeler le paradoxe du menteur (celui qui dit &laquo;&nbsp;Je mens&nbsp;&raquo; et qui s&rsquo;il ment produit un &eacute;nonc&eacute; vrai et s&rsquo;il dit la v&eacute;rit&eacute; produit un &eacute;nonc&eacute; faux).</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt">En ce sens, dire d&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; qu&rsquo;il est erron&eacute;, c&rsquo;est dire qu&rsquo;il s&rsquo;&eacute;loigne (involontairement) de la v&eacute;rit&eacute;. La condamnation d&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; comme erron&eacute; pr&eacute;suppose donc la fausset&eacute; de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; incrimin&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Erreur et illusion</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;illusion se distingue selon Freud de l&rsquo;erreur. Alors que cette derni&egrave;re est un &eacute;nonc&eacute; faux, l&rsquo;illusion n&rsquo;est pas <i>n&eacute;cessairement </i></span></span><span lang="NL" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">fausse&nbsp;</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">:</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;Une illusion n&rsquo;est pas la m&ecirc;me chose qu&rsquo;une erreur, une illusion n&rsquo;est pas non plus n&eacute;cessairement une erreur. L&rsquo;opinion d&rsquo;Aristote, d&rsquo;apr&egrave;s laquelle la vermine serait engendr&eacute;e par l&rsquo;ordure &ndash;&nbsp;opinion qui est encore celle du peuple ignorant&nbsp;&ndash;, &eacute;tait une erreur&nbsp;; de m&ecirc;me l&rsquo;opinion qu&rsquo;avait une g&eacute;n&eacute;ration ant&eacute;rieure de m&eacute;decins, et d&rsquo;apr&egrave;s laquelle le tab&egrave;s aurait &eacute;t&eacute; la cons&eacute;quence d&rsquo;exc&egrave;s sexuels. Il serait impropre d&rsquo;appeler ces erreurs des illusions, alors que c&rsquo;&eacute;tait une illusion de la part de Christophe Colomb, quand il croyait avoir trouv&eacute; une nouvelle route maritime des Indes. La part de d&eacute;sir que comportait cette erreur est manifeste. On peut qualifier d&rsquo;illusion l&rsquo;assertion de certains nationalistes, assertion d&rsquo;apr&egrave;s laquelle les races indo-germaniques seraient les seules races humaines susceptibles de culture, ou bien encore la croyance d&rsquo;apr&egrave;s laquelle l&rsquo;enfant serait un &ecirc;tre d&eacute;nu&eacute; de sexualit&eacute;, croyance d&eacute;truite pour la premi&egrave;re fois par la psychanalyse. Ce qui caract&eacute;rise l&rsquo;illusion, c&rsquo;est d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;riv&eacute;e des d&eacute;sirs humains&nbsp;; elle se rapproche par l&agrave; de l&rsquo;id&eacute;e d&eacute;lirante en psychiatrie, mais se s&eacute;pare aussi de celle-ci, m&ecirc;me si l&rsquo;on ne tient pas compte de la structure compliqu&eacute;e de l&rsquo;id&eacute;e d&eacute;lirante.&nbsp;&raquo; (Freud 1927&nbsp;: 44)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;id&eacute;e d&eacute;lirante, contrairement &agrave; l&rsquo;illusion, est fausse&nbsp;: on peut r&eacute;sumer cette observation en disant que l&rsquo;erreur comme l&rsquo;id&eacute;e d&eacute;lirante sont d&eacute;finissables comme discours faux, alors que l&rsquo;illusion peut, le cas &eacute;ch&eacute;ant, se trouver &ecirc;tre vraie&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;L&rsquo;id&eacute;e d&eacute;lirante est essentiellement &ndash;&nbsp;nous soulignons ce caract&egrave;re&nbsp;&ndash; en contradiction avec la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;; l&rsquo;illusion n&rsquo;est pas n&eacute;cessairement fausse, c&rsquo;est-&agrave;-dire irr&eacute;alisable ou en contradiction avec la r&eacute;alit&eacute;. Une jeune fille de condition modeste peut par exemple se cr&eacute;er l&rsquo;illusion qu&rsquo;un prince va venir la chercher pour l&rsquo;&eacute;pouser. Or ceci est possible&nbsp;; quelques cas de ce genre se sont r&eacute;ellement pr&eacute;sent&eacute;s. Que le Messie vienne et fonde un &acirc;ge d&rsquo;or, voil&agrave; qui est beaucoup moins vraisemblable&nbsp;: suivant l&rsquo;attitude personnelle de celui qui est appel&eacute; &agrave; juger de cette croyance, il la classera parmi les illusions ou parmi les &eacute;quivalents d&rsquo;une id&eacute;e d&eacute;lirante. Des exemples d&rsquo;illusions authentiques ne sont pas, d&rsquo;ordinaire, faciles &agrave; d&eacute;couvrir&nbsp;; mais l&rsquo;illusion des alchimistes de pouvoir transmuter tous les m&eacute;taux en or est peut-&ecirc;tre l&rsquo;une d&rsquo;elles. Le d&eacute;sir d&rsquo;avoir beaucoup d&rsquo;or, autant d&rsquo;or que possible a &eacute;t&eacute; tr&egrave;s att&eacute;nu&eacute; par notre intelligence actuelle des conditions de la richesse&nbsp;; cependant la chimie ne tient plus pour impossible une transmutation des m&eacute;taux en or. Ainsi nous appelons illusion une croyance quand, dans la motivation de celle-ci la r&eacute;alisation d&rsquo;un d&eacute;sir est pr&eacute;valente, et nous ne tenons pas compte, ce faisant, des rapports de cette croyance &agrave; la r&eacute;alit&eacute;, tout comme l&rsquo;illusion elle-m&ecirc;me renonce &agrave; &ecirc;tre confirm&eacute;e par le r&eacute;el.&nbsp;&raquo; (Freud 1927&nbsp;: 44-45)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;erreur est un discours faux, mais qui n&rsquo;est pas n&eacute;cessairement mu par des d&eacute;sirs. L&rsquo;illusion est mal fond&eacute;e mais pas n&eacute;cessairement fausse. L&rsquo;id&eacute;e d&eacute;lirante est mal fond&eacute;e et fausse.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Erreur, mensonge et tromperie</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">L&rsquo;erreur se distingue du mensonge &agrave; deux &eacute;gards. La premi&egrave;re diff&eacute;rence, sur laquelle tout le monde devrait &ecirc;tre d&rsquo;accord<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7"><sup><span style="color:black">[7]</span></sup></a>, est que le mensonge se caract&eacute;rise par le fait que c&rsquo;est un acte intentionnel, alors que l&rsquo;erreur est un acte inintentionnel. D&rsquo;un point de vue &eacute;thique, il est courant que celui qui est accus&eacute; de mensonge d&eacute;clare, devant des preuves irr&eacute;futables de la fausset&eacute; de ses all&eacute;gations, que, en r&eacute;alit&eacute;, il s&rsquo;est tromp&eacute;. Cette d&eacute;fense (sinc&egrave;re ou non) repose sur l&rsquo;id&eacute;e que, moralement, un manquement sera pire, toutes choses &eacute;gales par ailleurs, s&rsquo;il est intentionnel. Invoquer l&rsquo;&eacute;tourderie constituera une ligne de justification typique, afin d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; l&rsquo;accusation de mensonge<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8"><sup><span style="color:black">[8]</span></sup></a>. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">La seconde diff&eacute;rence entre l&rsquo;erreur</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.3pt"> et le mensonge tient &agrave; ce que dans l&rsquo;hypoth&egrave;se o&ugrave; le menteur, sans le faire expr&egrave;s, a &eacute;nonc&eacute; une v&eacute;rit&eacute; (alors qu&rsquo;il croyait dire le faux), nous continuerons &agrave; le consid&eacute;rer comme un menteur, voire &agrave; consid&eacute;rer son &eacute;nonc&eacute; comme mensonger<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9"><sup><span style="color:black">[9]</span></sup></a>. En revanche, il semble plus compliqu&eacute; de consid&eacute;rer qu&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; vrai soit une erreur. En d&rsquo;autres termes, si quelqu&rsquo;un confond Durant et Dupond </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">et qu&rsquo;il dise &laquo;&nbsp;Dupont a 40&nbsp;ans&nbsp;&raquo;, signifiant<span style="letter-spacing:.3pt"> &laquo;&nbsp;Durant a 40 ans&nbsp;&raquo;, </span><span style="letter-spacing:.2pt">et s&rsquo;il se trouve que Dupont a lui aussi 40&nbsp;ans, il n&rsquo;est pas &eacute;vident de dire que l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; est erron&eacute;. L&rsquo;erreur, contrairement au mensonge, para&icirc;t exiger une d&eacute;finition </span><span style="letter-spacing:.3pt">non seulement pragmatique, mais s&eacute;mantique&nbsp;</span><span style="letter-spacing:.2pt">: il faut que l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; soit faux pour qu&rsquo;il soit une erreur.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, le mensonge est davantage condamn&eacute; que la tromperie, pour des raisons qui ne sont pas &eacute;videntes. Par exemple, Bernard Williams rapporte le r&eacute;cit selon lequel saint Athanase &eacute;tait poursuivi par des ennemis qui voulaient le mettre &agrave; mort. Ceux-ci l&rsquo;ont crois&eacute; sur le fleuve et lui ont demand&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;O&ugrave; est ce tra&icirc;tre d&rsquo;Athanase&nbsp;?&nbsp;&raquo;. Le saint homme aurait r&eacute;pondu&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pas loin d&rsquo;ici&nbsp;&raquo;. Ce faisant, il a r&eacute;ussi, par la ruse, &agrave; sauver sa vie tout en ne mentant pas. Toute la tradition chr&eacute;tienne a salu&eacute; ce subterfuge. Pourtant, il faudrait se demander quelles sont les raisons pour lesquelles il serait mal de mentir. Deux raisons principales se pr&eacute;sentent &agrave; l&rsquo;esprit. Selon la premi&egrave;re, c&rsquo;est parce que le vrai est une valeur et que prononcer le faux est, en soi, mauvais. Mais alors comment rendre compte du fait que, dans de nombreux courants philosophiques, mentir peut s&rsquo;av&eacute;rer constituer une bonne action (pour sauver un innocent ou encore mentir pour faire une bonne surprise &agrave; quelqu&rsquo;un)&nbsp;? Selon la seconde raison, le mensonge serait immoral non pas parce qu&rsquo;il s&rsquo;&eacute;carterait du vrai mais parce qu&rsquo;il induirait autrui en erreur. Mais c&rsquo;est exactement ce qu&rsquo;a fait saint Athanase, pourtant lou&eacute; pour n&rsquo;avoir pr&eacute;cis&eacute;ment pas menti. Nous ne r&eacute;soudrons pas ce probl&egrave;me mais nous souhaitions simplement attirer l&rsquo;attention du lecteur sur les difficult&eacute;s qu&rsquo;il y a &agrave; s&eacute;parer mensonge et tromperie d&rsquo;un point de vue &eacute;thique (Williams 2002, 126-127). L&rsquo;accusation d&rsquo;erreur en tant qu&rsquo;&eacute;nonc&eacute; involontairement faux, quant &agrave; elle, rel&egrave;ve, non pas d&rsquo;un point de vue &eacute;thique, mais d&rsquo;un point de vue m&eacute;thodologique. L&rsquo;historien n&rsquo;est cens&eacute; ni se tromper, ni &ndash; &agrave; plus forte raison &ndash; tromper ou mentir. Dans la partie sur le droit ci-apr&egrave;s, nous reviendrons sur les erreurs invincibles et les erreurs inexcusables.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">L&rsquo;erreur en sciences naturelles</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Bien que les math&eacute;matiques soient centrales dans l&rsquo;&eacute;difice des sciences, l&rsquo;erreur en math&eacute;matique n&rsquo;est pas du m&ecirc;me ordre que l&rsquo;erreur dans les autres disciplines. En effet, contrairement &agrave; l&rsquo;erreur d&rsquo;ing&eacute;nieur, qui peut donner lieu &agrave; des cons&eacute;quences f&acirc;cheuses (ou heureuses, du reste) l&rsquo;erreur en math&eacute;matique n&rsquo;aurait, en tant que telle, aucun effet sur le monde ext&eacute;rieur (Baruk 1985&nbsp;: 44).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Selon Bachelard, l&rsquo;erreur joue un r&ocirc;le p&eacute;dagogique&nbsp;: le scientifique &ndash; et l&rsquo;enfant avant lui &ndash; apprend &agrave; dire non &agrave; son intuition et &agrave; tout ce qu&rsquo;il croit avoir compris. Les obstacles &eacute;pist&eacute;mologiques sont autant de passages oblig&eacute;s d&rsquo;une compr&eacute;hension scientifique du monde &agrave; une autre plus aboutie. Il ne faut donc pas d&eacute;nigrer l&rsquo;erreur ni se contenter de la c&eacute;l&eacute;brer mais la contempler dans un premier temps, l&rsquo;interroger, la saisir pour, enfin, la surmonter&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">&laquo;&nbsp;[E]rreur, tu n&rsquo;es pas un mal. Comme le dit fort bien M. Enriques. &ldquo;R&eacute;duire l&rsquo;erreur &agrave; une distraction de l&rsquo;esprit fatigu&eacute;, c&rsquo;est ne consid&eacute;rer que le cas du comptable qui aligne des chiffres. Le champ &agrave; explorer est bien plus vaste, lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un v&eacute;ritable travail intellectuel.&rdquo; C&rsquo;est alors qu&rsquo;on acc&egrave;de &agrave; l&rsquo;erreur positive, &agrave; l&rsquo;erreur normale, &agrave; l&rsquo;erreur utile&nbsp;; guid&eacute; par une doctrine des erreurs normales, on apprendra &agrave; distinguer, comme le dit encore M. Enriques &ldquo;les fautes auxquelles il convient de chercher une raison de celles qui, &agrave; proprement parler, ne sont pas des erreurs, mais des affirmations gratuites, faites, sans aucun effort de pens&eacute;e, par des bluffeurs qui comptent sur la chance pour deviner du coup&nbsp;; dans ce dernier cas l&rsquo;entendement n&rsquo;y est pour rien&rdquo;&nbsp;&raquo;. (Bachelard 1938&nbsp;: 243)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">On le voit, Bachelard t&acirc;che de donner<span style="letter-spacing:.2pt"> &agrave; l&rsquo;erreur une place positive et n&eacute;cessaire, pour peu, bien entendu, que l&rsquo;erreur soit le fruit d&rsquo;une r&eacute;flexion et </span><span style="letter-spacing:.1pt">d&rsquo;un effort. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;erreur</span><span style="letter-spacing:.2pt"> joue un r&ocirc;le positif si elle est le meilleur r&eacute;sultat auquel il &eacute;tait possible d&rsquo;arriver vu l&rsquo;&eacute;tat de nos connaissances. C&rsquo;est suite &agrave; ce genre d&rsquo;erreur que l&rsquo;enseignant est en mesure de f&eacute;liciter l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve tout en pr&eacute;cisant que sa r&eacute;ponse est erron&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Popper fait &eacute;galement jouer &agrave; l&rsquo;erreur un r&ocirc;le central mais en d&eacute;pla&ccedil;ant la question. La perspective est d&eacute;sormais moins celle de l&rsquo;apprenant &ndash; comme chez Bachelard &ndash; que celle de la th&eacute;orie scientifique. Popper r&eacute;agit aux propositions du v&eacute;rificationnisme, doctrine d&rsquo;apr&egrave;s laquelle une th&eacute;orie est scientifique s&rsquo;il est possible de savoir comment l&rsquo;on peut la v&eacute;rifier. Si, &agrave; l&rsquo;inverse, une th&eacute;orie est inv&eacute;rifiable, c&rsquo;est le signe qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas scientifique. Popper poursuit cette exigence de scientificit&eacute; et d&eacute;place le curseur&nbsp;: une th&eacute;orie sera scientifique non pas si elle est v&eacute;rifiable mais si l&rsquo;on peut la r&eacute;futer, la falsifier.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">&laquo;&nbsp;Mais nous ne voulons toutefois reconna&icirc;tre comme empirique qu&rsquo;un syst&egrave;me susceptible d&rsquo;un <i>contr&ocirc;le</i> par l&rsquo;&ldquo;exp&eacute;rience&rdquo;. Cette consid&eacute;ration nous sugg&egrave;re de proposer comme crit&egrave;re de d&eacute;marcation non pas la v&eacute;rifiabilit&eacute; mais la <i>falsifiabilit&eacute;</i> du syst&egrave;me. En d&rsquo;autres termes, nous n&rsquo;exigeons pas que le syst&egrave;me puisse, au moyen de la m&eacute;thode empirique, &ecirc;tre distingu&eacute; d&eacute;finitivement de mani&egrave;re positive, mais exigeons que la forme logique du syst&egrave;me permette de le distinguer n&eacute;gativement au moyen du contr&ocirc;le m&eacute;thodique&nbsp;: <i>un syst&egrave;me de la science empirique doit pouvoir &ecirc;tre mis en &eacute;chec par l&rsquo;exp&eacute;rience</i>.&nbsp;&raquo; (Popper 1935&nbsp;: 255-256)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">La r&eacute;futation &ndash;&nbsp;la d&eacute;monstration du caract&egrave;re erron&eacute; d&rsquo;une th&eacute;orie&nbsp;&ndash; ou plut&ocirc;t la r&eacute;futabilit&eacute; devient donc le crit&egrave;re de scientificit&eacute;&nbsp;: une th&eacute;orie qui n&rsquo;est pas susceptible d&rsquo;&ecirc;tre erron&eacute;e ne trouve plus sa place dans la science selon Popper. En outre, dans la perspective popp&eacute;rienne, on retient la th&eacute;orie qui se soumet &agrave; la critique visant &agrave; la falsifier et qui, ensuite, y r&eacute;siste le mieux.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Erreur en sciences humaines</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">Les sciences humaines int&egrave;grent une dimension absente dans les sciences de la nature&nbsp;: les normes humaines. En effet, alors que les sciences de la nature &ndash; au sens strict, puisqu&rsquo;on pourrait inclure la sociologie dans les sciences de la nature au sens large &ndash; &eacute;tudient, analysent, isolent les lois de </span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">la physique, lesquelles sont cens&eacute;es &ecirc;tre ind&eacute;pendantes de l&rsquo;observateur, les normes que scrutent les sciences humaines sont telles que l&rsquo;observateur <i>lit</i> les normes au travers de sa propre personnalit&eacute; et de son profil psychosociologique. D&rsquo;ailleurs, toute une partie de la m&eacute;thodologie en sciences humaines aura pour vocation de cadrer (sans toutefois nier) la dimension de l&rsquo;interpr&eacute;tation dans le travail du chercheur, de sorte que celui-ci ne soit pas m&ucirc; par des consid&eacute;rations extrascientifiques.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">D&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, la norme en sciences humaines se comprend en fonction de la possibilit&eacute; de l&rsquo;erreur. En effet, il n&rsquo;y a de sens &agrave; parler d&rsquo;une norme sociale que s&rsquo;il est possible (donc ni impossible ni n&eacute;cessaire) que les agents s&rsquo;&eacute;cartent de la norme. Mais l&rsquo;inverse est-il vrai&nbsp;? L&rsquo;erreur suppose-t-elle l&rsquo;existence d&rsquo;une norme&nbsp;? Selon G&ouml;ran Sundholm, une erreur suppose l&rsquo;existence d&rsquo;une norme par rapport &agrave; laquelle un &eacute;cart se produit<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10"><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>. Winch le dit dans un passage souvent cit&eacute;&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&laquo;&nbsp;[L]&rsquo;id&eacute;e de suivre une r&egrave;gle est logiquement ins&eacute;parable de celle de <i>commettre une erreur</i>. S&rsquo;il est possible de dire de quelqu&rsquo;un qu&rsquo;il suit une r&egrave;gle, cela signifie que l&rsquo;on peut se demander s&rsquo;il fait ce qu&rsquo;il fait correctement ou non. Autrement, il n&rsquo;existe dans son comportement aucun point d&rsquo;appui par lequel la notion de r&egrave;gle puisse trouver &agrave; s&rsquo;appliquer&nbsp;; il n&rsquo;y a alors aucun sens &agrave; d&eacute;crire son comportement de cette mani&egrave;re, &agrave; partir du moment o&ugrave; tout ce qu&rsquo;il fait est aussi bien que ce qu&rsquo;il pourrait faire d&rsquo;autre, alors que tout l&rsquo;enjeu du concept de r&egrave;gle est qu&rsquo;il doit nous permettre d&rsquo;<i>&eacute;valuer</i> ce qui est en train d&rsquo;&ecirc;tre fait.&nbsp;&raquo; (Winch 1958&nbsp;: 88).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Winch conditionne donc l&rsquo;existence d&rsquo;une r&egrave;gle &agrave; la possibilit&eacute; de l&rsquo;erreur. </span></span><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Roth appelle ceci le &laquo;&nbsp;probl&egrave;me&nbsp;de Winch&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;</span></span><span lang="EN-GB" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">if no rules, then no social kinds, <i>i.e.</i> nothing brutally social to be explained.</span></span><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&nbsp;&raquo;</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> (Roth 2003: 391). En l&rsquo;absence de r&egrave;gles, il n&rsquo;est pas possible de parler de cat&eacute;gories sociales&nbsp;: sans r&egrave;gles, on ne saurait parler de faits sociaux. Roth soutient quant &agrave; lui l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une asym&eacute;trie entre l&rsquo;erreur et la norme&nbsp;: la norme suppose certes la possibilit&eacute; d&rsquo;une erreur, mais l&rsquo;inverse n&rsquo;est pas vrai, puisqu&rsquo;une erreur est envisageable sans qu&rsquo;une norme n&rsquo;ait exist&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">&laquo;&nbsp;</span></span></span><span lang="EN-GB" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">I argue that an asymmetric relation exists between the notion of mistakes and that of the social. In particular, mistakes do not presuppose a concept of the social, but the concept of the social requires prior specification of a category of mistakes. But no such prior specification proves possible.&nbsp;&raquo; (Roth 2003: 389)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span lang="EN-GB" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ainsi, selon Roth, l&rsquo;erreur ne suppose pas n&eacute;cessairement l&rsquo;existence d&rsquo;une norme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mistakes can occur even in the <i>absence</i> of rules, norms, etc.&nbsp;&raquo; </span></span><span lang="FR-CA" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">(Roth 2003: 390). Un exemple peut nous aider &agrave; nous repr&eacute;senter la chose&nbsp;</span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">: il y a de nombreuses erreurs aux &eacute;checs qui consistent &agrave; ne pas jouer strat&eacute;giquement, sans toutefois que l&rsquo;on puisse formuler les r&egrave;gles strat&eacute;giques qui sont transgress&eacute;es<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11"><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a></span></span><b>&thinsp;</b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;erreur est donc en sciences sociales encore plus centrale qu&rsquo;en sciences exactes, puisqu&rsquo;elle est partie prenante de la d&eacute;finition des objets &eacute;tudi&eacute;s (les normes). En outre, les exigences popp&eacute;riennes de falsifiabilit&eacute; trouvent &eacute;galement &agrave; s&rsquo;appliquer, le cas &eacute;ch&eacute;ant, dans les sciences sociales.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Erreur en droit</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Comme en science, la notion de l&rsquo;erreur est tr&egrave;s pr&eacute;sente en droit, mais sur un mode tr&egrave;s diff&eacute;rent. En effet, si le d&eacute;bat reste ouvert de savoir si le discours scientifique vise &agrave; produire une description pr&eacute;cise et concordante du monde ou bien des th&eacute;ories qui soient simplement utilisables, il en va autrement dans le domaine du droit. Ici, le but n&rsquo;est jamais de d&eacute;crire le monde &ndash; encore que la <i>th&eacute;orie </i>du droit a pour vocation de d&eacute;crire l&rsquo;&eacute;tat du droit. Le droit vise plut&ocirc;t &agrave; <i>g&eacute;rer</i> les rapports des citoyens entre eux ainsi que leur rapport &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat. Le droit n&rsquo;offre donc pas une approximation d&rsquo;une description du monde mais un ensemble d&rsquo;outils et d&rsquo;instruments dont chacun peut se servir &agrave; sa guise.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;erreur est une notion tr&egrave;s pr&eacute;sente en droit et nous nous proposons de s&eacute;lectionner, parmi un ensemble de possibilit&eacute;s (erreur judiciaire, erreur de fait, erreur de droit, erreur sur la substance, l&rsquo;erreur <i>in negotio</i>, l&rsquo;erreur <i>in corpore</i>, etc.) deux types d&rsquo;erreurs qui sont int&eacute;ressantes pour ce qui concerne, pr&eacute;cis&eacute;ment, les autres domaines, y compris les sciences de la nature et les sciences sociales. Les deux types d&rsquo;erreurs qui nous retiendront ici sont l&rsquo;erreur invincible et l&rsquo;erreur inexcusable.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;adage <i>Nul n&rsquo;est cens&eacute; ignorer la loi </i>permet au juge de ne pas avoir &agrave; tenir compte du fait que l&rsquo;accus&eacute; ignorait la loi. Cet adage est souvent d&eacute;crit comme une fiction&nbsp;; il s&rsquo;agit plut&ocirc;t selon nous d&rsquo;une pr&eacute;somption irr&eacute;fragable, c&rsquo;est-&agrave;-dire que l&rsquo;on ne peut pas renverser (Goltzberg 2012), selon laquelle le juge n&rsquo;a pas le droit de <i>motiver</i> une d&eacute;cision de justice en faisant appel &agrave; l&rsquo;ignorance de l&rsquo;accus&eacute;, m&ecirc;me s&rsquo;il est av&eacute;r&eacute; qu&rsquo;il l&rsquo;ignorait (c&rsquo;est en cela que la pr&eacute;somption est irr&eacute;fragable). Cet adage est toutefois nuanc&eacute; par l&rsquo;existence des erreurs invincibles. Voici l&rsquo;une des formulations de l&rsquo;erreur invincible&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">&laquo;&nbsp;N&rsquo;est pas p&eacute;nalement responsable la personne qui justifie avoir cru, par une erreur sur le droit qu&rsquo;elle n&rsquo;&eacute;tait pas en mesure d&rsquo;&eacute;viter, pouvoir l&eacute;gitimement accomplir l&rsquo;acte.&nbsp;&raquo; Article 122-3 du <i>code p&eacute;nal fran&ccedil;ais</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Si par exemple l&rsquo;accus&eacute; parvient &agrave; montrer qu&rsquo;il a re&ccedil;u au sujet d&rsquo;un projet une autorisation d&rsquo;une administration, alors que cette action est en r&eacute;alit&eacute; interdite par la loi, il pourra, sous certaines conditions restrictives, b&eacute;n&eacute;ficier de la qualification d&rsquo;erreur invincible. En r&eacute;sum&eacute;, alors que la justification invoquant l&rsquo;erreur sur le contenu de la l&eacute;gislation est bloqu&eacute;e par l&rsquo;adage <i>Nul n&rsquo;est cens&eacute; ignorer la loi</i>, celui-ci conna&icirc;t toutefois des exceptions.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.15pt">Face &agrave; l&rsquo;erreur invincible, il y a l&rsquo;erreur inexcusable. Une erreur, en droit civil, est prise en compte uniquement dans la mesure o&ugrave; elle aurait pu &ecirc;tre commise par une personne raisonnable. Inversement, certaines erreurs commises par un professionnel seront jug&eacute;es inexcusables si ce professionnel est cens&eacute; poss&eacute;der une parfaite ma&icirc;trise d&rsquo;un probl&egrave;me. Ainsi, aura commis une erreur inexcusable un commer&ccedil;ant qui, ayant command&eacute; du tissu pour fabriquer des imperm&eacute;ables, s&rsquo;aper&ccedil;oit ensuite que les tissus command&eacute;s ne sont pas imperm&eacute;ables (Van Ommeslaghe 2010&nbsp;: 239). Il est certes <i>possible</i> (quoique malheureux) qu&rsquo;un commer&ccedil;ant commette ce type d&rsquo;erreur, mais le caract&egrave;re erron&eacute; de son intention n&rsquo;est pas &agrave; m&ecirc;me d&rsquo;annuler les termes du contrat.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En r&eacute;sum&eacute;, l&rsquo;erreur invincible rend caduque la responsabilit&eacute; de celui qui la commet, alors que l&rsquo;erreur inexcusable rend vaine toute justification.</span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Comment rendre l&rsquo;erreur impossible&nbsp;?</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Il existe plusieurs mani&egrave;res d&rsquo;emp&ecirc;cher les erreurs. Une fa&ccedil;on est d&rsquo;&eacute;viter d&rsquo;en faire &ndash; t&acirc;che &ocirc; combien difficile &ndash;, l&rsquo;autre est de rendre impossible leur apparition. Il suffit dans le premier cas de se comporter de mani&egrave;re parfaite, ce qui n&rsquo;est pas toujours r&eacute;alisable. En revanche, aucune perfection n&rsquo;est requise pour s&rsquo;assurer l&rsquo;infaillibilit&eacute;, il suffit de <i>d&eacute;cider</i> qu&rsquo;un corpus donn&eacute; sera tel qu&rsquo;aucune critique ne sera recevable. Analysons quatre syst&egrave;mes qui ont mis au point une telle infaillibilit&eacute;.</span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le holisme</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le holisme est la doctrine d&rsquo;apr&egrave;s laquelle les &eacute;l&eacute;ments prennent leur sens &agrave; partir de la totalit&eacute; dans laquelle ils s&rsquo;ins&egrave;rent. Le holisme s&rsquo;oppose &agrave; l&rsquo;atomisme en ce que ce dernier prend l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; atomique (la phrase) comme unit&eacute; susceptible d&rsquo;&ecirc;tre vraie, fausse, v&eacute;rifi&eacute;e ou falsifi&eacute;e. Le holisme con&ccedil;oit plut&ocirc;t la th&eacute;orie comme un tout dans lequel les &eacute;nonc&eacute;s &ndash; dont certains renvoient individuellement &agrave; un &eacute;tat de choses &ndash; se r&eacute;pondent les uns aux autres. Selon Quine, qui pr&ocirc;nait un holisme nuanc&eacute;, si un &eacute;nonc&eacute; devait s&rsquo;av&eacute;rer faux, il serait <i>toujours</i> possible de le sauver &ndash; de sauver les apparences&nbsp;&ndash; quitte &agrave; devoir plaider l&rsquo;hallucination. En &eacute;crivant d&rsquo;une part &laquo;&nbsp;Any statement can be held true come what may&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;no statement is immune to revision&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12"><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>, Quine montre combien, m&ecirc;me en science, la possibilit&eacute; d&rsquo;une erreur et d&rsquo;une falsification est d&eacute;termin&eacute;e par des d&eacute;cisions en amont&nbsp;: si l&rsquo;acceptation du caract&egrave;re erron&eacute; d&rsquo;une partie de la th&eacute;orie est trop co&ucirc;teux (car il faudrait abandonner toute la th&eacute;orie), on peut <i>modifier</i> d&rsquo;autres parties du syst&egrave;me pour accommoder cette erreur <i>apparente</i>. Ainsi, on plaidera par exemple l&rsquo;hallucination locale &agrave; propos d&rsquo;une observation qui contredit la th&eacute;orie, pour ne pas avoir &agrave; la remplacer dans son ensemble. Une erreur, comme l&rsquo;indiquait Schiller, n&rsquo;existe pas en soi mais est tributaire de la mani&egrave;re dont on est pr&ecirc;t &agrave; l&rsquo;envisager. </span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Infaillibilit&eacute; du scribe comme auteur</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">En philologie, on distingue d&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale deux types de <span style="letter-spacing:-.2pt">changements op&eacute;r&eacute;s par les scribes, selon</span> <span style="letter-spacing:-.1pt">qu&rsquo;ils sont d&rsquo;origine m&eacute;canique ou conceptuelle. Alors que les derniers sont le fruit d&rsquo;une mauvaise interpr&eacute;tation, les premiers sont involontaires. C&rsquo;est ainsi que Weiss Halivni, notamment, distingue deux types de changements r&eacute;dactionnels&nbsp;: les changements transmissionnels &laquo;&nbsp;p&eacute;n&egrave;trent dans le texte sans que le transmetteur en ait conscience&nbsp;&raquo;&nbsp;: elles sont la &laquo;&nbsp;simple cons&eacute;quence de la faillibilit&eacute; humaine&nbsp;&raquo;. En revanche, les changements r&eacute;dactionnels &laquo;&nbsp;se font consciemment&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;ne se produisent que par la volont&eacute; des r&eacute;dacteurs&nbsp;&raquo; (Weiss Halivni 2011&nbsp;: 17). </span><span style="letter-spacing:.05pt">Canfora admet, avec Weiss Halivni, que l&rsquo;immense majorit&eacute; des changements sont volontaires, mais il va encore plus loin&nbsp;: pour sa part, il remet en question l&rsquo;opposition </span><span style="letter-spacing:-.1pt">entre les fautes selon qu&rsquo;elles seraient m&eacute;caniques ou conceptuelles. En effet,</span><span style="letter-spacing:.05pt"> m&ecirc;me dans les fautes m&eacute;caniques, Canfora soutient qu&rsquo;il existe un facteur conceptuel (Canfora 2012&nbsp;: 31). En d&rsquo;autres termes, le scribe ne saurait v&eacute;ritablement commettre d&rsquo;erreurs&nbsp;; il proc&egrave;de &agrave; des changements qu&rsquo;il </span>assume en r&eacute;alit&eacute; beaucoup plus qu&rsquo;on ne le croit. C&rsquo;est la raison pour laquelle il fait du scribe un auteur &agrave; part enti&egrave;re.</span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le discours th&eacute;ologique</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le discours th&eacute;ologique part de certains pr&eacute;suppos&eacute;s, dont celui de la perfection de Dieu et donc du texte r&eacute;v&eacute;l&eacute;. Ainsi, toute action consign&eacute;e dans les textes sacr&eacute;s et portant sur Dieu sera analys&eacute;e comme ne contenant pas de trace d&rsquo;imperfection dans la personne divine. Si de telles imperfections devaient se pr&eacute;senter, elles seraient traduites automatiquement comme <i>apparentes</i> et seraient lev&eacute;es par le discours apolog&eacute;tique. Mais il convient de distinguer le m&eacute;tar&eacute;cit<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13"><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a> th&eacute;ologique et une analyse plus fine. Selon le m&eacute;tar&eacute;cit th&eacute;ologique, un texte est accept&eacute; dans le canon biblique en vertu de sa perfection (pas de contradictions, une construction pleinement justifi&eacute;e, etc.). En revanche, d&rsquo;apr&egrave;s une analyse proc&eacute;dant par d&eacute;centrement, c&rsquo;est l&rsquo;inverse qui est vrai&nbsp;: le texte sera parfait <i>en vertu</i> de sa canonisation &ndash; ce qui ne signifie pas que les raisons qui pr&eacute;sident &agrave; la canonisation soient arbitraires. Une fois que le texte aura &eacute;t&eacute; canonis&eacute;, les interpr&egrave;tes officiels du texte s&rsquo;attacheront &agrave; <i>lever</i> les contradictions, les redondances et autres d&eacute;fauts putatifs. Il arrive que l&rsquo;auteur de commentaires de la Bible proc&egrave;de &agrave; son tour &agrave; une d&eacute;cision selon laquelle son propre texte doit &ecirc;tre lu avec la m&ecirc;me acribie<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14"><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a> que la Bible elle-m&ecirc;me. Ainsi, Ma&iuml;monide pr&eacute;vient son lecteur</span></span><span lang="NL" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> que </span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;dans ce trait&eacute;, il ne m&rsquo;est jamais arriv&eacute; de parler comme par hasard mais (tout a &eacute;t&eacute; dit) avec une grande exactitude et avec beaucoup de pr&eacute;cision&nbsp;&raquo; (Ma&iuml;monide, <i>Guide des &eacute;gar&eacute;s&nbsp;: </i>23). Cette remarque, entre autres, a convaincu Leo Strauss que Ma&iuml;monide a pratiqu&eacute; un art d&rsquo;&eacute;crire pour initi&eacute;s &ndash; qui pratiqueraient l&rsquo;art de lire &ndash; et tel que seul les non-initi&eacute;s prendraient pour des erreurs ce qui en r&eacute;alit&eacute; est un syst&egrave;me crypt&eacute; de messages h&eacute;t&eacute;rodoxes (Strauss 1941&nbsp;: 209-276).</span></span></span></span></p> <h3><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><i><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Le syst&egrave;me juridique</span></span></i></b></span></span></h3> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dans la vision (caricaturalement) positiviste du droit, la loi est la seule source du droit, elle est exhaustive et ne contient ni contradiction ni lacune. &Agrave; nouveau, si la loi semble pr&eacute;senter une lacune (un cas n&rsquo;ayant manifestement pas &eacute;t&eacute; pr&eacute;vu par le l&eacute;gislateur), de deux choses l&rsquo;une&nbsp;: soit une des cat&eacute;gories juridiques sera &eacute;tendue par analogie (par exemple l&rsquo;extension de la d&eacute;finition d&rsquo;une ancienne arme interdite afin de condamner une nouvelle arme), soit l&rsquo;objet soi-disant non pr&eacute;vu par la loi (la nouvelle arme) sera consid&eacute;r&eacute; comme autoris&eacute;. Ce n&rsquo;est pas que l&rsquo;on <i>ne trouve pas</i> de lacune dans un corps de lois, c&rsquo;est plut&ocirc;t que l&rsquo;on <i>n&rsquo;admet pas</i> de lacunes. Celles-ci seront automatiquement <i>traduites</i> comme un ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;un autre ordre.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Il est important de relever que l&rsquo;immunisation contre l&rsquo;erreur est en grande partie similaire dans le discours th&eacute;ologique et dans les philosophies du droit positivistes. C&rsquo;est, en quelque sorte, un (bon) usage de la parano&iuml;a, qui est certes un d&eacute;lire d&rsquo;interpr&eacute;tation mais un d&eacute;lire structur&eacute;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.2pt">&nbsp;; le juriste positiviste qui va relire le texte de loi pour y faire entrer &agrave; tout prix certaines significations qu&rsquo;il n&rsquo;a manifestement pas se comporte, <i>mutatis mutandis</i>, comme un &ecirc;tre d&eacute;lirant sous la forme d&rsquo;un d&eacute;lire coh&eacute;rent et syst&eacute;matis&eacute;&nbsp;: chaque mot de la loi en vient &agrave; &ecirc;tre dot&eacute; d&rsquo;une signification nouvelle, ce qui permet de d&eacute;duire toutes sortes de normes d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments qui seraient, autrement, redondants. Notre analogie est ponctuelle et vise uniquement trois points&nbsp;: le caract&egrave;re syst&eacute;matique du raisonnement (la parano&iuml;a n&rsquo;est pas un d&eacute;lire d&eacute;structur&eacute;), le dispositif qui rend impossible l&rsquo;erreur, et la pr&eacute;supposition (implicite dans la parano&iuml;a mais explicite en droit et en th&eacute;ologie) de la perfection de l&rsquo;auteur du discours immunis&eacute;. En effet, le l&eacute;gislateur n&rsquo;est pas susceptible de se tromper, pas plus que le Cr&eacute;ateur dont parle le texte biblique.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">&Eacute;cole de Bruxelles&nbsp;: l&rsquo;erreur comme type de connaissance</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Eug&egrave;ne Dupr&eacute;el, chef de file de l&rsquo;&Eacute;cole de Bruxelles, a soulign&eacute; les dangers qu&rsquo;il y avait &agrave; confondre &ndash;&nbsp;comme cela s&rsquo;est fait classiquement en philosophie&nbsp;&ndash; la connaissance et la connaissance vraie. Ce sont, dit-il, des objets diff&eacute;rents. La connaissance contient la connaissance vraie, la connaissance fausse (notamment l&rsquo;erreur) et la connaissance qui n&rsquo;est ni vraie ni fausse. Ainsi l&rsquo;erreur n&rsquo;est pas d&eacute;crite par Dupr&eacute;el comme l&rsquo;oppos&eacute; de la connaissance mais comme une sous-cat&eacute;gorie de la connaissance. Il consid&egrave;re toutefois la v&eacute;rit&eacute; comme une valeur &eacute;minente et qui s&rsquo;oppose &agrave; l&rsquo;erreur. Mais la raison pour laquelle la v&eacute;rit&eacute; s&rsquo;oppose &agrave; l&rsquo;erreur ne rel&egrave;ve pas tant de la sup&eacute;riorit&eacute; du vrai en soi que de l&rsquo;utilit&eacute; du vrai. Or, il arrive certes que des repr&eacute;sentations erron&eacute;es s&rsquo;av&egrave;rent utiles&nbsp;: Dupr&eacute;el invoque une faute de calcul qui, <i>felix culpa</i>, rendrait par hasard un pont plus solide encore que si l&rsquo;erreur avait &eacute;t&eacute; &eacute;vit&eacute;e. Ce cas est tout &agrave; fait possible, mais d&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, le vrai est &agrave; privil&eacute;gier parce qu&rsquo;il est plus souvent utile et fiable.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">L&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie de Dupr&eacute;el, qui ne se dit pas en tant que tel pragmatiste, annonce celle de son &eacute;l&egrave;ve Perelman, autre grande figure de l&rsquo;&Eacute;cole de Bruxelles, lequel a fait, plus que son ma&icirc;tre, le deuil de la notion de v&eacute;rit&eacute;, en particulier en philosophie du droit. En fait, la v&eacute;rit&eacute; n&rsquo;est plus que l&rsquo;une des nombreuses valeurs qui sous-tendent les divers arguments mais elle ne poss&egrave;de plus l&rsquo;aura qu&rsquo;elle avait dans la philosophie classique. Enfin, le d&eacute;saccord n&rsquo;est plus, chez Perelman, comme il l&rsquo;&eacute;tait chez Descartes, le signe d&rsquo;une erreur et donc de la fausset&eacute; des deux th&eacute;ories en pr&eacute;sence. Si l&rsquo;une des deux th&eacute;ories &eacute;tait vraie, elle emporterait sans doute l&rsquo;adh&eacute;sion, du point de vue cart&eacute;sien.</span></span></span></span></span></p> <h2><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Conclusion</span></span></span></b></span></span></h2> <p style="text-align: justify; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">L&rsquo;erreur est un objet d&rsquo;&eacute;tude passionnant parce que son statut dans tout syst&egrave;me de pens&eacute;e en dit long sur la mani&egrave;re dont on con&ccedil;oit notamment l&rsquo;humain, le divin, l&rsquo;interpr&eacute;tation, la th&eacute;orie de la connaissance. C&rsquo;est vraisemblablement une notion dont on ne peut gu&egrave;re se passer, et qu&rsquo;il convient de distinguer, comme nous avons essay&eacute; de le faire, des ph&eacute;nom&egrave;nes qui lui ressemblent sur certains points, comme le mensonge, la tromperie, la fiction ou l&rsquo;illusion (au sens de Freud). En conclusion, il est peut-&ecirc;tre salutaire de rappeler que si l&rsquo;erreur touche en partie au r&eacute;el &ndash; un &eacute;nonc&eacute; erron&eacute; est n&eacute;cessairement faux &ndash; la qualification d&rsquo;erreur est dans une certaine mesure &eacute;galement le fruit d&rsquo;une d&eacute;cision. L&rsquo;on <i>d&eacute;cidera</i> qu&rsquo;une erreur est possible ou impossible, et que telle erreur est invincible ou inexcusable.</span></span></span></span></p> <p align="center" style="text-align: center; text-indent: 8.5pt;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica">* * *</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><b><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Bibliographie</span></span></span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;Anscombe, Gertrude Elizabeth M., <i>L&rsquo;Intention</i>, traduit de l&rsquo;anglais par Mathieu Maurice et Cyrille Michon, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Nrf&nbsp;Biblioth&egrave;que de philosophie&nbsp;&raquo;, [1957], 2002.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.1pt">Austin, John Langshaw, <i>Philosophical Papers</i>, edit&eacute; par J.&nbsp;O. Urmson et G. J. Warnock, Oxford et New York, Clarendon Paperbacks, Oxford University Press, [1961], 1979.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Bachelard, Gaston, <i>La Formation de l&rsquo;esprit scientifique. Contribution &agrave; une psychanalyse de la connaissance</i>, Paris, Vrin, &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que des textes philosophiques&nbsp;&raquo;, [1938], 1993.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Baruk, Stella, <i>L&rsquo;&Acirc;ge du capitaine. De l&rsquo;erreur en math&eacute;matique</i>, Paris, Seuil, 1985.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Canfora, Luciano, <i>Le Copiste comme auteur</i>, traduit de l&rsquo;italien par Laurent Calvi&eacute; et Gis&egrave;le Cocco, Toulouse, Anachrasis, &laquo;&nbsp;Essais&nbsp;&raquo;, 2012.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Dominicy, Marc, <i>Po&eacute;tique de l&rsquo;&eacute;vocation</i>, Paris, Classiques Garnier, 2011.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ducrot, Oswald, <i>Les <span style="text-transform:uppercase">&eacute;</span>chelles argumentatives, </i>Paris, Minuit, &laquo;&nbsp;Propositions&nbsp;&raquo;, 1980.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ducrot, Oswald, <i>Le <span style="text-transform:uppercase">d</span>ire et le dit, </i>Paris, Minuit, &laquo;&nbsp;Propositions&nbsp;&raquo;, 1984.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Freud, Sigmund, <i>L&rsquo;<span style="text-transform:uppercase">a</span>venir d&rsquo;une illusion</i>, traduit de l&rsquo;allemand par Marie Bonaparte, Paris, PUF, &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de psychanalyse&nbsp;&raquo;, [1927], 1973.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Goltzberg, Stefan, <i>Th&eacute;orie bidimensionnelle de l&rsquo;argumentation juridique. Pr&eacute;somption et argument </i>a fortiori<i>, </i>Bruxelles, Bruylant, 2012.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Ma&iuml;monide, <i>Le <span style="text-transform:uppercase">g</span>uide des &eacute;gar&eacute;s. Trait&eacute; de th&eacute;ologie et de philosophie</i>, traduit de l&rsquo;arabe par Salomon Munk, Paris, Maisonneuve &amp; Larose, 1970.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Popper, Karl, &laquo;&nbsp;Probl&egrave;mes fondamentaux de la logique de la connaissance&nbsp;&raquo;, traduit par <span style="letter-spacing:-.1pt">Christian Bonnet, (dir.) Laugier, Sandra et Pierre Wagner, <i>Philosophie des sciences</i>. <i>Th&eacute;ories, exp&eacute;riences et m&eacute;thodes</i>, Paris, Vrin, &laquo;&nbsp;Textes cl&eacute;s de philosophie des sciences&nbsp;&raquo;, [1935], 2004.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Quine</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">, Willard van Orman, <i>From a Logical Point of View</i>, Cambridge (Mass.) et Londres, Harvard University Press, 1953 (1961<sup>2</sup>).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Roth, Paul A., &laquo;&nbsp;Mistakes&nbsp;&raquo;, <i>Synthese</i>, Vol. 136, N&deg; 3 (sept. 2003), pp. 389-408.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Strauss, Leo, &laquo;&nbsp;Le caract&egrave;re litt&eacute;raire du &ldquo;Guide pour les perplexes&rdquo;&nbsp;&raquo; [1941], <i>in</i> Strauss, Leo, <i>Ma&iuml;monide</i>, traduit de l&rsquo;anglais et de l&rsquo;allemand par R&eacute;mi Brague, Paris, PUF, &laquo;&nbsp;&Eacute;pim&eacute;th&eacute;e&nbsp;&raquo;, 1988.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span lang="EN-US" style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Sundholm, G&ouml;ran, &laquo;&nbsp;Error&nbsp;&raquo;, <i>Topoi</i>, 2012/31, pp. 87-92.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Van Ommeslaghe, Pierre, <i>Droit des obligations - 3 tomes, </i>Bruxelles, Bruylant, 2010.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Weiss Halivni, David,<i> La Justification de la loi. Midrach, Michnah et Guemara</i> suivi de<i> La Formation du Talmud</i>, Introduction, traduction et &eacute;dition par Florian Deloup Wolfowicz, Modiin, Institut Wolfowicz, 2011.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Williams, Bernard, <i>V&eacute;rit&eacute; et v&eacute;racit&eacute;. Essai de g&eacute;n&eacute;alogie</i>, traduit de l&rsquo;anglais par Jean Lelaidier, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Nrf Essais&nbsp;&raquo;, [2002], 2006.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:8.5pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.2pt">&ndash;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">Winch, Peter, <i>L&rsquo;Id&eacute;e d&rsquo;une science sociale et sa relation &agrave; la philosophie, </i>traduit de l&rsquo;anglais par Michel Le Du, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Nrf&nbsp;Biblioth&egrave;que de philosophie&nbsp;&raquo;, [1958], 1999.</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[1]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Je tiens &agrave; remercier, pour leurs remarques, No&eacute;mie Benchimol, Jennifer Nigri, Oriane Petteni, ainsi, notamment, que les &eacute;valuateurs de la contribution.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[2]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Nous nous concentrerons sur les &eacute;nonc&eacute;s erron&eacute;s et laisserons dans une certaine mesure de c&ocirc;t&eacute; les erreurs consistant en une action. Ainsi, lorsque nous disons que l&rsquo;erreur est li&eacute;e au faux, il faut comprendre :&nbsp; l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; erron&eacute; est li&eacute; au faux.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:.1pt">Austin, optimiste quant au r&ocirc;le de l&rsquo;&eacute;tymologie comme indicateur de la signification des mots &agrave; travers le temps, se propose de montrer que les termes <i>mistake</i> et <i>error</i> ont conserv&eacute; leur sens &eacute;tymologique : &laquo;&nbsp;a word never &ndash; well, hardly ever &ndash; shakes off its etymology and its formation. </span></span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">In spite of all changes in and extensions of and additions to its meanings, and indeed rather pervading and governing these, there will still persist the old idea. In an <i>accident</i> something befalls: by <i>mistake</i> you take the wrong one : in <i>error</i> you stray &raquo; (Austin 1961 : 201-202). </span></span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:.1pt">Ce qui compte peut-&ecirc;tre davantage que le sens &eacute;tymologique, c&rsquo;est la diff&eacute;rence entre <i>mistake</i> et <i>error : </i>une <i>mistake</i> est une erreur facilement identifiable, alors que l&rsquo;on peut tr&egrave;s bien savoir que l&rsquo;on a commis une <i>error</i> sans savoir o&ugrave; exactement.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">&laquo; &sect;32 Un homme part faire le march&eacute;, une liste de courses &agrave; la main. La relation de cette liste aux choses qu&rsquo;il ach&egrave;te effectivement est exactement la m&ecirc;me, que la liste lui ait &eacute;t&eacute; donn&eacute;e par sa femme ou que ce soit la sienne propre. En revanche, la relation est diff&eacute;rente si une liste des achats est &eacute;tablie par un d&eacute;tective qui l&rsquo;a pris en filature. S&rsquo;il a fait la liste lui-m&ecirc;me, elle exprime son intention. Si c&rsquo;est son &eacute;pouse qui la lui a donn&eacute;e, elle a le r&ocirc;le d&rsquo;un ordre. En quoi l&rsquo;ordre et l&rsquo;intention ont-ils la m&ecirc;me relation &agrave; ce qui arrive, et non le rapport du d&eacute;tective ? Pr&eacute;cis&eacute;ment en ceci que si la liste ne concorde pas avec ce que l&rsquo;homme ach&egrave;te, et si c&rsquo;est uniquement en cela que consiste l&rsquo;erreur, alors l&rsquo;erreur n&rsquo;est pas dans la liste mais dans l&rsquo;action (si sa femme lui disait : &laquo; Regarde, c&rsquo;est &eacute;crit beurre et tu as achet&eacute; de la margarine &raquo;, il pourrait difficilement r&eacute;pondre : &laquo;&nbsp;Quelle erreur, il faut rectifier cela &raquo;, et remplacer le mot &laquo; beurre &raquo; par &laquo; margarine &raquo; sur la liste). En revanche, si le rapport du d&eacute;tective ne s&rsquo;accorde pas avec ce que l&rsquo;homme ach&egrave;te effectivement, l&rsquo;erreur se trouve dans le rapport. &raquo; Anscombe, Gertrude Elizabeth M., <i>L&rsquo;Intention,</i> traduit de l&rsquo;anglais par Mathieu Maurice et Cyrille Michon, Paris, Gallimard, &laquo; Nrf Biblioth&egrave;que de philosophie &raquo;, [1957], 2002, pp.106-107).</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.05pt">Les ph&eacute;nom&egrave;nes les plus &eacute;tudi&eacute;s par les th&eacute;ories de la polyphonie sont la n&eacute;gation, l&rsquo;&eacute;cho, le pr&eacute;suppos&eacute;, le sous-entendu, etc. (Ducrot 1980 et 1984).</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> <span style="letter-spacing:-.15pt">Certes, il est possible, <i>pour les besoins de l&rsquo;exercice, </i>de poursuivre une hypoth&egrave;se que l&rsquo;on sait erron&eacute;e afin d&rsquo;en montrer les cons&eacute;quences f&acirc;cheuses. Mais alors, on ne soutient pas l&rsquo;hypoth&egrave;se, on fait <i>comme</i></span> <i><span style="letter-spacing:-.15pt">si</span></i><span style="letter-spacing:-.15pt"> on la soutenait, comme dans une d&eacute;monstration par l&rsquo;absurde : si tel &eacute;tait le cas &ndash; <i>quod non</i> &ndash; il s&rsquo;ensuivrait ceci ou cela.</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Nous &eacute;crivons &laquo; devrait &raquo; parce que beaucoup d&rsquo;auteurs continuent de parler de <i>mensonges involontaires, </i>notamment lorsqu&rsquo;ils entendent parler de concepts comme la manipulation. C&rsquo;est selon nous une contradiction dans les termes : tout mensonge est intentionnel.</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Baruk met en cause la possibilit&eacute; d&rsquo;une erreur par &eacute;tourderie : &laquo; L&rsquo;&eacute;tourderie n&rsquo;existe pas, l&rsquo;erreur n&rsquo;est pas le fruit du hasard. &raquo; (Baruk 1985 :50).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Il est indispensable de distinguer les termes &laquo; faux &raquo; et &laquo; mensonger &raquo;. Dans plusieurs langues, il existe une confusion entre ces deux significations. Par exemple, en h&eacute;breu, le mot <i>shiqri,</i> provenant de <i>sheqer</i> (mensonge), signifie &agrave; la fois &laquo; faux &raquo; et &laquo; mensonger &raquo;. En n&eacute;erlandais, le mot <i>vals</i> signifie &laquo; mensonger &raquo; (intentionnellement faux) alors que <i>verkeerd</i> signifie simplement &laquo; faux &raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Voici la mani&egrave;re donc Sundholm le pr&eacute;sente : &laquo; A mistake, or error, is a cognitive act gone wrong. In order for us to be able to be wrong a norm is called for.&nbsp;&raquo; En outre : &laquo; In order that mistakes be possible, we need a norm of objectivity. &raquo; (Sundholm 2012 : 90).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Les normes strat&eacute;giques sont telles que leur transgression n&rsquo;est pas r&eacute;dhibitoire, elle a pour effet sur le joueur de diminuer ses chances de gagner. En revanche, les normes constitutives sont celles que l&rsquo;on ne peut pas transgresser sous peine de ne plus jouer le m&ecirc;me jeu. Par exemple, le fait que la tour ne se d&eacute;place pas en diagonale r&eacute;sulte des normes constitutives du jeu d&rsquo;&eacute;chec. Si quelqu&rsquo;un s&rsquo;avisait de d&eacute;placer sa tour en diagonale, ce n&rsquo;est pas qu&rsquo;il diminuerait ses chances de gagner ; il cesserait simplement de jouer aux &eacute;checs (orthodoxes, car il existe des versions non-orthodoxes du jeu d&rsquo;&eacute;chec avec d&rsquo;autres normes constitutives).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">Voici le passage en question: &laquo; Any statement can be held true come what may, if we make drastic enough adjustments elsewhere in the system. Even a statement very close to the periphery can be held true in the face of recalcitrant experience by pleading hallucination or by amending certain statements of the kind called logical laws. Conversely, by the same token, no statement is immune to revision. Revision even of the logical law of the excluded middle has been proposed as a means of simplifying quantum mechanics. &raquo; </span></span></span></span><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"><span style="letter-spacing:-.05pt">(Quine 1953: 43).</span></span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[13]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> M&eacute;tar&eacute;cit : r&eacute;cit destin&eacute; &agrave; justifier, &agrave; fonder des &eacute;nonc&eacute;s, en l&rsquo;occurrence th&eacute;ologiques (ndlr).</span></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri"><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14"><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black">[14]</span></span></span></sup></a><span style="font-size:9.0pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="color:black"> Acribie : souci de pr&eacute;cision, d&rsquo;exactitude et de pr&eacute;caution (ndlr).</span></span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p>