<p class="texte">Lorsque nous avons publi&eacute; notre appel &agrave; communication, il y a maintenant plus de six mois, nous avions not&eacute; que les d&eacute;mocraties sont contest&eacute;es par des pouvoirs autoritaires, nous avions mentionn&eacute; les nouveaux usages des techniques qui modifient le d&eacute;bat d&eacute;mocratique, nous indiquions que le rapport &agrave; l&rsquo;efficacit&eacute; et &agrave; l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute; cr&eacute;ait une autre relation aux institutions et au rythme politique. Nous propositions d&rsquo;&eacute;tudier le populisme mais aussi la crise de la repr&eacute;sentation&nbsp;et ses conflits de loyaut&eacute; entre la fid&eacute;lit&eacute; aux engagements pris lors des &eacute;lections et les vis&eacute;es des partis, sans oublier le poids des contraintes des institutions supranationales. Or, ces sujets ont pris un relief nouveau depuis le mouvement des &laquo;&nbsp;gilets jaunes&nbsp;&raquo; en France ou ant&eacute;rieurement lors de l&rsquo;opposition wallonne &agrave; l&rsquo;accord CETA. Ce sont des &eacute;v&eacute;nements r&eacute;cents qui t&eacute;moignent de l&rsquo;ampleur de ces ph&eacute;nom&egrave;nes.</p> <p class="texte">L&rsquo;avenir de la d&eacute;mocratie parait d&rsquo;autant plus en jeu que les politiques occidentaux semblent se crisper&nbsp;; jusqu&rsquo;&agrave; contredire les pratiques politiques qui les ont amen&eacute;s au pouvoir. Le grand d&eacute;bat initi&eacute; par Emmanuel Macron rel&egrave;ve-t-il encore de la pratique d&eacute;mocratique, dans sa forme et&nbsp;dans son questionnement dirig&eacute; et orient&eacute;. Cette op&eacute;ration in&eacute;dite, certes, mais bien aventureuse dans sa m&eacute;thode s&rsquo;inspire en effet des consultations des collaborateurs en entreprise&nbsp;; comme si le citoyen &eacute;tait un salari&eacute; qu&rsquo;on invite &agrave; dire&nbsp;; sans autre pr&eacute;cision sur les suites,&nbsp;alors qu&rsquo;il est le souverain&nbsp;? En ces premiers jours de janvier, le classement des pays par indice de d&eacute;mocratie 2019 produit chaque ann&eacute;e par The Economist classe la France au 29<sup>e</sup> rang, ce qui ne nous honore pas. Il distingue les d&eacute;mocraties pleines, qui ont un indice sup&eacute;rieur &agrave; 8, les d&eacute;mocraties imparfaites dont nous sommes, avec un indice compris entre 6 et 8, les r&eacute;gimes hybrides compris entre 4 et 6 et les r&eacute;gimes autoritaires inf&eacute;rieurs &agrave; 4. Deux monarchies parlementaires et une r&eacute;publique constituent le trio de t&ecirc;te&nbsp;: Norv&egrave;ge (9,87/10), Islande (9,58) et Su&egrave;de (9,39). Ces pays excellent dans toutes les dimensions d&rsquo;une d&eacute;mocratie pleine. Avec une note de (7,8) et de (5,63) sur la faible culture politique des citoyens, la France r&eacute;v&egrave;le sans doute l&agrave; son ambig&uuml;it&eacute; dont les &laquo;&nbsp;gilets jaunes&nbsp;&raquo; sont un sympt&ocirc;me. Avec une telle note, nous sommes au niveau de la Bi&eacute;lorussie, du Mali et du Nicaragua&nbsp;! La formation des citoyens, l&rsquo;exercice effectif de la d&eacute;mocratie locale&nbsp;: participative ou collaborative butent sur le dirigisme, la centralisation, la certitude que la technostructure sait mieux que le citoyen&nbsp;; avec cette d&eacute;fiance voire cet &laquo;&nbsp;&eacute;litisme&nbsp;&raquo; implicite d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; politique fran&ccedil;aise qui s&rsquo;&eacute;loigne peu &agrave; peu du cercle des d&eacute;mocraties pleines&nbsp;! Notons que la France recule de 2014 &agrave; 2018 de 8,04 &agrave; 7,8 &agrave; l&rsquo;instar des Etats-Unis qui passe aussi d&rsquo;une d&eacute;mocratie pleine &agrave; une imparfaite, de 8,11 &agrave; 7,96.</p> <p class="texte">Voil&agrave; pourquoi, d&rsquo;autres th&egrave;mes ne manqueront pas de se cristalliser lors des prochaines &eacute;lections europ&eacute;ennes&nbsp;; tout particuli&egrave;rement les revendications identitaires, les cons&eacute;quences politiques du Brexit en Irlande, les ind&eacute;pendantismes et demandes d&rsquo;autonomie r&eacute;gionale, les mouvements citoyens, la cr&eacute;ation et la distribution des richesses. Nous serions tent&eacute;s de dire que l&rsquo;invasion s&eacute;mantique du terme de populisme traduit peut-&ecirc;tre bien plus l&rsquo;impuissance de penser les choses&nbsp;: mot totem, mot tabou, mot chamanique qui nomme le plus souvent avec m&eacute;pris pour rejeter bien plus que pour comprendre les tensions psychologiques et sociales qui traversent nos soci&eacute;t&eacute;s. C&rsquo;est la raison de notre appel &agrave; communication pour que notre num&eacute;ro de juillet 2019 poursuive ce travail de compr&eacute;hension des mouvements contemporains.</p> <p class="texte">Nous tenons enfin ici &agrave; remercier nos contributeurs francophones de Suisse, Belgique et de France ainsi que nos amis br&eacute;siliens et espagnols qui concourent tous ensemble &agrave; donner aux Cahiers de psychologie politique cette tonalit&eacute; internationale.</p>