<p class="texte"><strong>DOSSIER : L&#39;AVENIR DE LA DEMOCRATIE</strong></p> <p class="texte"><em>Jean-Paul Nassaux est historien et politologue. Il collabore, en Belgique, au Centre de recherche et d&rsquo;information socio-politique (CRISP) et au Centre d&rsquo;&eacute;tudes et de recherches en Administration publique (CERAP) de l&rsquo;Universit&eacute; libre de Bruxelles</em></p> <p class="texte">On s&rsquo;identifie aujourd&rsquo;hui largement &agrave; la d&eacute;mocratie. Et pourtant, nos r&eacute;gimes occidentaux pr&eacute;sentent des sympt&ocirc;mes inqui&eacute;tants. S&rsquo;attaquer &agrave; ceux-ci implique pr&eacute;alablement une r&eacute;flexion sur la communaut&eacute; politique&nbsp;: o&ugrave; se situe-t-elle actuellement&nbsp;? Comment envisager son &eacute;volution&nbsp;?</p> <p class="texte">La d&eacute;mocratie se porte mal. Des intellectuels, de sensibilit&eacute;s diverses, s&rsquo;en pr&eacute;occupent, comme en atteste le nombre d&rsquo;ouvrages parus ces derni&egrave;res ann&eacute;es sur la question. Certes, l&rsquo;&eacute;tat de la d&eacute;mocratie a toujours fait l&rsquo;objet de controverses, la pluralit&eacute; des diagnostics &eacute;tant li&eacute;e &agrave; la polys&eacute;mie du terme. Parmi les verdicts les plus s&eacute;v&egrave;res figurait celui de Corn&eacute;lius Castoriadis, pour lequel nos r&eacute;gimes occidentaux ne rel&egrave;vent pas vraiment de la d&eacute;mocratie mais plut&ocirc;t de l&rsquo;oligarchie lib&eacute;rale. Cette fois cependant, c&rsquo;est la &laquo;&nbsp;tentative de priver <em>m&ecirc;me </em>la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative de sa validit&eacute; qui est en cours&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn1" id="bodyftn1">1</a></sup>. Pourtant, l&rsquo;effondrement du bloc communiste semblait avoir install&eacute; la d&eacute;mocratie comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;horizon de tout ordre politique l&eacute;gitime&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn2" id="bodyftn2">2</a></sup>. Mais la c&eacute;l&eacute;bration de cette victoire s&rsquo;est accompagn&eacute;e de l&rsquo;expansion du n&eacute;olib&eacute;ralisme, lequel contribue &agrave; une &laquo;&nbsp;d&eacute;-d&eacute;mocratisation&nbsp;&raquo; pour reprendre l&rsquo;expression de Wendy Brown. Pour la politologue am&eacute;ricaine, c&rsquo;est en effet un &laquo;&nbsp;assaut frontal&nbsp;&raquo; qui est men&eacute; contre les fondements de la d&eacute;mocratie lib&eacute;rale, &laquo;&nbsp;d&eacute;tournant ses principes&nbsp;&ndash; constitutionnalit&eacute;, &eacute;galit&eacute; devant la loi, libert&eacute;s politiques et civiles, autonomie politique, universalisme- vers les crit&egrave;res du march&eacute;, les ratios co&ucirc;ts/b&eacute;n&eacute;fices, l&rsquo;efficacit&eacute;, la rentabilit&eacute;&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn3" id="bodyftn3">3</a></sup>. Et Myriam Revault d&rsquo;Allonnes de constater qu&rsquo;avec le n&eacute;olib&eacute;ralisme, &laquo;&nbsp;toutes les dimensions de l&rsquo;exp&eacute;rience contemporaine (y compris le politique) doivent &ecirc;tre soumises &agrave; la rationnalit&eacute; &eacute;conomique&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn4" id="bodyftn4">4</a></sup> . L&rsquo;expertise fait reculer la politique. Luc Boltanski a ainsi diagnostiqu&eacute; un v&eacute;ritable changement de r&eacute;gime et un nouveau mode de domination dans le glissement d&rsquo;une d&eacute;finition de la politique fond&eacute;e sur un compromis entre, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, des repr&eacute;sentants du peuple investis du r&ocirc;le de porte-parole et, de l&rsquo;autre, des experts se r&eacute;clamant de l&rsquo;autorit&eacute; de la science, vers une d&eacute;finition de la politique presqu&rsquo;enti&egrave;rement subordonn&eacute;e au pouvoir d&rsquo;expertise<sup><a class="footnotecall" href="#ftn5" id="bodyftn5">5</a></sup>.</p> <p class="texte">Tout cela a accentu&eacute; un d&eacute;calage entre un discours officiel se parant des vertus de la d&eacute;mocratie et une pratique visant &agrave; confiner celle-ci sur des chemins clairement d&eacute;limit&eacute;s. Cette tentative de ma&icirc;trise de l&rsquo;acte d&eacute;mocratique repose pour partie sur l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;isation du message d&eacute;livr&eacute; par la majorit&eacute; des m&eacute;dias. Mais la cl&ocirc;ture peut &ecirc;tre renvers&eacute;e. On l&rsquo;a vu, au printemps 2005, avec les r&eacute;sultats du r&eacute;f&eacute;rendum fran&ccedil;ais et de la consultation populaire n&eacute;erlandaise relatifs au trait&eacute; &eacute;tablissant une constitution pour l&rsquo;Europe, ainsi qu&rsquo;en juin 2008, avec celui du r&eacute;f&eacute;rendum irlandais sur le trait&eacute; de Lisbonne. Il s&rsquo;agit d&egrave;s lors de neutraliser<sup><a class="footnotecall" href="#ftn6" id="bodyftn6">6</a></sup> le vote populaire. Soit en faisant adopter par la voie parlementaire le texte rejet&eacute; &ndash;modifi&eacute; &agrave; la marge, pour la forme-, soit en obligeant le peuple r&eacute;ticent &agrave; revoter, lui adressant &agrave; cette occasion de s&eacute;rieuses mises en garde. Il n&rsquo;emp&ecirc;che, les peuples s&rsquo;obstinent &agrave; se faire entendre. &laquo;&nbsp;La d&eacute;mocratie peut se r&eacute;affirmer &agrave; travers les formes politiques les plus diverses&nbsp;&raquo;, observe Kristin Ross<sup><a class="footnotecall" href="#ftn7" id="bodyftn7">7</a></sup> . La voie peut &ecirc;tre chaotique, comme l&rsquo;ont montr&eacute; les Italiens qui, lors des &eacute;lections des 24 et 25 f&eacute;vrier 2013, ont vot&eacute; en masse pour un comique &ndash;&nbsp;Beppe Grillo&nbsp;&ndash; plut&ocirc;t que pour le candidat &laquo;&nbsp;raisonnable&nbsp;&raquo;&nbsp;&ndash; Mario Monti&nbsp;&ndash;, investi par l&rsquo;Europe et les march&eacute;s. &laquo;&nbsp;L&rsquo;italie est un laboratoire politique dans lequel on exp&eacute;rimente ce qui deviendra une condition g&eacute;n&eacute;rale&nbsp;&raquo;, avertit le philosophe italien Gianni Vattimo, qui estime que la perc&eacute;e du mouvement Cinq &eacute;toiles de Beppe Grillo &laquo;&nbsp;d&eacute;pend de cette esp&egrave;ce de neutralisation des diff&eacute;rences qui s&rsquo;est r&eacute;alis&eacute;e au niveau des partis et de leur &laquo;&nbsp;offre&nbsp;&raquo; politique<sup><a class="footnotecall" href="#ftn8" id="bodyftn8">8</a></sup>&nbsp;&raquo;. Une telle &eacute;volution n&rsquo;est pas sans p&eacute;ril, le mouvement Cinq &eacute;toiles, n&eacute; &agrave; gauche, &eacute;tant alli&eacute; aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;extr&ecirc;me-droite. On mentionnera &eacute;galement le &laquo;&nbsp;Brexit&nbsp;&raquo; suite au r&eacute;f&eacute;rendum du 23 juin 2016 organis&eacute; au Royaume-Uni sur le maintien ou non de cet &Eacute;tat dans l&rsquo;Union europ&eacute;enne, r&eacute;f&eacute;rendum remport&eacute; par les partisans de la sortie de celle-ci.</p> <p class="texte">Il n&rsquo;est, de ce fait, pas surprenant de voir poindre l&rsquo;intention de resserrer encore davantage les conditions d&rsquo;exercice de la d&eacute;mocratie. Jacques Attali a lanc&eacute; un ballon d&rsquo;essai en ce sens en mars 2013. Si l&rsquo;on veut sauver la d&eacute;mocratie, explique Attali, &laquo;&nbsp;il faut tenter de concilier le meilleur des syst&egrave;mes d&eacute;mocratiques (la protection des libert&eacute;s, la transparence des votes et le suffrage universel), avec le meilleur des syst&egrave;mes m&eacute;ritocratiques (la capacit&eacute; &agrave; s&eacute;lectionner des dirigeants de haut niveau et &agrave; leur donner les moyens et le temps de penser et de d&eacute;cider en fonction des int&eacute;r&ecirc;ts du tr&egrave;s long terme)&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn9" id="bodyftn9">9</a></sup>.</p> <p class="texte">Les &eacute;volutions actuelles et la volont&eacute; de plus en plus affirm&eacute;e de &laquo;&nbsp;rationaliser la volont&eacute; du peuple&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn10" id="bodyftn10">10</a></sup> tendent &agrave; &eacute;touffer la politique telle que nous l&rsquo;ont l&eacute;gu&eacute;e la Gr&egrave;ce antique et m&ecirc;me la modernit&eacute; europ&eacute;enne. Elles requi&egrave;rent non seulement une d&eacute;fense mais aussi une revitalisation de la d&eacute;mocratie. Pareille ambition ne peut faire l&rsquo;&eacute;conomie d&rsquo;une r&eacute;flexion sur la communaut&eacute; politique. Corn&eacute;lius Castoriadis consid&egrave;re que l&rsquo;unit&eacute; de la cit&eacute; est n&eacute;cessaire au fonctionnement de la d&eacute;mocratie. Cela n&rsquo;exclut &eacute;videmment pas les tensions en son sein&nbsp;&ndash; Castoriadis n&rsquo;a jamais ni&eacute; l&rsquo;existence des luttes sociales et il fait droit aux diff&eacute;rentes luttes des minorit&eacute;s pour leur reconnaissance&nbsp;&ndash; et ne signifie donc pas que l&rsquo;espace social soit homog&egrave;ne. Mais Castoriadis pense que l&rsquo;unit&eacute; de la cit&eacute; rel&egrave;ve de ce qu&rsquo;elle est un pour soi, c&rsquo;est-&agrave;-dire, une entit&eacute; d&eacute;finie ayant conscience d&rsquo;elle-m&ecirc;me et visant &agrave; se conserver<sup><a class="footnotecall" href="#ftn11" id="bodyftn11">11</a></sup>. Si Castoriadis souhaite le d&eacute;passement de l&rsquo;&Eacute;tat-nation, il remarque que celui-ci est devenu l&rsquo;une des significations imaginaires nucl&eacute;aires du monde occidentalis&eacute; moderne et il souligne les difficult&eacute;s rencontr&eacute;es pour un tel d&eacute;passement<sup><a class="footnotecall" href="#ftn12" id="bodyftn12">12</a></sup>. Il est &eacute;vident, comme le souligne Alain Caill&eacute;, qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui la g&eacute;ographie, comme l&rsquo;histoire, s&rsquo;&eacute;crivent et se vivent d&eacute;sormais &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle et au rythme du monde et que la reconnaissance et la solidarit&eacute; doivent s&rsquo;exercer au-del&agrave; des fronti&egrave;res d&rsquo;&Eacute;tats nationaux. Mais, note Caill&eacute;, on ne voit se profiler &agrave; l&rsquo;horizon aucun embryon d&rsquo;&Eacute;tat mondial. En cons&eacute;quence, l&rsquo;&Eacute;tat-nation (aussi post-national qu&rsquo;on le voudra) reste et restera longtemps la forme principale de la communaut&eacute; politique, l&rsquo;incarnation par excellence de la libert&eacute; collective et de la solidarit&eacute;. Et, ajoute Caill&eacute;, il ne peut y avoir d&rsquo;assise stable et de puissance effective qu&rsquo;adoss&eacute;es &agrave; une langue et une culture dominantes (ou plusieurs mais pas nombreuses&nbsp;!)<sup><a class="footnotecall" href="#ftn13" id="bodyftn13">13</a></sup>. Les menaces qui p&egrave;sent sur l&rsquo;existence de la Belgique illustrent malheureusement ce constat. La fracture culturelle entre francophones et Flamands a g&eacute;n&eacute;r&eacute; des attitudes et des attentes tr&egrave;s diff&eacute;rentes qui rendent la formation d&rsquo;un gouvernement de plus en plus difficile et une gestion politique contrainte, soit &agrave; concilier les attentes des uns et des autres, ce qui emp&ecirc;che d&rsquo;adopter une ligne politique claire et suscite du m&eacute;contentement des deux c&ocirc;t&eacute;s de la fronti&egrave;re linguistique, soit d&rsquo;imposer la vision dominante dans une des deux parties du pays &agrave; l&rsquo;autre partie. Cela ne signifie pas que la Belgique va n&eacute;cessairement dispara&icirc;tre&nbsp;&ndash; une majorit&eacute; de Belges ne souhaitent pas cette disparition&nbsp;&ndash; mais d&eacute;montre la difficult&eacute; de faire fonctionner une d&eacute;mocratie efficacement avec des peuples de culture diff&eacute;rente.</p> <p class="texte">L&rsquo;exemple livr&eacute; par la Belgique, auquel s&rsquo;ajoute le manque d&rsquo;empathie des peuples du nord de l&rsquo;Europe &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des souffrances des peuples du sud aux prises avec la tourmente financi&egrave;re<sup><a class="footnotecall" href="#ftn14" id="bodyftn14">14</a></sup>, ou aussi le manque de solidarit&eacute; dans le probl&egrave;me des migrants, doit rendre sceptique par rapport aux pressions en faveur d&rsquo;une Europe f&eacute;d&eacute;rale, dont une des manifestations , tr&egrave;s applaudie par la presse, nous a &eacute;t&eacute; donn&eacute;e par Daniel Cohn-Bendit et Guy Verhofstadt qui ont publi&eacute; ensemble un virulent opus f&eacute;d&eacute;raliste<sup><a class="footnotecall" href="#ftn15" id="bodyftn15">15</a></sup>. Ce scepticisme peut se m&ecirc;ler d&rsquo;inqui&eacute;tude du fait que le cadre europ&eacute;en appara&icirc;t aujourd&rsquo;hui comme plus appropri&eacute; &agrave; une domination oligarchique que les &Eacute;tats nationaux, lesquels ont d&ucirc; s&rsquo;adapter aux compromis sociaux. Et l&rsquo;on peut craindre que, derri&egrave;re un fa&ccedil;adisme d&eacute;mocratique, ne s&rsquo;installe la supr&eacute;matie d&eacute;cisive de l&rsquo;expertise sur fond d&rsquo;action permanente du lobbying. On rel&egrave;vera l&rsquo;impulsion donn&eacute;e par la Commission europ&eacute;enne &agrave; la g&eacute;n&eacute;ralisation de la notion de &laquo;&nbsp;gouvernance&nbsp;&raquo; &ndash;&nbsp;qui, comme l&rsquo;indique Myriam Revault d&rsquo;Allonnes, assimile le fonctionnement de l&rsquo;Etat et du politique &agrave; celui de l&rsquo;entreprise<sup><a class="footnotecall" href="#ftn16" id="bodyftn16">16</a></sup>&nbsp;&ndash; dans les d&eacute;clarations relatives &agrave; l&rsquo;action publique<sup><a class="footnotecall" href="#ftn17" id="bodyftn17">17</a></sup>. Corn&eacute;lius Castoriadis n&rsquo;approuvait pas le chemin capitaliste et bureaucratique pris par le projet europ&eacute;en comme moyen de d&eacute;passement de l&rsquo;&Eacute;tat-nation. D&eacute;j&agrave; en 1995, il notait que &laquo;&nbsp;la volont&eacute; allemande d&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie &eacute;conomique et politique &agrave; long terme fraye graduellement son chemin. L&rsquo;Europe est en fait une zone mark depuis 1980, et cet &eacute;tat se consolide avec les dispositions de Maastricht. M.&nbsp;Trichet se vante de l&rsquo;ind&eacute;pendance de la Banque de France&nbsp;&ndash; qui n&rsquo;ose pas se moucher sans regarder la Budesbank. Et celle-ci suit avec constance une politique orient&eacute;e uniquement vers &laquo;&nbsp;la stabilit&eacute; de la valeur de la monnaie&nbsp;&raquo;&nbsp;; bri&egrave;vement parlant, une politique d&eacute;flationniste. Or, si un capitalisme peut marcher avec une inflation z&eacute;ro, il ne peut le faire qu&rsquo;en produisant du ch&ocirc;mage&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn18" id="bodyftn18">18</a></sup>. Depuis Maastricht, on ne peut pas constater que les nouveaux trait&eacute;s europ&eacute;ens ont pris un chemin diff&eacute;rent&hellip;</p> <p class="texte">Le d&eacute;bat sur l&rsquo;Europe n&rsquo;est pas simplifi&eacute; par l&rsquo;attitude que l&rsquo;on pourrait qualifier d&rsquo;int&eacute;griste des tenants du f&eacute;d&eacute;ralisme europ&eacute;en. Ceux-ci entendent transposer &agrave; l&rsquo;Europe un mod&egrave;le d&rsquo;&Eacute;tat f&eacute;d&eacute;ral &agrave; l&rsquo;am&eacute;ricaine sans tenir compte de la diff&eacute;rence de contextes historiques. Et quiconque n&rsquo;adh&egrave;re pas &agrave; un tel sch&eacute;ma est aussit&ocirc;t renvoy&eacute; dans le camp des antieurop&eacute;ens. Or, l&rsquo;on peut envisager un projet europ&eacute;en sans n&eacute;cessairement s&rsquo;inscrire &laquo;&nbsp;dans la logique binaire qui veut que ce soit le f&eacute;d&eacute;ralisme ou la fin&nbsp;&raquo;, comme le souligne justement le philosophe n&eacute;erlandais Luuk Van Middelaar, par ailleurs ancienne plume du pr&eacute;sident du Conseil europ&eacute;en Herman van Rompuy, qui estime que &laquo;&nbsp;l&rsquo;Europe ne deviendra pas forc&eacute;ment plus forte en donnant plus de pouvoir aux institutions europ&eacute;ennes &agrave; Bruxelles et &agrave; Strasbourg mais en impliquant de plus en plus les syst&egrave;mes politiques nationaux&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn19" id="bodyftn19">19</a></sup>. L&rsquo;Europe ne peut en effet recueillir l&rsquo;adh&eacute;sion des citoyens que si ses d&eacute;cisions sont le fruit du dialogue des diff&eacute;rentes communaut&eacute;s politiques qui la composent dans le respect de leurs instances d&eacute;mocratiques.</p> <p class="texte">Une telle approche n&rsquo;a rien de nationaliste. Elle ne peut se concevoir que si, comme nous y invite Alain Caill&eacute;, on renonce &agrave; la fiction d&rsquo;une m&ecirc;me et unique origine ethnique &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des &Eacute;tats-nations et que l&rsquo;on s&rsquo;attache &agrave; red&eacute;finir ceux-ci dans une perspective transnationale et transculturelle qui prenne comme principe r&eacute;gulateur l&rsquo;objectif de favoriser le maximum de pluralisme culturel qui soit compatible avec leur maintien<sup><a class="footnotecall" href="#ftn20" id="bodyftn20">20</a></sup>. Il y a donc un &eacute;quilibre &agrave; mettre en place entre la coh&eacute;sion du corps social et le respect des diff&eacute;rences. Les moyens d&rsquo;y parvenir peuvent donner lieu &agrave; d&eacute;bat, comme on le voit en Belgique &agrave; propos de l&rsquo;instauration d&rsquo;un parcours d&rsquo;int&eacute;gration pour les primo-arrivants. Nous pensons &agrave; ce propos qu&rsquo;il est, somme toute, l&eacute;gitime que l&rsquo;on demande &agrave; des personnes venant d&rsquo;ailleurs et qui souhaitent rejoindre une communaut&eacute; politique, qu&rsquo;ils apprennent la langue de celle-ci et que, sans devoir renoncer &agrave; leur identit&eacute;, ils acceptent de partager un socle de valeurs et de principes communs aux membres de cette communaut&eacute;.</p> <p class="texte">Mais la coh&eacute;sion du corps social ne d&eacute;pend pas seulement, comme on nous le pr&eacute;sente g&eacute;n&eacute;ralement, de l&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;ussie des nouveaux venus. Elle est &eacute;galement affaiblie par la propension de plus en plus grande des individus &agrave; se r&eacute;fugier dans la sph&egrave;re priv&eacute;e, &agrave; consid&eacute;rer que l&rsquo;existence en soci&eacute;t&eacute; est une &laquo;&nbsp;odieuse corv&eacute;e&nbsp;&raquo;. Corn&eacute;lius Castoriadis d&eacute;plore que &laquo;&nbsp;l&rsquo;homme contemporain typique fait comme s&rsquo;il <em>subissait</em> la soci&eacute;t&eacute; &agrave; laquelle, du reste (sous la forme de l&rsquo;&Eacute;tat ou des autres), il est toujours pr&ecirc;t &agrave; imputer tous ses maux et &agrave; pr&eacute;senter&ndash;&nbsp;en m&ecirc;me temps&nbsp;&ndash; des demandes d&rsquo;assistance ou de &laquo;&nbsp;solution &agrave; ses probl&egrave;mes&nbsp;&raquo;. Il ne nourrit plus de projet relatif &agrave; la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn21" id="bodyftn21">21</a></sup>. Les inconditionnels de la d&eacute;mocratie directe&ndash;&nbsp;dont faisait partie Corn&eacute;lius Castoriadis&nbsp;&ndash; ne manqueront pas de soutenir qu&rsquo;une telle d&eacute;rive &eacute;tait inh&eacute;rente &agrave; la nature m&ecirc;me de la d&eacute;mocratie repr&eacute;sentative. Et ils disposent d&rsquo;arguments pertinents dans leur d&eacute;monstration. Pour notre part, nous pensons, &agrave; ce stade, qu&rsquo;il vaut la peine de tenter de renforcer l&rsquo;implication des citoyens dans notre r&eacute;gime de d&eacute;mocratie parlementaire. L&rsquo;&eacute;ducation et la culture ont, &agrave; cette fin, un r&ocirc;le essentiel &agrave; jouer. Ce sont aussi elles qui permettront aux citoyens de d&eacute;velopper un esprit critique face aux informations partielles et orient&eacute;es diffus&eacute;es par les m&eacute;dias ou les r&eacute;seaux sociaux, esprit critique n&eacute;cessaire pour refuser le simplisme des propositions des mouvements d&eacute;magogiques qui se renforcent. Comme l&rsquo;indique le professeur en sciences de la Communication, Nicolas Baygert, on remarque en plus aujourd&rsquo;hui sur les cha&icirc;nes de radio et de t&eacute;l&eacute;vision un glissement entre l&rsquo;expert et l&rsquo;acteur d&rsquo;une performance m&eacute;diatique. Or, si l&rsquo;expert n&rsquo;a pas &agrave; prendre pleinement la place du politique, il peut jouer un r&ocirc;le utile sur les ondes pour &eacute;clairer le public &ndash;&nbsp;pour autant qu&rsquo;il soit un r&eacute;el connaisseur de la chose trait&eacute;e&nbsp;&ndash; et mettre en &eacute;vidence la complexit&eacute; des probl&egrave;mes. Nicolas Baygert rappelle le concept de &laquo;&nbsp;fast thinkers&nbsp;&raquo; invent&eacute; par Pierre Bourdieu, des penseurs instantan&eacute;s amen&eacute;s &agrave; rebondir sur n&rsquo;importe quel sujet d&rsquo;actualit&eacute;. &laquo;&nbsp;Tout cela&nbsp;&raquo;, poursuit Baygert, &laquo;&nbsp;favorise les formulations r&eacute;ductrices, caricaturales, qui vont &eacute;viter la nuance, qui vont pr&eacute;f&eacute;rer une interpr&eacute;tation teint&eacute;e id&eacute;ologiquement ou politiquement pour coller aux r&ocirc;les d&eacute;volus &agrave; chacun&nbsp;&raquo;<sup><a class="footnotecall" href="#ftn22" id="bodyftn22">22</a></sup>. L&rsquo;heure n&rsquo;est donc pas &agrave; la diminution des moyens affect&eacute;s &agrave; la culture. Pour autant que ceux-ci soient bien orient&eacute;s&nbsp;: l&rsquo;objectif ne doit pas &ecirc;tre le divertissement ou l&rsquo;attractivit&eacute; touristique mais la possibilit&eacute; offerte &agrave; tous de s&rsquo;&eacute;lever culturellement. Le propos para&icirc;tra banal. Il ne nous semblera n&eacute;anmoins jamais inutile de le r&eacute;p&eacute;ter. On peut &eacute;galement se demander si, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de parcours d&rsquo;int&eacute;gration pr&eacute;vus pour les &eacute;trangers, on ne pourrait pas pr&eacute;voir un parcours de citoyennet&eacute; pour l&rsquo;ensemble de la population qui comporterait des notions de civisme et des explications sur l&rsquo;&eacute;conomie et sur les m&eacute;canismes de la soci&eacute;t&eacute; et du politique.</p> <p class="texte">Qu&rsquo;il nous soit permis d&rsquo;alimenter ces quelques r&eacute;flexions d&rsquo;une exp&eacute;rience personnelle. Nous avons &eacute;t&eacute; pendant des ann&eacute;es charg&eacute;s de former le personnel des organismes publics r&eacute;gionaux bruxellois aux institutions f&eacute;d&eacute;rales belges, sujet r&eacute;barbatif s&rsquo;il en est, ces institutions se caract&eacute;risant par leur extr&ecirc;me complexit&eacute;. Avec, &agrave; l&rsquo;issue de chaque cycle, un constat analogue&nbsp;: les participants sont arriv&eacute;s m&eacute;fiants, parfois m&ecirc;me hostiles, certains consid&eacute;rant que le caract&egrave;re technique de leur activit&eacute; ne justifiait pas la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une telle formation, alors qu&rsquo;ils sont tr&egrave;s majoritairement repartis plus que satisfaits, heureux m&ecirc;me d&rsquo;avoir compris le fonctionnement de nos institutions. Nous y voyons quelque chose de tr&egrave;s encourageant.</p> <p class="texte">En cette p&eacute;riode de grands bouleversements mondiaux et de puissance d&eacute;mesur&eacute;e des grandes soci&eacute;t&eacute;s multinationales par-del&agrave; toute communaut&eacute; politique, la d&eacute;mocratie se voit menac&eacute;e. La pression n&eacute;olib&eacute;rale &eacute;manant de grandes instances transnationales &ndash; Organisation mondiale du commerce (OMC), Fonds mon&eacute;taire international (FMI), Organisation de coop&eacute;ration et de d&eacute;veloppement &eacute;conomiques (OCDE), Union europ&eacute;enne,&hellip;&ndash;&nbsp;indique &agrave; suffisance que ce ne sont pas de telles instances qui la renforceront. L&rsquo;action de celles-ci suscite au contraire l&rsquo;exasp&eacute;ration d&rsquo;une partie des populations &ndash;&nbsp;g&eacute;n&eacute;ralement les moins favoris&eacute;es&nbsp;&ndash; qui trouve comme moyen d&rsquo;expression de sa protestation le vote pour des partis d&rsquo;extr&ecirc;me-droite qui tend &agrave; se g&eacute;n&eacute;raliser en Europe. La n&eacute;cessit&eacute; du d&eacute;passement de l&rsquo;&Eacute;tat-nation est r&eacute;guli&egrave;rement &eacute;voqu&eacute;e. Il nous semble plus urgent, dans la bourrasque actuelle, d&rsquo;inscrire le r&eacute;am&eacute;nagement citoyen de celui-ci &agrave; l&rsquo;ordre du jour. Et, parall&egrave;lement, de red&eacute;finir un projet europ&eacute;en susceptible d&rsquo;entra&icirc;ner l&rsquo;adh&eacute;sion des peuples, diff&eacute;rent du mod&egrave;le pr&ecirc;t-&agrave;-porter r&eacute;guli&egrave;rement pr&eacute;sent&eacute;.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn1" id="ftn1">1</a> K. Ross, &laquo;&nbsp;D&eacute;mocratie &agrave; vendre&nbsp;&raquo;, in G. Agamben, A. Badiou, D. Bensaid, W. Brown, J.-L. Nancy, J. Ranciere, K. Ross, S. Zizek, <em>D&eacute;mocratie, dans quel &eacute;tat&nbsp;?, </em>La fabrique &eacute;ditions, Paris, 2009, p.&nbsp;108.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn2" id="ftn2">2</a> J.-F. Kervegan, &laquo;&nbsp;D&eacute;mocratie&nbsp;&raquo;, in <em>Dictionnaire de philosophie politique, </em>s. dir. P. Raynaud et S. Rials, PUF, Paris, 1998, p.&nbsp;127.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn3" id="ftn3">3</a> W. Brown, &laquo;&nbsp;Nous sommes tous d&eacute;mocrates &agrave; pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, in G. Agamben, A. Badiou, D. Bensaid, W. Brown, J.-L. Nancy, J. Ranciere, K. Ross, S. Zizek, <em>D&eacute;mocratie, dans quel &eacute;tat&nbsp;?, op.&nbsp;cit., </em>pp.&nbsp;59-75.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn4" id="ftn4">4</a> M. Revault d&rsquo;allonnes, <em>Pourquoi nous n&rsquo;aimons pas la d&eacute;mocratie, </em>Seuil, Paris, 2010, pp.&nbsp;123-124.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn5" id="ftn5">5</a> L. Boltanski, <em>De la critique. Pr&eacute;cis de sociologie de l&rsquo;&eacute;mancipation, </em>Gallimard, Paris, 2009,p.185.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn6" id="ftn6">6</a> Nous empruntons la formule &agrave; Kristin Ross. Cf. K. ROSS, &laquo;&nbsp;D&eacute;mocratie &agrave; vendre&nbsp;&raquo;, <em>op.&nbsp;cit., p.&nbsp;</em>108.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn7" id="ftn7">7</a> <em>Ibidem.</em></p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn8" id="ftn8">8</a> <em>Lib&eacute;ration, </em>26 f&eacute;vrier 2013.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn9" id="ftn9">9</a> Blog de Jacques Attali, 18 mars 2013.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn10" id="ftn10">10</a> K. Ross, &laquo;&nbsp;D&eacute;mocratie &agrave; vendre&nbsp;&raquo;, <em>op.&nbsp;cit., p.&nbsp;</em>108.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn11" id="ftn11">11</a> A. Tomes et P. Caumieres, <em>Corn&eacute;lius Castoriadis. R&eacute;inventer la politique apr&egrave;s Marx, </em>PUF, Paris, 2011, pp.&nbsp;234-236.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn12" id="ftn12">12</a> C. Castoriadis, <em>Une soci&eacute;t&eacute; &agrave; la d&eacute;rive</em>. <em>Entretiens et d&eacute;bats 1974-1997</em>, Seuil, Paris, 2005, p.&nbsp;119.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn13" id="ftn13">13</a> A. Caille, &laquo;&nbsp;Du convivialisme vu comme un socialisme radicalis&eacute; et universalis&eacute; (et r&eacute;ciproquement), in A. Caille, M. Humbert, S. Latouche, P. Viveret, <em>De la convivialit&eacute; - dialogues sur la soci&eacute;t&eacute; conviviale &agrave; venir, </em>La D&eacute;couverte, Paris, 2011, pp.&nbsp;92-93.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn14" id="ftn14">14</a> Cette fracture ne doit pas &ecirc;tre sous-estim&eacute;e. Elle inspire un philosophe de l&rsquo;envergure de Giorgio Agamben &agrave; r&eacute;activer la proposition d&rsquo;Alexandre Koj&egrave;ve d&rsquo;une union &eacute;conomique et politique entre les trois grandes nations latines (la France, l&rsquo;Espagne et l&rsquo;Italie). Cf. G. Agamben, &laquo;&nbsp;Que l&rsquo;Empire latin contre-attaque&nbsp;!&nbsp;&raquo;, <em>Lib&eacute;ration (Rebonds), </em>25 mars 2013.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn15" id="ftn15">15</a> D. Cohn-Bendit et G. Verhofstadt, <em>Debout l&rsquo;Europe&nbsp;! Suivi d&rsquo;un entretien avec Jean Quatremer, </em>Actes Sud et Andr&eacute; Versaille &eacute;diteur, Bruxelles, 2012.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn16" id="ftn16">16</a> M. Revault d&rsquo;allonnes, <em>Pourquoi nous n&rsquo;aimons pas la d&eacute;mocratie,</em> <em>op. cit., p.&nbsp;</em>125.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn17" id="ftn17">17</a> Voir notamment &agrave; ce sujet, G. Hermet, <em>L&rsquo;hiver de la d&eacute;mocratie ou le nouveau r&eacute;gime, </em>Paris, Armand Colin, 2007,<em> </em>pp.&nbsp;201-205, ainsi qu&rsquo;O. Starquit &laquo;&nbsp;De quoi la gouvernance est-elle le nom&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <a href="http://www.barricade.be/">www.barricade.be</a> et J.-P. Nassaux, &laquo;&nbsp;Gouvernance&nbsp;: un bien ou un mal&nbsp;?&nbsp;&raquo;, in <em>Politique, revue de d&eacute;bats, </em>n&deg;&nbsp;78, janvier-f&eacute;vrier 2013.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn18" id="ftn18">18</a> C. Castoriadis, <em>Une soci&eacute;t&eacute; &agrave; la d&eacute;rive</em>. <em>Entretiens et d&eacute;bats 1974-1997</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p. 195 et 269.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn19" id="ftn19">19</a> L. Van Middelaar, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Europe&nbsp;: un m&eacute;lange de convictions et d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts&nbsp;&raquo;, <em>Lib&eacute;ration (Rebonds), </em>21 d&eacute;cembre 2012.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn20" id="ftn20">20</a> A. Caille, <em>L&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me de richesse, </em>La D&eacute;couverte, Paris, 2012, p.&nbsp;132.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn21" id="ftn21">21</a> C. Castoriadis, <em>La mont&eacute;e de l&rsquo;insignifiance. Les carrefours du labyrinthe IV, </em>Seuil, Paris, 1996, pp.&nbsp;22-23.</p> <p class="notesbaspage"><a class="FootnoteSymbol" href="#bodyftn22" id="ftn22">22</a> <em>Le Soir, </em>27 novembre 2018.</p> <p class="bibliographie">G.&nbsp;Agamben, &laquo;&nbsp;Que l&rsquo;Empire latin contre-attaque&nbsp;!&nbsp;&raquo;, <em>Lib&eacute;ration (Rebonds), </em>25 mars 2013.</p> <p class="bibliographie">L.&nbsp;Boltanski, <em>De la critique. Pr&eacute;cis de sociologie de l&rsquo;&eacute;mancipation</em>, Gallimard, Paris, 2009.</p> <p class="bibliographie">W.&nbsp;Brown, &laquo;&nbsp;Nous sommes tous d&eacute;mocrates &agrave; pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, in G.&nbsp;Agamben, A.&nbsp;Badiou, D.&nbsp;Bensaid, W.&nbsp;Brown, J.‑L.&nbsp;Nancy, J.&nbsp;Ranciere, K.&nbsp;Ross, S.&nbsp;Zizek, <em>D&eacute;mocratie, dans quel &eacute;tat&nbsp;?, </em>La fabrique &eacute;ditions, Paris, 2009, p.&nbsp;108.</p> <p class="bibliographie">A.&nbsp;Caille, &laquo;&nbsp;Du convivialisme vu comme un socialisme radicalis&eacute; et universalis&eacute; (et r&eacute;ciproquement), in A.&nbsp;Caille, M.&nbsp;Humbert, S.&nbsp;Latouche, P.&nbsp;Viveret, <em>De la convivialit&eacute; - dialogues sur la soci&eacute;t&eacute; conviviale &agrave; venir, </em>La D&eacute;couverte, Paris, 2011.</p> <p class="bibliographie">A.&nbsp;Caille, <em>L&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me de richesse, </em>La D&eacute;couverte, Paris, 2012.</p> <p class="bibliographie">C.&nbsp;Castoriadis, <em>La mont&eacute;e de l&rsquo;insignifiance. Les carrefours du labyrinthe IV</em>, Seuil, Paris, 1996.</p> <p class="bibliographie">C.&nbsp;Castoriadis, <em>Une soci&eacute;t&eacute; &agrave; la d&eacute;rive. Entretiens et d&eacute;bats 1974‑1997</em>, Seuil, Paris, 2005.</p> <p class="bibliographie">D.&nbsp;Cohn-Bendit et G.&nbsp;Verhofstadt, <em>Debout l&rsquo;Europe&nbsp;! Suivi d&rsquo;un entretien avec Jean Quatremer, </em>Actes Sud et Andr&eacute; Versaille &eacute;diteur, Bruxelles, 2012.</p> <p class="bibliographie">G.&nbsp;Hermet, <em>L&rsquo;hiver de la d&eacute;mocratie ou le nouveau r&eacute;gime</em>, Paris, Armand Colin, 2007.</p> <p class="bibliographie">J.‑F.&nbsp;Kervegan, &laquo;&nbsp;D&eacute;mocratie&nbsp;&raquo;, in <em>Dictionnaire de philosophie politique, </em>s. dir. P.&nbsp;Raynaud et S.&nbsp;Rials, PUF, Paris, 1998.</p> <p class="bibliographie">J.‑P.&nbsp;Nassaux, &laquo;&nbsp;Gouvernance&nbsp;: un bien ou un mal&nbsp;?&nbsp;&raquo;, in <em>Politique, revue de d&eacute;bats, </em>n&deg;&nbsp;78, janvier-f&eacute;vrier 2013.</p> <p class="bibliographie">M.&nbsp;Revault d&rsquo;Allonnes, <em>Pourquoi nous n&rsquo;aimons pas la d&eacute;mocratie, </em>Seuil, Paris, 2010.</p> <p class="bibliographie">K.&nbsp;Ross, &laquo;&nbsp;D&eacute;mocratie &agrave; vendre&nbsp;&raquo;, in G.&nbsp;Agamben, A.&nbsp;Badiou, D.&nbsp;Bensaid, W.&nbsp;Brown, J.‑L.&nbsp;Nancy, J.&nbsp;Ranciere, K.&nbsp;Ross, S.&nbsp;Zizek, <em>D&eacute;mocratie, dans quel &eacute;tat&nbsp;?, </em>La fabrique &eacute;ditions, Paris, 2009.</p> <p class="bibliographie">O.&nbsp;Starquit &laquo;&nbsp;De quoi la gouvernance est-elle le nom&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <a href="http://www.barricade.be/">www.barricade.be</a></p> <p class="bibliographie">A.&nbsp;Tomes et P.&nbsp;Caumieres, <em>Corn&eacute;lius Castoriadis. R&eacute;inventer la politique apr&egrave;s Marx</em>, PUF, Paris, 2011.</p> <p class="bibliographie">L.&nbsp;Van Middelaar, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Europe&nbsp;: un m&eacute;lange de convictions et d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts&nbsp;&raquo;, <em>Lib&eacute;ration (Rebonds), </em>21 d&eacute;cembre 2012.</p>